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 (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)

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MessageSujet: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 1 Avr - 19:42

Le bip bip du programme d'analyse hématologique me tira de ma contemplation de la ville qui s'étalait sous les fenêtres de mon laboratoire, Cité moderne de verre et d'acier, irriguée par des artères tentaculaires et lumineuses. Asaria savait être belle et se parer de mystères sous ses Dômes protecteurs, lorsqu'elle étincelait de mille feux sous le dais nocturne. Je me retournai et me dirigeai vers mon bureau pour écraser la cigarette que j'avais allumé. Je fumais trop ces derniers temps, poussé par la fatigue et la nervosité, les longues nuits de veille auxquelles je m’astreignais. Je me penchai sur l'écran pour lire les résultats. Ils confirmaient ce que je craignais tout en le souhaitant. Les nanites qui m'avaient contaminé lors de l'accident de la centrifugeuse avaient commencé leur travail. Même si je ressentais une certaine fatigue avec le train de vie que je m'imposais, je ne m'étais pas encore écroulé, alors que même ma nature asarienne n'aurait pu permettre une telle résistance à la fatigue. Les nano -bâtisseuses avaient entrepris le travail dicté par le programme choisi par le gouvernement pour tester ces esclaves humains. Plus de résistance, moins de besoin sur le plan du sommeil et de l'alimentation, grâce à une optimisation de la récupération et une assimilation enzymatique reprogrammée des nutriments. Le parfait esclave, ayant besoin de peu de repos et d'une frugalité sans pareil. J'eus un sourire amer en songeant que je n'étais rien de plus qu'un esclave à la solde du gouvernement. Un Asarien, certes, mais soumis à leur volonté d'hégémonie, et estimé simplement parce que mes connaissances et mon talent de chercheur servaient leurs desseins. Un esclave de luxe, mais un esclave quand même... J'avais fait ce choix quelques années auparavant, simplement porté par ma passion pour la recherche scientifique, et je m'y enferrais ensuite pour soutenir ma couverture d'espion à la solde des Pacificateurs, mais chaque jour qui passait me donnait envie de hurler, de tout envoyer valser et de vivre totalement mon engagement de combattant pour la liberté, l'égalité et la fraternité. Les livres d'Histoire m'avaient appris qu'un peuple parmi d'autres, avait, en des temps déjà anciens, brandit cet étendard, fait sienne cette devise. C'était avant la Pluie de feu, bien avant. Un petit pays dans ce qu'on nommait alors l'Europe, situé dans l'hémisphère Nord, si loin, tellement loin d'Asaria...

J'ouvris une annexe d'analyse du programme et je lus le rapport.

Citation :
Paramètre hématologique: optimal
Paramètre lymphatique: optimal
Connexion neurovégétative : adaptée
Adaptation du sujet à la mutation du génome : mimétisme réalisé à 100 %
Vitesse de restructuration moléculaire: optimale
Maturation de la mutation estimée à: 30 jours.
Limitation du maintien des constantes: spécimen expérimental limité à un an
Clôture de l'expérience fixée à : un an et un mois de la date d'inoculation
Protocole de finalisation de l'expérience: désactivation du sujet

Je plissai les yeux et relus les deux dernières lignes plusieurs fois et je dus m'asseoir. Je connaissais les risque et Amaria m'avait maintes fois mis en garde sur les dangers d'expérimenter sur moi nos propres programmes. Mais jamais mon amie n'avait dû envisager que je m'inocule involontairement un des essais imposés par le gouvernement. Quelle ironie ! Après avoir redouté de découvrir ce que leurs sombres desseins cachaient, j'avais sous les yeux la preuve de la fin dérisoire qu'ils réservaient à leurs sujets d'expérimentation. J'aurais dû le découvrir en lisant le protocole de poursuite de l'expérience sur un sujet lambda, mais ce qui s'affichait devant moi était devenu, par le fruit d'un hasard curieux, l'avenir qui m'attendait, si je n'arrivais pas à contrer ce programme. J'avais été contaminé deux semaines auparavant. Il me restait donc un peu moins d'un an et deux semaines à vivre... Et tout s'arrêterait.

Bien sûr, j'allais trouver la solution. J'en avais l'intention, pour contrecarrer les projets du gouvernement et épargner cette fin cruelle à toute les générations d'Humains du futur, mais je fus surpris de sentir à quel point je tenais moi-même à la vie, et combien, soudainement, un an me paraissait terriblement court, étriqué, à peine le temps d'un battement de coeur. Le temps de me battre, de chercher, de rire, de pleurer, d'aimer ... Aimer ...
Je reculai loin du bureau et secouai la tête. Non parce que la prise de conscience de cette échéance me faisait peur mais parce que ... Le visage de Jessica, en larmes, secoué de sanglots, déformé par la souffrance m'était soudainement apparu. Je fermai les yeux en proie à une violente sensation d'angoisse. Mes muscles se contractèrent , ma respiration se fit haletante. Je la voyais, recroquevillée sous un filet d'eau, en proie à une détresse indicible, je la sentis effondrée, repliée sur elle-même, perdue... Jessica... Jessica... Cette vision s'imposait à moi avec tant de force que les contours des murs, le laboratoire, les écrans lumineux des ordinateurs, tout ce qui m'entourait, avait disparu. Un grondement s'éleva et je pris conscience qu'il sortait de ma poitrine, imposé par un instinct supérieur, atavique ... Celui du loup qui ressent la souffrance  d'un des siens, d'un des membres de sa meute. Le membre le plus important... Celui avec lequel il s'était uni. Si j'avais pu me voir à cet instant, dans le reflet d'un miroir, j'aurai mesuré la force de cet appel. Mon regard transformé, l'éclat insolite de mes pupilles. Je ne pris même pas le temps d'enfiler ma veste. Je vécus dans une semi conscience les moments qui suivirent. Mon coeur battait à tout rompre, ma volonté était tendue vers un seul désir impérieux: la rejoindre, la défendre, la protéger. Je ressentais son dégoût, sa révolte, sa peine, la douleur qui étreignait son coeur, sans pourtant parvenir à en déceler la raison. Comme si elle-même voulait en effacer la cause, l'origine. Comment parvins-je au parking, comment arrivais-je après une course à tombeau ouvert jusqu'aux portes du Diamond ? Je serais sans doute incapable de le dire. Seuls le capot brulant de ma voiture et les multiples infractions au code de la circulation dans les rues d'Asaria pouvaient en témoigner. J'étais devant la porte réservée à l'accès aux appartements privés. Je me souvenais qu'il fallait insérer une carte dans le lecteur numérique pour en actionner l'ouverture, comme j'avais vu Jessica le faire quelques semaines auparavant. Je n'avais pas de carte. Un élan surhumain, un coup d'épaule d'une force inouïe la fit céder, déclenchant immédiatement les alarmes. Tandis que j'évitais instinctivement l'ascenseur qui avait dû se bloquer en mode sécurité, et que je montais quatre à quatre les escaliers qui menaient à son appartement, j'avais à peine conscience de ce que je faisais.

Je me heurtai, devant le seuil, à un agent de sécurité à l'allure massive qui conversait d'une voix saccadée avec un confrère par le biais de son module de liaison.

- Une intrusion avec effraction ! Envoyez vite des renforts ! Un inconnu se présente! Je m'en occupe !

Le type me repoussa d'une seule main, m'envoyant valser contre le mur.

- Je suis un ami de Miss Warner ... Je dois la voir au plus vite.

Le type eut un rictus blasé et ses yeux se réduisirent à deux fentes.

- Un ami ? Bien sûr! Et c'est pour ça que tu viens de défoncer la porte d'en bas au lieu de t'annoncer !

- C'est urgent ... Je dois ... je dois... J'étais venu chercher mon médaillon. L'intercomm ne marche pas. J'ai essayé... Mentis-je. Je tiens beaucoup à ce médaillon et je n'avais pas d'autre choix que ... Je paierai les dégâts... Laissez-moi passer maintenant. Mademoiselle Warner m'attend !

Il s'avança vers moi et me prit à la gorge, serrant de ses phalanges pour me couper le souffle. Mais cela ne fit que décupler ma rage.

- Qu'est-ce que tu crois ? Des illuminés dans ton genre, on en a vu d'autres ! C'est pas des manières pour se faire inviter chez une dame, surtout une amie ...

- Je suis Aaron Williams... Annoncez-moi à miss Warner si vous ne me croyez pas... Répondis-je en sentant mon échine se hérisser de façon inquiétante.

Le type inclina la tête puis relâcha la pression de sa main.

- Si tu dis vrai, donne moi ton nom et ton adresse. On t'enverra la facture. Maintenant tu vas dégager, c'est pas le jour. Repasse plus tard !


Il recula brutalement et  se mit à hurler alors que je me dégageais en lui mordant le poignet jusqu'à l'os. Au même moment un groupe de cinq hommes armés fit son apparition à l'étage et l'un d'eux me mit en joue avec un fusil de taille impressionnante. Le carnage semblait inévitable. J'étais tendu, près à bondir, en dépit de leur supériorité numérique, de cette arme braquée sur moi. J'étais prêt à lui déchiqueter la gorge, à le lacérer de mes ongles qui n'en étaient plus vraiment. L'homme qui tenait le fusil arma et j'entendis très nettement le bruit du chien enclenché. Un déclic différent se fit alors entendre et la porte s'entrouvrit ...


Dernière édition par Aaron Williams le Mer 2 Avr - 23:09, édité 1 fois
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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 1 Avr - 22:48

L’eau coule sur mon corps, encore et encore, sans fin. A genoux  sur le receveur, mes sanglots se mêlent à l’infinité des gouttelettes chaudes qui caressent ma peau sans en ressentir leur bienfait apaisant. Seule derrière cette paroi opaque, la dignité face à la situation et aux agents de sécurité vient de s’envoler. La prise de conscience est fulgurante, transperçant mon âme et mon corps d’une multitude d’aiguilles brulantes. Mon esprit se libère et la réalité revient au galop avec une force indescriptible. Toute cette scène avec Damien Anton Stark me revient par vagues successives et la nausée me prend nouant mon estomac en d’atroces convulsions. Incapable de bouger, je porte ma main à ma bouche pour tenter de me calmer. Pourtant, rien ne semble y arriver. J’ai juste envie de disparaitre six pieds sous terre tout comme je ne tente rien pour calmer cette haine qui s’intensifie en moi et grogne de plus en plus. Les agents de la sécurité tout comme le responsable resteront muets et fidèles à leurs paroles. Je vais devoir trouver la force d’expliquer cela à mon frère… ou bien dois-je taire ce terrible secret pour ne pas envenimer les choses ? Mon demi-frère peut-être redoutable lorsqu’il s’agit de protéger  sa sœur, et Stark s’est montré impitoyable de son côté. Cette histoire ne s’arrêtera pas là. A moi de prendre les bonnes décisions. J’arrive tout doucement à me hisser sur mes jambes et à fermer le jet d’eau. La buée s’est répandue dans la salle de bain, et de ma paume j’efface les traces sur le miroir. Ce qui me frappe en premier ce ne sont pas les traits tirés de mon visage, ce sont mes iris ambrés. Ils sont plus lumineux, plus profonds et je me souviens alors de ce que j’avais cru apercevoir en agrippant mon bureau. Mes mains sont parfaitement normales mais pas à cet instant dans cette pièce avec lui. Suis-je devenue folle ? Une crampe violente grogne au cœur de mon ventre. Je plisse mes yeux observant mon reflet qui se transforme et qui laisse place à celui d’Aaron. Il est tout proche. J’ai en cet instant le besoin terrible de me lover dans ses bras. S’en est presque irréel de le voir si proche de moi. Je secoue ma tête pour chasser toutes ces inepties de ma part. Je dois faire le tri de tout cela avant de me perdre dans les méandres de mon esprit épuisé.

J’inspire nerveusement et je m’enveloppe de la douceur de mon peignoir de bain. Je sèche mes cheveux rapidement et mes mouvements sont freinés par le brouhaha qui règne soudainement à l’extérieur de mon appartement, sur le palier de ma porte. Un instant, je pense que ce n’est qu’un échange d’ordre entre agents mais pas quand mon ouïe capte la voix familière d’Aaron. Un tremblement puissant me cloue sur place, me retenant au lavabo. Il est bien là. Cette sensation était parfaitement authentique. Comment est-ce possible ? Le dilemme s’impose alors à moi : dois-je le laisser aux mains de ces hommes qui préservent ma tranquillité ou bien dois-je affronter son regard et recommencer à porter un masque pour cacher ma souffrance ? Il est si simple de ne pas me risquer à ses questions. Pourtant, la nervosité et ma souffrance s’atténuent parce que je sais qu’il est tout près. Juste cette porte entre lui et moi. Je pivote en direction de mon salon et pas après pas je m’approche de cette entrée. Dehors les voix retentissent avec beaucoup plus d’emportement, ce qui m’inquiète. Je n’ai pas besoin d’un autre cauchemar pour cette nuit. Ma porte s’ouvre à la volée et je découvre avec horreur le tableau qui se joue devant moi. L’homme qui se chargeait de ma protection se tourne subitement vers moi. Je ne suis captivée que par Aaron. Son état est différent, animal, sauvage et protecteur. Si les autres agents le braquent de leurs armes avec une certaine appréhension, je suis fascinée par l’homme loup ne pouvant me détacher de ses prunelles.

- Mademoiselle Warner, navré de tout ce dérangement intempestif, cet importun a dévasté la porte d’entrée de l’immeuble privé et il se dit maintenant votre ami. Il a ajouté qu’il est venu chercher quelque chose.

J’écoute les paroles mais je reste silencieuse, comme si le temps venait de s’arrêter brusquement autour de moi. Tous les regards me scrutent avant de réaliser qu’on attend une réponse de ma part. Je m’avance vers Aaron  et les hommes armés se retirent. Sa fureur est si palpable. Ma voix devient un murmure à peine audible.

- Oui… oui … Monsieur Williams est un ami. Baissez vos armes, il est hors de question de lui tirer dessus.

- Hum… vous en êtes certaines, mademoiselle Warner. Il ne me semble pas en état de …

- Je pense qu’il n’est plus nécessaire de garder mon appartement. Et pour ce qui est de l’entrée principale, poster vos hommes à ce niveau-là. Il faudra s’occuper de tout cela demain matin. Je vous remercie de votre travail.

- Bien Mademoiselle, tout sera fait selon vos instructions. Bonne fin de nuit.

Tout le monde redescend dans un bruit sourd, les marches de l’étage et le calme revient enfin après ces longues minutes. Bredouillante, gênée, je ne sais comment l’aborder.

- Tu … Il faut … Je …
Je te prie de bien vouloir accepter toutes mes excuses pour tout ceci. Entre, je vais te donner ton médaillon.


Je reste très succincte dans mes mots. J’ai peur de trop en dire ou pas assez. Ma propre peur et ma souffrance se sont tendues vers sa présence, comme un appel vers le seul homme que je désirai voir, comme un souhait muet qui s’exauçait maintenant.  Il entre et je referme la porte. Ma robe de soirée jonche le coin du sol, roulée en boule. Un stigmate de cette nuit cauchemardesque qui revient alors me hanter en détaillant ce vêtement. Je dois me reprendre, faire l’effort de ne pas l’inquiéter sauf que je doute fort de faire bonne impression… Comme s’il savait tout avant que je ne lui dise quoi que ce soit. La tension est toute aussi présente que ma douleur et son inquiétude … Le médaillon est dans un tiroir de mon buffet, recouvert d’une étoffe soyeuse pour ne pas l’abimer. Entre mes mais, je lui présente son bijou.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyJeu 3 Avr - 0:08

Dans l’entrebâillement de la porte, je distinguais enfin son visage, encadré par ses cheveux humides. Mon regard, malgré moi, enveloppa les formes dissimulées par son peignoir et une douce chaleur se diffusa dans mon bas ventre. Que m'arrivait-il ? J'étais venu parce que je sentais un danger imminent rôder autour d'elle et voilà que je posais sur elle un regard plein de convoitise. Les hommes armés et celui que j'avais blessés refluèrent à sa demande. Mon regard croisa le sien dans une sorte de questionnement muet. Si j'étais conscient d'avoir semé le désordre dans le déroulement d'une soirée normale pour ces hommes, si je regrettais déjà d'avoir mordu ce pauvre vigile qui ne faisait que son devoir, rien ne me semblait justement "normal" ce soir. Qu'avait-il voulu insinuer en disant qu'elle n'était pas en état ? Je vrillais mon regard dans celui de Jessica alors qu'elle balbutiait des excuses, cherchait ses mots et m'invitait finalement à entrer. Je ne pouvais détacher mes yeux de ses épaules infléchies, de cette attitude abattue qui ressemblait si peu à la femme altière et forte que je connaissais. La porte se referma derrière moi et je m'avançai dans la pièce, flairant -oui c'était le mot- sans m'en rendre compte une odeur dérangeante. Une envie de poser la main sur son épaule m'envahit soudain et je ne retins ce geste que parce que je craignais de déclencher à nouveau l'Armadan. Je la dérangeais peut-être. Elle n'était sans doute pas seule, comme semblait en témoigner cette masse de tissu roulée en boule qu'elle fixa d'un air terriblement gêné. La pensée qu'elle pût être dans les bras d'un autre homme me transperça brutalement et une partie de moi regrettait presque l'élan qui m'avait conduit jusqu'à elle. Pourtant, mon instinct et la réminiscence de cette vision que j'avais eu d'elle, pleurant sous un ruissellement d'eau balaya tous mes doutes. Si elle avait partagé son lit avec un homme, celui-ci l'avait fait pleurer. Encore un salaud de plus à mon image. Mais cette odeur désagréable flottait toujours dans le salon, attisant ma colère.

Lorsqu'elle se retourna vers moi, tenant dans la paume de sa main mon médaillon, je secouai lentement la tête.

- Non, Jessica ... Je ne suis pas venu pour ça ... J'ai pris ce prétexte ... Mais ... En vérité, je suis venu parce que je t'ai vue en larmes... J'étais dans mon labo, en train de travailler, et cette vision de toi agenouillée sous la douche m'est apparue. J'ignore encore comment c'est possible, mais c'était si réel, si puissant... J'ai senti que tu avais besoin d'aide ...

Elle me tendait pourtant le médaillon, insistant pour que je le prenne. Ma main se tendit vers la sienne pour la refermer, nos doigts s'effleurèrent à peine mais tout mon corps se tendit. Je venais de voir Jessica dans une autre pièce que je ne connaissais pas. Projetée contre un bureau. Elle recula et moi aussi. Dans le mouvement, le médaillon lui échappa et tomba sur la moquette. Je me baissai pour le ramasser mais mes yeux tombèrent à nouveau sur cette masse de tissu rouge. Et ce fut elle que mes mains saisirent. L'odeur était plus forte à présent, presque violente. Je sentis la rage gronder en moi, un rictus de dégoût me submergea. Mais quand je me redressais, je vis son visage totalement bouleversé, je perçus sa tentative pour tout cacher. Ma main serrait le tissu en l'exhibant. Mes pupilles s'étrécirent encore sous la force de l'Armadan et je vis un homme caresser cette même robe qu'elle portait. Des larmes me montèrent aux yeux, je penchai la tête, un air incrédule sur le visage.

- Tu ... n'étais pas seule ... ce soir ?

Je secouai la tête, les épaules courbées puis je jetai la robe à travers la pièce dans un accès de fureur. Mais bien vite ma colère retomba face à son visage si pâle, aux tremblements qui parcouraient son corps, aux spasmes qui la secouaient. Je n'eus que trois pas à faire pour me précipiter vers elle et la serrer contre moi.

- Jessica... Parle-moi ... Pourquoi cet homme t'a-t-il bouleversée à ce point ?

J'avais vu des parcelles de vérité. Je savais que l'Armadan ne mentait jamais. Mais des images séparées de leur contexte pouvaient suggérer bien des idées fausses et je n'osais utiliser mon don pour lui soutirer des détails qu'elle ne voulait pas révéler. Pourtant, c'est mon autre pouvoir qui grondait en moi à cet instant, promettant à quiconque l'avait fait pleurer, qu'il le paierait très cher. J'avais cependant conscience que je ne valais peut-être pas mieux que cet homme. Moi aussi j'avais blessé Jessica, un soir, une nuit...  Et quand je l'avais revue, quelques semaines plus tard, je lui avais conseillé de trouver un homme digne de l'aimer. Peut-être cela s'était-il produit?  Et peut-être que ce que j'avais vu par flashs n'était qu'une querelle d'amoureux comme tant d'autres.

- Vous vous êtes disputés ? Il t'a dit des choses blessantes ? C'est son odeur ? Sur cette robe ?


Dernière édition par Aaron Williams le Ven 27 Juin - 21:56, édité 3 fois
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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyVen 4 Avr - 23:47

Je suis en proie à un terrible dilemme qui oppose ma raison et mon cœur au moment où Aaron franchit le seuil de mon appartement. Je ne veux pas me montrer froide ni encore moins désagréable et blessante comme j’avais pu l’être avec lui … cette nuit-là. Mais mon esprit érige sa propre sécurité et je sais que si je ne fais rien pour repousser ce mécanisme si naturel pour moi, je vais être offensante une nouvelle fois. Mon corps, quant à lui, me pousse vers le sien. Bien plus encore, quelque chose d’autre de plus insondable et intime gronde au creux de mon ventre. Voilà le combat que je mène : tiraillée entre mon envie, mon désir de lui qui semble se décuplait  encore plus en sa présence et ma raison qui me dicte, qui m’ordonne presque de mettre fin à ce petit échange rapidement. Je lui présente le médaillon qu’il est venu chercher  devant son aveu qui me trouble. Des mots qui me percutent et font écho en mon cœur qui augmente sa cadence infernale. Aaron me décrit parfaitement et en tout point, ma douleur lorsque j’étais sous la douche, agenouillée sous le jet d’eau. S’en est presque irrationnel et aberrant de l’entendre me décrire avec une exactitude déconcertante les images qu’il a vues de moi et qui sont entièrement vraies. Je tremble à la perception de tout cela, paralysée devant ce lien qui nous unit au-delà de toute logique. Je reste désarmée devant lui, dans l’impossibilité de formuler concrètement une réponse audible. Je m’efforce juste de lui présenter et d’insister sur son médaillon.

Au moment où nos doigts s’effleurent, toute bascule en une fraction de second pour moi et pour lui. Son corps s’arque presque à mon contact tandis que je recule de lui, craintive et bouleversée. Je ne connais pas ses dons à part celui de son animorphisme mais j’arrive à capter très vite ce pouvoir qui me fait face. Il n’y a que l’armadam qui peut se déclencher au toucher d’une personne et d’un objet. J’en viens à vouloir hurler devant l’ampleur de cette scène. Qu’a-t-il vu ? Qu’a-t-il vécu ? Comment me percevra-t-il dorénavant ? Mes jambes vacillent et je recule encore de lui alors qu’il s’abaisse attrapant ma robe de soirée que j’avais envoyée quelque part dans un coin du salon. Mon cœur me fait mal, enserré dans un étau angoissant. Figée devant le moindre de ses gestes, j’attends sa sentence qui arrive comme une gifle puissante. Je remarque ses larmes qu’il chasse rapidement. Moi qui possède pourtant une verve impitoyable, qui sait me défendre, je reste  silencieuse à sa question. A mon tour, mes larmes voilent mes prunelles qui perlent lentement sur mes joues. J’agrippe de mes doigts le dossier de la chaise qui se trouve juste à côté de moi pour ne pas sombrer. Il se méprend, transforme la vérité, change l’histoire que j’ai vécue. Non, ne pense pas un seul instant qu’un homme soit venu ici cette nuit. Ma gorge me brule, cette boule de sanglots puissante m’empêche de parler, de tout lui dire… si du moins, j’en ai le courage.

D’un battement de cil, mon corps se retrouve lové contre le sien. Interdite, perdue, confuse. Tant de mots pour décrire ce que je ressens dans ses bras. Je n’arrive pas à me laisser aller à sa douceur et à cette force protectrice qui émane de lui. Je suis si ébranlée. Je trouve le courage nécessaire de me libérer de son étreinte réconfortante.

- Arrête … arrête … s’il te plait … tu es loin de la vérité … tu es loin de tout comprendre.

Je passe mes mains sur mon visage, effaçant mes larmes. Son regard me scrute mais je ne peux tenir l’éclat de ses prunelles. La gêne mais aussi le dégout de moi-même me font baisser les yeux. Je me sens coupable… coupable de m’être faite aussi facilement piégée. Abusée sexuellement par cet homme même si j’ai échappé au viol, cet acte me torture. La répugnance pour mon corps grandit au fur et à mesure que je prends conscience du mal que m’a fait subir Stark. J’aurai pu éviter cela. J’aurai dû …

- J’étais seule ce soir … aucun homme n’est venu ici à part l’agent de sécurité qui m’a raccompagnée.

Je secoue ma tête pour chasser ces scènes. Je ne me jetterai pas dans le déni mais je me sens si mal à lui raconter tout cela. Mon corps convulse, et les nausées se font pernicieuses.

- Cette robe porte l’odeur de celui qui m’a …

A bout d’épuisement, je me laisse tomber à genoux sur la moquette, et je laisse éclater mes pleurs qui m’anéantissent. Je fléchis sur moi-même enserrant mon corps de mes bras. Mes sanglots se heurtent à mes mots.

- Va-t’en … je t’en prie … Tu ne devrais pas rester ici …

La honte me submerge, je suis marquée au fer rouge. Je n’ose même pas lever mes prunelles vers lui pour voir ses réactions. J’ai trop peur, trop peur de voir la répugnance se peindre sur son visage quand il comprendra que j’ai été abusée, souillée par un homme…
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptySam 5 Avr - 22:54

Mes questions, trop abruptes, mon attitude pleine de défiance et de douleur mêlées, la firent s'éloigner de moi et je ressentis à nouveau l'abîme qu'elle tentait d'ériger entre nous. Je la regardais vaciller, lutter, en proie à un bouleversement dont j'essayais de cerner la cause. Je voulais lui venir en aide et soulager ses tourments, apaiser ses pleurs, la serrer dans mes bras et la rassurer mais elle élevait à nouveau cette barrière entre nous. Mais même si elle me repoussait, encore une fois, les circonstances étaient différentes et je n'aurais de cesse de connaître l'origine de son état et le responsable. Jamais je ne pourrais la laisser ainsi et encore moins renoncer à m'assurer que cela ne se reproduirait plus. J'étais prêt à monter la garde devant sa porte toute la nuit  et plus s'il le le fallait, jusqu'à m'être assuré que le coupable soit hors d'état de récidiver ou mort.

- Je ne demande qu'à comprendre... Murmurais-je en tentant de capter son regard. Mais une fois de plus, elle se dérobait en évitant le mien.

Pourtant un début d'explication, des fragments de révélations s'imposaient à moi à travers ses mots et mes visions qui se superposaient.

- Je suis venu parce que j'ai senti un danger roder autour de toi, parce que je suis certain que tu as besoin d'aide...Je sais que tu n'es pas seule, bien protégée et entourée ici... Il y a ton frère, tous ces gardes à ton service... Pourtant c'est moi qui t'ai vu pleurer, souffrir... Jessica, ne comprends-tu pas ce que cela signifie ? Quelque chose nous lie aussi sûrement que les sentiments que j'éprouve pour toi. Quelque chose que ni toi ni moi ne pourrons contrôler...

Je commençais à comprendre. L'altercation qui l'avait si profondément choquée n'avait pas eu lieu ici mais dans un autre endroit. Ce n'était pas dans son appartement que ma vision l'avait située lorsque les mains de cet homme... Alors que j'entrevoyais le véritable fil des événements, elle se ferma brutalement et me demanda de partir, donnant ainsi corps à mes craintes de la voir se retrancher derrière sa fierté, me rejetant une fois de plus. A nouveau, je secouai la tête négativement et, refusant de lui obéir, me précipitai pour m'agenouiller face à elle en posant mes mains sur ses épaules lorsqu'elle éclata en sanglots. Jamais je n'aurai imaginé voir un jour Jessica dans un tel état et mon instinct de protection faisait enfler la colère que j'éprouvais à l'égard de cet homme, quel qu'il fût. Je saurais, j'apprendrais son nom et peu importe le temps que cela me prendrait, il le paierait. Il était clair qu'il ne s'agissait pas d'une querelle d'amoureux. Aucune tendresse ou aucun regret sur leur désaccord ne perçait dans la voix tourmentée de Jessica. Je m'approchai d'elle et la pris dans mes bras, comme une enfant, la berçant doucement. Nous étions là agenouillés sur la moquette, laissant couler nos larmes.

- Je ne partirai pas, Jessica. Pas cette fois. Ne me repousse pas, ne me ferme pas la porte alors que tu as besoin de moi. Je ne te laisserai pas t'enfermer derrière ce mur et souffrir loin de moi. Tu m'as appelé sans le vouloir et je t'ai entendue. Je suis ton ami, ne l'oublie pas. Tu peux tout me dire, je peux tout entendre. Je peux l'apprendre sans le vouloir et tu le sais, mais je préfère que tu me le dises de ton plein gré sauf ... sauf si c'est trop dur pour toi et que tu préfères que ... je le sache par un autre de mes pouvoir.

Je reculai un peu et pris son visage entre mes mains tout en plongeant mon regard clair aux reflets fauves dans le sien.

- Fais moi confiance Jessica... Laisse-moi t'aider et ... te protéger...
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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyDim 6 Avr - 16:08

A genoux sur cette moquette, ma douleur me submerge. Mes larmes perlent sur mes joues et mon sanglot se fait plus violent au fond de ma gorge. Et si j’ai tenté vainement de pousser Aaron à partir de mon appartement, au fond de moi, le voir me tenir tête et ne pas céder à cet abysse que j’installe entre nous deux, me fait comprendre que je ne pourrai pas trouver la sérénité sans lui. Ce n’est pas une question de fierté de vouloir l’éloigner de moi, c’est juste la honte qui me ronge mais je suis bien incapable de m’opposer à  la chaleur de ses bras lorsqu’il m’étreint contre lui. Il me berce tout doucement, m’apaisant alors que je pose ma joue contre son épaule et que ma main l’agrippe pour ne pas m’effondrer davantage que je ne le suis déjà. J’aimerai rester ainsi, à l’abri de ses visions qui affluent à chaque instant. Aaron me demande de tout lui révéler et je suis en proie à une angoisse terrible rien qu’à cette pensée. Le peur me noue le ventre et je resserre la pression de ma main sur sa chemise. Je dois à tout prix me calmer, chercher la force de faire face à tout cela. Il est là tout près de moi avec la volonté de me protéger et de m’aider. Ses paroles me troublent et me bouleverse. Ses aveux sont encore plus fascinants. Nos regards se retrouvent enfin au moment où il prend délicatement mon visage entre ses mains. Ses yeux sont à la fois mystérieux et sombres et j’ai beaucoup de mal à tenir cette lueur qu’il m’offre. Il peut tout entendre. C’est ce qu’il vient de me dire mais à quel prix Aaron ? Je lui fais lâchera mon visage mais en aucun cas je brise notre contact gardant mes mains dans les siennes. Ma honte se transforme en culpabilité et pourtant, je fais en sorte faire le tri dans la tête et de rassembler mes idées.

- Il était là au bar et il m’a invitée à prendre un verre en sa compagnie pour échanger quelques mots. Une banalité pour moi que je reproduis avec les clients tout au long de la nuit.

Je me rends compte que mon sanglot à cesser d’oppresser ma gorge et que mes larmes se sont taries. Une force en moi me pousse à tout lui raconter. Elle me donne ce courage nécessaire de lui conter les scènes que j’ai vécues tout en sachant qu’il ne me jugerait pas et qu’au contraire il me donnerait la force de me redresser de cette épreuve.  Pourtant malgré tout, je garde les yeux baissés, fixant nos doigts entrelacés.

- Il a commencé à me parler d’un contrat sur le Diamond, de devenir partenaires. Je lui ai précisé que ce night-club était une affaire de famille et qu’il ne serait géré que par mon frère et moi. Il est devenu insistant, et à mon tour je suis devenue plus cassante, lui faisant comprendre que je n’avais pas besoin de ses milliards. Je savais que je l’avais offusquée alors j’ai fait en sorte de m’occuper du reste de sa soirée en lui proposant d’avoir une serveuse pour lui uniquement et que les boissons lui étaient offertes. Et je suis repartie à mes occupations.

Mon regard dévie sur ma robe de soirée qu’il avait jetée dans un geste furieux dans un coin du salon.

- Quelques minutes après, ma serveuse m’indiqua qu’une personne m’attendait dans mon bureau. Or mon bureau était fermé et personne ne pouvait y accéder. J’ai compris en entrant à l’intérieur qu’il possédait le don de téléportation. Et là… tout a basculé …

Je ne sais où je trouve la force nécessaire de me relever sur mes jambes mais j’y arrive, attirée par une attraction mauvaise vers ce tissu vert et soyeux qui jonche le sol. Un geste, un seul, et une boule de feu illumine ma main avant d’enflammer l’étoffe devant moi. Les flammes  se désagrègent et les cendres disparaissent sous mon autre pouvoir pour ne laisser plus aucune trace. Je lui tourne presque le dos, il aurait peut-être vu l’éclat sauvage qui brillait au fond de mes prunelles ambrées.

- En lui tenant tête, j’avais provoqué sa vengeance. Il a utilisé sur moi, son pouvoir de suggestion. Totalement paralysée, j’étais sa poupée, sa marionnette. Il a abusé de moi. Ses mains ont caressé mon corps. Ses doigts l’ont possédé. Ses lèvres l’ont effleuré.

Ma voix me déconcerte. Une voix d’outre-tombe qui dissimule un grognement venant de mes entrailles. J’observe ma main me souvenant de cette image où j’y avais vu des griffes et un pelage prendre forme.

- Je ne sais pas comment je suis arrivée à reprendre le contrôle avant qu’il n’aille plus loin dans sa folie. J’ai senti … quelque chose Aaron … Une force qui émanait de moi… J’ai vu … j’ai senti …

Je fais volte-face pour me retourner et enfin osé observer ses réactions. Un frisson intense m’envahit soudainement, frictionnant énergiquement mes bras pour me réchauffer.

- Je te dégoûte … n’est-ce pas …?


Dernière édition par Jessica Warner le Mar 8 Avr - 12:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyLun 7 Avr - 20:37

Elle posa ses mains sur les miennes, les enlaça comme pour se retenir à moi et commença à parler d'une voix brisée. Je sentais l'effort considérable que cela lui demandait et l'écoutai en silence afin de ne pas interrompre le fil de cette confession douloureuse. Mettre des mots sur les maux était parfois une façon de s'en libérer et le fait qu'elle acceptât enfin de me faire confiance m'était infiniment précieux, même si je savais déjà que ce qu'elle m'apprendrait ne me plairait pas du tout. Elle me décrivit, au début, une situation très habituelle dans son rôle de propriétaire du Diamond. Moi-même, j'avais été l'objet de cette attention particulière qu'elle adressait à chaque client, se souciant du bien-être et de la satisfaction de chacun d'entre eux, prenant la peine de demander des nouvelles succinctes, un rôle d'hôtesse qu'elle remplissait à merveille, et certainement avec plaisir, le plus souvent. C'est ce qui faisait le charme de l'établissement, cette sensation de n'être pas un anonyme perdu au milieu de la foule qui vient juste augmenter le chiffre d'affaire de l'établissement en consommant. Chaque client avait l'impression de compter individuellement et d'avoir droit à une oreille pleine de sympathie et de chaleur pour quelques minutes. Le plus souvent cet échange ne durait que quelques instants, Jessica sachant rester discrète dans son rôle et papillonnant d'un client à l'autre pour s'assurer de le voir prendre un peu de détente. Parfois, il arrivait qu'un client manifeste l'envie de prendre un verre en sa compagnie, ou même le contraire. Mais je n'avais jamais observé de débordement, chacun ayant la courtoisie de rester à sa place tout en appréciant l'hospitalité des lieux et de la propriétaire. Pourtant, ce soir, cette situation identique à bien d'autres soirs, avait dérapé. Je hochais la tête pour encourager Jessica à poursuivre.

Une banale proposition d'association avait tourné court, et j'en comprenais parfaitement la raison, sachant la valeur sentimentale que ce club représentait aux yeux du frère et de la sœur. Quiconque connaissait un peu l'histoire du Diamond, savait les drames qui avaient jalonné la vie de l'établissement. Proposer une alliance financière autour d'une affaire familiale si chargée de symboles ne devait se faire qu'avec tact et précaution. Deux notions qui semblaient étrangères à cet homme d'affaire qu'elle me décrivait. Il avait mal pris son refus et avait apparemment résolu de le lui faire payer de la façon la plus abjecte. Mon corps entier se raidit alors qu'elle poursuivait son récit et que je voyais son regard fuir le mien à nouveau, comme sous le poids d'une honte difficile à juguler. Je songeai en moi-même que le seul qui avait à avoir honte en cette occurrence était celui qui l'avait bouleversée et n'avait pas hésité à user de ses dons pour la mystifier. La suite du récit semblait si révoltante et douloureuse pour celle qui était l'objet de tout mon souci, qu'elle se releva et, rompant notre contact, consuma l'objet qui lui rappelait de trop cruelles images. Je ne fus pas surpris de la manifestation de ce don. Je soupçonnais déjà que Jessica en possédât un certain nombre, comme tous les Asariens, mais je regrettai de sentir une colère l'éloigner encore de moi, même si le fait qu'elle l'exprime était de bon aloi pour dépasser ce traumatisme qu'elle venait de vivre. J'avais presque honte, à présent, d'être un homme, et Asarien, comme celui qui l'avait humiliée.

La suite de son récit, Ô combien devait-il lui être douloureux, me révéla une facette insoupçonnée de moi-même. Ce n'était pas un hasard si j'avais rejoint les rangs des Pacificateurs. J'étais foncièrement quelqu'un qui privilégiait la justice et la préservation de la vie. Pour moi, chaque homme devait répondre de ses actes devant la communauté et être jugé avant d'être condamné. Pourtant, à l'écoute du récit de Jessica, à l'énoncé des minutes d'enfer qu'elle avait vécu sous l'emprise de ce goujat, de ce malade, je sentais mes convictions céder une à une pour ne laisser place qu'à une fureur glacée et implacable. Il allait payer, je m'en fis secrètement le serment, quelle que fût sa position, son identité, même si je devais tout perdre, il paierait. Pourtant la voix de Jessica, qui avait pris une intonation alarmante m'alerta et me retint de manifester ouvertement mes intentions. Elle était en état de choc et ce dont elle avait besoin à ce moment, ce n'était pas d'une promesse de vengeance destructrice mais d'un réconfort, d'une protection, d'un apaisement. J'étais terriblement troublé de sentir dans sa voix l'accent étrange qui faisait écho à ma propre animalité. Je réfrénais devant elle cet élan qui me donnait envie de partir en chasse séance tenante, pour traquer celui qui l'avait outragé. Je refusais qu'elle s'y risque elle-même, et pourtant, je sentais quelque chose de nouveau sourdre en elle, un appel viscéral qui demandait réparation et vengeance, bien au delà de ce qu'une femme abusée pouvait exiger. Elle me tournait toujours le dos et ne pouvait voir à quel point mon regard flamboyait lorsqu'elle me fit partager les sensations qui l'avaient submergées devant l'outrage par elle subi. Je sentais obscurément que ce qui m'avait fait percevoir le danger auquel elle se confrontait était lié à mon animorphisme et ce que cette déduction impliquait risquait de la bouleverser encore plus Lorsqu'elle se retourna enfin pour me demander si elle me dégoûtait, je hochai tristement la tête et me relevai à mon tour pour lui faire face.

- Non, ce n'est pas toi qui me dégoûte. Jamais cela ne pourra arriver, Jessica. Jamais mon cœur ne pourrait concevoir de dégoût à ton encontre. Je suis écœuré de savoir qu'un homme, un Asarien, soit capable d'un comportement aussi abject. Et on voudrait nous faire croire que nous sommes des êtres supérieurs, meilleurs que les Humains ? Nous ne valons pas mieux qu'eux. Certains d'entre nous sont même pires que les pires d'entre eux, en utilisant les pouvoirs qu'ils ont reçu pour blesser ainsi. Qui est cet homme qui a osé ainsi poser la main sur toi en ignorant tes refus ? Qui ? Quel est son nom ?

Faisant taire le grondement qui couvait dans mes entrailles, je pris sa main et la portai à mon cœur.

- J'aurais tellement voulu être là pour te protéger, empêcher ce qui est arrivé. Heureusement ton instinct de survie a été le plus fort et tu as su te défaire de l'emprise de cet homme. Je mettrai en œuvre tout ce qu'il m'est possible pour que tu ne subisses plus jamais ça. Tu n'aurais jamais dû avoir à affronter ce genre de comportement, j'aurais dû sentir le danger bien plus tôt...

Mon autre main caressa sa joue tandis que je penchai la tête en la regardant avec amour. Puis je l'attirai contre moi pour l'enlacer à nouveau, ne pouvant me résoudre à la voir frissonner.

- Nous ne sommes pas tous ainsi. Tu le sais, Jessica... Cette force que tu as ressentie en toi ... Comment s'est-elle manifestée... Qu'as-tu vu ? Quelle image s'est imposée à toi avant que tu n'aies la force de le repousser, de mettre en échec son pouvoir ?


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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 8 Avr - 19:39

Mon récit pénible venait de s’achever. J’ai réussi  à conter à Aaron les évènements, à lui faire comprendre ce que j’avais enduré sans pour autant entrer dans ces détails honteux. Si utiliser ma pyrokinésie pour bruler ma robe et user de mon second don sur la désintégration pour annihiler les dernières cendres avaient fait disparaitre ce cauchemar, je ne me sentais pas pour autant sereine. Je ne pouvais me défiler devant son regard et ma question  fut aussi douloureuse que si on m’avait plantée une lame dans le cœur. Eprouvait-il du dégout pour moi maintenant qu’il savait ce que j’avais subi de la part de cet homme ? Il hocha la tête en guise de négation et se redressa pour me faire face. Ses yeux n’exprimaient pas la répulsion comme j’en avais eu peur mais la tristesse et la peine. Un soulagement étreignit mon cœur, et c’est silencieuse et avec la plus grande attention que je l’écoutais à mon tour, me dévoiler tout ce qu’il ressentait. Ses mots me touchaient et me faisaient vibrer de par leur sincérité mais ils me faisaient aussi prendre conscience de tout mon amour pour lui. Ce sentiment puissant qui n’avait cessé de se manifester pour lui malgré toutes les oppositions et les arguments que j’avais pu façonner pour l’oublier. Cela m’était impossible. Il désirait savoir le nom de mon agresseur, et je n’étais pas certaine que cela soit la meilleure des solutions de lui donner cette information. Je pouvais percevoir en lui, le loup qui couvait dans ses prunelles, prêt à bondir et partir en chasse. C’était une réalité qui m’était presque naturelle. Je comprenais ses réactions comme si un lien plus profond nous unissait. Déroutant et enivrant à la fois. Aaron s’approcha prenant doucement ma main dans la sienne qu’il posa sur son cœur. Ce simple contact m’électrisa. L’impression intense de sentir les battements de son cœur contre ma paume, de sentir chaque vibration se répercuter en moi. Et d’une certaine manière indéfinissable quelque chose, une partie de moi, lui répondait. Je penchais ma tête sur le côté lorsque sa main caressa ma peau, accentuant  ainsi son toucher qui calmait mes frissons.  Il m’attira, et je me lovais dans ses bras, ma joue contre son torse, à l’abri. Ses bras me sécurisaient, sa chaleur m’apaisait  avec cette notion tangible d’être enfin à ma place, de ne plus jamais vouloir quitter la ferveur de son corps contre le mien.

- Je sais Aaron … je sais que vous n’êtes pas tous ainsi. Je ne t’aimerai pas autant, si je pensais le contraire.

Il désirait des précisions sur ce que j’avais discerné, cette force particulière qui m’avait libérée de l’emprise du pouvoir de Stark. Mais n’avais-je pas amplifié mes propres réactions par cette peur ? Peut-être avais-je tout simplement  rien vu ? L’esprit pouvait devenir extrêmement versatile dans de tels moments. Je rassemblais donc tout ce que j’avais pu voir et distinguer dans mon bureau.

- Il était dans mon dos … plaqué contre moi … Je ne pouvais pas bouger, totalement soumise à son pouvoir. Il y avait un miroir devant moi. Je discernais la scène avec horreur et puis tout s’effaça et autre chose s’esquissa lentement : c’était ton visage. Mais plus encore, mes mains … mes mains se sont transformées. J’avais agrippé fermement le rebord de mon bureau … et là j’ai vu …

Je redressais mon visage cherchant ses yeux. Il allait certainement me prendre pour une folle ou bien me dire que c’était les conséquences  logiques d’une telle agression. Mais il voulait tout savoir, alors je poursuivis.

- Ma main avait pris la forme d’une patte, des griffes, un pelage châtain. C’était tellement réel que j’ai poussé un cri, ce qui l’a déconcerté et j’ai pu réagir et me libérer de cette manière. Tu me demandais son nom : C’est Damien Anton Stark, PDG de plusieurs sociétés.

Avant qu’il n’ajoute une explication ou une remarque, je posais on index sur sa bouche.

- Oui, je sais, mon esprit m’a jouée un tour. Pourtant, je te promets que cela semblait tout à fait vrai. Et puis cette sensation aussi … Avant que tu n’arrives ici, avant que j’entende ta voix derrière la porte, je t’ai vu accourir, je t’ai vu franchir et enfoncer la porte de l’immeuble. Je n’ai pas inventé tout ça, je l’ai bien ressentie. Après, je ne sais pas ce qui m’arrive … Ce n’est peut-être que le contrecoup de tout cela.

Ma main glissa contre sa joue, mon pouce redessinait doucement le dessin harmonieux de ses lèvres. J’admirai cet homme autant que je pouvais l’aimer.

- Tu n’as pas à t’en vouloir. Tu ne pourras pas toujours être là Aaron, être à l’affut de chaque danger qui m’entourera. Ne te lance pas dans cette vengeance. S’il te plait, ne fait rien… pas aujourd’hui, pas demain. Il n’est jamais bon d’agir avec toutes ces émotions en toi.


Dernière édition par Jessica Warner le Ven 7 Nov - 9:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyVen 11 Avr - 18:22

Ses mots, qui dissimulaient à peine un aveu que j'espérai sans me l'avouer et sans trop y croire, me bouleversèrent davantage encore. J'imaginais combien il devait lui couter de reconnaître ses sentiments à mon égard et encore plus de les exprimer devant moi. Je resserrai mon étreinte, déchiré par le choix devant lequel j'étais désormais placé. Je me mordis les lèvres pour me retenir de l'embrasser à perdre haleine mais lorsqu'elle replongea dans les événements douloureux du début de soirée, toute mon attention et mon instinct se mobilisèrent pour boire chacune de ses paroles. Le début de sa description raviva ma colère à l'encontre de cet homme mais je ne pus retenir un sourire tendre lorsqu'elle révéla avoir vu mon visage apparaître dans le miroir juste avant de déjouer les intentions perverses de ce dernier. Ainsi avais-je ressenti les choses avec justesse ? C'était bien un lien qui allait au delà de nos sentiments qui nous unissait. La suite de son récit ne fit que me le confirmer et je m'écartai un peu d'elle afin de la contempler et de la regarder dans les yeux avant de lui confier ce que j'avais déjà compris.

- Non, tu n'as rien imaginé, Jessica, certainement pas. Si tu as vu mon visage juste avant de lui résister, c'est parce que inconsciemment, tu m'appelais. Ton cœur aux abois implorait une aide de ma part, un espoir insensé, je sais... Que toute femme amoureuse peut certainement ressentir face à son bourreau: le voir mis en échec par l'homme qu'elle aime.  

Je l'étreignis à nouveau avec ferveur et déposai un baiser sur son front, comme je l'avais déjà fait chastement quelques jours auparavant. Je voulais juguler cette envie sauvage qui couvait en moi de l'aimer à nouveau et qui se mêlait à la rage d'anéantir celui qui avait porté la main sur elle. Il me fallait lui faire comprendre ce qu'elle avait vécu, comment elle avait eu la force de repousser ce salaud. Sentir son corps collé au mien était une douce souffrance face à la retenue que je m'imposais.

- Mais, ce qu'il faut que je te dise est plus troublant encore. Si tu m'as vu accourir vers toi, si tu as senti que j'arrivais, c'est à cause de notre don commun... Jessica, j'ai vu les manifestations de tes pouvoirs. La pyrokynésie, la désintégration. J'ai entendu parler de ces pouvoirs parmi les nôtres, mais toi ... Que sais-tu de l'animorphisme ? N'as-tu jamais ressenti une impression étrange de suffoquer entre quatre murs, une envie de course éperdue dans la nature ?

Mes mains glissèrent sur ses hanches et je l'entraînai dans le canapé de son salon, craignant que ce surcroit d'émotion de vienne à bout de sa résistance déjà ébranlée.

- Tu te souviens de ce que je t'avais expliqué au sujet des loups, Jessica ? Tu te souviens de cette attraction qui nous a inexorablement poussés l'un vers l'autre, malgré nos peurs et nos blessures ? Je crois que le loup qui fait partie de moi a trouvé sa moitié. C'est pourquoi j'ai vu et senti que tu étais en danger... C'est aussi la raison pour laquelle tu as eu ces visions de moi, d'abord dans le miroir, puis accourant vers toi. Les loups se lient pour la vie et même séparés, ils ont entre eux une sorte de télépathie. La télépathie est d'ailleurs un autre de mes dons, mais je la maîtrise très mal, donc avec toi, c'est l'animorphisme qui m'a permis de ressentir ton désarroi. Pourquoi n'ai-je pas ressenti ta panique lorsque Stark te tenait sous son emprise ? Je pense que c'est sa force mentale qui a mis en échec notre communication extra sensorielle. Mais je suis certain que ce qui nous lie va se renforcer au fil du temps et que rien ne pourra plus s'interposer entre nous. Surtout si tu acceptes comme j'ai fini par le faire, la part animale qui sommeille en toi...

Je serrai sa main dans la mienne tout en me perdant dans sa chevelure éparse qui cascadait sur ses épaules. Je m'enivrai de son parfum tant que je le pouvais. Qui aurait pu dire comment elle allait réagir face à cette révélation ?

- Ce don se révèle souvent à la faveur d'une émotion intense, qu'elle soit positive ou négative. Je pense que cette nuit que nous avons partagé, ce fameux soir où nous nous sommes déchirés, a amorcé cette révélation. Mais la façon dont nous l'avons conclue a entravé ton éveil complet. Il a fallu que ce malade te fasse ressentir une révulsion totale à la pensée d'être touchée par un autre pour que ton âme comprenne que cette répulsion allait bien au delà du dégoût et du rejet qu'une femme peut éprouver lorsqu'un homme veut la ...posséder de force.

Mes mots étaient hésitants, parce que je répugnais à lui faire revivre ces moments si pénibles et ce fut pourtant à ce moment qu'ils exprimèrent mes propres sentiments.

- Il en va de même pour moi désormais, Jessica... Jamais je ne pourrai toucher ou me laisser toucher par une autre sans éprouver une répulsion et un dégoût de moi-même; si séduisante fût-elle. Parce que nous sommes ainsi. Deux loups sommeillent en nous et se sont reconnus. Et cela n'est possible que parce que ... Je t'aime ... Malgré toutes les alarmes qui me disent que c'est pure folie, que je ne devrais pas, que je devrais lutter contre mes sentiments. C'est peine perdue...

Mes mains se détachèrent des siennes tant mes propres mots me terrifiaient par ce qu'ils impliquaient. J'étais perdu, tiraillé entre la puissance de ce que j'éprouvais pour elle et le danger que cela impliquait pour elle ... et pour d'autres. Je posai ma tête sur ses genoux et levai vers elle un regard troublé.

- Ce serait tuer une moitié de moi-même que de nier les sentiments qui me portent vers toi et pourtant ... Je ne peux désavouer d'autres engagements que j'ai pris... Pourtant, jamais, il faut que tu le saches, Jessica, jamais mon cœur ne pourra renoncer à toi, ni t'abandonner face au danger et à la solitude...

Je tendis une main tremblante jusqu'à sa joue pour effleurer son visage.

- Tout ce que je désire ce soir, c'est rester avec toi, te protéger ... et tenter d'effacer l'injure qu'un autre t'a fait subir. Ne me demande pas de renoncer à le lui faire payer, mais tu as raison, ce soir c'est d'autre chose dont tu as besoin, c'est d'autre chose dont j'ai envie.

Je souris tendrement en frottant mon visage contre la peau douce de sa cuisse que le peignoir dévoilait impudiquement.

- Quoi qu'il arrive ... Cet amour ne disparaitra jamais, Jessica ... mais j'ai peur pour toi ... tellement. J'ai peur aussi que ce que que je suis nous sépare si un jour tu savais ...

J'avais tellement honte de me montrer si faible au lieu de tout prendre sur moi et de me montrer fort et rassurant, de lui apporter le réconfort dont elle avait besoin. Voilà que je lui exposais mes propres peurs, mes doutes, mes hésitations. Au risque de la voir me rejeter aussi, par incompréhension, et je le redoutais plus que tout à cet instant.

- Pardonne-moi, Jessica. Je n'aurais jamais dû entrer dans ta vie.


Dernière édition par Aaron Williams le Ven 27 Juin - 22:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 22 Avr - 16:17

Dévoiler la justesse et la force de mes sentiments à Aaron n’était pas un supplice douloureux mais bien une sorte de liberté que je venais d’acquérir, des chaines que je venais de briser. J’avais enveloppé mon cœur dans une gangue complexe toute cette dernière année  pour m’éviter de souffrir de nouveau, en me répétant que je n’étais pas faite pour l’amour, que je l’avais déjà connu mais que ne j’aurai pas cette seconde chance.  A force de me battre contre moi-même, de détourner mes sentiments que j’éprouvais face à Aaron, je m’étais épuisée inutilement car comment effacer une telle émotion si puissante, si pure et faire comme si elle n’existait pas ? Peut-être n’étais-je pas aussi forte émotionnellement que je le pensais mais oui … je venais de déposer les armes à ses pieds et mon cœur entre ses mains. Et cela ne m’avait rien couté que cette sensation d’être plus légère et de ne plus me cacher derrière des arguments et des mensonges qui me pesaient trop. Je l’aimais d’une force  qui me faisait peur car je n’avais jamais rien ressenti d’aussi intense pour un homme même pour cet humain. On dit que les amours ne se ressemblent pas, qu’on les vit différemment. C’était ce que ma mère me racontait et maintenant, je la croyais. A présent, il ne restait plus qu’à élucider  cette partie assez mystérieuse, toutes ces sensations que j’avais perçues et que j’avais décrites à Aaron lorsque je m’étais retrouvée dans les griffes de Damien Stark. Soit il allait me prendre pour une folle. Ce que je pouvais décemment comprendre. Soit il allait être plus conciliant en m’expliquant que cela n’était que les conséquences de mon agression. Mais non ! Il prit avec le plus grand sérieux mes hésitations et mon récit et il y apporta des éclaircissements qui levèrent le voile sur mes incompréhensions. Son baiser sur mon front m’apporta de nouveau une chaleur bienveillante. Je buvais ses mots que j’écoutais avec toute mon attention. Tout ce qu’Aaron m’exposait n’avait pour seul but de me guider sur ma nouvelle destinée. Sa première question me déstabilisa plus que tout alors que je m’agrippais à lui, restant dans le creux de ses bras.

- Qu’est-ce que je sais sur l’animorphisme ? Rien … absolument rien… ma mère n’était pas pourvue de ce pouvoir et mon père … je ne sais pas. Il n’aimait pas se servir de ses dons devant nous, je serai incapable de te dire quelles étaient ses capacités. Mais pourquoi me poses-tu cette question ? Tu es le seul animorphe que je connaisse.

Je me reculais un peu de lui, baissant mes yeux et tentant de chercher une réponse concrète au plus profond de moi lorsqu’il m’invita à me questionner, à faire marcher mes souvenirs sur des sensations bien précises.

- Je ne suis jamais sortie des dômes. Je suis presque née avec des talons aiguilles aux pieds … dis-je pour plaisanter un instant avant de reprendre mon sérieux. J’ai été éduquée ainsi, conditionnée à être une Asarienne de la haute société telle que tu me vois aujourd’hui. Mais depuis quelques semaines, oui, j’ai envie d’autre chose, de bouger mais je ne saurai comment te l’expliquer …

N’avais-je pas décidé, récemment de faire de nouveaux travaux sur le toit de l’immeuble du Diamond pour créer une piscine à ciel ouvert comme si l’envie de liberté, de grands espaces m’interpellaient et m’attiraient. Était-ce donc cela ? Aaron m’entraina avec lui dans le canapé, nous installant côte à côté. Une excellent idée car mes jambes ne me portaient plus. Il poursuivit son développement et je compris alors où il voulait en venir, me crispant légèrement. Tout se bousculait dans ma tête, et faire le tri avec tout ce flot d’émotions qui me hantait ne m’aidait pas à y voir plus clair même si Aaron faisait tout son possible pour m’annoncer tout cela dans une sorte d’apaisement. J’avais la terrible impression de ne plus être maitresse de mon corps. Tout allait beaucoup trop vite. La découverte de ce troisième pouvoir qui me liait encore plus à Aaron.

- Je suis comme … toi … ? C’est ça que tu es entrain de me dire ? Que toutes ces sensations que j’ai ressenties alors que je me trouvais en danger, c’est cette partie de moi qui remontait à la surface pour me protéger et t’appeler à l’aide … C’est …surprenant et un peu effrayant. Comment vais-je m’en sortir avec cette transformation ?…

J’occultais tout à cet instant : la caresse de sa main sur la mienne, sa présence près de moi, son visage enfoui dans mes cheveux comme si j’étais détachée de mon corps. Je devais apprendre à emmagasiner tout cela, à prendre du recul aussi pour éviter de hurler. Mes yeux rencontrèrent les siens, de nouveau, et comme par magie, mon inquiétude et ma peur s’atténuèrent. Ce lien dont il parlait, dépassait l’imagination la plus fertile. Rien ne pouvait le décrire. Il était là entre nous deux, palpable, intense, bien avant cette fameuse nuit où tout avait basculé entre nous deux.   Pourquoi étais-je allée le voir ce soir-là ? Lui et seulement lui ? Toute cette attirance, cette envie impérieuse, ce désir souverain et puissant de le sentir près de moi… Ainsi, tout ceci n’était que l’amalgame de mes sentiments mais aussi de cette partie animale qui se tendaient irrémédiablement vers lui et uniquement vers cet homme. Mon cœur rata un battement tout comme j’arrêtais sans me rendre compte de respirer à l’instant même où j’entendis ces trois petits mots. Avais-je bien entendu cet aveu de son amour pour moi ? Je restais figée n’osant même plus bouger ni répondre, le laissant s’allonger et reposer sa tête sur mes cuisses. Je penchais ma tête sur le côté, accentuant la caresse de sa main sur ma joue. Je ne pouvais rester silencieuse devant tout cela. Il avait droit à mes réponses, à mes réactions. Il était beau ainsi, à la fois fort et fragile, me scrutant de ses prunelles vives et animées par des émotions qui reflétaient à la perfection les miennes.  Sa joue frottant sur ma cuisse ne faisait qu’animer des envies animales et fiévreuses au creux de mes reins. Mes doigts s’aventurèrent alors dans ses mèches blondes et soyeuses, me rappelant des souvenirs agréables.

- Je suis perdue Aaron. Tout ce que tu viens de me raconter me déconcerte mais d’un autre côté, c’est comme si enfin, j’étais moi-même. Il me manquait des réponses, des pièces d’un puzzle que je n’arrivais pas à terminer. Et tu viens de me donner ces informations précieuses. Et tout semble plus clair même si cela me fait peur. C’est illogique mais c’est ce que je ressens.

Mon pouce marqua la courbe de sa lèvre inférieure, lui souriant tendrement. Je m’abreuvais à sa peau qui m’avait manquée, à son corps que j’avais désirai toutes ces nuits.

- Je ne comprends pas tout … ces engagements dont tu parles. Peut-être qu’un jour tu me feras assez confiance pour m’en révéler davantage. Louve ou femme … Qu’importe ce que je suis, à tes yeux, aux yeux des autres. Je suis simplement Jessica. Je t’aime d’un amour total et si puissant, qu’il me dévore, qu’il m’obsède. J’ai toujours été très indépendante voir quelque peu solitaire et là subitement, je dépends de toi. Cela me fait peur car je suis bien incapable de me défaire de tout cela et je ne le veux pas. Cette nuit où nous nous sommes déchirés a été terrible. Et cette rencontre à la boutique a été encore plus oppressante. J’avais peur de t’avouer mon amour car tu avais déjà pris ta décision de mettre un terme à notre lien, rester juste des amis. Je t’ai rêvé toutes les nuits. Je m’accrochais à mes souvenirs mais ils me faisaient encore plus mal de ne plus pouvoir te parler ou t’approcher.

Ma main effleurait tout en douceur sa joue, le trait racé de sa mâchoire, sa gorge qui palpitait sous mes doigts. Je le dévorai des yeux avec un désir furieux et sauvage de l’embrasser.

- Je ne t’empêcherai pas d’aller trouver cet homme mais dis-le moi, je dois savoir moi aussi ce que tu comptes faire. Tout ce que je désire ce soir … … en reprenant ses mots … C’est toi … Cette fois-ci, ne pars pas et ne me laisse pas toute seule. Ne claque pas cette porte et ne me laisse pas avec mes larmes. Je te veux … entièrement … et quel que soit ce qui peut nous opposer, rien ne nous séparera et je ferai tout pour te rendre heureux. Je t’aime Aaron  et ne t’excuse plus d’être entré dans ma vie. Un tel amour aussi fusionnel, une telle osmose au-delà des mots ne se rencontre qu’une fois …

Je fus dans l’impossibilité de retenir mes larmes qui perlaient sur mes joues. Des larmes de bonheur d’avoir enfin retrouvé l’homme que j’aimais tant. Une nuit mouvementée parsemée d’une douleur mais aussi de cette chance de l’avoir retrouvé.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyVen 25 Avr - 19:29

Mon coeur battait à tout rompre, en proie à des sensations où se mêlaient l'émerveillement, la passion, la douleur, la colère et le bonheur de pouvoir enfin lui livrer totalement mes sentiments. Ses larmes coulaient, en silence, après les mots porteurs d'un aveu passionné et de la souffrance qui allait de paire avec l'amour que nous partagions. Je me redressai et l'enlaçai à nouveau, couvrant de tendres baisers ses joues pour y boire ses larmes. Doucement, mes lèvres glissèrent vers les siennes pour les cueillir dans un baiser plus passionné dont je ne pouvais plus différer l'attente. Mes mains encadrant son visage bouleversé, mon corps se pressant contre le sien.

- Je ne laisserai plus jamais quoi ou qui que ce soit nous séparer. Je ne le pourrai plus... J'ai essayé de t'oublier ou de ne penser à toi que comme à une amie. Autant mourir et renier ce qui est ma vie. Tu m'as ensorcelé, je t'ai dans la peau et dans le sang. C'est quelque chose qui me dépasse, qui nous dépasse. Pardonne-moi, si tu le peux, pour tout le mal que je t'ai fait.

J'interrompis notre baiser et posai mon front contre le sien, tentant de retrouver mon souffle et mes esprits. Je lui souris à travers mes propres larmes et murmurai comme une promesse:

- Désormais, dans chaque décision que j'aurai à prendre, tu seras présente. Ce qui me lie à toi fait que ma vie ne sera plus jamais la même. Je dois apprendre, Jessica... Je ... j'étais comme toi, solitaire, indépendant... Je me croyais libre... Alors que j'étais prisonnier de mes peurs.

Je caressai son visage d'une main tandis que l'autre cherchait la sienne pour mêler nos doigts fébriles.

- Tu as raison, ce qui nous lie est merveilleux et terrifiant tout à la fois... Pourtant, ce qui s'impose c'est l'amour que nous éprouvons l'un pour l'autre. J'ai peur parce que je ne veux pas te mettre en danger mais te protéger. Je veux ton bonheur mais ce que je suis peut faire ton malheur.

Je fermai les yeux et inspirai longuement avant de déposer un baiser plein de tendresse sur le bout de son nez.

- Ma louve... C'est tellement compliqué, ce que je dois t'avouer et pourtant ce que je ressens est d'une telle simplicité, d'une telle évidence... Il va me falloir du courage pour trouver les mots et il va t'en falloir pour accepter... Tu pleureras, sans doute, tu souffriras par ma faute encore, mais je ne veux plus que ce soit parce que tu doutes de mon amour.

Je me relevai doucement sans lâcher sa main, m'assis à ses côtés, me laissant aller contre le dossier du canapé et je fermai les yeux en soupirant longuement pour rassembler mon courage et ma détermination. Puis j'ouvris à nouveau les yeux et lui adressai un pauvre sourire. L'homme était faible et parfois lâche, bassement soumis à ses instincts basiques et j'étais terriblement humain et vulnérable soudainement, alors que je devais me résoudre à me dévoiler, me mettre à nu devant elle.

- Mon amour, tu vas commencer par une désillusion mais je crois que j'ai besoin d'un remontant pour arriver à t'avouer ce que tu dois savoir avant d'accepter totalement ce que je suis... Je crois que je vais explorer ton bar et nous servir un verre d'alcool fort. Et même plusieurs... Es-tu vraiment résolue à m'héberger pour la nuit, et ne vaudrait-il mieux pas attendre que ... les blessures de cette soirée et de ces dernières semaines commencent à cicatriser pour t'infliger cela ? Je suis perdu, Jessica. J'ai besoin de ton courage et du mien ...Pardon, pardonne-moi d'être si faible ... si méprisable... Je ne suis pas qu'un loup mais aussi un ... un homme qui doute... tellement loin des Asariens pleins de certitude que tu côtoies au quotidien...

Comme il était difficile et cruel de réfréner l'envie impérieuse de nos corps pour les soumettre à la raison qu'imposait une sincérité totale. Ses mains sur mon visage, son corps contre le mien, avaient éveillé en moi un désir instinctif et puissant d'oublier ce qui se dressait entre nous pour cette nuit, de se réfugier dans la chaleur de cet amour enfin avoué. Pourtant, j'avais la rage, la volonté d'être digne d'elle, fort, courageux, assumant ma nature et mes engagements, tout comme elle le faisait chaque jour avec fierté, sans faillir. Elle assumait ses choix et ses combats. Je devais faire de même.

- Jessica, quoique tu puisses penser de moi après ce que je vais te révéler, tu ne dois jamais oublier ce que je ressens pour toi. Je veux ton bonheur. Tu me donnes une raison de plus de me battre pour mes convictions, et quelle raison ! L'espoir de pouvoir vivre notre amour dans une monde meilleur, l'espoir de voir tomber ces carcans qui blessent notre sens de la justice... C'est dans un monde apaisé et équilibré que je veux voir notre amour s'épanouir...


Dernière édition par Aaron Williams le Sam 28 Juin - 17:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMer 7 Mai - 15:22

Mon cœur me faisait mal tant il battait la chamade. J’étais incapable de maitriser tout ce flot d’émotions qui déferlait en moi : entre mon corps violenté par cet Asarien et maintenant ce sentiment de plénitude que j’éprouvai auprès d’Aaron. Tout me semblait presque irréel. Pourtant,  tout ceci était bien vrai et j’avais la sensation d‘être entière, d’être moi-même depuis bien longtemps comme si je venais de trouver cette partie de moi qui me faisait défaut pour être cette femme, celle que je désirai être depuis tout ce temps. Mes prunelles le détaillaient dans toute sa beauté comme si je venais d’ouvrir les yeux sur lui pour la première fois, de le voir sans artifice, sans mensonge, sans barrières. Juste lui et moi. Il se redressa et je me laissai aller tout contre lui, accueillant ses lèvres sur mes joues qui goutaient mes larmes. Je tremblai d’épuisement mais aussi de bienêtre. L’impression d’être tombée dans un broyeur ne me quittait pas car mon esprit avait encore du mal à emmagasiner toutes ces informations et le fait que je venais de découvrir mon troisième don lié à celui d’Aaron. Les prochains jours seraient assez pénibles mais je n’étais pas une femme à baisser les bras ni à me perdre dans une dépression. J’allais avancer et me redécouvrir. Sa bouche sur la mienne m’électrisa au point de suffoquer contre ses lèvres. Ce baiser, j’en avais rêvé toute ces nuits où j’étais seule dans mon lit. Je répondis à sa fougue, l’embrassant de toute ma passion. Son parfum entêtant et si familier me comblait. Ma main glissa contre sa nuque me serrant davantage contre lui tandis que ses mains encerclaient mon visage. A bout de souffle, tous les deux, il mit fin à ce baiser. Ses mots étaient une promesse du cœur, une promesse pour nous deux et notre avenir. Un baume qui me calmait et qui me rendait plus forte de savoir qu’Aaron m’aimait et me désirait autant que moi j’avais besoin de lui.

- Chuuut … ne dis plus cela … Tu ne m’as jamais fait de mal alors que moi je t’en ai fait ce soir-là pour t’avoir traité de cette manière. C’était notre façon de nous protéger, un instinct animal parce qu’il y avait déjà ce lien entre nous  qui nous faisait peur et qu’on ne savait pas comment le gérer. C’était la seule façon que nous connaissions … pour s’éloigner l’un de l’autre.

Mon front contre le sien, je le contemplai à travers mes cils baignés de larmes. Je me reculai un peu de lui essuyant du bout de mon doigt ses larmes qui perlaient. Ce serment était encore plus beau, touchant mon cœur et mes émotions.

- Chaque décision que j'aurai à prendre, tu seras présent.  Ma vie est désormais mêlée à la tienne et tu es tout ce que je chéris, tout ce que je veux et protéger. Te rendre heureux et nous donner cette chance de nous aimer.

Je baissai mes iris ambrés sur ses doigts qui ne nouaient tendrement aux miens avant de les reporter son visage sérieux, secouant ma tête devant ses propos obscurs et nébuleux. Ce fut à mon tour de prendre son visage entre mes mains délicatement.

- Non, non ! Jamais tu ne pourras faire mon malheur. Loin de toi, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je n’aspirai à une seule chose : te toucher, te caresser, t’embrasser, t’aimer de nouveau. Ne comprends-tu pas que c’est ce rapprochement, cette fusion entre nous qui nous rend plus forts ? Tu ne me perdras pas quoi que tu puisses dire ou quelques soient tes peurs. Je serai toujours auprès de toi mon Ange.

Je souris à son petit baiser sur mon nez avant de le laisser se redresser et se caler contre les coussins du divan. Seules nos mains gardaient encore ce contact entre nous deux. Aaron me paraissait chambouler et je l’écoutai alors sans l’interrompre pour qu’il puisse enfin se libérer de ce poids qui le torturait. La crainte s’empara de moi, sinueuse et perverse. Il ne pouvait y avoir de peur ou de doute entre nous deux, et si je devais m’employer à le lui répéter tous les jours et toutes les nuits, alors je le ferai sans hésitation.

- Non, pas d’alcool pour moi. Je suis assez bousculée depuis ce soir. Je t’écouterai avec toute mon attention et si tu veux boire quelque chose, je t’en prie, sers-toi.  Je suis toujours d’accord pour t’héberger cette nuit mais je ne t’obligerai en rien si tu ne le souhaites pas … Je n’ai pas l’intention de remettre à demain ou attendre une semaine pour panser mes blessures. C’est auprès de toi que je veux être. C’est auprès de toi que je veux m’apaiser, que je veux m’endormir.

Ma nervosité s’emparait de moi à le voir si sérieux et si bouleversé mais je m’étais promis que je le laisserai s ‘exprimer jusqu’au bout.

- Arrête Aaron … Tu n’es pas faible … Tu ne l’as jamais été à mes yeux.

Je m’abreuvai à ses mots comme s’ils étaient ma dernière bouffée d’oxygène. Malgré cela, au-delà de ce qu’il me racontait, je percevais un autre sens. Il me parlait de ses convictions, de son combat, de son espoir d’un avenir meilleur. Cela ne représentait pas le discours d’un chercheur et d’un scientifique. Et soudain je compris …

- Tu n’es pas seulement un chercheur qui passe son temps derrière son ordinateur et des équations, n’est-ce pas ? … Je ne connais personne qui parle ainsi du futur … sauf …

Je laissai mourir ma phrase. Je voulais savoir si j’étais sur la bonne voie ou bien si je me fourvoyais.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyDim 18 Mai - 19:45

Voir ses yeux sonder les miens pour y trouver la réponse à chacune de ses questions ajoutait à la pression que je portais face aux révélations que je m'apprêtais à lui faire. Bien sûr Jessica était une femme de cœur, capable de s'émouvoir d'autres sentiments que la pitié envers les humains qu'ils soient esclaves ou employés. Son aveu sur la passion qu'elle avait partagée avec l'un d'entre eux était terriblement risqué. Pourtant, elle avait osé le faire, elle m'avait fait confiance ou peut-être avait estimé que l'honnêteté et le fait d'assumer ses convictions valaient cette prise de risque. J'aurai pu la dénoncer, ce qui lui aurait valu au mieux un interrogatoire serré et un séjour en prison pour une garde à vue, au pire un jugement à l'emporte pièce, une confiscation de ses biens et une mise au ban de la société asarienne. Pourtant, elle m'avait révélé cette blessure de son passé. Je savais qu'elle avait réduit la ligne de démarcation, la frontière artificielle entre Humains et Asariens à une vue de l'esprit imposée par nos lois mais sans aucune consistance face à la puissance des sentiments. Elle pourrait sans nul doute comprendre ma sympathie pour les Humains, et ma recherche fiévreuse d'une paix entre les factions. Toutefois, si cet aveu m'avait déjà poussé depuis longtemps vers l'envie de tout lui révéler, à mon tour,de mon engagement, ma raison et mon pragmatisme m'imposaient aussi de considérer qu'un aveu n'en valait pas un autre et que les conséquences du mien pouvaient différer de celles du sien. En effet, elle avait enfreint les lois asariennes dans un cadre privé voire intime. Si cela était considéré comme un crime grave, il n'était en rien comparable à un engagement politique raisonné. La passion appelait souvent l'indulgence des jurés, quand bien même elle était coupable. Je n'avais pas embrassé la cause pacificatrice par amour, du moins pas en premier lieu, même si j'avais cru le trouver en son sein. C'était par conviction que j'avais suivi Amaria pour qu'elle me présente au leader de cette organisation secrète et c'était mes idéaux mis à jour par la fille-même d'Ahmad Sara qui l'avaient poussée à me présenter à Mara. Mon choix était dicté par ma raison et pas seulement mon cœur et cela faisait de moi un traître, deux fois coupable aux yeux des Asariens chérissant leur précieuse hégémonie, ceux qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur plaisir, de la satisfaction de leur soif de pouvoir, occultant la folie d'une société qui courrait à sa perte par les déséquilibres profonds qu'elle instituait, déséquilibres qui ne manqueraient pas d'entraîner un profond chaos auquel ni les Humains ni les Asariens ne survivraient. Rien ne retient la main d'un homme qui n'a plus rien à perdre. L'Histoire l'avait maintes fois prouvé. Et les Humains n'avaient plus grand chose à perdre. Ils en auraient encore moins lorsque le projet H.A.D.E.S serait mis en œuvre.

- C'est très complexe et délicat, Jessica. Te dévoiler qui je suis vraiment, c'est ouvrir la boîte de Pandore. Je suis bien ce scientifique qui n'a longtemps vécu que pour ses recherches et les a poussées loin, parfois trop loin, à mon plus grand regret ...

Je me levai pour me diriger vers le bar presque par automatisme, parce que j'avais vu les amis de mon père, des cadres souvent écrasés de responsabilités mais pas assez haut placés pour être protégés en cas d'échec se détendre en prenant le verre du soir... Cette image restait gravée dans mon esprit et j'avais aussi installé un minibar dans mon bureau du centre de recherches. A vrai dire je n'y faisais guère de mal car la passion était telle pour mes recherches que j'oubliais de les interrompre pour quelque chose d'aussi futile qu'un verre pour se détendre. Ainsi les bouteilles d'un grand prix à cause de leur rareté en Asaria avaient tout le temps de prendre la poussière et de vieillir. Je n'étais pas un homme alignant les vices comme le faisaient beaucoup d'Asariens, comme si les collectionner était devenu un sport de notre caste avec une sorte de surenchère démesurée, sexe, alcool, drogue, déviances en tous genres. J'avais eu une enfance relativement épargnée par ces réalités  car mes parents ne recevaient jamais ce genre d'amis, du moins en ma présence, mais mon entrée dans le monde étudiant avait levé le rideau sur un autre monde, un monde dans lequel la pensée première qui venait à certains n'était pas amicale ou même neutre vis à vis d'un semblable. Alors quand il s'agissait d'un être jugé inférieur, imaginez, bien sûr que c'était pire. Là où de jeunes asariens avaient toujours baigné dans cette éducation viciée, moi je découvrai d'un coup, en quelques semaines, toutes les turpitudes dont mes congénères étaient capables. Apprentissage tardif et brutal mais qui eut pour effet de me faire sortir de mes gonds... intérieurement, car mon intelligence, mon instinct, je le savais à présent, m'avaient aussi rapidement soufflé qu'il était vain de hurler son dégoût à la face de la communauté. Intérieurement j'étais donc déjà un homme en colère, un étudiant sage et doué, travailleur, exemplaire, docile... en apparence. En moi, il y avait ce feu, cette rage qui bouillonnaient et ce leitmotiv "je ne veux pas être comme eux, je ne veux pas, jamais, jamais, jamais". Au contraire, je voulais combattre tout ce qu'ils érigeaient en sacrosaints principes. Quel meilleur moyen que de corriger les déviances d'un système que de s'immiscer au plus près du noyau dirigeant. J'avais foi en la science pour m'aider à y parvenir mais très vite, mes études brillamment achevées, alors que j'étais directement recruté par les département de la Recherche et de la Technologie du Complexe Gouvernemental connu sous le nom de Centre de recherches, je compris que la science seule ne suffirait pas, qu'il me faudrait des années, voire des siècles pour faire évoluer les choses, seul dans mon coin, même si j'arrivais à découvrir des solutions révolutionnaires pour les faire bouger. Je découvris aussi que la science n'était pas une "entité" douée de morale et qui réservait ses faveurs aux seuls individus bienveillants. On pouvait être un génie scientifique et le plus beau salopard que la Terre ait jamais portée, tout comme ce Wright et ses implants corticaux... Ou bien, même avec les meilleures intentions du monde, on pouvait voir ses travaux détournés de leur but initial. Ce double constat décupla ma rage et ma colère intérieures faisant naître en moi un sentiment d'urgence qui ne m'avait guère quitté depuis.

Me voir m'épuiser à la tache, comme porté par une force inexplicable avait fini par intriguer Amaria, l'une de mes collègues de travail, et ce qui devait arriver arriva. Le feu, la rage, le bouillonnement intérieurs explosèrent sous les questions bien aiguillées de cette télépathe. Si elle savait déjà, avant que je les exprime, quelles idées m'animaient, il n'en allait pas de même pour moi à l'époque, d'une part, parce que je ne la connaissais encore pas autant qu'aujourd'hui, et d'autre part, parce que j'ignorais totalement à l'époque avoir un léger don de télépathie moi-même et ne risquais pas de m'en servir sur elle. En revanche, mon armadan déjà fort, mais très empirique, m'avait laissé voir des images qui me paraissaient totalement irrationnelles lorsque nous échangions une poignée de main, puis une accolade ou même un objet. J'avais mis cela sur le compte de son ancienne vie avant le déluge de feu. Elle était une Ancienne avec un passé que je savais chargé. Ces images confuses de poursuites, de blessés, d'interrogatoires de lieux inconnus pouvaient venir de sa vie d'avant ... La suite me révéla qu'il n'en était rien. Ces images venaient de sa double vie présente. Je repensais au risque, calculé, qu'elle avait pris en me la dévoilant. Ne m'apprêtais-je pas à faire de même avec Jessica ? Si je ne pouvais pas compter sur ma télépathie pour sonder son esprit, du moins notre lien d'animorphe et aussi les sentiments que nous nous vouions devaient m'assurer que je pouvais m'ouvrir à ce sujet sans risque. Alors pourquoi hésitai-je ? Je le savais bien au fond. En général, lorsqu'un Pacificateur dévoilait son engagement à quelqu'un, c'était parce qu'il n'avait pas le choix; parce qu'il voulait recruter cette personne ou que cette personne manifestait ouvertement le désir de se rallier à cette cause. Souvent les travaux d'approche d'une nouvelle recrue étaient longs et fastidieux et pour cause. Jessica, en m'avouant son amour pour un esclave, avait pris un risque considérable mais les conséquences d'un tel aveu ne pouvaient pas atteindre une autre personne qu'elle-même, ou éventuellement son frère avant une enquête plus approfondie. Pour ma part, en me dévoilant à elle, et avec ce que je savais à l'heure actuelle au sujet des Pacificateurs, c'était toute l'organisation que je mettais en péril si j'étais dénoncé. Je m'étais servi un verre sans m'en rendre compte et je laissai descendre une gorgée de vodka en savourant la brûlure qu'elle occasionnait. Objectivement, pouvait-on dire que ce breuvage avait un goût agréable ? Il avait le charme de son âpreté, de sa brutalité même. Cette sensation de tout effacer sur son passage pour semer des notes d'amertume et de chaleur qui suscitaient des frissons d'étonnement. Et c'était cela qui me plaisait dans cette boisson. Ce mélange de répulsion et de fascination, de mauvais et de plaisir qui se mélangeaient. Une ambivalence qui semblait être l'apanage de ma double vie... Et pourtant, dans mon esprit; il demeurait très clair que je n'étais pas, en vérité, à la solde du gouvernement, mais en lutte contre lui. Je n'étais pas certain que tous les opposants à Alianka et ses sbires le verraient sous cet angle-là. Je m'approchai de la baie, me souvenant soudain la dernière fois que j'avais contemplé le panorama. Qui aurait pu croire que quelques semaines plus tard je m'apprêterais à  contrevenir à toutes mes résolutions? Je sentais le regard inquiet de Jessica peser sur mon dos et je repris la parole d'une voix blanche.

- Avant que je t'explique, tu dois savoir que tu seras la première personne à qui je le révèle. Mes parents eux-même ignorent ... Tu dois également savoir que parler à quiconque de cela implique désormais que je dois m'assurer d'avoir toujours sur moi le moyen de mettre fin à mes jours... En aucun cas, si je suis trahi, je ne me laisserai prendre vivant. Sachant cela tu préféreras peut-être ne rien apprendre. Ou tu peux me gifler en pensant que je ne te fais pas confiance. C'est faux. Mais des propos malencontreux peuvent t'échapper en toute innocence, ou tu peux être surveillée, juste parce que nous nous fréquentons. Par mon statut de chercheur, je suis très contrôlé, surtout en ce moment, je pense que les allusions de Leana l'autre jour t'ont laissé entrevoir le régime résidentiel auquel nous sommes soumis. En te mettant dans la confidence je t'expose aussi. Et c'est cela qui me retient le plus, car si je sais comment éviter de mettre les miens en danger, je sais aussi Van Brenner capable de tout pour soutirer des informations à quelqu'un. L'idée qu'ils puissent te torturer pour te faire avouer ce que tu sais à mon sujet ... Comment vais-je faire pour vivre avec ça , Jessica ?

Je me retournai brusquement, les yeux brillants de larmes et lui ouvris les bras. Quelques fussent ses réactions et ses questions, j'en avais déjà trop dit et encore pas assez mais avant de continuer, je voulais m'assurer qu'elle comprenne que plus elle en savait, plus le danger était grand. Je pouvais tout aussi bien arrêter là. Un télépathe des services de renseignements verrait rapidement qu'elle ne savait pas grand chose, si ce n'est que je préférais la mort plutôt que d'avouer ce que je savais sous la torture. Bien sûr ils se douteraient que la nature du secret n'avait rien à voir avec une association de mangeurs de beignets mais ils n'auraient pas le début d'une preuve tangible et sans preuve, ils finiraient par la relâcher...


Dernière édition par Aaron Williams le Sam 28 Juin - 17:22, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyLun 19 Mai - 12:44

Ses mots, ses regrets qu’il prononça d’une façon particulière à la fin de sa phrase et couvert de non-dit me firent frissonner comme si je me doutais qu’il y avait quelque chose de plus grave, une voie sur laquelle il m’entrainait tout en me laissant mes propres choix.  Je sentais aussi que mes jambes ne me porteraient pas au-delà de ce divan, que toute cette folle nuit avait entrainé un épuisement à la fois moral et physique et que cela ne s’arrêterait pas là. Le visage sérieux d’Aaron, ses traits inquiets et tirés en étaient la preuve même. Je venais de refuser de prendre un verre avec lui. De toute façon, pour arriver à un état d’ivresse, il nous faudrait bien plus que quelques verres. Notre ADN modifié nous garantissait une sorte d’endurance face à l’alcool différent de celle des Humains. Mais je n’avais aucun désir à boire ce soir. Mes mains sur mes cuisses, par moment, je serrai les pans de mon peignoir  avec ce sentiment étrange de ressentir toujours cette colère et cette peur qu’avait engendré ma confrontation avec Damien Stark. Les sentiments avoués et partagés entre Aaron et moi ne faisaient qu’amplifier mon état émotionnel à fleur de peau. Un instant mes pensées s’envolèrent loin de mon appartement et du salon. Je me remémorai toutes ces dernières semaines : notre rapprochement, notre rupture, cette nuit où j’avais fait en sorte de dresser entre nous deux des barrières, notre rencontre dans la galerie marchandes, ce moment partagé avec la petite fille de son amie, mes aveux. Et la découverte de mon troisième don qui était lié inévitablement au sien. Un lien puissant et inébranlable que personne ne pourrait détruire. Tout s’était enchainé à une vitesse incroyable, et moi-même, j’avais encore du mal à faire un tri dans ce tumulte. Je redressai mes prunelles lorsqu’il reprit sa confession e mon cœur tonna contre ma poitrine. Un danger important le menaçait à chaque instant et sa déclaration ne ferait qu’accroitre ce péril. Silencieusement, je lui étais reconnaissante de m’apprendre qu’il ne s’était jamais confié à ses parents et que j’étais la seule personne à franchir les portes de son jardin secret. Mais devais-je le laisser continuer ? Je ne discernai pas toutes ces ombres dans lesquelles il se mouvait mais je pouvais déduire certaines réactions de sa part comme je pouvais déduire des  conclusions. Il ne s’était jamais conduit d’une façon inquiétante lorsque je m’étais confiée à lui sur mon histoire avec mon ancien esclave. Il aurait pu me dénoncer, il aurait pu me faire la morale, mais jamais il n’avait fait quoi que ce soit … Un esprit différent des Nôtres. Un homme qui s’était libéré du carcan de notre éducation et de l’hégémonie de notre race pour voir le présent et le futur autrement.

Perdue dans mes propres commentaires, ce n’est que lorsqu’il prononça le mot « torture » que je me mis à trembler sans pouvoir m’arrêter. J’avais compris. Du moins, c’était les déductions qui me venaient en tête. Logiques et imparables. Je me mordis fébrilement la lèvre avant de trouver la force de me lever du divan. Aaron se tenait debout, dos à la baie vitrée, les bras grand ouvert pour m’y accueillir. Ses yeux brillants me faisaient mal. Je détestai le voir ainsi. Je m’approchai alors, me lovant tout contre lui, ma joue contre son torse. Je fermai mes yeux pour tenter d’articuler une réponse convenable et sincère.

- Tu n’es pas obligé de tout me révéler. Je crois avoir compris … et je ne veux pas être l’origine de ton supplice. Je te fais confiance. Fais ce que tu as à faire, ce qui te semble le mieux pour toi … et pour … eux même si j'ai peur pour toi ...

Je fus interdite d’entendre ma voix. Elle ressemblait à un murmure niché dans ma gorge. Je prenais conscience de ce qui faisait son monde à lui, ce qui pourrait nous séparer. Une cause qui lui était chère. Une cause que je soutiendrai tout comme je serai là pour lui. Mes bras enlacèrent sa taille, m’accrochant à sa chemise. Je me reculai légèrement cherchant son regard.

- Les Nôtres possèdent des pouvoirs puissants et je ne pourrai rien faire contre cela si je tombais entre les mains de la Milice. Mais toi, tu es télépathe … Tu pourrais … J’ai entendu dire que certains télépathes peuvent créer un lien entre leur esprit et celui d’un autre. Un lien pour bloquer les intrusions psychiques. Une protection. Et si tu essayais avec moi ?

J’effleurai de mes doigts ses lèvres car je savais parfaitement ce qu’il allait me répondre.

- Je sais. Tu m’as dit que ton pouvoir n’était que latent. Mais peut-être que notre lien qui lie notre animorphisme pourrait aider ta télépathie.

Mes mains glissèrent jusqu’aux siennes, nouant tendrement mes doigts aux siens.

- Aaron … la soirée a été exténuante autant pour toi que pour moi … Et si on se reposait. La nuit porte conseil. Laisse-la nous bercer de sa douceur. Je veux oublier un instant et ne penser qu'à toi. Nous serons encore là tous les deux demain. Nous y verrons plus clair. Nous aurons peut-être les réponses à toutes ces interrogations. J'ai encore tellement de questions sur ma transformation, mes doutes, mes envies ...
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptySam 28 Juin - 17:29

Lorsqu'elle se leva pour venir se blottir contre moi, je ressentis un immense soulagement de n'être pas rejeté par celle que j'aimais malgré le tableau complexe et sombre que je lui laissais entrevoir. Après tout, ce début de révélation avait de quoi faire fuir plus d'une femme, même sincèrement éprise. Parfois, l'instinct de survie était simplement plus fort que l'amour. Mais, alors que j'étais rassuré d'un côté, émergeait en moi un sentiment d’appréhension qu'on aurait pu penser inhérent au fait de confier à demi-mots quelque chose que je ne partageais qu'avec des personnes ayant les mêmes convictions que moi. Mais mon cœur ne me disait-il pas que Jessica avait prouvé implicitement être animée des mêmes intentions à l'égard des Humains ? Non, la peur qui m'envahissait n'était pas liée au fait qu'elle puisse ne pas comprendre mon engagement, mais bien au fait que cela la mettait en danger, faisant d'elle un moyen de m'atteindre, la rendant aussi complice de mes choix. Le simple fait de ne pas me dénoncer faisait d'elle, pour le moins, une sympathisante à la cause. Si on découvrait ces antécédents avec cet Humain, c'en était fini d'elle. Elle tomberait sous le coup de l'accusation de haute trahison. Devais-je accepter ce prix à payer pour vivre notre amour ? Avions-nous seulement le choix ? Nos aveux éloquents avaient assez prouvé que, malgré nos tentatives pour juguler nos sentiments et rester à distance l'un de l'autre, nous n'arrivions pas à chasser l'autre de nos pensées et de notre cœur, pas plus que nous pouvions rester longtemps sans nous voir. Car, à bien y réfléchir, on pouvait se demander avec du recul, et à la lumière de la révélation du troisième don de Jessica, si notre rencontre au centre commercial quelques temps auparavant, était totalement fortuite. N'était-ce pas son instinct qui avait guidé ses pas vers moi ? Qui pouvait savoir ?

Je commençais à comprendre et à accepter l'idée que je ne pouvais lutter contre mes sentiments, ni contre ma nature qui me liait à elle de façon irraisonnée. Le seul fait de renier ce que j'éprouvais m'était devenu insupportable et ôtait tout sens à ma vie. J'aurais pu continuer, bien sûr, par altruisme, par amour des autres, pour les générations à venir, à mener un combat tout en m'imposant une déchirure sentimentale, mais je savais en mon fors intérieur qu'il ne faudrait pas longtemps pour que cela me devienne trop lourd à porter et qu’inconsciemment je choisisse d'en finir avec cette existence, rongé par le vide affectif. N'étais-je pas déjà engagé, quelque part dans cette voie ? Ma témérité face aux risques qu'impliquaient les bio-nanites et qui alarmait Amaria, n'en était-elle pas la manifestation ? Vivre pour se battre par conviction pouvait porter un homme durant un temps, surtout tant qu'il n'avait pas croisé l'amour. Mais lorsqu'il l'avait rencontré et s'en trouvait privé, il trouvait parfois plus de raisons de mourir que de vivre dans le combat. L'amour que j'éprouvais pour elle suffisait, seul, justifiait tous les risques mais quand bien même il n'aurait pas suffit, nous avions la double peine. Notre animorphisme nous avait conduit l'un vers l'autre et révélé le lien particulier et unique qui peut exister un loup et une louve. Un lien qui les unit jusqu'à la mort et fait que l'un est irremplaçable aux yeux de l'autre. Jessica en avait conscience autant que moi. C'en était même troublant. Elle qui s'était défendue si fort de tout attachement, ne cessait, à présent de le clamer haut et fort, comme si cela s'imposait à elle comme une évidence.

J'avais réussi à lui faire peur avec mes explications vagues sur les risques qu'impliquaient mes activités et surtout le fait de les lui révéler et quelque part, cela me rassura bien plus que si elle avait occulté mes mises en garde. Je caressai ses cheveux lorsqu'elle se blottit contre moi, dans un geste instinctif d'apaisement et de tendresse et je souris à ses mots.

- Oui, je ne suis pas obligé, ma chérie, de tout te révéler. Mais tu le sauras tôt ou tard. Ce qui nous lie va rendre compliqué, pour l'un comme pour l'autre, toute tentative de dissimulation entre nous. Mais peut-être que le plus tard sera le mieux, en effet. Ou peut-être que les événements ne nous laisseront pas le choix.

Nos regards qui se cherchaient enfin à travers ce flot d'émotion, se croisèrent à nouveau. Elle pouvait avoir raison. J'avais inconsciemment longtemps rejeté ma nature asarienne et tout ce qui s'y rattachait mais j'avais tort. Ces dons pouvaient être de sérieux atouts pour servir ma cause. Les autres Pacificateurs Asariens avaient compris cela et l'acceptaient depuis toujours pour la plupart. J'avais beaucoup plus de mal, pour ma part. Que ce soit avec l'Armadan dont j'essayais de limiter les manifestations incontrôlées, mon animorphisme que j'avais longtemps nié et la télépathie que j'avais reléguée au rang d'abomination. Je devais désormais les accepter et les utiliser pour protéger et défendre les miens, ceux que j'aimais. Mieux, je devais les travailler, les maîtriser pour en faire des armes redoutables au service de mes convictions. Si l'animorphisme s'était finalement imposé comme révélateur de ma nature profonde, et m'était désormais précieux parce que me liant à Jessica, l'Armadan et la télépathie m'impressionnaient bien davantage par les usages abusifs qu'en faisaient certains des miens. Il fallait que j'arrive à me convaincre qu'on pouvait en user de façon positive. Jessica avait raison, je le sentais de manière diffuse. Mon esprit parvenant à se connecter au sien grâce à notre lien, pouvait très bien ériger une sorte de mur psychique qui la mettrait hors d'atteinte d'un autre télépathe.

- Il faudra alors nous astreindre à de nombreuses séances d'entraînement. Ce qui implique que tu devras supporter ma présence physique ou psychique plus souvent. Poursuivis-je en adoptant un ton taquin.

Le sens pratique et l'esprit incisif de cette femme ne cesseraient de m'étonner. Elle faisait preuve d'une capacité d'analyse des situations qui étaient l'apanage des leaders ou des louves alpha ? Songeais-je en souriant tandis qu'elle prenait mes mains pour les enlacer . Toujours trouver le moyen de sortir sa meute d'une situation délicate, c'était ce qui désignait une louve ou un loup parmi d'autres pour être le leader. Tout était loin d'être dit entre nous, mais une porte scellée venait de s'entrouvrir et j'acceptais de la laisser entrer. Parce qu'elle était la femme que mon cœur espérait depuis toujours sans le savoir, parce qu'elle était comme une partie de moi-même, à qui je ne pourrais cacher longtemps quelque chose. Je sentais une sorte d'apaisement me gagner lentement. Elle avait raison... Comment n'avais-je pas pu le voir plus tôt ? Elle avait encore raison pour la façon dont elle envisageait la suite de cette nuit mouvementée. Je soupirai lentement, comme si j'acceptais enfin de laisser retomber toute la pression accumulée. Je déposai un baiser sur ses cheveux, calai mon menton contre sa tête tout en la serrant contre moi, ramenant doucement ses bras derrière son dos.

- Oui, nous avons la vie devant nous, une vie à deux, qu'elle soit longue ou courte. Une nouvelle vie qui commence, pour toi comme pour moi. Nous la découvrirons au fil des jours... Tu es épuisée mon amour... Mais es-tu certaine que nous allons vraiment nous reposer ? Ajoutai-je décidément joueur. Peut-être que je devrais aller dormir dans une autre chambre. Tu n'as pas une chambre libre dans la partie réservée au personnel ? Taquinais-je de plus belle avant de lâcher ses mains pour effleurer sa joue et son menton. Je murmurai dans un souffle, tandis que mes lèvres cueillaient les siennes avec passion :

- Je ferai de mon mieux pour répondre à tes questions sur ta transformation, tes doutes et tes envies, mon amour...

Je n'aspirais qu'à me retrouver dans ses bras et à l'aimer. La regarder dormir dans mes bras et me réveiller à ses côtés... Demain et tous les autres jours que la vie nous accorderaient. Était-il possible que l'indomptable Jessica Warner, la tigresse latine, rêve de la même chose ? J'osais à peine y croire.
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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 1 Juil - 21:04

Toute cette soirée avait été longue et très épuisante psychologiquement pour moi.  Une bonne nuit de sommeil, en espérant ne pas être hantée par des cauchemars, allait s’en doute me faire du bien  tout autant qu’à Aaron. Dans ses bras, mon corps contre le sien, fébrile et en sécurité, je ressentais les vibrations de ses émotions qui faisaient écho aux miennes. Nous étions à fleur de peau. L’agression dont j’avais été victime quelques heures plutôt dans mon bureau et tout ce chamboulement dû à mon animorphisme, à ce lien qui m’unissait à Aaron depuis le début de notre première rencontre, cet amour contre lequel j’avais lutté et lui aussi, tous ces évènements nous avaient ouverts les yeux. A force d’avoir voulu s’éloigner l’un de l’autre, d’avoir voulu s’éviter, de nous soustraire à nos sentiments, de nous dissimuler derrière une simple amitié, nous avions découvert que tout cela, tout cette énergie à lutter contre cette attirance n’avait fait que renforcer notre amour. C’était une évidence qui m’aveuglait  tant sa lumière était souveraine mais vers laquelle je me laissai porter en toute quiétude maintenant que je l’avais retrouvé, qu’il était là avec moi. Sa main dans mes cheveux était telle une drogue et j’étais prête à en devenir totalement dépendante. C’était une force qu’il me procurait et qui touchait chaque partie de mon âme.

- Alors, laissons le temps au temps. Et donne-toi assez de recul pour me mettre dans la confidence ou pas. N’aie crainte, tu n’auras pas à supporter mes incessantes questions sur ce que tu fais, où tu vas, pourquoi tu disparais. Je respecte ce côté secret de ta vie.

Cette affinité que personne ne pourrait comprendre, uniquement à nous. Elle se lisait dans ses yeux clairs et pourtant si fiévreux. La découverte de ce don nouveau, qui était avant tout le don le plus précieux d’Aaron, allait nous permettre de renforcer cette attirance passionnelle qui nous avait toujours poussé l’un vers l’autre. Je lui avais suggéré de se servir de sa télépathie sur moi et pourquoi pas créer un lien psychique qui protégerait nous deux esprits ? Son ton joueur me fit sourire et à mon tour, je lui montrai mon côté espiègle.

- Je te retourne la même information : tu vas devoir me supporter et redoubler d’efforts car il m’arrive d’avoir assez peu de patience. Et c’est là que tu vas vite te rendre compte que de vivre auprès de moi  est une véritable torture ! Mais comme je sais aussi être une élève très assidue et que je compte bien lever le voile sur mon animorphisme et en découvrir toutes ses capacités, je vais donc devoir prendre une carte d’abonnement ou alors une carte de fidélité. Et à la fin de toutes ces séances, j’aurai droit à quoi ? Des points bonus ? Un cadeau ? Les félicitations du chef ? L’autorisation de faire de toi tout ce que je veux ?

Spontanément, je fermai mes yeux lorsqu’il se pencha pour déposer un baiser dans mes cheveux. Je voulais tout découvrir sur lui et sur nos pouvoirs communs. Son parfum embaumait mes sens, je m’enivrais de cette essence qui n’était qu’à lui et qui le caractérisait avec précision avant de retrouver ses prunelles  qui me détaillaient de nouveau avec cette même facétie.

- Moi, je tombe de sommeil … parce que toi… non ? Un bon repos et demain nous seront en forme. Ce n’est pas toi qui viens de me parler de longues et interminables séances d’entrainement, mon Ange ? Je n’ai pas de chambres pour le personnel. Il existe un local mais c’est celui des agents de surveillance du Diamond. Mais je peux te rassurer en te disant que mon lit est très moelleux.

Je pourrai me damner pour ses lèvres brulantes, sa bouche sensuelle. Passez mon temps à les gouter, les dévorer, les cajoler.

- J’aurai des tonnes de questions demain.  Et avec le recul de cette longue nuit, je risque d’être aussi  légèrement sur les nerfs. N’hésite pas à me le dire …

Mes doigts s’enlacèrent tendrement aux siens, toujours avec ce sourire malicieux qui ne quittait pas mes lippes. Je tirai son bras doucement pour le guider vers le petit couloir qui donnait à chambre. Je poussai la porte de cette dernière, allumant la première lampe de chevet. Je le laissai quelques minutes, le temps de tirer les doubles rideaux de la grande fenêtre. Asaria commençait à s’apaiser et j’aspirai à cette même accalmie.

- Je reviens. Je vais passer autre chose que ce peignoir de bain que je porte sur le dos depuis plusieurs heures maintenant. Fais comme chez toi.

Une porte à l’intérieur de ma chambre donnait sur la salle de bain. Aaron s’installa tranquillement tandis que je revêtais une nuisette de couleur ocre et un tanga en dentelle. J’aperçus brièvement mon reflet dans le miroir. Les traits de ma fatigue se laissaient parfaitement bien devinés sur mon visage. J’inspirai tout doucement pour chasser les vestiges de la violence dont avait fait preuve Damien Stark sur moi et je retournai auprès d’Aaron glissant sous le drap et la couette soyeuse.  Rencontrant l’éclat profond de ses prunelles, je lui soulevai le bras pour me fondre contre lui, ma joue cajolant son torse. Le contact de sa peau me bouleversait comme jamais et une plénitude m’envahissait : intense et puissante. Je me redressai un peu capturant ses lèvres d’un doux baiser, m’obligeant à rester presque chaste parce que je savais au fond de moi que je ne pourrai résister à sa chaleur. Ma main déjà glissait sur sa peau satinée, le long de son bras, de sa hanche.

- Bonne nuit mon Amour.

Blottie dans ses bras, le sommeil me happa rapidement, trop affaiblie pour pouvoir lutter. Les battements de son cœur, le rythme régulier et réconfortant de sa respiration, ses mains sur mon corps, out ceci était un pur bonheur…

… Je bougeai lentement dans le lit, ouvrant les yeux péniblement sur la chambre bercée par les faibles rayons du soleil qui passaient sous les rideaux épais. Je n’avais fait aucun cauchemar … du moins, je ne m’en rappelais pas si c’était le cas. J’étais complètement détendue et en pleine forme. Aaron dormait encore, l’observant avec amour. Pour la toute première fois, je me réveillai près de lui et cette sensation  était magnifique  Mes doigts jouèrent délicatement avec ses mèches blondes avant de me décider de sortir du lit sans faire de bruit. Mon estomac criait famine et un bon petit déjeuner s’imposait comme une priorité.  Une fois dans le salon, l’heure qu’affichait ma chaine hifi me sauta aux yeux. Il est un peu plus de midi.

Je me hâtai de faire couler le café et de préparer un plateau pour un petit déjeuner au lit. C’est en ouvrant mon frigo que l’évidence me frappa : je ne savais pas les gouts d’Aaron. Que prenait-il ? Etait-il plus sucré ou plus salé ? Je décidai de faire un mix des deux : des tranches de pain grillées, de la confiture,  du sucre, deux verres de jus d’orange, un peu de lait,  des œufs sur le plat agrémentés de bacon, deux grandes tasses de café bien chaud. Et s’il n’aimait pas tout ça ? Tant pis, il était trop tard pour tout changer. Une fois que j’avais placé le tout sur mon plateau, je le portai dans la chambre et au moment où j’en franchis le seuil, Aaron s’étirait et se redressait contre les coussins. Mon sourire s’esquissa aussitôt sur mes lèvres.

- Monsieur Williams bonjour … le petit déjeuner n’attend plus que vous.

Je déposai le plateau sur la table de nuit et je le rejoignis dans le lit, grimpant sur la couette et l’attirant à moi. Je l’embrassai  toute en gourmandise laissant ma langue caresser la sienne audacieusement. Mon corps se lova contre le sien, gémissant contre ses lèvres.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyDim 27 Juil - 21:45

Étions-nous conscients qu'une page importante de l'Histoire d'Asaria était en train de se tourner et que des événements sombres allaient s'abattre à nouveau sur nos destinées ? Certainement pas totalement, à ce moment-là, bien que j'eusse de sombres pressentiments à ce sujet- peut-être une des manifestations d'un armadan en plein développement. Même si j'étais aux premières loges pour assister à l'acte prochain, même si j'en serais probablement un des acteurs secondaires, le témoin et l'otage de la répression gouvernementale tôt ou tard, j'étais loin de me douter que le moment des choix et des confidences viendrait aussi rapidement pour nous deux. Jessica avait encore moins d'éléments à sa connaissance pour pouvoir l'envisager. Mais il y avait une chose certainement, dont nous étions tous deux conscients, c'est que notre vie venait de prendre un tournant décisif, qu'une page nouvelle s'écrivait pour nous. Nous nous faisions face devant le panorama nocturne d'Asaria qui s'offrait à nous à travers la baie vitrée. Nos doigts noués, nos corps si proches, le baiser échangé cette fois en toute connaissance de cause. Nous étions deux âmes cherchant des réponses et portant en nous les germes du nouvel Asaria. Notre nature était identique et rien, en apparence, ne nous interdisait de nous aimer, sauf peut-être un écart de classe sociale. Si je n'avais jamais manqué de rien et vivais dans le quartier résidentiel des Dômes, mes parents n'avaient certainement pas l'aisance financière des Warner et n'avaient jamais côtoyé le luxe et les extravagances de la haute société asarienne. Si ce clivage ne serait pas forcément bien perçu  par certains, concernant une liaison officielle, ce n'était pas notre appartenance sociale qui constituait un obstacle majeur à nos sentiments, mais bien mon engagement.

Viendrait un jour la question de savoir si Jessica serait plus en sécurité en ignorant et restant à l'écart de mes activités ou en y prenant une part active. Se poserait alors à elle la question de savoir si elle souhaitait passer d'une pensée en germe à des actes. Peut-être que le jour arriverait où elle serait plus en sécurité au Phoenix que dans son club. Un jour où je serais tellement exposé qu'il me faudrait mettre les miens en sécurité sans avoir le temps de leur expliquer les détails. Bon nombre d'entre nous savait que ce n'était pas à exclure. Évacuer mes parents et bouleverser leur vie était une chose, imposer le même risque à une femme par amour en était une autre. Jessica avait sa vie ici, ses habitudes, un métier, une activité, des amis, une vie sociale qui lui plaisaient. Ce que mes parents accepteraient par amour pour moi, pouvais-je l'imposer à une personne qui venait juste d'entrer dans  ma vie ? Quelqu'un pour qui je n'étais qu'un étranger il y a peu ? L'évocation de ma télépathie comme moyen de protection m'aurait fait sourire quelques semaines plus tôt, mais pas ce soir. Une idée venait de germer dans ma tête , mais elle demandait encore à être décantée, entrée dans un logiciel de calculs et expérimentée. Après tout, si le gouvernement avait détourné l'utilisation de mes bio nanites, destinées à guérir et soigner, pour en faire des instruments d'amélioration de certaines capacités, si cela marchait sur moi  pourquoi ne pas essayer de l'appliquer aux dons asariens. Pourquoi ne pas tenter de programmer les bio nanites pour améliorer mes capacités télépathiques ? J'imaginai déjà si je pouvais arriver à me connecter à Jessica pour la protéger en érigeant une barrière mentale... Quelle serait la réaction  du ministre de la Sécurité, le tortionnaire ?

Je secouai la tête négativement en murmurant pour moi-même :

- Si cela mettrait les miens à l'abri d'une trahison de ta part, cela ne te sauverait pas des griffes Van Brënner. Si je les empêche de lire dans ta tête, ils sauront que c'est l’œuvre d'un télépathe et te tortureront psychiquement pour essayer de faire tomber cette protection.

...Sauf si … « J'arrivais à créer une illusion suffisamment forte un leurre, une image psychique donnant l'illusion qu'elle ne sait rien... » continuai-je dans mon raisonnement intérieur.Je ne savais pas si la télépathie avait le pouvoir de créer des illusions, il me semblait que c'était plus le domaine de la suggestion...  J'étais très réticent à tout ce qui touchait au domaine de la manipulation psychique … Tant de dérives peuvent en découler, Même si je pouvais acquérir ce genre de capacité grâce aux bio nanites, je n'étais pas certain que ce fût souhaitable d'ouvrir une boîte de Pandore supplémentaire à l'espèce humaine. J'avais le sentiment que notre civilisation était arrivée à la croisée des chemins et qu'une infinité d'évolutions possibles s'offraient à nous, et que, dans le même temps, le choix en était considérablement réduit par l'aveuglement d'une classe dirigeante qui serait bientôt dépassée par les réactions qu'elle avait engendrées.

Mais pour l'heure, c'était les baisers de Jessica qui retenaient toute mon attention, sa présence auprès de moi, son corps collé au mien. Le fait même qu'elle m'accepte malgré les non dits et les révélations inquiétantes que je venais de lui faire. Sa façon de dédramatiser la situation pourtant complexe qui était la nôtre. Le lien puissant et unique que nous venions de découvrir entre nous lui semblait être la solution à tous nos problèmes. Elle ne tarderait pas à constater que si c'était un cadeau merveilleux par bien des aspects, c'était aussi une arme à double tranchant car nous n'ignorerions rien de ce que l'autre aurait à endurer. Plus notre lien deviendrait fort, plus nous serions exposés à ressentir ce que l'autre ressentait et il lui faudrait apprendre à s'en protéger, à faire le tri entre ce qui lui appartenait et ce qui était mien. Je pris alors conscience que la télépathie était peut-être la solution pour la protéger de moi-même et que ce don pouvait m'aider à mieux contrôler les deux autres. Je souris sous ses baisers et répondit d'un air faussement enjoué qui ne devait guère faire illusion.

- J'espère pour toi que tu es une élève assidue car je suis un professeur très sévère. Exigeant. Mais juste, aussi. Si tu travailles bien, tu auras droit à des moments privilégiés avec ton formateur.

Je ne pus m'empêcher de rire doucement lorsqu'elle assimila le fait de vivre à ses côtés à une torture.

- Je veux bien être torturé chaque jour, si ce n'est que ça ! Et cesse de t'inquiéter au sujet de ton comportement face à l'animorphisme. Il est normal d'être dérouté par ce qu'on ressent les premiers temps. J'étais convaincu d'être un monstre au début. Je trouve que tu t'en sors plutôt pas mal. Tu as une vie sociale très harmonieuse contrairement à moi. J'étais un petit garçon solitaire tu sais …

Elle me guida jusqu'à sa chambre et je me laissai faire, m'en remettant totalement à ses désirs. Lâcher prise avec le tourbillon de questions et d'informations qui nous assaillaient depuis plusieurs semaines et encore davantage ce soir et s'accorder juste une trêve avant d'affronter toutes les implications de ces révélations. J'en avais terriblement envie et besoin. Tout comme de sentir le corps de Jessica contre le mien, partager encore ces moments fiévreux et passionnés que nous avions connus, mais cette fois sans faux semblant, sans museler les sentiments qui allaient avec. J'avais le cœur qui battait rien qu'en imaginant l'intensité nouvelle que prendraient nos ébats sans aucun frein pour tenter de cacher ce qui animait notre cœur. J'entrai dans l'intimité de sa chambre avec une certaine émotion, un peu intimidé au début. Mais elle fit tout pour me mettre à l'aise. Tandis qu'elle s'éclipsait dans la salle de bain, je m'assis sur le bord du lit pour ôter mes chaussures, puis déboutonnai ma chemise tout en détaillant la décoration sobre et classe de la pièce. Typiquement féminine, mêlant subtilement le côté raffiné et sensuel que je connaissais à la propriétaire des lieux. Je ne pus m'empêcher de noter quelques détails qui trahissaient déjà au moment où ils avaient été choisis, la seconde nature de ma louve. Un très beau tableau d'un de nos artistes contemporains. Un Humain d'ailleurs, qui était connu pour ses paysages diurnes en extérieur. J'avais une toile de lui, de taille plus modeste, trônant dans mon bureau au laboratoire, lieu où je passais le plus clair de mon temps. Le mien représentait l'océan au levé du jour. Celui de Jessica, un coucher de soleil sur la chaîne de montagnes du nord est, la plus belle selon moi. Celle où j'aurai voulu pousser mes explorations bien au delà de cette ancienne base militaire américaine que j'avais découvert. Le paysage était très sauvage, le terrain escarpé et la forêt sombre qui dévalait sur les flancs de la montagne contribuait à donner cette sensation de mystère découpé sur le ciel embrasé. Je souris en songeant que j'avais souvent parcouru cette forêt sous forme de loup, qu'elle faisait même partie de mon territoire. Bien au delà de l'entrée secrète du Phoenix. J'avais achevé de me dévêtir et je m'étais glissé sous les draps qui portaient son odeur, me délectant de leur contact délicat sur mon corps nu. Lorsqu'elle me rejoignis vêtue d'une simple nuisette, le désir qui couvait en moi se manifesta plus que jamais. Je dus développer des trésors de retenue pour ne pas lui donner libre cours mais la mine épuisée de Jessica m'aida dans ma résolution. Aimer, c'était aussi et avant tout, penser à l'autre avant son propre plaisir. Je frissonnai au contact de ses doigts sur mon corps, de ses lèvres caressant les miennes avec tendresse et je l'enlaçai instinctivement , ému, la couvant du regard, investi d'un sentiment indicible, celui d'être désormais le gardien de ses nuits. Je la vis baisser la garde, fermer les yeux et j'écoutai un moment le rythme régulier de sa respiration... Avant de sombrer dans le sommeil à mon tour...

Je fus réveillé par une odeur familière de café  venu me chatouiller les narines. Instinctivement ma main chercha le contact de sa peau mais ne trouva qu'un vide à sa place. Je m'en voulus presque de ne pas m'être réveillé le premier. Je devais être bien plus épuisé que je ne le croyais ou alors les bio nanites étaient un échec. Je me surpris presque à le souhaiter. Si seulement ma découverte pouvait être un échec ! Bien sûr il faudrait renoncer aux bienfaits qu'elles pouvaient apporter à la médecine moderne, mais on échapperait à tous les usages dévoyés que le gouvernement prévoyait. Et je n'aurais plus cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Je n'avais pas dormi depuis combien de jours avant de m'écrouler d'épuisement dans le lit de Jessica ? Une semaine peut-être... Non, même un Asarien très puissant ne pouvait tenir si longtemps avec une privation de sommeil totale. J'étais bien victime de ce dopage bio moléculaire assuré par ma propre invention. Je n'avais pas envie de m'appesantir sur ce sujet. Pas ce matin. Enfin, ce midi... Mon premier réveil chez Jessica et dire que nous n'avions même pas fait l'amour … Si on m'avait dit cela, je ne l'aurai pas cru possible … Elle franchit le seuil de la chambre les bras chargés d'un plateau rempli de victuailles en tout genre. Le parfait petit déjeuner du sportif de haut niveau. J'étais juste en train de me caler contre les oreillers, comme si nous étions au diapason. Elle déposa le lourd plateau sur la table de nuit et fondit sur moi avant que j'aie seulement le temps de la remercier. Le baiser que nous partageâmes ne cachait rien de l'envie qui nous consumait et je me demandais si nous pourrions la différer encore . Pourtant la raison prit le dessus chez moi et je réussis à interrompre notre échange passionné pour objecter.

- Je t'impose de prendre ton petit déjeuner chaud et en compagnie d'un homme ! C'est bon pour ta santé ! Un homme amoureux de préférence !  Je crois que je vais faire l'effort d'y goûter aussi, pour montrer l'exemple et parce que je suis un grand gourmand.


Il y a quelques semaines de cela, j'aurai eu une faim de loup car je n'avais pas mangé la veille au soir et très rapidement le midi. Depuis  24 heures je n'avais rien avalé et je n'avais aucune sensation de faim. La cause de cette anomalie était très évidente mais il fallait que je n'en laisse rien paraître à Jessica. Un voile de tristesse passa devant mes yeux. A peine m'étais-je ouvert à celle que j'aimais d'un secret concernant ma vie, qu'il fallait qu'un autre me contraigne au mensonge... Mais à quoi bon le lui révéler ? Celui-là n'était pas une source de danger pour elle. Rien ne devait, normalement,  laisser présager la mise hors service du sujet d'expérimentation qui conservait toutes ses facultés jusqu'au dernier moment. Il s'endormait juste pour ne plus se réveiller. C'est du moins ce qui était inscrit dans le protocole. Mais j'étais le premier à expérimenter cette modification moléculaire et surtout, j'étais Asarien, alors que le traitement était prévu pour un Humain. Qui pouvait savoir comment mon ADN allait réagir sur un an ?

Avait-elle perçu l'ombre dans mon regard ?  Je déposai un baiser facétieux sur le bout de son nez tout en affirmant :

- Je prendrais bien un grand bol de café noir et des tartines de confiture pour commencer ! Dis-moi, qu'as -tu de prévu aujourd'hui ? Du travail ou pas ? Des rendez-vous ?

J'étais assez conscient que nous ne pourrions éviter quelques conversations délicates,  notamment concernant Damien Stark au sujet duquel plusieurs détails m'étaient revenus en mémoire à mon réveil . Cela avait été instantané, comme si la veille au soir, mon esprit s'était focalisé sur l'état de Jessica au point d'oblitérer certains souvenirs. Je connaissais ce type personnellement, pour l'avoir rencontré quelques mois auparavant dans une soirée qu'il avait donnée.  Notre première rencontre avait été pour le moins compliquée. Je n'étais pas très surpris d'apprendre qu'il s'abaissait à de telles pratiques pour avoir les femmes qu'il désirait, et si je trouvais déjà discutable d'asservir une femme amoureuse, il avait vraiment signé son arrêt de mort en s'attaquant à Jessica, et en tentant de la posséder contre son gré. Ce n'était qu'une question de temps. Mais ce temps n'était pas encore venu.

- Et toi que veux -tu que je te serve ? Puisque tu as tout préparé, je peux bien te servir ...



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Jessica Warner
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMer 30 Juil - 15:30

Je fixai la cafetière  et la dosette de café qui coulait dans un premier bol. Ma nuit, si elle avait commencé d’une façon très perturbante, emplie de violence dans un premier temps, et de confidences et d ‘aveux dans un autre, n’avait pas été bercée par des cauchemars. La présence d’Aaron avait apaisé mes maux et très certainement cette partie de moi que je ne connaissais pas encore : La Louve. Appuyée contre le plan de travail, je soupirai d’inquiétude. Les prochaines semaines seraient pénibles autant pour lui que pour moi. Cet entrainement à contrôler mon dernier don serait complexe. Bien sûr, j’avais toute confiance en lui. C’était de moi que venait le malaise. Je ne m’étais jamais transformée et me détacher totalement de mon apparence humaine pour devenir un canidé me faisait peur. Le souvenir de ma confrontation avec Damien dans mon bureau était encore bien vivace en moi. Ma crainte mêlée à ma rage face à lui  avait déclenché les prémices de mon animorphing. Ma main s’était changée en griffes, ma peau en pelage roux-marron durant quelques secondes mais assez pour me faire réagir. Une sorte de panique s’était immiscée en moi et c’était à ce moment-là que j’avais affronté l’Asarien. Et maintenant, qu’allais-je devenir ? Je secouai ma tête en repensant aux mots d’Aaron. Il allait vite déchanter quand il prendrait conscience de ma non- assiduité. Adolescente, j’étais effectivement une élève attentive et sérieuse. Mais lorsqu’on devient adulte et encore plus une femme d’affaires dirigeant un night-club, on demande beaucoup à ses employés et encore plus à soi-même. Et c’est là que commencerait la torture d’Aaron parce que je n’étais pas vraiment patiente et qu’il allait devoir supporter mes humeurs.

Je retirai le premier bol que je déposai sur le plateau, enclenchant la seconde dosette et un autre bol. Il n’avait pas que cela à faire, à m’entrainer constamment pour que j’arrive à maitriser mon pouvoir. Il avait son travail au Centre et ses activités mystérieuses auxquelles il ne désirait pas, pour le moment, me mêler. Je respectais cela et je ne lui en voulais pas. C’était toutes ces journées et ces soirées qu’il allait me consacrer. Et si j’étais incapable de surmonter ce don ? Est-ce que cela entrainerait une fissure entre nous deux ? Non, non !! Il avait bien précisé que ce pouvoir nous liait quoi qu’il puisse arriver. Mais il finirait par se lasser de ma présence, par être étouffé et d’avoir besoin de liberté … Je tapai du poing sur le buffet, tentant de faire disparaitre toutes ces réflexions. Je devais rester positive. Je l’avais toujours fait alors pourquoi  quand il s’agissait de ma vie privée, je n’avais plus ce même aplomb ? J’inspirai de lassitude face à mon comportement. Je devais me raccrocher à la seule chose formelle et incontestable : je l’aimais. Notre séparation, notre incompréhension, tous ces faux-semblants pour nous protéger, m’avait fait mal autant qu’à lui. Alors pourquoi je ne me donnerai pas une chance d’être heureuse ?

Je plaçai le second bol à côté du premier, listant à haute voix tout ce qui se trouvait sur le plateau du petit déjeuner pour ne rien oublier. Je venais de percevoir un léger bruit : un froissement de drap. Il devait être réveillé à présent. A cette pensée, je ne pus m’empêcher de sourire comme une adolescente et de regarder en direction du couloir. Mon envie pour lui ne m’avait pas quittée. Si ma fatigue ne m’avait pas rattrapée hier soir, fulgurante et implacable, j’aurai laissé parler tout mon désir. Notre première nuit s’était terminée sur une note amère et blessante. Je ferai en sorte de balayer tout cela et de l’aimer sans plus aucune entrave. Je pris les anses du plateau, me dirigeant vers la chambre. Du bout du pied, je poussai la porte, et mes yeux rencontrèrent les siens aussitôt. Je posai le tout sur la table de nuit, et je grimpai sur le lit, m’élançant pour l’embrasser avec toute cette passion que j’avais pour lui et qui s’intensifiait à son contact. Aaron fut surpris d’un tel élan de ma part mais sa bouche  me dévora avec la même force. Pourtant, il interrompu cette attraction charnelle qui déjà me consumait, observant tour à tour son regard étrange qui me laissa soucieuse mais qui se mua très vite en un éclat facétieux, et le petit-déjeuner. Je basculai près de lui, à ma place, argumentant avec malice.

- Attention que je ne finisse pas par apprécier plus le petit déjeuner que l’homme amoureux ! La gourmandise est un pêché auquel je ne peux résister. Si je goute en premier à tout ce bon repas, je pourrai être rassasiée et ne plus profiter de l’homme amoureux. Tu prends d’énormes risques !

Je calai mieux contre mon coussin et puisque le plateau était de son côté, j’allais prendre plaisir à me faire servir mon petit déjeuner alors qu’il me posait des questions sur le déroulement de la journée … enfin, de l’après-midi et de la soirée.

- Jus d’orange et œuf sur le plat et deux tartines de beurre seulement, s’il te plait.

Il acquiesça et installa le grand plateau sur nos cuisses avec soin pour éviter de tout faire tomber sur le lit. Je lui confectionnai ses tartines de confitures tandis qu’il faisait de même avec moi, au beurre.  Je n’avais pas oublié ses questions …

- Aujourd’hui, je ne fais rien ni ce soir. On a l’habitude avec mon frère de se laisser une soirée sur deux de tranquillité. Donc une nuit, c’est moi qui gère le Diamond, le nuit d’après c’est lui et ainsi de suite. Sauf lors d’évènements importants où l’on se retrouve tous les deux pour accueillir nos clients ou alors, je peux aligner plusieurs nuits d’affilées quand mon frère a décidé de passer plus de temps avec l’un de ses conquêtes. On s’arrange de cette façon.

Je pris la première tartine qu’il me présenta. Je la trempai dans le jaune de mon œuf au plat et la mordis à plaine dents. J’avais une faim de loup… de louve.

- Et toi ? Je suppose que tu dois avoir un planning chargé au Centre ? Des choses quotidiennes à gérer ?

Un sentiment d’anxiété me revint subitement en mémoire. Je n’avais pas pensé à cela sur le moment mais là ça devenait très clair dans ma tête. Je reposai ma tartine jouant avec ma fourchette, les yeux dans le vide.

- Je ne sais même pas si je vais revenir au Diamond tout de suite. Si je me transforme devant mes clients  sans que je ne puisse rien contrôler ? Ce sont mes émotions qui ont déclenché ce don. Tu imagines si quelque chose me bouleverse et que mon apparence change ? Je ne peux pas me le permettre …

Je renversai ma tête en arrière sur le coussin, et des souvenirs de mon passé affleurèrent alors.

- J’ai toujours eu beaucoup de mal à gérer ma pyrokinésie. Quand une situation n’allait pas, ou que j’étais en manque de confiance, les flammes s’élevaient de mes mains. Oui, ça doit te surprendre que la jeune Jessica Warner ne soit pas la même femme que tu connais aujourd’hui. J’ai peur de ne pas arriver à contrôler cette nouvelle partie de moi ? Si je n’y arrivais pas Aaron ?

Je tournai de nouveau mon visage vers lui, complètement perdue par tous ces évènements :

- Qu’est-ce qu’on ressent quand on se transforme ? De la douleur ? Est-ce que tu perçois les mêmes choses que sous ta forme humaine ? Je veux dire par-là, est-ce que tu reconnais les visages familiers ? Sais-tu faire la différence entre tes amis et tes ennemis ? Est-ce que l’homme est toujours là tapi au fond du loup ou il n’y a que l’animal qui agit et réagit ? Est-ce que tu communiques avec les humains sous ta forme de loup ? Avec les autres animaux ? … Oui …oui… ça fait beaucoup de questions … désolée … de te prendre la tête au réveil avec tout ça …
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptySam 16 Aoû - 18:10

Sans doute pour masquer l'envie qui nous tiraillait, nous jouions à nous taquiner autour de ce petit déjeuner gourmand. Nous rivalisions de petites attentions l'un envers l'autre. Je découvrais d'autres sensations, d'autres sentiments, en présence de Jessica. Le plaisir des choses simples qui procurent des joies simples. Comme partager le premier repas de la journée avec celle qu'on aime. Je n'avais jamais connu un tel bonheur. Aucune de mes conquêtes d'un soir n'avait dépassé le stade d'une moitié de nuit avec moi et au mieux. Je ne ramenais jamais personne chez moi et il était rare que j'accepte d'aller chez une fille. Je n'avais jamais eu cet esprit Dom Juan qui caractérise certains hommes et encore davantage certains Asariens. Je plaisais, sans doute, mais pour ainsi dire à mon corps défendant et avant Mara qui avait éveillé le sentiment amoureux en moi, je n'avais jamais été tenté d'aller plus loin que l'assouvissement de certains besoins avec une femme. Cela se passait assez bien lorsque la personne avait les mêmes intentions que moi, beaucoup plus mal si la fille s'était fait des illusions malgré mes mises en garde. Ma première désillusion profonde, mon premier chagrin d'amour, avait été Mara. A l'Université, j'avais eu des maîtresses passagères dont certaines m'avaient trompé. J'en avais éprouvé un cynisme mais pas de peine. Cela n'avait fait que renforcer ma méfiance au sujet de la loyauté féminine mais ne m'avait blessé que dans mon amour propre. Mara m'avait fait mal sans le vouloir, juste parce qu'elle était à un autre, aimait un autre que moi. Pouvait-on aimer deux femmes en même temps ? Sans doute si on les aimait d'un amour différent. Il aurait été faux de dire que je n'éprouvais plus rien d'autre que de l'amitié pour Mara. Un jour peut-être, j'y arriverais, mais il était encore trop tôt. Il y avait trop d'admiration, d'idéalisation, de rêves de jeunesses cristallisés autour de cette femme pour que je cesse de l'aimer aussi facilement. Elle avait incarné la femme idéale aux yeux du jeune scientifique récemment diplômé qui ne connaissait des femmes que quelques nuits d'ivresse.

J'aimais Jessica, à la folie, mais d'un amour d'homme. Je n'idéalisais pas notre relation, ni son caractère, j'aspirais à les expérimenter réellement malgré les appréhensions qui m'assaillaient. J'avais mûri en quelques années et plus encore ces derniers mois. Certains événements vous font mûrir d'un coup. Quelque chose tenant de l'enfance, une certaine candeur, était mort en moi lorsque j'avais compris que mes sentiments envers Mara n'auraient jamais de réciprocité. Mon idéal s'était figé comme une lave en fusion, mais au lieu de me détruire, cette désillusion m'avait forgé dans une sorte de résolution inébranlable. Il y avait certaines personnes et certaines idées pour lesquelles j'étais prêt à mourir. Mara et sa fille en faisaient partie, mes parents, mes amis et leur famille, la cause pacificatrice également et maintenant, il y avait Jessica. Une femme au caractère bien trempé, en apparence inaccessible dont le charme m'avait envoûté malgré moi, au point de jouer moi-même un rôle de séducteur pour lequel je n'étais pas fait. Mais l'illusion n'avait pas duré et je m'étais pris à mon propre jeu. J'étais tombé amoureux. Comme Mara, elle était mon aînée et je me faisais la réflexion que je n'arrivais à voir dans les femmes de mon âge ou plus jeunes que des amies ou de "petites sœurs " potentielles. Il y avait certainement une raison cachée , enfouie au plus profond de mon âme, au fait que je ne sois attiré que par des femmes légèrement plus âgées que moi. J'avais cru que Jessica était forte, comme l'était Mara qui dissimulait une détermination farouche sous une douceur mâtinée de tolérance. Je me trompais, et je commençais à en prendre conscience. Jessica était tout le contraire de Mara. Elle affichait une apparence de froideur mêlée de séduction pour masquer sa fragilité. En elle se terrait une petite fille effrayée par ce qu'elle était devenue. Une femme magnifique dotée de dons incroyables propres à faire tourner la tête à bien des hommes: les plus innocents comme les plus mégalomanes.

Stark l'avait convoitée et il avait failli l'avoir. La seule chose, si j'en croyais Jessica, qui avait mis en échec les intentions salaces de cet homme, était l'animorphisme qui l'avait fait réagir. Comme je l'aimais, ce don que nous possédions tous deux, ce don qui nous unissait et l'avait sauvée d'une blessure infamante. Je l'aimais aussi parce qu'il faisait partie d'elle et qu'il nous promettait des instants de complicités que le commun des mortels et même des Asariens ne pouvait appréhender. Jessica était une fleur sauvage, poussée dans un désert affectif, fragile malgré ses piquants. J'avais envie de l'abreuver de mon amour et de la voir s'épanouir à travers notre don commun. Jusqu'à présent, elle avait su survivre et même vivre -mais vit-on vraiment sans amour ? - sans ce don, et simplement avec les deux autres qui étaient tout aussi effrayants. Elle avait réussi à vivre sans me connaître et je ne doutais pas qu'elle puisse réussir à vivre après moi. Mais je voulais partager avec elle le bonheur d'être un tout en étant deux. Cette sensation d'être plus fort, de vivre chaque instant avec une intensité nouvelle. Tout avait changé depuis que je l'aimais et plus encore, depuis que je me savais aimé d'elle: la couleur des choses, leur parfum, les sons, le regard des gens, mon regard sur les gens ... Ma façon d'appréhender la vie et la mort... Amaria et Mara avaient raison. L'amour partagé changeait tout. Il changeait le fiel d'amertume du mal aimé qui le pousse à devenir martyre, en un vin grisant qui lui souffle de devenir vainqueur. Je voulais que la cause des Pacificateurs triomphe, plus que jamais, mais je voulais assister à ce jour. Je voulais vivre pour le partager avec celle que j'aimais et non plus mourir en sacrifiant ma vie que je trouvais insensée. Je la regardais tandis qu'elle me parlait après avoir croqué dans la tartine beurrée que je lui avais tendue. J'écoutais son flot de questions avec un petit sourire amoureux. J'avais été confronté aux même questions lorsque j'avais découvert mon second don. Mais personne n'était là pour y répondre. Je serais là pour Jessica.

- Ne vois surtout pas ce don comme une malédiction. Il est déroutant parce qu'il modifie notre apparence. Mais au fond de nous, nous restons les mêmes. Ce que nous sommes est blotti là- je pris sa main et la posai contre mon coeur- et là - puis contre mon front. Tout ce que tu vois de moi à présent, c'est un homme mais quand je serai loup, tu liras le même amour dans mon regard, la même loyauté, le même...entêtement. Ajoutai-je en riant.

Je lui servis une portion d’œufs sur le plat qu'elle avait préparé et je remplis son verre de jus de fruits.

- Jessica, jusqu'à présent, cet animorphisme ne t'a guère occasionné de désagrément. Il t'a même aidée dans une situation plus que délicate. Je ne peux pas te promettre qu'il ne t'importunera pas à un moment inattendu mais ce sera toujours pour te tirer d'un mauvais pas ou ... si je ...

Je m'interrompis un peu embarrassé.

- Si je suis en danger ou blessé.. tu le sentiras, tout comme j'ai senti ta détresse... Je sais que c'est assez intrusif comme don. Il va te falloir l'accepter. Lutter contre, à présent qu'il est éveillé serait vain. C'est un peu comme l'Armadan, on ne choisit pas toujours de l'activer. Il est autonome. On peut cependant apprendre à le canaliser , mais pas le désactiver à loisir comme ta pyrokinésie ou ma télépathie. Nous sommes liés Jessica et je ne peux pas te promettre que ma vie sera un long fleuve tranquille, de sorte que tu n'auras jamais d'alarme à redouter. Je peux t'apprendre à maîtriser les manifestations de ces alarmes.

J'engloutis la dernière tartine de confiture et bus le fond de ma tasse de café avant de m'adosser aux coussins pour la regarder les yeux mi-clos.

- Tu imagines un loup lâché dans un labo ?  Crois-moi, j'ai eu souvent chaud aux poils . Penses-tu que les expériences scientifiques soient moins stressantes que des clients exigeants ? Si je suis arrivé à me contrôler, tu peux y arriver. Tu n'es pas seule Jessica, je suis là.Et puis tu as ton frère ... Si tu lui confies la révélation de ton nouveau don, il t'aidera en prenant le relais au Diamond pour quelques jours, le temps que tu t'habitues à ce nouvel état. Il est Asarien, il peut comprendre lui aussi, non ?

Je caressais son dos avec tendresse, du plat de ma main, pour l'apaiser. J'avais une envie folle de glisser mes doigts dans ses cheveux mais je me retins encore.

- Je peux me libérer aujourd'hui, du moment que je passe en fin de journée pour entrer le rapport d'observation des expériences en cours. Mais cela ne prendra qu'une petite demi-heure. J'aurai ma soirée ensuite. Que dirais-tu d'une petite escapade nocturne hors des Dômes ? J'ai tellement de choses à faire découvrir à celle que j'aime. Ajoutai-je caressant sa joue.

Ma main glissa sur sa nuque et avant que j'aie le temps de réaliser ce que je faisais, je l'attirai à moi pour l'embrasser avec passion. Je m'interrompis presque à bout de souffle et murmurai en sondant son regard.

- Tu y arriveras, parce que ce don fait partie de toi, de nous. Je ne suis pas si surpris que cela. la petite fille qui a peur de ne pas maîtriser son don, avait peur naguère, du grand méchant loup et elle a tout fait pour le faire fuir...Mais à présent, tu dois me faire confiance, Jessica... Comme je te fais confiance ... Crois-tu que je t'aurais fait comprendre à mi mots ce que je suis réellement, si je ne te faisais pas confiance ? Quand tu as découvert ta pyrokinésie, tu étais une adolescente. Tu es une femme à présent. Et tu n'es pas seule, encore une fois.

Elle avait aussi posé la question que je redoutais.

- Ce qu'on ressent... C'est un peu... comme mourir et renaître dans un autre corps, mais tout en ayant conscience du changement sur le moment. Les premières fois, les souvenirs s'effacent et on n'a pas de correspondance entre l'état bipède et le loup. Mais au fil des métamorphoses, on apprend à chercher dans sa mémoire on se souvient de ce qu'on est. Le loup conserve la mémoire de l'asarien et inversement. Et puis il y a cette sensation de liberté et de phase avec la nature. C'est tellement puissant que le décrire est difficile. Il faut le vivre, Jessica ... Tu comprendras ...

Je mentais par omission pour la préparer progressivement. Je lui parlais de la métamorphose psychique avant d'aborder le sujet de la transformation physique. Comment lui dire sans lui faire peur ce qu'on peut ressentir lorsque notre corps mute pour devenir une "autre forme de vie" et que cette mutation se fait en toute conscience ?  Il n'y avait certainement rien de plus violent physiquement comme don. J'éludai un peu cet aspect pour le remettre au moment de l'escapade que j'avais proposé. Je découvrais à quel point Jessica pouvait se sentir démunie et angoissée lorsque surgissaient des paramètres nouveaux qu'elle ne contrôlait pas et cela m'éclairait sur son comportement et sa relation à l'autre. Cette obsession du contrôle... qui m'était étrangère le plus souvent. L'inconnu et la découverte faisaient partie des données changeantes de ma vie de scientifique. Ils étaient le sel de mon existence. L'inconnu m'avait toujours attiré. J'avais sans le savoir vraiment, une âme d'explorateur, de pionnier. C'était terriblement troublant de prendre conscience de cela et d'avoir à l'esprit que mes parents ne possédaient pas une once de ce caractère aventureux. Peut-être y avait-il des aventuriers parmi mes ancêtres lointains ? Je prenais peu à peu la mesure de ce qui nous liait et nous différenciait Jessica et moi. Nous avions chacun nos chaînes à briser et besoin l'un de l'autre pour y parvenir.

- Chaque transformation est différente selon les individus. C'est un peu comme une naissance. Chaque femme la vit différemment, je suppose... On réagit avec l'autre part de nous, toujours... On n'en avait pas conscience mais on l'a toujours fait, depuis notre naissance. Quand tu m'as chassé de ton territoire en montrant les crocs après m'avoir séduit, c'était la louve qui te protégeait et quand j'ai feins l'indifférence, c'était le loup qui me disait de m'en aller plutôt que de mordre encore. Tu as déjà dû réagir bien des fois en fonction de cette particularité, mais tu n'en avais pas conscience. On ne le comprends qu'une fois la révélation faite. Nous avons l'intuition et l'instinct du loup en nous. Sa méfiance et sa loyauté aussi. Sa voracité et sa résistance. Murmurai-je en lui croquant le bout du nez.

Puis je me tournai vers le plateau où je picorai une grappe de raisin tentante tout en poursuivant.

- On parle tout le temps. Le loup est un des animaux les plus communicatifs que je connaisse . Mais seuls les "initiés" humains peuvent comprendre nos signes. Un loup peut me parler alors que je suis sous ma forme bipède mais, c'est compliqué: je n'arrive pas à savoir si c'est le don d'animorphisme qui me donne ce pouvoir ou ma télépathie qui me met en relation avec les animaux. Je peux penser et parler par télépathie quand je suis sous ma forme de loup. Un télépathe me percevra mais surtout je peux aussi utiliser le langage corporel du loup pour faire passer un message en utilisant ma conscience humaine. Il m'a fallu plusieurs transformations avant d'y arriver, mais je peux à présent penser asarien en étant loup et inversement. Et sache mademoiselle, que tu ne me prends pas du tout la tête. Ajoutai-je en virant le plateau du lit pour le poser sur le sol pour ensuite l'attirer contre moi.

- Tu m'as servi un petit déjeuner de roi, mais tu imagines que cela suffit à apaiser tous mes appétits ? Tu vas voir comme tu te trompes... Soufflais-je avant de prendre ses lèvres dans un baiser brûlant tandis que mes mains remontaient le long de ses cuisses fuselées pour soulever sa nuisette.


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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMer 10 Sep - 10:46

Entre mes mains, je faisais tournoyer doucement ma tasse de café sur le plateau de notre petit déjeuner. Des tas de questions se bousculaient dans ma tête et Aaron  répondait patiemment à celles que je lui avais déjà posées. Calmement, il prenait le temps de m’expliquer mon nouveau pouvoir pour mieux me guider vers sa maitrise, ne plus avoir peur de cette transformation physique qui serait de toute évidence particulièrement lourde émotionnellement pour moi. Lorsqu’il prit ma main pour la poser sur son cœur puis sur son front, m’indiquant que malgré cette transformation nous restions les mêmes, je fus comme soulagée de l’apprendre. Je secouai la tête au petit trait d’humour, m’arrachant ainsi mon premier sourire. Mes yeux suivirent son geste et le verre de jus d’orange qu’il me servait.

- C’est vrai, tu as raison. Ce pouvoir ne m’a occasionnée aucun désagrément parce que je n’en avais pas conscience. Mais aujourd’hui, il fait partie de moi. Et pour le moment, je suis incapable de contrôler une transformation même la plus brève comme hier soir face à Damien. Imagine que je le croise dans un restaurant, un lieu bondé de monde, que je perds la maitrise de mon don, que je mette en danger d’autres personnes. C’est ça qui me fait peur. Ne pas avoir le contrôle de ce qui m’arrive. Dans mon travail, tout doit être ordonné à la perfection. Le Diamond est une machine bien huilée qui est contrôlée par mon frère et moi-même pour éviter tous soucis. Là, savoir que je suis impuissante et que je dois laisser le temps faire son travail, c’est … effrayant.

Ma mère me répétait très souvent cette phrase : « On a peut-être souvent l'impression de ne rien pouvoir contrôler dans notre vie, mais c'est faux. En réalité, la seule chose sur laquelle nous n'avons aucun pouvoir, c'est le temps qui passe. Le reste dépend seulement des choix que nous faisons. » Je devais me focaliser dessus et arrêter de me butter sur ce nouveau pouvoir. C’était à moi et à moi seule de changer cela, d’apprendre à le surmonter et à en faire ma force. La suite de l’explication d’Aaron me laissa songeuse et perplexe à la fois. Ce pouvoir nous liait au plus extrême : il avait ressenti hier soir ma détresse. Je ressentirai ses angoisses, ses peurs et ses dangers. C’était pour cela qu’il ne voulait rien me dévoiler sur ce qu’il était vraiment et je comprenais encore mieux sa façon de se comporter avec moi.

- Etrangement, si la transformation me fait peur, cette connexion entre nous, complexe et intrusive, ne m’angoisse pas. Pouvoir à tout moment savoir si tu vas bien, si tu as besoin de moi, si je peux te venir en aide. C’est ce que je veux… J’accepte tout cela.

L’aider et le protéger. Ces deux mots résonnaient en moi. C’était ce que je désirai le plus. Qu’il trouve du réconfort entre mes bras, un havre de paix où se reposer, une personne en qui il aura confiance, sur qui il pourra compter. Mes pouvoirs sont dangereux et j’étais certaine de montrer les crocs si on lui faisait du mal. Lui faire comprendre qu’il ne serait plus seul.  Je continuai à savourer mes œufs aux plats tandis qu’il me contait ses expériences lorsqu’il avait commencé à découvrir l’animorphisme.

- Mon frère … J’avais oublié Casey. Il va falloir que je lui explique tout ce qui s’est passé hier soir et ce nouveau pouvoir. Je sais qu’il me donnera tout le temps dont j’ai besoin et je sais aussi que je ne suis pas seule.

Je lui offris un petit sourire à sa caresse dans mon dos. Je n’avais encore pas tout le recul nécessaire à cette nouvelle situation mais ça viendrait. Son idée d’une balade nocturne éveilla mon enthousiasme, celle de la petite fille que j’avais été naguère.

- Oui ! C’est une excellente idée. Et puis, je ne suis jamais sortie des dômes. J’ai l’impression d’avoir vécu une vie qui n’était pas vraiment la mienne, d’avoir été enfermée durant des années … c’est une impression … bizarre et perturbante aussi.

Son baiser détourna mon attention sur mes pensées et mon introspection, accueillant ses lèvres avec une avidité retrouvée et mêlée de ce désir que je n’avais cessé d’avoir pour lui. Il me devinait avec une aisance affolante. Oui, petite j’avais peur de mes dons. Oui, je l’avais fait sortir de mon territoire cette nuit-là lorsque le loup avait montré sa hargne. Chaque pièce de notre rencontre jusqu’à ce soir s’emboitaient comme un puzzle. Le récit de la transformation, de ce que l’on ressent en quittant notre corps d’humain pour devenir un loup renforça mon appréhension mais j’évitai de lui montrer mon angoisse.

- Je te fais confiance pour me montrer tout cela, pour me guider, pour m’apprendre à devenir cette louve et de ne faire plus qu’un avec elle. C’est une part de moi, inconnue pour le moment mais je dois la découvrir et aller au-delà de mes peurs.

Il croqua le bout de mon nez et je lui donnai une petite tape sur l’épaule.

- Mordre … j’aime bien ce terme. Je crois que c’est quelque chose qui va me plaire surtout si c’est toi que je dois mordre. Par contre, je ne suis pas télépathe. Je ne suis pas certaine qu’on puisse arriver à communiquer tous les deux même sous notre forme animale ou alors, on revient encore à cette idée de mettre en place un lien psychique entre nous deux grace à ta télépathie.


Tous les mots d’Aaron retentissaient un à un dans ma tête. J’avais l’impression d’être noyée par un flot d’émotions que je ne pouvais freiner et cela depuis la nuit dernière. Tout s’était accéléré à une vitesse inouïe et j’avais peur de perdre pied : entre mon agression, la découverte de mon nouveau don, son combat secret et notre amour enfin dévoilé. Je prenais conscience que la Jessica Warner, cette femme d’affaires et propriétaire d’un immense night-club, que j’avais forgé au fil des années, avait ses faiblesses et surtout encore des peurs bien tapies au fond d’elle. La séductrice latine au caractère de feu n’était qu’une apparence que j’avais appris à manipuler et à faire évoluer dans ce monde de la nuit sauf qu’Aaron, lui, avait été le seul à percer ma carapace et de faire voler en éclat cette protection. Et ce lien de nos alter égo canidés ne faisait qu’accentuer cette connaissance qu’il avait de moi bien plus que moi j’en avais sur ma propre personne. C’était déstabilisant mais d’un autre côté rassurant. Je n'avais plus à jouer une quelconque comédie. Il devinait ma force et mes failles sans me juger tout en continuant à m’apaiser et à me donner cette passion de découvrir ma vraie personnalité. Perdue dans mes réflexions, j’étais devenue bien silencieuse.  Il vira le plateau du lit m’attirant dans ses bras. Ma jambe glissa entre ses cuisses et mon corps se lova contre le sien, soupirant d’un bien être indescriptible. Les prochains jours ne seraient pas de tout repos mais j’avais toujours su faire face aux épreuves et comme il ne cessait de me le répéter, je n’étais pas seule. Il était là. Il serait là pour me guider et apprendre à dompter la louve en moi. Maintenant, je ne désirai qu’une seule chose : l’aimer et m’étourdir dans notre plaisir commun. Balayer notre première nuit bien trop amère qui n’avait été que les prémices de notre histoire que nous voulions fuir pour nous préserver d’une blessure du cœur et de tout ce qui s’imposait comme une évidence entre nous deux. Tout avait été tellement vite, tellement irrationnel mais surtout si intense que nous en avions été bouleversés, chacun réagissant de la seule manière que nous connaissions. La méfiance peut être aiguisée au point d’être constamment sur le qui-vive et finalement passer près du bonheur. Il était temps d’écrire une nouvelle page à deux et  me libérer de ce carcan pour laisser le Loup atteindre mon cœur et mon âme. Mon sourire mutin s’afficha sur mes lèvres à l’écoute de ses mots provocateurs et joueurs. Je me redressai légèrement pour capter son regard.

- Je ne crois que ce que je vois. Donc, en attendant de me prouver la voracité de votre appétit Monsieur Williams, vous ne faites que parler. Je préfère aussi les actes.

Je l’entrainai avec moi, échangeant ainsi nos places. J’étais sur le dos, calée entre les oreillers et lui entre mes jambes. Mes mains agrippèrent ses fesses possessivement et mon sourire s’accentua à l’idée que j’avais en tête. Son boxer disparut sous l’effet de mon pouvoir sur la désintégration. Je renforçai alors la pression de mes doigts, plantant mes ongles dans sa chair pour mieux le plaquer entre mes cuisses. Mes longues jambes s’enroulèrent divinement autour de sa taille.

- Montre-moi combien je peux me tromper … murmurai-je contre ses lèvres.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyDim 12 Oct - 20:08

Je me laissai aller entre ses bras et oubliai l'extérieur, les menaces qui pesaient sur moi, l'injustice qui régnait sous les dômes et ma nouvelle échéance. Alors qu'elle nous entraînait dans un tourbillon de sensations entre les draps et se retrouvait sous moi, ma peau contre la sienne, je la contemplai, à travers mes cheveux qui me tombaient devant le nez. Je penchai la tête, comme toujours lorsque j'étais troublé et je lui souris. J'étais à elle comme ses mains semblaient vouloir le dire. Je fus tout de même très surpris des effets de son don sur moi. Un frisson parcourut mon dos de bas en haut et lorsqu'elle enroula ses jambes telles des lianes autour de ma taille, je fondis sur elle en riant et répondis à ses mots :

- Tu sais, les courants d'air ont un effet assez radical sur certains de mes instincts... Tu devrais te méfier.

Ma phrase mourut dans le baiser que je lui donnais tout en pesant de mes hanches contre les siennes. Mes mains glissèrent sur ses épaules puis le long de ses bras jusqu'à trouver les siennes pour les enlacer. Tandis que la danse de nos langues se faisait plus intime et langoureuse, je remontais lentement ses mains au dessus de sa tête en frottant mon bas ventre contre le sien. Depuis que je m'étais éveillé et l'avais entendu s'affairer dans la cuisine, j'avais dû différer mon désir et calmer l'ardeur qu'il provoquait. J'y étais parvenu en me maîtrisant au prix d'un effort considérable et devant la priorité de répondre à ses questions angoissées, mais à présent qu'elle me demandait de prouver mon appétit, il n'avait pas tardé à se manifester avant même qu'elle n'aie la bonne idée de désintégrer mon boxer. Lorsque ma verge vint frotter contre sa toison humide, je sentis le feu s'allumer en moi, et je sus que mon regard avait changé imperceptiblement et qu'elle s'en rendrait probablement compte. Je la dévorais littéralement des yeux et son regard ne démentait en rien ce que ses jambes possessives enserrant mes reins trahissaient comme envie. Je ne pus retenir un grognement de désir rauque.

Je la sentis réagir à mon état et notre baiser se fit encore plus ardent, comme si nos deux corps étaient intégralement asservis à la même envie lorsqu'ils se trouvaient l'un contre l'autre, en phase. Mon état d'esprit était bien différent de celui avec lequel j'avais abordé notre première soirée ensemble. S'il y avait certaines choses que je ne pouvais encore lui révéler à mon sujet, c'en était fini de jouer la comédie de l'homme blasé en quête de l'aventure d'un soir. Si elle ne pouvait savoir tout de moi, elle posséderait mon cœur et mon âme en totalité.


Dernière édition par Aaron Williams le Sam 22 Nov - 11:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 14 Oct - 19:16

Nos regards s’embrasèrent soudain au moment où chacun de nous compris que cette sensation qui animait nos corps n’avait plus rien à voir avec celle que nous avions éprouvé cette première nuit. Et pourtant, au fond de moi, cette première union avait été les prémices de notre histoire. Des émotions qui nous avaient submergé à tous les deux au point de nos protéger et de réagir d’une façon excessive. Aujourd’hui nous n’avions plus à faire semblant, à nous cacher. Son parfum m’enivrait. Un parfum délicieux mêlé à l’odeur de sa peau que je connaissais et à laquelle je m’abreuvais telle une addiction qui m’était devenue nécessaire au fil de ces derniers mois. Entre mes cuisses, son boxer avait cessé d’exister dès l’instant où j’avais posé possessivement mes mains sur ses fesses pour le maintenir contre moi. Un soupir de bien-être traversa mes lèvres au moment même où il captura ma bouche. J’insufflai à notre baiser tout mon amour pour lui, toute ma force et ma confiance. Je m’abandonnais entre ses bras pour mieux y renaitre. Mes mains au-dessus de ma tête, son corps nu contre le mien, encore voilé par le fin tissu de ma nuisette, je pouvais néanmoins ressentir sa chaleur. Mes seins alourdis par le désir, se dressaient contre son torse et je sentais toute son envie, pressante et tendue, séduire mon intimité brulante.

Je désirais qu’une seule chose, qu’il me délivre et qu’il me laisse le serrer contre moi. J’avais envie de prendre mon temps de le redécouvrir lentement, de le caresser du bout de mes doigts et de ma bouche jusqu’à ce que, au bord de la folie, il me supplie de mettre fin à ma torture. Mais pour le moment, j’étais sa prisonnière consentante, laissant nos langues s’enflammaient dans cette danse lascive qui deviendrait bientôt la nôtre. Un instant, il se redressa pour nous permettre de reprendre notre souffle et je pus découvrir ses prunelles transformées par le désir de l’homme et du loup, faisant écho au mien.

Ses coups de reins sans me pénétrer me rendaient impatiente et fébrile. Je serrais mes doigts aux siens comme pour lui implorer de mettre fin à tout cela et de nous libérer de cette ardeur qui nous consumait peu à peu. Aaron maitrisait ses mouvements avec une précision qui faisait monter crescendo mon plaisir. Mais là, c’était lui que je désirai sentir, qu’il me pénètre, qu’il me possède, qu’il s’enfonce en moi. Son supplice me rendait dingue et ma respiration de plus en plus régulière. Haletante, ma poitrine se soulevait à un rythme erratique. Mon corps s’arqua au-dessus des draps, projetant mon bassin contre le sien, ressentant immédiatement la chaleur de sa verge effleurer mes chairs sensibles et palpitantes … et ma voix mourut, suppliante contre ses lèvres.

- S’il te plait … Aaron …

Les yeux mi-clos, je l’observais comme il pouvait le faire, détaillant certainement les traits de mon visage, mes lèvres gonflées par l’envie, mon corps tremblant contre le sien. J’enserrai encore plus mes longues jambes autour de sa taille, posant mes talons sur ses fesses, cherchant à mordiller son cou pour le provoquer. Qu’il se déchaine, qu’il laisse le loup ne faire plus qu’un avec l’homme.
Je le voulais maintenant …
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptySam 22 Nov - 15:44

J'avais tellement rêvé ce moment ! Combien de fois, ces dernières semaines, m'étais-je réveillé en sueur, émergeant difficilement d'un songe où je lui faisais enfin l'amour sans rien dissimuler de mes sentiments. Combien de fois avais-je ressenti cette amère déception en sentant l'illusion s'envoler et en revenant à la réalité. Cette certitude que j'étais le seul à éprouver quelque chose de plus qu'une simple attraction physique m'avait torturé des jours durant, pesant sur mes journées de travail et hantant mes nuits.

A présent, cette période de solitude et de résignation teintée de désespoir était loin derrière moi et Jessica m'avait ouvert son cœur et avoué ressentir des sentiments pour moi. Cet aveu donnait à ses gestes une toute autre importance. J'étais grisé à la pensée qu'elle ne désirait pas seulement physiquement l'homme mais était également sous le charme de son esprit et de sa personnalité. J'avais toujours été tellement maladroit avec les femmes. Je me trouvais sans envergure face à des hommes comme Grant Stevenson ou Ryan Miller. Ces deux hommes plaisaient aux femmes pour des raisons différentes mais avaient en commun un esprit brillant en société. Moi, je n'étais brillant que devant mes microscopes électroniques ou mes équations. Tout homme avait besoin de reconnaissance et d'amour. J'avais tenté de le nier mais ce manque avait fini par me rattraper. Je n'avais pas pu masquer bien longtemps les sentiments que Jessica avait suscité en moi.

Peut-être était-ce la place de plus en plus importante que prenait mon animorphisme qui stimulait cet instinct grégaire et cette envie de ne plus avancer dans la solitude. Le loup est un animal de meute et la solitude se vit chez lui comme une contrainte imposée par le clan. Naturellement il aspire à trouver sa compagne et à agrandir la meute. Cette pensée me fit sourire intérieurement... J'avais vraiment des pensées étranges depuis hier soir...Depuis que j'avais compris le lien qui m'unissait à Jessica. Elle aussi semblait en proie à des instincts bien plus sauvages qu'avant, même si elle m'avait déjà assailli avec fougue lors de notre première rencontre. Je sentais que ce matin, elle était différente, sans aucune retenue dans son aveu de dépendance. Les règles de ce jeu étrange avaient changé. Il ne s'agissait plus de cacher à l'autre à quel point on était vulnérable dans ses bras, mais de lui prouver l'intensité de notre amour. C'était totalement différent et encore plus enivrant.

J'arrivais pourtant aux limites de l'attente que je pouvais m'infliger et ses suppliques ne firent que hâter mon élan contre son corps. Je la pénétrai pourtant avec lenteur tout d'abord, comme si je voulais revivre cette sensation en apprécier chaque seconde sous d'autres auspices. Cette fois, je n'étais plus le jouet de ses fantasmes d'un soir. J'étais l'homme qui pouvait espérer partager chacune de ses nuits, et avancer à ses côtés. La sensation que provoqua en moi le fait de la posséder enfin totalement me fit perdre pied et j'eus conscience de façon très claire, de vivre un moment que je n'oublierai jamais. Ce jour-là, elle m'offrait bien plus que son corps et ses caresses.  Elle me donnait sa confiance, et m'accordait d'entrer dans sa vie et son cœur.

Le mien se serra autant du plaisir ressenti que de cette peur diffuse qui accompagne toujours les sentiments les plus forts. Et si un jour je la perdais ... Si on me l'arrachait ou si elle cessait de m'aimer ? L'oubli ne serait pas un refuge car je n'étais pas homme à oublier les personnes aimées, quand bien même elles avaient cessé de m'aimer. Il me faudrait apprivoiser cette fureur qui ferait place au sentiment de complétude que je ressentais à ses côtés. Il me faudrait le muer en une rage acceptable pour ceux qui m'entouraient, ou alors disparaître. L'amour se cultive et grandit des gestes partagés avec l'autre. Le désespoir qu'engendre sa perte est d'autant plus fort et inexpugnable que cet amour est absolu. C'était le prix à payer et j'y étais prêt. Je n'aurai pas du me demander si Jessica avait le même genre de pensée que moi. Ni en venir à souhaiter qu'elle ne m'aime pas de cette façon. Pourtant, je savais que ma vie était parsemée de dangers en tout genre, que mon espérance de vie était compromise tant par mon style de vie que mon accident récent. La question me traversa l'esprit, assassine et traitre. Avais-je le droit de la laisser s'attacher ainsi à moi ? Mais le désir l'emporta, plus fort que tout.

Égoïstement, j'affirmai mon emprise sur elle en pesant encore plus fort sur ses hanches, et intensifiant l'amplitude de mes va et vient en elle. Mes mains libérèrent enfin les siennes pour voler sur ses courbes en caresses indécentes, traçant des arabesques savantes sur ses seins dressés sous le fin tissu de la nuisette. Mon assaut devint plus sauvage tandis que je glissai une main sous ses reins, en dessinant la cambrure exaltée. Je la voulais contre moi, plaquée peau contre peau. Je me perdais en elle, hurlant sans aucune pudeur le plaisir qu'elle me donnait.

Les rêves de tant de nuits contenus en un seul matin ... J'aurais voulu qu'elle comprenne, qu'elle sache les raisons d'une telle ardeur. Mais peut-être la louve les avait-elle devinées ?


Dernière édition par Aaron Williams le Ven 20 Fév - 19:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyMar 23 Déc - 19:24

J'avais tellement rêvé ce moment ! Combien de fois, ces dernières semaines, m'étais-je réveillée en sueur, seule dans mon lit, revivant les scènes de mon appartement comme celle de la galerie marchande. Au plus j’avais tenté d’éloigner Aaron de ma vie, au plus, j’en étais devenue malade. La nuit dernière avait bousculé la donne et chacun de nous avait compris que ce qui nous liait n’avait rien à voir avec une simple attirance, un plaisir charnel primitif d’un soir à assouvir. J’avais aussi pris conscience que la vie d’Aaron ne se limitait pas à ses expériences et ses équations dans un laboratoire. A demi-mots,  il m’avait laissé entrevoir une partie de sa vie secrète, de ses combats. J’avais respecté cette intimité tout en comprenant bien que son quotidien pouvait être parsemé de dangers. Mais je n’avais aucune intention de m’éloigner de lui, de le fuir ou bien de disparaitre. J’avais tout à cœur de le soutenir, d’être son foyer, les bras qui le recevraient pour le réconforter et dans lesquels il se loverait pour y trouver apaisement et chaleur. A deux nous serions plus forts pour affronter les obstacles.

Toutes ses pensées furent bientôt noyées sous l’intensité du désir qui nous consumait. Il jouait à me faire patienter, à allumer le feu en moi qui ne demandait qu’à s’embraser. Le sentir entre mes cuisses, tout contre mon corps intensifiait la passion qui m’unissait à cet homme. Au bord de la folie, je l’avais supplié d’en finir avec sa torture et de me prendre, d’apaiser enfin la brulure de ma peau.  Il me pénétra d’abord tout doucement, m’arrachant ainsi mon premier soupire d’extase. Je creusai mes reins, soulevant mes fesses à la rencontre de son bassin. Mes jambes le maintenaient  dans une prison de luxure que ni lui ni moi avions envie de quitter. Les mouvements de nos corps s’harmonisaient comme si nous avions fait l’amour des dizaines de fois. Ils se reconnaissaient et ils n’avaient plus à s’apprivoiser. Ils se redécouvraient tout comme mes mains redessinaient ses épaules et ses muscles qui se contractaient sous l’effort. Toutes mes sensations étaient décuplées dès que nous nous étions unies. Peut-être était-ce due à la présence de la louve qui ne s’était pas encore manifestée lors de notre première nuit.

J’avais envie de beaucoup plus. Le besoin de sentir sa peau nue contre la mienne devenait presque obsédante. J’en avais rêvé toutes ces longues nuits et ce matin, il était là avec moi dans ces draps. Du bout de mes doigts, le fin tissu qui recouvrait encore ma peau disparu grâce à mon don sur la désintégration. Soudain sa chaleur m’enveloppa. Une sensation indescriptible comme si mon corps s’éveillait à la moindre de ses caresses.  Prenant appui sur son avant-bras, Aaron caressa mon sein de sa main de libre, jouant nerveusement avec la petite pointe de chair qui réagissait entre ses doigts. J’étais bien incapable de freiner mes gémissements. Mes hanches se soulevaient venant à l’encontre de ses vas et viens toujours plus intenses, plus rapides, plus sauvages.  Puis, il descendit sa main le long de mes côtes, jusqu’à ma hanche, pressa doucement ma fesse et glissa le long de ma cuisse pour se caler au creux  de mon genou. Il me fit remonter un peu plus ma jambe pour me pénétrer plus profondément.

Ma main prit alors possession de sa nuque, l’obligeant à se tendre vers moi, capturant sa bouche de mes lèvres.  Ma langue s’empara de la sienne dans un ballet sulfureux. Ardent, amoureux, le baiser prit fin quand nous eûmes tous les deux le besoin de reprendre notre souffle. Mes mains retrouvèrent son dos et mes ongles s’enfoncèrent dans sa chair. Aaron n’en demeurait pas passif pour autant. Il fit courir la pointe de ses dents le long  de mon épaule jusqu’à remonter le long de mon cou et lorsqu’il me mordilla, je sentis un frisson merveilleux m’envahir. J’étais à lui.

Alors qu’il continuait à aller et venir en moi, ne retenant plus mes cris, on s’explorait l’un et l’autre, par nos mains, nos lèvres, nos langues. Il me rendait folle, perdue, soumise à son corps qui ne cessait de convoiter et de posséder le mien. Nos mouvements s’enfiévrèrent, le rapprochement de nos corps se fit plus explosif nous amenant vers le point de la jouissance. Comme s’il avait lu mes pensées, je désirai  être consciente de ce moment. Aaron ralentit délibérément le rythme ce qui me fit ouvrir les yeux, observant son visage baigné par le plaisir. Mes doigts fébriles rencontrèrent ses mèches blondes qui lui tombaient de chaque côté de son visage, les ramenant doucement derrière son oreille. J’aspirai alors sa lèvre inférieure. Le rythme de son va et vient avait ralenti, mais pas l’intensité. Les poussées d’Aaron étaient vigoureuses et mes chairs brulantes enserraient son membre chaque fois  qu’il me pénétrait, chaque fois que je sentais sa verge se glisser au plus profond de moi pour m’arracher mes dernières suppliques, mes derniers cris, mes derniers souffles. Il bougea lentement pour éviter de basculer tout son poids sur moi, trouvant ainsi le point le plus sensible de mon corps qu’il s’appliqua à caresser de son sexe. Encore. Et encore. M’amenant chaque fois un peu plus vers la libération, autant moi que lui.

Je gardai les yeux ouverts. Je voulais voir son regard lorsqu’il jouirait, lorsqu’il se laisserait totalement aller contre moi. Mon homme à moi. Mon loup. Mon cri s’éleva dans la chambre. Mon corps se cabra, convulsa entre ses bras, mes yeux s’écarquillèrent. Je ressentais alors les contractions de mes chairs autour de son membre impatient et vigoureux, précipitant ainsi mon orgasme  …


Dernière édition par Jessica Warner le Mer 30 Sep - 9:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica)   (Terminé) Quand le loup s'éveille (Jessica) EmptyVen 20 Fév - 20:16

Malgré mon apparence plutôt séduisante et ma parfaite condition physique, ma jeunesse et ma fougue, je n'avais pas connu de façon excessive l'extase dans les bras d'une femme. Pourtant je savais à présent qu'elle avait pour moi des valeurs très diverses. Jouir entre les bras d'une femme qu'on trouve attirante et qu'on a convoité physiquement était agréable. Un plaisir qu'on s'accorde mutuellement pour oublier un moment la pression que la vie quotidienne peut nous infliger. Sans mensonge ni fausse promesse, ce genre de relation n'est pas condamnable. Elle risque juste d'accentuer le sentiment de solitude dans les autres moments de la vie.

Il y avait ensuite l'extase vécue dans les bras d'une femme pour qui on a compris avoir des sentiments. Elle se mêle inévitablement à une peur irraisonnée de vivre un amour à sens unique. C'est destructeur et frustrant au possible. Et pourtant on ne peut s'empêcher d'en redemander, de retomber chaque fois dans ses filets. C'est pourquoi j'avais préféré me montrer odieux et la dégoûter de ma présence, au terme de cette première soirée que nous avions partagé dans d'intenses ébats. Une panoplie d'auto défense, une stratégie d'auto défiance. C'était inscrit là dans mon cœur " toi je t'aime mais tu ne m'aimes pas. Je me rends détestable pour que tu ne me laisses plus t'approcher."  Ce mécanisme, je pouvais l'identifier pour la bonne raison qu'il s'était déjà déclenché en moi auparavant. J'avais essayé de passer pour un lâche, un être inintéressant aux yeux de Mara. Je savais donc ce que je mettais en œuvre face à Jessica à la fin de notre première soirée. Pourtant, l'orgasme que j'avais connu ce soir-là était sans précédent pour moi. C'était le premier que je vivais avec une femme dont j'étais amoureux.

Pourtant, il y avait encore plus fort et exaltant. Et je le ressentais à présent, dans chaque fibre de mon être, alors que mon plaisir explosait entre ses cuisses, me libérant dans un cri rauque tandis que je la serrais convulsivement contre mon corps. Je jouissais en elle et je la sentais jouir. Et je savais qu'elle m'aimait. J'en avais l'absolue certitude en ce moment précis. Rien ne pouvait égaler la force de cette sensation à mes yeux. A ce moment donné, alors que je la tenais dans mes bras, j'avais l'impression d'être l'homme le plus heureux du monde, le plus aimé, le plus exceptionnel. Jessica dans mes bras, Jessica m'appartenant, à moi. J'avais le sentiment d'avoir le monde à mes pieds et d'être invincible. Elle était ma drogue, mon addiction. Ce qui me ferait foncer et aller jusqu'au bout pour défendre le monde, l'idée que nous nous faisions du monde qui abriterait cet amour. Tandis qu'elle criait sous mes derniers assauts libératoires et me dévorait de ses grands yeux, je la fixai intensément pour qu'elle perçoive  tout ce que je ressentais à ce moment précis mais aussi quel genre d'homme elle aimait, ce qu'elle encourait à l'aimer. Le danger, la séparation, la violence, la passion, la privation, la souffrance, l'idéal, la soif de justice, la droiture, le sacrifice, la mort. Tout ce cocktail qui me composait et faisait de moi un mélange éminemment explosif.

J'étais en sueur, le corps luisant, les cheveux en bataille et collés à mes tempes, lorsque je retombai à ses côtés, tout autant responsable de notre épuisement, que victime de son emprise farouche et passionnée qui avait su abattre une à une les dernières barrières de pudeur qui maintenaient le loup prisonnier de l'homme. Je me tournai alors de côté et plongeai mon regard dans le sien, tandis que je cherchai mon souffle:

- C'est comme ça que je t'aime et que je vais t'aimer jusqu'au bout. Te voilà avertie. Toujours prête à relever le défi ?
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