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 All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann

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MessageSujet: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyMer 25 Nov - 16:01

Est-ce que quelqu'un en ce bas monde peut prétendre vivre la vie dont il rêve ? Quelle que soit notre naissance, notre nom … Chaque homme sur Terre rêvera de ce qu'il ne possède pas, même le plus riche et le plus influent d'entre nous. Ce sont les rêves qui régissent réellement une vie, et notre capacité à y croire et à courir après qui nous caractérise. A quoi peut bien rêver un Homme qui a tout ? Sans doute à la même chose que celui qui n'a rien. Car les vrais rêves ne résident pas dans les biens matériels, ils résident dans ce qui habite notre cœur. Peu importe la richesse quand le cœur est vide. Ce sont ces palpitations quotidiennes qui nous font vivre. Vraiment. Le mien n'est pas des plus forts, il n'est en rien comparable à celui des Asariens. Mais je vis pour qu'il continue à battre encore longtemps.

La brume qui habite mes songes est teintée de nouveaux horizons, d'une étendue verte à perte de vue. Je ne connais pas ce décor, je ne l'ai jamais vu. Mais on m'en a souvent parlé. De ce monde d’antan. Des corps se mêlent, se mouvant au gré de nombreux soupirs dans une attitude lascive. Une aura passionnelle se dégage de ce spectacle. Liberté, me souffle le vent. Liberté … Personne n'est libre ici-bas. Nous sommes tous des prisonniers, des esclaves … Captifs d'une vie qu'on tente de maîtriser mais qui toujours nous rattrape. Les chaînes ne sont pas faites que de métal Messieurs Dames. Celles-ci sont les plus inoffensives, pensez-y. Je suis peut être désignée comme esclave dans ce monde sous les Dômes. Mais c'est sans doute une manière de se dire qu'en dessous de nous, il y a toujours pire que nous. Humaine, pute, esclave … ils peuvent bien m'appeler ainsi. Moi, je sais que nous sommes tous les mêmes. Nous sommes tous l'Esclave de quelqu'un. Nous sommes tous la Pute de quelqu'un …

Petit à petit, j'émerge de cet étrange songe. Comme premier sursaut d'un corps qui reprend vie, mes doigts se serrent autour des draps de soie. Vient ensuite le souffle qui s'intensifie. L'être tente de se replacer dans son milieu. A proximité l'empreinte d'une chaleur, les restes d'une présence. Alors les yeux finissent par s'ouvrir et le corps engourdi se met en mouvement. Je m'étire, encore troublée par cet étrange rêve et à tâtons chercher quelque chose d'inexistant. Lentement, le pas encore lourd, je me traîne jusqu'à la fenêtre pour voir un monde éveillé depuis déjà quelques heures. Je vais être seule aujourd'hui. Je ne sais pas pour combien de temps, mais je ne souhaite pas rester enfermée. Cette nouvelle cage, aussi grande puisse t-elle être a tendance à trop m'étouffer.
Ma nouvelle condition de femme de chambre / esclave me pousserait normalement à avoir d'autres occupations mais, guidée par cette envie d'évasion, j'oublie un instant que je suis enchaînée. J'enfile une large tunique, une paire de bottes en cuir et file à la cuisine. Je profite d'un bon déjeuner, m'empare d'une épaisse miche de pain et sors. D'un pas rapide, je traverse le vaste hôtel pour retrouver l'extérieur. Je m'arrête une fois dehors, levant les yeux pour contempler le ciel un instant. Un ciel entravé par un dôme … Une cage, encore.

Habituée à marcher, j'évolue rapidement, mon objectif était de rejoindre le Dôme de la division humaine. Un besoin de retour aux sources dira t-on … Arrivée au tunnel, je m'engouffre discrètement dans le métro aérien jusqu'à rejoindre le dôme principal. De là m'attend une longue marche. Mais ça n'est pas ce qui m'effraie. J'aime marcher, j'aime flâner et laisser place à mes rêveries, sauf que là, je ne veux pas perdre de temps et je veux rejoindre le Bidonville le plus rapidement possible pour y passer le plus de temps et ainsi envisager de ne pas rentrer trop tard à l'hôtel.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyMer 25 Nov - 21:11

Ce matin avait un parfum nouveau et je m'étais éveillé avant même que le soleil essaie de percer les rideaux métalliques de la grande baie qui ouvrait ma chambre sur le quartier des Plaisirs. Ma main avait immédiatement cherché ce corps chaud et vibrant de vie et s'était posée au creux de ses reins. Elle dormait encore, perdue dans l'Ether qui succède au plaisir des sens. J'avais souri en contemplant son visage, ces lèvres qui savaient prodiguer d'indécentes caresses, mais pouvaient aussi afficher une moue boudeuse d'enfant au bord des larmes. Une journée particulière débutait, placée sous le double sceau du Scarecrow et du Caméléon. Ce n'était pas si souvent ces derniers temps, même si les actes du premier servaient très souvent le second.

Dans le sommeil, elle semblait presque heureuse, même si quelques spasmes agitaient ses yeux sous les paupières closes. A quoi tenait le bonheur ? Et en quel espace de temps se mesurait-il ? Est ce que la félicité d'une jouissance pouvait contenir un fragment de bonheur ? Tout dépendait sans doute de ce qui se tenait derrière les arcanes de cet esprit en train de jouir. Pur moment de sensation physique ou incarnation d'une aspiration abstraite ? Amour, haine, manipulation, jeu, domination, soumission. Tellement de motivations pouvaient se cacher dans l'ardeur de deux corps en fusion. Je ne voulais pas me poser la question ce matin. Il était déjà trop ardu de m'extraire de la chaleur de ma couche. J'avais ouvert une parenthèse depuis le soir où j'avais croisé le destin de Scarlett devant le Multiplex. Pour ma part, cet épisode extensible dans l'espace temps ne comportait aucune étiquette identifiable. Je le voulais ainsi. Même un clown pouvait accomplir un détour gratuit dans la parabole satirique qu'il accomplissait. Chacun de mes choix ou de mes dévolus était dicté par une nécessité dans mon programme. J'avais baisé le lieutenant Aniston pour mieux enculer son supérieur, cher beau papa.

Mais Scarlett ne m'apportait aucune position stratégique sur l'échiquier, si ce n'était la fringante fermeté de son petit cul et l'insolente beauté de son visage. Scarlett était une récréation, au sens littéral du terme. Entre ses bras, je recréais un univers connu de moi seul. Même elle n'y était pas invitée. Lui ouvrir la porte aurait signifié risquer de prendre encore une balle en plein cœur. Chaque cœur a ses limites. Le mien avait atteint les siennes depuis longtemps. Il ne battait plus que pour alimenter le moteur en oxygène mais sa chaleur, pourtant marquée par la fougue méridionale de mes origines ,était emprisonnée, étouffée par une gangue aussi dure que pouvait l'avoir été la terre asarienne gelée dans les temps anciens. Un cœur mort et pourtant condamné à battre pour accomplir un dessein qui le dépassait. Réduire tout rapport à une analyse était beaucoup plus simple et rassurant. Ou à une absence d'analyse. Scarlett était un épisode asymptomatique dans la longue descente que mon âme avait amorcé depuis dix ans. Une sorte de piste à ne pas approfondir. Qu'elle en retire un mieux être ne me gênait pas. C'était même plutôt agréable de le penser. Elle me vouerait sans doute une reconnaissance sans bornes pour l'avoir recueillie et éduquée, et cela devrait suffire à satisfaire mon égo, sans pour autant dévier la trajectoire de ma volonté.

Dommage. Elle méritait sans doute mieux. Mais elle aurait pu connaître tellement pire. Tout dépendait de l'ouverture d'où on contemplait le paysage: soupirail de cave ou sommet d'un gratte-ciel. Au moins assisterait -elle au dernières heures d'Asaria dans les hauteurs de ma position. Peut-être pourrait-elle être un des rares élus choisi pour y échapper. Peut-être ... J'allais envoyer des invitations, sauf conduits vers le salut, mais qui pouvait savoir qui y répondrait positivement ? Je tirai le drap et la couverture en laine sur son corps et me levai. Qu'allait-elle bien pouvoir faire de sa journée ? J'avais disséminé des pistes dans toute la suite sans en avoir l'air. Des indices d'éducation, des jalons pour faire un pas vers le monde qui était le mien. Divers cds d’œuvres classiques majeures, des romans, des films, des visites guidées de musées détruits par la Pluie de Feu... Un pass d'accès illimité à la Grande Bibliothèque, une carte de crédit illimité dans toutes les boutiques du Dôme commercial. Je pensais avoir semé le chemin de délectation du Magicien dÖz pour Dorothy. Mais je savais déjà que ses choix pourraient me surprendre. J'avais franchi le fossé entre nos deux mondes. Mais je savais qu'elle ne l'avait pas encore fait en sens inverse. J'avais connu la disgrâce et en avait intégré les conséquences de plein fouet. Je savais qu'elle n'avait pas encore accepté la grâce qui était devenue sienne lorsqu'elle avait croisé ma route. Je le comprenais. Cela devait être aussi douloureux dans un sens que dans l'autre. Up and Down. Sa gravité n'était pas la mienne et le poids que je portais ne devait jamais peser sur ses épaules graciles, même si je savais qu'elles étaient plus fortes qu'il ne paraissait.

Cette grâce n'était d'ailleurs qu'une prison, des chaînes que mes étreintes ne pourraient jamais effacer. J'en avais conscience, même si ma nature asarienne peinait à l'admettre. Dès le premier soir, je savais que je lui faisais un cadeau empoisonné. Quelle contrepartie pouvait rendre acceptable la perte de liberté, ou d'une illusion de liberté ? C'était là ma damnation. Même si je voulais agir positivement, les conséquences étaient néfastes. Je me glissai sous la douche pour émerger de cette nuit agitée à bien des égards.

Few hours after this morning ...

Il y avait plus de cinq heures que nous étions en studio, en train d'enregistrer le dernier album de Scarecrow et si j'aurais pu tenir encore vingt quatre heures sans dormir devant le micro ou les consoles, certains membres du groupe manifestaient depuis quelques minutes tous les symptômes de la déconcentration. Je décidai donc d'octroyer une pause à tout le monde. Pause qui aurait lieu dans un resto à sushis du quartier "asiatique". Au moins trois membres aimaient la cuisine japonaise et je n'y étais pas franchement allergique. Le choix fut donc vite fait. Mais une simple parenthèse récréative et roborative aurait été trop belle ... La limousine remontant Fame Avenue, je laissai errer mon regard à travers la vitre teintée. Sur le trottoir, quelques mètres avant la station du metro aérien menant au Dôme Principal, je la vis, elle ou son clone... une autre version de Scarlett, si belle, tellement libre et insolente... J'étais prêt à me laisser croire que c'était le fruit de mon obsession qui projetait cette illusion mais la voix de Zack fut sans appel. Il l'avait croisée lors de l'after et j'avais bien noté qu'elle avait fait forte impression sur le groupe dans son ensemble mais il était le seul, bien que simplement humain, à avoir reconnu sa silhouette remontant l'avenue tandis que nous la descendions.

- Hey, mais c'est Scarlett Rose !!! Gabriel, que fait-elle dehors ? Elle va se faire choper par la Milice !

Il m'avait gratifié d'un bon coup de coude pour me faire réagir. Je grimaçai et feignis l'indifférence . Et alors ? Elle serait envoyée au quartier des esclaves... La belle affaire ... je n'avais payé que la nuit. Un haussement d'épaule suffit à masquer la déception née de la trahison, qui même si elle était candide, me blessait plus qu'il n'aurait fallu. Je jetai un regard morne à Zack.

- Je la corrigerai, ce soir ... si elle revient. Sinon, tant pis pour elle


Je préférais nettement la laisser aller au bout de son périple et savoir à quoi m'en tenir que de l'intercepter sur le champ et la ramener par les cheveux jusqu'à ma suite ou pire, la livrer au marché aux esclaves. Je savais bien entendu que ma journée était foutue et que je devais renoncer à mettre en place le dispositif informatique qui me permettrait d'étendre les ailes du Sphinx sur Asaria. A.U.R.I.S. devrait attendre. A cause d'une petite pute. Mais j'avais prévu ce genre de contretemps... Jusqu'à un certain point.

Je demandai à notre chauffeur de s'arrêter afin que je descende pour la suivre à pieds. Non sans lui avoir ordonné de déposer les autres membres du groupe au restaurant prévu.

- Continuez sans moi. Je vous rejoins plus tard...


Sitôt sur le trottoir, je pris l'apparence d'un quidam, totalement banal...
J'avais vu la lueur d'inquiétude lorsque j'avais croisé le regard de Zack ... mais quelques fussent ses objections, je comptais bien retourner la situation à mon avantage, comme toujours ...

Mes consignes étaient pourtant claires: ne pas sortir de la suite sans moi. Il était bien trop tôt. Elle risquait de tout compromettre ... La punition serait à la mesure des désagréments qu'elle générait dans le déroulement de mon plan.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyJeu 26 Nov - 21:15

J'avance rapidement, le regard fixé bien droit devant moi. J'évite de rencontrer le regard des autres passants. Je sais qu'au moindre contrôle je peux me retrouver là où je ne veux pas être. Me retrouver au marché des esclaves est sans doute ma plus grande crainte. Être vendue comme une bête … J'ai juste mon objectif en tête, je ne pense à rien d'autre. Je ne remarque donc pas cette limousine qui passe à côté de moi. Ni cet homme qui me suit. A nouveau, je me glisse dans le métro aérien. Je renoue avec mon passé. Un passé pas si lointain. Un passé où je n'étais qu'une ombre parmi toutes ces âmes. A l'arrivée dans le dôme de la division humaine, je remarque des membres de la milice s'adonnant à un contrôle d'identité. Un sourire fend mes lèvres. Je retrouve cette adrénaline familière. Je retrouve mon vieil ami le danger. Invisible, je me faufile entre les corps et échappe au contrôle d'identité. A force, ça me paraissait même trop facile.

Je déambule dans ces ruelles si familières, bifurquant à gauche, à droite comme si je répétais une vieille routine. Je pourrais presque me diriger dans ses rues les yeux fermés. Tous ces enchaînements d'étroites avenues, d'allées crasseuses avaient vu fouler mes pas d'enfant depuis que j'ai été en mesure de marcher. J'y avais passé mes journées à mendier, ou à errer en attendant qu'une occasion se présente pour subtiliser quelques bijoux ou porte-monnaies. Je me vois encore assise contre ce mur, les yeux larmoyant, ou adossée à ce poteau électrique, attendant que quelqu'n passe un peu trop près de moi.

Me voilà enfin chez moi, après de longues minutes de marche, l'entassement de tôles, ces allées humides et cette odeur nauséabonde. Tout cela m'avait vu naître et grandir. Ici, je peux regarder les gens droit dans les yeux, je n'ai pas besoin de me cacher. Je salue mes compagnons de galère avec un léger sourire. Ici, on évite de demander comment l'on va. Ici les paroles courantes sont le plus souvent « Tiens, encore vivant. » ou « Que dieu te garde... » Quel dieu ? Mais je ne relève pas. Jamais je n'ai cru en cet être supérieur, ou alors, si il existe réellement, c'est un vrai salop. Je serre des mains chaleureuses, reçoit des regards pleins d'amours. Je ne leur dis rien de ma nouvelle vie et j'esquive chaque question sur mes occupations actuelles. Mais ils sont loin d'être bête. Ils sentent bien le parfum sur ma peau, ils voient bien que mes habits sont propres, sans compter cette miche de pain que je traîne, offrant une poignée à chaque âme que je croise.

Une vieille femme m'arrête cependant plus longuement que les autres. Elle connaissait Nana, et elle aussi m'a vu grandir, enfin … jusqu'à ce que la vie ne décide de la priver de ce bien. Elle est très vieille, et myope comme une taupe. Elle m'a pourtant reconnu quand je me suis agenouillée devant elle, déposant une baiser sur son front plissé. Elle a passé ses mains fripées sur mon visage avant d'attraper mes mains, toute tremblante. Sur son visage, un sourire infiniment tendre. C'était comme si elle savait, comme si elle savait tout de ce qui avait pu m'arriver ces derniers jours. Certains dans le Bidonville disent que c'est une voyante et qu'elle est dotée d'incroyables pouvoirs. Je n'y crois pas. Elle marmonne des paroles intelligibles mais qui sont, je le sais, porteuses de précieux conseils. J'allais me relever quand elle m'attire contre elle et glisse dans ma poche ce que je devine être un collier. L'avait-elle dérobé ? Voulait-elle que je le lui échange contre de l'argent ? C'était pratique courante ici-bas. Souvent, les plus jeunes se chargeaient d'échanger ce que les vieux ont récolté pour les troquer. Je cherche dans son regard aveugle des réponses qui ne m'arrivent pas. Alors je me redresse et continue ma route.

Finalement, mes pas m'arrêtent devant un lieu tout particulier, devant ces quatre morceaux de tôles que j'appelle « maison ». Courbant légèrement le dos, j'y entre. Forcément, il n'y a plus personne, mais je sais que d'ici quelques jours quelqu'un viendrait y trouver refuge. Il n'y a rien à l'intérieur, excepté cette bassine en fonte destinée aux rares toilettes ainsi qu'un vieux matelas, poussé dans un coin qu'on avait voulu plus « isolé », dissimulé derrière un vieux drap troué pendu au plafond. Voyant ce lieu aussi vide, mon cœur se serre. J'avais osé espérer y trouver une trace du passage de Tom. Une lettre, un objet m'indiquant que tout va bien, que je n'avais pas à m'inquiéter. Mais non. Rien. A croire qu'à partir d'aujourd'hui plus jamais nos chemins se recroiseront. Il était sorti du Bidonville, moi aussi, mais nous avons pris des directions différentes. A t-il au moins rejoint son objectif ? Existe t-il au moins … Lâchant un long soupire, je finis par sortir de ma poche ce bijoux que la vieille aveugle avait glissé dans ma poche. Un camé, un pendentif marqué d'une pierre noire dans lequel est incrusté le profil d'une femme en ivoire. Je le manipule entre mes doigts fins et comprends rapidement que ça n'est pas un objet à vendre ou à échanger contre quelconque bien … Un cadeau … le genre d'égard qui n'existe pas en ces lieux. Pourtant, elle me l'a offert.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptySam 28 Nov - 0:44

J'avançai sans encombre à travers les passants, la traquant tout en restant en vigilance extrême. A tout moment je pouvais avoir à user de mon don de polymorphisme qui dérivait d'ailleurs de plus en plus vers l'altération de la réalité. Certainement l'expression de la folie qui me consumait. Si des Miliciens venaient à l'intercepter, elle serait immédiatement embarquée par le service sanitaire de contrôle aux barrages. Elle ne devait pas se trouver là, pas sans visa de travail. Et je n'avais pas encore eu le temps d'établir un certificat servile. Du moins avais-je été négligeant, ne pensant pas que sa cage dorée puisse lui peser aussi rapidement. J'avais laissé passer les jours en consacrant mon temps à des objectifs bien plus vastes auxquels j'avais donné la priorité au détriment de cette formalité administrative. Ils la mettraient en quarantaine avec les catins du bidonville ou des terres sauvages et lui balanceraient un seau de détergent après l'avoir dénudée puis la rinceraient à coup de jets d'eau froide. Ils la tondraient pour éliminer les parasites et elle serait parquée un mois avant d'être mise en vente. Mes mâchoires se serrèrent imperceptiblement à cette pensée. La toile rêche des uniformes de la prison sur sa peau si douce, c'était contre nature dans mon esprit. Elle avançait vite malgré son apparente fragilité, comme si la rue était inscrite en elle. En mode simple, elle m'aurait peut-être semée à plusieurs reprises, ou pas... Les capacités sont parfois ancrées dans la simple humanité d'un désir.

Ses cheveux volaient sur ses épaules, légers et soyeux... Je me souvenais de leur douceur entre mes doigts, de leur parfum contre mon visage. J’accélérai le pas pour m'engouffrer dans la même rame de métro qu'elle, tout en pestant intérieurement contre son inconscience. Le moyen de transport le plus contrôlé d'Asaria ! Mais ma colère était teintée de ce fatalisme qui déguise l'attendrissement en quelque chose de plus âpre pour ne pas le révéler. Fichue sale gosse ! Je n'avais déjà plus aucun doute sur sa destination. Elle retournait à ses racines, celles où son cœur avait puisé la force ce battre. Pouvais-je lui en vouloir ? N'étais-je pas retourné moi-même dans le Bidonville quelques mois auparavant, alors que je n'y avais pourtant pas vu le jour au sens strict ? Mais simplement parce que mon cœur y avait connu son premier véritable battement la nuit où il avait croisé Mara pour la première fois. Je connaissais les silhouettes des toits de taule ondulée qui s'étalaient sur les pentes de ces collines pelées. Même la végétation paraissait crever de faim et de soif. l'odeur de pisse des rues crasseuses à peine masquée par les fumées des braseros de fortune m'avait suffoqué la première fois. Scarlett s'était redressée sitôt entrée dans le périmètre.

Je n'avais pas rêvé. J'avais vu ses épaules voûtés, au sujet desquelles je la harcelais véritablement pour qu'elle se redresse, perdre leur incurvation tassée et son menton se pointer en avant... Ici elle avait un port de princesse. C'était son royaume. Tout comme les Terres Sauvages étaient celui de Mara. Je changeai d'apparence vestimentaire pour me fondre dans le paysage et je baissai la tête sous ma casquette en jean délavé. L'accueil était à la mesure de la lumière qu'elle irradiait autour d'elle. Des mains tendues auxquelles elle offrait des fragments de ... pain. Je ressentis une pointe douloureuse que je jugulai bien vite. La colère reprit la main. De mieux en mieux ! Si elle se faisait prendre, elle serait accusée de vol en plus ! Je me plaquai contre un mur en carton épais juste à temps pour ne pas croiser son regard lorsqu'elle marqua une pause auprès d'une vieille assise sur un vieux fauteuil aux ressorts défoncés qui l'avait interpelée. Si mon apparence était méconnaissable, mes yeux, eux, risquaient de ne pas savoir mentir. Le dialogue semblait s'étirer entre elle et cette femme aussi fatiguée que son assise. Je notai, dans chaque geste de l'ancêtre, toute la tendresse simple que je n'avais jamais connu de ma propre mère ou que j'avais inconsciemment refoulé. Elle glissa un objet dans les mains de Scarlett et la méfiance revint. Et si cette babouchka était un contact lui fournissant un moyen de m'empoisonner ou des instructions ? Mais Scarlett paraissait vraiment troublée, surprise. Elle pouvait aussi m'avoir repéré et jouer une comédie. Après tout elle ne faisait que cela à longueur de jour et de nuit avec moi: simuler.

Le moment n'était pas propice à ce genre de spéculation car mon esclave indisciplinée avait repris son chemin et se faufilait dans une ruelle. Il allait devenir difficile de la suivre sans se faire repérer. Je restai donc à l'angle de la rue, comme si je faisais la manche. J'avais bien mémorisé le visage de la petite vieille et je reviendrais la cuisiner un autre jour. J'avais senti son regard éteint me suivre lorsque j'étais passé devant elle et je n'avais pas aimé cette sensation d'être ciblé. Je vis Scarlett s'engouffrer dans un cabanon tellement miteux qu'on aurait pu le prendre pour une benne à ordure cabossée. Elle disparut de ma vue. Je n'aimais pas cela parce que je savais le Bidonville truffé de passages souterrains et de couloirs dans les habitations, de sorties de secours bien utiles pour échapper à la Milice. Mais aujourd'hui c'était moi qui pouvais perdre ma proie. Les minutes semblèrent devenir des heures. Je mis mes lunettes de soleil et décidai finalement de franchir ce qu'on pouvait hésiter à qualifier le seuil de cette bicoque. Je trouvai Scarlett assise sur un matelas plein de vermine. L'air songeur, elle tenait entre ses doigts un collier ancien que j'identifiai immédiatement comme étant un camé. Lui lançant un regard mauvais, je l'invectivai sur un ton agressif:

- Hey, toi, qu'est ce que tu fous là ?

Elle ne pouvait pas me reconnaitre car j'avais une toute autre apparence. Celle d'un voyou plutôt ingrat flottant dans ses vêtements.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyDim 29 Nov - 19:11

C'est sans doute à ce moment là que je me rends compte à quel point les choses ont changé. Je quitte un monde pour en découvrir un autre. Lequel est le mieux, lequel est le pire … Il s'agit de deux mondes si différents … Mais dans aucun des deux je ne suis vraiment libre. Ici je suis esclave de la faim, du froid … Chez Gabriel, je suis esclave de celui qui me nourrit et m'habille … Où est la différence finalement ? Il est extrêmement rare que je me sente mélancolique et là encore, on ne pouvait pas qualifier cela ainsi. Alors oui, il y avait, au creux de ma poitrine, une certaine douleur à quitter l'endroit qui m'a vu grandir, mais je m'adapte facilement aux changements. Et je ne suis certainement pas du genre à bouder de meilleures conditions de vie.

Sitôt que la voix de l'homme parvint à mon oreille, je me relève vivement pour lui faire face, rangeant le bijoux dans ma poche. Son irruption dans le fil de mes pensées avait accéléré les battements de mon cœur. Mais pas question d'avoir peur. J'étais encore chez moi ici et je compte bien défendre ce qui m'appartient. Même si ça n'est que pour quelques minutes supplémentaires. Qu'il soit un homme et moi une femme, plus costaud, plus grand … peu importait. Ca n'est pas la première fois que je me confronte à quelqu'un de plus … avantagé dira t-on. J'en ai pris des coups certes, mais j'en ai beaucoup donné aussi. Dans ces terres, il faut savoir se défendre pour ne pas se faire bouffer et bien que je puisse me montrer très docile, j'ai du caractère à revendre.

Là, cet inconnu tombait extrêmement mal. J'avais besoin d'être seule, de faire un espèce de deuil, ou une autre connerie du genre. Car je sais que je ne pourrais pas revenir ici dès que l'envie me prendrait. Je n'ai rien de matériel à récupérer, aucun souvenir visible … Je veux juste m'imprégner une dernière fois de tout ce que j'ai pu vivre entre ces quatre tôles rouillées. Dix sept … presque dix huit ans de vie ça n'est pas rien, même si cela peut paraître illusoire aux yeux de ceux qui ont la chance de vivre très longtemps. J'entends déjà d'ici Gabriel vociférer par rapport à cette sortie improvisée, car je ne comptais pas le lui cacher. A cet instant, je me fichais des conséquences d'un tel acte et à vrai dire, je n'y avais même pas réfléchi, porté par mon seul désir de faire ce que je voulais.
Bref, je n'ai sûrement pas envie de me faire embêter par cet importun.

Rapidement, je comble le peu d'espace qui nous sépare l'un de l'autre, me plantant devant lui et soutenant son regard. Je ne l'ai jamais vu dans le coin … Pourtant vu ses vêtements et son allure, il vient certainement de la rue lui aussi … Ca n'est pas tant le fait qu'il s'incruste comme ça qui me dérange. Jamais je n'ai fermé ma porte à ceux qui recherchaient un abris. Ici, nous avons accueilli pleins de personnes. Ici bas nous sommes tous logés à la même enseigne. Chacun apporte ce qu'il a, ce qu'il peut, et même si il n'a rien, il reste le bienvenu. C'est le ton qu'il emploie et le regard qu'il me lance qui me dérange et m'horripile. Vu notre situation et notre place sous les Dômes, il est compliqué d'obtenir du respect, alors si même entre nous, nous ne sommes pas capable de rester courtois, on risquait de tomber encore plus bas. Car oui, c'est possible. Poings sur les hanches, je lui réponds sur le même ton, le regard noir :

-Et toi … ? T'as pas l'impression de déranger ? Qu'est ce que tu veux ?

Je toisais son regard dans l'attente d'une réaction. Étrangement, une impression de déjà vu traversa mon esprit, mais je balaye rapidement cette idée. Si je connaissais cet homme, je m'en serai souvenu, à coup sur.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyDim 13 Déc - 19:25




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Je riais derrière mes lunettes de soleil mais cela ne dura pas longtemps. Son air triste et grave ne m'avait pas échappé et si je trouvais amusant de la voir ainsi campée, les mains sur les hanches, défendant chèrement un amas de ferraille envahi par les parasites, ce n'était pas par mépris mais parce que je découvrais une autre Scarlett. Une fille qui n'avait pas froid aux yeux et était prête à en découdre avec un homme mieux armé qu'elle pour un face à face musclé. Le seul domaine où j'avais pu apprécier par accès, son sens de l'initiative était le sexe. Pour le reste, elle s'en remettait totalement à mes directives. Au lit, elle pouvait se soumettre comme prendre les choses en main et me surprendre. Finalement, elle était pour le moment l'esclave sexuelle rêvée pour l'être instable et avide de sensations sans cesse nouvelles que j'étais. Chance, destin, coup du hasard, piège tendu par un ennemi invisible ? Elle aurait pu n'être que cette calamité que j'entrevoyais au matin de notre première nuit. Une godiche pleurnicharde se mordant les doigts de constater que je n'étais pas le « gentil bienfaiteur » mais un être plein de perversion et de failles, fou et colérique, cruel et méchant. Si elle avait éprouvé une réelle détresse dans les premières heures partagées hors du lit, elle s'était vite ressaisie pour essayer de s'adapter et saisir l'aubaine qui se présentait. Même si j'avais été ventripotent et couvert de verrues, la langue pendante et tout puant de sueur, la toute petite pute venue du bidonville aurait tenté le coup. Supporter et surmonter la répugnance pour survivre. Je l'avais fait à ma façon lorsque j'étais le faire valoir de « maman ». Tous ces ministres, ces conseillers, qui ébouriffaient les cheveux d'un air faussement bienveillant pour se faire bien voir de leur supérieure. Ces banquiers, ces industriels dont elle voulait s'assurer le soutien et que je devais charmer avec mon intelligence, ma culture et mes discours de chien savant, quand ce n'était pas avec mon physique d'ange. De vieux pervers ou de vieilles salopes qui m'auraient bien consommé si je n'étais intouchable à cause de ma parenté. Leurs seuls regards posés sur moi, leurs voix mielleuse me donnaient l'impression d'être sale. Je m'étais pourtant adapté et j'avais joué le jeu. Parce qu'à sept ans on ne connaît pas d'autre échappatoire que l'univers que nos parents déploient devant nous, et on pense que les décevoir est la dernière option envisageable. Alors on se bouche le nez et on serre les fesses. Avant de plonger dans l'air vicié des salons et garden-partys. Ce jeu ressemblait beaucoup à celui qu'elle me jouait depuis que je l'avais arrachée au trottoir.

Sauf que j'avais à cœur de ne pas en faire un chien savant, de lui offrir le maximum de libre arbitre. Si je n'avais pas eu ce passé à traîner ma jeunesse dorée dans le bidonville, je n'aurais pas pu comprendre ce regard triste et ce besoin de pèlerinage juste bon à attraper le tétanos au milieu de cette rouille et de ces planches pourries. Mais je me souvenais de ces compagnons de jeunesse qui ne possédaient rien mais étaient prêts à se battre pour une idée qui n'était qu'à eux mais qu'ils voulaient pourtant faire partager. Être prêt à mourir juste pour rêver à une alternative. Voilà où j'en étais aujourd'hui. Et je le leur devais. Alors, oui, je comprenais ce regard et cette nostalgie. Je n'étais moi-même que nostalgie au sujet de mon passé, de cette époque où j'étais enfin libéré de ces chaînes qui m'avaient attaché à des valeurs aliénantes, nostalgique de cette candeur, de cet espoir de vivre qui était le mien. Aujourd'hui j'étais totalement prisonnier de mon dessein et pourtant prêt à mourir pour le réaliser. J'avais parfois le regret de cette époque où j'avais encore le choix, où je refusais de donner la mort. Peut-être était-ce ce que j'avais lu dans les yeux de Scarlett ? Le regret du temps où elle pouvait décider de se lever ou pas pour aller tapiner. De baiser ou pas cette journée, et cette nuit. Je lui avais pris cette liberté. J'avais rajouté des chaînes. Je ne savais faire que cela. Générer des rapports de force, contraindre des personnes à faire ce que je voulais les voir faire, penser ce que je voulais qu'elles pensent. Et j'étais aussi extrêmement doué pour m'enchaîner moi-même. A trente-quatre ans, ma vie n'avait été qu'une succession de devoirs et d'obligations. Jusqu'à vingt ans, j'avais été la marionnette de ma chère mère. Puis j'avais voué mon existence à une cause perdue. Depuis dix ans, chaque nouvelle journée était rythmée par des objectifs à atteindre et des obstacles à surmonter. La première année avait été un parcours de souffrance physique et de solitude avec pour seul compagnon, Jeko, un ancien mercenaire qui pansait ses propres blessures. Mon bloodhaler me permit une convalescence correcte dans des conditions d'hygiène auxquelles un humain portant mes blessures n'aurait pas survécu. La balle était passée à un centimètre de l'aorte et avait fait des dégâts considérables en traversant le poumon et en se logeant dans une côte.

Le vieux briscard était planqué derrière une colonne du promenoir où on m'avait tendu l'embuscade. Il avait vu la fille se pencher sur moi et me donner un coup de pied dans la mâchoire pour tourner mon visage. Il avait trouvé ça « pas fair-play » de maltraiter un cadavre. Et il avait guetté sans trop savoir pourquoi après son départ. Dans l'idée peut-être de pouvoir subtiliser le corps et le rendre à sa famille. Il avait un petit gars, que la Milice lui avait pris, je l'apprendrais plus tard, dans nos conversations. Et il aurait aimé qu'on lui ramène la dépouille pas trop amochée. Malheureusement, pas de dépouille pour ce jeune qui avait fini au QG entre les mains du Général Van Brënner et en avait probablement crevé. J'avais compris au fil des échanges que le disparu avait sensiblement le même âge que moi. Le vieil homme avait du opérer une sorte de transfert affectif. Mais il n'avait pas démordu de son idée de « sauver le cadavre »qu'il avait vu tomber sous les balles et qui lui rappelait son « fils » embarqué par les chiens asariens sur le toit d'un immeuble. Il avait tellement de la suite dans les idées, le vieux Jeko. Un vrai roc. Il s'était glissé dans la morgue de l’hôpital et avait attendu que tout ce beau monde se soit retiré après avoir examiné la dépouille sous toutes les coutures. Il avait compris confusément que ce macchabée n'était pas un simple hors-la-loi en voyant la grande dame en tailleur et talons aiguilles, et des gueules de ministres de l'époque autour du petit gars allongé sur sa table d'autopsie.

La femme avait une drôle de façon de se comporter. Comme si le mort la fascinait, et qu'elle n'arrivait pas à partir. Elle avait demandé à un type en blouse blanche s'il avait eu le temps de souffrir avant de mourir. Ces Asariens étaient de grands malades selon Jeko. Tout le monde était parti enfin. Du moins le croyait-il et avait-il failli le payer très cher. La porte à peine refermée, la femme était revenue, seule cette fois et elle avait pris la main du mort en lui demandant pardon et s'était penchée pour embrasser la joue épargnée du cadavre. Selon Jeko, cette femme était une pute de salope qui avait probablement séduit le gars pour le faire tomber dans un piège. Ou sa femme qui l'avait trahi. Bien entendu, quelques mois plus tard, il la reconnut sur un panneau lumineux et me gratifia d'un «  Ahh ben c'est la salope qui a embrassé ton cadavre ! » C'est ainsi que je pris lentement conscience de la nature de ma mort. Tandis que je me nourrissais pour reprendre des forces, j'alimentais également ma haine des détails dont mon sauveur ne manquait pas de m'informer. Il avait entendu des bribes de la conversation entre les personnes présentes autour de ma dépouille. Sans doute parce que cela faisait écho à sa propre soif de venger la mort de ce proche, il semblait lui-même hanté par ce dont il avait été témoin. Ma mise à mort, la petite réunion autour de mon cadavre encore chaud. Un type en costume avait dit à cette femme qu'elle avait fait « le bon choix pour Asaria», un autre que « Gabriel n'était plus lui-même, était déjà mort en quelque sorte depuis longtemps ». Jeko avait ensuite traîné ma carcasse hors de la morgue, prenant des risques considérables que je ne m'expliquais que par cette perte qu'il portait en lui. Je n'étais mort qu'en apparence, en état de choc, mais mes blessures étaient graves et il avait peu de moyens pour les soigner. Je me rétablissais lentement face à un miroir qui me renvoyait un visage défiguré et abreuvé de ces paroles qui tournaient en boucle dans mon esprit perturbé.

J'avais suivi par voie médiatique les suites de cette affaire. Ma mort était prise comme prétexte à une répression d'une sévérité encore inégalée. Mara ne devait avoir aucun repos et j'imaginais sa vie de traque et de fuite. Je savais qu'elle était toujours libre car ma mère n'aurait pas manqué de médiatiser une telle capture pour en faire un exemple. Tout comme elle allait le faire pour Aaron Williams. Si rien n'avait encore filtré au sujet de son arrestation, c'est parce qu'elle préparait un grand show, une communication qui frapperait les esprits. Elle voulait d'abord tirer le maximum d'informations du scientifique mais lorsqu'elle en aurait pressé tout le savoir, elle l'exposerait comme un trophée. Pour l'exemple. Mais j'avais pris un malin plaisir à court-circuiter son beau dispositif en révélant des images vidéo des caméras de surveillance de la tour gouvernementale aux Pacificateurs. Ils en feraient ce qu'ils voudraient mais j'imaginais bien qu'ils n'allaient pas laisser leur ami mourir sans tenter quelque chose. Peut-être que je les aiderai, peut-être pas. Nos idées divergeaient à présent. Leur idéalisme frôlait la crétinerie et m'avait coûté cher. Il coûtait cher à Mara tout autant. Je sus ensuite qu'elle avait perdu celui qui m'avait remplacé dans son cœur. Gaïus Hazard, cet industriel, l'héritier du bâtisseur des Dômes. Je l'avais croisé plus d'une fois dans les dîners mondains. C'était déjà un homme mûr alors que je n'étais qu'un adolescent et pourtant, il était mort lui aussi, tombé entre les mains d'un mercenaire. Un ancien concurrent de Jeko s'en était vanté auprès de lui durant une beuverie. Je n'en avais éprouvé qu'une lassitude devant la fatalité qui semblait frapper mon ancien amour. Il y avait une sorte d'équité injuste entre le destin de cet homme et le mien. Injuste pour elle. Mais j'étais revenu à la vie, contrairement à Hazard et il m'incombait de mettre fin à cette folie parce que cette folle était ma mère. Mara vivait, et c'était l'essentiel à mes yeux.

J'avais fini par accepter l'ombre comme la seule alternative possible. Mon visage balafré m'y avait beaucoup aidé. L'idée que je pourrais mieux la protéger en restant en retrait était un argument de poids aussi. Mais la lâcheté m'aurait de toute façon empêché de me présenter devant elle. Si elle en était là, c'était à cause de moi, et de moi seul. Si elle ne m'avait pas rencontré, jamais elle n'aurait donné autant d 'envergure à son engagement, et n'aurait été la cible vivante de la haine de ma mère. Je devais rester mort à ses yeux, car c'est ce que j'incarnais pour elle. Si je reprenais contact, je signais son arrêt de mort. Mon visage n'était plus celui qu'elle avait connu. La cicatrisation s'était faite autour des blessures mais rien ne pouvait les effacer. Aucune chirurgie réparatrice n'était parvenue à gommer totalement cette marque sur ma pommette et je portais en moi la balle de la tueuse. Je la sentais à chaque respiration. Elle me tuerait probablement des années après, un jour, en se déplaçant... Deux balles, deux trajectoires qui avaient déchiré le ciel bleu de cette belle journée ensoleillée. Puis progressivement, Scarecrow était né, puis le caméléon, son pendant blackhat. Je prenais de fausses identités sur scène et dans ma vie d'artiste tout comme dans ma vie de hacker. J'avais commencé à réunir quelques musiciens un peu en marge de la scène people d'Asaria, et à écrire des textes pour mes musiques, et dans le même temps, je hackais des sociétés de sous traitance ou de transport pour me faire la main. Je m'amusais à changer les ordres de livraison, les destinations juste pour le plaisir de désorganiser la belle économie asarienne. Puis j'étais passé à des projets plus ambitieux. Les Pacificateurs marchaient parfois sur mes plates-bandes en piratant les médias ou les autres groupes dissidents en remettant les comptes des banques à zéro mais aucun n'avait bâti un projet touchant à la défense passive et aux forces armées. Il fallait n'avoir plus rien à perdre, connaître les arcanes du pouvoir, être capable de changer d'identité et maîtriser la programmation et les systèmes informatiques sur le bout des doigts et posséder une excellente couverture. J'étais le seul à réunir toutes les conditions, comme si j'étais désigné par les Parques pour changer le destin d'Asaria. Le fils né pour effacer les erreurs de ses géniteurs. Ma vie, mes vies successives, s'inscrivaient dans une matrice qui tendait à produire le même résultat final. Tout ne semblait s'être enchaîné que pour arriver à ce qui allait se produire.

Au fil des années et de l'élaboration de ce grand projet, je m'étais résigné et fait à l'idée que Mara était perdue à jamais pour moi. J'avais alors muté lentement en cet autre homme, cynique, manipulateur et laissé mourir celui que j'avais été. Tout en retrouvant des traits de l'enfant gâté asarien. J'avais pris du plaisir sans renier l'épicurien que j'avais toujours été. Le fils s'était montré digne du père et doté d'un esprit aussi rigoureux et inventif, aussi obsédé par le but qu'il s'était fixé. J'ignorais si la comparaison pouvait s'étendre à la vie sentimentale. Je n'avais pas eu la chance de connaître mon vrai père. Tout comme il n'avait pas eu le temps de me connaître. On nous avait volé cette chance. Peut-être serait-il resté s'il m'avait rencontré ? Peut-être que tout aurait pu être différent. J'ignorais donc si mon père était un séducteur, un timide ou un obsédé. Je ne savais donc pas si je tenais ces trois traits de caractère de lui ou de ma mère. Sauf pour la timidité qui ne venait certainement pas d'elle. J'avais dû lutter toute mon enfance contre cette vieille amie tapie dans un coin de mes tripes. Et c'était un combat de chaque instant encore aujourd'hui, tandis que je me tenais sous une autre apparence, devant mon esclave qui m'invectivait. Je me soignais à grands coups de jeu théâtral.

Je me redressai autant que le permettait le toit assez bas de la cabane et croisai les bras pour la toiser.

- Dis donc, la gamine ! Tu as mis les voiles depuis pas mal de jours ! Tu pensais qu'on allait laisser ces pénates inoccupées ? C'est plus chez toi, ici.


Je reniflai et passai la tête par la porte pour cracher dehors dans une sexitude torride. Ce qu'il ne fallait pas faire pour être crédible !

- D'ailleurs ça se voit que t'es plus de not'e bord. A tes fringues. Et puis tu pues la bourgeoise entretenue.

Je m'approchai pour humer ses cheveux. Elle avait utilisé la bouteille de parfum que j'avais posé sur sa table de nuit. Cela me fit sourire. Ce qui eut sans doute le don d'exaspérer encore plus la petite demoiselle.

- Ouais, c'est plus chez toi ici et tu f'rais mieux de rentrer là d'où tu viens. Tu vois bien que tu pourrais faire de mauvaises rencontres dans mon genre... Remarque si tu veux rester pour me tenir chaud la nuit... Ça peut s'arranger... Tout de suite, même si tu veux …
Ajoutai-je en m'approchant davantage d'elle et en la collant contre la tôle.

J'étais très partagé en jouant ce petit jeu. D'une part il m'amusait, et l'idée de tester ses réactions ne me déplaisait pas. Je l'aidais un peu en ayant choisi une enveloppe physique peu attrayante. Je le regrettais presque. D'autre part je me sentais mal à l'aise en la manipulant et en entrant dans l'intimité de sa vie passée à son insu. C'était peu reluisant, indigne de Gabriel Laymann comme procédé. Beaucoup trop facile. Le fait que je tentais de lui faire peur pour la pousser à rentrer au bercail, et lui ouvrir les yeux sur la sécurité que ma protection lui offrait, était une dimension du problème que j'occultais totalement. Je ne l'aurais admis pour rien au monde, mais j'agissais en con d'asarien, propriétaire de son cheptel d'esclaves et ce sans même en avoir conscience.


HRP:
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyMer 16 Déc - 12:28

Me confronter à un total inconnu importun est bien la dernière chose que j'attendais de cette petite escapade. Il serait arrivé dix minutes plus tard, je ne l'aurai même pas croisé. Je me serais contenté de m'effacer, disparaître de ce bidonville pour retrouver ma nouvelle vie. Une vie différente et pourtant … j'étais encore loin d'imaginer ce qui allait m'attendre. Est-ce mieux ? Je ne saurais répondre à cette question.
Le vagabond tombe mal. Et je suis bien décidée à gagner la partie. Même si c'est juste pour quelques minutes supplémentaires, je suis ici chez moi. C'est ici que j'ai dis mes premiers mots. C'est ici que j'ai grandi. Et c'est aussi ici que j'ai pleuré. Ça ne m'était jamais arrivé, avant la mort de Sally. Quelles que soient les coups ou les épreuves traversées, jamais je n'étais parvenue à verser la moindre larme … mais quand la femme qui m'a recueillie, celle que j'aurai pu appeler Maman, s'est éteinte, je goûtai finalement aux larmes salées.
Ces quatre murs de tôle contenaient tellement de souvenirs que non, je n'étais pas prête à les laisser aussi facilement à un sombre inconnu. Malpoli de surcroît, qui visiblement comptait sur sa taille pour m'impressionner. Je ne le lâche pas du regard, sourcils froncés et ne peut retenir une grimace dégoutté quand il va cracher. Au moins a t-il le tact de le faire dehors … Je roule des yeux en le voyant revenir à la charge.
Étrangement, sa seconde réplique me blesse … de me dire que je ne suis plus du même bord. Mon cœur se serre. Je ne veux pas faire une croix sur mes origines, et je ne peux pas imaginer devoir faire un trait sur tout ça. Jamais je ne serais une des leurs. Je reste une fille des bidonvilles. Je baisse un instant les yeux, refermant les poings le long de mon corps. Quand il s'approche de moi pour sentir mes cheveux, je retiens mon souffle avant de le fusiller du regard. Il n'était pas loin de franchir les limites de ma patience. Mon sang s'était mis à bouillonner.

-Qu'est ce que ça peut te foutre ? Sifflais-je entre mes dents serrées.

Et puis ce sourire … Il se fout de moi ou quoi ? J'allais lui renvoyer une remarque cinglante quand mon dos se retrouve contre la tôle. Mon souffle s'accélère mais je ne perds pas mon sang froid, continuant de soutenir son regard. Je sais me défendre, et je n'ai pas peur de ce genre d'homme. Bien sûr, une certaine adrénaline bat dans mes tempes, mais je ne me dégonfle pas. J'aurai pu lui envoyer mon genoux entre les jambes, ça m'aurait permis de le repousser et de m'enfuir. C'est ce que j'aurai fait en temps normal, mais là, maintenant, je ne veux pas fuir. C'est à lui de partir, pas à moi. Il en allait de ma fierté.
Et puis hors de question qu'il me touche. Avec moi, il n'obtiendra pas ce qu'il convoite. En grandissent en ces lieux, on apprend vite à se défendre de ce genre de pervers. J'abats alors mon pied sur le sien et lui donne un coup de coude dans le ventre en le poussant un peu plus vers la sortie.

- Tu prends tes rêves pour la réalité je pense … Mauvaises rencontres tu dis ? Indésirable j'aurai dit …

Levant le menton, je le toisais à mon tour. J'ai la chance d'avoir une taille suffisamment élancée pour ne pas me laisser marcher facilement sur les pieds. Bien que la taille ne soit pas un critère de courage, ni de force, elle m'a toujours apporté une certaine contenance face à ce genre de personnage. Peu importait mon âge, ma corpulence, je ne me suis jamais laissé faire. Je ne lui laisse pas le temps de réagir et vient empoigner son col, prête à le jeter dehors bien que je doutais de ma force physique pour le traîner jusque là bas.

- Alors maintenant tu te casse … Tu vas te trouver une autre pute pour te tenir chaud et peut être que quand tu repasseras par ici, la place sera libre … Lui lançais-je d'un ton glacial.

Je continue d'observer l'inconnu, à quelques centimètres seulement de son visage, les traits fermés alors que mon regard était implacable. Je reste aussi prudente, car il pouvait tout aussi bien s'en aller que riposter plus violemment. Mais j'étais prête à en découdre.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyDim 20 Déc - 17:58


Lyrics:

Je sentais monter la tension et je savais que la situation ne pouvait que s'envenimer mais je n'arrivais pas à prendre une décision. Partir ou dévoiler ma véritable identité. Je n'avais pas envie de la laisser ici, seule, même si je savais qu'elle avait des arguments pour se défendre. Je la sentais sur le fil et trop triste pour prendre les bonnes décisions si elle faisait une vraie mauvaise rencontre. Il y avait des tueurs, des psychopathes, des violeurs, des dealers, des camés dans ce bidonville. Cette racaille côtoyait des braves gens qui ne lui feraient certainement aucun mal, mais pour autant, lui porteraient-ils secours si elle se faisait malmener ou agresser réellement ? Il était plus probable qu'elle devrait affronter seule une telle situation et le risque était grand qu'elle périsse dans l'affrontement. J'avais encore le souvenir doux amer de ma soirée au Hellfire, il y avait quelques mois de cela. Parfois la peur verrouille l'âme la plus honnête et la rend lâche ou indifférente. Je ne pouvais la laisser ici sans m'assurer de sa sécurité quel que soit son choix. Rentrer ou rester ici. C'était chez elle. Je mesurais le gouffre qui séparait notre condition d'origine et à quel point j'avais pu la désarçonner par mon comportement et mes réactions. Avec Mara et les Pacificateurs, j'avais découvert la pauvreté et le dénuement des bidonvilles, mais je n'étais jamais entré au cœur d'un foyer humain. Était-il possible que des parents élèvent des enfants dans un taudis pareil ? Quel père pouvait accepter de voir grandir ses enfants dans ces conditions ? Quelle mère aurait survécu à un tel calvaire ? Je pris conscience que je n'avais jamais demandé à Scarlett de me parler de sa famille et que j'ignorais tout de son passé.

La honte m'envahit alors que je prenais conscience de mon égoïsme et de ma monstrueuse indifférence. Absorbé par mes projets et dévoré par la haine qui les soutenait, j'avais complètement étouffé toute parcelle d'humanisme en moi et occulté le fait que cet être de chair et de sang qui se tenait à mes côtés, que ce corps que je serrais dans mes bras chaque nuit, avait un passé, une histoire, des blessures peut-être aussi lourdes que les miennes. Je ne connaissais même pas sa date de naissance, ignorais si elle avaient des proches. L'état et le vide de ces lieux délabrés laissaient entendre qu'elle n'avait plus de foyer. Ni de famille. Mais il avait fallu cette fuite pour que je prenne la peine de me poser la question. Je savais qu'il était risqué de montrer trop de compassion envers un de ses esclaves pour un asarien. Les procès sur dénonciation n'étaient pas rares, qu'ils aient pour origine un simple esprit de classe ou une basse vengeance de la part d'un rival ou d'un concurrent. Pour autant, ce qui se déroulait entre nous, en privé, ne pouvait pas être répété et je n'avais aucune excuse pour ce manque d'intérêt que mon pur égoïsme. Je mesurai à quel point le mal qui me rongeait avait fait son œuvre et quelle était l'urgence de finaliser mon projet avant de n'être plus qu'un monstre d'indifférence. Scarlett m'aiderait peut-être à ne pas perdre totalement pied, à garder un lien avec l'once de conscience qui restait encore en vie dans mon âme. Peut-être était-ce là son rôle sur le grand échiquier du Destin.

Je ne pouvais pas me montrer sous l'apparence qu'elle me connaissait. Elle me haïrait encore davantage et tout espoir de confiance entre nous serait mort. J'étais condamné à garder pour moi ce que cette escapade m'avait appris et donc à feindre l'ignorance de sa désobéissance si je voulais éviter de la faire fuir définitivement. Mais je pouvais en tirer les leçons et adapter subtilement mon comportement de façon à ne pas éveiller ses soupçons. Je me laissai molester sans résistance, marcher sur les pieds, frapper et pousser par le col jusqu'au seuil de la porte. J'aurais pu la prendre par les cheveux et la trainer jusqu'à la suite mais je préférais lui laisser le choix, le libre arbitre. Rentrer à la maison, ou rester ici. C'était un risque à prendre, pour moi plus que pour elle. Car quelque soit son choix, je ne l'abandonnerai pas. Elle serait une personne de plus à figurer sur la liste de mes protégés. Ceux sur lesquels je veillais de loin. Je risquais juste de perdre cette présence à laquelle je m'étais habitué depuis quelques temps. Rapidement habitué à la réflexion. Cette perspective s'apparentait à une vague de froid qui envahirait les pièces et recouvrirait les murs de la suite d'une fine couche de glace. L'écho des lieux vides. L'absence de mouvement pour m'accueillir lorsque je rentrerais d'une journée d'enregistrement au studio. Je commençais à entrevoir l'impact de sa disparition dans ma vie et cela me mit en colère. Je serrais les poings. Elle pouvait penser que je préparais ma riposte à ses coups, mais il n'en était rien.

C'était contre moi-même que j'étais révolté. Comment avais-je pu baisser la garde après toutes ces années de restriction disciplinée ? Aucun lien, aucun attachement. Les seules entorses avaient été Léana et sa fille que j'avais respectivement épousée et adoptée sous une autre identité. Mais c'était au départ pour approcher le Centre de recherche et me procurer un sésame en subtilisant sa carte d'accréditation. La décrypter, en comprendre le fonctionnement puis faire une fausse carte d'accès comme simple agent d'entretien afin de pénétrer les lieux. Cela avait été si facile en usant du charme discret de cette autre apparence, totalement opposée à celle de Gabriel Laymann mais néanmoins charismatique. Un Humain, mais brillant informaticien concevant des programmes révolutionnaires et dépannant les grosses entreprises ou les administrations avec ses logiciels de réparation, qui avait su se rendre ainsi indispensable aux grosses huiles asariennes. A un point que nul ne pouvait soupçonner à moins de porter un uniforme avec le plus haut grade de l’État. Leana était tombée sous le charme de son romantisme et de sa douceur. De son mystère aussi. Il était plus absent que présent, mais quand il rentrait les week ends ou pour quelques vacances, il les couvrait de cadeaux, d'attentions, elle et sa fille, n'était là que pour elles. L'histoire d'amour avait fait long feu même si je gardais une affection réelle à ma seule épouse officielle. Audrey, c'était autre chose. J'avais un pacte avec cette gamine et je l'honorerais même au prix de la pire des souffrances. Elle aussi n'avait pas connu son vrai père, n'avait pas choisi sa naissance. Je la sauverais et je lui assurerais toujours un avenir meilleur, quoi qu'il m'en coûte. Elle était tout ce qui me rattachait encore à la pureté dans l'intention. Peut-être le seul bastion que le monstre qui me dévorait les entrailles ne pourrait anéantir.

Quelque chose d'indicible, en Scarlett, me rappelait Audrey. Qu'est-ce qui pouvait, dans cette petite pute, me rappeler ma fille adoptive ? J'aurais été bien incapable de le dire. En apparence, tout les opposait à part leur nature humaine. Pourtant je n'aurais su me désintéresser du sort de l'une comme de l'autre, même sorties de ma vie. Comme je n'avais jamais pu me détourner d'informations sur Mara, lorsque j'en découvrais au détour de mes intrusions dans les systèmes du Gouvernement. Peut-être cet intérêt persistant s'expliquait-il par la promesse de protection qu'impliquaient les liens que j'avais développé avec ces trois êtres humains ? J'étais un être complexe et certaines de mes réactions n'avaient pas de sens précis en apparence, même à mes yeux. Où peut-être ne souhaitais-je simplement pas leur donner un sens précis.

Pour l'heure, je mesurais tout le ridicule de la situation dans laquelle je m'étais moi-même mis, et ce par manque de discernement. Par faiblesse aussi. Depuis le début j'aurais du trancher. Remettre Scarlett à la rue ou en faire mon esclave officielle en l'enregistrant à ce titre. C'était la faire déchoir encore un peu plus dans l'échelle sociale. A l'heure actuelle, elle était encore officiellement simplement une humaine lambda, avec peut-être un casier pour prostitution. J'avais le choix d'en faire mon employée, ce qui la maintiendrait dans son statut d'humaine "libre". Pour peu que ces deux termes aient un sens dans notre monde. Alors qu'elle me rudoyait, je me perdais dans mes réflexions intérieures en me demandant pourquoi je n'avais pas choisi cette option. Et je refusais d'entendre la réponse que ma conscience me soufflait. La rage se mêla à la colère et je reculai hors de la bicoque en tôle. Mon poing rageur s'abattit sur le mur en pisé sur lequel elle s'appuyait et le lézarda.

- Tu as gagné petite salope ! Pour cette fois!  Mais arrange-toi pour ne jamais croiser à nouveau mon chemin. Si tu pars d'ici, ce sera pour toujours. Parce que le lieu sera occupé la prochaine fois. C'est là que je deale maintenant.  Et puis quand on sent aussi bon et qu'on est aussi bien gaulée que toi, on n'a rien à faire ici. Franchement, c'est une offense d'exposer autant de beauté devant des gens qui n'y auront jamais accès. Vaut mieux la réserver à ceux qui peuvent en prendre soin. Y en a beaucoup qui aimeraient avoir la chance que tu as de toucher cette autre vie.


Je fis mine de reprendre ma respiration après le coup de coude dans le ventre.

- Mais un conseil, il vaut ce qu'il vaut. Je suis peut-être une ordure mais c'est toujours bon à prendre. Ce que tu viens de me faire ... ne le fais jamais là d'où tu viens, si belle et toute parfumée. Ils ne te laisseraient aucune chance, eux... Ils te briseraient.

Je reculai lentement et sortis de l'impasse pour me fondre dans les allées et venues de la rue adjacente. Plus loin, je me cachai dans un renfoncement et changeai d'apparence. J'étais un homme insignifiant, affichant à peine la quarantaine. D'apparence très modeste comme tout père de famille des bidonvilles. Je l'avais plantée là sans même essayer de reprendre du terrain, ce qui ne manquerait pas de l'étonner peut-être. Mais certainement moins que les billets qu'elle trouverait à ses pieds dans la boue. De quoi lui laisser un véritable choix. Elle penserait que le type, aurait perdu son gain de la journée dans la bataille. Ou pas. Je me doutais que Scarlett n'était pas aussi naïve qu'elle en avait l'air, mais jamais elle ne saurait qui avait endossé cette identité importune, du moins pas avant un certain temps ... Restait à observer, caché dans l'ombre, quel choix elle mettrait en œuvre.


Dernière édition par Gabriel Laymann le Jeu 31 Déc - 17:00, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyLun 21 Déc - 13:01

Peu importaient les insultes, elles n'étaient que des dénominations vides … La vraie signification réside dans les mots qui suivent, ceux qu'on associe aux « salope », « petite pute » … Car beaucoup les déclament sans oser approfondir le fond de leur pensée.
Les mots de l'inconnu parviennent à me toucher, plus que de raison. Je n'ai donc plus ma place ici, ça y est ? Je suis censée faire une croix sur cette vie, sur ma vie ? Est-ce ce qu'il essaye de m'expliquer. Mon cœur se serre douloureusement. J'ai envie de lui crier de se taire, de lui hurler que je n'ai pas à recevoir de lui, parfait inconnu importun qu'il est. Mais mes cris restent bloqués dans ma gorge nouée. Je me sens infiniment blessée, et j'en viendrai presque même à culpabiliser. J'ai conscience de la chance que j'ai. Mais je ne savais pas que le contrat impliquait de devoir tirer un trait sur tout ça.

Encore plus troublant, je ne peux m'empêcher de noter un changement perceptible dans sa manière de parler et abandonnant aussi facilement, moi qui me voyait déjà recevoir une main en pleine figure. Sans compter le fait qu'il venait de lézarder la taule, par la seule force de son poing. Qui est-il ? Il est décidément très déstabilisant … Trop.

Mon souffle est tremblant, rapide … et je n'essaye même pas de le maîtriser, pas tant qu'il n'a pas disparut de ma vue. Dents serrées, je me retiens pour ne laisser, ni ma colère, ni ma tristesse m'envahir. Je retourne à l'intérieur du taudis, le cœur battant. Je pourrais rester, retirer ces vêtements neufs, laisser le parfum se dissiper avec le temps. Ainsi je retrouverai ma place. Je lui montrerai, à cet inconnu, que je suis toujours la même, que ce ne sont pas des liquides parfumés qui me changeront. Pourtant … je ne sens pas le courage de rester. Ici, je suis seule. Ici, c'est chacun pour sa peau, c'est la loi du plus fort … Là haut aussi c'est le cas. Mais au moins là bas je ne suis plus seule.

Voilà pourquoi mes pas me guident hors de ce que j'appelais « Maison ». C'est à ce moment que je remarque les billets tombés sur le sol gadouilleux. Je les ramasse, les observe et relève le regard sur l'allée, comme pour retrouver la trace de cet homme. Non. Quiconque vit dans les bidonvilles ne fait pas tomber aussi facilement autant de billets. Sourcils froncés, je les range néanmoins dans ma poche. Je déteste l'ignorance. Je n'ai pas suffisamment de données sur cet étranger, et je n'aime pas du tout ça. C'est totalement perdue dans mes pensées que je me remets en marche. Regard vide, je ne fais même pas attention aux gens que je croise, que je regarde, jusqu'à ce que j'aperçoive une gamine, tassée sur un vieux bidon d'huile rouillé. Elle me regarde, avec ses joues creuses, le regard pétillant pourtant d'une volonté que je ne connais que trop bien. J'esquisse un petit sourire, venant m'accroupir face à elle et met dans sa petite main frêle les billets que j'avais ramassé quelques minutes plus tôt.
Tiens gamine, la vie n'est pas facile, mais elle est trop précieuse pour être gâchée. Ne laisse jamais cet espoir quitter ton regard. Bats toi. Sois forte.
J'aurai pu lui dire tellement de choses, mais les mots refusent de sortir. Je la quitte alors qu'elle bafouille quelques mots. Mais je suis déjà loin.

Je vais rentrer à l'hôtel, empruntant le même chemin qu'à l'aller, l’œil peut être moins vif, la joie n'habitant plus mes traits. Je n'aurai pas du venir. C'est ce que je n'arrête pas de me répéter tout le long du chemin. Je tente de m'en persuader mais je n'y arrive pas.

Arrivant devant l'hôtel, un long soupire m'échappe. Et si Gabriel est déjà rentré ? Si il me demande où est-ce que j'étais partie ? Je n'aurai pas le cœur de lui mentir … Mais comment allait-il réagir ? Je n'ai franchement pas l'habitude de devoir rendre des comptes à quelqu'un. Mais pourtant, c'est vers lui que je suis revenue.
Le cœur lourd, je m'engouffre dans ce palais d'argent, retrouver la vaste suite, l'endroit que je vais désormais appeler Maison.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyJeu 31 Déc - 19:19



- Une illusion ... Le choix n'est jamais qu'une illusion, Gab !

Allongé sur le dos, je secouai la tête en grimaçant, tandis qu'il changeait mon pansement.

- Je ne suis pas d'accord, et tu le sais!
Je baissai le regard sur la plaie désormais découverte. C'est pas terrible hein ?

- Ça suinte encore pas mal. La canule que j'ai placée pour faire un drain et trop petite pour évacuer le pus rapidement, mais si je t'en plaçais une plus grosse moi-même, je risquai de te tuer. C'est de la médecine ça, et je suis pas médecin. Ça se fait à l'hôpital ces choses.

Je posai ma main sur le bras du vieil homme.

- T'inquiète pas. Tu te débrouilles très bien Jeko. N'oublie pas que je suis mort. Pour un mort je me porte plutôt bien, non ? J'aimerais juste me raser. Tu peux m'amener un rasoir et un miroir s'il te plait ?


Il ne répondit pas et retira la canule d'un coup sec, m'arrachant un cri.

- La vache! Tu pourrais prévenir !

- Si je préviens ça fait encore plus mal parce que tu te contractes. Là, c'est fait. Je vais pouvoir la nettoyer. Elle était bouchée...


Il exhibait la canule d'un air fier. Il la planta dans le bouchon d'une bouteille d'alcool et renversa la bouteille en la secouant au dessus d'une bassine. Je le regardai faire. Ses gestes sûrs me rassuraient. Il n'était pas médecin, certes, mais des mauvaises blessures, il en avait soignées plus d'une. Ses propres cicatrices en témoignaient. Il avait une expérience de la vie ... et de la mort. Que je n'avais pas encore à l'époque.

- Ce qui fait chier, c'est que cette fichue balle est pas ressortie et qu'elle a même pas fait d'hématome dans les muscles intercostaux. Si ça avait été le cas, j'aurais pu la localiser et te charcuter.

- Charmante perspective ... Non merci, sans façon ... J'ai vu comment tu dépeçais un rat ...


- Quoi, bien cuit, c'est bon le rat !  Tu as pas craché sur mon ragout! Pour la balle, elle a du se ficher dans une côte, je vois que ça. Mais bon, ça serait mieux qu'on te la retire, gamin. J'ai ramassé sa petite sœur, celle qui t'a fait ton autre blessure. C'est une balle chemisée en curponickel, ce qui t'a certainement sauvé la vie mais d'un autre côté le curponickel est toxique.


- Comment ça, sauvé la vie ? Elle m'a flingué cette balle !

- Une balle non chemisée ou striée t'aurait tué net à cause de son comportement à la pénétration. Les balles molles s'écrasent à l'impact et font beaucoup de dégâts internes. C'est étrange d'avoir choisi un projectile dur pour un contrat. Erreur de débutant peut-être ... Ou un style que le type a voulu se donner. C'est la classe, mais mais faut être très précis quand on utilise des balles chemisées... En tout cas, ça t'a évité la mort.

Il avait achevé de nettoyer le circuit de drainage et me fit signe de basculer sur le côté. Je savais qu'il allait me replanter cette fichue canule dans le dispositif drainant qu'il avait installé entre mes deux côtes. C'était archaïque et d'une asepsie douteuse mais cela fonctionnait. Il suffisait de voir la quantité de sang purulent que mon thorax évacuait chaque jour. Depuis que j'avais repris conscience j'avais droit au même rituel chaque jour. Mais il me sauvait la vie. J'avais passé une semaine à délirer, brûlant de fièvre, avant de refaire surface. Les portes de l'Enfer s'étaient alors entrouvertes. Parfois c'est revivre qui est un enfer. C'était mon cas. La mort était un lac sombre et froid dans lequel je voulais m'engloutir et je l'appelais dans mon errance brûlante... Jusqu'à ce que Jeko arrive à faire tomber la fièvre avec des herbes qu'il s'était procuré il valait mieux ne pas savoir comment. Ensuite il m'avait assommé de perfusions de morphine. Le seul vrai luxe comparable à un service médicalisé qu'il pouvait m'offrir. Je l'apprendrais plus tard, mais il avait dépensé une grande partie de ses économies destinées à sa "retraite" pour payer cette morphine au marché noir. Sans cela la souffrance aurait été insoutenable tant l'infection était étendue. Il fallut deux mois à mon blood healer pour réparer les lésions laissées par la balle qui avait perforé mon poumon de part en part et l'englober dans une sorte de gaine de tissus qui adhérait à la plèvre. Bien entendu ce diagnostic ne fut pas dressé par l'ancien mercenaire qui m'avait sauvé. Je l'appris bien plus tard de la bouche des médecins que je consultais pour mes troubles moléculaires. J'étais sorti de ces deux mois de cauchemar, certes tiré d'affaire, mais totalement dépendant à la morphine et je devais longtemps chercher l'apaisement dans ses dérivées...


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Pourquoi nos discussions sur le choix me revenaient-elles en tête à ce moment précis, alors que je filais Scarlett à travers ce Bidonville dans lequel j'avais vécu mes premiers émois amoureux, dans lequel un homme m'avait caché une année durant pour que je reprenne assez de forces afin de me tenir debout ? Peut-être parce que Jeko et Scarlett venaient du même monde, avaient vécu la même enfance à quelques décennies d'intervalle. Cela faisait plusieurs siècles que ce système générait la misère des Humains et l'avilissement des Asariens. Et rien n'avait changé et ne changerait à moins de le détruire. On avait le choix. Celui de vivre en acceptant ou de refuser, même s'il fallait mourir pour cela. C'était un choix atroce, mais un choix tout de même. Un choix que, je pouvais le comprendre, peu de personnes étaient prêtes à faire. Il fallait avoir plus à y gagner qu'à y perdre. Il fallait ne compter pour personne. Les deux conditions se trouvaient réunies pour moi. L'espoir de donner une chance de vie meilleure à ceux qui le méritaient pesait bien plus lourd dans la balance que celui de vivre pour moi. Ma vie n'en était plus une. C'était la Divine Comédie. J'aimais certains de ses aspects. Mais tout n'était illusion. Ce que les autres percevaient de moi et ce qu'ils me donnaient. Fausse amitié, faux amour, faux dévouement. Même l'admiration que me vouaient mes Fans était falsifiée. M'auraient-ils autant admiré s'ils savaient ce que je projetais ? Tout était factice dans ma vie. Mais ma mort pouvait être authentique si elle offrait une seconde chance à ceux qui le méritaient.

Elle passa devant moi sans me voir. Elle ne m'aurait, de toute façon, pas reconnu. Je lui emboitai le pas à distance et constatai avec étonnement qu'elle reprenait la direction du Métro aérien. Je la vis s'arrêter brièvement devant une gosse famélique et lui donner les billets. Quelque chose céda en moi et une ombre de fierté effleura mon cœur éteint. Cette fille avait quelque chose. Quelque chose que les autres n'avaient pas. Ni dans les Dômes du Pouvoir, ni dans celui du Plaisir, ni dans le Bidonville. Elle pouvait penser à quelqu'un d'autre qu'elle-même. Cette idée était comme une petite fenêtre dans mes ténèbres. Il existait des personnes dignes de vivre encore, cela je n'en doutais point. Mais il existait aussi des êtres ne vivant pas que pour eux-mêmes. Des êtres qui plaçaient en un geste un dessein plus vaste que leur simple bonheur ou bien être. Elle aurait pu garder cet argent, quelle que fut sa décision. Elle avait eu le temps de savoir que je n'étais pas du genre à fouiller les affaires de mon esclave ou à lui confisquer ses rares possessions, pratiques courantes chez mes pairs. Un moyen de couper l'esclave de ses souvenirs, de lui ôter toute personnalité. Cet argent aurait pu lui donner un soupçon d'indépendance par rapport à moi, mais elle avait choisi d'en faire profiter une gamine qui lui rappelait sans doute ce qu'elle avait été. En même temps cette fillette me laissait entre apercevoir l'enfance de Scarlett.

Comment avais-je pu arpenter si souvent cette zone de non droit et ne pas voir la souffrance, la déchéance qui y régnaient. Je savais que cela existait, j'en avais conscience mais je ne l'avais jamais regardé EN FACE. Probablement parce que j'en portais partiellement la responsabilité et que cela était trop dur à assumer. Et leur vie alors ? N'était-elle pas infiniment plus aliénante que ma conscience d'Asarien perverti ? Durant toutes ces années, mes années d'adulte, je n'avais été qu'un lâche. Un lâche la moitié de ma vie durant. En prendre conscience me mettait en rage contre moi-même. Je me haïssais tellement de m'être laisser aveugler encore par mon éducation. Même après tout ça ! Alors que j'étais le Caméléon ou Scarecrow, quelque soit l'ombre dans laquelle je me cachais, les affaires dans lesquelles je trempais, quelque soient les marionnettes que je manipulais, celles du marché noir ou celles des hautes sphères. J'étais demeuré aveugle à cette souffrance muette et résignée. Je pouvais avoir accumulé des pages et des pages d'informations, des octets de données sur la vie, les habitudes, les préférences, les mœurs de la population des Dômes, j'étais passé à côté de l'essentiel. Le levier, quand il faudrait tout mettre en mouvement, serait l'espoir. Mais encore fallait-il qu'il soit encore là. Encore fallait-il parvenir à le susciter.

Je parvins sans aucun mal à la devancer lorsque je fus certain qu'elle ne risquait plus de se faire importuner, c'est à dire quelques mètres avant la porte vitrée de l'Hôtel devant laquelle se tenaient deux Vigiles. Lorsqu'elle poussa la porte du salon, j'étais débarrassé de ma veste, de mes bottes et de mon chapeau, en chemise et pantalon, semi allongé sur la chauffeuse, en train de lire la presse financière en sirotant un bourbon.

- Bonsoir Scarlett. Ta journée s'est bien passée ? Qu'as-tu exploré aujourd'hui ? Les Galeries Marchandes ou la Bibliothèque ?
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptySam 2 Jan - 13:52

****

-Rosie … Rosie … réveille toi, dépêche toi …

La tête lourde, j'ouvris difficilement un œil pour découvrir face à moi le visage de Tom, son air sévère indélébile, plaqué sur le visage.

-Allez feignasse, debout. Chuchote t-il pour ne pas réveiller Sally qui dormait juste à côté de moi, sur ce vieux matelas crasseux.

A peine eus-je le temps de me lever, de chasser tous les songes qui avaient habités ma nuit que Tom m'attrapa la main et me fit sortir de notre cabane de tôle. Dehors, il se mit à courir, m'entraînant dans cette course que mes pieds encore engourdis eurent du mal à suivre. Maladroitement, je lui emboîte donc le pas.
Au dessus de nous, il ne faisait pas encore jour. Nous devions être les seuls enfants déjà réveillés à cette heure. Mais peu semblait importer à Tom, dont le regard pétillait d'une lueur que je ne voyais que bien trop rarement chez lui. Il ne s'arrêta que devant ce qui s'apparentait à une tour, constituée de bouts de bois, morceaux de tôle, pneus et autres matériaux de récupération. Du haut de nos huit et dix ans, ça nous semblait être le toit du monde. Perché dessus, il me lâcha enfin la main et se mit à rire. Il ne m'expliqua jamais pourquoi ce matin là il m'avait entraîné jusqu'ici, ou si il l'a fait je ne m'en rappelle plus. Je me souviens juste de nos rires enfantins mêlés au silence du jour naissant.
****

Les temps ont bien changés depuis ce jour là … L'innocence des rires enfantins s'est perdu, ne laissant, ce soir, qu'un cœur lourd de souvenirs devenus trop douloureux. Le manque m'habite. J'aimerai retrouver ces années révolues. Et pourtant, je me suis engouffrée dans ce palais d'argent, car je ne me sens pas la force de me retrouver toute seule. Bien qu'ayant passer une bonne partie de la journée sur mes terres, j'ai besoin de voir un visage familier … bien qu'il ne le soit pas encore tant que ça. C'est, ici bas, la seule attache que j'ai.

Dans l’ascenseur qui me mène à la suite, je sors ce bijou que j'avais gardé précieusement dans ma poche et l'accroche autour de mon cou. Je garde le camé un instant entre mes doigts, me questionnant encore sur la raison d'un tel présent et pousse finalement la porte de l'immense suite, laissant derrière moi cette étrange journée et cette incommodante rencontre. C'est donc la docile esclave qui se présente face à son maître, sourire plaqué sur le visage pendant que je me déleste de ma veste. J'aurai préféré rentrer avant lui pour ne pas avoir à répondre à ce genre de question …

-Bonsoir. Je me suis juste baladé … Et vous ?

Ou comment répondre sans trop en dire …

-Vous êtes sans doute fatigué … Avez-vous faim ? Je peux aller vous préparer quelque chose …

Bien que mes talents de cuisinière ne soient pas ce qui me caractérise le mieux … Sans même attendre sa réponse, j'avais déjà prit le chemin de la cuisine. Autant m'atteler à ce nouveau rôle le mieux possible. Il ne manquerait plus qu'il me jette à la rue pour n'avoir pas bien fait mon « travail ». Je suis certaine que je prendrais rapidement le pas de cette nouvelle vie. Ca ne doit pas être bien compliqué. Et comme cadre de vie, il y a pire.
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptySam 2 Jan - 23:01


Lyrics:

Habile évitement et dérobade bien négociée. Elle avait déjà l'art et la manière pour dissimuler. Pourtant toute jeune. Que pouvais-je espérer de plus d'une pute ? Une part de moi grondait de colère et me prêtait ces pensées peu charitables. Celle qui prenait le dessus chaque fois que j'étais mené en bateau, baladé, manipulé. Je souffrais d'une profonde intolérance à la manipulation. J'avais développé cette pathologie grâce à la plus grande manipulatrice d'Asaria. Ma chère mère. Je devais calmer mon sang qui bouillonnait, faire taire les voix qui hurlaient en moi et me donnaient envie de frapper du poing contre le mur. Je m'efforçais de penser que l'attitude de Scarlett était logique et qu'elle ne pouvait me répondre honnêtement sans penser mettre sa vie en danger. A sa place tout Humaine en aurait fait autant. Ne lui avais-je pas menti de manière éhontée moi-même en changeant d'apparence?

Je posai mon journal d'un geste las et me levai pour chercher dans le lecteur mural un fichier. J'en trouvai un et souris en me souvenant de l'artiste qui le chantait. Une fille bien, une des rares que j'ai croisée dans ce milieu, honnête et vivant pour son art. Elle m'avait dédié cette chanson sans pourtant rien savoir de mon ancienne vie. Notre relation avait duré l'espace d'une nuit, comme toutes celles que j'acceptais. Je trouvais plus que jamais que cette chanson me convenait et je ne voulais pas qu'elle puisse s'appliquer à Scarlett. L'image du clip se projeta contre le mur.  Perdu dans mes pensées, je la rejoignis dans la cuisine et je m'appuyai sur le plan de travail pour l'observer en pleine action. Je contemplai le sol d'un air maussade.

- Tu sais que tu n'as même pas attendu ma réponse à ta question. J'ai passé une partie de la journée au studio pour enregistrer la quatrième chanson du prochain album. Puis j'ai eu besoin de marcher et je me suis promené au hasard. Pour un peu on aurait pu se croiser.


Sa nervosité faisait peine à voir et je ne savais comment l'apaiser sans révéler ce que je savais. Je m'approchai d'elle et me collai contre son dos pour humer ses cheveux. Je posai ma main sur la sienne qui tenait un pot de farine et l'obligeai à le reposer.

- C'est toi qui a l'air épuisée. Laisse tomber le repas pour ce soir. Je vais te faire couler un bain et commander au restaurant de l'Hôtel. Que veux-tu manger ?


Je la pris par les épaules et la forçai à me faire face.

- Tu as mangé quelque chose aujourd'hui ? Je suis sûr que non. Tu vas tomber malade à force.

Je l’entrainai dans le salon et la fis asseoir dans le canapé. Puis je saisis le combiné du téléphone et pianotai dessus tout en me dirigeant vers la salle de bain pour faire couler l'eau. Je revins vers elle après avoir commandé un assortiment de plats figurants sur la carte.

Puis je m'assis en face d'elle sur un pouf.

- Bon, il est encore tôt et cela leur prendra une petite heure pour nous servir, le temps que les cuisines soient ouvertes. Cela nous laisse le temps pour le bain. Tu as vraiment une petite mine. As-tu mal quelque part ?

Je toussotai en cherchant à formuler ma phrase de façon à être le moins désobligeant possible.

- Je suppose que tu prends ... un contraceptif ... Comme le stipule la loi concernant les ... Enfin les filles qui font ce que tu faisais avant. Mais j'ai entendu dire qu'elle rendait malade, celle qui est la moins onéreuse. J'aimerais que tu essaies quelque chose de moins fort. Après tout, le risque est moindre à présent...

Je voulais lui en parler depuis quelques temps déjà, mais comme toujours, j'avais manqué de temps pour le faire. Mais à présent je devais aborder quelques sujets peu plaisants et prendre des décisions la concernant. Pour cela il fallait que j'arrive à lui parler et à la faire parler, ce qui n'était pas aussi évident qu'il semblait. Tant qu'il s'agissait de lui apprendre des choses sur mon monde, j'étais à l'aise et elle attentive, curieuse. Mais tout ce qui touchait à notre étrange relation restait de l'ordre de l'implicite voire du non dit, ce qui laissait flotter une sorte de flou sur sa nature. Si Scarlett était restée confinée dans la suite cela aurait pu durer encore longtemps mais sa fugue m'avait ouvert les yeux sur les dangers auxquels je l'exposais par pur égoïsme ou inconscience. Cela ne pouvait plus durer. Sur le chemin du retour, j'avais pris beaucoup de résolutions. Certaines m'en coûteraient mais je ne pouvais me conduire vraiment comme ceux que je condamnais. Tant que tout était simulacre, je me foutais bien d'être considéré comme le salaud de service mais là il ne s'agissait plus de comédie. Je jouais avec une vie, un être vivant.

Dans ma démence, je ne voyais même pas que je jouais avec bien plus qu'une seule vie avec ce que je projetais et que Scarlett n'était qu'une parmi toutes. La différence résidait dans le fait que je vivais avec elle et que je la connaissais. Elle n'était pas une ombre anonyme parmi d'autres. Que ce fait ait une incidence sur ma façon de la considérer ne pouvait signifier qu'une seule chose. Et je refusais de l'admettre, de l'accepter. Me soucier d'une seule pour ignorer la multitude ? C'était cela mon sens de la justice ? Tout cela me brûlait à l'intérieur et je ne savais que penser de moi-même.

Je me levai pour aller jusqu'au bar, me servir quelque chose de fort. J'en avais bien besoin. Je me tournai vers elle mais ne lui demandai pas ce qu'elle voulait boire. Je préparai un cocktail de fruits sans alcool. Elle semblait si triste, si lasse que je ne pus m'empêcher de regretter ma petite mise en scène qui avait sans doute ajouté à l'épreuve. Je revins vers elle et vit qu'elle portait le bijou que j'avais aperçu dans ses mains lorsque je l'avais surprise dans le cabanon. Je posai nos verres et le pris délicatement entre mes doigts, effleurant sans le vouloir la peau délicate de son décolleté.

- C'est un très beau bijou... Je ne l'avais jamais vu sur toi auparavant. Il te vient de ta famille ? Un admirateur secret ?
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MessageSujet: Re: All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann    All my agony fades away when you hold me in your embrace | Feat. Gabriel Laymann  EmptyDim 3 Jan - 21:05

Mentir c'est simple. Tout est dans l'attitude. Je l'ai fait toute mon enfance. « Non Madame, ce n'est pas moi qui ai pris votre porte-monnaie. Par contre, j'ai vu quelqu'un partir en courant, dans cette direction. » … Quand on est petite, de grands yeux larmoyants suffisent. Quand on est plus grande, des cils qui papillonnent, un regard de velours, des petites caresses du bout des doigts et le tour est joué. « Tu ne m'as pas donné assez trésor … Si si, je te le jure ... » Mais là, ce soir, je m'étais contenté d'éviter la question et de rapidement passer à autre chose. Qu'il soit convaincu ou non de ma réponse, ça m'importait peu. Visiblement, il n'insiste pas.

J'entends à peine le bruit de ses pas, la musique résonnant en arrière plan, si bien que quand il parle, je sursaute, manquant de lâcher le pot de farine que j'avais dans les mains. Je n'ose même pas imaginer ce que ça aurait donné si je l'avais croisé lors de ma « promenade », encore moins si ça s'était déroulé dans les bidonvilles. Il le prendrait sans doute mal si il apprenait que j'étais retournée vers mon ancienne vie alors qu'il avait eu la bonté – ou la pitié – de m'en sortir.
Lorsqu'il s'approche de moi, je me tends légèrement mais rapidement je m'apaise, le laissant me retirer le pot des mains, me confortant un instant dans cet agréable contact. J'ose à peine soutenir son regard lorsqu'il me retourne et hausse négligemment les épaules. Peu m'importait ce que je mangerai … Mais qu'il ait de telles attentions envers moi me touche énormément. Logiquement, un maître n'est pas censé se comporter ainsi envers son esclave. Alors pourquoi fait-il tout ça ? Mais ça a au moins le résultat de me mettre plus en confiance et de m'apaiser encore plus.

-Ce matin un peu … lui répondis-je, sincèrement cette fois.

Désormais assise sur le canapé, mon regard se rive sur l'image qui s'anime sur le mur, ces corps qui semblaient en suspens alors que la voix mélancolique de la chanteuse continue de résonner dans la pièce ... Je trouve cela angoissant. Puis mon regard croise à nouveau celui du chanteur. Il semble réellement inquiet … J'en viendrais presque à regretter d'avoir ne serait-ce qu'envisagé de ne pas revenir … Je secoue la tête.

-Non … Ne vous inquiétez pas … Je suis juste fatiguée.

Ce qui est vrai en soi. En plus de fortes émotions, j'ai beaucoup marché aujourd'hui.
Je vais de surprise en surprise … Je ne m'attendais pas à ce qu'il aborde un tel sujet dès à présent. Bien que cela soit un sujet sérieux et incontournable, je n'avais jamais pensé que nous en parlerions … Ce qui est bête parce qu'aujourd'hui, je dépends de lui, et ça concerne aussi mes dépenses … personnelles.
Comme le stipule la loi concernant les putes ... Il pouvait le dire. Après tout c'est comme cela qu'il m'avait prise cette première nuit ( sans mauvais jeu de mot … ).

-Quelque chose de moins fort comme quoi ?

Il est vrai que ne pas prendre les contraceptifs au sérieux pourrait s'avérer très dangereux, Nana me l'a suffisamment répété. Alors depuis, j'avais tout le temps fait très attention car sincèrement, je ne me sentais absolument pas de me retrouver avec un marmot sur les bras, quitte à avoir d'horribles nausées à cause de ces affreux médicaments. Au contraire de mes parents, je préfère ne même pas tenter plutôt que de me laisser surprendre, car si ils n'avaient pas été surpris, ils ne m'auraient pas abandonné dans une poubelle … Cette pensée me fait pousser un soupire.

J'allais lui dire qu'il n'était pas nécessaire de me servir quelque chose à boire qu'il ne m'en laisse même pas le choix. Du moment que ça n'est pas de l'alcool.

En vient ensuite le sujet du collier. Je savais qu'il allait le remarquer et n'avais même pas fait l'effort de le dissimuler. Je retiens ma respiration quand ses doigts m'effleurent, pensant un instant qu'il pourrait peut être mal le prendre, m'arracher le bijou et le jeter à la poubelle … Qui sait.
A sa question, je ne peux m'empêcher de sourire tristement. Après tout, il ne sait rien de ma famille, de ceux qui ont gravité autour de ma vie avant son arrivée … Mais ai-je le droit, ou simplement le désir de lui dévoiler ma vie? Si il pose la question, c'est que ça l'intéresse, non ? Je réfléchis donc longuement à la réponse que j'allais lui donner. Pour le coups ça serait surtout par pudeur que je ne lui donnerai pas toutes les informations.

-Une vieille dame des bidonvilles me l'a offert … sans raison apparente … Je crois …

Instinctivement, je porte mes doigts au bijoux, effleurant ainsi ses doigts avant de les retirer rapidement. Je marque une nouvelle pause, me mordillant l'intérieur de la lèvre, le regard quelque peu fuyant.

-Pour information … Enfin, si jamais ça vous importe bien sûr. Je n'ai pas de famille … Un frère quelque part, mais c'est tout. Quant aux admirateurs secrets … ils ne restaient jamais bien trop longtemps secrets … Ils savaient où me trouver.

J'ose une pointe d'humour, le visage un peu plus lumineux cette fois. Je n'ai pas encore bien cerné ce qui me lie réellement à Gabriel, car il n'a en rien de l'image que je me faisais d'un Aarien qui possède un esclave. Visiblement, il n'est pas vraiment habitué à ce genre de pratique … Ainsi nous sommes tous les deux novices dans le domaine. Quelque part, ça a quelque chose de plutôt rassurant … Sans même m'en rendre compte, j'avais retrouvé un semblant de calme. Se concentrer sur cette nouvelle vie … et s'y habituer. Après tout, cela m'apportait une certaine sécurité que je n'avais pas dans les bidonvilles. Je pouvais me faire attraper par n'importe quel marchand d'esclave et jeté en pâture. Désormais, j'avais un protecteur. Mais officiellement, j'étais toujours personne, un nom inconnu, une âme perdue, méconnue de tous et des fichiers de cette ville. Comment aborder ce sujet ? Après tout nous sommes déjà plus ou moins lancé sur ce sujet là … alors autant continuer sur cette lancée. Je me gratte la mâchoire, perdue dans mes réflexions, sourcils légèrement froncés avant de finalement reprendre la parole :

-Je me trompe si je dis que officiellement notre … contrat n'existe pas ? Je veux dire … si la milice m'arrête, rien ne prouve que je … travaille pour vous, non ?

Je buttais beaucoup sur les bons mots à employer, ne sachant pas encore quels termes sont les plus adéquats pour désigner ce qui nous liait.

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