(Terminé) Retour aux Abysses [pv Chris/ Alex et Kyra]

Ce RP fait suite à End of an Era et rencontre les cendres d'un passé qu'il poursuit ... Bonne lecture


Après avoir réussi à convaincre Raven que nous devions nous séparer pour doubler nos chances d'informer les Insoumis que leur avenir se trouvait peut-être dans les Terres Sauvages désormais, je m'étais enfoncé dans les méandres des galeries partant de cet ancien complexe militaire que j'avais découvert quelques mois plus tôt et dans lequel nous avions trouvé refuge elle et moi après notre périple dans la rivière souterraine. Je m'étais dirigé sans me retourner vers la grotte qui nous avait abrités durant quelques heures qui avaient bouleversées ma vie. Je savais que si je me retournais je deviendrais faible et je ne pouvais pas me le permettre. Je ne le pourrais probablement plus jusqu'à ma mort. Je lui en avais voulu de ne pas me faciliter la tâche lorsqu'elle avait craqué. Je l'avais imaginée forte et elle l'avait certainement été ... Avant ... Ce n'était pas la Raven à laquelle je m'étais confronté durant des mois qui se tenait implorant que nous ne nous séparions pas, suppliant que je ne l'oblige pas à apprendre l'usage d'une mitrailleuse. C'était une fille que j'avais transformé en la touchant, et je m'en voulais aussi de l'avoir rendue vulnérable, parce que toutes les personnes qui m'aimaient finissaient par s'abimer dans la grisaille de l'oubli. Parce que j'étais condamné à me réveiller en pleurs au milieu de la nuit prenant conscience que je n'arrivais plus à me souvenir de leur visage. La liste était tellement longue de ces visages oubliés que j'essayais de retrouver dans les ténèbres. Raven avait peur de l'obscurité, moi je l'appelais souvent quand je voulais revoir un visage aimé. Une bouteille d'alcool trop fort, la lueur d'une chandelle et ce face à face avec le mur de l’anfractuosité qui me faisait office de chambre. La fatigue et l'ivresse, la lueur dansante et faible de la chandelle et je réinventais le visage d'une mère, le sourire d'un père. Je revoyais Jeko et son in dévissable cigare éteint aux lèvres, et tant d'autres disparus, les enfants de l'orphelinat que j'avais laissés derrière moi un matin en partant, en ne pensant qu'à ma gueule, et qui étaient peut-être morts quelques années plus tard, sous les décombres ou dans une fusillade  à travers le bidonville.

Je ne voulais pas qu'elle s'ajoute à la liste, je ne voulais pas !

La route par les Terres Sauvages et le village serait de toute façon bien plus sûre que celle des galeries. Mais je voulais gagner du temps, un temps précieux pour nous. Et pour cela je n'avais pas pu la suivre. Je devais trouver un chemin souterrain qui mène directement au Bidonville ou pas loin. Le sous-sol d'Asaria était un vrai gruyère et celui du Bidonville n'échappait pas à la règle. Cela devait être lié à la géologie de ce continent, mais je n'y connaissais pas grand chose. Toujours est-il que même la nature creusait des galeries bien avant que les asariens  viennent y ajouter les leurs en fondant leur cité. Et il y avait eu aussi d'autres colonies avant. Cette base enterrée en témoignait. Nos ancêtres avaient construit cette base, bien avant la pluie de feu. Ils y avaient installé un vrai camp de survie, une logistique permettant à une petite communauté de s'auto - suffire. J'étais loin de m'imaginer à quel point. Raven avait emporté tous les rapports qu'on avait trouvé dans les gros classeurs, ce qui ajoutait encore à son lourd chargement. Je l'imaginais trainant son paquetage comme un soldat en peine. J'aurais voulu pouvoir l'aimer en la soulageant de son fardeau, en lui disant, je suis là maintenant et tu n'auras plus jamais peur, plus jamais froid, plus jamais faim. Mais l'aimer, le lui prouver, dans notre chienne de vie, c'était justement lui dire le contraire. La préparer à affronter toute éventualité. C'était ça, mon amour pour elle. Lui apprendre à vivre sans le peu qu'elle avait si jamais... si jamais les temps devenaient encore plus durs. Sans les nôtres, sans les Insoumis, seule, ne pouvant compter que sur elle, comme je l'avais longtemps fait avant d'accepter que la communauté m'apporte quelque chose. L'avenir s'assombrissait, et ce n'était pas cette découverte, certes appréciable qui allait infléchir durablement la direction que prenait nos vies. Nous n'étions jamais que du gibier pour le Gouvernement, voué à tomber dans les filets de leurs bouchers. Des hommes, des femmes, des enfants en sursis. Nous étions leur sport national. Ils ne nous avaient encore pas tous exterminés parce qu'ils nous utilisaient comme esclaves et prenaient du plaisir à nous humilier, nous affamer, nous asservir, nous chasser comme des proies. J'étais chasseur et je savais voir quand je devenais chassé. Autour de nous, la répression devenait plus rude d'année en année.

Aimer les siens, c'était les préparer. Peut-être que si on avait préparé mes parents, je pourrais les serrer encore dans mes bras aujourd'hui. Jeko avait disparu, Logan s'était sacrifié. Les deux étaient des guerriers chacun à leur manière, mais mes parents étaient tombés dans une rue, comme deux agneaux, fauchés par une rafale dont je ne connaîtrais jamais l'origine et la raison. Je m'étais promis de ne fonder aucune famille, et ce très jeune. Qu'avaient à offrir les Abysses à une famille ? Le temps avait passé, et il m'était paru évident que je n'étais de toute façon pas le genre d'homme à fonder une famille. En accepter un avatar à travers les Insoumis m'avait déjà demandé un effort de sociabilité conséquent. Raven venait de balayer ces certitudes à la con que je m'étais forgé au fil des années à coup de biture, de bagarres, de baises hasardeuses et de grognements propres à décourager toute conversation. Si elle devait être ma seule faiblesse, alors j'en ferais une force, mais elle devrait accepter MES règles.

Avant de m'aventurer derrière cette porte, dont la salle abritait les turbines d'une installation vieille de plusieurs siècles, j'avais rassemblé dans mon sac contenant déjà les vivres que j'avais réparties entre nous, quelques armes diverses, une fusée éclairante et des lampes frontales qui, même si elles étaient déchargées depuis des lustres pourraient nous être utiles lorsqu'on leur aurait trouvé des accus. Je pensais déjà au retour prochain avec plusieurs des nôtres. Je pensais déjà à un sentier migratoire entre les Abysses et ici. Tout en réfléchissant je commençai ma progression dans le boyau qui s'élevait en partant de cette immense cathédrale qui contenait ces turbines monumentales. Qu'avaient donc voulu alimenter les hommes qui avaient construit ces installations. Pourquoi s'étaient ils installé ici ?

Je ne tardai pas à le découvrir alors que le boyau que je suivais débouchait sur une galerie largement plus importante et munie de rails. Je les suivis instinctivement et arrivai bientôt à la hauteur d'un convoi dont certains wagonnets étaient encore emplis d'un minerai noir et dur. Une mine ... Une ancienne mine... Je dépassai l'enfilade de petites voitures  et son tracteur. J'avais vu un train dans un très vieux livre à l'orphelinat, un des rares que nous nous partagions. Ca y ressemblait, mais il était évident que cela ne servait pas à transporter des personnes. Bien que cela puisse évidemment si on nettoyait les wagons ... Je continuai en suivant la voie, et un engin de taille encore plus impressionnante se profila à la lueur de ma torche. La voie s'arrêtait là, face à cette grosse machine dont l'avant était muni d'une sorte de pointe énorme. Des tuyaux partaient du retors sur lequel elle était montée pour s'enfoncer dans les parois du tunnel. Je plaquai l'oreille à la roche et j'entendis le grondement de l'eau, vibrant à quelques mètres sous terre, plus bas. La rivière ! Les tuyaux devaient pomper l'eau pour une raison mécanique. J'étais plus doué pour les armes que pour la mécanique mais je savais que l'eau servait à refroidir les moteurs ou les pièces soumises à forte chaleur. Cette pointe devait servir à percer la montagne. Ils avaient foré au dessus du lit de la rivière pour l'utiliser. Je fis une pause pour manger mon pain de racines et de baies, espérant que Raven en faisait autant de son côté pour reprendre des forces. Je me désaltérai aussi et pris soin de vérifier la combustion de ma torche dans la galerie. Elle était vive et régulière. Aucun gaz toxique, aucune poche qui risque de me péter à la gueule. Je me redressai et rassemblai mes affaires mais pour aller où ? Les rails prenaient fin devant cette paroi, le tunnel n'allait pas plus loin. Je rebroussai chemin mais en empruntant l'autre côté des rails, cette fois....

Que faisait Raven à cette heure ? Avait-elle rallié cette vieille auberge ? Je l'imaginais couverte de poussière, poussant la porte en bois massif qui ouvrait sur la vaste pièce principale, avec cet âtre si grand qu'il aurait pu contenir un homme debout. Les gens qui vivaient là autour étaient de braves gens, trop bien pour Jeko et son apprenti, deux baroudeurs qu'ils servaient pourtant sans rechigner mais en lorgnant avec réprobation l'attirail des deux ours. Soudain, une ombre à mi hauteur dans la paroi retint mon attention. J'y engageai ma torche dont la flamme dansa. Il y avait donc une circulation d'air. Je commençai à escalader la surface, un peu encombré par mon barda. A environ deux mètre cinquante de hauteur, un boyau s'ouvrait laissant à peine la place à un type comme moi pour s'y glisser. Je me défis de la mitrailleuse et de la ceinture de munitions et les glissai devant moi avec le sac à dos. Ainsi je pourrai toujours reculer sans risquer d'obstruer mon repli avec mon barda. Ce serait con de mourir étouffé comme un rat. Je progressai ainsi à plat ventre durant je ne sais combien de temps. Dans l'obscurité, la notion de durée s'apparentait à une chimère. Je pensais à Raven qui n'aurait pas manqué de me mordre les mollets dans une telle situation. A un moment, ce qui devait arriver arriva et mon sac se bloqua dans le boyau. Je pestai. Je n'allais pas refaire ce si long chemin en arrière. Je cognai alors comme un dément dans le sac et sur la paroi qui le bloquai, jusqu'à m'en arracher la peau des mains. Soudain le sac avança d'un bond et je pus le faire glisser en le poussant à nouveau. Au bout d'une quinzaine de mètres, il dégringola et disparut. Je compris alors que le bout du conduit était arrivé et je retins de justesse la mitrailleuse pour éviter de faire encore plus de bruit.

Il me fallut m'extirper de ce boyau qui devait être à la réflexion un conduit d'aération du tunnel. Il débouchait sur une corniche qui longeait la rivière souterraine dans laquelle nous étions tombés Raven et moi. Je me plaquai à la paroi, lorgnant mon sac qui n'était miraculeusement pas tombé dans les flots tumultueux. Avec moult précautions, je le récupérai et le mis sur mes épaules puis repris en bandoulière la mitrailleuse et la ceinture. Je suivis l'étroit sentier  et ressentis une étrange impression, comme si la roche, la paroi m'étaient devenues familières. Je reconnaissais cette veine d'ocre innervée de roche noire. Nous avions la même dans une vieille galerie parallèle à celle où je m'étais réfugié, mais celle-ci était beaucoup moins instable  et encore pas condamnée de ce fait ... C'était une sorte de galerie d'entretien de l'ancien métro. J'avais ce sentiment de reconnaître quelque chose, et j'accélérai le pas sans m'en rendre compte. Je faillis plusieurs fois glisser dans la rivière en contrebas mais à chaque fois, je me rétablis, le souffle court et les muscles aussi durs que la pierre. Je ne m'étais pas rendu compte des heures sans sommeil que j'avais accumulées, de la fatigue et de la tension. Finalement le sentier déboucha sur un élargissement de la corniche. J'en profitai pour souffler un peu et constatai qu'un boyau plus large que celui que j'avais emprunté s'ouvrait dans la paroi, semblant prolonger le sentier. Ce conduit laissait passer un filet d'eau qui s'écoulait doucement. Je m'y engageai n'ayant guère le choix. Je pouvais marcher presque debout, ce qui était toujours plus confortable que ramper. Le filet d'eau avait permis le développement d'une sorte de mousse noire dont je ne me méfiais pas, jusqu'au moment ou je glissai dessus. Je me retrouvai sur les fesses à glisser sur le sol légèrement en pente et je m'aperçus trop tard que la pente s'accentuait et que les parois lisses ne m'offraient aucune prise pour me ralentir. Le boyau semblait aussi se rétrécir. J'avais perdu ma torche et j'étais dans l'obscurité la plus totale. Je sentais la vitesse s’accélérer de façon inquiétante et seule l'eau empêchait que le frottement de mes fesses sur le rocher ne soit trop douloureux.

Soudain je sentis mes pieds heurter quelque chose de dur. Ça y était ! J'allais me fracasser dans un cul de sac. Je tentai d'amortir le choc en pliant les genoux autant qu'il m'était possible mais, la paroi devant moi vola en éclat et j’aperçus une lueur. Je volai littéralement dans les airs pour retomber quelques mètres plus bas, sur mon sac à dos  et le canon de ma mitrailleuse. Je m'assis en me frottant le dos. Devant moi, une galerie formait un coude, et je voyais une partie d'un vieux néon clignotant. Juste en dessous trois péquenots étaient en train de pic-niquer. Jamais de ma vie, je n'avais été aussi content de voir des touristes. Je levai la tête pour voir de quel trou la montagne m'avait chié. Il était facile à retrouver. Un petit filet d'eau en pissait. Les formes commencèrent à se mouvoir dans ma direction. Il est vrai qu'avec les pierres que j'avais projetées en désobstruant ce conduit d'aération et le choc de mon quintal s'aplatissant sur le sol, je n'avais pas été particulièrement discret.

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Kyra avait été aussi prévoyante que lui et avait des barres de céréales et de l'eau. Chris hocha la tête lorsqu'elle affirma qu'il tiendrait plusieurs heures. C'était sûr, il avait déjà vu pire en terme de moyens, et même si alexandra n'avait rien dans son sac, cela ne poserait pas trop de problème, ils avaient assez pour tenir cinq heures. Certes c'était long, mis ils étaient habitués à ce genre d'attentes. Bon, bien sûr, la situation était souvent différente. Par contre, Chris se demandait toujours comment Adam allait les rejoindre. Il était censé être de l'autre côté, alors bon... Autant dire que si eux ne parvenaient pas à passer, alors que dire du leader insoumis. Malgré tout, que Chris le veuille ou non, Adam était un débrouillard, il saurait faire. C'était ce qui rassurait, plus ou moins, l'asarien qui attendait toujours. Et ils allaient attendre encore un bon bout de temps. Alors qu'il s'était confortablement installé pour profiter de l'attente dans un confort tout relatif, les deux jeunes femmes avaient fait de même. Que faire d'autre de toute manière? Ils n'allaient pas attendre debout pendant cinq heures collés contre un mur froid et pourri. La vieille arche qui les surmontait devait avoir quelques années déjà, et Chris se demandait comment cet endroit tenait toujours debout. Finalement, Kyra commença à raconter une histoire. Bonne idée, ça éviterait qu'ils s'endorment au moins. Malgré tout, avec tous les événements passés, la fatigue les étreignaient tous. Ils avaient beau raconter des anecdotes, des souvenirs, le silence finissait toujours par revenir, la fatigue les rattrapait toujours.

L'insoumis ne tarda d'ailleurs pas à s'endormir. Il avait besoin de repos s'il voulait tenir le choc après. Autant profiter de ces heures à ne rien faire pour se reposer, l'énergie qu'ils emmagasineraient ici leur serait utile après et ailleurs. Chris se lova donc sur lui-même, enroula ses bras autour de ses jambes alors qu'il remontait ses épaules pour que son blouson ait plus d'emprise sur lui, et il s'endormit un peu. Dormir profondément était assez difficile, mais Chris parvint bien à se déconnecter pendant une bonne demi-heure. Il ne tenta pas de résister à la fatigue, quoique parfois il parlait un peu avec les filles pour ne pas s'endormir, ou faisait un commentaire, mais finalement, il s'endormit. Dans le silence, l'obscurité, tout était là pour vous faire dormir, ou pour vous tenir éveillé si vous creviez de peur, mais comme l'asarien était loin d'avoir peur, autant dire que dormir était loin d'être un souci. Finalement, il se réveilla alors que les filles partageaient les barres de céréales et il fit de même. La gourde tourna, et il en but deux gorgées. Le liquide frais et simple le rafraîchissait un peu, mais surtout le désaltéra. Il mangea un peu tout en reprenant la conversation. Il sentait, au fur et à mesure que passait les minutes, ses forces revenir. C'était une bonne chose. Il se sentait en mesure d'affrontait la suite, d'affronter toutes les situations qui se présenteraient à lui. Là, il commençait à être de nouveau en forme, c'était une très bonne chose, pour lui, et pour les autres.

Alors que les conversations avaient repris, tous espéraient voir surgir la large silhouette du leader, aux cheveux blonds, longs, un peu, et très reconnaissable, de Adam. Mais les heures passait, Chris commençait à avoir mal aux fesses à force de rester là sans rien faire, aussi fût-il obligé de se lever pour se dégourdir un peu les jambes et activait la circulation du sang. Toujours rien. L'insoumis n'aimait pas attendre aussi longtemps. Certes il était de nature patiente, mais dans des situations beaucoup moins critiques, là, tout était différent. Il y avait un groupe qui avait besoin d'un leader, et bien sûr, ce très charmant leader leur avait fossé compagnie au meilleur moment... Ah bon sang, quand Chris le retrouverait, il ne manquerait pas de le secouer un peu. Sauf si ce dernier avait vraiment une très très bonne excuse, mais bon... C'était pas gagné. Chris ne tarda guère à se rasseoir et à reprendre la conversation. Conversation qui s'éteignait, on ne savait plus vraiment quoi dire, et Chris n'était pas vraiment un bavard, il devait bien l'admettre, c'était peut-être une qualité, parfois, mais là, c'était clairement un défaut. Finalement, Chris continua d'écouter les deux autres, tout en ajoutant de temps à autres quelques mots.

Soudain, il crut entendre un bruit. Il s'accroupit et écouta. Les années passés à faire du trafic pour le gouvernement et contre lui, à se battre en temps qu'insoumis avait développé chez lui des sens tel que l'ouïe, qui était beaucoup plus fine, et la vue, très perçante en temps normal chez les asariens, mais peut-être un peu plus chez lui qui avait une vue d'aigle. Il écouta donc, persuadé d'avoir entendu quelques choses. Il posa une main à terre comme si cela allait l'aider, comme s'il était à l’affût. Soudain, il entendit clairement un bruit. Une sorte d'éboulis. Il n'eut pas le temps de partager ces doutes que la galerie devant lui s’effondra. Kyra fût sur ses pieds en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, et lui eut le réflexe de plonger en retrait. Quelque chose vola, tomba sur le sol lourdement. Chris identifia immédiatement une silhouette. C'était un homme vu la carrure, un homme que Kyra reconnut immédiatement, et elle courut vers lui. Chris, plus méfiant, attendit d'avoir la confirmation de ses doutes. C'était bien Adam. Quel enfoiré!! Il lui avait fait une de ces peurs!! Chris se jeta finalement à ses côtés pour l'aider à se relever, grosse carcasse qui semblait plutôt contente vu le petit sourire que leur tirait Adam. Oui, il était avec les siens, c'était le moins que l'on puisse dire. Chris regarda le trou béant par lequel il avait surgi, et tout en soutenant le leader, déclara:

- Bon, ben c'est ce qui s'appelle une entrée en matière quoi...

Chris le fît marcher, enfin, l'aida alors que Kyra lui posait mille et une questions. Par contre, où était Raven? Chris espérait sincèrement qu'il ne lui soit rien arrivé. Il avait déjà aidé la jeune femme par le passé, et si ses relations avec les humains n'étaient pas toujours simples, il devait admettre avoir apprécié ce petit bout de femme. Préférant ne pas poser de question, Chris sortit de l'une des poches de son blouson une barre de céréale qu'il tendit à Adam alors qu'il l'aidait à s'asseoir pour que Alex puisse l'examiner. Alors que Chris le lâchait doucement contre la paroi, il ne pût s'empêcher de déclarer:

- Bordel, Adam, tu nous refait plus ce genre de coup s'il te plait!! Se casser juste après ce genre de problème... J’espère que t'as vraiment un bon motif. Bon, ça va, mange, t'as l'air d'avoir faim... Tu nous expliqueras tout après... Comme le disait si bien Kyra, l'objectif va être de te ramener... Sans se faire remarquer.

Chris s'arrêta là et s'accroupit en face du leader. Il avait l'air d'être fatigué. Tu m'étonnes, avec la balade qu'il venait de se frapper, il y avait de quoi. Sans le lâcher de son regard bleu, Chris nota quand même cette lueur dans le regard d'Adam qui montrait cette volonté ferme de se battre et qu'il avait un objectif. Ça, c'était bien Adam. Au moins était-il revenu sans trop de bosses, mais il pourrait passer par des chemins plus simple la prochaine fois, en espérant qu'il n'y ait pas de prochaines fois.

L'éboulis qui barrait la route aux trois sauveteurs Insoumis les avait inquiété, car il n'y avait aucune trace de leurs deux compagnons dans les environs, jusqu'à ce que Kyra trouve un portable, et que Camille leur en confirme la provenance dans les oreillettes, à savoir qu'il appartenait bien à Raven. De là, les deux Asariens et l'humaine avaient fait demi-tour pour tenter de trouver un autre chemin, suivant Kyra qui avait menacé les deux autres de partir toute seule en les plantant sur place. Comme s'ils allaient lâcher l'affaire aussi rapidement. Un regard échangé puis Chris et la Soigneuse emboîtèrent le pas de l'Insoumise, suivant les indications données par l'informaticienne. Une grande nouvelle fit stopper net les marcheurs. Les deux recherchés étaient bien en vie, et rentraient au bercail. Nulle communication avec eux n'était possible, pou ne pas risquer de les faire découvrir par les Miliciens.

S'armant de patience au point de rendez-vous fixé, pour une attente d'environ 5h dans cette pénombre, il fallait à présent passer le temps et attendre, tout simplement. Sans doute l'une des choses les plus difficiles, quand l'esprit fonctionne alors à 100 à l'heure pour nourrir les inquiétudes, la volonté d'actions. Alors que Kyra faisait l'inventaire des provisions, Alexandra sourit à sa question, avant de déposer la lourde mallette de secours au sol à ses pieds, la vidant quelque peu pour en extraire ce dont elle aurait besoin, ainsi que de préparer de quoi rafistoler leur chef, car son intuition de Soigneuse lui disait qu'il ne serait sans doute pas en très grande forme.

"-Hmm voyons voir... Des barres de céréales également, des rations sèches, des bouteilles d'eau... Ces mallettes sont faites pour les cas d'urgence, ou pour un cas comme celui-ci, d'où la provenance des cordes ect. J'ai également plusieurs lumières d'urgence,  les bâtons que l'on plie pour dispenser de la lumière. J'y verrais plus clair ainsi quand Adam arrivera."

Parlant ensuite de tout et de rien, les trois Insoumis tentèrent de passer le temps en s'occupant, se racontant des anecdotes ou des discussions qu'ils auraient surpris dans leurs diverses sphères de travail. L'humaine n'était certes jamais très à l'aise auprès des Asariens, mais elle était alors en confiance, oubliant pour un moment que ses deux compagnons d'aventures possédaient tous deux des pouvoirs, une force supérieure à la sienne... Ils n'étaient alors à ses yeux que des amis, tout simplement, et cela lui suffisait.

L'inactivité entraînait des périodes d'endormissements, et les trois amis somnolaient par moment, reprenant leurs conversations ensuite pour tenter de se tenir mutuellement conscients. Les 5 heures lentement égrenées, du bruit se fit entendre, et les deux Asariens tirèrent la jeune humaine de sa léthargie, en allant à la rencontre de leur chef qui revenait enfin. Ils le rabrouèrent un peu, et Kyra commença à poser des questions, alors que Chris signifiait notre inquiétude à tous de les savoir ainsi perdus. Le cri de joie de Camille dans les oreillettes termina de réveiller pleinement la Soigneuse qui indiqua son rocher pour qu'Adam puisse s'asseoir. Souriant doucement, elle s'approcha de lui, de quoi désinfecter les plaies qu'elle verrait en main, ayant posé à porté de main de quoi se sustenter pour le nouvel arrivant.  

"-Laissez-le donc respirer et reprendre des forces, tous les deux. Heureuse de te savoir de retour, Adam. Tu as de quoi calmer la faim à tes cotés, et avant toute choses, laisse moi donc voir ton état, j'approfondirais au besoin une fois là-bas."

Laissant Adam répondre aux questions concernant Raven et ce qu'il faisait en extérieur, Alexandra entreprit de désinfecter les égratignures et autres plaies plus ou moins grave qu'elle voyait, elle recouserait si besoin, ayant le nécessaire dans sa malette. Mais avant tout, il fallait nettoyer tout cela, son patient étant couvert de sang, puis mettait un pansement propre par dessus, autant pour protéger que pour cacher leur vue aux autres habitants des Abysses. Inutile d'inquiéter les autres Insoumis, puis la vue des pansements les rassurerait sûrement, de l'avis de la brune qui s'activait avec expérience, sans perdre de temps.

"-Cela dit, ils ont raison, tu nous as fait une belle frayeur, et Raven aussi."

La première à arriver jusqu'à moi fut Kyra Donovan, une sacrée belle plante que les mecs ne devaient pas se priver de mater du matin au soir. Mais pour y avoir assisté, je savais aussi qu'elle maniait remarquablement bien les mots quand il s'agissait de les remettre en place. Pour ma part, je ne m'y étais jamais risqué. Asarienne et puis Insoumise, ça faisait trop de facteurs de complication pour simplement s'envoyer en l'air. Contrairement à certains types qui aimaient ce genre de défi, moi je recherchais la simplicité quand il s'agissait de passer de bon moments. Finalement les filles de l'Underworld, qu'elles se fassent payer ou pas, étaient faciles à vivre. Elles n'attendaient pas de longs discours ou des promesses, elles n'allaient pas jalouser une autre, et elles n'étaient maquées avec personne sauf l'argent. J'avais une ligne de conduite : jamais chasser parmi les Insoumis, et éviter les femmes mariées. Parfois je découvrais, un peu tard, qu'elles l'étaient. Ce qu'une femme qui vous veut dans son pieu est capable de débiter comme mensonges, c'est impressionnant. Dans ces cas-là, je tentais l'escamotage, ce qui n'est pas toujours évident quand on mesure 1 m 90 et qu'on pèse 100 kgs. Souvent je devais donner des poings. J'essayais de ne pas amocher trop le pauvre cocu. Je ne savais pas si Kyra était avec quelqu'un et je n'avais pas cherché à savoir. Asarienne et Insoumise. Déjà deux critères éliminatoires. Non pas que je sois raciste. Sinon je n'aurais pas pu vivre parmi les Insoumis, mais me faire dominer par une femme, hors de question. Ça ne rentrait pas dans mon mode opératoire. Je n'étais pas un de ces tordus qui aimaient se faire cogner ou fouetter par sa copine. Je respectais les asariens qui considéraient les Humains comme leurs égaux, mais franchement, c'était un vœu pieu. Il fallait bien être conscient que ces femmes ou ces mecs, quand ils le voulaient, ils pouvaient nous mettre minable. On pouvait peut-être devenir amis avec certains, mais certainement pas faire des galipettes. Je n'avais aucune envie d’expérimenter une incrustation dans le mur, même si parfois je rêvais de me taper une de ces riches asariennes pour me venger du mépris évident qu'elles éprouvaient envers nous. Parmi les Insoumis, il y avait sans doute des aventures mais je n'avais jamais trouvé que c'était judicieux de s'attacher les uns aux autres, sachant qu'on avait tous une espérance de vie très limitée. Et cela me semblait encore plus compliqué si on n'était pas à égalité sur le plan du pouvoir et de la force physique. Donc Donavan était restée juste une belle plante à regarder. Et moi je le faisais discrètement contrairement à certains.

Mais cette fois, la revoir me tira un sourire mais aucun émoi dans le bas ventre. J'étais sacrement content de tomber sur une Insoumise plutôt que sur un des ces pourris de Miliciens. Mais il n'y avait pas que ça. Il faudrait que je vérifie avec d'autres mais j'avais comme l'impression d'une sorte d'immunisation. Comme si le visage d'une certaine blondinette venait s'imposer tandis que je regardais Kyra, ancien objet de fantasme inaccessible et secret, quand même, s'enquérir de mes nouvelles. Avant, j'aurais balancé un truc grivois en ronchonnant lorsqu'elle proposa de me rendre invisible ce qui impliquait de se serrer l'un contre l'autre, mais là j'avais le sifflet coupé. J'étais juste content de tomber sur elle plutôt qu'un soldat ou un civile du bidonville qui aurait pu me livrer. Bon, en même temps, dans les galeries de ce genre, il était rare de croiser autre chose que des Insoumis. Mais je ne savais pas vraiment où j'allais déboucher, n'ayant pas de boussole. Elle s'enquit de Raven et avant même de répondre à mon sujet, je jugeai plus urgent de donner des nouvelles d'elle.

- Raven va bien, du moins j'espère. On s'est séparés dans les Terres Sauvages. Je lui ai donné l'ordre de rentrer par le village et le Bidonville. Je n'étais pas certain de pouvoir déboucher sur quelque chose qui me ramène chez nous. Je ne connaissais pas la stabilité des galeries que je devrais emprunter, alors j'ai ordonné à Raven de prendre le chemin le plus sûr. D'autant qu'on a des informations capitales, vitales, même, à vous communiquer. Se séparer, c'était se donner une chance de plus de vous les transmettre. Elle devrait arriver dans la nuit, si tout va bien. Ce serait peut-être bien d'envoyer deux gars de chez nous à sa rencontre.

Je fronçai les sourcils lorsque Kyra me dit que j'étais couvert de sang. J'avais eu conscience de me défoncer les poings en tapant sur le sac et la paroi qui le bloquait, au risque d'ailleurs calculé de provoquer un éboulis et de mourir enseveli, quand je n'avais pas eu le choix, si je ne voulais pas crever asphyxié dans ce boyau. Mais je n'avais pas conscience que je m'étais ouvert le crâne en tombant, que j'avais la peau  arrachée et ma veste de toile kaki imbibée d'auréoles de sang qui me collait au dos.

- J'ai pas le temps de me reposer... Mais tu as raison, il ne faut pas que les autres me voient ainsi. Je me nettoierai un peu avant de leur parler. L'invisibilité est une bonne idée pour arriver jusqu'à ma piaule...

Ma phrase fut coupée par l'intervention de Chris dont je sentis la tension. Je hochai la tête en signe d'assentiment.

- Tu as raison, c'est un sacré bordel ! Désolé pour l'entrée en matière. Tu sais, d'habitude je suis un mec qui évite de se faire remarquer. J'ai pas de bonne raison de m'être cassé. Je le reconnais. J'avais les boules pour Logan, la pression de tout ce que vous attendiez de moi. Je devais m'isoler un peu pour digérer et réfléchir. Pas longtemps. Mais cette fichue galerie s'est effondrée. On aurait pu perdre Raven à cause de moi et je m'en veux assez sans que tu me le dises. Je suis juste un homme, avec ses doutes et ses failles. Va falloir faire avec, Chris. Je comprends que tu sois en pétard. J'ai jamais voulu vous mettre en danger... Juste réfléchir à une solution pour tirer Logan de ce pétrin... Mais finalement, il avait raison... Il a toujours dit qu'il fallait faire passer l'intérêt de tous avant celui d'un seul. Et les événements lui ont encore une fois donné raison...

Je souris en voyant arriver Alex. Bon sang que ça faisait du bien de la voir, de voir un visage amical. J'étais sacrement fier d'elle, de ce qu'elle était devenue. Je n'avais jamais eu l'occasion de lui dire.

- T'es là Alex ... Tu es venue à la rescousse de ce vieil ours ? Salut gamine !

D'une manière générale, j’appelais gamine toute fille plus jeune que moi qui n'était pas asarienne  et même si nous n'avions que trois ans d'écart avec Alex, je l'avais toujours trouvée un peu perdue, timide et angoissée. Il faut dire que son passé expliquait pas mal de choses. Mais il me semblait à la voir ainsi, qu'elle avait parcouru un sacré bout de chemin, la brunette craintive que j'avais ramenée du marché aux Esclaves où elle suivait docilement son Maître. J'avais cru déceler dans ce regard traqué, la volonté farouche d'échapper à cette condition mais j'étais loin d'avoir la perspicacité de Logan pour ces choses-là. Malgré tout, j'avais quand même pris le risque de la soustraire à cet enfoiré d'esclavagiste, à la faveur d'un mouvement de foule. Je n'avais jamais regretté mon geste. Alex était quelqu'un de loyal, elle l'avait prouvé en maintes occasions. En revanche, de là à dire qu'elle s’accoutumait vite à son nouveau mode de vie, il y avait un monde. Elle avait mis du temps à trouver sa place. Mais j'avais devant moi aujourd'hui une Alex plus sûre d'elle, à l'humeur enthousiaste. Elle était presque entrain de nous remonter le moral. Elle avait étalé de quoi me redonner des forces si j'avais faim. Ce n'était pas le cas, car la pâte à base de racines et de baies permettait de donner assez d'énergie pour tenir, même si j'aurais été prêt à jurer sur tous les saints et les seins, pour une bonne pièce de viande grillée. En revanche, la pâte contenait très peu d'eau et j'avais soif, malgré les deux gourdes d'eau que j'avais descendues. J'avais beaucoup sué dans ces galeries. Je pris une barre de céréales pour lui faire plaisir et parce que c'était toujours meilleur que des racines amères qui sentaient la pisse de chèvre.

- Tu es une vraie petite mère pour nous, lui dis-je dans un clin d’œil. Je veux bien à boire, je ne sais pas pourquoi mais j'ai une de ces soifs. T'inquiète pour le sang. C'est que des écorchures. J'ai fais une sacrée glissade ... mais j'ai plutôt de bonnes nouvelles je crois. Je vous expliquerai tout ça une fois au Q.G. Chris, regarde le bébé que je nous ai ramené! Yen a plein d'autres ! Ajoutai-je en désignant la kalach et ses munitions. Maintenant je veux juste vite rentrer et envoyer quelqu'un pour aller à la rencontre de Raven. Kyra, on peut joindre Camille là ?

Je me relevai tandis que chacun d'eux s'affairait à ce que j'avais demandé. Mais tandis que je me redressais, je retins un cri et une grimace déforma mon visage. Je portai ma main et mon regard sur l'endroit d'où provenait la douleur. Une tâche de sang juste au dessus de l’aine imbibait ma chemise. Contrairement aux plaies du dos qui avaient coagulé en collant le tissu, celle-ci continuait à s'agrandir. Je serrai les dents et refusai l'eau qu'Alex me tendait.

- Non, finalement c'est pas une bonne idée. Kyra, il faut qu'on y aille... Je pense qu'Alex va avoir de la couture à faire. Et j'ai pas mal d'infos à transmettre à Wade ...

Je préférais attendre d'être dans mon antre pour regarder l'étendue des dégâts. J'avais pris assez de coups en me battant et dans les locaux de la Milice, j'avais aussi assez vu de types y rester, pour savoir qu'une plaie dans le bide qui saignait, c'était pas très bon. J'avais assez de muscle pour faire barrière, et si j'avais mal de cette façon c'est que la plaie était profonde. Je ne laissai rien paraître et devant la mine inquiète d'Alex, je souris.

- Dis donc, t'imagine même pas le vol plané que j'ai fait ... Je suis juste un peu sonné. Je te rappelle que j'ai pas de régénérateur intégré comme ces deux-là, dis-je en désignant Kyra et Chris en essayant de détendre l'atmosphère. Bon, on y va ? En revanche, je vais vous laisser porter mon barda. Si ça vous gêne pas ... Kyra quand on sera en vue des galeries où il y a de la circulation, tu viendras me faire un petit calin en tout bien tout honneur ? Te mets pas d'idée en tête ... Je suis pas le genre de mec qu'il te faut ...

Et sans attendre de réponse de la part de l'un d'entre eux, je m'avançai jusqu'au néon pour prendre mes repères. De là où j'étais à présent, j'aurais pu rentrer les yeux fermés et seul. Mais j'étais sacrement content de les avoir avec moi, surtout que je ne me sentais pas dans une forme olympique. Il fallait que j'arrive à parler à Wade, Max et  Chris ... Leur donner le maximum d'infos, au cas où ...

Chris regarda Adam. Il était quand même un peu amoché. Ils s'étaient séparés avec Raven histoire d'avoir plus de chances de livrer les infos qu'ils avaient aux insoumis. C'était en soit une bonne idée et Chris n'avait rien à y ajouter. D'ailleurs, lorsque Adam annonça que envoyer deux insoumis à la rencontre de Raven, il nota la très bonne idée. Au cas où Raven soit encombré... Un peu comme le "vieil ours" comme il se nommait lui-même. La frustration de Chris se muait finalement en soulagement. Bon, avec le retour d'au moins un des leaders, tout n'était pas perdu. Pas encore du moins. Il fallait bien admettre que la perte de Logan allié finalement à la disparition des deux insoumis et aux problèmes à gérer dans la population insoumise avait mis à cran tout le petit groupe. Très à cran. Mais la situation commençait un peu, vraiment un peu, mais c'était déjà mieux que rien, à s'améliorer. L'asarien écouta aussi la réponse de l'humain. Dans son regard brillait une lueur nouvelle, celle d'un être qui a vécue quelque chose qui l'a transformé. Chris n'aurait pas sût dire quoi, mais Adam avait vécu quelque chose, et il en était ressorti plus mûre. Sa réponse le prouvait d'ailleurs très bien.

Adam s'était aperçu de son erreur. Il n'avait pas besoin que Chris le lui dise, il s'en était très bien rendu compte. En fait, Chris ne l'avait pas vraiment fait pour reprocher quoi que ce soit à Adam bien qu'il était vrai qu'il avait les nerfs de ce que le leader les avait un peu laissé planter là comme des cons. Mais en fait, Chris avait aussi voulu voir le comportement d'Adam. Le seul leader restant allait adopter quelle attitude? Balancer à Chris ce qu'il pensait, ou mettre de côté leurs différents et agir ensemble. Le blond avait clairement était plus intelligent que Chris. Il s'était rendu compte de son erreur et avait sut répondre sans animosité notable à l'asarien sur les nerfs. Le calme d'Adam épata d'ailleurs Chris qui préféra fermer sa gueule que l'humain venait de lui verrouiller. Bon, il allait bien, il était de retour, Raven ne tarderait pas, Chris ne voyait pas de raison de s'attarder là d'autant que le froid commençait à la gagner, alors en avant bon sang!! Mais en parlant de sang... Justement... Adam semblait blessé. L'aine avait été touchée... Et Chris était bien placé, certes moins qu'Alexandra mais quand même, pour voir et savoir qu'une telle blessure était importante. Aussi, lorsque Kyra annonça qu'il fallait d'abord soigner cette plaie, et face à la mine insistante et rassurante de Adam, Chris pensa bon d'ajouter:

- Je rejoins l'avis général, pour une fois, qui est de te soigner. Une telle blessure n'a pas à être ignorée, et au point où on en est, perdre une petite demi-heure de plus ne changera pas vraiment quelque chose. Et puis, sans vouloir trop être insistant... Tu es notre dernier leader, tu comprendras qu'on veuille te conserver...

Chris s'arrêta et nota ce que Alex avait nommé comme la caverne d'Ali Baba. Bon sang, il était vrai qu'il y avait là un sacré bordel... Mais où avait-il trouvé tout ça. Chris s'attacha à observer les armes. Il prit entre ses mains la kalach que Adam avait ramené et s'essaya à la tenir. Il s'en empara, fit mine de viser, mania rapidement le système de rechargement qui n'était pas rouillé et pas enrayé, c'était plutôt pas mal. En outre, l'arme était en bon état et Adam avait ramené plusieurs munitions. Finalement, Chris répondit:

- Adam, je kiffe tes joujoux. Il faut que tu le saches. Héhé.

Chris regarda Adam, contrait par les deux femmes, se faire bander la plaie. Bon sang, il était bien entouré cet enfoiré!! Chris retint un sourire avant d'observer finalement le travail de Kyra, et Alexandra qui ne cessait d'enrouler une bande de tissus blanc qui rougissait au contact du sang, autour du corps de Adam. Kyra fit passer des infos à Camille et Chris n'ajouta rien. Il n'y avait rien à dire de plus. Pendant ce temps, Alexandra terminait de mettre la bande, Kyra serra la tout et nota que cela devrait tenir. Elle s'empara du sac de Adam en donnant le plan à suivre pour le retour aux abysses. Chris mit la kalach en bandoulière, prit la ceinture de munitions et finit par regarder Adam se relever péniblement en contenant toute fois la douleur. Il était fort. Même pour un humain, il était fort. Chris boucla la ceinture de munition et lorsque Kyra demanda s'il était prêt, il ajusta deux trois choses et finit par déclarer:

- On peut y aller, je vous suis. Je vous rejoindrais discrètement au poste une fois arrivés, ne vous faîtes pas de soucis pour moi.

Chris et le reste de l'équie se laissèrent conduire par le leader qui connaissait bien les galeries. A partir de là, il semblait pouvoir se repérer. Marchant à une allure soutenue malgré la blessure, Chris sentait le besoin d'Adam qui était de retrouver au plus vite toute l'équipe au complet pour transmettre toutes les informations possible... Il devait avoir des informations importantes à révéler pour vouloir aller aussi vite...

La suite ici : => Children of Abyss

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