Event : Faits comme des Rats (pv Humains du bidonville, Milice des frontières, Paces)

La nuit … ne durerait pas éternellement. Elle serait notre plus grande alliée et malheureusement notre pire ennemie. J’avais réussi à faire passer le message à une très grande majorité des familles du bidonville et mes informations s’étaient dispatchées rapidement d’un foyer à un autre, de bouches à oreilles. Les premiers humains avaient réussi à passer les frontières du dôme sans aucun problème, mais bien vite la Milice aux aguets, s’était aperçue de ces allées et venues beaucoup trop dense.

La nuit … était pour certains une source de refuge, là où l’on pouvait retirer nos masques, où l’on pouvait cesser de mentir et enfin se laisser aller à n’être plus que nous. Pour d’autres, c’était le symbole des Ténèbres et du Chaos. J’étais reliée aux autres Pacificateurs par un système de communication avec oreillette et micro. Je m’étais postée non loin des barrages que j’avais vu se former en quelques heures. C’était moi qui avais averti la population de ne plus passer par les dômes, de rebrousser chemin. Pourtant, les plus téméraires ou bien les plus fous, ne pouvaient reculer devant leur derrière chance de fuir cet enfer.

Enveloppée de ma longue cape noire, la capuche remontée sur mes cheveux, elle dissimulait mon corps et mon visage. Plus encore, j’avais un blaster dans ma main, un second dans mon dos, sous mon pull une grenade aveuglante accrochée à mon ceinturon. Les voix des soldats résonnaient jusqu’à moi. Ils hurlaient des ordres de plus en plus dangereux pour quiconque s’approcherait d’eux. Nous allions devoir passer en force … C’était notre seul moyen … Nous avions des explosifs à notre dispositions et des cocktails Molotov concoctés par mon groupe.

- Mara, on est prêt à lancer et faire péter nos petits joujoux quand tu veux pour détourner l’attention des soldats !

- On attend encore un peu. Il va y avoir du mouvement … Il faut préserver les habitants et se faufiler dès que les Miliciens seront pris entre nos feux.

Et là je vis une silhouette massive qui était connue de chaque habitant vivant en Asaria et dans ses terres. Je l'avais reconnu : le ministre de la Sécurité. L'âme damnée de la Grande Conseillère. Les armes des Miliciens brillaient sous les lampadaires et les premiers rayons de l'astre lunaires qui se reflétaient sur la voûte transparente.

Partir … rester … Partir vers les Terres Sauvages pour fuir tout ça, en profiter pour recommencer une nouvelle vie vu que celle-ci semble vouloir tout me retirer. Ou rester et prêter main forte à tous ces pauvres gens, se rendre utile pour une cause qui me tient à cœur, car elle touche mes racines. Voilà quelques jours que j'ai été mise au courant sur la situation des Bidonvilles par un certain Evan Cassidy alors que je repassais dans les parages. Depuis, je suis revenue fouler la terre de mon enfance et ai fait de mon mieux pour me rendre le plus utile possible, faisant circuler toutes les informations que je pouvais récolter grâce au bouche à oreille, perpétuant ce réseau de communication. Je passais même des nuits entières dans les Bidonvilles. Après tout … plus personne ne m'attendait.

Ce soir, j'ai rapidement pu remarquer que l'ambiance était toute autre, plus pesante encore, la tension palpable dans chaque âme qui foule le bidonville. Puis, le bruit a circulé qu'il fallait éviter les sorties des Dômes. Toujours portée par mon interrogation, je reste donc en place, à distance raisonnable, mais d'où je suis, je peux aisément observer le barrage où les Miliciens sont sur le pied de guerre ainsi que tous les mouvements alentours. Je me mêle à un groupe d'humains en pleine conversation, emmitouflée dans un grand manteau en laine, un bonnet enfoncé sur la tête, et une paire de mitaine aux mains … Les températures avaient drôlement baissées et je n'étais pas rentrée au Rubis Etoilé depuis deux jours. J'avais donc fait comme avant … avec les moyens du bord. Et toujours cette interrogation … et cette envie au fond de moi, de me mêler à cet autre groupe qui part faire la queue au poste au frontière. Si une occasion se présente ...  

Tous les esprits des Pacificateurs étaient liés grâce à ma télépathie. Je pouvais entendre  leurs voix dans ma tête et tout ce qu'ils pensaient. J'étais comme un récepteur de toutes ces ondes qui convergeaient vers moi. J'étais sortie du dispensaire, mais avant cela j'avais donné toutes les recommandation aux bénévoles et au personnel qui travaillaient avec moi : je ne voulais plus personne ici. Tout le monde devait se mettre à l'abri et partir du bidonville. Nous avions informé toute la population durant ces derniers jours. Le TyAma vivait ces derniers soupirs  et ce pressentiment se faisait inévitable.

Nous avions tous étaient le témoins de ces barrages mis en place un peu plus tôt. J'étais quelque part dans les ombres du quartier et j'avais perçu l'échange entre Mara et Leroy. Je communiquai avec eux grâce à mon pouvoir.  

* Nous serons alors deux, Leroy. Je ferai diversion avec toi et tous les appuis qu'on mis en place les Pacificateurs. *

Mes yeux prirent la couleur flamboyante du feu, un autre de mes pouvoirs. Ma télékinésie associée à ma pyrokinésie ferait de nombreux dégâts pour freiner la Milice. Je devais aussi penser à protéger, peut-être même à créer un écran invisible pour éviter les balles et les tirs de laser et autres armes.

* Il faut lancer l'attaque Mara. On attend trop. Les Soldats se mettent en place. Il faut les prendre par surprise !*

Je portai ma main au Phoenix, le médaillon que je portais autour de mon cou. Ce soir, il me donnerait ses ailes et sa puissance.

Le Général Van Brënner s’était déplacé en personne pour briefer les troupes et tous les soldats écoutaient les ordres donnaient. Les barrages avaient été renforcés et plus personnes ne pouvaient aller et venir entre les dômes et les terres sauvages.
21 heures … La Milice avait renforcé tous les points de contrôles et la population pouvait suivre l’arrivée des véhicules légers deux roues blindés ainsi que les canons napalm montés sur VMB se mettre en place.

Des petits malins s’avançaient vers les soldats, une famille rien de plus banale : un père, une mère et leurs deux jeunes enfants. Le Milicien Erikson  pointa son blaster à impulsion sur les corps qui s’avançaient en gémissants.

- Dégagez ! Retournez dans vos taudis ! Personne ne passera plus ! Vous allez croupir dans votre misère !

- Laissez-nous passer ! Ma petite fille est très malade et l’eau n’est pas bonne !

Un second Milicien s’était approché et il donna un coup de cross dans la gueule du pauvre père de famille qui tomba à terre. Sa femme serra entre ses bras ses deux enfants. Le soldat Erikson sortit son blaster devant l’humaine apeurée.

- Tu prends ta merde d‘époux et vous vous tirez  où je bute des gamins !

Le père avec la hargne du désespoir se redressa et tenta de s’emparer de l’arme du Milicien pour protéger sa famille. Le coup partit et le bruit fendit le silence ainsi que les pleurs des enfants. Des humains sortirent un peu partout de leurs abris pour découvrir, horrifier la scène.

- Vous allez vus tenir tranquilles où vous finirez tous comme lui ! Je peux continuer par toi ou tes gamins ? Il vous faut une bonne leçon pour que vous compreniez qu’on ne désobéit jamais à la Milice !

Plus j'observe, et plus je crois reconnaître des visages familiers … et pas que dans les humains. Devrais-je me rapprocher d'eux ? Était-ce trop risqué ? A vrai dire la tension monte, m'empêchant de raisonner calmement, et le coup de feu achève de me terrifier. Faisant volte-face vers la scène, je vois cet homme tomber inconscient, j'entends les cris, les pleurs … Je crois que j'ai crié moi aussi. Puis, la rage prend le pas sur la peur. Depuis toute petite j'ai été habitué aux mauvais traitements de la Milice. Si je n'en ai pas forcément été victime, j'ai été témoin de leurs actions … J'entends ce qu'on dit sur eux. Et je vis dans ces taudis qu'on nous impose, ce dôme dans lequel on souhaite nous maintenir enchaîné. Et pour quoi ? L'extermination ? Un mélange de peur, d'horreur, de haine fait battre mon sang dans mes tempes, anime mon âme. Mais que faire ? Qu'est ce que moi, simple humaine puis-je faire contre eux ? Je n'ai pas d'armes, je n'ai pas de force … Si beaucoup se mettent à courir, à fuir … se laissant aller à la panique, je reste sur place, en proie à un sang froid que je ne me connaissais pas.

Lançant des regards alentours, je reconnais Amaria Saria, non loin de moi, cette femme qui m'avait un jour soigné au dispensaire … et renseigné sur le sort de Tom. Depuis, j'avais gardé son secret. Je tente de capter son regard, me reconnaîtra t-elle ?

-Que peut-on faire ? Demandais-je sans même être sûr que ma question serait entendue vu tout le bruit environnant.

Je sentis un mouvement léger dans mon dos et avant que je me retourne, la voix familière de Leroy se fit entendre en un murmure près de mon oreille. Il était venu malgré la situation, malgré le fait qu’il pourrait voir sa couverture tomber si quelqu’un le reconnaissait. Ses pouvoirs, je n’en connaissais pas leur puissance. Je savais qu’il était capable de contrôler les Ombres et même le temps.

- Ce qu’il nous faut Leroy, c’est une diversion et rendre la Milice totalement inopérable. C’est à ce moment-là qu’on pourra faire passer toutes ces familles qui s‘entassent là-bas.

J’entendis la voix d’Amaria dans ma tête. Elle aussi mettait ses pouvoirs au service des Pacificateurs et comme l’Ancien, elle possédait des pouvoirs extraordinaires. C’était la seule qui n’avait pas eu besoin de système de communication. Sa télépathie nous liait à elle.

Kaël s’est joint à nous et avant même que je réponde à sa question, un soldat avait ouvert le feu sur une famille. Un homme était tombé à terre en protégeant sa femme et ses enfants. Je dus réprimer un cri avec ma main. Je ne supporterai jamais la cruauté même avec toutes ces années à la combattre. Je fermai les yeux un instant et je puisai au fond de moi toute ma force et mon courage.
Je vis Kaël s’introduire dans le poste de garde de la Milice. Ses pouvoirs lui permettaient de contrôler tout ce qui était en rapport avec l’informatique et la haute technologie. Lorsqu’il revint près de moi, je savais très exactement comment nous allions procéder.

- Kaël, lance un faux message ! Il faut qu’une partie des canons napalm montés sur VMB et les véhicules blindés bougent de là. Dis-leur que le message vient du Général Van Brënner, qu’il faut un soutien des véhicules à la décharge ! Il y a des émeutes.

* Amaria, lance ta télékinésie dès que les véhicules bougeront, il faudra créer un tunnel invisible pour protéger tous les humains que nous ferons passer à l’extérieur du dôme.

- Leroy, tes Ombres vont nous servir à aveugler les soldats qui restent sur place. Créez des Ombres, des tentacules et attaque-les avec ça. Moi, je vais m’avancer vers ces familles qui ont été refoulées et parquées entre ces barrières.
C’est le moment ! On y va !

Je communiquai avec le reste du groupe qui se tenait prêt à lancer leurs petits joujoux :

- Lancez les explosifs et les cocktails Molotov ! C'est le moment  !

Je me lançai en courant vers les familles rejetées par la Milice qui attendaient avec leurs sacs le moyen de s’enfuir. Tout devait être coordonné avec précision. Mon blaster à la main, j’avançai en m’aidant de la nuit qui s’étendait dans le bidonville.

Tous les yeux furent braqués sur cet homme  qui tomba au sol, tué de l’arme d’un soldat. Ils étaient tous là, tous les humains, tous les Pacificateurs, cachés à voir cette scène monstrueuse qui signait le commencement du chaos. Mara s’était vite repris et elle émettait le plan pour obliger la Milice à s’éloigner des barrages et laisser donc la voie libre pour faire passer les familles de l’autre côté. Kaël avait pu s’infiltrer dans le poste de garde et il avait maintenant le contrôle sur les communications et tout le système radio/informatique des chiens de Van Brënner.
Leroy devait créer la panique et de l’agitation auprès des soldats avec son pouvoir. Kaël devait diffuser un faux message pour éloigner une partie des blindés et moi je devais couvrir et protéger les familles.

J’allais m’avancer quand une voix me stoppa sur place. J’étais si concentrée avec ma télépathie que je n’avais pas senti son approche. Je me tournai vers la jeune femme, posant mes yeux teintés de la puissance de feu du Phoenix sur elle.

- Scarlett …

Sa question était simple, mais j’étais incapable d’y apporter une réponse sans lui mentir sur la folie d’un tel plan pour sauver la population.

- Les familles sont rejetées. Plus personne ne peut passer le dôme. Ce n’est plus une question de contrôle des identités, c’est une interdiction de sortir d’ici. Certains vont faire diversion et moi … Non, nous, nous allons guider les familles une fois que les Miliciens seront occupés et dispersés.

Avant de partir en direction du barrage et de rester au plus proche de la sortie qui menait vers les terres sauvages, je plaçai ma paume sur le front de la jeune femme quelques secondes.

- N’ayez pas peur. Si les mouvements de foule nous séparent, nous pourrons toujours communiquer grâce au lien télépathique que je viens de créer entre nous deux. Vous n’aurez qu’à vous concentrer et parler dans votre tête, je vous entendrai. Soyez prudente.

A ce moment-là, je venais de révéler ma nature asarienne, mais ce n’était plus le moment de réfléchir.

- Nous allons avancer, restez avec moi.

J’entendis la voix de Mara dans mon esprit. Le plan était lancé.

- Venez ! Attention, il va y avoir des explosions un peu partout. On va se rapprocher des barrages.

J’étendis ma télékinésie autour de nous deux pour nous protéger des tirs et des explosions. Mara courait du côté opposé pour libérer les familles  cantonner derrières des barrières comme des bêtes. La Milice s’activa elle aussi  en répliquant aux attaques. Les décharges balayaient le quartier. Les tirs des lasers ne pouvaient pas nous atteindre, mais ils se répercutaient sur le bouclier invisible que j’avais formé. Les familles criaient de peur tandis que les soldats hurlaient leur haine.

Pour mon plus grand soulagement, je parviens à capter l'attention d'Amaria. Et en plus, elle me reconnaît. Un court instant, je bloque sur l'éclat particulier de son regard, mais je n'ai pas le temps de me poser des questions, et encore moins d'y trouver des réponses. Le temps presse, et je peux le sentir tout autour de moi. Lorsqu'elle se corrige et parle de « nous », je ne peux m'empêcher de sentir mon cœur se gonfler d'un certain sentiment de fierté. J'allais pouvoir me rendre utile dans cette guerre. Enfin ! J'enregistre toutes les informations et la suit. Intérieurement, j'ai la trouille, ça c'est certain, mais je suis comme menée par cet instinct de survie qui me pousserait à tout affronter, pourvu qu'on trouve l'Espoir. Comme l'avait prédit la Pacificatrice, des explosions se font entendre, de nouveaux corps tombent à terre. Mais nous sommes protégées. Je la suis de prêt, observant les mouvements alentours avec effroi. Je continue pourtant de courir, je trébuche, mais me redresse aussitôt.

Plus nous approchons des barrages, et plus mon cœur accélère. Le Chaos règne, mais je ferais de mon mieux pour accomplir la tâche qui m'est confié. Sur notre route, une petite fille, en pleur, tachée de poussière et … de sang. Mon sang se glace. Sans attendre, je la prends dans mes bras, et peu de temps après, plusieurs autres personnes viennent se mêler à notre course. Du coin de l’œil, je ne pouvais m'empêcher d'observer l'Asarienne qui m'avait pris temporairement sous sa protection avec une pointe d'admiration …

Des explosions surprirent la Milice. Le ciel noir sous le dôme se colora en couleurs chatoyantes.

- Déployez-vous  et Tirez sur tout ce qui bouge ! Pas de Pitié !

Les bruits des bottes des soldats frappant le bitume se fit entendre. Les soldats formèrent un éventail de puissance et les slaves s’annoncèrent.

- Abattez les humains qu’on a parqués derrière les barrières ! Les dissidents auront tous leurs morts sur la conscience ! Faites feu et n’en ratez aucun !!

 - Aaarggghhh mon Commandant, nous sommes attaqués par … des …

- Rogue  1, Donnez-moi votre position ! Répétez !

- On a perdu Rogue  1 !

- Butez- moi tous ces chiens ! Qu’ils crèvent tous ! S’il y a des survivants, nous les offriront au Général Van Brënner !

 - Il y a des ombres qui nous attaquent ! Je répète des ombres qui sortent de nulle part !

- Employez les lasers IEM  et les canons napalms ! Brûlez tout ! Personne ne passera les frontières !

La nuit s’était soudainement éclairée par les explosifs que les Pacificateurs avaient lancés en réponse à l’acte barbare que la Milice avait provoqué sur ce pauvre homme.
J’avais demandé à Scarlett de me suivre. Ma télékinésie formait autour de nous un bouclier invisible qui nous protégeait de tirs et des explosifs qui venaient de tous les bords.
Ma mission était de créer, de sécuriser le passage entre le dôme et les terres sauvages et de faire passer les familles que Mara et les autres allaient guider jusqu’à moi.
Je voyais les soldats en proie à un combat impressionnant contre ces ombres sorties de nulle part. Des fantômes, des spectres qui n’avaient aucune morale que celle de tuer les Miliciens.

Les blindés améliorés de canons napalms commencèrent à se mettre en position tandis que les troupes au sol balayaient de leurs tirs toute la zone.

Avec la jeune femme, nous courions et nous nous faufilions loin de la zone de guerre en évitant le plus possible les soldats. Nous ne pouvions pas échouer.

Les flammes des canons se répandirent devant nous, freinant notre objectif à atteindre. Tout brulait. Tout s’enflammait. Nous avions un pied en enfer. Si le bouclier télékinétique me protégeait, avec Scarlett et la petite fille qu'elle venait de sauver, du feu, une scène d’horreur se formait tout autour.

- Scarlett, je vais provoquer une légère ouverture du bouclier télékinétique. Vous allez ressentir le souffle du feu et sa chaleur, mais vous ne risqueriez rien si vous gardez votre position derrière moi.

Un des blindés se tenait au loin devant nous. Je savais maitriser feu et le manipuler, mais cela demandait une grande concentration. Le canon crachait ses flammes et les hurlements s’intensifiaient. A mon signal, la jeune femme se cala dans mon dos, la brèche s’ouvrit et nous ressentîmes toutes les deux l’odeur calcinée des corps et la chaleur du brasier. Je tendis mes mains devant moi et toutes les flammes, ces cratères de feu s’animèrent comme s’ils prenaient vie.

Je devais garder une partie de mon énergie pour conserver le bouclier de protection et de l’autre, je devais parvenir à produire une force immense pour la lancer contre la Milice.
Je savais qu’en cet instant mes yeux s’étaient parés de la clarté du feu.

Les flammes se transformèrent en fines arabesques entre mes mains et lorsque leur puissance fut énorme, je retournai tout ce feu en direction du blindé. La braiser que je contrôlai prit la forme de l’oiseau de feu qui s’éleva jusqu'à la limite de la voute de verre, majestueux, symbole des Pacificateurs, avant de foncer sur le char qui explosa.

Je contemplai ce spectacle macabre du haut de mon perchoir, suffisamment éloigné pour voire apparaitre les gerbes de flammes ésotériques s'élever dans les aires avant de retomber avec fracas au milieu des affrontements. Les miliciens ne semblait avoir aucune chance face aux manifestations surnaturelles que déployaient leurs opposants, tout comme la population n'avait aucune chance, prise entre le marteau et l'enclume. Je n'arrivais pas encore à voire se dessiner la moindre stratégie, si ce n'était que chaque camp cherchait à faire un maximum de bruit, de lumière et surtout de dégât. Il ne sortirait aucun gagnant de ce combat et une fois de plus les humains en pâtiraient face à la suprématie Asarienne. Ordures ! m'exclamai-je à voix haute.

Ne voyant aucun espoir dans ce brasier, ni personne à sauver d'autre que moi même, je pris pour la deuxième fois la décision de m'échapper. Je cherchais à tout prix à éviter les marrées humaine quand j'entendis une douce mélodie papillonner dans le ciel. Ces sorciers étaient vraiment des gens tordus ! Si c'était ça la race supérieur, je préférais encore côtoyer les consanguins du village. Il fallu très peu de temps avant que je sois frappé par la teneur malsaine de cette musique, et très vite je sentis mon crane se compresser. La douleur lancinante montait vite, je levai les yeux pour voire le joueur de flûte et sans attendre dégainai mon revolver pour tirer quelques plombs dans sa direction.

Je ne vis pas si j'avais fais mouche et n'attendis pas de le savoir pour m’éclipser rapidement et rejoindre le planché. Les acouphènes provoqués par les détonations calmèrent quelques temps les maux de têtes, juste assez pour m'éloigner un peu de l'affreux. Je me tournai encore une fois pour marquer la scène dans ma mémoire avant de me faufiler dans les allées les moins peuplés du bidonville, le plus loin possible de cet enfer.

Pluie de feu
Éclairs de mort
Tonnerre du Chaos.

Toutes les armes crachèrent leur puissance, Milice contre Pacificateurs. Nous savions que nous ne tiendrons pas jusqu’au bout et que la meilleure option était de faire feu les premiers et de prendre par surprise les soldats, de les détourner de leurs ordres premiers, de les diviser et disperser pour qu’une brèche au niveau du barrage puisse se créer et ainsi faire passer les humains hors du dôme.

Chaque Pacificateur savait parfaitement ce qu’ils avaient à faire et chacun savait le danger de cette guerre qui venait d’éclater. Je devais approcher les barrières, toutes ces familles maintenues dans ces clôtures d’infortunes et qui étaient hautement surveillées par la Milice, maintenant fermées les frontières sur un ordre d’un fou conquérant.

Un déluge de tirs et d’explosions me parvenait et retombait sur le bidonville. Leroy et ses Ombres s’occupaient de maintenir une partie de la Milice dans ce combat et les explosifs que le groupe venaient de lancer, donnaient la diversion requise pour les barrages ne soient plus aussi armés qu’au début. Il y avait encore tous ces blindés et je vis dans ma course un oiseau de feu embraser le dôme et redescendre sur une cible. Cela ne pouvait être qu’Amaria et ses pouvoirs.

A chaque guerre ses dommages collatéraux Ces innocents, ces enfants qui ne devraient jamais connaitre l’horreur d’une telle Histoire. Les corps jonchaient le sol. Les slaves devaient de plus ne plus importantes et les canons au napalm avaient ouvert le feu dans tout le quartier. Nous ne pouvions plus faire demi-tour.  Sauver le plus de vies devenait l’ultime objectif à atteindre.

Quelque chose stoppa mes pas. Dans ce chaos, une musique venait de surgir. C’était impossible. Pourtant, si mon esprit était dirigé sur ses familles et les survivants, tout mon corps réagissait autrement. Je levai la tête au son d’une voix enfantine.

Mon cœur tambourina beaucoup plus vite contre ma poitrine. Je savais qu’un visage angélique pouvait se parer de la plus pire des âmes et le contraire était tout aussi vrai. Un démon pouvait être le masque, l’enveloppe qui protégeait un véritable Ange. A qui avais-je à faire ?

- Qui es-tu ?

Je ne pouvais pas perdre tout ce temps précieux à discuter. Je me remis à courir laissant cet enfant me toiser, seul dans les airs.

Quel plaisir de voir ce regards surpris et interrogateur que la dame m'adressa. J'aimais cette expression d'incrédulité qu'elle arborait sur son visage. Cette stupeur en découvrant flottant dans les airs un adolescent qui la regardait avec toute l'innocence du monde. Ses paroles, du petit lait que je n'aurais eu de cesse de boire tant c'était amusant. Mais la belle eut tôt fini de me poser cette question qu'elle repris sa course folle, probablement dans l'espoir de sauver les vies "d'innocentes victimes". Pourquoi poser la question si on ne prend même pas la peine d'attendre la réponse? C'était tout bonnement ridicule. Pourtant je n'eu aucune réaction extérieure, je lui laissais cet illusoire espoir qu'elle pourrait partir à sa guise. Que cette rencontre ne pourrait la détourner de sa mission. Quoi de plus beau que de retirer l'espoir aux personnes pleines de bonnes volontés?

Fermant les yeux, j'écoutais le bruit environnant. C'était une véritable guerre qui explosait dans cette partie de la cité. Le monde était à feu et à sang. Comment le Gouvernement allait justifier un tel événement? J'étais curieux de le savoir à dire vrai. Au nom de quelle cause allait-il prétendre avoir dû ouvrir le feu contre la populace. Parce qu'ils étaient humains? Parce qu'ils rêvaient d'un monde meilleur pour eux et leurs familles? Où allaient-ils mettre toute cette histoire sur le coup d'une tentative d'un renversement du gouvernement en place?

Mais pour l'heure je m'étais contenté de suivre Mara. Curieux de voir ce qu'elle serait en mesure de faire...Flottant prêt d'elle, ne la percevant même pas comme une menace, j'ouvris donc la conversation.

- Pour répondre à ta question miss Jade, Asaria m'a donné l'amusant surnom de Pan... Allez savoir pourquoi d'ailleurs?

Croisant les bras, comme plongé dans mes pensées je volais au rythme des pas de la Pacificatrice...A la suite de plusieurs disparitions chez les Asariens comme les humains, une légende urbaine voulait que le responsable de ces actes soit, d'après des témoignages, l'oeuvre d'un adolescent, signalant sa présence par la musique qu'il jouait...Aussi était il connu dans tout Asaria comme "Peter Pan"...

- Mais dis moi miss Mara...Qu'est ce que tu espères faire comme ça? Comment peux tu espérer sauver ces gens alors que tu n'as pas été en mesure de venir en aide à Gaius, ou plus récemment à Aaron? Est ce une façon de te racheter face à ton impuissance? Est ce parce que tu vis dans l'espoir qu'un jour ce monde connaîtra un semblant de paix?

J'aurais pu stopper sa course. J'aurais pu l'obliger à s'arrêter. Mais je voulais la voir se débattre, voir son visage se décomposer au moment ou les familles qu'ils tentent de sauver seront récupérées et exécutées...Mais en avait-elle seulement conscience à ce moment précis?

Tout se passe très vite … Je continue de tenir la petite humaine dans mes bras. Je brave ma peur, la fatigue … Avec toute cette rage et cette peur qui m'animent, c'est comme si je ne pouvais plus rien ressentir d'autre. Hochant rapidement la tête, je m'exécute suite aux instructions d'Amaria et me place dans son dos avant que cette bourrasque de chaleur ne semble nous englober. Les odeurs me donnent un haut le cœur mais bientôt toute mon attention est dirigée sur cet immense oiseau de feu qui vole au dessus de nos têtes. Cette vision gonfle à nouveau mon cœur et le fait battre plus fort.

Mais une mélodie perceptible malgré le bruit des explosions parvient à mes oreilles … et à mon cerveau. La petite dans mes bras cris de douleur et bientôt je me crispe aussi de douleur, luttant pour ne pas tomber à genoux malgré mes jambes flageolantes. Non … je devais tenir. Je serre la petite plus fort, une main contre son oreille pour la préserver de ce mal et lutte contre ma propre douleur jusqu'à ce que ça semble s'évanouir. Je relève la tête vers la Pacificatrice qui m'accompagne, un peu essoufflée.

-L'oiseau … c'était vous ?

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Qui était-il ? Ce n’était pas la façon de Wright de m’approcher. Il aurait joué avec moi de manières très différentes. Ce n’était certainement pas un de ses sbires. Wright refusait de laisser sa Némésis entre les mains d’autres personnes. Cet enfant ange ou démon me troublait. Cette voix ne m’était pas familière et j’avais beau chercher à me souvenir d’un détail rien pour le moment me revenait. Je ne savais pas qui il était. Malgré cela, ma certitude se fragilisait comme si la vérité se trouvait tapie dans les ombres et que je savais à quoi elle ressemblait. Mon subconscient me jouerait-il des tours pour me protéger du passé ?

Sa musique n’était pas apaisante. Elle semblait torturer tous ceux qui s’en approcher. Je n’avais pas attendu la réponse à ma question. Les cris des innocents me rappelaient pourquoi j’étais là et je n’étais pas censée faire la discussion avec … un enfant qui se déplaçait dans les airs. Sa présence était derrière moi comme une ombre menaçante qui n’attendait qu’un faux pas de ma part pour foncer sur moi. Je repensais aux paroles de Leroy alors que je courrai vers les familles prisonnières des soldats. Des Soldats totalement décontenancés par ce déploiement inattendu de force qui venait d’un peu partout. La surprise et attaquer les premiers nous donnaient un certain avantage. Il ne fallait en aucune manière le perdre. Ma fille protégeait mes pensées grâce au lien psychique qu’elle avait établi entre nous deux. Les secrets des Pacificateurs seraient donc en sécurité s’il m’arrivait malheur.

J’y étais presque. Je zigzaguais entre les flammes. Je sautais les gravats. Je me réceptionnais sur des tôles, en évitant les plaques de bois qui brulaient. La voix de ce garçon m’immobilisa et je me retournai vivement vers lui. C’est à ce moment que je le vis …

Derrière cet adolescent. Tout en haut … Des ailes noires. Je ne rêvais pas. Je n’avais aucune hallucination. C’était … un Ange ? Ses ailes étaient immenses et elles se déployaient de toute leur largeur en détruisant les drones qui l’avaient pris pour cible. Mais la voix de musicien à la flute me ramena à la réalité du moment. Avais-je bien entendu ? Il venait de prononcer deux prénoms … appartenant à deux hommes très importants pour moi. Le premier était Gaïus et ce prénom évoquait mon passé. Les Pacificateurs et le gouvernement se souvenaient de cette nuit où l’architecte avait pris la fuite d’une soirée en sauvant la leader des Pacificateurs, enceinte de sa fille. La tour Hasard avait explosé quelques heures après. Un traître pourchassé et tué par la Milice. Ça c’était la version officielle du gouvernement. Gaïus s’était enfui et le corps carbonisé qui avait été retrouvé n’était pas le sien. Il s’était caché durant des mois, pour revenir avec un nouveau visage et une autre identité, celle de Grant Stevenson.

Qui se souvenait encore de cette histoire ? Les ministres et les invités présents lors de ce gala exceptionnel…Les Pacificateurs et ... Cet Ancien qui m’avait tourmentée. Instinctivement, je portai ma main à ma gorge. Je me rappelai de son pouvoir, de l’air qui quittait mes poumons, de ma fille que je portais dans mon ventre, de Gaïus piégé et impuissant pour venir à mon aide. J’écarquillai grand les yeux … Non … Il était mort. Pourtant, il connaissait mon identité …

Le second prénom était celui d’Aaron. Où se trouvait-il maintenant ? Dans le QG de la Milice alors que tout la guerre se déchainait sous ce même dôme ? Qu’en était-il du devenir des prisonniers ?

- Vous contez de macabres histoires. Mais chacun la raconte de son point de vue !

Je sortis mon blaster de dessous ma longue cape en le pointant sur lui. Il m’en fallait beaucoup pour arriver à m’atteindre.

- Oui, je vis et je me bats pour le futur. Pour la paix. Pour que plus jamais personne ne puisse assister à cela. L’impuissance n’a que les limites que l’on s’impose ! Votre petit jeu ne m’amuse guère.

Et si je fis mine de vouloir tirer, ma seconde main sous le long tissu sombre de ma cape se libéra des pans et je lançai une grenade aveuglante sur cet Angelo. Je repris ma course, ne me retournant pas sur l’explosion. Il était déstabilisé. Tant mieux !