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 (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)

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Aislinn Oldfield
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MessageSujet: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyDim 20 Déc - 10:11


Taudis des Bidonvilles, Chambre de Aislinn Oldfield

Le sommeil me fuit me laissant inerte comme un combattant usé, tourmenté et fourbu, dénué de toute volonté de continuer encore et toujours un duel voué à l’échec.  Je reste  là un instant, simulacre de vie sur une paillasse à peine propre à contempler les traces de moisissures colonisant un plafond délavé et fracturé. J’ignore l’heure puisque les cris et son dégénéré de milliers d’autres paumés comme moi ne souffrent jamais de silence et que nos murs laissent tout passer d’une misère quotidienne qui finit par nous rendre tous apathique.
Je n’aime pas le réveil par ce qu’il a tout de l’apnée.
Un long plongeon vers le néant, un long plongeon vers la résultante de choix malheureux, un long plongeon vers les débris d’un espoir consumé par mon aveuglement.
Mon esprit est une tempête, j’attends ; Je suis une tempête, je le sais.
La drogue ne fonctionne plus, le nuage cotonneux est percé par les affres de la réalité et alors que je me redresse à demi dénudée dans le champ de bataille de ma vie, une légère nausée assaisonnée d’une forte envie d’uriner me rappellent que je n’ai pas le loisir, ni la légitimité de me plaindre : j’ai choisi tout cela et j’ai obtenu exactement la vérité que je cherchais.
Ceci est ma vie, ceci est mon œuvre.
Un taudis paumé parmi d’autres qui tient pignon sur rue dans le carrefour des rêves brisés.
J’observe mon corps longuement avec une minutie chirurgicale avant de m’ancrer à mon regard fatigué à travers la demi-place brisé d’un semblant de salle de bain. Je ne suis qu’une forme nue immobile incongrue d’humanité dans un champ bigarré de gris et de désordre, l’mage pourrait frapper.
J’observe avec dureté ce regard jusqu’à ce qu’il change, jusqu’à ce que mon expression change et que cette mélancolie se retrouve refoulée au fin fond de mon âme.

Je suis une tempête mais je sais la refouler.
Je dois  redevenir comme à chaque fois.

S’oublier.

N’être personne.

N’être personne.

Une ombre, un frôlement, un rôle.

Un sourire discret au coin de la lèvre, semblant d’un rictus satisfait, alors que je redresse le menton et que j’inspire profondément et que l’angoisse se tait. Le silence interne, la conscience verrouillée, ce vide qui coule comme une onde glacée dans mes veines. Je suis en place, je suis ce que je dois être.
Je fais couler l’eau froide, il est temps que je me prépare, les trois coups vont sonner et cette pièce qui se joue là dehors n’attend plus ses acteurs depuis longtemps pour se dérouler dans toute son ignominie.
Les démons reviendront cette nuit.

Ils reviennent toujours.

Parce que je suis une tempête.

________________________________________________________



Ruelle des Bidonvilles, 2 heures plus tard

- J’crois qu’tu captes pas trop c’que j’te dis bro ‘ ? Si le wifi passe mal, j’peux passer en Ethernet c’est plus direct.

Je réajustais mon capuchon d’un geste calculé et j’enfouis mes deux mains dans les vastes poches du manteau long me descendant jusqu’aux cuisses.

- Tu as déjà 3 jours de paiement de retard, Clyde a été explicite la dernière fois. M’en tape de ta life, de tes merdes et de tes excuses. T’sais c’qu’on dit, une excuse c’est comme un trou du balle, tout le monde en a un et j’t’assure que quand c’est moi qui se déplace pour « réclamer », c’est qu’il va avoir ses règles le tient.

L’homme balbutia se tassant sur lui-même, adipeux et graisseux comme je les haïssais et comme on en trouve des tas ici. Il se liquéfiait sur place, il savait. Il savait qu’il était rare que  Dusk la négociatrice devienne Dusk agente de recouvrement il savait surtout que quand j’endossais ce rôle, il n’y avait plus d’autres alternatives que de cracher sa thune ou ses dents.

- Dusk…ecoute…j’ai…j’ai la moitié..les gagneuses, une est malade…dis à Clyde…dis lui que…

Sauf que le bidonville a ses règles. Je suis l’une d’elle. J’appartiens à Clyde et Clyde appartient à d’autres. Tout le monde se fiche des états d’âme d’Aislinn ou de savoir si elle a choppé la gastro ou appris à faire du banjo du moment que Dusk fasse correctement son taff et je fais toujours bien le taff, c’est ce qui me garde en vie : respecter les limites, suivre le code.

Un bref soupir et je suis déjà en mouvement.
C’est rapide, technique et bien entendu extrêmement violent.
Le coup de ranger au ventre l’étale dans une poubelle en un couinement aigu presque comique, je n’ai pas visé les couilles, c’est le tarif au-dessus. Je ne lui laisse pas le temps de tenter de reprendre son souffle que je suis déjà sur lui, à califourchon et la main saisissant sa gorge. Mon poing droit se lève et s’abat dans un bruit sourd lui écrasant le visage. D’abord le nez pour qu’il explose pour que les autres voient ce qui l’en coute de ne pas suivre les règles, le code de la rue. Le reste ira directement sur les lèvres pour lui broyer les dents. Mes phalanges ont l’habitude.

Mon poing s’abat comme la foudre encore et encore, projetant les gerbes de sang sur les murs de la ruelle, impasse où je l’ai convoqué. Je pourrai vous dire que c’est grisant mais ce n’est pas le cas, c’est professionnel, c’est froid. Je ne suis qu’un instrument rien d’autre, lui un autre…un homme, une femme, un gamin…je m’en tape. Une arme n’a pas d’état d’âme, ne doit pas en avoir. Ça sera pour ce soir, comme chaque soir, ça s’oubliera dans des bras ou dans la drogue et l’alcool, ça m’empêchera juste de dormir…

Je n’arrête que lorsqu’il va perdre conscience. Je sais doser.
De ma main sanglante je cherche dans sa veste lui tenant toujours le cou fermement de l’autre. Je trouve son portefeuille et le fouille extirpant des billets d’un geste presque digne d’un prestidigitateur. Ma besogne terminée, j’essuie le sang de mon poing sur son veston  après l’y avoir jeté le portefeuille et je me relève.

- 40 $...c’est déjà ça…reste 25.
Se faire péter la gueule pour 25…ca l’valait ? 2 jours…t’as deux jours…sinon j’te casse le bras, en fracture ouverte comme ça tu verras à quoi ça ressemble un os.
Même heure, même endroit…et pour «  mon dérangement » dégote moi une ramette de papier à dessin, du mat…je te fais un pense bête ou t’as imprimé ?


- No…noon c’est…c’est bon.

- Bien. (je réajuste mon capuchon esquissant un sourire désinvolte) Passe une excellente journée.

N’ayant rien d’autre à ajouter, je remets mes mains dans les poche et d’un pas presque trainant je remonte la ruelle pour m’engouffrer dans la rue principale et me fondre dans la foule, j’ai un autre deal dans 15 minutes…mon emploi du temps est toujours rythmé et la journée va être longue, comme chaque journée.
Une Nouvelle Journée au Paradis...

______________________________________________________________


Bar - le Concorde. 2 heures plus tard.

Ce n’est pas le bar le plus « classe » du Dôme humain, enfin si classe veut dire quelque chose ici, mais c’est en tout cas le plus « neutre » pourrait-on dire. Ce n’est pas un bar à business ce qui me permettra de ne pas être reconnue, ni abordée parce que je déteste mélanger pro et perso.
N’empêche c’est un lieu bruyant et idéal pour « discuter », un bref regard circulaire et j’y reconnais pas mal de monde, le haussement de sourcil du patron s’accompagne d’un signe de tête négatif de ma part. Il incline le visage, il est rassuré, je ne suis pas ici « pour du trouble » c’est ce qui l’inquiétait. Il est en deal pour certains alcool, tout le monde est toujours en deal ici, tout le monde a des choses à cacher, c’est notre vie.

Je m’installe au fond et je jette un coup d’œil au portable, textotant rapidement une réponse et une adresse. Je l’attends.

C’est une chouette fille. Ça me fera plaisir de la revoir, je ne la voyais plus dans le circuit et j’en avais déduit qu’elle avait mal terminé, peut-être que je me suis planté, je n’ai pas cherché plus loin : chacun ses merdes.
On s’était rencontré dans un bouge sordide un soir, elle « faisait »  un client mais qui de toute évidence n’était pas assez « fait » parce qu’il s’était rendu compte qu’on le détroussait, je n’aurais pas dû intervenir mais…j’étais stoned et la fille était gironde et peut être je comptais me la taper en mode « chevalier blanc », je ne sais plus très bien, passé une certaine dose et une certaine heure : je subis les choses sans trop les comprendre. On a réglé « le problème » et finit la soirée ailleurs ensemble autour d’une table, un moment rare et agréable. Elle m’a rappelé ce que j’étais avant…avant de devenir « ça » avant que la vie me bouffe.

Quelqu’un qui connait tout le monde n’a pas d’ami parce qu’il est plus anonyme que le concept lui-même. Ce n’est pas en faisant n’importe quoi qu’on devient quelqu’un, c’est en étant personne au milieu d’une foule, les plus belles vies sont celles qu’on imagine pour vous, non ?
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyLun 21 Déc - 11:48

Chasser le naturel et il revient au galop. Ai-je vraiment autant changé que ça ? Cela ne fait que quelques semaines que Gabriel m'a sorti des bidonvilles et énormément de choses ont changé. C'était plus, tellement plus que je n'avais jamais espéré. Moi la petite gamine des bidonvilles, volant et me prostituant pour survivre … Je me retrouve désormais à porter de belles tenues, je mange ce que je veux, quand je le veux …
Mais ça ne m'empêche pas de chaparder quelques petites breloques de temps à autre. Inutile certes, mais c'est comme les vieilles habitudes, on ne s'en sépare pas aussi facilement. Et puis … c'est tout ce qu'il me reste de mon .. « autre » vie.

« Quand on sent aussi bon et qu'on est aussi bien gaulée que toi, on n'a rien à faire ici »

Ces mots que j'avais entendu quelques jours plus tôt, lors de ma dernière visite dans les bidonvilles, dans ma propre maison, sur les terres que je foulaient depuis toute petite, m'avaient beaucoup secoué. Plus que je ne l'aurai jamais cru. Il suffisait d'un peu de parfum, de vêtements neufs pour ne plus se sentir chez soi ? Non, je ne pouvais pas croire ça. Et pourtant, ces quelques mots continuent de me hanter, surtout chaque fois que je m'approche de ces lieux. Mais je n'ai jamais remis les pieds au sein des bidonvilles. Manque de courage … Honte … Qui sait …

Encore aujourd'hui, alors que je me rends sous le dôme des humains, j'ai cette petite appréhension au fond de moi. Et comme chaque fois que ce sentiment me traverse, il est rapidement rejoint par la colère. De la colère contre moi même, contre ce monde où tout est sectorisé. Les humains d'un côté, les Asariens de l'autre … Et si un humain se met à fréquenter des Asariens, il est quoi ? Envié, détesté par ses semblables, jugé par les autres ? Au moins, dans les bidonvilles, je savais quelle était ma place. Aujourd'hui, j'ai des doutes …

Emmitouflée dans un long manteau, je m'engouffre dans ce bar, Le Concorde. Je n'ai aucun contact avec mes anciennes connaissances du bidonville, mais ça ne m'a pas empêché de rencontrer cette jeune femme que je retrouve justement ce soir. Son nom est connu en ces lieux, mais il a fallu que je n'y vive plus pour la rencontrer. Je cherche donc la belle rousse du regard, et m'approche d'elle sitôt que je la reconnais, dans le fond de la pièce. Je m'assois face à elle, affichant un léger sourire. Envolez-vous sombres pensées, il n'est pas l'heure de se laisser aller à la morosité. Je balaye donc mes idées noires pour ne me consacrer qu'à cette soirée, banale en soit mais dont j'avais certainement le plus besoin.

-Salut toi ! Ca me fait plaisir de te voir !

Je balaye la salle du regard.

-Qu'est ce que tu bois ?
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyLun 21 Déc - 21:07



Vois ces animaux dans la cage que tu as bâti
Es-tu sûr de savoir de quel côté tu es ?
Tu es mieux de ne pas le regarder de trop près dans les yeux
Es-tu sûr de savoir de quel côté de la vitre tu es ?
Regarde la sécurité de la vie que tu t'es bâti
Tout, d'où qu'il vienne
Sent le faux dans ton coeur
Et c'est tout, de là où il vient

Et si tout autour de toi
N'était pas comme cela semble
Et si tout le monde que tu pensais connaître
N'était qu'un rêve élaboré
Et si tu regardais ton reflet
Est-ce que c'est ce que tu voudrais être ?
Et si tu regardais en plein dans les fissures
Te trouverais-tu … te trouverais-tu effrayé de voir ?

Et si tout le monde n'était que dans ta tête ?
Juste une creation de ton cru
Tes démons et tes dieux sont la vie et la mort
Et tu es réellement tout seul
Tu ne peux pas vivre dans cette illusion
Tu peux choisir de croire.
Continues de regarder mais tu ne peux pas trouver les bois,
Quand tu te caches derrière les arbres

Et si tout autour de toi
N'était pas comme cela semble
Et si tout le monde que tu croyais connaître
N'était qu'un rêve élaboré
Et si tu regardes à ton reflet
Est-ce que tu voudrais être ?
Et si tu pouvais regarder dans les fissures
Te trouverais-tu … te trouverais-tu effrayé de voir ?




On ne peut faire les choses qui ont de l’importance que noyé dans la foule, c’est paradoxalement la meilleure façon de ne pas attirer l’attention et de redevenir une ombre. Je reste aux aguets des vas et vient de l’obscure établissement où je me suis attablée  ayant choisi une place stratégique me permettant d’observer les entrées et sorties et de ne pas me couper de l’issue de secours des entrées vers les cuisines au cas où je devrais songer à une retraite précipitée. J’extrais de ma poche mon petit carnet noir dont je ne me sépare jamais et à l’aide d’un petit crayon de bois, j’annote mon rendez-vous précédent et observe rapidement le déroulé de ma journée. Je développe depuis l’enfance une certaine allégie à la technologie, je concède ne pas savoir quoi faire d’un appareil connecté ayant l’air à son contact aussi stupide qu’une poule avec une fourchette ou aussi décalé qu’un Asarien avec le concept d’humilité. Je consigne de ce fait toutes les transactions et tous mes contacts avec un soin exacerbé par la nécessité de se constituer une assurance vie en cas de coup dur. Une pièce seule peut tomber, personne n’en fera grand cas. Une pièce dans un jeu de domino pose un problème logique de cause à effet. Ce carnet constitue ma cause à effet et l’onde de choc de ma chute causerait du tort à bien des personnes tant je connais les travers et mauvais penchants inavouables de mes contemporains. Tout y crypté par une code complexe issu de mon enfance et des apprentissages farfelu de ma mère, un code tombé dans l’oubli depuis des siècles et dont la clé réside dans des livres que personne n’ouvrira plus. Je l’ai adultéré pour le complexifier, je suis assez douée avec les chiffres et encore plus avec le secret. Ça m’a pris du temps, un investissement plus que nécessaire cependant.

J’esquisse un rictus d’agacement à la lecture du nom suivant. Sulivan Major. Un préteur sur gage tenancier d’un bouge sur le secteur nord. Poli, aimable et profondément pourri. Il aime les jeunes garçons, jeunes. Trop jeunes. Mais il paye pour ça et son vice est donc une simple transaction commerciale de plus. Je suis en cheville avec quelques vendeurs d’esclaves même si je les déteste tous du fond du cœur. Cent fois je me suis imaginé lui écrasant la gueule avec  délectation, cent fois je me suis imaginé lui arrachant cet appendice immonde qui pend entre ses jambes et lui fourrer de force dans la bouche jusqu’à l’étouffement. Ce sourire qu’il me sert, ce sourire de connivence entendu d’une humanité qui a renoncé qui aime ses chaines et la boue, qui accuse l’autre de tous ses maux, l’Asarien assis au sommet, mais qui oublie qu’il ne tient sa place qu’au sommet d’un tas de merde que parce que cette merde agit comme telle. Ce sourire de connivence malsain qui me renvoi à ma lâcheté, à ma place dans une logique de monstruosité que je vois, que j’accepte et que je sers.

Alors je me tais.

Mais je note. J’essaye de me persuader que c’est important, que quelque part, ça doit avoir son utilité et j’essaye de m’empêcher que les cris de ces jeunes garçons, écartelés sur l’autel de nos lâchetés viennent me ronger plus que nécessaire, plus que la haine que je me porte ensuite à moi-même. Je suis une ordure, c’est ainsi.
Ce rendez-vous me met d’une humeur morose, je vais devoir composer et cela va me frustrer. De ce fait, je vais suivre les consignes de la milice en songeant à ce futur moment, « en cas de viol de la part de nos agents, il est conseillée de laisser faire et de tenter de jouir, c’est toujours ça de gagner ». Amusant mais tellement vrai ! Ca me rappelle qu’il y a longtemps que je n’ai pas grimpé aux rideaux, faudra y remédier, je me mettrais en chasse ses prochaines nuits : remplir le vide, c’est toujours remplir quand même…

Je referme le carnet pour lui refaire reprendre sa place d’origine et je m’oublie un instant à regarder la populace. Ils m’indiffèrent…Ils sont tous déjà morts et ils l’ignorent, juste un peu de composte pour que pousse autre chose…qu’on efface nos erreurs, nos erreurs et nos péchés.

Elle entre et attire les regards.

C’est vrai qu’elle est jolie, elle a l’indolence de son jeune âge et je le crains, l’intelligence bien trop juvénile pour la rendre prudente. Beaucoup voudrait en croquer, moi la première, je suis sincère la dessus : elle de celles que je n’aurais de cesses de brouter jusqu’à qu’elle s’embrase comme un feu d’artifice. Mais elle ne mange pas de ce pain-là, c’est plus simple pour nous, ça rends les choses plus solides et moins fragiles car l’amour avec moi ne dure que le temps du sexe et qu’un autre chasse le précédent.

Elle m’a repéré, se déplace avec un pas plus léger et assuré, elle sait qu’elle est sous une « protection relative à ma table » c’est tout ce que j’ai à lui offrir. C’est bien peu face aux victuailles qui semblent avoir regonflés ses joues, bien peu face aux toilettes soignées qu’elle porte et sans doute peu face au délicat parfum dont elle se pare à présent.

Un protecteur. Ostensible et puissant.

Un Asarien, à coup sûr. Aurait-elle décroché le Jackpot et utilisé ses « dons » de manière judicieusement technique. Ça reste à savoir…

J’ébauche un sourire encore jeune et la voyant prendre place décomplexée et fraiche : certaines choses ne se délavent pas.

- Plaisir partagé, « gamine », je bois fort comme d’habitude….assez pour shooter les microbes…

Je lui adresse un hochement de tête amusé et l’observant du buste au visage.

- Tu es ravissante, Scarlet. Je suis rassurée. J’avais entamé des recherches et puis….le temps a fait son œuvre mais tu sais comment sont les choses ici : ne jamais se retourner si l’un tombe et sauve ta tête d'abord, ton cul suivra…
En tout cas tu allumes tous les mâles comme un incendie dans une forêt de pins…La moitié va mourir de priapisme, l’autre de désir.
Je suppose que ton « secret » ne se trouve pas sous cette cloche verre là.
J’ai déjà la réponse mais je pose par principe : comment vas-tu ? Est-ce que tu es enfin heureuse comme tu voulais l’être lorsqu’on parlait de « refaire le monde » ?
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptySam 26 Déc - 13:42

N'importe quelle prostituée – ou autre personne – pourrait voir mon « évolution » comme un brillant coup de maître, se trouver un riche protecteur et s'arranger pour qu'il nous prenne sous son aile, nous assurant abris et prospérité. Mais je n'ai jamais été de celles et de ceux qui font des plans sur leur avenir. Ma principale priorité est de survivre. Comment, grâce à quoi, à qui … je ne le calcule pas. Et Gabriel m'est tombé dessus. Enfin … Si je ne l'avais pas approché, il n'est pas certain que notre rencontre se serait faite. Coup du sort, du destin … chance … Qui sait. Il est encore trop tôt pour le dire.

Je rejoins donc Aislinn avec un franc sourire et m'installe. Je lui adresse un hochement de tête avec un sourire plus tendre quand elle me complimente. Je suis touchée d'apprendre qu'elle m'avait cherché, mais je comprenais aussi très bien ce qu'elle disait. Nous autres, nous côtoyons la mort de près. Et puis, c'est peut être cruel à dire, mais c'est chacun pour soi. Si déjà on arrive à s'en sortir personnellement, on voit ensuite pour les autres … Bref. Ça n'est pas souvent évident de veiller sur ceux qu'on aime.

A mesure qu'elle parle, je tourne la tête et remarque effectivement quelques regards pervers posés sur moi. J'échappe un petit rire moqueur et ne leur accorde pas plus d'importance. Enfin, je n'ai pas pu m'empêcher de reconnaître l'un de mes anciens clients dont j'ai adroitement ignoré le regard, un homme mûr aux épaules carrées, une cicatrice sur la joue.

Aussi jeune puis-je paraître, cela n'est pas ce genre de regard qui vont me faire rougir. J'en ai connu énormément par rapport à mon âge. Mais très peu de personnes savent que je n'ai pas encore atteint la majorité … La rue, ça façonne un visage, ça le marque …

-Les pauvres … soulignais-je avec ironie, levant les yeux au ciel.

Suit la question qu'on pose généralement plus par politesse, plus que par intérêt. Mais ici, ça n'est pas la même chose. Voilà longtemps que nous ne nous sommes pas vues, et moi aussi j'étais inquiète de savoir comment elle se porte, bien que je sache très bien que dans les bidonvilles … tout est relatif. On s'attarde davantage au physique qu'au mental. On a de quoi se nourrir, on a de quoi se chauffer un minimum … On ne s'attarde pas réellement sur nos états d'âme. Sauf en présence de quelques rares personnes …
Suis-je heureuse … Là aussi c'est une question que je n'ai pas réellement l'habitude de me poser. Et depuis que je suis chez Gabriel, je n'ai pas réellement osé me la poser. J'ai un toit, de quoi manger … des bras chauds et accueillants dans lesquels me blottir la nuit … J'ai tout ce qu'il faut. Donc oui. Mais est-ce que cela correspond à l'idée que je me faisais d'un monde parfait ? Non … Sans doute pas. Mais je le sais inaccessible, alors pourquoi ne pas se contenter de ce que j'ai, là, maintenant ? Je laisse planer un silence le temps de ma réflexion, mes lèvres se tordant dans une moue dubitative avant de revenir à moi et sourire à nouveau.

-Et bien je peux dire que oui, ça va. J'ai tout ce qu'il me faut … J'ai même appris à lire correctement, alors …

Je marque une pause, le temps d'interpeller le serveur pour qu'il vienne prendre nos commandes et nous servir à boire.

-C'est vrai que ça ne ressemble pas exactement à l'idée que je me faisais de la vie idéale, mais je suis bien lotie, et je n'ai pas à me plaindre.

Dans le monde que je me plaisais à imaginer sans trop m'y accrocher, les humains n'étaient plus considérés comme des esclaves … alors dans ma situation actuelle ? Quelle aurait été la raison pour que je rencontre Gabriel et qu'aujourd'hui je sois encore chez lui ?

-Et toi ? J'imagine que le nom de Dusk fait toujours autant trembler … lui demandais-je avec un petit sourire malicieux.

Bien avant de la connaître j'avais entendu parler d'elle sous ce pseudonyme et à côté, je ne suis qu'une voleuse de bas étage …
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyDim 27 Déc - 17:04



Tu connais tout cela comme ta poche
Qui me laisse espérer ?
C’est toi qui m'as mis dans une telle merde
Et tu m’en feras sortir
Tu connais tout cela comme ta poche

Ta clochette pour appeler
Ta collection
Ingénue
Tu m'as mis dans cette merde,
Les idiots s’y jettent à cœur perdu.

Et ils le savent
Tu éparpilles de ton souffle les graines de pissenlit
Et dans les bons jours, j'espère, je prie que
Si je ne suis pas là auprès de toi en chair et en os
Je reste toujours dans la course

Advienne que pourra
Et tu le sais
Les idiots s’y jettent à cœur perdu.

Eh bien, tu le sais
Qui les a laissé se faire des idées ?
Ouais
Eh bien, tu le sais
Ca a démarré avec juste un frôlement de main
Profites bien du moment
Bien qu'il ne soit qu’une trahison de plus
Transformations
Instinct bestial et flammes de désir
Si je le savais maintenant…Ce que je savais alors…

Il suffit de me donner plus de temps
J'espère et je prie que
J’interprète mal tout ce que tu m’as dit
Tu éparpilles de ton souffle les graines de pissenlit


Adaptation : A. Oldfield








Nous n’avons pas choisi une vie des plus simples, elle est sans doute faite de renoncements et d’estafilades et chaque seconde qui passe vient nécroser les plaies ou y jeter du sel avec une sorte de fatalité malsaine et perverse. Qu’y pouvons- nous ? Est-ce que nos dérisoires armes face à l’adversité se résument à la fuite ou aux gémissements plaintifs ? Je ne veux pas croire en cette logique, la vie peut être simple et l’on peut s’en contenter du moment que l’on y trouve sa place. Si Scarlett a trouvé la sienne alors sans doute est-ce mieux ainsi, c’est de toute façon bien mieux que de crever le ventre vide ou les cuisses écartées après un ultime assaut. J’ai apprécié la fraicheur de ce bout de femme, la première fois qu’elle a montré son museau crasseux à la face des rues sales, elle savait jouer de son côté ingénue, cette arme des simples gens qui n’ont rien d’autre à offrir que des promesses de bon temps et la réalité d’un délestage en règle de quelques valeurs. C’est une fleur qui a poussé sur un tas d’ordure, j’envie celui qui la tient dans ses mains et en hume l’exquise flagrance. Mais comme toutes les fleurs, elle se fanera. J’aurai aimé la dessiner, nue et offerte, pour fixer sa splendeur sur la page blanche et célébrer sa puissance avant qu’elle ne s’évapore. Rien de sexuel la dedans ou si peu en toute honnêteté. Il est vrai que la beauté m’a toujours fasciné parce que je pense en être dénuée et qu’aussi vrai que la pluie me manque, c’est toujours ce qui nous fait défaut qui paradoxalement nous fait envie.

Elle sait donc lire, c’est un bien et ça me force au sourire, l’instruction est une richesse et une richesse qui n’a pas de prix, du moins à mes yeux. La prochaine fois, j’essaierai de lui trouver un livre, un de ceux qui vous transporte et vous fait rêver, je crois que c’est faisable avec quelques extras. Ça lui fera plaisir, enfin s’il y a une prochaine fois bien entendu…Nous évitons de formuler des promesses que nous serions incapables de tenir.

Évidemment que ce n’est pas la vie dont on pourrait rêver idéalement mais c’est ainsi et nous n’en avons toujours qu’une, c’est bien assez suffisant pour qui sait la remplir.
Je suis du regard le serveur, le visage redevenu de marbre, je fixe un instant les verres sur la table alors qu’il vient de les poser. Je n’arrive jamais à m’empêcher d’analyser les gestes parce que l’analyse permet l’anticipation et l’anticipation la survie. Je sais que le pire peut surgir à tout instant et je m’y attends avec une obsession maladive. Il n’y a guère que le dessin, le sexe ou la drogue qui me permet de réellement quitter cet état de tension constante. Scarlett connait ce jeu de regard, connait cette inquiétude même si à présent, elle l’a occulté. Mais pour ceux des bidonvilles, c’est inscrit dans la chair, à même nos gènes.

J’émets un léger rire complice lorsqu’elle souligne ma notoriété. Red pouvait faire trembler, oui mais Red est enterrée dans mes souvenirs, aujourd’hui je ne suis qu’une ombre, et seuls ceux qui savent ce qui se cachent dans l’ombre peuvent légitimement en avoir peur.

- Ils ne tremblent pas tant que ça, on ne me connait que lorsqu’on a besoin de mes talents, la notoriété n’apporte que des emmerdes. Par contre ceux qui ont connu des déboires avec moi…étrangement sont frappés d’une amnésie sélective et puis…tu connais plus anonyme qu’un pseudo ? Moi non….
Dusk…ça ne veut rien dire de plus que ce que ça annonce : le début de la nuit.


J’affichais un sourire amer chargé d’une certaine mélancolie.

- Ton protecteur ne peut pas être un humain…si c’était pour te faire évoluer en tant que voleuse sur un autre niveau ou dans une autre sphère, je l’aurais forcément su. Je suppose que je ne me trompe pas, tu t’es dégotée un Asarien en mécène. Tu sais comme moi qu’il n’y a qu’une seule chose que ces « gens » peuvent rechercher auprès des filles des bidonvilles. Ne te méprends pas sur la rengaine, je n’ai rien contre eux, ce combat Asarien et Humain, c’est d’une stupidité sans nom et je déteste autant d’Humains que d’Asariens à dire vrai…mais prends gardes, tu manges ton pain blanc mais inévitablement le pain rassis viendra….parce qu’il vient toujours.

Saisissant le verre d’alcool entre les doigts, j’en bu une gorgée cul sec avant de le reposer avec un léger soupire.

- Je te dis ça parce que je t’aime bien, Scarlett et tu sais qu’il y a peu de gens à qui je dis ça…ça…hum…ça m’arrache la gueule de le dire.
J’suis contente que ça marche bien pour toi, contente mais toujours inquiète. Tu ne me changeras pas...


Je posais mes coudes sur le bois de la table, lui offrant un sourire malicieux et m’approchant d’elle sous mon capuchon camouflant ma chevelure

- Racontes moi la vie, Scarlett…racontes moi tout ça…comment tu vis, ce que tu vois…comment est le monde en dehors de cette merde…fais-moi un peu rêver, ok ?

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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyMer 30 Déc - 23:43

Aussi complexe le personnage soit-il, Gabriel est sans aucun doute ce qui se rapproche le plus d'un mécène effectivement. J'écoute attentivement Aislinn, pas forcément convaincue par ses mots. Je sais parfaitement que si Gabriel m'a sorti de la rue, ça n'est pas par pure acte de bonté. Mais il ne me traîte pas aussi mal qu'on pourrait s'y attendre. Et si, comme le disait la belle rousse, ça n'était que l'envers de la médaille ? Si ça n'était qu'une facade derrière se cachait une surface plus rêche, moins éclatante ? Nul n'est à l'abris d'un revirement de situation, et surtout pas moi, pas nous, enfants des bidonvilles. J'acquiesce donc d'un signe de tête. Oui, il est Asarien, mais j'ai pu me rendre compte qu'il n'était pas comparable à l'un d'eux.
Mais son inquiétude me touche. Ca me fait plaisir de savoir qu'ici, il y a toujours quelqu'un pour qui je compte. Sally et Tom n'étant plus de ce monde, il ne me restait plus grand monde. Enfin, des gens partent, d'autres arrivent … Dans ce nouveau monde j'ai pu aussi rencontrer des personnes qui commencent à … compter pour moi on va dire. Je lui souris doucement et prend à mon tour une gorgée d'alcool. Autant dire que ça n'est toujours pas mon truc les boissons alcoolisées … Je dissimule une petite grimace, reposant le verre devant moi.

-Et je ne chercherai jamais à te changer. Ca me touche … sincèrement. Je fais peut être beaucoup de conneries et je sais que je ne te parais pas des plus prudentes … Mais je fais attention. C'est promis.

Rapidement, je sers sa main dans la mienne. Une étreinte douce et amicale, marque de mon affection.
Que je lui raconte la vie. Celle de l'autre côté … Me penchant légèrement contre la table, je garde ce sourire qui semblait ce soir, indélébile, et me lance dans mon récit.

-Le monde est … étrange là bas. Il répond à des codes que je n'arrive pas à comprendre. Les sourires semblent faux, les mots, les gestes … C'est vraiment bizarre. Bon d'accord, ça ne fait pas bien rêver je l'avoue. Mais lui, il n'est pas pareil. C'est un artiste tu sais, et il m'apprend pleins de choses. Je passe beaucoup de temps à la bibliothèque aussi, et j'ai une armoire entière avec vêtements à ne plus savoir quoi en faire.

Je me sentais comme une gamine qui déballe ses cadeaux de Noël et j'étais prête à parier que mes yeux pétillent. C'était nul … et pathétique. M'en rendant rapidement compte, je baisse le regard, perdant un peu de mon sourire.

- C'est une jungle d'une autre sorte. Mais je m'y plais. Alors si il y a un revers à la médaille, je préfère que ça arrive le plus tard possible.

Je me gratte la tempe du bout du doigt, un peu gênée, regardant autre part l'espace de quelques secondes.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyJeu 31 Déc - 10:15


Dans un bref instant, je serai déjà parti.
Le moment présent s'estompe, il est déjà oublié

Je ne suis pas ici.
Tout ceci ne n'arrive pas.
Je ne suis pas ici. Je ne suis pas là.



Je remarque sa tentative de dissimuler sa réaction face à l’alcool avec un amusement silencieux. L’alcool est le sang qui coule dans les veines des bidonvilles, le seul « léger » luxe qui permet à une population de s’abrutir et de s’oublier dans son sort quotidien. Beaucoup s’y adonne, peu en réchappe. Je bois plus que de raison, bien assez pour rester efficace et lucide le jour, ce n’est pas une addiction, c’est une habitude. Mais nous crevons tous de nos habitudes. Je réserve l’abrutissement pour la soirée et les secrets dangereux de la nuit avec des addictions bien plus sévères, je sniffe régulièrement un dérivé de morphine, la cocaïne excite ce qui ne me convient pas, l’héroïne détruit psychologiquement, la meth, le crack vous délabrent morceau après morceau…toutes ces merdes sont faciles à trouver : je ne dis pas qu’il suffit de faire trois mètres dans la rue et de héler le premier bouseux qui passe, non. Il suffit simplement de connaitre et d’avoir le répondant pour s’en procurer. En ce qui me concerne, j’ai choisi une méthode plus scientifique mais plus difficile à satisfaire à moins comme moi d’avoir des « entrées » dans l’approvisionnement des médicaments du dispensaire. Tout le monde cherche toujours quelque chose, tout est une question d’interdépendance, toujours…  

Non tu ne me changeras pas ma petite Scarlett, tout simplement parce qu’il n’existe plus aucune personne ici-bas pour qui j’en consentirais l’effort. Mon cœur et comme mon âme, totalement desséché. Je sais ce que je suis devenue, j’accepte que ce quai de gare puisse rester désert et que ce foutu train ne passe jamais, on est plusieurs millions pour qui la vie ne fait que passer dans une attente imbécile sans autre objet que de regarder le sable de sablier filler vers le néant entre sa paume ouverte, les bras tendu dans une complainte futile vers des cieux devenu muets et aveugles. C’est comme ça, c’est notre vie : elle n’a pas de couleurs ni de valeurs, pas héroïque, pas romantique, pas juste, pas cruelle, pas heureuse…elle existe, rien d’autre.

Ta main sur la mienne m’électrise en une once d’une douceur presque douloureuse et me plonge avec brutalité dans les affres du manque évident de tendresse et de douceur. Cette fêlure que je dissimule, préférant éviter les contacts physiques parce qu’ils font trop réfléchir à une vie, un comportement que je n’aurai jamais. Tu ne le fais pas exprès, tes intentions sont pures, je le sais bien mais…cette partie de mon existence est douloureuse et personne ne le saura jamais. La seule personne avec qui je lis un semblant de relation, est une pute des bas quartiers du nom de Daphnée, elle est son « habituée » dit-on en parlant d’elle à mon propos. J’ai de l’affection pour elle, c’est la vérité mais je reste lucide sur ce que nous apporte notre relation dans son interdépendance : ma came pour elle, son cul pour moi : ce n’est qu’une pute et moi une salope. Ça s’arrête là.

Elle me raconte ce qui n’est qu’une évidence, ici ou là-bas…tout n’est qu’un jeu où qui veut en être et qui n’en est pas. Il y a une certaine perversité à s’élever au-dessus des autres, un défaut typiquement Asarien qui finira à mes yeux par les conduire au néant sans que personne, jamais, ne vienne pleurer sur leur ruine. Je n’ai jamais eu le loisir de discuter avec l’un d’entre eux, j’aime me fier à ma propre opinion mais la totalité des humains d’ici-bas les détestent et force est de constater que les gestes et actions les condamnent indiscutablement. Clyde dit toujours que ceux qui ne vivent que par l’épée finissent un beau matin par la recevoir dans le cul. Qui portera le coup ? J’en ai à dire vrai absolument rien à foutre tant que ça ne nuit pas aux affaires.

Je l’écoutais, je la voyais pétiller, s’exalter et s’oublier jusqu’à ce que…ses pieds retouchent terre et qu’elle se souvienne de ce qu’elle avait laissé derrière car quoi qu’elle pense, qu’elle vive, la vérité était là : elle nous avait laissé derrière, elle avait laissé toutes les merdes derrière.
Je repliais rapidement les doigts de la main sur la sienne, lui assurant une étreinte forte pleine de soutient. Lui assurant par nos doigts entrelacés que le lien ne saurait être rompu.


- Chut, la puce. Calme…N’écoutes pas ce qu’une vieille aigrie te sort comme conneries, tu as mérité tout cela, tu t’es battu pour l’obtenir bien plus que ce que ton mécène a pu faire pour obtenir son rang et sa bonne fortune….A mes yeux, tu pourras te couvrir de robes de princesse et t’embaumer de flagrances à en faire pâlir les trous du cul festoyant la haut que ça ne changera rien. Tu resteras ma petite Scarlett, qui gueule toujours trop fort et au mauvais moment, qui recompte toujours deux fois la monnaie « au cas où » et qui me lance des paris à la con comme de pisser debout comme un mec « pour voir »…
Ça ne changera rien….tout ça…ce monde…tu te souviens ? Ce n’est pas nous, ce n’est pas ce que nous sommes…ça ne nous arrive pas, nous ne sommes même pas là…parce que nous serons toujours là…où personne ne nous attrapera jamais.
Mais surtout…surtout ne donne jamais ton cœur…parce que c’est le seul bien qui ne se donne pas et la seule chose qui compte pour quelqu’un qui déjà possède tout. Ne tombe pas amoureuse Scarlett, c’est un voyage dont on ne revient pas.


Nous avions un passé et pas mal de soirées d’insouciantes folies à notre actif et sans doute connaissait-elle cette facette de moi qui s’était perdu quelque part, cette espièglerie morte dans la rue, cette candeur naïve martelée par les coups. Oui sans doute, elle comptait plus que je me l’avouais. Comme cette petite sœur que j’aurais voulu avoir mais ces sentiments se taisent et ne se partagent que noyés dans les vapeurs d’alcool.
Je desserre mon étreinte la quittant du regard un instant pour observer trois hommes qui viennent de rentrer et qui semble chercher parmi les convives. L’un deux croise mon regard et interpelle les autres pour se diriger vers notre table.
On reconnait un con au fait qu’il ose tout.
J’inspire avec un sang-froid presque reptilien, je sens les problèmes venir, parce qu’ils viennent toujours.


- Nous avons de la compagnie, restes sur tes gardes.


Elle connait ce genre de situation, elle sait comment je les gère. Reste à savoir si elle d’humeur nostalgique ou pas, si l’envie de « jouer » est toujours là.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptySam 2 Jan - 13:09

L'alcool n'a jamais, et ne sera jamais, mon fort. Quoi que je fasse, je n'aime pas ça. Bien sur, pour des gens comme nous, ça reste un bien précieux, qui réchauffe, qui noie … Mais je l'évitais le plus possible. Tom m'en donnait lorsque j'étais malade, pour m'aider à oublier la fièvre et m'aider à dormir. Et si nombreux recherchent sa brûlure, je ne l'ai jamais aimé.
L'ivresse m'a été utile, plus d'une fois même … Avec mon premier client, par exemple. Vers quatorze ans, j'avais enfin acquis un corps, long et bien formé, qui me permit de rejoindre les trottoirs et remporter plus gros, plus rapidement. Tom m'a amené là où il faisait habituellement ses passes et m'y a laissé, moi, ma robe de pute et une vieille bouteille d'alcool … Si ça s'est avéré utile sur le coup, je l'ai regretté tout le reste de la nuit quand j'ai enfin retrouvé mes quatre murs de tôle, ma tête aussi endolorie que mon corps.

L'étreinte des doigts d'Aislinn m'apaise, me calme. Depuis que j'ai quitté le bidonville, je me sens comme le cul entre deux chaises. J'ai conscience de ma chance … une chance insolente. Mais depuis, j'ai du mal à soutenir le regard de mes semblables. Pourquoi moi et pas eux ? Mais discuter avec Aislinn m'apporte l'espoir que je recherche, le soutien nécessaire pour garder la tête hors de l'eau. Peu de gens me voient encore comme une gamine. Mais elle, si. Elle me connaît, elle sait exactement qui je suis et les faiblesses que je peux cacher.

Mon cœur … Celui-ci a toujours été dirigé vers les personnes qui comptent pour moi … Nana, Tom, Aislinn … et aujourd'hui ? Toutes ces attentions que j'ai eu à l'égard de toutes ces personnes, c'était bien de l'amour, mais un amour fraternel. Quelle est la frontière entre un amour fraternel et l'amour avec un grand A ? Aujourd'hui, dois-je ouvrir mon cœur à d'autres personnes, à celles qui gravitent autour de moi ? A Cette personne en particulier ? Je ne sais pas. En ai-je seulement le droit. Je prends ses paroles, me promets de les garder précieusement et d'y réfléchir quand j'y verrais enfin plus clair.

J'allais lui répondre mais je la vois détourner les yeux, se concentrant sur autre chose qui ne semble pas lui plaire. Je connais ce regard, et je sais ce qu'il annonce. Mon corps se tend alors, imperceptiblement pour un regard extérieur et je sens effectivement une présence plus ou moins importante s'approcher de nous. J'inspire profondément. Je n'ai pas peur. Malgré le peu d'années à mon actif, je suis habituée. Et je sais me défendre. Et avec Aislinn à mes côtés, je me sens plus forte encore.

Des rires rauques, des pieds de chaises qui se traînent contre le sol en bois miteux du bar et les trois bourrus qui s'installent à nos côtés quand l'un d'eux semble me reconnaître et approche son visage boursouflé du mien, m'envoyant ses effluves d'alcool à la figure.

-Hé mais c'est Rosie ! On t'voit plus dans les parages.

Je ferme les yeux un instant. Ce surnom... Beaucoup plus usuel que Scarlett Rose, c'était d'abord comme ça que j'étais connue ici bas. Il adresse un coup de coude à l'un de ses comparses qui renchérit.

-T'veux pas v'nir t'occuper d'nous un peu ? Raille t-il en agitant un billet tout froissé.

Je soupire, roule des yeux avant d'afficher un radieux sourire de façade à leur attention.

-Oh, ça aurait été avec plaisir les gars, mais voyez-vous, je suis un peu occupée en ce moment …

Je n'avais pas lâché la main d'Aislinn, ce qui sembla les intriguer et je ne pus m'empêcher de pouffer de rire devant leurs airs nigauds, croisant le regard de ma complice. Libre à eux d'interpréter mes mots comme ils l'entendent, je ne chercherai pas à les contredire. A voir désormais comment Aislinn réagirait, face à cette intrusion importune.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyLun 4 Jan - 9:48



Ce genre d’incident ne serait jamais intervenu sur mon secteur mais nous étions dans les quartiers nord et c’était le rôle d’Arthurus d’en opérer la coordination. Dusk n’avait pas de visage ici, seulement un murmure rapporté par la foule puisque Dawn occupait le terrain. De plus je n’avais vu aucun runners dans la salle ce qui laissait à supposer que j’étais seule et devrait me démerder seule sur ce coup. L’alcool apporte une certaine bravoure imbécile mais se couple d’une baisse significatif des capacités physiques, du moins dans leur mise en action. Ils n’étaient pas dangereux, patauds et enivrés, et ne portaient comme héraut que leur connerie ostensiblement affichée mais c’était déjà bien assez pour m’irriter, bien assez pour éprouver les ondes trop connues de cette colère viscérale qui dévale dans mes veines et que je domestique jour après jour.

Je n’étais pas dupe du jeu de Scarlett même si je gageais que cela ne ferait que pimenter leur désir, les fantasmes masculins restent parfois d’une banalité affligeante, c’est sans doute cette raison qui me poussait à largement préférer l’étreinte féminine ou peut-être pour des raisons plus sombres impliquant un imbécile besoin de domination sur mes partenaires, le débat n’était pas à l’ordre du jour.
Discrètement ma main libre passait sous la table à la recherche de mon ceinturon et de ce qui s’y trouvait attaché, ceinturon dissimulé sous mes étoffes larges donnant cette silhouette encapuchonnées et informe qui me caractérisait. L’homme sembla mettre un temps infini à analyser et comprendre les dires de Scarlett puis son regard noyé d’alcool passa sur nos mains jointes et sur mon visage à demi caché derrière mon capuchon. Il n’y distinguait que le bas de mon visage dans mon immobilisme glacé. Je soupirais égrainant mes mots d’une voix fantomatique et dénuée d’émotion.

- C’est un malentendu, messieurs…cette fille est déjà prise, j’ai payé la transaction, elle est en « main ». Vous l’aurez un autre jour, pas maintenant, c’est dealé.

Le gros à gauche, les deux à droite, c’est parfait. Ma main enserre le manche gravé en ivoire de ma dague reposant sur ma cuisse et commence doucement à l’extraire de son étuis.

- Ed’qué ? Nous on est trois poulettes, ton deal tu te le fous au cul à moins que tu préfères que j’y mette aut’chose puisque ça te démange, un ptit gabarit comme toi, tu crois que ca supporte le xxl ??

S’esquisse un sourire mesquin qui a tout du rictus.

- C’est une transaction messieurs. Elle est dealée et régit par des codes et à moins d’offrir plus de 400 $ et 250 $ pour moi en dédommagement, je ne lâcherais pas l’affaire. C’est notre prix pour toutes les deux.

C’était une véritable fortune, une fortune que personne ne pouvait se targuer d’avoir avec soi surtout dans ce bouge. Les deux hommes de gauche s’esclaffèrent et le gros faillit s’étrangler.

- QUOIII ? La petite doit tourner à 20 la passe et toi…tu t’prends pour une Asarienne ou quoi ? Personne ne peut prétendre à un tel tarif même en ce tapant un bataillon de miliciens vérolés !! T’es totalement ch’tarbée pauvre mocheté.


- Oui…je suppose que voir la marchandise dans ce genre de transaction est la moindre des choses….mais je le vaux…indubitablement.

Lâchant la main de Scarlett à dessein, je la portais à mon capuchon et dégageais mon visage à la lumière ainsi que mes longues boucles rousses cascadant sur mon cou. Je n’étais pas sans ignorer le choc que pouvait procurer la vue de mon visage, c’est ce que j’avais de plus beau chez moi et que je camouflais, un aspect de femme enfant ingénue, un véritable « visage d’ange » disait-on avec ses imperfections comme chacun mais dont la vue pour trois connards en quête d’exotisme pouvait laisser pantois un instant. Et c’est ce qui se passait assurément et ce que je voulais.

L’instant est suspendu.

Me redressant brusquement, d’un geste vif de cette main libre j’attrape le gros à la gorge et précipite sa face rubiconde avec violence sur le bois de la table dans un fracas sourd renversant nos verres. De l’autre je brandis les 15 centimètres de lame de sous la table et la tend droite et meurtrière avec précision à l’intention des deux autres.

Le silence qui suit le coup de tonnerre alors que la foudre vient de s’abattre, la vie s’est arrêtée dans le bar et tous observent dans un silence religieux notre petite scène avide d’une possible tuerie en devenir.

Ma main écrase fermement et avec une force qu’il ne soupçonnait pas le visage de l’homme sur la table, le sang s’échappant de ses lèvres meurtries, alors que à demi debout je murmure comme à un enfant.

- Une transaction est une transaction. Tu viens ici avec ta cohorte de queutards pour du trouble ? Fils de chien, tu t’attendais à tomber sur qui, ou sur quoi ? Tu aurais pu mourir dis fois avant que tu n’ouvres cette éolienne à merde qui te sert de gueule, dix fois j’aurai pu te défoncer mais il y a des règles et ces règles sont faites pour être respectée, putain ! Je pourrais exiger tes couilles en compensation ? Tu comprends ça ou tu veux que je te fasse « la petite école »!?

Je fixe un regard meurtrier sur les deux autres.

- Même chose pour vous…un geste, un seul et ça sera la dernière fois qu’on vous verra gicler quelque chose !


Je reposais mon regard sur le gros qui couinait comme un animal, le redressais alors d’un mouvement puissant avant de le relâcher pour qu’il aille s’étaler comme un pantin désarticulé sur une table mitoyenne sous le cri de surprise des convives. Je baissais mon bras armé en toisant les deux autres. Debout face à eux en protection de Scarlett restée en arrière.

- Ramassez vos merde et barrez-vous, je ne veux pas de problème. PERSONNE ne veut de problème ici. Il y a d’autres putes ailleurs, profitez de votre vie…où elle risque de s’arrêter là.

Les deux sbires se jetèrent un coup d’œil où la peur s’y lisait en toute évidence, ils reculèrent sous mon attitude de prédatrice et empoignèrent le troisième larron pour le redresser et le supporter d’un pas plus que rapide vers la sortie.
Je rangeais ma lame, faisant à nouveau basculer ma capuche et jetais un regard navré à l’intention de Scarlett

- Désolée…je n’aime pas que tu me vois ainsi, on ferait mieux de partir…

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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyVen 8 Jan - 19:06

Des hommes tels que ceux-ci ne me font pas peur. Après tout, malgré quelques têtes de plus que moi, un ventre empli de bière et autre alcool sur une peau transpirante et crasseuse … il n'y avait pas à s'en faire. Ils ne sont que des brutes dépourvues de cerveau en bon état de marche. Pour le peu qu'on sache y faire. Nous autres femmes avons les armes pour nous débarrasser d'hommes comme eux, ou du moins pour faire suffisamment diversion. Ce genre d'événement faisait parti de mon quotidien, et si parfois je pouvais esquiver le problème d'un geste de la main, m'éclipsant dans l'ombre pour fuir les problème, je m'y attardais suffisamment pour briser mon ennui, pour pimenter une vie parfois trop monotone. A quoi bon raser les murs quand on peut s'amuser à faire tourner en bourrique un de ces balourds l'espace de quelques minutes ? J'entends déjà Tom gronder si il m'entendait penser de telles choses … Combien de fois suis-je rentré avec la lèvre entaillée ou encore la joue gonflée après avoir ramassé un coup pour mon impertinence. Mais le lendemain, je retournais provoquer ces armoires à glace.

Du coin de l'oeil, j'observai Aislinn tout en restant attentif aux agissements des trois hommes, visiblement pas très content que la situation ne soit pas à leur avantage. Je pris mon rôle de morceau de viande bien à cœur et resta silencieuse. Connaissant la belle rousse, je savais parfaitement que cela allait dégénérer à un moment donné, ou du moins qu'elle trouverait le meilleur moyen pour tourner le tout à son avantage.

Comme attendu, au premier geste brusque de sa part, je me redresse vivement pour me reculer de la table contre laquelle un des troubles fait ne tarde pas à être plaqué. J'observe le malheureux, le souffle coupé par la surprise. J'avais déjà vu Aislinn agir ainsi, mais ça m'impressionnait toujours autant. Si je ne fuis pas la confrontation, je n'ai sans doute pas autant de force qu'elle, que ce soit la force de caractère ou la force physique … Il n'y a pas à dire, c'est le genre de femme qui en impose, le genre de femme que j'admire. Elle est cette grande sœur auquel je me rattache et à qui je pense avant d'agir.

C'est bouche bée que je me retourne vers mon amie avant de passer mon regard sur les dégâts causés par cet affrontement. Personne n'ose parler, n'ose encore reprendre le fil de leurs discussions, tout le monde reste immobile par peur que la tempête ne sévisse. La tension est palpable dans la salle, mais disparue des yeux d'Aislinn, à qui je finis par sourire avec douceur, me détendant à mon tour. Je m'approche d'elle, replaçant une mèche rousse rebelle sous son capuchon.

-Ils ne nous auraient pas laissé tranquille sinon … Tu as assuré ! Allons-y.

Traversant la salle, j'offre un haussement d'épaule navré au tenancier du bar, perplexe, mais dans mon regard brûle une touche d'espièglerie que je ne peux contenir et qui rend mes excuses silencieuses peu crédibles. Arrivée dehors, je prends une grande inspiration et ramène le col de mon manteau contre mon cou, offrant mon regard au ciel voilé. Le velours me tenait suffisamment au chaud … le genre de parure qui me manquait à l'époque où j'arpentais les trottoirs en quête de clients … Discrètement je sors une petite montre de ma poche pour me rendre compte de l'heure, et me dépêche de la cacher, ne sachant trop bien qu'une jeune Scarlett pouvait traîner dans les parages en quête de butin à dérober. Une petite main se glisse facilement dans ces grands manteaux, trop épais pour qu'on en sente la présence. Avec Gabriel, nous avions convenus d'une heure approximative de retour afin d'éviter toute inquiétude inutile. Cette pensée me fait étrangement sourire. M'en rendant compte, je me force à le faire disparaître et me retourne à nouveau vers mon amie.

-En tout cas ils ne reviendront pas de si tôt ... Il me reste encore du temps libre malgré l'arrivée de ces trois abrutis ... Veux-tu qu'on marche un petit peu à la recherche d'un nouveau divertissement ? Je m'interrompis pour lui adresser un clin d’œil entendu. Ou alors peut être as-tu d'autres obligations .. ?

L'idée de couper court à notre entrevue ne me réjouissait pas vraiment. Ces trois molosses nous avaient interrompus … et je n'avais pas envie que nous nous quittions sur ce fâcheux événement.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyVen 8 Jan - 22:17

(Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) Bloody10



On dit que le diable se cache dans les détails


On dit qu’on finit par mourir de déroger à sa routine.
On dit que si une catastrophe a une chance sur cent d’arriver alors elle arrivera.
Les hommes en ont même fait une loi universelle, enfin d’après ce que j’ai lu quelque part. Je ne sais pas pourquoi mais cette fois ci, cette unique fois, j’ai oublié. Clyde me l’aurait martelé la tête contre les cuvettes des chiottes, il aurait levé les yeux au ciel et laissé sa voix gronder. Oui c’est certain, il n’aurait pas fait bon être dans la salle je crois. Mais voilà.

Il n’était pas là.

Je ne sais pas si c’est le bonheur ou simplement l’insouciance idiote de se sentir vivante, un bref instant, juste une lueur de bleu dans un ciel si lourd et si bas d’un grisâtre déprimant. Mais la voir fraiche et sautillante et emplie de cette vie qui l’étouffe apporte sur mes lèvres un sourire idiot et presque enfantin. Je ne lui ai jamais raconté les forêts denses de mon enfance et cet océan qui roulait dans un fracas hypnotisant sur les rochers usé, cette grande étendue d’horizons en partance vers nulle part. Des souvenirs solitaires, des souvenirs qu’on ne partage pas mais j’ai envie, avec elle, j’ai envie d’un peu plus que toute cette merde, juste un peu d’autre chose. Je ne sais pas. Je me sens moins seule puisqu’elle est là, est-ce pour cela que nous survivons cote à cote ? Juste pour être un peu seul dans un monde vide de tout ? Oh Scarlett j’ai parfois l’âge du monde, tu sais mais avec ton sourire et ton regard étonné chargé d’une innocence charmante sur ta montre, j’ai envie d’avoir ton âge et de vivre comme toi.

Je l’observe en inclinant la tête alors qu’elle m’interroge dans cette ruelle.
Oui, j’ai autre chose à faire mais ce moment-là, il est unique, le reste n’est que l’écume dans cette boue noirâtre qu’on agite. Oui il est encore tôt. Oui je voudrais vivre et danser comme toi et sentir la chaleur de nos souffles avec rien d’autre en tête que la satisfaction d’être vivante.

Je n’y pense pas, une fois plus. Et personne n’y pense pour moi. Sauf le diable qui affine ses détails.

Ma main se pose sur son épaule pour l’arrêter, puis mes doigts effleurent sa joue en une caresse d’affection.

- Scarlett, un jour tu m’as promis…de me laisser faire ton portrait. J’aimerai te dessiner telle que tu es à présent, comme ce soleil qui illumine les rues mornes, ça prendra quoi ? Une petite heure ? Juste le temps d’aller chez moi et de prendre mes instruments…J’ai l’impression que…qu’il faut le faire. ..que quelqu’un doit savoir qu’ici..il y avait des gens comme nous…qui n’étaient pas ce qu’ils laissaient voir, c’est quelque chose qui…




Oui.

J’ai oublié.

Et même là je ne le sais pas encore.

Le coup de feu éclate. Un tonnerre dans une rue pourtant calme. Une deuxième détonation.

Et la douleur me déchire les cotes et me projette sur le côté.

Je ne réalise toujours pas, alors que je vois le visage de Scarlett horrifiée, je ne veux pas tomber, je ne le permettrai pas, mes bras se tendent pour arrêter ma chute et agenouillée dans la crasse, tombée du paradis, je reste là, le visage défiguré par la surprise et le refus alors que je lève les yeux derrière nous.

Le son me parvient étouffé et le monde déjà perd ses couleurs mais je les vois, les deux hommes retenant le troisième éructant et brandissant l’Objet métallique, je réfléchis idiotement à comment il a pu se procurer un calibre de la sorte qui a tout d’une antiquité, les armes à feu sont pourtant rares dans le bidonville, peut-être était-ce un deal, pas de chez nous en tout cas. J’aimerai savoir la marque, c’est idiot mais l’idée m’obsède. Je sens des mains sur mes épaules, Scarlett.
Mon visage se tourne vers elle avec toujours cette même expression d’incompréhension stupide.

Je la regarde sans l’entendre vraiment, noyée dans un flot de pensée. Je voudrais me relever mais je n’ai plus du tout la force. C’est comme si toute ma volonté s’en allait dans la boue avec ce sang qui se repend. Je tourne le visage une fois de plus vers les assaillants qui entrainent avec eux le tireur, ils fuient. C’est ce qu’il y a de mieux à faire après ça…toujours…

Je me souviens alors que ma main se porte sur mon flan où s’échappe le liquide carmin avec abondance. J’ai déjà du mal à respirer et je comprends qu’une des balles a atteint un poumon. Je me souviens oui.

La règle.

Lorsque tu cognes un adversaire dans un deal, arrange toi toujours pour assez l’amocher pour qu’il n’y revienne pas de suite. La casse est toujours la plus simple des solutions car elle entraine l’immobilité. Et l’immobilité fait réfléchir et éloigner toute idée d’une impulsive vengeance. C’est la base du métier, l’un des premiers réflexes inculqués et enseignés.

Une chose simple.

Un détail que j’ai oublié.


J’ai merdé en beauté et je n’ai même pas prêté garde à la rue et à ses bruits. La joie est assassine, elle tue les petits enfants trop bruyants.
Je regarde ma main couverte de sang et les couleurs s’estompent dans un gris étrange. Cette fois je m’écroule sur le côté même si je sens les bras chaud de Scarlett contre moi, je vais tacher sa robe avec tout ce sang, mon dieu je ne voulais pas ça.

Ma respiration est saccadée alors que ma main enserre avec force la sienne.

- P..pardon…pour …pour la robe.

Je n’ai jamais pensé à cet instant et maintenant que cet instant me fuit, je ne pense à rien d’autre qu’au ciel. Au ciel et à son bleu de l’enfance, ce bleu qui m’a tant manqué au point que j’ignore comment le dessiner. Mon esprit est embrouillé.
Ça ne changera pas la face du monde, c’est un non évènement diront certains. Mais alors que j’y fais face, là non plus je me résous pas, non.
Je ne me résous pas à entrer paisible dans la torpeur.

Pas tant que je n’aurai pas revu…



Ce bleu.






Hrp : Aislinn est à présent à demi consciente, en tout cas plus en état d’agir. A toi de prendre la suite et de décider ce que tu peux faire d’elle 
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyDim 10 Jan - 18:21

Sa main, la douceur de ce contact contre ma joue … Puis plus rien. Enfin si. Il y a cette détonation qui me fait sursauter, et les doigts d'Aislinn qui quittent ma joue contre sa volonté. En cet instant, mon cœur s'arrête, se stoppe net, tentant de comprendre l'expression indéchiffrable dans le regard de mon ami, de comprendre ce qui est en train de se passer en cet instant. Pourquoi ? Pourquoi ses jambes ne parviennent-elles plus à la porter ? Pourquoi son flanc se tâche-t-il de rouge ? Pourquoi sa peau devient-elle livide ? Pourquoi son regard semble-t-il soudain si lourd ? … Progressivement, je l'accompagne dans sa chute, tentant de tout faire pour ne pas la laisser s'étaler contre ce sol boueux, mes bras l'enroulant, la soutenant tant bien que mal tandis que je ne cesse d'appeler son prénom, mais elle ne réagit pas. Pourquoi …

Je suis là, à genoux dans la poussière, appelant à l'aide jusqu'à m'en briser la voix. Mais personne ne me répond. Les gens ont détalé suite à la détonation et les derniers présents restent là, inertes, à admirer le spectacle cruel de la vie. Je secoue Aislinn. Elle ne réagit plus. Sa main qui serrait la mienne si fort se détend peu à peu jusqu'à retomber mollement, ne laissant dans la mienne que les traces de ce liquide carmin. Je tapote sa joue, continuant de l'appeler. Toujours aucune réaction. Elle est glacée. Rapidement, de mes mains tremblantes, je retire mon manteau pour envelopper la rousse inerte dedans.

Pardon pour ta robe me dit-elle … Idiote. Tais toi donc. Qu'est ce qu'un bout de tissu face à la préciosité d'un lien tel que le notre ? Un vêtement ça s'achète. Pas toi. Pas moi. Enfin, pas en ce qui concerne ce qui nous unit …

A nouveau, je lève la tête pour appeler à l'aide. Mais la foule toujours reste silencieuse, immobile dans son incompétence et son impertinence à ne pas se mêler des problèmes des autres. Alors je les insulte, de toutes mes forces et de tous les noms existants dans ce monde. Je confie également à l'obscurité mon désir vengeresse de retrouver celui qui a eu le malheur de pointer son arme sur elle et la promesse de lui faire connaître plus de souffrance qu'il ne saurait jamais encaisser ... Ma vue se brouille et des larmes de rage perlent sur mes joues. Je respire fort, trop même. La panique et l'angoisse me tétanisent, battant dans mes tempes un rythme effréné, glaçant mon sang et troublant ma vue. Tout ce sang … Malgré l'obscurité, je peux voir ce liquide rubis former un halo sur le flanc de la malheureuse, de plus en plus large, scintiller dans la nuit noire … Je peux le voir quitter les joues de mon amie … Dans un élan de lucidité, j'attrape un pan de ma robe pour l'appuyer contre la blessure et ainsi tenter de réduire l'hémorragie.

Rageusement, j'essuie mes larmes, laissant sur mon visage une traînée rougeâtre et plonge ma main dans le manteau qui couvrait désormais Aislinn. De l'aide … je devais trouver de l'aide. Pour la transporter. Pour la soigner. Je ne cherche même pas et compose le premier numéro qui me vient à l'esprit. Gabriel. La sonnerie me semble interminable avant que je ne l'entende décrocher. Je ne le laisse même pas parler que de ma voix tremblotante et mal assurée, j'appelle une troisième fois à l'aide, mais cette fois à une personne sur qui j'avais appris à compter.

-D..de l'aide. Je vous en prie … Mon amie … du sang …

Je m'interromps, le temps de rassembler suffisamment mes esprits pour sortir une phrase suffisamment intelligible et tente de contenir les trémolos de ma voix.

-On lui a tiré dessus … devant le Concorde … Ell... elle ne réagit plus … je ne sais pas quoi faire.

Impuissante. Incompétente. Je suis figée par la peur, moi la gamine, l'innocente … Innocente face à un monde qu'elle sait cruel mais dont elle ignore encore toutes les atrocités. Alors, en attendant qu'on nous vienne en aide, je ne peux qu'espérer, tenant cette amie soudainement si fragile entre mes bras tremblants, maintenant ce morceau de tissu contre sa plaie.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyLun 11 Jan - 22:19

A.U.R.I.S. Studios, 23.48 pm

Une soirée à se vider la tête, une soirée de débauche musicale durant laquelle j'entraîne mes complices habituels, plus quelques autres. Les fans m'adulent pour mes textes épiques ou d'un romantisme cynique, mes compositions flirtant avec le classique ou l'opéra sans aucun complexe, mais ils ne connaissent pas le Gabriel Laymann qui se lâche totalement. Ils ne connaissent pas cette autre musique qui sort de ma tête . Et pour cause. Je ne veux pas qu'ils la connaissent. Pas encore. Ils en feraient au mieux une expression décadente du mal-être de leur jeunesse dorée, au pire un objet de censure de la part du gouvernement. Trop dérangeante, trop visionnaire, et s'ils pouvaient savoir à quel point. La rage, le désespoir d'une extinction annoncée, le balancement frénétique, halluciné de nos chevelures. Enfin, celle de l'ancien Gab que je me paie le luxe de faire revenir pour le coup. Zack et les autres n'ont pas de souci avec leur tignasse. Elle pousse naturellement, leur confère un air de romantisme suranné mâtiné de machisme post rock'n'rollien. Ils sont grands et baraqués. Pas un pet de graisse, mais du muscle et de la jeunesse insolente, la fougue et le regard de braise. Moi, j'ai déjà trente quatre ans, je suis petit, mes cheveux n'arrivent plus à dépasser mes épaules. Ne cherchez pas pourquoi. Les cheveux n'aiment pas trop les déstructurations moléculaires.

Dans mon jeune âge, ils me tombaient sur les fesses et avait la douceur et le brillant de la soie. Maintenant ils ont blondi naturellement et tiennent plus de la botte de foin fichée sur le crâne et qu'il faut discipliner. Après tout, comme dirait mon cher Zack, quelle idée aussi de s'appeler "Scarecrow". Ah bon, parce qu'il aurait fallu qu'on s'appelle Laurayalle pour valoir quelque chose sur le plan capillaire ? D'ailleurs peu importe au final, les fans, et les femmes, sont dingues de mes chapeaux et de mes cheveux absolument "imprévisibles", parfois branchés sur 10 000 volts, parfois plaqués par la sueur. Mais ce soir j'arbore la crinière de mes jeunes années et la balance en rythme avec mes comparses en gruntant comme un dément. Aaaah oui, c'est vrai, qui sait encore ce qu'est grunter ? Pour le coup ça conviendrait mieux au bidonville, aux abysses ou aux sommets de la grande barrière des Terres sauvages. Aaaah être Immortal sur le toit du monde ou dans un fjord de Norvège ... Bref Je vide mon esprit  et pour l'occasion j'ai aussi sorti la basse, parce que la basse, c'est la classe... Je vide aussi quelques imitations des antiques Skölls et bientôt, vu que les gènes de papa/maman ne m'ont pas prémuni contre les effets de l’Éther, je répandrais quelques merveilles à vos pieds. Bon Dieu, que ça fait du bien de retrouver parfois ses facultés primaires et de se laisser porter par des rythmes et des sonorités pas si simplistes que ça. De laisser sortir cette brutalité rauque qui vous remonte les entrailles et les poumons. Zack lui-même est mort de rire. On est comme des gosses qui ont découvert une caisse de feux d'artifices. Il vient de péter une corde au sens propre. Le break s'impose.

- Gab, ton portable !

Je déconne encore sur ma basse avec Fez qui donne du double blast. Zack gueule.

- Ton portable, Boss ! Et ça insiste !

Je l'avais posé sur un des racks et ce guguss a vu qu'il s'allumait ... Sérieux, il me surveille comme une nurse. Ou alors, il s'intéresse de près à ma vie privée. C'est nouveau ... J'attrape mon portable et une serviette au passage pour m'éponger les cheveux. Je fais signe à Fez de calmer ses baguettes.

- Hein, comment ça du sang ?  Scarlett ? C'est toi ? Tu es blessée ?


Tout s'est figé autour de moi. A part Zack qui fait une grande enjambée en avant et fait mine de l'ouvrir. Je lève la main pour lui faire comprendre qu'il doit la fermer. J'entends déjà un mot sur trois.

- Dis-moi où tu es ...

Le  "on LUI a tiré dessus" me rassure à moitié. Elle a devancé ma demande. Le Concorde... Ce tripot de trafiquants en tous genre, une véritable plaque tournante qui n'a d'équivalent que l'Underworld en plus ... Under. L'engueuler me traverse l'esprit une fraction de seconde. Qu'est ce qu'elle fout là-bas à une heure pareille ? D'accord, elle n'est officieusement plus mon esclave ...D'accord, elle est sensée disposer de son temps libre comme elle l'entend. Mais le mot "ami" soulève un déplaisir dans mon esprit, comme une pointe que je m'empresse de convertir en une simple préoccupation paternaliste d'employeur. Ok, elle avait un rencart avec un type certainement pas fréquentable et le mec s'est fait tirer dessus. Génial ! Je passe de Black Velvet True Metal à la mort s'invite et vous troue. Une minute ... Elle a dit "ELLE". Ok elle est avec une fille qui vient de se faire trouer la peau... Ça ne change objectivement rien à mes yeux. Les petites frappes sont autant des mecs que des teigneuses dans le Bidonville, j'en sais quelque chose. Et le fait que mon ex esclave puisse être une nostalgique de Lesbos ne me surprendrait pas tellement. Après tout, sa vision des mâles doit avoir pris autant de coups qu'elle s'en est tapée. Ce que je retiens, c'est qu'il y a une presque morte à proximité d'elle et qu'un témoin d'homicide peut très vite devenir aussi un cadavre. Les gars n'ont pas eu le temps de comprendre qu'un "zuip " a déchiré l'espace, ne laissant dans le studio que la serviette éponge qui retombe mollement au sol.

Bon, disons-le tout de suite, j'ai l'air un peu con avec le t-shirt trempé et ma tignasse, à apparaitre au milieu de la rue, comme ça, sans crier gare ! J'ai tôt fait de la repérer, penchée sur un corps qu'elle tient à moitié serré contre elle. Je m'avance et je ne percute que tardivement qu'elle ne "peut" pas me reconnaître, du moins de loin. Ne pas l'affoler.

- Mademoiselle, vous avez besoin d'aide. Votre amie est blessée ?

Je suis déjà agenouillé au dessus du corps inerte. Une jolie rousse au physique atypique, entre la gamine et l'elfette de cuisine. Merde une gosse, quoi. J'évalue rapidement la gravité de la situation. Elle est en train de se vider de son sang.

- Bon, il ne faut pas rester là. Ils peuvent revenir et de toute façon, il faut la transfuser sinon elle va y rester dans quelques minutes.


Scarlett me fixe d'un air hagard, en état de choc et certainement perplexe face à la gueule de ce bon samaritain sorti d'un éclair de lumière et qui sent une espèce d'odeur étrange, un mélange de transpiration et de plastique fondu, dont les cheveux semblent branchés sur un générateur mais qui, pourtant, lui semble vaguement familier.

- Scarlett, c'est moi ... Gabriel ... Laisse-moi prendre le relais.


Je la pousse pour appliquer le point de compression puis je ferme les yeux et me concentre sur sa silhouette. Elle s'estompe pour disparaitre totalement. Elle doit à présent se trouver dans la suite. Je prends la petite rousse dans mes bras et renouvelle l'opération. On connait toujours le support de départ mais jamais celui d'arrivée. Même si je maîtrise de mieux en mieux la destination, pris au dépourvu ou fatigué comme je le suis ce soir, l’atterrissage est aléatoire. Il vaut mieux que j'amortisse le risque. J'ai plutôt bien géré le double déplacement, surtout dans un laps de temps aussi serré. A mon arrivée Scarlett est assise sur le bord du canapé, en train de renifler. L'air complètement paumé. On le serait à moins. J'allonge la rousse sur le divan et secoue un peu mon ex esclave.

- Vas dans la salle de bains, tiroir du bas du meuble colonne, tu pousses le fond. Un compartiment va s'ouvrir et tu y trouveras une mallette. Apporte-la moi. Bouge-toi ! Elle se vide de son sang !


Pendant que Scarlett réagit, j'en profite pour évaluer les dégâts. Je déchire le tissu du vêtement. Il y a une entrée dans le dos, sous l'omoplate, et la sortie juste sous le sternum. C'est moche. Elle a une double perforation du poumon. Je me penche sur l'orifice de sortie. Le liquide s'échappe en formant des bulles. Elle est en train de se noyer dans son sang.

- Bordel ! Putain de bordel de merde!


Je marmonne entre mes dents et je pense à une époque lointaine, un autre presque cadavre, un autre type essayant de retenir la vie qui s'enfuit. Scarlett revient avec la mallette et me la tend. Je secoue négativement la tête.

- Non, je dois maintenir mes deux poings de chaque côté, sinon elle va clamser, tu comprends ça, Scarlett ?


Elle me regarde à travers ses larmes. Je cherche à accrocher son esprit. Il faut qu'elle n'écoute plus que ma voix et pas les râles de sa copine qui commence à vomir du sang.

- Écoute moi bien. Tu dois me faire confiance. On a une chance de la sauver. Cette mallette est un kit de transfusion. Il faut la transfuser.


Elle me regarde hébétée et commence à remonter sa manche.

- Non, pas toi. Ça ne suffirait pas... Pas avec une telle blessure. Tu vas monter la transfusion entre elle et moi.

Je ne suis même pas certain qu'elle supportera mon sang, pas plus qu''il suffira à la faire tenir jusqu'à l'arrivée d'un vrai médecin, mais j'ai vu des choses assez surprenantes et des blessures graves se guérir grâce au bloodhaler contenu dans le sang d'un Asarien. C'est bien la seule vertu qu'on peut y trouver. Et de toute façon, elle n'en a plus que pour quelques minutes si on ne tente rien. Je désigne le creux de mon bras gauche à Scarlett.

- Tu dois trouver la veine et insérer l'aiguille sans laisser d'air. L'autre extrémité du dispositif tu dois le lui planter ici. Dis-je en désignant le bras de la blessée. Tu dois ensuite à actionner le piston afin de fermer le circuit en anoxie. Ce doit être étanche.

J'essaye de me souvenir de nos cours de survie dans notre bunker de jeunes fous que j'avais fondé jadis et aussi des notions de soins que Jeko m'a inculqué.

- Il ne faut pas injecter d'air. Ça la tuerait. Il ne reste plus qu'à espérer que notre groupe d'origine est compatible... Allez, Scarlett, à toi de jouer ! Tu peux le faire ! Tu dois le faire, si tu veux la sauver ! Et quand ce sera fait, tu composeras le 388 456 212  sur mon portable, et tu demanderas à parler au Professeur Lee de la part de Gabriel Laymann. Tu mettras le haut parleur. Il est dans ma poche. Mais d'abord cette putain de transfusion.

Je détourne le regard pour la laisser me piquer et fixe la silhouette immobile dont je tiens la vie entre mes mains. Pourquoi cette chevelure rousse me rappelle-t-elle quelqu'un ? Que fout donc Crowford pour avoir laissé une tel merdier se produire dans son secteur ? Normalement, chaque remise à zéro se fait avec mon aval et si je n'étais pas au courant, c'est que c'est une histoire de deal parti en couilles ou une histoire privée partie en sucette. Mais depuis quand laisse-t-on les histoires privées mettre en péril nos affaires ? MES AFFAIRES ? Je dois contacter Clyde. Mais avant, il faut sauver cette gosse, parce que je NE SUPPORTE PAS le désespoir qui est en train de tuer l'étincelle dans le regard de Scarlett...


Dernière édition par Gabriel Laymann le Sam 23 Jan - 18:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyMar 12 Jan - 21:07

(Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) Lily-c10


Mon pays, Mon sang, Ma rue
Sont dans tes Yeux
Je les ai vu
.



Arène de combat clandestins, il y 2 ans.

La foule et les cris, le brouhaha ambiant et une étrange atmosphère presque électrique, ça sent le sang, la transpiration et l’urine. Mais bien au-delà, il flotte une flagrance inédite et presque entêtante, c’est comme un parfum de désespoir et de bestialité. C’est ivresse aveugle de la Nature Humaine dans ce qu’elle a de plus terrible et de plus imbécile, un abrutissement primaire sur lequel s’est élevé l’orgueil des nations par la simpliste promesse d’un rêve de richesse ou le paiement gratuit d’un frisson grégaire en une adrénaline pure et sans concession, pas de compromis au final, pas plus que de rêve : de l’héroïque factice sous une réalité de pathétique, du franc et du brutal. Un soixantaine de personnes s’excitent et éructent injures, encouragements inaudibles, prières profanes adressées au dieu chance. Ce qui se passe au centre de l’arène n’importe pas, pas plus que la technique ou la souffrance. Ce qui compte, c’est la mise et la marge précieuse qui sépare un gain d’une perte. Qu’on l’appelle victoire ou défaite ne compte pas plus que ceux qui se leurrent à y voir un jeu.

L’excitation est orgasmique alors que le bruit mat des coups de chair contre chair ponctue parfois le départ d’envolé de nouveaux viva. A l’abri de l’anonymat de la foule, ils observent bousculés par les mouvements de la foule.
Comme Clyde s’est fait insistant, alors il est venu. Peut-être est- il étonné de  la puissance physique qui se dégage de ce frêle bout de femme pourtant couverte d’ecchymoses qui assène ses frappes comme des coups de massue. Peut-être est-il étonné de ce visage à peine tiré de l’enfance sous son crane quasi rasé où l’on devine la rousseur d’une chevelure sacrifiée. Peut-être se demande-t-il comment une quasi enfant comme elle peut encaisser et revenir, comment elle le peut depuis tant de temps au point d’avoir forgé une légende de trois lettres gravées sur son épaule, incrustées sur sa chair de porcelaine comme une injure. Mais ce que lui a promis Clyde n’est pas encore arrivé mais il sait que Clyde connait mieux les gens qu’ils pensent eux-mêmes parfois se connaitre et qu’il ne se trompe jamais. Un coup porté plus haut la déstabilise et la voilà qui chute sous les hurlements redoublant des parieurs, elle crache le sang et relève le front. Et c’est là que ça arrive. Qu’importe ce qui s’est passé avant ou ce qui se passera, c’est cet instant si frêle, si fugace, si insignifiant.
Relevant le visage, leurs regards se croisent.
Elle ne le voit pas, non. Dieu sait qu’elle ne voit personne.
Mais ce regard.
Un univers d’émotions en ces yeux à qui sait voir, un océan de souffrance et de nuit à qui s’y est un jour perdu et une abysse profonde et vertigineuse avec  partout autour des déchirures d’un bleu de pureté sacrifié comme un ciel né au matin du monde et écartelé à la fin de ce même monde. Tout est là, brulant d’une abnégation indestructible, d’une colère extinguible et pourtant dans ce brulot d’humanité qui logiquement ne pourrait subsister dans un tel lieu, il y a cette volonté entêtante de vie, de dépasser, d’aller jusqu’au bout de toute chose. C’est un tout tellement évident qu’il en est devenu un rien. Mais ce regard aveugle glacerait d’émotion ceux qui se sont brulés les ailes au même démon, ceux qui savent, ceux qui sont passé où elle se trouve actuellement. La lumière survit dans ses ténèbres et la vie elle-même se débat en un grand hurlement que personne n’est en mesure d’entendre. Elle est descendue, elle y a nagé et elle a appris, chose incroyable à envisager, à y vivre.
Clyde l’a vu, comme de toute évidence cet accident de jeu de regard lui permet de le voir aussi. Il ne dit rien, il observe. Il sait déjà qu’elle gagnera, il sait déjà qu’elle gagnera encore et encore, c’est ce qu’elle est devenue : une survivante. Il sait aussi que la seule personne qui y mettra fin n’est autre qu’elle-même. La voix de Clyde le rappelle au monde
- Vous avez vu….
Il esquisse un sourire satisfait. Ce n’est même pas une question alors elle n’appellera pas de réponse. Oui il a vu, oui il fera ce qui doit être fait.



****************************************************


Les ténèbres.

Les ténèbres et le froid.

C’est rassurant, c’est reposant. Je sais que je n’ai plus rien à faire. Plus d’entrées sur ce putain de carnet, plus de « feuilles de route ». Plus de baises sordides pour se sentir moins « vide », plus de défonce pour s’empêcher d’être dévorée par les remords, plus de matin dans les rues boueuses, plus de jurons contre des excréments humains que j’écrase dans les marches d’escalier, plus de douleurs lancinantes de ces putains de règle chaque mois, plus de coups portés, plus de coups reçus, de paroles aussi tranchantes que ma lame, de faux sourires, de faux rêves, de faux tout.  J’attends juste mon train mais cette nuit qui m’enveloppe m’agace infiniment  pour tout dire. Ce n’est pas ce que j’avais prévu, pas ça en tout cas. Je n’ai pas de regret de laisser les autres derrière, c’est la loi des bidonvilles : chacun ses merdes. J’ai fini de courir. C’est mon tour.
N’empêche.


N’empêche fait chier !


J’ai de plus en plus de mal à formuler des pensées, à schématiser des idées. Tout s’embrume, tout s’emmêle.
Confortablement….
Profondément.


Et puis une lumière brutale et violente dans mon âme.
C’est chaud, pénétrant et douloureux.
Quelque chose…qui s’introduit. Pénétrant et brulant comme ma première fois. Mon bras….c’est mon putain de bras !!!
J’essaye de hurler mais un gargouillis sifflant s’échappe de ma gorge et m’étouffe, je me redresse avec une violence brutale et j’ouvre un regard terrifié sur ce qui m’entoure.

Un homme.
Ses mains sur mon corps dénudé, je ne sais pas ce qu’il fait, ce qu’il veut, ni où je suis. Je réagis au quart de tour avec mon bras libre et l’attrape droit à la gorge avec une dextérité furieuse. Mon regard se plante dans le sien, le harponne. J’ignore qui il est, pourquoi il est là. La rage bouillonne, supplante cette incapacité à respirer correctement, mon souffle n’est qu’un sifflement éraillé mais mon étreinte est précise et j’y porte toute ma force pour le maintenir à bout de bras, écrasant sa trachée.

Des cris.
Qui ?
Quoi ?
Tout est si confus….
Un nom hurlé, répété par une femme.
Je connais ce nom.
Dusk ?
Dusk etait ce cela ou...

Red.

C’est mon nom….pourquoi…pourquoi…qui est l’ennemi ? qui est l’ennemi…
Je ne le lâche pas, mes iris plongés dans les siennes comme pour le consumer, l’avaler et l’entrainer dans ma chute avec moi. Il ne réagit pas. Tout est si lent. Ses yeux….des yeux miroir, ils m’intimident mais je ne lâche jamais ma proie.
Mais qui est-il ?

Qui es-tu ? Qui es-tu ? Réagit ! Combats ! Je vais te tuer ! TE TUER !!!

Elle continue à hurler, me secoue mais je ne lâche pas, le tenant d’un seul bras avec une force impensable, le tenant dans mes yeux. L’y noyant. Que vois-tu ? Qu’est-ce que tu peux bien y voir ?

AISLINN  ?
Elle a dit "Aislinn"...

C’est différent…c’est…c’est mon nom…c’est…ce que j’étais…ce que je suis.
Mon regard se baisse alors que mon étreinte stoppe son écrasement. Doucement je tourne enfin la tête vers elle et je la reconnais. Je sais qui elle est. Je sens ses larmes sur mon corps…je sens sa tristesse…la chaleur de son affection…Je me souviens.

Lentement je lâche la gorge de l’homme et mon bras retombe inerte sur le lit. Je ne la quitte plus des yeux. Je sais….

Je sais qu’elle ne veut que mon bien.

Je ne comprends toujours pas ce qu’on me fait, les ténèbres m’enveloppent à nouveau alors que la nuit tombe et que mes paupières l’accompagnent.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyVen 15 Jan - 21:05


Souffle court, les mains tremblantes, je ne cherche même pas à croiser mon reflet dans le miroir à côté duquel je passe lorsque je me précipite vers le meuble contenant le nécessaire à perfusion. Je ne m'y verrais pas de toute manière. Car derrière ce rideau de larme se trouve une gamine terrifiée à l'idée de perdre à nouveau un être cher, d'avoir sa vie entre mes mains ... Tout ce sang ... Trop de sang perdu.
Se ressaisir, respirer … et calmer ces battements de cœur qui m'assourdissent, tambourinant dans mes tympans. Aislinn a besoin de moi. C'est à mon tour de l'aider. Elle avait tellement fait pour moi qu'elle avait intérêt à survivre car je n'ai pas encore fini de la remercier pour tout ça.

Je fais en sorte de ne me concentrer que sur les mots de Gabriel, le tube à perfusion dans les mains. Je sèche mes larmes d'un revers de manche et souffle un bon coup histoire de calmer les tremblements de mes mains. Ça n'est certainement pas le moment de trembler, une aiguille entre les doigts. J'oublie que je n'ai aucune notion en médecine, que je ne sais absolument pas comment m'y prendre, et n'écoute que les conseils de Gabriel. Tenant son bras d'une main, suffisamment fort pour ne pas qu'il bouge et pour contenir mes tremblements, je vise la veine visible à l'intérieur de son coude et réitère l'opération avec le bras d'Aislinn, ses veines moins facilement repérables. Mais avec chance, je pique en plein dedans. Ca n'est qu'après avoir actionné le piston, que lorsque je vois le liquide carmin s'échapper du bras de Gabriel pour rejoindre celui de la malheureuse que je respire à nouveau.

Maintenant le téléph... J'allais attraper le téléphone du chanteur quand je vois la main de mon amie enserrer son cou. Je fais donc volte face. Passé le soulagement de la savoir vivante, l'inquiétude me saisit et je me précipite sur elle pour tenter de la faire lâcher prise, appelant sans cesse son prénom. Mais encore une fois, elle ne me répond pas. Mon regard passe de l'un à l'autre, puis sur la transfusion... Trop de mouvement risquait de la faire sauter et ça, je n'ai pas besoin d'être infirmière pour le savoir, cela n'est pas bon du tout. Je l'intime au calme, lui répétant qu'elle n'a rien à craindre. Et enfin je rencontre son regard clair rendu trop livide. Je tente un sourire maladroit pour l'apaiser … mais un hoquet m'échappe quand elle tombe à nouveau inanimé.

Mon regard inquiet croise celui de Gabriel. Inquiète pour lui aussi … La prise de la rousse avait été forte. Et bien que consciente qu'il s'agisse d'un Asarien – plus fort qu'une humaine affaiblie – je ne pouvais m'empêcher de m'en faire … Trop de stress, trop de nervosité … J'allais le questionner, mais je n'avais toujours pas appelé ce fameux professeur Lee. Je ravale donc mes questions après m'être assuré qu'il aille bien et plonge ma main dans sa poche pour en sortir son téléphone et composer le numéro. Les chiffres qu'il m'avait dicté un peu plus tôt me revinrent tout de suite en mémoire. Instinctivement, presque sans m'en rendre compte j'avais attrapé la main du bras transfusé de Gabriel dans la mienne, dans un mélange de remerciement pour être intervenu si vite, d'inquiétude, comme une attache pour garder suffisamment de calme … toute une multitude de sentiments partagés silencieusement dans une infime étreinte. Quelques bip plus tard, une voix de femme se fait entendre à l'autre bout du fil.

-B..bonsoir. Je .. je cherche à joindre le professeur Lee …

Un silence.

-C'est de la part de Gabriel Laymann.

Nouveau silence jusqu'à ce ça soit une voix d'homme qui réponde. Je m'empresse donc d'activer le haut parleur, déposant le téléphone à proximité de Gabriel. Pendant que les deux hommes discutent, ma main libre passe sur le visage de mon amie à côté de laquelle je m'accroupis. Je respirais déjà plus calmement qu'au début même si le stress continue d'animer mon corps.

-Aislinn …Je suis là. Tu n'as pas à t'en faire d'accord ? On s'occupe de toi. Et … tu peux lui faire confiance. Murmurais-je proche de son oreille, ma main caressant doucement sa chevelure de feu, pas certaine qu'elle m'écoute mais convaincue par chacun de mes mots.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptySam 23 Jan - 21:17

♪ ♫:

L'instant suspendu, les yeux fermés, la Fantasie Impromptu jouée par une petite poupée. Cette vidéo d'archive datant d'avant le pluie de feu m'avait fasciné lorsque je l'avais vue pour la première fois chez Leroy, le seul ancien auquel je vouais une admiration sincère. A cette époque, je devais avoir seize ans et je commençais tout juste à maîtriser assez le piano pour jouer Chopin honorablement. J'avais été fasciné par la beauté de cette jeune pianiste et par la pureté de son jeu que je n'égalerai jamais. Elle incarnait aux yeux de l'adolescent tourmenté que j'étais, la perfection faite femme et la Déesse de la musique. Plusieurs fois, à chacune de mes visites, j'avais demandé à Leroy de repasser ce film.

Pourquoi cette musique s'impose-t-elle à moi ? Pourquoi en ces circonstances dramatiques ? La main jaillit comme un serpent et me saisit la gorge pour ne plus la lâcher. Je ne cesse pas pour autant la pression de mes poings. J'ouvre les yeux et je croise les siens. Une douloureuse réminiscence. Une folie qui en percute une autre. Les Abysses insondables m'apparaissent et au fil des notes je laisse la vie s'éloigner de moi tout en la retenant en elle. Il est clairement écrit sur ce parchemin oublié que je dois mourir des mains de ce que je tente de sauver. Pourquoi pas elle ? La vie est tellement absurde et obscène. Elle pourrait me refuser l'accomplissement de mon œuvre juste pour se foutre une dernière fois de ma gueule. Et alors ? Si tel est mon destin, je ne m'y déroberai pas. Cette étreinte qui empêche l'air d'arriver à mes poumons n'est que l'expression de la vie qui se bat pour rester en elle. Je l'ai vu se battre, et quelque part, je l'ai déjà sauvée une fois. D'elle-même, de cette pute de vie, de sa salope de sœur, la Mort. L'autre côté d'une même pièce. Tout me revient en bloc. Ce poil roux coupé court partiellement, ce regard d'un bleu indécent et cette affreuse béance sur ce qu'est mon âme. Je souris mais pas pour Scarlett ou Red, c'est son nom qui doit être gravé sur la chair de l'épaule que je n'ai pas dénudée. Je souris pour QUELQUE CHOSE que je suis le seul à voir. QUELQUE CHOSE qui veille tapi dans un coin obscur de la pièce. "A la tienne, espèce de garce !"

Mais l'étreinte se relâche et la voix de Scarlett me retient de franchir le seuil et de faire un pas vers ce qui me réclame. Comme tiré en arrière je sursaute et reviens à cette réalité. La gamine est à nouveau inerte et je pourrais penser avoir rêvé ses doigts nerveux sur ma gorge si je ne sentais encore leur empreinte sur ma peau. Elle doit compter beaucoup pour ma protégée... mon employée, rectifié-je mentalement. Je vois bien la fébrilité de celle-ci, sa diligence à faire ce que j'ai ordonné. J'entends la voix de Lee sur mon portable.

- Bonsoir Professeur, j'ai besoin de vous ...

- Bonsoir Monsieur Laymann... Je croyais que nous ne devions jamais avoir de contact téléphonique impliquant un tiers ? Qui est cette personne qui a parlé avant vous ? Ce doit être grave pour que vous mêliez quelqu'un à ... Enfin ... pas irrémédiable puis que vous pouvez m'appeler, c'est que vous êtes encore de notre dim... hmm monde. Des soucis de transport ? On a enregistré deux STHV* dans le secteur 12. C'était vous ?


- C'était moi ... mais ...

Soupir au bout de la ligne. Lee n'est pas un mauvais bougre. Comme tout médecin digne de ce nom, il s'inquiète pour son patient.

- En moins de 50 secondes ? Vous n'êtes pas sérieux Gabriel !


- 43 pour être précis. Et la vie me laisse rarement l'occasion de l'être ...


- Vous jouez avec le feu...

- Comme si c'était nouveau ... Mais il ne s'agit pas de moi. J'ai besoin de vous. J'ai un homme à terre, enfin, une femme. Blessure par balle, double perforation du poumon gauche. Hémorragie interne, probable thrombose. Jamais le bloodhealer ne suffira .

- Hmm difficile de se prononcer par téléphone.


-Alors venez ! Prenez un putain de taxi et venez.


- Il est tard Gabriel ... Si cela ne vous concerne pas directement ... il y a les urgences ...

- CA me concerne directement ! Vous croyez que je serais en train de vous parler, sans cela ?


- Si ce que vous dites est vrai, elle sera déjà morte, le temps que j'arrive.

- Je suis en train de la transfuser ... Elle tiendra assez longtemps pour vous attendre.


Hésitation du type qu'on tire de ses occupations.

- Il faudrait probablement poser une canule pour évacuer le sang sinon elle va s'étouffer.

- Je sais bien. Je l'ai mise sur le côté. Mais ça ne suffira pas. Le temps que mon blood healer la répare, elle se sera noyée dans son propre sang. J'ai de quoi poser une canule mais pas l’asepsie nécessaire. Je ne suis pas équipé pour le faire sous champ stérile.

- Son bloodhealer combiné au vôtre vous laisserait probablement le temps de la transporter jusqu'à l'Hôpital ...

La voix de Lee avait ralenti au fil de son raisonnement.

- Laymann ? Vous n'êtes pas en train de me dire que vous me demandez de me déplacer pour sauver une humaine ? C'est ça ? Sinon vous l'auriez conduite directement aux urgences!

- Vous avez tout compris, mais vous allez venir au plus vite. Vous me devez bien ça, et plus encore !

- Hors de ques ...

- On perd un temps précieux! Si vous n'êtes pas là dans quinze minutes, je balance toutes vos petites expériences secrètes sur les champs gravitationnels. Je mets tout en ligne. Le Gouvernement n'aura qu'à se servir et apprendra du même coup que vous la jouez en solo.

- Vous êtes un enfoiré Laymann ! C'était pour vous venir en aide ...

- Au début oui, mais maintenant vous vivez de l'aide que vous m'avez fourni ! Quel bond inexplicable dans vos recherches, ces dernières années, n'est-ce pas ! A quel cobaye le devez-vous ? Rappelez-moi son nom ? Alors, je crois que l'enfoiré, c'est vous, Professeur...

- Bon... Je suis là dans dix minutes !


- N'abusez pas, Lee. Vous ne disposez pas encore de la STHV*.  Soyez prudent. Nous avons besoin de vous !


Il a raccroché. Je me tourne vers Scarlett et lui désigne la porte de la cuisine d'un geste péremptoire.

- Va me faire du café!

- ...

- Bouge -toi si tu veux que je garde les yeux ouverts. Tu crois que je suis une batterie atomique ?  Inépuisable ? Je t'ai vraiment donné de mauvaises habitudes au lit.
Ajouté-je, affichant un sourire indéfinissable.

Puis je reprends l'air préoccupé:

-Et avant d'aller faire ce café, appuie sur la touche 6 trois fois et pose le portable à côté de moi, sans haut parleur cette fois... Tu sais, je n'en ai pas vraiment besoin ... C'était pour toi...

Dès qu'elle s'éloigne je murmure  à mon interlocuteur qui attendait que je prenne la parole, précaution établie dans nos codes.

- C'est moi... Le secteur 12 est en code rouge. Vous avez une explication ?

- Trouble d'ordre privé mais tout est désormais sous contrôle. Les éléments perturbateurs sont déjà au congélateur.


- On a un agent HS. Rayez-le de la liste. Vous savez qui.

- Regrettable ...

- Très regrettable, en effet.

- On peut peut-être négocier une mise à l'épreuve avant remise sur le terrain ? Elle était performante et il n'y avait jamais eu d'incident avant ce soir.

- Vous appelez ça un incident ? Un homicide par arme à feu dans un secteur qui est sous MON contrôle ? Puis trois remises à Zéro ?  Vous croyez que je fais des affaires en graissant la patte des Mils pour effacer vos négligences ?

Silence à l'autre bout. Il accuse le coup. Je ressens le choc de Clyde. Il devait la trouver spéciale cette gamine. Et c'est vrai qu'elle l'est. Il se ressaisit vite. Nécessité fait loi.

- Cela ne se reproduira plus. Je suis désolé. Où est le corps ?


Je laisse fuser un rire glacé.

- Il faudra plus que cela quand je ferai une visite la semaine prochaine... Crowford sera réaffecté. Je ne peux pas me permettre de maintenir sur le terrain un lieutenant que ne sait pas surveiller son secteur. Le corps ? Je m'en suis occupé, puisque vous êtes aussi efficace qu'une gagneuse à la retraite ... Et cherchez une nouvelle recrue pour la remplacer. On va avoir de nouveaux lots électroniques à écouler...


Une tasse à café se pose sur la table basse devant moi. Scarlett a cette sale manie d'approcher sans bruit. Un vrai pas de voleuse. Je lui adresse sans le vouloir vraiment un regard froid qu'elle ne m'a jamais vu. Cela ne dure qu'une fraction de seconde durant laquelle je me demande ce qu'elle a pu capter de ma conversation.  

- Va chercher une couverture dans ma chambre pour la couvrir. Elle va avoir froid. La perte massive de sang donne toujours froid. Lorsqu'on aura drainé tout le sang qui la gêne je la transporterai dans ta chambre. Ainsi le Doc pourra mieux s'installer... Et tu pourras veiller sur elle cette nuit.


Je ne veux pas que Scarlett voie le sang de son amie se répandre et tacher son lit. Il y en a tellement.

Je suis à la fois cet être froid et implacable qu'elle a peut-être perçu et cet autre capable, d'attentions délicates pour une pute et une dealeuse. Je suis tout cela à la fois et c'est sans doute ce qui fait de moi un être monstrueux, bien plus qu'un simple salaud...

Et j'ai l'air con avec la tasse de café que je ne peux pas prendre, mes mains étant toujours occupées à sauver quelqu'un qui ne songera qu'à me buter sitôt réveillé. Et sans avoir peur de paraître encore plus con, je m'enterre encore davantage avec une délicate pincée de futilité.

- Tu ne m'as pas dit au fait, comment tu me trouves avec les cheveux longs ?

*:


Dernière édition par Gabriel Laymann le Mar 16 Fév - 2:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyDim 24 Jan - 9:48




Clyde range d’un geste reflexe son portable dans sa veste. Ce n’est pas bon, vraiment pas bon. « Il » sait être dur et sans pitié mais il semblait excédé et si c’est le cas cette fois ci, c’est pour une raison assez simple et qui permet à l’esprit vif du responsable exécutif de Trent de lever les incohérences qui se sont imposées à lui durant ce bref échange. Il est impliqué directement et Clyde sait combien son « patron » a horreur de cela.
Clyde accélère son pas fendant la foule bigarrée des rues sales vers le secteur 12, perdu dans ses réflexions. La situation est grave, bien plus qu’il n’y parait pour un simple « incident qui a mal tourné ». Les runners sont quantité négligeable, ils vont viennent et peuvent disparaitre facilement, ils sont échangeables mais un lieutenant…Jamais jusqu’ici personne n’a osé s’en prendre à l’un d’eux, ils ont une sorte de réputation et d’aura qui les rend intouchables, sans doute  la terreur du « carnet noir ». Former un lieutenant est long et laborieux, il aura fallu deux ans à Dusk et former n’est rien, encore faut-il le trouver « La bonne personne » et avoir son agrément « à lui » car il garde la main sur les proches du groupe, c’est ses règles, comme celle qui veut qui les lieutenants n’ont aucune famille connue à Asaria, toujours.

L’incident a eu lieu il y a moins d’une demi-heure, l’info venait de lui parvenir par Dawn qui n’en savait pas plus mais à qui il a imputé l’ordre par initiative de trouver immédiatement les auteurs de l’acte et de les isoler afin d’effectuer un exemple et leur remise à zero. Il venait de raccrocher alors qu’ « Il » appelait déjà. « Il » ne traite jamais une affaire de cette manière, ni ne prend de décisions si expéditives à moins qu’ils en discutent tous les deux afin de savoir ce qui est bon pour le groupe et le buisness mais Clyde le connait aussi dans ses travers et ses emportements, mieux vaut acquiescer et en rediscuter la tête reposée…quand il est disposé à l’écoute.

En tout cas sa vitesse de réaction démontrait une chose, il était là-bas, de toute évidence et il était mêlé de près à cette merde. Et s’il était là-bas, Dusk était avec lui. Vivante ou morte ? Difficile à dire et « il » s’était montré imprécis à ce sujet, ce qui ne lui ressemble pas. Se débarrasser du corps ? Il n'en croyait pas un mot, Le Boss ne s'impliquait pas, il avait créer Trent pour ça. Un mensonge...ou alors, un arrangement mais tout cela restait très obscur. « HS » avait-il dit ? Peut –être qu’elle s’accrochait toujours ? Dusk était une battante, elle ne se laisserait pas enterrée comme ça. Après il était certain qu’on ne guérit que peu rapidement d’une balle, cela dépendait de la blessure et c’était une inconnue que Clyde ne maitrisait pas. Elle serait hors circuit un temps, de toute évidence, mais « rayée », surement pas. Elle faisait le job et il avait besoin d’hommes qu’il avait fermement modelés à cette tâche, il faudrait en rediscuter, comme toujours et négocier. Quand à  Dawn, Clyde attendait ses explications de pied ferme, il avait quelques soucis avec ses runners mais cela n’expliquait pas un tel raté. Trent ne pouvait pas se le permettre. Ni Clyde, ni le patron.
Une sonnerie dans sa poche, il décroche rapidement, il sait déjà qui l’appelle.

- Alors ?
- On les tient, Rue derrière l’épicerie Grant, dans le 12 eme.
- Ok…prenez les, amochez les et embarquez les discrètement vers les entrepôts désaffectés du secteur 8, j’y suis dans …10 minutes. Et pas d’effacement, hein…Tu te calmes et vous m’attendez, Dawn…je veux personnellement savoir ce qui s’est passé…Le Boss est furax mais laisse-moi gérer les choses, ok ?
- …Et Dusk ?
- Elle est officiellement Hors Circuit
- Elle est… ?
- Hors Circuit, c’est tout ce que t’as à savoir, fais ton taff, bordel et arrêtes de me poser des putains de questions. Tu m’amènes ces fils de putes, on va leur montrer qu’on ne touche pas aux couilles de Trent s’en se prendre un pruneau dans le fion.
- Écoutes Clyde…j’suis désolé…c’est 2 de mes gars…ils n’étaient pas dans le secteur à leur poste et..
- Ta gueule ! Tu iras dire ça à Dusk pendant que moi j’irai dire ça au boss…Tiens ton équipe, putain, ce n’est pas compliqué…on n’a pas fini d’en parler, en attendant c’est moi qui trinque.

Il raccroche en  expirant sa colère et accélère vers sa destination en serrant les mâchoires, murmurant entre ses dents

- Et allez…encore un jour de plus au Paradis…quelle merde…

………………………………………………………………………………………………….





La nuit.
Je suis bien, reposée. J’ai l’impression que plus rien ne peux m’attendre, il n’y avait rien au pied de l’Arc en Ciel et tous les héros des histoires de mon enfance sont morts depuis longtemps.
Il n’est pas loin, je l’entends qui siffle. J’adorais quand il faisait cela. Il n’a vraiment rien perdu de cette époque. Ce son…j’aurais pu l’écouter des heures. Oui je me souviens.

Ryan.

A mon épaule, côte à côte, juché sur l’arbre où nous étions grimpés au cœur de cette forêt dense, regardant tous deux depuis nos 8 ans, les dômes d’Asaria qui luisaient au loin. Il avait des rêves, j’en faisais pour lui.

Il irait quand l’âge l’aurait rattrapé. Il irait et je le suivrais. Parce que c’est toujours ce que nous avons fait, lui devant et moi derrière. Il irait à la ville parce que je n’aurais pas su le garder, comme je n’ai jamais su garder quelqu’un….


Je l’aimais déjà. Je n’ai jamais cessé de l’aimer.
Je ne veux pas me souvenir, je ne veux pas de cela, s’il vous plait….

……..

- Bon sang, Connerie de tignasse d’Irlandaise paresseuse ! Tu roupilles toujours !!! Il est temps  de te lever, tu dormiras plus tard ! Qui m’a fichu une gamine pareille ?

Cette voix …Ma gardienne, mon soldat, celle qui veillait sur moi jour et nuit, toi non plus je ne t’ai pas écouté. Tu es toujours là à me pousser en avant, quel destin avais tu voir pour moi, moi qui suis si aveugle et insouciante, quel secret peux-tu encore m’apprendre ? Dis-moi le monde, montre-moi toutes les merveilles, même celles qui n’existent plus, j’ai tellement besoin de chaleur, d’émerveillement. Redis moi encore combien papa était courageux, combien les ténèbres ont peur si on leur hurle assez fort dessus…Je ne veux que le bleu…Je n’ai toujours voulu que cela, toi tu le savais, hein ? Toi tu savais déjà tout ça même si j’étais une « enfant terrible », j’étais ton bébé…je le suis encore, s’il te plait…regardes moi…Je ne veux pas mourir maman, je ne veux vraiment pas..Je veux dormir et attendre un autre jour…

Alors Non…m’man, pas tout de suite, j’aimerai encore rester là, j’ai tellement de sommeil à rattraper, tellement de fatigue à combler. Je ferai tout ce que j’ai à faire demain, promis juré ! Les corvées peuvent attendre un peu. Je crois que j’ai veillé plus que de raison, vraiment, vraiment plus que de raison. Pour l’instant, je me sens bien et au chaud mais je ne sais pas si c’est vraiment une sensation de chaleur, c’est bien mieux qu’un shout, bien mieux que l’après…bien mieux que….que tout le reste…tu peux comprendre ça ? Il y a longtemps que je…que je n’ai pas….été en paix.


Je suis seule dans une pièce sans toit et le ciel gris et si bas et lourd que soudain, il éclate sa rage dans un grondement de tonnerre. Je n’ai pas peur, J’incline la tête vers les cieux, je veux entendre leur message.


Il pleut…il pleut des larmes et du sang.
Mon sang ?
Je ne sais pas mais c’est là…
Ce n’est pas l’absolution, mais c’est là et tout devient si froid…


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Mon Dieu..........
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptySam 30 Jan - 12:26



Trop de choses m'échappent. J'ai appris beaucoup de chose en vivant avec Gabriel, mais trop de choses encore me sont encore inconnues. Je sais des choses sur le chanteur que personne ou très peu savent. Mais il reste encore une vaste étendue d'inconnu. Déposant le téléphone en mode silencieux auprès de lui, je ne peux rester sourde aux paroles qu'il échange avec un interlocuteur mystérieux. Même dans la cuisine, j'entends les brides de conversation. Et je ne veux pas me boucher les oreilles pour ne pas être indiscrète. Ça concerne Aislinn. Mon amie que j'ai failli perdre ce soir. Et ce que j'apprends me laisse encore plus dans le flou. Alors il la connaît ? Ces deux là sont plus liés que je ne l'aurai cru … mais comment ? Pourquoi ? Je n'ai pas suffisamment d'éléments pour trouver une réponse suffisamment claire. Je me mordille la lèvre. Je le questionnerai sans doute à ce sujet plus tard. Pour le moment, je n'aime pas du tout l'ambiance qui règne ici ce soir. Tout le monde est tendu, et je n'ai pas besoin d'avoir de supers pouvoirs pour le sentir. Mais docile, j'obéis, bien que n'appréciant pas du tout le ton employé à mon égard.

Quand je reviens déposer la tasse fumante, je tressaille sous son regard, mais pas de la même manière que d'habitude. Une telle froideur dans ses iris me touche plus que de raison et je baisse automatiquement le regard, sur une Aislinn encore inanimée. A nouveau mon cœur se serre. Tout ce sang me fait trembler. Je prends une grande inspiration et détourne le regard. Habilement, je fuis désormais le regard de mon Maî... employeur et m'éclipse dans sa chambre afin de récupérer la dite couverture. De retour dans le salon, je la dépose délicatement sur le corps de la jeune rousse, m'appliquant à bien la coincer dans son dos pour l'isoler au mieux dans cet îlot de chaleur.

C'est à ce moment là que je remarque que Gabriel est dans l'incapacité de boire le café que je lui ai servi. Je m'efface donc à nouveau pour revenir avec une paille. Oui … c'est tout ce que j'ai trouvé et tout ce qui m'a traversé l'esprit dans cette situation. A genoux à ses côtés, je lui tends la paille, soulevant la tasse d'une main, tout en réfléchissant à la réponse à lui donner à cette question un peu déstabilisante au vue de la situation. Mais j'y réponds quand même. Une petite parenthèse dans cette sombre soirée.

-Et bien … C'est bien. Très bien même … Mais je pense que je vous préfère tout de même avec les cheveux plus courts.

Mon regard passe rapidement dans le sien et je dépose la tasse de café sur la table.

-Bon. Que faut il faire pour drainer son sang ? Dites moi et je ferais le nécessaire.

Oui, faire les petites employées / esclaves dociles semble beaucoup plus facile. Je ne voulais pas perdre de temps et faire le nécessaire pour sauver mon amie. Alors plutôt que me faire aboyer des ordres, je préfère prendre les devants. J'attends donc que Gabriel me donne les instructions pour m'exécuter. Je me doute bien que avec ses mains prises j'allais devoir l'assister, voire même me débrouiller seule sous ses explications avisées.

Enfin, j'ose poser la question qui me torture l'esprit.

-V...vous connaissez Aislinn ?

Je n'ose toujours pas réellement le regarder en face. Je regardais mes mains encore tachées de sang, m'efforçant à respirer profondément.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptySam 30 Jan - 19:14



"Les lames sont froides à la pénétration, sans concession et précises. Elles sont les maîtresses glacées des nuits solitaires, le fantôme d'un corps que tu espères saisir dans un élan éphémère. Les projectiles nourris à l'étoupe sont le feu qui entre en toi et brûle ton cœur, vole ton âme, défigure ton corps. La lame est noble et familière, la balle est l'arme du lâche qui tue de loin."

- Leroy, que signifient ces lignes ?


Je m'étais levé, rejetant ma longue tignasse en arrière et portant jusqu'à mon précepteur le lourd grimoire. Il avait souri en voyant ma lecture.

- Tu t'intéresses encore au chant des Sabres de l'Honorable Shinmen Takezō ? Tu en es déjà au Go Rin No Sho  ? Tu assimiles tellement vite ...


- J'ai hâte d'entamer le Dokkodo !

- Il n'est pas écrit pour les jeunes âmes comme la tienne, Gabriel ! C'est l’œuvre tardive d'un mourant qui renonce à la vie. La tienne commence seulement ...

- Qui peut choisir quand commence et finit sa vie ? Personne. On ne tient aucune des deux extrémités mais seulement le chemin qui mène de l'une à l'autre entre ses doigts.

Leroy avait souri et basculé la tête en arrière, puis fermé les yeux pour réfléchir.

- Et encore ... Parfois notre destin nous échappe cruellement ... Mais le Dokkodo est vraiment trop contraignant pour être proposé à des êtres tournés vers la vie, même si certains principes sont à appliquer...

Je savais qu'il avait connu la perte et que sa vie avait été réduite à un vaste cimetière lorsque sa fiancée avait péri dans la Pluie de Feu. Pourtant Leroy avançait sans haine, seul dans la vie. J'aurais aimé être le fils d'un tel homme ou le petit frère. Lui prendre la main pour qu'il sente qu'il était un modèle pour moi. Je n'avais jamais osé. A part lui mettre sous le nez les livres que je dévorais en le questionnant, je ne savais pas dire "je t'aime" simplement, de toutes les façons que connaissaient les êtres pour se le dire. Je n'avais pas appris. Pas plus que ma mère ne m'avait autorisé à dire " j'ai mal " ou à pleurer. Né et aussitôt muselé, enchaîné à des convenances édictées par une caste à laquelle j'appartenais sans la comprendre, sans l'aimer.

Un enfant tombé des étoiles sur l'ancienne terre de neiges qu'était Asaria. Un joyau à l'éclat si sombre, au regard si profond que même sa mère ne pouvait parfois le soutenir. Un miroir tendu à vos péchés, un appel tenu à l'amour, un diablotin agité et turbulent qui avait grandi au contact de l'Amour. Celui que vous ne connaissiez pas, celui dont vous ignoriez les enseignements. Vous l'aviez prénommé Gabriel ... Mère ... Pourquoi Gabriel ? Un prénom si ancien, si étranger à vos préoccupations. Plus qu'un prénom ... Un nom ... Avec un héritage tel que le sien, avec un nom pareil, un regard où se mêlaient l'ombre de la nuit et l'éclat du jour, qu'espériez-vous qu'il devînt ?  Si apte à comprendre vos machines les plus évoluées ou à jouer à la perfection une mélodie que vous inventiez devant lui, qu'attendiez-vous qu'il fît ? Espériez-vous qu'il accepte d'être votre marionnette alors qu'il pouvait jouer dans la grande partition de l'Univers ? Vous étiez la première personne à qui j'ai dédié un "je t'aime" et ce jour reste gravé en moi. Je le conserve en diptyque avec l'autre souvenir. Celui de la balle me traversant. L'impact. Le flou, la souffrance. La chute lente. Mes genoux qui ploient et mon corps qui bascule. Quelques dix-sept ans entre les deux souvenirs.  Combien de temps faut-il à un homme pour fabriquer un souvenir de haine ? Combien de temps faut-il pour que s'efface un souvenir d'amour ?  Mère ... J'ai tellement œuvré à vous haïr que j'ai oublié de cesser de vous aimer. Cela entrainera ma perte ...




*********************************************************************



Je m'en veux déjà d'avoir été si cassant envers Scarlett mais rétrospectivement, la peur de la voir allongée à la place de cette fille m'avait envahi et dépossédé de ma capacité à raisonner froidement. Deux de mes microcosmes s'entrechoquent et se mêlent à présent. Ce mariage a le goût du sang et l'odeur de la poudre... Deux souvenirs trop douloureux pour que le masque d'impassibilité ne tombe pas, dévoilant ma souffrance. C'est ce qui est en train d'arriver ... Je le sens. Peut-être bien parce que j'ai aussi épuisé mes forces en deux transferts trop rapides... Je sens sa réprobation et sa peine dans la rigidité de son attitude, dans le mouvement froid et millimétré de ses gestes. Elle s'est éloignée de moi ... Elle est désormais à des années lumière de moi. J'accepte la paille avec un petit sourire fatigué. Le ridicule ne m'a jamais arrêté, peut-être parce qu'il m'est indifférent, inconnu. On ne peut craindre ce dont on ne sait rien. Du moins selon moi. Ainsi ne comprendrais-je jamais la peur des gens pour l'inconnu. Pourquoi concevoir une défiance pour ce qu'on ne peut quantifier ? C'est vain et futile, comme redouter un nouveau virus qu'on n'a jamais croisé. J'ai beaucoup plus à redouter des monstres que je connais, ceux de mon enfance, tapis dans l'ombre de ma chambre. Le ridicule m'est étranger. Aussi la seule chose qui m'empêcherait de sortir en public avec un costume rose à pois verts serait simplement que le rose me va mal au teint, certainement pas la peur d'être la risée du public. Je redoute ce soir d'avoir perdu quelque chose... Mais j'ai du mal à cerner la teneur de cette chose précieuse, si ce n'est que cela touche à Scarlett.

- Nous devons attendre le Professeur Lee... S'il n'est pas là dans cinq minutes, nous le ferons seuls. Mais le choc septique peut la tuer. C'est pourquoi je préfère attendre encore un peu. Il faudra planter la canule dans le poumon noyé et installer le drain.

Mon regard va de la petite dealeuse à Scarlett dans un ballet de questionnements. Je me force encore à être cruel alors que j'ai envie de tout lâcher pour la prendre dans mes bras et oublier ce que je suis, oublier que si cette gamine est allongée sur mon canapé en train de se vider de son sang, c'est ma faute, à bien des titres.

- J'ai failli mourir d'un tel traitement et je suis asarien ... Sans bloodhealer, elle n'a aucune chance si on ne fait pas ça en asepsie...  Non, je ne la connais pas... pas personnellement ...
Je mens à moitié. Et toi, comment l'as-tu connue ? Que faisais-tu au Concorde ? Elle ne fréquente pas des gens bien, tu sais ... Reste en dehors de ses affaires ...

Elle détourne le regard, honnissant probablement ce que je suis, cet homme auquel elle se donne encore chaque nuit, bien que je l'aie déliée de son servage depuis quelques temps, peut-être par simple habitude ou par crainte ... J'endure... j'endure son mépris silencieux. Mais j'ai du mal avec sa tristesse, sa souffrance que je sens palpables. Elle aime cette fille. Parce qu'elle est de son monde, bien que de nature différente. Ou pas, que puis-je en savoir ? Les anges ont-ils un lieu pour se réunir ? Se reconnaissent-ils entre eux ? La beauté se cache dans la fange, comme le vice dans la plus pure des soie. Ai-je quelque chose qui me montre ce que d'autres ne voient pas ? Comme la beauté de ces deux filles, l'une penchée sur l'autre, l'une si pleine de vie, l'autre aux portes de la mort et moi si sombre, si Garm aux portes du Royaume des Ombres.

- Que s'est-il passé là-bas ? Pourquoi lui a -t-on tiré dessus et qui ? Tu as vu quelque chose ?


J'attends impatiemment qu'on frappe à la porte mais dans le même temps j'ai envie de savoir ... Que faisait Scarlett dans le secteur 12 et comment a-t-elle connu Dusk ? Je pense soudain que je dois infiltrer le réseau de vidéo surveillance du dôme pour effacer les traces de son passage, de mon passage. Le plus vite possible, sinon, elle sera en danger, sinon je serai ... Tout pourrait être mis en péril... Tout, absolument tout ... Comment ai-je pu me compromettre à ce point ? La réponse se tient devant moi ... ELLE m'a appelé. Je suis venu. Je fixe à présent Scarlett d'un regard différent, celui du protecteur et quiconque pourrait me le faire remarquer, aurait droit à un rictus de dédain signifiant quelque chose comme "occupez-vous de vos fesses".

- Va chercher mon portable, mon ordinateur et ouvre-le. Tu vas nous sauver tous les trois...

Je me tourne vers Aislinn qui remue soudain en gémissant.

- Je crois que mon bloodhaler est plus efficace que je pensais... elle a l'air de reprendre conscience... Trop tôt ... Que fout cet enfoiré de Lee ?  Bordel ! C'est con parce qu'elle risque sentir la manipulation avec la canule et c'est une vraie chierie de souffrance...
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyMar 9 Fév - 18:32

Elle ne fréquente pas des gens bien … Cette phrase marque mon esprit. Alors je ne suis pas quelqu'un de bien par déduction facile. Non, elle ne fréquente pas des gens biens, elle fréquente des dealers, des voleurs, des prostituées … Je suis deux des trois. Comme moi, ce sont des personnes qui se démerdent pour survivre. Comme moi, ce sont des enfants des bidonvilles. Je me renfrogne, boudant toujours aussi habilement son regard.

-C'est mon amie. Avouais-je assez fermement. Je la connais depuis longtemps.

Il était hors de question que je renonce à mon amitié pour elle. Elle doit être ma seule attache restante à mon ancienne vie. Mes traits finissent par s'adoucir alors que j'observe la rousse évanouie, et rapidement la tristesse reprend le dessus, montrée de manière plus pudique cette fois, au souvenir de cette soirée pourtant si bien partie.

-On devait se retrouver là bas pour passer la soirée toutes les deux, comme avant … On discutait bien, et des gars ont débarqué. Ils m'ont reconnus. Alors ils ont voulu que je .. enfin, je leur ai fait comprendre que j'étais occupée avec Aislinn. Elle leur a tout de suite montré qu'il ne valait mieux pas qu'ils insistent … de manière assez musclé. On dirait pas comme ça, mais elle a de la force, et un sacré caractère.

J'échappe un rire triste avant de poursuivre.

-Après ça, on est sorti du bar. On allait aller chez elle quand les types sont revenus, et l'un d'eux lui a tiré dessus.

Désormais, c'est davantage de la colère que de la tristesse qui m'envahit. Ces ordures … N'ayant rien dans le pantalon ils préfèrent se servir d'une arme mortelle, tirant à bout portant dans le dos … Belle preuve de courage. Mes poings se serrent contre mes genoux tandis que je ravale ma rage. Je passe mon regard nerveusement sur la porte d'entrée. Qu'est ce qu'il fait ce médecin ? Mon pied s'agite. Et si il n'arrivait pas à temps ? Pas le temps de penser que Gabriel me parle de nous sauver tous les trois … Nous sauver de quoi ? Mais bon, j'ai dernièrement appris à agir avant de poser les questions. Je m'exécute alors, partant chercher l'appareil – que j'ai encore beaucoup de mal à utiliser – et le dépose sur une chaise tout en l'allumant, me remettant sur mes genoux au sol.

-Nous sauver de quoi … ? Et puis je sais pas vraiment me servir de ce truc là … Avouais-je, me sentant plus bête cette fois.

J'avais cette affreuse impression qu'une tension palpable trônait entre nous, cette tension qui m'empêche de me détendre, et qui m'empêche de le regarder. Je me trouvais beaucoup trop sensible à ses changements d'humeur …
Quand Aislinn remue, je me retourne vivement vers elle, puis vers Gabriel, et à nouveau vers la rousse.

-Quoi ? On fait quoi … ?

A ce même moment, quelqu'un frappe à la porte. Sans attendre, je cours ouvrir. Attendez .. comment ça c'est une chierie de souffrance ? Est-il déjà arrivé à un point où il a du subir ce genre d'opération lui aussi ? J'ai entrevu ses cicatrices, mais je n'ai jamais su à quoi celles-ci étaient dues et je suis pratiquement sûre qu'il ne me racontera jamais. Il ne me dit pas tout, comme il ne me dit pas de quelle manière il connaît Aislinn. Mais il faut croire que j'arrive à vivre avec ses secrets, car il m'a aussi avoué et apprit beaucoup de chose.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyLun 15 Fév - 23:56


J'entends son argumentation au sujet de son amitié avec Aislinn et cela ne fait que me contrarier davantage. Parce que ce n'est pas bon pour Scarlett. Il y a des amitiés et des amours toxiques. J'en sais quelque chose, je l'ai expérimenté, je suis moi même un être aux effets délétère pour qui a le malheur de s'attacher à moi. Si elle m'avait dit qu'elle aimait bien sortir avec elle pour boire un verre ou s'amuser, cela m'aurait moins dérangé. Mais elle y est attachée, c'est évident. Et elle risque d'en souffrir tôt ou tard tant il est vrai que quand on mène le genre de vie de cette rouquine, on a plus de chances de mourir de mort violente que dans son lit à quatre-vingt ans. De toute façon personne ne vit aussi vieux dans le Bidonville. Depuis longtemps ... Elle affirme la connaître depuis longtemps!  Certainement moins longtemps que moi je connais Red. Je tente de ne pas crisper mes muscles sous l'énervement. Voilà près de quinze minutes que je tiens la vie de cette fille littéralement entre mes poings.

On frappe à la porte et Scarlett a déjà tout oublié. Notre conversation, l'urgence de faire des manipulations dans mon ordinateur ...

(Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) John-cho_sc_768x1024

Mais Lee est sur le pas de la porte quand elle l'ouvre à la volée. Elle a un moment d'hésitation et lui aussi en voyant la robe tachée de sang de Scarlett. Il plisse les yeux et peine bien sûr à reconnaitre la Princesse de l'after.

- Professeur Lee. Monsieur Laymann m'a appelé mais ... je crois que c'est vous que ma femme a eu au téléphone ... Vous auriez dû vous faire connaître... Il se tourne vers le couloir. Madame Lee s'avance, portant deux grosses sacoches.

J'élève la voix.

- Entrez et refermez cette porte ... Dépêchez vous. Elle se réveille. Je ne sens plus mes mains, à cause des crampes...


Scarlett laisse entrer l'épouse et referme derrière elle. Elle a reconnu le couple présent dans l'alcôve à la soirée... Elle semble un peu rassurée. Lee se précipite et s'agenouille pour prendre le pouls d'Aislinn.

- Faites attention, elle peut avoir des réactions violentes.

- Son pouls est très faible et désordonné. Elle va faire une arythmie. Je vais installer une poche de transfusion avant que vous ne finissiez par tomber dans les vapes. Vous avez un teint de cadavre, Laymann...  Ma femme va prendre le relais pour les points de compression.Il sort son stéthoscope pour écouter explorer la cage thoracique de la blessée. Hmm! Je dois poser la canule d'urgence. Elle a de plus en plus de mal à respirer et de toute façon je ne pourrais pas réparer les hémorragies tant que ses poumons seront gorgés de sang.

Lee se relève et donne des instructions à sa femme qui retire la transfusion de mon bras et la plante aussitôt dans l'orifice d'une poche de sang qu'elle pend à un trépied. Puis elle vient se positionner contre moi. Je retire d'abord mon poing gauche et elle le remplace immédiatement. Puis je fais de même à droite, dans le dos de la petite rousse.

- Très bien, parfait, maintenant allez vous laver les mains tous les deux avec ça. Il nous tend un flacon de bétadine. Je vais avoir besoin de vous pour placer la canule sans anesthésie. Elle est bien trop faible, elle n'y survivrait pas.

Il commence à sortir ses affaires et j'entraine Scarlett dans la salle de bain. Je referme la porte et ouvre le robinet d'eau chaude. Elle passe les mains sous le jet. Elle tremble. Je pose la bouteille sur le plan de vasque et je me glisse derrière elle. Mes mains rejoignent les siennes et les enlacent pour les apaiser. Je cale ma joue contre ses cheveux en désordre et ferme les yeux en laissant échapper un long soupir.

- Ça aurait pu être toi ... Je n'aurais jamais dû t'autoriser à sortir le soir ... Si j'avais su que tu retournerais encore dans le Bidonville.

Je me mors la lèvre...conscient de ce que je viens de dire par inadvertance. Sous le coup de l'émotion ... Mais elle aussi est bouleversée et peut-être n'aura-t-elle pas prêté attention à ce mot de trop. J'attrape la bouteille et j'en arrose ses mains puis les miennes. Je les frictionne. Je garde ce contact, je n'arrive pas à le rompre. Puis je la serre contre moi et fixe le reflet que nous renvoyons, les cheveux en bataille, l’œil brillant, du sang sur nos vêtements. Les amants maudits. Je l'embrasse délicatement dans le cou et resserre encore mon étreinte.

- Ils vont payer ... Ils vont payer très cher ... Je te promets...

La voix de Lee me ramène justement à la réalité. Je m'écarte d'elle et lui tends un essuie main après m'être séché et nous rejoignons le couple de médecins. J'interroge Lee du regard.

- Votre force va nous être utile pour l'immobiliser, Gabriel. Il ne faut pas qu'elle bouge pendant que je place la canule de drainage.


Je m'agenouille près de Madame Lee et je pèse de tout mon poids sur les jambes et le bassin d'Aislinn. Lee a œuvré avec efficacité pendant que nous aseptisions nos mains. Il a enfilé ses gants après s'être copieusement badigeonné de bétadine lui aussi,  a achevé d'ôter le vêtement de la blessée au ciseau, puis badigeonné la zone de peau nécessaire et posé un champ. Il incise bien en dessous de l'orifice fait par la balle en entrant.

- Le trou est gros ... Ils ont tiré dans le dos et tout prêt. Règlement de compte ? C'est une de vos amies ? Gabriel ... Vous n'avez pas assez d'ennuis comme ça  ? Vous retrouver mêlé aux affaires crapuleuses du Bidonville ! Ça ne nous concerne pas !

Il se tourne vers Scarlett.

- Et entrainer cette charmante enfant dans ces endroits mal famés! Vous n'avez pas de conscience. Deux jeunes filles innocentes que vous corrompez en les emmenant dans vos virées de débauché !

- Taisez-vous ! Taisez-vous et faites votre job. Moi je fais le mien ! Je fais ce que je veux de mes nuits et de mes soirées. Mais vous avez raison, sur un point. Le bidonville n'est pas un lieu pour des jeunes filles comme elles.

Lee désigne du coude une paire de gants posée sur le plateau.


- Que cela vous serve de leçon ! Il y a en ville des lieux bien plus fréquentables que le Concorde. Miss Scarlett, veuillez enfiler ces gants stériles et me passer la pince.


Les gestes sont précis, posés et réfléchis. Je souris en me souvenant de la voix rocailleuse de Jeko et de ses mains calleuses nettoyées au mauvais whisky. Lee pose le scalpel et avec la pince il saisit la canule qui après avoir été ouverte par ses soins, est posée entre deux bandes de gaze stériles toujours dans son enveloppe. Il l'introduit dans la découpe en croix qu'il a faite. Je vois Scarlett pâlir et devine sans peine la question qui la ronge.

- Expliquez comment vous pouvez procéder ainsi sans voir l'intérieur , pour Mademoiselle Scarlett.


Lee a un sourire charmeur. Il est beaucoup plus cabotin que sa femme, très discrète, bien que je la soupçonne de lui faire des scènes en privé au sujet des approches séductrices qu'il fait parfois sur les femmes.

- Disons que j'ai une vision un peu particulière... Je vois à travers la matière ... Je peux régler ma vision selon ce que je veux voir... Un peu comme si j'avais un scanner intégré dans les yeux... Pas besoin de la célio caméra.

- Monsieur Lee est ce qu'on peut nommer un voyant universel. Mais en vision normale il a une vue comme la nôtre. Il ne voit pas plus loin.

La canule posée est reliée à un long tuyau qui descend dans une bouteille posée au sol. Celle-ci se remplit à une vitesse vertigineuse.

- Miss Scarlett, n'attendez pas que la poche de sang soit vide avant de la remplacer. Surveillez aussi la bouteille du drain afin de la changer si elle se remplit.

Il se tourne vers moi.

- Maintenant on a deux options, soit on attend de voir si elle se stabilise et on l'évacue vers mon service à l'Hôpital. Je pourrais prétendre qu'il s'agit d'un accident sur un de mes sujet d'expérimentation ... Et qu'il doit être placé en quarantaine nucléaire ... Soit ma femme et moi l'opérons ici.


Mon regard va de Lee à Scarlett.

- Quelle option lui donne le plus de chances ?


- Opérer ici ... Elle pourrait ne pas supporter le transport. Votre Bloodhaler n'est plus là pour colmater les brèches ... Remarquez, elle pourrait de toute façon mourir d'un choc septique à cause de l'air qui n'est pas stérile. Votre bloodhealer ne la protège plus d'une invasion bactérienne... Mais .. Opérer ici reste la meilleure option oui ...


- Alors faites-le ! Bordel ! Pourquoi perdre du temps à poser la question et vous n'avez qu'à me remettre la transfusion ...


Lee me regarde comme si j'étais un extra terrestre.

- C'est ... une humaine ... Vous avez déjà perdu trop de sang ... Je ne me ferais pas le complice  de ... votre suicide expérimental ... Aidez moi plutôt à préparer la table d'opération.

Nous tirons la table à manger et il la recouvre d'un d'un fin matelas puis d'un grand drap bleu qu'il vient de sortir d'une enveloppe plastique scellée.

- Laymann, vous reste-t-il assez d'énergie pour la porter jusqu'ici pendant que je tiens le trépied, miss Scarlett la bouteille et mon épouse les compressions ?

Je hoche la tête sans hésiter. Nous formons une étrange équipe. Trois asariens et une humaine en train de s'acharner à sauver une autre humaine. J'ai un petit sourire étrange en déposant Aislinn sur la table juste sous le lustre en cristal qui diffuse une lumière éclatante. Mara aurait aimé ça ... Au delà du drame que cette enfant traverse, la synergie qui se met en œuvre autour d'elle est tellement belle, puissante... Scarlett assure bien malgré sa jeunesse et le choc émotionnel qu'elle a à gérer. Elle avait raison... Ce fameux soir où elle m'a dit qu'elle n'était plus une enfant. Je lui souris et mon regard plonge dans le sien. J'aimerai lui dire tellement de choses ... Lee a installé ses instruments. Je saisis le tuyau qui part de la poche de sang qui est de toute façon presque vide et me replante l'aiguille dans le bras. Tout s'est passé si vite que personne n'a vu le geste. Lee s'en aperçoit alors qu'il commence à inciser autour de l'orifice sortant. Je m'appuie sur le bord de la table. Il me jette un regard noir.

- Bon sang! Laymann! Asseyez-vous! c'est un ordre. Vous tanguez comme une barque en pleine tempête.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyDim 21 Fév - 13:43

La dernière fois que j'ai vu le couple Lee, c'était dans un cadre beaucoup plus festif, plus détendu, du moins pour eux … Mais Gabriel n'avait pas menti, ils ont tout l'air de brillants scientifiques. Leurs gestes sont précis, soignés, sans aucune hésitation. Et à travers leur confiance, c'est la mienne qui est attisée. A nous quatre nous devrions pouvoir la sauver, bien que je doute de réellement pouvoir leur être utile. Dans tous les cas, j'allais faire tout mon possible pour me montrer utile et ne pas les déranger.

La petite parenthèse qui nous est accordé dans la salle de bain achève de m'apaiser, même si je suis assez surprise d'un tel rapprochement alors qu'il s'était montré plutôt froid jusqu'alors. Mais je peux imaginer, dans son étreinte et dans ses mots, que c'est l'inquiétude qui a motivé une telle réaction. Je me complets un instant dans cette chaleur, lâchant un long soupire, comme si celle-ci m'avait manqué, un peu trop même. Pourtant, quelque chose me dérange dans ce qu'il dit, un mot qui me fait tiquer … sans que je comprenne encore pourquoi. Pas le temps d'y penser davantage que nous devons déjà y retourner. Il n'est pas encore le temps pour les tendresses. Aislinn est encore là, prisonnière entre la vie et la mort. Plus proche de quel bord ? Je n'en sais rien.

De retour dans le salon, j'allais répondre au Professeur Lee lorsqu'il fait remarquer à Gabriel que ça n'était pas prudent de nous entraîner, moi et Aislinn, dans les bidonvilles, lui dire que le chanteur n'y était pour rien, mais ce dernier me prend de court. Et à nouveau, je ravale mes paroles quand il rengaine que ça n'est pas un lieu pour nous. Mais je préfère me mordre l'intérieur de la joue plutôt que de répondre quoi que ce soit. Après tout, pour les Lee, je suis une amie proche des Laymann … Pas une humaine qui est née dans les bidonvilles.

J'apprends le pouvoir de Monsieur Lee et ne peut dissimuler mon étonnement. Décidément, les Asariens ont tous des pouvoirs hors du commun, certains dont j'ignorais jusqu'à leur simple existence.
L'échange des deux hommes me laisse sans voix, autant l'attitude du médecin et sa remarque « C'est une humaine ... », croyant comprendre quelque jugement de valeur qui ne me plaise vraiment pas, que le comportement de Gabriel, toujours aussi désireux de sauver mon amie.

Silencieuse, je suis les directives. De l'autre côté de la table, je croise le regard de Gabriel. Celui-ci m'accroche et je ne peux m'empêcher de sourire en retour. Mais des mots qu'il a prononcé plutôt me reviennent en mémoire « Si j'avais su que tu retournerais encore dans le Bidonville » Encore … J'ai beau fouiller dans ma mémoire, jamais je ne lui ai raconté ce jour où j'étais retourné sur les lieux de mon enfance, ni cette étrange rencontre que j'avais faite … Mes sourcils se froncent imperceptiblement. Mais je vois Gabriel commencer à tanguer, son sang quittant à nouveau son bras par ce tube translucide. Rapidement alors, je fais le tour de la table et pousse une chaise sous ses genoux afin de l'inciter à s'asseoir, sans même attendre son avis. Mon regard se pose d'abord sur la transfusion, puis sur le couple Lee, c'est désormais une nouvelle inquiétude qui peut se lire dans mes yeux. Asarien ou non, il a déjà donné énormément de son sang … Je me mordille l'intérieur de la joue et m'efface dans la cuisine. J'y prépare une nouvelle cafetière de café et reviens dans la salle, chargée d'un plateau contenant la dite cafetière ainsi que quatre tasses. Je dépose le tout sur un buffet situé à proximité de la table et apporte une des tasses à Gabriel.

-Buvez ça, vous n'êtes pas une batterie atomique … lui dis-je avec un sourire, accompagné d'un clin d’œil entendu, faisant écho à ses propres paroles.

Je retourne contre la table, attentive aux faits et gestes des deux scientifiques, répondant à leurs directives. Mais soudain, un couinement féminin se fait entendre. C'est Aislinn. Je fais volte face vers elle. Elle a beau toujours être dans cette semi-inconscience, elle semble souffrir le martyr. Elle bouge, elle commence à convulser, et les deux médecins s'activent. Moi, je panique. Je m'écarte pour leur laisser toute la place, restant tout de même à proximité du Docteur Lee afin de lui donner les instruments qu'il me demande.

-Qu'est ce qu'il se passe ? Demandais-je toute paniquée.

Je n'ai pas besoin d'être médecin pour comprendre que quelque chose ne va pas, qu'il y a eu un soucis quelque part, et qu'elle ne réagit pas aussi bien qu'espéré à l'opération. Je me remets à trembler. Cette soirée est définitivement placée sous une ombre obscure, ne nous laissant aucun répit.
Les mouvements inconscients d'Aislinn semblent empêcher les deux médecins d'agir convenablement, alors sans même attendre qu'on me demande quoi que ce soit, je me place derrière sa tête et appuie contre ses épaules avec force afin de la maintenir contre la table, jusqu'à ce que finalement, elle retombe, totalement inerte, son visage tombant mollement sur le côté, me glaçant le sang. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer. Mais les Lee s'échangent déjà un regard grave. Ils savent, eux.

-Q...quoi ? Bégayais-je d'une petite voix.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyMer 24 Fév - 20:53

Nos regards rivés l'un à l'autre en disent plus que tous les mots tandis que je lutte pour ne pas sombrer encore. Ce n'est pas seulement ce sang qui quitte mon corps pour aller dans un autre qui en a bien plus besoin. J'ai déjà survécu à un bain de sang bien plus violent. Ce qui me trouble, me terrifie, c'est ce que je sens rôder autour de nous. Nous sommes comme un ilot de lumière, isolé dans la pièce. Dans l'ombre je crois deviner des regards brillant comme des braises, je crois distinguer le ricanement d'une faune qui n'est pas de ce monde. Je sens encore cette brûlure insidieuse qui pèse sur mes épaules. L'autre côté s'immisce en moi et je combats quelque chose que je ne comprends même pas. Je m'accroche à son regard, me souvenant de ses paroles il y a quelques temps. Elle voulait être la lumière qui repousse la mort qui rôde. Elle se lève, préoccupée, songeuse pour aller dans la cuisine et nous nous retrouvons tous les trois les Lee et moi. Je vois Huang faire une drôle de tête et s'éponger le front. Je l'ai rarement vu perdre contenance mais là il sue. Il murmure, me lançant un regard peu amène.

- L'orifice de sortie est large, je recouds à vif, sans anesthésie... C'est une vraie boucherie, bon sang, Laymann, je suis physicien pas chirurgien urgentiste... Vous avez de la chance que je sois un bon anatomiste grâce à mes expériences. Mais son cœur risque de lâcher...

Sa femme temporise.

- Au dispensaire elle n'aurait pas eu non plus un chirurgien traumatique, Chéri. Elle a de la chance d'être entre tes mains.

Elle se tait voyant Scarlett revenir les bras chargés d'un plateau. Je suis reconnaissant à Liu de sa prévenance et de sa psychologie. Les mots de mon ... employée me font sourire... La façon surtout dont elle reprend les miens à son compte. Je saisis la tasse de café et la remercie du regard. Un cri perçant, des convulsions viennent donner raison aux funestes prédictions de Lee. Les deux médecins échangent un regard. Lee donne des ordres.

- Changez le bocal du drain. Madame Lee lâche tout et s'exécute. Elle fibrille. Scarlett apportez la valise noire posée près du fauteuil.

Il ajuste son stéthoscope, saisit le poignet d'Aislinn.

-Arrêt cardiaque! Eh merde je venais de finir de refermer.

Il ôte la perfusion, retire tout son matériel du plan d'opération. Liu ouvre la mallette et met la charge puis présente les palets à son mari. Je me lève pour rejoindre Scarlett et Lee me fait comprendre que je dois l'écarter.

- Viens Scarlett,  viens... Laissons-les faire ... Il ne faut pas les gêner.

Elle se raidit, se débat, regarde son amie inerte puis se retourne contre moi et je prie pour qu'elle abatte ses poings serrés sur moi plutôt que de ravaler sa colère. Je sais où conduit le parfait contrôle permanent de sa rage et de sa peine. Je sais quelle folie en est le prix. Je l'enlace et la serre contre moi. La décharge secoue le corps immobile et je sens Scarlett se révulser. Ses larmes mouillent ma chemise. J'entends le médecin ordonner à sa femme d'augmenter la charge. Une autre tentative... Puis une autre. Encore une. Je tends la main et secoue la tête négativement mais Huang tente une dernière fois. Un spasme. Il s'exclame.

- On l'a récupérée !!!

Scarlett se retourne d'un bloc et s'élance mais je la retiens. Lee est en train d'examiner Aislinn. Il soulève ses paupières et regarde avec une petite lampe. Il prend son pouls. Un long soupire échappe des lèvres du scientifique. Liu nous considère tristement.

- Elle est dans le coma. Le choc a été trop dur pour son corps... Une opération de ce genre sans anesthésie. Sans compter qu'elle me semble un peu anémiée ... La perte massive de sang... Sans votre bloodhaler elle y serait passée...

Je prend l'épaule de Huang et le force à me regarder.

- Est ce qu'il y a une chance ...

Je lui serre l'épaule sans m'en rendre compte.

- Difficile à dire, mais vous avez vu comme moi ... Elle a convulsé. Son cerveau est resté sans oxygène durant sept minutes... Il y a certainement des séquelles... Il faut passer un examen plus approfondi pour savoir mais elle peut rester dans cet état végétatif indéfiniment ... ou refaire une attaque et partir...

Je m'isole alors avec le médecin pour discuter tandis que Liu s'approche de Scarlett pour tenter de la soutenir.

- Vous allez l'installer dans vote service avec un matériel de surveillance et une infirmière. Je paierai pour la chambre, et pour le reste. Appelez une ambulance pour la transporter discrètement.

Lee ne discute pas, n'essaye pas d'argumenter. Il sait quand je suis ouvert à la discussion et quand ma décision est irrévocable. Je jette un regard désolé vers les deux femmes et me précipite vers l'ordinateur que j'empoigne pour m'asseoir sur une chaise. J'ai rapidement accès au programme de surveillance vidéo du secteur 12. Je visionne les images de la caméra située sur le côté du Concorde puis j'efface les bandes et les sauvegardes. J'empoigne mon téléphone et vais m'isoler dans mon bureau pour appeler Clyde.

- J'espère que c'est nettoyé ... La surveillance vidéo est clean... Les trois mecs ... Vous me les gardez au chaud... Je m'en tape qu'ils soient de la maison. Je vais régler le problème qu'ils représentent. Je n'ai pas encore choisi comment. Je vais y réfléchir. Au fait, Dusk est définitivement hors service... et Dawn le sera quand je lui aurais refait les dents. Le marché est mort. On neutralise toutes les transactions pour le moment.


Protestations au bout de la ligne.

- Clyde, ne m'irritez pas... Vous avez déjà gâché ma soirée par votre inconséquence.  Vous n'imaginez même pas à quel point je suis de mauvaise humeur. Vous n'avez pas à connaître les implications. Même si c'était juste un lieutenant...on neutralise la filière. Cet incident a mis en lumière les failles du système. J'analyse et je réajuste. D'ici là, je vous réaffecte. Oui parfaitement, que ça vous plaise ou non. Surveillez-moi un peu les allées et venues de cette fille: Anya Valkerian, une ancienne vendeuse au marché aux esclaves...


Je sens un regard dans mon dos et me retourne. Scarlett est là, figée qui me contemple comme si j'étais l'Hydre de Lerne elle-même.

- Scarlett ...

Elle s'éclipse dans la pièce d'à côté bientôt remplacée par Liu.

- L'ambulance est là ... Il faut l'évacuer par l’ascenseur ... Votre amie veut l'accompagner dans l'ambulance. Vous ... l'autorisez à le faire ?


Je baisse la tête et réponds.

- Oui, elles sont ... très proches. Je vais vous suivre en voiture ...

Liu acquiesce et quitte la pièce. Je me passe la main sur le visage puis fixe bêtement mon portable. Dans un cri de rage, je le fracasse contre le mur.


Dernière édition par Gabriel Laymann le Ven 29 Avr - 17:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane)   (Terminé) Un jour de plus au Paradis (Feat Scarlett Rose Clane) EmptyVen 22 Avr - 19:56

Les événements s'enchaînent trop rapidement. Je suis incapable de suivre ce qu'il se passe, mon regard rivé sur Aislinn, sur cette amie qui semble à peine s'accrocher au peu de vie qui lui est accordé. Mais un tel spectacle est insoutenable, et le bruit des décharges provoquées par le défibrillateur une vraie torture, à tel point que je m'arrache à cette vue, m'agrippant aux bras offerts par Gabriel, mes doigts s'enfonçant dans sa chemise. Je voudrais me boucher les oreilles, m'enfuir loin d'ici, arracher cette peine qui me serre le cœur … Mais je suis terrifiée, pétrifiée par ce qui est en train de se jouer.

Le mot « coma », aussi effroyable soit-il rallume une pointe d'espoir en moi. Je sèche mes larmes alors que les bras de Gabriel me quitte et ceux de la belle asiatique me récupèrent. Sa main vient trouver la mienne alors qu'un de ses bras s'enroule autour de moi en une étreinte rassurante. Un doux parfum fleuri parvient à mes narines, je m'y accroche. Sa voix n'est qu'un murmure à mon oreille, mais elle tente de me rassurer, de me consoler. Elle tente de maintenir ce petit espoir qui m'anime encore, cet espoir que j'ai tenté de garder indemne au fil des années et des épreuves.

Lee revient vers nous et je comprends qu'il appelle une ambulance car en même temps, il donne des instructions à sa femme afin de transporter la jeune rousse dans les meilleures conditions possibles. Les lèvres de Liu se déposent sur ma tempe et son parfum m'abandonne.
Je contemple un instant la scène, mon amie inerte, encore tâchée de sang, et les deux scientifiques qui s'activent autour d'elle. Finalement, alors que Liu me conseille d'aller m'asseoir, je m'approche pour les aider même si j'ai conscience que je pourrais m'écrouler à tout moment sous le poids de toutes les émotions qui m'ont traversées ce soir.

Le téléphone de Lee sonne, il décroche, raccrochant au bout de quelques secondes sans même avoir prononcé le moindre mot.

-L'ambulance est là, ils vont monter.

-Je vais prévenir Gabriel …

Sans attendre davantage, je me dirige vers son bureau. La porte est entrouverte. Je songe d'abord à lui signifier ma présence, mais sa conversation téléphonique me laisse en suspens. Dusk … il la connaît donc, et plus que ce qu'il a bien voulu me dire tout à l'heure. Je ne comprends peut être pas tout encore mais j'entrevois la réalité des choses. Une réalité qu'il a décidé de me cacher. Il connaît mon ami, mais il connaît aussi ceux qui lui ont fait ça. Tout semble lié … Pourquoi me le cacher ? Je le sais mystérieux, porteurs de beaucoup de secrets … mais j'estime être en droit de savoir certaines choses si ça concerne la vie de mon amie … Je me sens blessée, presque trahie … Peut être sont-ce mes nerfs à vif, mais les larmes me montent à nouveau aux yeux … et lorsque je croise son regard, je tourne les talons.
Lorsque je reviens dans le salon, Aislinn a déjà été placé sur le chariot des ambulanciers, et ils commencent à la faire sortir de la suite. Sans un mot, je les suis malgré le regard réprobateurs de  Lee que j'évite soigneusement.

Je ne décroche pas un mot durant tout le trajet, restant discrète comme la pauvre humaine que je suis, suivant les opérations comme une ombre, communiquant des phrases de soutien à mon amie par le biais de la pensée, comme si c'était cela qui la maintenait dans cette semi vie, comme si je lui donnais quelque chose à quoi s'accrocher.

Finalement, de longues et interminables minutes plus tard, je me retrouve seule dans cette chambre basculée dans l'obscurité. Sa main glacée dans la mienne, mes doigts entremêlés aux siens, la tête entre mes bras croisés sur le matelas, je lui parle un instant avant de finir par m'assoupir, sombrant sous l'épuisement mental qui engourdit désormais tout mon corps.
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