Rendez-vous d'affaires {Morgan}

Alors que je marchais dans les rues, mes écouteurs sur les oreilles aussi forts que possible, à m’en rendre sourde ou presque, je vagabondais dans mes pensées les plus sombres. En avais-je déjà eu qui n’étaient pas si obscures ? Aussi loin que mes souvenirs remontent, je ne me souviens pas avoir eu l’esprit tranquille, quelque chose m’a toujours dérangée, depuis que je suis petite… depuis la mort de mes parents ? Est-ce que c’est cela qui rend mes choix incohérents ? Pourquoi m’étais-je mis à faire du mercenariat ? Une question à laquelle je ne trouvais pas de réponse, sûrement parce qu’il n’y en avait pas, je n’étais même pas certaine que j’avais choisi cette fois. Peut-être mon parrain me l’avait-il imposé en insinuant l’idée dans mon esprit ? J’ai l’impression de voir des complots partout maintenant… peut-être parce que je sais qu’il me ment, et qu’il n’est pas le seul… Alors à qui faire confiance dans ce cas ? Comme cette personne que je vais voir ? Est-ce que je peux vraiment me fier à elle ou est-ce que je vais devoir m’en méfier comme de la peste ? J’ai l’impression de devenir paranoïaque, c’en devient absurde…  Avant de me perdre dans ce genre de pensées, la seule chose qui m’importait c’était d’améliorer les armes dont je me servais, de les rendre incapacitantes plutôt que mortelles…

Je me souvenais avoir envoyé ce mail de contact très tard le soir, il faisait nuit noire dehors et mon parrain tout comme ses esclaves dormaient à poings fermés. Je tapais très lentement sur les touches pour faire le moins de bruit possible, comme si il était très important que tout le monde reste bien endormi pendant que j’écrivais ce projet d’amélioration à ce contact. Et j’avais finalement reçu une réponse plusieurs jours plus tard. On acceptait de me voir pour parler de ce projet, mais immédiatement je m’étais mise à me poser des questions, je m’interrogeais toujours…  Mais y avait-il vraiment une raison de le faire à cet instant précis ? Si je le faisais, c’est probablement parce que c’était nécessaire. Et en y pensant quelques instants, j’allais rencontrer une personne que je ne connaissais pas, dont j’ignorais absolument tout. « Détends-toi, Casey » finis-je par me dire, pour stopper ma paranoïa naissante. Finalement mon psy devait avoir raison sur certains points de mon profil psychologique.

Je chassais ses pensées de ma tête et je me préparais à entendre celles de ma future interlocutrice. Mais dans un lieu public aussi grand que celui dans lequel elle m’avait donné rendez-vous, je risquais surtout la migraine si je me mettais à écouter les pensées. Je n’étais pas capable de faire le tri dans ce que j’entendais, incapable de choisir quelles pensées écouter… peut-être que je pourrais la convaincre d’aller dans un endroit moins bondé, afin de pouvoir être sûre que je pouvais lui accorder un peu de ma confiance. J’arrivais à l’endroit où nous avions rendez-vous, et je gardais mes écouteurs sur les oreilles et j’attendais.