J'ai un projet à vous proposer [Morgan]

Asaria, 10h42
Bureau du PDG.

J’appuyais lentement sur le bouton de mon interphone qui me reliait directement à mon assistante personnelle.

« Phoebe, je veux que vous contactiez Ollie Raine et que vous lui proposiez un rendez-vous dans mon bureau pour demain ou après-demain, suivant son planning. »

« Bien Monsieur Stark, je m’en occupe tout de suite. »

« Est-ce que Mademoiselle Killington est arrivée ? »

« Pas encore Monsieur Stark. Elle a encore du temps, votre entrevue n’est prévue que pour 11 heures. »

«Je sais bien. Lorsqu’elle arrivera, accompagnait la directement dans mon bureau. Ne me passez aucun appel sauf si c’est ma mère ou bien Edward, le responsable de la sécurité. Je ne veux en aucun cas être dérangé lorsqu’elle franchira la porte. »

«C’est bien noté Monsieur. »

Je relâchais la pression, coupant ainsi la communication avec la jolie Asarienne qui se trouvait non loin de moi. Une femme qui était à mon service depuis plusieurs années, aujourd’hui. Je me calais contre le dossier de mon fauteuil confortable, le faisant tourner vers la baie vitrée qui se tenait sur le côté droit. Je pouvais admirer les grandes tours car les locaux de la Stark Entreprise se trouvaient au dernier étage de ce building made in Asaria. Je dominais les espaces, touchant presque l’immense dôme de verre qui se trouvait au-dessus de nos têtes pour nous protéger de ce soleil ennemi. Mon prochain rendez-vous n’avait rien à voir avec mes fonctions professionnelles et mon statut de PDG. C’était plus personnel. J’avais fait l’acquisition, il y a peu, d’une nouvelle esclave, Evangéline. Humaine rebelle mais tellement soumise lorsque j’ordonnais. Je n’avais pour le moment pas l’intention de lui faire confiance et je n’étais pas certain de le faire un jour. J’aimais maitriser tout ce qui m’entourait jusqu’à la couleur de mes fauteuils ou la position de mes tableaux. Mon esclave n’échappait pas à cette règle. Hors, la faire suivre dans ses déplacements lorsqu’elle quittait la demeure avait été ma première idée mais j’avais besoin de mes hommes pour toute autre chose de plus précieux que de suivre une humaine. Il me fallait quand même quelque chose pour me permettre de garder contact avec elle. J’avais des yeux et des oreilles qui bossaient pour moi, partout dans la cité. Autrement dit pour faire plus simple : rien ne m’échappait. C’était bien pour cela que j’avais toujours un coup d’avance sur mes adversaires surtout lorsqu’il fallait signer un contrat dès plus important.

L’idée du bijou à porter m’avait été donnée par une de mes maitresses. Depuis lors, j’avais demandé des renseignements sur des personnes susceptibles de travailler des mécanismes délicats et minutieux sur de petits objets. Le nom de Mademoiselle Morgan Killington était sorti du lot. Elle était connue pour être une fabricante d’armes mais ce n’était pas de cette compétence que j’avais besoin. Je voulais tout autre chose d’elle. Il restait à savoir si elle allait accepter le job. Mon assistante, Phoebe avait pris contact avec elle pour fixer un rendez-vous, lui expliquant brièvement sans dévoiler quoi que ce soit, que j’avais besoin d’elle et de son perfectionnisme en ce qui concernait les petites pièces et leurs rouages. Sur mon bureau, devant moi, trônait un écrin où se trouvait un bracelet. Il était en or et muni d’une plaque assez large. Les coudes posés sur les accoudoirs, les doigts entrelacés, mon menton placé dessus, j’observais cette boite avec la ferme intention d’acheter le savoir-faire de cette femme qui s’était fait une place dans notre société.
Mes sens en éveillent, j’entendis la voix de mon assistante et une seconde voix féminine qui lui répondait. Puis des pas claquant sur le carrelage avant qu’on ne donne deux coups à ma porte et que celle-ci s’ouvre. Je me redressais alors que ma secrétaire personnelle faisait entrer Miss Killington dans mon bureau, la recevant avec politesse. Je lui tendis ma main pour prendre la sienne et lui offrir un baisemain.

« Mademoiselle Killington, je suis ravi de vous connaitre et de pouvoir enfin vous admirer autrement que sur des photos prises par des paparazzis. Installez-vous, je vous en prie. Prenez place. »

Je lui présentais l’un des fauteuils qui faisait face à mon bureau.

Je n’allais pas nous faire perdre du temps précieux, ni à elle, ni à moi. J’avais demandé  à ce que l’on fasse des recherches sur cette jeune femme à un niveau professionnel bien évidemment une fois que son nom était remonté jusqu’à moi. Discrète, élégante, raffinée, un vrai petit génie dans son domaine, je pensais que nous allions nous entendre à merveille. Alors que je l’accueillis dès son arrivée dans les locaux de ma société, je l’invitais à prendre place dans l’un des fauteuils qui faisaient face à mon bureau. Et comme je l’imaginais, elle était directe, s’empressait d’aller dans le vif du sujet, ce qui m’intéressais grandement. Je souris discrètement à ses mots. Il était vrai que j’étais resté très vague sur cette rencontre.  Comme tout homme d’affaires qui se respectait, je préférai avoir mes interlocuteurs devant moi pour discuter d’un projet et d’un éventuel contrat à venir. Je ne dérogeais pas à ma règle avec Mademoiselle Killington. J’observais avec minutie les montres qu’elle sortit de sa serviette pour me les présenter. Les deux premiers modèles étaient masculins. Le dernier était destiné pour les femmes. Du bout de mes doigts, je caressais le cadran délicat, amusé par la petite anecdote qu’elle venait de me raconter sur le mari trompé. Je désirai un bijou discret et élégant pour Evangéline. Elle était, certes, mon esclave, une simple petite humaine. Mais, elle était avant tout à moi. Mademoiselle Killington éveilla ma curiosité lorsqu’elle me parla de son modèle : un Steyr M9-A1 dont elle avait apporté des modifications pour l’éventuel nouveau propriétaire.

« Vous avez raison, Mademoiselle Killington, vous n’êtes pas là pour vos compétences de fabricante d’armes bien que votre exemple me laisse rêveur. J’ai peut-être une idée pour une arme éventuelle que je vous proposerai plus tard. Avant tout, je vous ai choisi pour un travail différent qui  s’associe parfaitement avec le modèle de montre pour femme que vous venez de me montrer. »

Ce que je voulais, je n’étais pas certain que cela soit réalisable. C’était bien pour cela que cette jolie Asarienne était dans mon bureau. Lorsque j’avais une idée en tête, je me débrouillais toujours pour trouver la ou les personnes compétentes. L’argent n’était en aucun cas un obstacle pour moi.

« Voici ce que je veux : un bracelet ou une montre pour femme. Peu importe. Je laisse votre gout en la matière me guider dans ce bijou. Ceci n’est pas pour ma maitresse ou ma femme. Mais bien pour surveiller mon esclave. Je n’ai jamais eu confiance en ces humains, ce n’est pas aujourd’hui que cela changera. Or, j’ai une image à tenir, et elle, elle devient donc un objet de plus dans mon empire. Je ne veux pas qu’elle m’échappe. Je veux pouvoir la surveiller à tout moment.  Il me faut donc aussi une nouvelle montre qui sera relié à ce bijou. Je désirerai un cadran qui me donnerait toute les indications sur l’emplacement de mon esclave à toute heure de la journée. En ce qui concerne son bijou : je veux une sécurité. Une sorte d’empreinte génétique qui n’obéira qu’à moi. Il est hors de question qu’elle puisse l’enlever. Je le veux qu’il soit réalisé dans un métal dès plus résistant. Et si elle souhaite le retirer par elle-même, elle ne pourra le faire qu’en se coupant la main. Vous comprenez mon idée ? »

Je ne doutais pas de cette femme et des moyens qu’elle mettrait à ma disposition pour me créer  ce bijou.

« Votre prix sera le mien, Mademoiselle Killington.  Seule condition  dans ce marché : je vous paye  1/3 du prix. Je vous donnerai les deux autres tiers à la livraison avec bien sûr, une démonstration de tout cela. Et si je suis satisfait de votre œuvre, si elle me convient. Vous serez payée entièrement. »

Je la laissais réfléchir à mes modalités de contrat. Une fois que nous avions pu nous mettre d’accord sur ce bijou et qu’elle me posa toutes les questions nécessaire pour cette création, je revins à la seconde idée.

« Je souhaiterai aussi me procurer une de vos armes. Mais pas pour blesser ou tuer. Je voudrai quelque chose pour assommer, qui puisse envoyer une décharge et faire connaissance sans provoquer de dégâts corporels. Le capteur palmaire empêchant l’usage par une autre personne que le propriétaire me plait beaucoup. Auriez-vous cela ? »

Je ne m’attendais pas à un  très long entretien avec Miss Killington. J’avais horreur des entrevues qui duraient des heures, à tourner autour d’une idée alors que tout y était expliqué dans les moindres détails. C’était ainsi que je fonctionnais face à n’importe quel contrat que je gérai. Ici ce n’était pas un rachat ou une fusion d’une société avec mon empire, c’était plus personnel mais ce n’était pas pour cela que je changerai ma façon de concevoir un tête à tête professionnel. J’exposais ma conception du bijou pour Evangéline, ma nouvelle esclave et ce que je désirai pour moi aussi. Maniaque du contrôle. J’affirmais ce que j’étais sans aucune objection. La jeune femme face à moi était là pour m’écouter et aussi pour me guider puisque c’était quand même elle qui connaissait le mieux son travail. Moi, j’avais un souhait. A elle de me vendre le meilleur. Les coudes posés sur le plan de travail de mon bureau, les doigts croisés devant mes lèvres, j’observais l’Asarienne prendre toutes les notes sur sa tablette. Je me foutais de savoir si j’étais original ou pas, si d’autres avant moi lui avait commandé la même chose. Là n’était pas la question primordiale. Je voulais quelque chose de bien précis, d’utile pour mon esclave, que ça fonctionne et que surtout, elle ne me mène pas en bateau. Je n’étais pas, encore une fois, pour décrocher le plus gros contrat de ces cinq derniers mois. A ses mots et son sourire taquin, je lui répondis moi aussi par un bref sourire, hochant ma tête pour acquiescer à ses propos.

« Allons-y pour du Waterproof, Mademoiselle Killington ! Pour les deux bijoux, bien évidemment au cas où mon esclave aurait dans l’idée de croire qu’elle peut noyer le mécanisme dans la baignoire ou sous la douche. »

La question sur le paiement fut mise en avant. J’avais tendance, comme à mon habitude, d’imposer mes volontés et mes exigences. Là, je ne pouvais pas abuser de la situation. Je l’écoutais très attentivement. C’était rare qu’une femme capture à ce point mon intérêt. Professionnelle jusqu’au bout des ongles, comme on me l’avait décrite, elle savait ce qu’elle voulait et ne dérogeait pas à ses propres règles. Ce qu’elle me proposait était très convenable et sa réputation était tout autant basée sur son travail méthodique que sur l’assurance de ses prestations.

«Très bien, mademoiselle ! Vos conditions sont donc aussi les miennes. »

Une fois l’accord passé, je revins à son idée sur une arme à la fois discrète, puissante et qui n’obéirait qu’à moi. Je ne comptais pas laisser l’opportunité à Evangéline de se retourner contre moi. J’avais appris avec les années et l’expérience, qu’il fallait toujours se méfier d’un humain même si on prenait toutes les précautions nécessaires et inimaginables. Ce que je lui demandais ne semblait pas être en accord avec les armes qu’elle disposait à vendre.

« Un pistolet-taser dans un magasin ?! Très peu pour moi ! Je ne passe pas par des sous marques ou des vendeurs qui sont incapables de vous expliquer quoi que ce soit. Si je vous ai faite venir ici, c’est pour avoir vos avis, vos idées et vos créations. Il ne faut jamais sous-estimer les humains. Leur détermination était très grande. Et je ne souhaite laisser aucune option à mon esclave. C’est pour cela que chaque arme que je disposerai chez moi sera calculée directement sur mon empreinte. Et UNIQUEMENT la mienne. Je veux effectivement une arme discrète. Voir peut-être même deux. Une que je pourrai avoir constamment sur moi. Je porte des costumes au bureau, donc concevoir quelque chose qui ne se verrait pas et que je pourrai garder. Une seconde arme que je laisserai dans un endroit sûr et chez moi. Discret, assez puissant, comme je vous l’ai souligné, pour lui faire perdre connaissance mais pas pour la tuer !  Juste pour lui faire prendre conscience que lutter contre moi serait totalement inutile. »

Les armes que j’achèterai devront  provenir de cette femme ! Rien de plus, rien de moins ! Je n’étais pas de ceux qui désiraient obtenir des armes lasers qui pouvaient faire concurrences aux armes des Miliciens. Moi, je voulais des armes efficaces et discrètes, donc beaucoup plus travaillées dans leur tenue et dans leur création.

J’aimais les gens directs surtout avec ceux dont je m’entretenais pour un contrat, ou comme ici, pour une commande très particulière et qui demandait professionnalisme et créativité. On m’avait donnée le nom de Mademoiselle Killington et conseillait cette jeune femme pour ses compétences en la matière qui étaient inégalables. Je désirai toujours tout ce qui était parfait et le paiement de la commande, quelle que soit la note, ne me ferait pas reculer. Je possédais une énorme firme qui rassemblait plusieurs sociétés. Je pouvais me permettre tout sans regarder surtout lorsqu’il s’agissait de mon quotidien personnel et privé. Et là, cela touchait ma nouvelle esclave. Une humaine dont j’avais arraché sa liberté un soir alors qu’elle terminait son job de serveuse dans l’un des établissements chics d’Asaria. Les marchés aux esclaves pouvaient être une mine d’or mais il fallait être patient pour dénicher les bonnes perles. Et je n’étais pas patient pour me balader d’étalage en étalage juste pour chercher une femme en bonne santé et jeune, dont je pourrai dompter le caractère et la posséder entièrement. Lorsque je pensais à Evangéline, je ne pouvais nier que la tigresse m’excitait. Entre la fougue de son caractère et son corps délicieux, elle était faite pour moi. La voix de mon interlocutrice me ramena à notre discussion sur le mécanisme étanche du bijou.

« C’est parfait ! Vous savez très exactement ce que je veux. Je vous laisse donc faire tout le nécessaire, Mademoiselle Killington. »

Nous étions donc d’accord sur ce point, tout comme j’acceptais sa condition de paiement. Sa réputation était tout de même en jeu, et un commercial ne pouvait se permettre de mentir sur la qualité de ses œuvres s’il tenait à conserver sa clientèle, à la fidéliser et à l’augmenter pour faire fructifier ses affaires. Je posais mes coudes sur les accoudoirs de mon fauteuil, croisant mes doigts devant mon menton lorsqu’elle m’avoua qu’elle détenait elle-même une esclave qui lui servait d’assistance et de cobaye à la fois. Une esclave qui serait présente à la livraison de ma commande.

« Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’elle assiste à la livraison. Et si en plus, cela me permet de voir en direct ce que cela peut donner sur votre esclave, ça sera encore mieux pour moi. Je ferai venir mon esclave … Cela pourrait être intéressant. Elle verrait de ses propres yeux toutes les technologies que vous contrôler et face auxquelles, elle ne pourra rien faire. Je réfléchirai à sa présence. »

Rien que d’imaginer Evangéline observer l’esclave de Mademoiselle Killington, de détailler ce joli bijou qui serait à la pour ne pas lui faire oublier qu’elle m’appartient corps et âme, était un délice que je ne pouvais me refuser. Viens ensuite l’arme que je désirai obtenir par son biais. Une arme discrète et efficace pour démontrer à mon esclave que même rebelle, elle risquerait d’être surprise par de l’énergie et des efforts gâchés à cause de son entêtement. Les idées qu’elle me déploya me séduisaient de plus en plus. Je n’avais pas pensé à cela, et le fait de posséder quelque chose sur moi qui n’avait rien d’une arme, qui pouvait être au premier regard inoffensif était très intéressant.

« J’aime votre conception de l’idée originale pour maitriser mon esclave. Je porte très souvent un stylo dans la poche de devant de ma veste, comme vous pouvez le voir. Mais chez moi, je suis très souvent en chemise. Je garde toujours un porte- clef dans ma poche. Ce qui pourrait être le bon choix. »

Je m’avançais contre mon bureau pour regarder avec émerveillement l’ancien colt et un écrin avec des balles. J’écoute là aussi toutes ses explication concernant les diverses balles et leurs capacités et comme je l’avais souhaité, l’arme se réglait sur les empreintes personnelles de son propriétaire.

« C’est tout à fait ce que je désirai ! Une arme élégante avec des capacités différentes selon la situation donnée. Rajoutez-là sur la commande avec bien évidemment une palette des balles marquées en vert et en bleu plus et vous rajouterez une unique balle marquée de noir. N’oubliez pas le fameux porte-clefs dont nous avons discuté plus tôt. Je pense que nous avons fait le tour de la question. Et donc, comme vous en avez convenue : je paierai le tout à la réception avec les 20 % de commission de main d'œuvre. Dans combien de temps puis-je avoir tout cela ? »

J’imaginais que cela ne se ferait pas en quelques jours : entre le bijou pour Evangéline, ma montre pour me relier aux déplacements de ma charmante esclave. Une arme pour la maitriser chez moi et un petit objet comme le porte- clef pour la punir relié aussi à son bijou si elle tente de me désobéir, tout cela prendrait du temps.