(Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)

Je reprenais tout doucement mon souffle et mes esprits, allongée contre les oreillers, Aaron à mes côtés tout aussi épuisé. J’entendais les battements de mon cœur  qui tapaient  contre mes tempes tant notre fusion avait été explosive et si passionnelle. Ma poitrine se soulevait vivement signe de l’intensité de l’orgasme qu’il m’avait offert. Je me souvenais de notre première nuit gâchée par notre comportement, celui d’ériger des barrières, d’élever des murs pour se protéger d’une personne qui m’avait bien trop atteinte en l’espace d’un seul moment de plaisir magnifique. Il en avait fait de même, car il pensait que je ne partageais pas les mêmes sentiments que lui.  Trop entêtée, j’avais mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi j’avais agi aussi odieusement envers lui dès qu’il avait changé sa façon de faire. J’aurai pu apaiser ses craintes, lui faire comprendre qu’il n’avait aucune raison d’agir ainsi, mais je n’avais rien fait de tel. J’avais ajouté de l’huile sur le feu, argumentant que les hommes n’étaient là que pour mon plaisir et que je me passais très vite de leur présence. Je me souvenais encore de mes mots autant que des siens. Des lames aiguisées à la perfection et que l’on avait su manier pour meurtrir l’autre. Nous étions deux âmes blessées qui ne voyaient que dans la cruauté des paroles la meilleure des solutions pour nous protéger. Nous avions tort, mais nous ne le savions pas encore cette nuit-là.

Aujourd’hui dans mon lit, je n’avais plus de doutes ni aucune peur de me dévoiler à lui sans aucune pudeur, sans aucune crainte. Je n’étais pas parfaite. J’avais des défauts et des qualités, mais n’était-ce pas ce qui formait un tout homogène chez n’importe quelle personne ?  Je savais aussi que mon image sulfureuse de croqueuse d’hommes serait assez complexe pour m’en défaire. C’était là aussi une armure que je m’étais forgée pour éviter que l’on ne me touche de trop près. Sauf qu’Aaron avait réussi le tour de maitre à trouver la faille en une seule nuit. Etait-ce mon animorphisme latent et le sien qui nous avaient attiré dans les bras l’un de l’autre ? Peut-être, car comment alors expliquer cette sensation de reconnaitre le véritable amour seulement en posant mes yeux sur lui. Je n’aurai certainement jamais les bonnes réponses à mes questions. La seule certitude que j’avais, c’était que je l’aimais. C’était bien au-delà d’un grand amour. C’était un sentiment indescriptible pour lequel il faudrait inventer un langage pour en parler. J’avais cette sensation d’être complète auprès de lui. Il était mon univers et je serai là pour l’aider, le combler, le soutenir et le protéger.

Un frisson glissa sur ma peau nue et moite  et je tirai doucement le drap sur mon corps pour le calmer.  Aaron s’était déplacé pour se caler sur le côté et mes prunelles mutines le dévisageaient avec gourmandise tout comme il le faisait avec moi. Amusée et joueuse, j’arquai un sourcil à sa question qui invitait au défi.

- Penses-tu vraiment me faire peur ? Les défis ne m’ont jamais fait reculer, vous voilà averti Monsieur Williams. Tu croyais pouvoir te défaire de moi aussi facilement ? Sache que je suis très têtue !

J’agrémentai la fin de ma phrase en lui envoyant mon oreiller dessus en pouffant de rire. Je finis par me redresser sur mes coudes en détaillant le lit.

- Un vrai champ de bataille !! Tu comptes mettre mon appartement sans dessus dessous à chaque fois ? Mmmm…  Que vais-je bien pouvoir faire de toi ?

Je pivotai légèrement vers ma table de nuit où le réveil affichait déjà le début de l’après-midi. J’écarquillai grand les yeux, surprise de l’heure.

- Waouh ! Non seulement tu as la capacité de me faire perdre la tête, mais en plus de cela, tu  as le don de me faire oublier le temps.

Je me levai du lit dans ma simple tenue d’Eve, étirant mes bras au-dessus de ma tête. Je sentis alors sa main chatouiller ma hanche et caresser ma fesse, lui administrant une petite tape pour le plaisir de plaisanter avec lui.

- Pas touche ! La gourmandise peut s’avérer néfaste pour la santé ! Dis-moi, tu ne devais pas passer à ton laboratoire ?

Je me tournai vers lui, me penchant pour lui donner un baiser vorace. J’étais devenue insatiable et  dépendante de sa bouche et de sa peau.

- Je file prendre ma douche où tu risques bien de devoir de subir une nouvelle fois les assauts d’une louve !