[Intrigue] Dark Night [Les Pacificateurs]

Leader des Pacificateurs Humaine

23h32

-Tu es certaine de toi ?

Je levai mes yeux des documents qu’Amaria venait de me remettre en main propre. Elle m’avait laissé le temps de lire et même de relire avec beaucoup d’attention toutes ces pages pour me permettre de mieux assimiler le reste des informations qu’elle n’allait pas tarder à me transmettre, cette fois-ci, de vive voix. A chaque fois que je cherchais son regard d’ébène, j’y voyais la tristesse associée à ce qu’elle était, sa nature réelle, cette race qui ne faisait que détruire la vie. Elle était Asarienne et pas n’importe laquelle. Elle était l’héritière d’Ahmad Saria, demi-sœur de Gabriel Nicholson, défunt fils de la Grande Conseillère Alianka de Nephthys. Elle portait sur ses épaules le lourd passé de son père, celui-là même qui avait inventé le SEER. Elle était le témoin des ravages de l’œuvre de son géniteur et faisait aussi honneur à la mémoire de son demi-frère, mort sous les feux d’un attentat, d’un piège qui avait été établi et mis au point par sa propre mère. Nous avions toujours cru à cette finalité, elle et moi. Nous avions pensé au début qu’une taupe s’était infiltrée chez les Pacificateurs, mais nous avions fait fausse route. En réalité Gabriel Nicholson avait été suivi par sa mère et ses chiens de garde depuis un long moment, et malgré toute notre discrétion, notre secret avait été découvert. Amaria avait rejoint le groupe pour reprendre le flambeau de son frère et moi j’avais poursuivi notre combat pour un futur meilleur en hommage à notre amour.

Je connaissais la nature perverse des Asariens, qu’ils soient de la nouvelle génération ou bien faisant partie des Anciens. J’avais été captive d’un Longue-Vie, le ministre Kylian E. Wright. Il avait cru pouvoir m’arracher ma liberté, mes espoirs et ma force. Il n’avait fait que modeler la femme que j’allais devenir aujourd’hui : la leader des Pacificateurs. Je m’étais échappée par miracle à ses tortures psychiques et de ses viols sur mon corps après de longs jours sous son joug. Il avait obtenu de moi des cris de plaisirs et de douleurs, mais en aucun cas ma soif de liberté et mon âme. Alors oui, je savais ce que pensait Amaria. Je n’avais nullement besoin de pouvoirs télépathiques pour lire en elle. Nous étions devenues des sœurs malgré nos sangs différents et nous nous comprenions d’un simple regard.

- Je ne mets pas en cause les résultats des examens que tu as pratiqués sur ces tubes. C’est affolant et incompréhensible. Comment Aaron a pu savoir qu’il y a un tel danger dans l’eau du bidonville ? Est-ce que tu as pu le joindre depuis tout ce temps ? Et les Rebelles, cette réunion improvisée que tu as eue avec deux de leurs membres, peux-tu m’en dire un peu plus ?

Je refermai la chemise cartonnée sur mon bureau. Je me levai pour rejoindre Amaria qui était restée près de la porte d’entrée qu’elle avait refermée avec soins pour éviter d’alarmer les autres membres du QG qui passeraient non loin de nous. Je connaissais Duncan Ramsey ainsi qu’Evan Cassidy. Si nos méthodes étaient différentes, nous avions établi depuis plusieurs années une sorte de respect et un code entre nous. Les Rebelles ne seraient jamais venus au dispensaire si le danger n’était pas aussi énorme. Amaria avait-elle dévoilé sa vraie nature aux autres ? Ce n’était pas le détail le plus important. Il fallait maintenant réunir les Pacificateurs, leur expliquer l’était d’urgence de ce dôme de la division humaine.

- L’eau est devenue dangereuse pour tous ces hommes, ces femmes et ces enfants. Tu sais aussi bien que moi que les humains détournent et pompe l'eau de la nappe phréatique pour moins payer de taxe. L’eau de la nappe contient des plombs, du mercure, du benzène, des polymères et toutes ces autres particules plus toxiques les unes que les autres. Toutes les nappes phréatiques, à un moment donné ou à un autre, se rejoignent, ce qui veut dire que toute la cité est condamnée … même les Asariens, certes à plus long terme que les humains grâce à leur ADN. Pourquoi le gouvernement laisse-t-il faire ce genre de chose ? Les Anciens détruisent leur propre race, c’est impossible … Sont-ils si aveugles et imbus de leur personne ?

Ce n’était pas de quelques dizaines de personnes dont on parlait, mais bien de centaine. Des familles entières vivaient dans le bidonville depuis la création d’Asaria. Elles y avaient leur logement, certaines leur commerce. Et là j’apprenais que ce même bidonville était condamné si on ne faisait rien. Il fallait nettoyer en profondeur les canalisations, mettre à l’abri les humains et les éloigner de ce dôme qui perdait de sa sécurité au fil des jours sous l’intensité de la force des rayons du soleil.

- Tu sais quelque chose de plus sur la fissure du dôme ? Héléna et Grant m'ont remis, il y a tout juste 48 heures des clichés. Et si c'était Aaron derrière tout cela ? Ce dôme a été construit par le père de Gaius Hasard. Il n’aurait jamais édifié un dôme douteux et peu fiable pour abriter les humains. Tous les dômes sont vérifiés par la sécurité, apparemment celui-ci a été mis de côté. Pourtant c’est là aussi que se trouve les locaux de la Milice, le fief du ministre Van Brënner. Nous savons tous à quel point il est très méticuleux avec ses soldats. Il laisserait se dégrader un dôme qui protège son bras armé ? Nous sommes tombés en plein cauchemar Amaria …

Amaria m’avait écoutée sans me couper la parole et ce fut à mon tour d’entendre ses réponses et ses réflexions sur cette situation. Elle m’expliqua sa rencontre avec les deux Rebelles ainsi que la présence d’un certain Sébastian Shayn qui était un ami d’Aaron et qui semblait être de notre côté. Elle détailla ensuite les conclusions de ses rapports sur les échantillons qu’elle avait pu récupérer.

- Viens avec moi, Il faut avertir tous les Pacificateurs.

Nous sortîmes toutes les deux de mon bureau et on longea le long couloir qui menait à la salle de contrôle. C’était là que se tenait des grands écrans et des ordinateurs qui reliaient le QG à la cité. Le sas s’ouvrit à notre arrivée. A l’intérieur, tout est calme. Cinq Pacificateurs se partageaient la surveillance vidéo. Grace à Michael Hawkins, nous avions pu pirater les caméras d’Asaria, ce qui nous permettait d’avoir un œil sur certains endroits névralgiques des dômes. Un fauteuil pivota vers nous et mes prunelles au reflet de bronze se posèrent sur le visage familier de mon ami d’enfance. Son sourire se figea en un trait plus inquiet.

[Intrigue] Dark Night [Les Pacificateurs] 612932JulianPNJIS

- Bonsoir Mara ! Bonsoir Amaria ! Il y a un souci ?

- Bonsoir Julian, je voudrai que tu envoies un signal à tous les Pacificateurs ! Je sais que la nuit vient de commencer et que ceux qui répondront à notre appel et qui sont dans la cité, mettront environs deux heures et demi pour parvenir jusqu’à nous. Tant pis ! C’est très urgent ! Je ne peux pas remettre cela à demain.

- Euh … Oui … vous me flanquez la frousse toutes les deux. Que se passe-t-il ?

- Tu le sauras une fois que les Pacificateurs arriveront. Tu joints tout le monde et tu me dresses la liste de ceux qui ont répondu présents ! Je me tiendrai prête dans la salle de réunion, je n’y bougerai pas avec Amaria. Fais vite !

- Je lance le signal Mara !

Présidente de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

Mara avait eu besoin d’exprimer toutes ces questions, ces doutes et ces peurs à haute voix. Je lui avais donné le temps de prendre connaissance des résultats des tests que j’avais effectués sur les échantillons que Sébastian Shayn m’avait remis lors de notre rencontre au dispensaire. Mes conclusions rejoignaient celles qu’Aaron avait laissées à son ami infirmier et à la jeune femme qui l’avait accompagné. Nous étions toutes les deux, seules, dans son bureau. La nuit était bien avancée et pourtant elle tout comme moi, étions encore présentes au sein du QG du Phoenix. Héméra ne devait pas être très loin. C’était très rare que Mara se sépare de sa fille sauf lorsqu’elle menait à bien ses propres missions sur le terrain. Elle était anxieuse et inquiète de la tournure que prenait cette situation, tout comme l’absence de la présence d’Aaron depuis un certain temps.

- Non, Aaron s’est comme volatilisé de la cité. Je suis incapable de le localiser même avec ma télépathie. Quelque chose ou quelqu’un bloque mon pouvoir. Il y a un infirmier avec lequel je travaille, Sébastian Shayn. Aaron lui a confié toutes ces informations. Je ne sais pas pourquoi il n’est pas venu me trouver lui-même, ce qu’il l’empêchait de prendre contact avec moi, ou avec toi. Il est peut-être en danger. Sébastian m’a raconté leur rencontre à l’hôpital central. Il y avait un enfant qui possédait une brûlure pas très jolie et ils se sont rendus- comptes que cela provenait de la décharge ou de ce qui pouvait se trouver tout près de celle-ci. Ils se sont déplacés jusqu’au bidonville et ils y ont trouvé la présence d'une fissure sous le dôme responsable de la putréfaction des déchets et de vapeurs toxiques. Cette petite faille, le jour, laisserait passer les rayons du soleil qui se transformeraient en faisceaux lumineux puissants et qui se reflèteraient un peu partout sur les gens à proximité. Ce qui donne lieu à ce genre de brulures importantes. Je les ai moi-même vues. Au dispensaire, j’en soigne de plus en plus en ce moment comme des toux, des infections pulmonaires. Ces émanations sont nocives pour les humains.

Ma rencontre avec les deux Rebelles s’était très bien déroulée. Je ne cessais de la détailler à faire les cent pas dans le bureau. Elle comprenait et se doutait qu’il n’y aura pas de solutions faciles et que nous touchions l’Enfer du bout des doigts.

- Nous avons échangé nos numéros de téléphone. C’est une preuve de confiance là aussi. Je sais que tu connais quelques Rebelles, mais est-ce qu’ils pourront s’allier à nous. Et ces Insoumis ? Il faut qu’on fasse table rase de ce qui nous sépare pour permettre cette alliance, Mara. Il faut qu’on puisse avoir une entrevue avec les deux groupes et poser les bases de cette aide. La population est la plus importante.

Ce qui me perturbait autant qu’elle s’était ces nappes phréatiques que les Asariens empoissonnaient. Ce n’était pas seulement celle du bidonville, mais de toute la cité. Je secouai la tête calmement. Je n’avais malheureusement pas plus de réponses que mon amie.

- Peuvent-ils au moins imaginer qu’ils infectaient l’eau ? Tout le système est détenu et surveillé par la société Aquanet du ministre Huyana. J’ai beau tourné tout ce problème, je ne trouve aucune justification valable sur ce qu’ils sont en train de faire subir à la cité tout entière.

La société Aquanet possédait des laboratoires à la pointe de la technologie qui pouvaient rivaliser avec ceux du centre de recherches. Ils avaient entre les mains les résultats des nappes phréatiques assez souvent. C’était bien cela que je ne comprenais pas : fermer les yeux sur un tel désastre. Mara entama un autre sujet tout aussi inquiétant, celui sur la fissure du dôme.

- Je n’en sais pas plus, seulement ce que je t’ai déjà expliqué. La faille se trouve au niveau de la décharge et c’est le petit faisceau lumineux qui brûle les déchets. Ces déchets même qui d’une part s’infiltrent dans les nappes et qui s’évaporent en vapeurs toxiques. Je sais que le père de Gaïus n’aurait jamais rien tenté, de créer un dôme qui ne soit pas aux normes. Cela vient vraisemblablement de l’entretient qui n’a pas dû être effectué depuis de très longues années. Ce qui est étonnant quand on sait que la Milice est abritée sous ce même dôme. Il nous manque des éléments Mara.

Mara avait vécu de nombreux drames dans sa vie et je l’avais toujours vu combattante et pleine d’espoir pour Héméra. Sa voix si déterminée brisa le silence qui s’était installé entre nous et je la suivis jusqu’à la salle de contrôle. On y retrouva Julian qui fut chamboulé par l’inquiétude de Mara. Il avait pour ordre d’envoyer un signal sur tous les téléphones portables des Pacificateurs. Nous n’avions plus qu’à attendre.

- On va passer par la cafétéria, prendre des thermos de café et s’installer dans la salle de réunion. L’attente va être longue avant que les premiers Pacificateurs n’arrivent ici. Où se trouve ta fille ?

La petite équipe de la salle de surveillance du QG était en pleine effervescence. Tous savaient que Mara ne lançait pas une alerte sans bonnes raisons et malheureusement ces raisons étaient très souvent terribles ...

Invité

Travailler pour Michael Hawkins a complètement chamboulé ma vie au point que passer du temps avec mes parents devient rare. C'est donc naturellement que j'ai accepté de suite l'invitation de mes parents à dîner avec eux. Ça faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas passé un moment tous les trois mais ils comprenaient qu'avec l'emploi du temps de mon patron, je n'étais plus aussi disponible qu'avant.
En arrivant, le fumet d'un délicieux dîner préparé par ma mère faisait frétiller mes narines et me donnait l'eau à la bouche. Ma mère avait toujours été une merveilleuse cuisinière pour moi et bien qu'étant leur invitée, j'avais vite repris mes veilles habitudes enfantines en allant aider ma mère à terminer la préparation du repas pendant que mon père s'occupait de dresser la table.
J'avais passé une agréable soirée, à tel point que j'avais presque oublié tout ce que je savais à présent sur les Anciens et leurs manigances. Ça m'avait fait un bien fou d'oublier cette guerre qui fait rage plus ou moins silencieusement. Bien sur, je ne remettais pas en cause le point de vue des Pacificateurs, loin de là. Asariens et Humains pouvaient vivre ensemble pacifiquement et pourquoi pas construire un monde meilleur.
Oui je sais, je suis une douce rêveuse, une utopiste mais je sais aussi que pour obtenir la paix, on doit déclarer la guerre et ça, ce n'est clairement pas une vision d'utopiste. En revanche, l'espoir d'un monde meilleur, d'un monde où tout le monde pourrait vivre en harmonie l'est. Serais-je là pour le voir ? Participerais-je activement à ce nouveau nouveau monde ? Tant de questions tournent dans ma tête mais aucune réponse pour le moment.
En plus, en voyant mes parents, j'avais dû mal à me dire que ceux au pouvoir étaient des êtres malveillant. Certes, mes parents n'ont pas de mots tendres envers les humains mais j'ai l'impression que parfois, ces médisances sont plus liés à un lointain passé, avant que la vie de tous ne change radicalement. Bien sur, je ne les ai jamais questionné la dessus. Enfant, il ne m'était jamais venu à l'esprit de les questionner la dessus et maintenant, je me dis que ça serait suspect de leur demander pourquoi ils haïssent tant les humains, ne faisant que les tolérer. Et encore, de ce que je sais à présent, mes parents semblent être plutôt tolérant, même s'ils deviennent parfois médisant.

De retour chez moi, je décide de poursuivre la soirée en lisant un livre avant d'aller me coucher. Confortablement installée sur mon canapé, j'attrape un livre au hasard et je commence à le lire tranquillement. De temps en temps, je me demande si le concert change les idées d'Héléna puis je me persuade que oui et je retourne à ma lecture.
Le livre me transporte dans son univers. Je me laisse emportée par l'histoire. Je m'attache aux personnages. J'ai aussi envie d'en griller un où deux en mode barbecue ou feu de joie. Je dévore les pages les unes après les autres quand je suis interrompue par mon téléphone. Je fronce les sourcils en regardant l'heure tout en me demandant qui peut bien me contacter à cette heure-ci. Un autre jour, j'aurais immédiatement pensé à Michael mais il est avec Héléna alors pourquoi m'enverrait-il un message ?
Soupirant, je m'extrais de mon canapé et j'attrape mon téléphone, voyant de suite le message d'alerte. Mon cœur bat la chamade et je me pince pour savoir si c'est réel et vu la douleur, c'est bien réel. Rapidement, je réponds que je serais présente, bien consciente qu'il va me falloir un certain temps pour les rejoindre.
Je me demande ce qu'il peut bien se passer pour être convoquée au QG à une heure aussi tardive de la journée mais je sais que j'aurais une réponse en temps voulu. C'est ce que je me dis alors que je suis encore sous les dômes mais quand j'y sors, là, je commence à maudire l'alerte. Je sais que si elle a été donnée, c'est qu'il y a une raison mais je déteste emprunter la route qui mène au QG et de nuit, c'est pire. Tous mes sens sont en alerte, craignant de tomber sur un Milicien et n'ayant pas trouvé d'excuse valable pour me trouver sur les terres sauvages à une heure aussi avancée de la nuit.
Il doit être deux heures et demie du matin quand j'arrive au niveau de la montagne abritant le QG. Doucement, je glisse la main sous mon pull pour en sortir le pendentif en forme de phœnix que je serre doucement dans ma paume. Ce simple geste anodin me rassure et calme mon angoisse qui monte progressivement depuis des heures maintenant.
Arrivée devant la porte, je la déverrouille à l'aide de mon pendentif que je glisse aussitôt sous mon pull. J'avance d'un pas déterminée dans l'enceinte du QG tout en regardant autour de moi si je croise un visage connu capable de m'expliquer de quoi il en retourne mais pour l'heure, je ne vois rien, je me contente donc de signaler mon arrivée sur place et j'attends.

Invité

Après une journée bien remplie faite de jeux et d’exercices pour renforcer mes dons, je m’étais couchée de bonne heure au QG, Snow roulé en boule à mes côtés. Normalement, il devait seulement dormir au pieds du lit, sur un tapis qui lui était destiné. Mais cela faisait plusieurs jours qu’il n’allait pas bien. Il restait tout le temps allongé, ne mangeait pas beaucoup, et j’avais du mal à le faire boire de l’eau. Non, quelque chose n’allait vraiment pas pour le louveteau. Il était blotti dans mes bras, et sa présence me rassurait. Je pouvais ainsi être réveillée si quelque chose le dérangeait.

Dormant d’un sommeil profond, je fus réveillée en sursaut par le petit loup au pelage de neige qui jappais dans son sommeil, avant que je n’entende un hurlement que je reconnaissais. Kantara n’était pas loin. Ce cri pouvait s’entendre à plusieurs kilomètres de distances, d’après Aaron, mais je sentais la mère louve bien plus près, aux environs du QG. Aaron m’avait dit qu’il demanderait à son amie de me protéger en cas d’ennuis, s’il lui arrivait quelque chose de mauvais… Etait-ce pour cela que le louveteau était aussi mal ? Que la louve noire était tout près ? Il était arrivé quelque chose à Aaron ?

Le sommeil me fuyant, j’enfilais un gilet tout chaud et mes chaussons, ayant poussé ma lourde couette, pour sortir dans le couloir, le petit loup dans les bras. Voyant l’agitation vive qui animait les couloirs, alors qu’à cette heure ci, il devait ne pas en avoir autant, j’utilisais mon invisibilité pour me faufiler entre les Pacificateurs que je croisais, faisant très attention à n’en bousculer aucun. Fermant mon esprit d’un solide bouclier, je ne voulais pas me faire repérer… Pourtant en me concentrant, je sentais l’agitation qui gagnait Maman. Il se passait bien quelque chose de très important. Fermant les yeux, je lui envoyais une puissante vague de réconfort, pour la rassurer. J’espérais qu’elle ne puisse percevoir que j’arrivais non loin d’elle.

J’arrivais à la salle de surveillance au moment où Marraine demandait à Maman où je pouvais bien me trouver. Attendant qu’elle ait terminé de parler, je ne relâchais mon pouvoir qu’ensuite, pour venir près de ma mère, sérieuse alors que le louveteau semblait gémir dans mes bras.

« -Je suis là, Marraine, Snow m’a réveillée. Il ne va pas bien du tout depuis plusieurs jours. Et Kantara est pas loin. Il est arrivé quelque chose de mal à Aaron, la mère louve ne serait pas si proche, si ce n’était pas le cas. Il m’avait dit qu’il lui demanderait de veiller sur moi, s’il devait lui arriver quoi que ce soit… Cela ne peut –être que ça. Et Snow doit le sentir… Il reste tout le temps allongé à gémir puis il ne mange et boit que rarement depuis quelques jours.»

Levant le regard, je fixais Maman et Marraine d’un air décidé tout en réfléchissant. Si on me renvoyait en disant que cela ne regardait pas une enfant de mon âge… Je crois bien que j’utiliserais mes dons pour désobéir, pour cette fois. Je voulais savoir ce qu’il se passait. Je ne pouvais simplement me rendormir en sachant qu’un ami était peut-être en danger. Je me rappelais la sortie de ma rencontre d’avec les loups, la venue des Miliciens, et la manière dont j’avais utilisé l’électricité pour les arrêter… Je n’avais certes que 7 ans, je n’étais plus une simple enfant innocente pour autant. Tous les dangers que l’on rencontrait me faisaient grandir et faire des choses que je n’aurais pas dû faire. Mais de cet accident, Maman n’était pas encore au courant. Marraine, peut-être, mais je ne lui en avais pas encore parlé. Machinalement, je levais une main à mon cou pour jouer avec le médaillon que Maman et Papa m'avaient offerts. Je voulais m'en montrer digne, et si je pouvais être utile du haut de mon jeune âge, je le ferais avec joie.

«Je n’ai pas tenté de prendre contact avec la mère louve, Aaron se sert de ses dons particuliers pour communiquer avec elle. Mais je peux toujours essayer, comme je le fais pour le louveteau. Si cela fonctionne, elle pourrait peut-être vous donner des informations? Je ne pourrais pas aller me recoucher en sachant qu'il se passe quelque chose de grave. S'il te plaît Maman.. Je veux vous aider si je le peux.»

Leader des Pacificateurs Humaine

La plus cruelle des destinées, pire que tout ce que les Humains avaient connu et subi depuis toutes ces années, allait s’abattre sur eux, sur Nous tous si nous ne faisions rien. Il y avait 48 heures de cela, Héléna et Grant m’avaient remis des clichés qu’ils avaient reçus en pli urgent dans les bureaux du Times. Grant avait eu la certitude d’avoir reconnu un Pacificateur et j’avais vite fait le lien avec le scientifique. Pourquoi Aaron aurait-il caché son identité à ses alliés au lieu de les avertir de vive voix ? Qu’est-ce qui pouvait le faire agir ainsi si ce n’était pas un danger qu’il sentait s’étendre autour de lui ? Les conclusions d’Amaria ne faisaient que confirmer mon angoisse. Aaron était un ami, un homme dont j’appréciais les discussions et le partage et l’échange de nos passions et de nos idées.
Les Rebelles avaient fait le premier pas d’une alliance et c’était bien la première fois que je voyais ce groupe demander l’appui et l’aide des Pacificateurs. Je connaissais Duncan Ramsey et Evan Cassidy depuis longtemps. Si nos causes étaient fortes différentes tant sur le plan de nos actions que dans le futur de la cité, nous avions toujours réussi à nous respecter mutuellement. Les leaders de la rébellion n’auraient pas décidé de ce rapprochement sur un coup de tête. Ils avaient dû être eux aussi témoins d’évènements qui leurs laissaient penser que la population du bidonville était en danger. Aaron l’avait vu lui aussi. L’urgence était à décrétée.

Je me rendis à la salle de surveillance du QG. C’était ici que nous gardions un œil sur les différents dômes de la cité. Grâce à Michael Hawkins, les caméras d’Asaria avaient pu être déviées et nos génies en informatique étaient entrés dans les programmes du gouvernement et de la société qui gérait la surveillance. Les quelques membres en poste et de garde devant leurs écrans se tournèrent immédiatement à notre entrée. Mon ami d’enfance, Julian Marshall en faisait partie et l’ordre que j’émis éveilla la crainte de chaque personne. Je ne pouvais pas tout expliquer ici. Il allait devoir attendre l’arrivée de tous ceux qui répondraient présents au rassemblement. Ma main se posa en un geste attentionné sur l’épaule de l’homme que je considérai comme mon frère.

- Merci Julian. Dès que tu as tous les noms des Pacificateurs, fais-toi remplacer et viens nous retrouver en salle de réunion pour le débriefing.

Il hocha la tête non sans me dévisager de ses grands yeux bleus qui trahissaient son inquiétude. Amaria lui présenta par la même occasion un numéro de téléphone et lui transmit des instructions bien précises. Elle avait fait la connaissance d’un ami à Aaron durant l’entrevue improvisée dans son bureau au dispensaire. Sa télépathie ne lui permettait pas seulement le transfert direct de ses pensées vers la personne de son choix sans passer par les voies sensorielles habituelles, mais aussi de pouvoir lire dans l’esprit des autres.

- Je te fais confiance Amaria tout comme Aaron a fait confiance à cet homme.

Nous sortîmes du poste de surveillance et on se rendit en direction de la cafétéria comme elle l’avait souhaité. Il fallait prendre des réserves en caféine, surtout pour moi. L’attente serait longue et la peur ne ferait que nous rongeait lentement et perfidement. Amaria craignait aussi la réaction de ma fille. Héméra s’était attachée à Aaron de plusieurs façons et s’il lui arrivait quelque chose, jamais je ne me le pardonnerai. Il faisait partie de ma famille et de ces Êtres chers qui avaient éclairé ma vie.

- J’ai passé la soirée avec elle et j’ai quitté sa chambre quand elle s’est endormie. Je pense qu’elle …

La voix de mon trésor me fit sursauter au moment où elle apparut devant nous. Comme son père, elle possédait le pouvoir d’invisibilité et elle en jouait avec beaucoup de malice, comme ce soir. Qu’avait-elle entendu de la conversation ? Elle se précipita dans mes bras et je la serrai contre moi. Quand pourrions-nous enfin être tous heureux sans avoir peur du lendemain ? J’avais failli perdre son père, puis on m’avait enlevé ma fille et maintenant c’était un ami qui était en danger … Je n’oubliais pas non plus ce que j’avais vécu une nuit, il y a quelques mois, à la taverne de l’enfer. Je n’étais certaine de rien et je n’avais comme preuves de mes affirmations : mon cœur et la chevalière que je gardais, depuis, toujours sur moi. C'est-à-dire très peu pour mettre au courant Amaria. Ma main ébouriffa tendrement les cheveux de ma fille qui nous expliquait que son louveteau ne se sentait pas bien et qu’elle avait ressenti la présence de la mère autour du QG. J’adressai un regard plein d’anxiété à Amaria. Une anxiété que je ne pouvais montrer à mon enfant.

- Ne t’inquiète pas Héméra. Aaron sait se défendre et s’il lui est arrivé un problème, nous allons l’aider. C’est pour cela que j’ai appelé les pacificateurs au QG. Tous ne pourront pas répondre à mon appel, mais nous serons assez nombreux pour venir en aide à notre ami. Je te promets mon Ange que je ferai tout pour qu’on retrouve Aaron.

Héméra était dotée d’une personnalité très têtue et infiniment courageuse. Elle était l’image et le reflet de son père et de moi.

- Tu ne sors pas dehors il fait froid et il fait nuit. Tu attendras le jour pour tenter d’entrer en contact avec la mère Louve. Et si tu ne peux pas, tu n’insistes pas. Pour le moment, toi et Snow, vous allez venir avec nous dans la salle de réunion. Nous allons faire un détour par la cafétéria et prendre quelques encas. La nuit va être longue avant l’arrivée des autres.

Je la pris par la main alors que le petit loup lovait son museau dans le cou de ma fille pour y chercher sa chaleur. La cafétéria était desserte à cette heure-ci. Je remplis deux thermos à café et de quoi grignoter pour moi, Héméra et son loup. On repartit en direction de la salle où on s’installa. Le malaise et la peur ne m’avaient pas quitté. Je me trouvais impuissante et tous les scénarios possibles se déroulaient dans ma tête. J’essayais d’y faire abstraction, mais mon esprit refusait de penser à autre chose. Je connaissais la cruauté de certains Asariens. Je l’avais vu se matérialiser sous plusieurs formes durant ma courte vie. Quelques instants après, Julian débarqua avec une annonce pour Amaria.

- Amaria, ton ami a envoyé une confirmation ! Il est donc en route. Mara, je peux te confirmer pour le moment le nom de Lydia, Héléna et Michael. Je retourne à mon poste et je te fais signe dès que j’ai du nouveau.

- Merci Julian. Je voudrais que tu envoies un signal codé à Leroy McStone. Même s’il ne peut pas se déplacer, je veux qu’il soit lui aussi mis au courant de la situation.

- Je te fais ça !

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Environ deux heures et demie après ….

Amaria était partie à la rencontre de l’ami d’Aaron pour le guider jusqu’à notre QG. Héméra prenait soin de son louveteau qu’elle gardait dans ses bras. Elle s’était assise dans un des grands fauteuils de la salle et Snow dormait sur ses cuisses. Ma fille somnolait de fatigue alors que moi, je ne cessais de faire les cent pas, essayant de trouver de quoi m’occuper l’esprit et les mains. Ce qui s’avérait de plus en plus difficile. Le sas s’ouvrit et je crus un instant que c’était Amaria qui revenait, mais le visage et la silhouette étaient très différents de l’héritière d’Ahmad Saria. Il me fallut quelques secondes pour reconnaitre Lydia Everheart, la protégée de Michael Hawkins et la meilleure amie d’Héléna.

- Lydia, que je suis heureuse de t’avoir parmi nous. Tu es la première. Les autres ne vont plus tarder. Du moins j’espère …

Je m’avançais vers elle et je la serrai dans mes bras pour la remercier d’avoir pris autant de risques à rouler en pleine nuit à travers les terres sauvages. Mon cœur se serra en pensant à Grant. J'espérai qu'il n'avait eu aucun souci à passer les frontières du dôme pour se rendre dans les terres sauvages.

Présidente de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

Ma nièce venait d’apparaître avec son louveteau dans ses bras à quelques mètres de nous. Déjà dans le ventre de sa mère, elle usait de ses pouvoirs comme jamais aucun fœtus n’avait pu le faire. Je n’avais pas trouvé de réponses à ces phénomènes et j’avais arrêté de chercher depuis longtemps. Ma passion en étant que généticienne me poussait à connaitre les mystères de notre espèce et ceux des Humains, mais là, j’avais été bien in capable de comprendre les rouages fabuleux de la nature de la fille de Mara. Héméra était une enfant issue des deux races et c’était peut-être cela le secret de son ADN. Quoi qu’il en soit la petite fille nous avait écoutées et elle comprenait parfaitement qu’Aaron était quelque part en danger. Je me souvenais de cette nuit au QG avec Aaron et cette conversation complexe entre nous deux. Il m’avait présenté une louve noire, une amie et aujourd’hui Héméra tenait contre elle l’un de ses petits. Un cadeau du jeune Pacificateur à la petite frimousse qui se tenait devant nous. Tout le monde avait hâte de savoir ce qui était advenu du jeune scientifique et l’attente serait longue jusqu’à l’arrivée des Pacificateurs. De plus, Mara n’avait pas réuni le groupe seulement pour cela. Nous avions des informations à faire passer à tout le monde de la plus haute importance et tout ceci pouvait être lié à la disparition de notre ami. Je laissai la mère et la fille échanger leurs impressions, l’une tentait d’apaiser les inquiétudes de la plus jeune.

Nous fîmes un passage par la cafétéria et une fois nos provisions en mains, nous nous dirigeâmes vers la salle de réunion. À peine étions- nous arrivées que Julian débarqua avec quelques informations. L’homme de confiance d’Aaron avait bien répondu à l’appel. C’était maintenant à moi de le retrouver et de le guider parmi nous.

- Je vais vous laisser toutes les deux et partir à sa rencontre. Le temps de faire le chemin jusqu’au point de rendez-vous, nous aurons fait le parcours tous les deux de notre côté. S’il y a quoi que ce soit Mara, tu me contactes.

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Le QG du Phoenix avait été créé sur un ancien site et il avait été organisé et façonné d’une manière différente grâce aux aides des Asariens de notre groupe et à la technologie que nous avions à notre portée. Protégé au cœur d’une montagne, il y avait des galeries qui le traversaient et pour garder secrète son entrée, un système de caméra émettant une image au niveau de l’entrée souterraine donnait l’impression de voir un rideau de pierres. Il ne fallait pas avoir peur et foncer avec le véhicule à travers cette illusion qui préservait l’une des entrées du Phoenix. Tous feux éteints, j’appuyai sur l’accélérateur et je passai ce simulacre qui avait toujours bien fonctionné. Je n’avais pas besoin d’allumer mes phares. Mes hyper-sens d’Asarienne me permettaient de voir parfaitement clair dans la nuit et c’était mieux ainsi. Certaines patrouilles de la Milice pouvaient errer dans les terres sauvages à cette heure aussi tardive. Le soleil n’était plus une menace pour eux, comme pour moi.

J’avais donné rendez-vous à Sébastian Shayn à la clairière. Elle était repérable par son emplacement et par l’intersection qui se découpait devant elle. Deux chemins, l’un menant à l’Auberge de Sarah et le second au village. Pour ceux qui connaissaient les lieux, c’était facile, mais je n’étais pas certaine que l’infirmier sache aussi bien se diriger ici, loin de la cité. Il me fallut presque une heure pour atteindre le point de la rencontre que j’avais fixé. Il allait devoir faire confiance à son instinct et comprendre que le véhicule qui s’approchait n’était pas une menace pour lui. J’avais gardé la liaison avec le QG et dans mon oreillette, Julian venait de m’avertir, qu’une nouvelle fois, le futur Pacificateur avait repris contact avec nous en leur indiquant qu’il était bel et bien arrivé à destination. Parfait, je n’avais plus qu’environ cinq petits kilomètres à franchir pour le rejoindre.

J’aperçus au loin la voiture en arrêt, mais en aucun cas je n’allumai mes feux de route. Il m’apercevrait et sans doute avait-il déjà entendu le bruit d’un moteur. Je freinai à quelques mètres de lui pour lui laisser le temps de m’analyser à la lueur du clair de lune et je stoppai le moteur. Je descendis du 4X4 et je m’avançai vers lui. Je savais que dès qu’il entendrait ma voix, sa méfiance et ses doutes d’estomperaient.

- Monsieur Shayn, merci d’avoir répondu à l’appel. C’est moi, Amaria. Je sais que tout cela peut vous paraitre complètement irréel. Quelques jours plus tôt nous étions dans mon bureau en train de discuter avec des Rebelles et je vous ai confié après, que j’étais une Pacificatrice. Je ne savais pas que j’aurai besoin de vous … qu’Aaron aurait besoin de vous aussi vite. Nous n’avons toujours pas de ses nouvelles depuis et nous nous inquiétons. J’ai analysé les tubes que vous m’avez confiés et mes conclusions convergent vers celles qu’Aaron avait émises. La population du bidonville est en danger et à une échelle plus grande, toute la cité sera atteinte d’ici quelques semaines ou quelques mois. Je vais vous amener au QG des Pacificateurs et je vais vous présenter à notre leader. D’autres membres ont eux aussi répondu à l’appel. Nous allons devoir trouver le moyen de sauver la population. Vous vous souvenez de tout ce dont on a parlé avec les Rebelles dans mon bureau ? Toutes ces solutions ? Je peux compter sur vous pour m’aider à faire comprendre aux autres Pacificateurs l’état d’urgence et le fait que seule l’union face à ce danger sera notre salut ? Je ne sais pas encore comment ils vont interpréter le fait de nous allier aux rebelles et de prendre contact avec les Insoumis, mais chacun va devoir faire l’effort de mettre son égo dans sa poche et c’est aussi comme cela que nous saurons ce qui est arrivé à Aaron. Remontez dans notre véhicule Monsieur Shayn et suivez-moi. Surtout n’allumez pas vos feux et n’ayez pas peur. Certaines choses ne sont qu’illusions. Elles sont là pour dissimuler le QG aux ennemis. Faites-moi confiance comme j’ai pu vous faire confiance.

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Sur le chemin du retour je gardais une certaine vitesse même si j’étais impatiente d’arriver au QG. J’espérai que les Nôtres seraient nombreux à cette réunion. De toute façon, nous allions devoir faire passer l’information aux absents le plus rapidement possible. Lorsque j’arrivai devant l’entrée cachée du QG, je devinai les pensées de l’infirmier dans l’autre véhicule. Il ne voyait qu’une montagne imposante, mais je lui avais bien précisé que certaines choses seraient des illusions et qu’il faudrait passer outre notre logique. J’appuyai sur la pédale et pied au plancher, mon 4X4 démarra en trombe et fonça droit vers la montagne pour disparaitre de l’autre côté. C’était maintenant à son tour de me faire confiance. Les secondes devinrent une éternité avant de voir sa voiture passer l’illusion mise en place. Je lui fis un signe de la main et je redémarrai mon moteur. Nous suivîmes un tunnel souterrain sur une bonne dizaine de minutes qui nous amena devant l’entrée d’un sas. La sécurité du QG examina mon identité et celle de Sébastian et le panneau métallique se souleva pour nous laisser passer avec nos véhicules.

Aussitôt descendue de mon 4X4, j’attendis mon invité devant les portes de l’ascenseur.

- j’espère que vous vous êtes remis de ce passage à travers la montagne. Ce tour de passe-passe est nécessaire. Suivez-moi. Le QG comporte plusieurs niveaux supérieurs.

La cabine nous mena au niveau demandé et je guidai l’infirmier vers la salle de réunion. A l’intérieur, je retrouvai Mara, sa fille et une Pacificatrice.

- Bonsoir Lydia et merci de ta venue. Mara, j’aimerais te présenter l’ami d’Aaron : Sébastian Shayn.
Sébastian, je vous présente notre leader, Mara Jade.

Invité

« - Et les clients dans leur chambre, ils doivent attendre la fin de leur séjour pour être servis ? »

Joshua venait de faire irruption dans la cuisine où les serveurs avaient pris une pause non due près des différents commis, seul le chef continuait à vaquer à ses occupations, et tant mieux pour lui, surtout s’il ne voulait pas se faire virer. La voix perçante du jeune Asarien fit sursauter le corps des employés de salle, remettant en marche les mains des cuisiniers après un silence de surprise. Le responsable de la réception des clients du Rubis Etoilé avait gagné du galon cette dernière année, surtout depuis qu’il avait réussi à prouver qu’il n’avait aucunement peur des responsabilités qui l’attendraient en tant que chef réceptionniste. Il avait montré qu’il en était capable, et c’est ainsi qu’il prit la direction de l’accueil, mais également du contrôle de la salle de temps à autre et il le fallait. Parfois, les nouveaux dans le service pensaient qu’ils avaient tous les droits. Personne en salle ? Ils s’accordaient donc une pause syndicale en addition à toutes les autres qui étaient inscrites dans le contrat. En somme, les petits employés prenaient trop d’aise et Joshua s’obligeait à jouer le patron en l’absence du Directeur adjoint, à jouer le paternel de ces recrues juvéniles qui, au final, ne devaient rien comprendre aux règles que leur contrat de travail leur avait fixé. Après avoir lancé un regard noir aux plus anciens, qui occupaient leur poste depuis un certain temps pour certains, parce qu’ils s’étaient laissés envahir par les discussions peu intéressantes des jeunots, en quelque sorte, avertis que l’Asarien de trente et un ans n’autoriserait pas de seconde chance, Joshua retourna à sa tour dans le hall. Le boulot, c’était le boulot. Aucune place n’était accordée aux amusements. Il arriva à l’endroit pile à temps pour enregistrer des invités de dernières minutes.

« - Je n’ai plus qu’une chambre avec lits jumeaux, je peux demander à ma stagiaire de vous arranger la pièce afin que vous pu… »

Bip Bip Bip. Joshua s’arrêta immédiatement de parler sentant son téléphone vibrer dans le fond de sa poche. Il sourit, un peu mal à l’aise malgré tout, puis s’excusa auprès de ces nouveaux clients. Ce n’était pas vraiment la bonne réaction à avoir venant d’un chef réceptionniste, mais la rythmique qu’avait formulée le message provenait directement du quartier général et c’était la première fois qu’il recevait un communiqué du groupe des Pacificateurs depuis son arrivée dans le clan, en fin d’année dernière. Il fit un signe rapide au réceptionniste sous ses ordres afin qu’il prenne en compte les demandes des derniers clients de la soirée. Il était 23H50 et Joshua dût se résigner à quitter son poste dans l’immédiat. Il alla voir le chef de rang, à qui il avait rendu beaucoup de service, surtout lorsque sa femme avait eu besoin de lui à maintes reprises pendant sa grossesse, et lui demanda, à son tour, de le dépanner pour les quelques heures qui lui restaient à faire. Bien entendu, il ne put réellement dire non d’office. Acceptant de soulager Joshua de ses tâches, il quitta son poste auprès des hôtes du restaurant pour prendre en rennes les corvées de l’entrée. Quant à notre jeune Asarien, il ne prit pas la peine de répondre au message tout bêtement parce qu’il n’avait pas envie d’être pisté, bien que les lignes se devaient d’être sécurisées, ça ne faisait pas longtemps qu’il faisant partie du clan, il ne se sentait pas assez en sécurité pour croire les Pacificateurs qu’il avait déjà eu la chance de rencontrer. De toute façon, sa présence se verrait sans aucun doute. Vêtements changés. Descente au garage. Bip sonore. Porte ouverte. Celle-ci laissa apparaître une moto nouvelle génération qu’il avait pu s’offrir avec la totalité de cinq salaires économisés. Une belle deux roues initialement de couleur rouge qu’il fit repeindre fin Décembre en noir, un peu moins d’un mois avant d’accepter d’appartenir aux membres du Phoenix. Plus simple si jamais il se devait de parcourir un long chemin, comme aujourd’hui.

Les rues ne sont pas si animées que ça. Pourtant, Joshua aurait pensé le contraire. Ce n’est pas comme si les Asariens n’aimaient pas sortir, prendre du bon temps, seuls ou accompagnés. La route n’était pas bouchée, il passa sans encombre entre les différents bâtiments, virant à gauche, à droite des nombreuses rues jusqu’à arriver à l’endroit même où il quitterait le dôme où il se trouvait. Il s’arrêta un instant, éteignant les feux de son véhicule afin de prendre connaissance de l’artère exacte qu’il devait emprunter car c’était bien la première fois qu’il allait se rendre dans les terres sauvages. Son père faisant partie lui-même de la Milice des frontières, il savait combien se faire prendre à cette bordée pouvait être mortelle, surtout si les passagers n’avaient aucune raison à donner aux miliciens. Risqué. Dangereux. Délicat. Joshua commençait à vraiment penser qu’il était imprudent d’accepter de faire une chose pareille, de plus qu’aucune instruction lui permettait de savoir quel était le sujet de cette dite urgence. Fou ou téméraire, dur de savoir quel mot convenait à sa propre personne en cette situation. L’itinéraire lancé sur son smartphone, Joshua prit la peine de mettre un des écouteurs à son oreille, n’utilisant pas le GPS intégré à la moto, au cas où. Il mit en marche son engin d’un coup de poignet express, évita de mettre les pleins phares et il fût prêt pour le départ. La question n’était plus à savoir s’il était un héros ou un zéro. Doutes. Craintes. Frissons. Sueurs. Voici les mots qui l’accompagnaient tout au long de la route. Il ne roulait pas vite, ne prenant pas le risque d’alarmer qui voudrait bien l’attraper, du moins, au début. Culot. Assurance. Sang-froid. Il se fit téméraire, gagnant de plus en plus d’aplomb sur le chemin, guidé, toujours, par la voix qui résonnait dans son oreille droite.

La forêt noire apparaissait aux yeux de Joshua qui continua droit devant après deux bonnes heures et demie. Ses yeux s’adaptèrent rapidement au peu de lumière que ses phrases dégageaient droit devant. Les sons des animaux variés qu’abritaient les arbres et les fourrés n’altéraient pas le timbre de la demoiselle qui lui dictait les directions a emprunté. Après deux heures cinquante minutes de trajet, il s’arrêta en face d’une colline, ou plutôt d’une montagne bien rocheuse. A ce moment précis, il enleva son oreillette et fixa l’endroit alors que, dans la cavité en plastique, la voix féminine ne cessait de répéter que l’Asarien était arrivé à destination.

« - Ferme-la ! »

Il coupa rapidement le GPS de son téléphone avant de le remettre à sa place initiale, dans la poche de son pantalon. Il reporta son intention la monticule de roches face à lui et soupira avant de se rappeler d’une chose, subitement, que le Pacificateur qui l’avait recruté lui avait bien spécifié. ‘’Les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent.’’ Sympa comme phrase, il pouvait se l’avouer.

« - Les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent… Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? »

Il fronça quelque peu les sourcils, baissant en même temps son regard sur l’assise de sa moto puis les releva à l’endroit où le médaillon était censé se trouver en-dessous de ses vêtements. C’est par simple déduction qu’il sauta de sa moto, prenant quand même le temps de l’éteindre avant et de la mettre sur pied. Il s’avança vers la chaîne et posa une main dessus avant de reculer brièvement de celle-ci, étonné d’avoir vu son membre passer à travers. Truc de dingue. Il sourit en coin, content d’être aussi rusé qu’un renard, et, après avoir regardé autour de lui, non pas par habitude mais par prudence, il s’engouffra dans le gros rocher sans retenir sa respiration. De l’autre côté, il fût rempli de gaieté, c’était la première fois qu’il fût impressionné de la sorte. Bien. Ce n’était pas le bon moment de rêvasser, des personnes devaient déjà l’attendre. Par contre, où était la salle de réunion ? Il fit du chemin avant de la trouver. Il ne la trouva pas tout seul, forcément. Il avait eu la chance de croiser une personne de la sécurité dans les couloirs et il s’empressa, d’une marche rapide, de rejoindre l’endroit où il était attendu. D’ailleurs, lorsqu’il arriva devant la porte entrouverte, il hésita à apparaître de cette façon, encore plus lorsqu’il entendit des voix provenir de la salle, notamment celle de la Leader, Mara. Il prit une grande inspiration avant de pousser le battant. De là, le silence fût et ça le rendit inconfortable.

« - Salut … Ne vous arrêtez pas pour moi, insista-t-il en baissant le regard, surtout parce que l'hybride se trouvait être présente dans la salle, Nous sommes les seuls à avoir répondu présents ? »

Invité

Partir à l'aventure, c'est excitant mais traverser les terres sauvages de nuit, pour moi, c'est effrayant. Comment expliquer ma présence si je tombe sur un Milicien ? Qu'est-ce qu'il adviendra de moi si je suis capturée ? Ces questions s’enchaînent dans ma tête mais aucune réponse définitive n'y répond. En même temps, ce n'est pas plus mal car si réponse définitive il y a, c'est que j'ai été prise...
Par chance, j'arrive sans encombre au QG et je me permets de respirer à nouveau, bien que consciente que pour être convoquée à une heure pareille, c'est que les ennuies ne font que commencer.
L'avantage d'avoir toujours été une personne discrète, c'est que les personnes ne font jamais attention à moi et à ma présence, j'espère que de cette manière, j'en saurais un peu plus de la part des personnes déjà présentes et qui semble tous très occupés mais eux aussi semble ne pas savoir ce qu'il se passe, et puis le trajet jusqu'à la salle de réunion est trop court pour prendre vraiment le temps de tout comprendre.
Arrivant dans la salle, je reconnais Mara qui s'avance vers moi avant de me serrer dans ses bras. Je sais qu'elle est humaine mais quand je la regarde, je ne vois aucune différence entre elle et moi, alors pourquoi serait-elle inférieure à moi ? Je connais la réponse à cette question bien sur, du moins du point de vue gouvernemental. Elle est née humaine, sans pouvoir, voilà la raison mais est-ce que ça fait des humains des êtres mauvais ? Non, pas pour moi.

- Bonsoir Mara, je dirais bien que c'est un plaisir mais je sais que si je suis ici, ce n'est pas juste par courtoisie. Ni par obligation mais je me garde de le dire. Est-ce que tu peux m'éclairer sur ce qu'il se passe en attendant les autres ?

Je me doute bien qu'elle ne me répondra pas, si d'autres doivent arriver, autant ne tout dire qu'une seule fois mais je sais aussi que j'ai encore du mal à comprendre en quoi je pourrais vraiment leur être utile.
Je ne suis pas une personne influente comme Michael. Je ne suis pas une petite fouine emmerdeuse – même si pour moi elle est plus que ça – comme Héléna. Non, moi je ne suis qu'une Asarienne sans importance, quelqu'un qui sait se faire oublier.

Je suis tellement concentrer sur Mara que je n'avais pas remarqué la petite fille dans un coin avec un chien ou peut-être bien un loup sur les genoux. Serait-ce la petite Héméra ? Peut-être. Je n'avais pas participé à ses recherches et c'était normal, je venais d'arriver, c'était déjà énorme que Michael m'avait confié son existence. Peut-être un test pour savoir comment je réagirais en apprenant qu'une telle enfant existe, pour juger si je suis digne de confiance ou non. Quoi qu'il en soit, je ne l'avais jamais rencontré et je dois dire que je la trouvais ravissante avec son visage d'ange et bêtement, je me mis à sourire en la regardant.

Peu de temps s'écoule avant que une autre voix féminine me remercie d'être venue. Je me tourne vers la personne dont j'ai oublié le nom, la gratifiant d'un sourire pendant qu'elle enchaîne en présentant la personne qui l'accompagne. Je sens que la conversation qui va suivre ne me concerne pas alors poliment, toujours en souriant, je me détourne du trio quand un autre pacificateur entre à son tour. Cinq pacificateurs présents, ce n'est pas si mal étant donné l'heure de l'alerte. Et encore, je n'ai pas compter ceux bossant directement au QG.

Invité

Je ne savais pas combien de temps j'avais attendu mais le temps me paraissait bien long, c'était souvent ainsi en cas de montée de stress. Pas vraiment non, c'était même plutôt l'inverse alors c'était qu'intérieurement, je ne devais pas être aussi tendu que ça. Mais je n'avais personne d'autre que moi-même dans la voiture pour faire partager mes émotions grimpantes. La notion du temps je l'avais totalement oubliée, me souvenant simplement qu'il devait être dans les deux heures du matin. Peu importait, dans le fond j'étais trop excité à l'idée de ce qui allait venir pour être fatigué, à croire que j'étais monté sur ressorts ou que c'était ma propre nervosité qui faisait appel à mes dernières ressources de la journée. Inutile de penser à tout cela pour le moment, rien que cette idée me faisait émettre un bâillement, tout était psychique cette fois.

Toujours installé au volant, ma main avait atteint l'autoradio qui diffusait à présent à bas volume mes titres préférés. N'importe quelle occupation était prétexte pour passer le temps qui défilait à mes yeux aussi vite qu'un escargot en surpoids. Enfin, ce fut un bruit extérieur au son de mes instruments qui éveilla mon attention. Mon contact déjà ? Ce n'était pas impossible ma foi vu que je n'avais que d'abstraites notions du temps. Je restai sur mes gardes en attendant de percer les traits du visage de mon interlocuteur à la pâle lueur de la lune. Et si c'était un piège du Haut Gouvernement, des Anciens, pour arrêter les "jeunes" Pacificateurs comme moi ? Je n'y croyais guère mais cela ne m'empêchait pas de me montrer méfiant et prévoyant pour autant. Un malencontreux nuage brouilla le ciel clair en cet instant précis, me faisant froncer les sourcils. En cas de piège dans l'obscurité, je saurais me défendre c'était certain mais je n'aurais pas le dessus bien longtemps. Pourquoi fallait-il que les théories les plus noires me viennent aussitôt à l'esprit ? Surtout que mes yeux d'Asarien reconnurent l'instant d'après le visage du Docteur Saria, leader du dispensaire, ma "chef" en quelque sorte là-bas, mais aussi celle qui m'avait officiellement ouvert les portes des Pacificateurs, après Aaron bien sûr, l'expérience n'avait pas forcément été agréable, elle avait été douloureuse même mais j'étais heureux en contrecoup d'avoir rallié la cause qui me tenait tant à cœur depuis des années. L'idée du complot sombre et vicieux sortit aussitôt de mon esprit alors que j'ouvrais la porte de ma voiture pour la rejoindre et lui faire face. La lune en projetant ses pâles rayons derrière moi m'aurait presque donné un aspect sombre et ténébreux, ce qui ne me correspondait guère aussi pour mon aspect, certes grand mais c'est tout, comme pour ma nature réelle.

"- Docteur Saria. Je ne suis pas vraiment surpris de vous voir. Nous nous croisons souvent en ce moment, drôle de fatalité car avant nous ne voyions quasi jamais avec nos horaires décalées. Bref, je crois que nous allons devoir faire équipe encore un long moment sans vouloir être pessimiste. Je sais bien que la cause est grave et que les circonstances de telles entrevues pourraient être meilleures. "

C'était purement authentique car dès qu'Amaria et moi nous avions à débattre, ce n'était que pour des éléments négatifs, que ce soit pour les patients ou pour la sombre intrigue où nous étions plongés à présent. Je ne mettais pas cela sur le compte du destin car rien n'était écrit.

"- Aaron est toujours injoignable... Je vois.... " Ajoutai-je, perplexe. "- Je me doutais que les nouvelles ne seraient pas bonnes concernant les prélèvements mais je ne pensais pas que l'état de la crise serait si avancée. Il faut agir rapidement mais toutes ces procédures et moyens sont si lents à mettre en œuvre. Je m'étais porté volontaire pour trouver et transporter le maximum d'eau potable avec le soutien de mes alliés mais à ce jour, peu importe la mission auquel je suis affecté tant que ça puisse sauver la maximum de vie. Nous sommes nous mêmes en danger, en tant qu'Asarien, mais je sais que la situation est encore plus grave pour les humains, moins résistants et sans fonction de régénération en quelque sorte comme nous. Ok, de toute façon nous n'avons guère de temps pour discuter et nous attarder ici, je vous suis de suite."

Je n'avais ni le temps ni l'envie de poser des questions pour le moment, je verrai bien une fois sur place. C'était là-bas que j'en apprendrais le plus et que je serai le plus constructif dans mes idées. Après nous, nous étions bien plus forts en groupe uni, les petits désaccords n'avaient pas vraiment leur place quoi qu'il finirait tôt ou tard par y en avoir.

Je repris dont place dans la voiture, coupant cette fois la musique douce qui m'avait bercé quelques minutes plus tôt, il fallait que je reste concentré, j'avais tout de même à présent un minimum de responsabilités sur les épaules mais je ne m'en plaignais pas, cette voie là je le disais et le répétais, je l'avais choisi depuis bien longtemps, voire même peut-être à l'adolescence, étrange certitude mais c'était ce qui me guidait. Il fallait que je maintienne un bon rythme de conduite si je ne voulais pas perdre la Pacificatrice des yeux, je comprenais la donne et forçai l'allure, nous n'avions pas une minute à perdre c'était clair comme de l'eau de roche. Ma voiture n'était pas non plus une foudre de guerre mais je la rattrapais assez facilement, toujours tous feux éteints, je n'en avais pas besoin, le paysage qui se profilait devant moi, certes sombre, restait parfaitement visible à mes yeux. Dans un coin aussi reculé dans les Terres Sauvages et à une heure aussi avancée dans la nuit, nous ne risquons pas de croiser grand monde à part d'autres membres du groupe qui auraient fait le déplacement peut-être.

L'ombre qui dessinait à présent la montagne devant moi ne m'impressionnait même pas, d'ailleurs il fallait que j'y fonce tout droit. Mon cerveau me disait d'écraser la pédale de frein, se contredisant totalement avec mon instinct et mon cœur qui m'ordonnaient de foncer tête baissée. Ce fut bien sûr mon cœur que j'écoutai, j'aurais été fou de freiner ma course maintenant et de mettre fin à mon destin prématurément. Je n'eus même pas le temps de ressentir une peur croissante alors que j'écrasai durement la pédale d'accélérateur. L'obstacle factice passé et l'illusion derrière moi, je dus néanmoins freiner brutalement pour ne pas m'encastrer dans le 4*4 qui m'attendait en aval. Je ne pus m'empêcher de râler un poil en reprenant ma route, trop pris dans mes pensées sûrement. Au travers des voies souterraines du QG, la tension stockée un peu trop en moi semblait se relâcher peu à peu, jusqu'à disparaitre totalement. Ici, je me serai presque senti en sécurité, loin de cette horrible montagne oppressante, le trajet en devint presque routinier. Un dernier passage sécuritaire au niveau d'un sas sonna notre arrivée, il ne me restait plus qu'à me stationner un peu plus loin. Trop tard pour revenir en arrière à présent, de toute manière je n'avais pas cette idée tordue en tête.

"- Disons que j'ai écouté mon intuition et mon cœur plutôt que ma tête sur ce coup là. Je n'avais guère le choix, au péril de tout compromettre. Je ne suis pas du genre à avoir peur bien que cette perspective du Gouvernement si elle s'avère réelle me glace le sang. Vous savez de quoi je parle, en gros de toute cette histoire, la flotte, la contamination, la fissure, les déchets. Je préfère ne pas y penser mais faire l'autruche n'est pas non plus la bonne solution."

Parvenus à l'étage de la réunion, je commençais par saluer poliment l'assemblée, autant débuter sur de bonnes bases, l'heure était grave, mais le respect d'autrui restait une valeur fondamentale. Il fallait avant tout que je fasse connaissance. Un visage m'était familier, celui de Mara Jade, leader du groupe de "fous" que nous étions à tenter le diable pour les vies innombrables qui étaient en jeu. Oui, je l'avais déjà rencontré, très brièvement certes, dans un bar de la division humaine. Je me souvins qu'une bonne bagarre avait été provoquée, j'avais donné des coups de bon coeur une fois de plus, mais tout cela avait bien failli mal finir, ce n'était guère le moment de perdre des membres du groupes au travers de rixes farfelues, né sûrement de l'égo démesuré de certains mâles en général.

"- Bonjour Mara, effectivement nous avons déjà eu l'occasion de nous rencontrer. Les circonstances étaient peut-être un peu meilleures la dernière fois quoique..."

Je préférai non plus ne pas trop m'étaler sur le sujet car ce n'était pas l'objet de cette instance, tant de choses à nous dire mais en si peu de temps. Je savais parfaitement ce que j'allais dire, quels problèmes dispersés allaient quitter le fond de ma bouche mais hélas le temps travaillait contre nous, un peu trop peut-être. Je ne connaissais personne d'autres pour le moment mais j'en saurais certainement un peu plus sur la nature de mes compagnons sitôt les entretiens commencés.

Leader des Pacificateurs Humaine

La salle de réunion était silencieuse. Héméra s’était installée dans un grand fauteuil et dorlotait son louveteau. Je la voyais combattre son sommeil, mais comme elle détenait une part de ténacité de mon caractère, elle combattrait la fatigue jusqu’au bout. Elle se faisait beaucoup de soucis pour Aaron qui n’avait pas répondu à l’appel ni aux différents messages d’Amaria depuis ces derniers jours. Le sas s’ouvrit sur un premier visage familier : Lydia que je m’empressai de venir serrer dans mes bras. J’avais un besoin de mes amis, de cette grande famille que j’avais su faire grandir depuis ces dix années. Gabriel serait certainement fière de moi de voir que notre combat, notre cause avait déployé ses ailes et le Phoenix était devenu fort et vaillant. Les questions de la jeune amie de Michael étaient tout à fait normales. Je laissai glisser mes mains le long de ses bras et je me reculai un peu pour lui répondre.

- Je vais t’expliquer tout cela, mais avant de le faire, j’attends de voir arriver toutes les personnes qui ont répondu présente à l’appel.

Lydia inspecta la salle où nous étions réunies et son regard tomba sur ma fille et son petit animal. L’Asarienne n’avait jamais été présentée à Héméra. Si Michael était son parrain, je me doutais qu’il avait dû en parler un peu avec elle, les présentations n’avaient jamais été faites officiellement. Je fis le tour de l’immense table de réunion je m’approchai dans le dos de mon petit trésor en caressant ses cheveux tendrement

- Lydia, voici ma fille Héméra, la filleule de Michael. Elle est très inquiète. Un grand ami a disparu et elle ne veut pas aller dormir.

Au même moment Amaria revenait de son périple à travers les terres sauvages avec le fameux ami d’Aaron qui avait permis de lever le voile sur un danger titanesque au niveau du bidonville et de sa population. Alors que la scientifique et fille de Prophète saluait la venue de l’assistante de Michael Hawkins, mes prunelles aux reflets de bronze se posèrent sur l’homme qui apparut juste derrière elle. Son visage me frappa soudainement. Je l’avais déjà vu et c’était assez récemment, un soir à la Taverne de l’enfer … en présence de Gabriel et de quelques Rebelles. Connaissait-il déjà Aaron ou bien c’était tout nouveau ? J’avais ressenti en ce jeune homme une bravoure et un comportement très différent. Aaron ne se trompait jamais en donnant sa confiance et son amitié. Je m’avançai vers lui et je lui tendis la main. Mon sourire s’afficha pour lui prouver que je l’avais reconnu et qu’il était intégré au groupe.

- Oui, nous nous sommes déjà rencontré dans un autre lieu, très différent. Les hasards de la vie sont parfois troublants. Nous n’avons aucune nouvelle d’Aaron depuis quelques jours et il n’a pas répondu à l’appel du rassemblement. Sauriez-vous me dire s’il vous a laissé un message ? S’il va bien ? Quand l’avez-vous vu la dernière fois ?

Mes questions étaient pressantes et elles couvaient mon inquiétude. Julian revint dans la salle pour me rapporter les dernières nouvelles, saluant d’un signe de tête tout le petit monde qui prenait place.

- Bonsoir tout le monde !
Mara, Héléna et Michael ne pourront pas se libérer tout de suite. Le message a été très court comme s’ils étaient retenus. Ils nous feront savoir quand ils pourront nous rejoindre. Mais ça risque d’être trop tard, non ? Le temps qu’ils mettront pour nous rejoindre à travers les terres.

- Il est déjà très tard effectivement. Envoie-leur un nouveau message en précisant que dès qu’ils seront prêts à nous rejoindre, qu’ils le fassent savoir. Nous leur enverrons un téléporteur. Tu peux voir qui pourra les récupérer ?

- Jonas est avec moi de service et c’est un téléporteur. Cela ne devrait pas lui poser problème. Je te tiens au courant. J’ai un autre message de Grant qui dit se retrouver coincé au Times. Liam est en chemin, il a un souci avec sa bagnole. Il a dit de commencer sans lui. Je file passer le message et je reviens ! Ne commencez pas sans moi !

Le jeune hacker disparu de la salle et une émotion de tristesse étreignit douloureusement mon cœur. J’aurai tant voulu que Grant soit présent pour me donner sa force et me soutenir. Jamais il ne se mêlait des réunions, mais il écoutait et ses regards qu’il posait sur moi me donnaient cet amour et cette sécurité dont j’avais besoin. J’inspirai lentement quand un autre Pacificateur fit son entrée. Joshua Hwang était un peu le protégé d’Amaria. C’était elle qui avait reconnu en ce jeune homme les esquisses d’un membre loyal à notre Cause. Il y avait toujours eu une sorte de malaise entre nous deux et je suivis son regard qu’il baissa rapidement au moment où il découvrit la présence de ma fille. Amaria m’avait relaté qu’il avait beaucoup de mal qu’une humaine soit la leader du groupe et que j’avais donné vie à une enfant dans le père était Asarien. Je ne comptais pas ce soir débattre sur ma vie privée qui était assez compliquée depuis le retour de mon passé que je croyais mort. J’allais devoir aussi connaître le fin mot de toute cette histoire et je savais que seul Julian pourrait m’aider. Mais là, ce n’était pas le moment.

- Bonsoir Joshua, merci d’être venu. Deux de nos membres, Héléna Carter et Michael Hawkins viendront plus tard. Pour éviter qu’ils ne perdent trop de temps à venir nous rejoindre, un téléporteur leur sera envoyé quand ils nous donneront leur signal. Grant Stevenson ne pourra pas se joindre à nous, quant à Liam Holloway, il est en chemin et il nous demande de commencer sans lui.

Julian revint dans la salle et se laissa glisse dans l’un des fauteuils de libres en restant discret.

- Ce n’est pas moi qui vais prendre la parole pour vous expliquer tout ce qui se passe. Amaria le fera mieux que moi. Il a été aidé par Sébastian Shayn et c’est Aaron qui les a mis en relation. Amaria, je t’en prie, nous t’écoutons. Sébastian, n’hésitez pas à ajouter vos commentaires et vos explications. Le principal c’est que nous ayons toutes les données et toutes les informations nécessaires à comprendre ce qui se passe.

Présidente de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

Quand toutes les présentations furent faites et que chacun pris place autour de la table de réunion, Mara avait résumé pourquoi quelques Pacificateurs étaient absents, les retardataires qui arriveraient un peu plus tard et le fait que ce soit moi et non pas elle qui prendrait les rênes de ce rassemblement. Lorsque je pus avoir l’attention de tout le monde, y compris Julian qui venait de se faufiler parmi nous, je posai mes yeux noirs sur le dernier de nos alliés : Sébastian. Le hasard était joueur et il nous réservait toujours un tour de dernière minute. L’infirmier travaillait avec moi depuis longtemps au dispensaire et il était devenu l’ami d’Aaron. Ce dernier l’avait mandaté et lui avait remis toute sa confiance pour nous faire part des dangers que courrait la population du bidonville.

- J’ai beaucoup à vous raconter et j’essayerai d’être la plus concise possible pour que vous puissiez avoir toutes les informations clairement. J’espère ne rien oublier. Autour de cette table, certains se connaissent depuis un moment, d’autres de vue seulement, mais il y a un visage qui vous ait totalement inconnu. Je vais donc faire les présentations.

Trouver l’équilibre entre connaître ses alliées et en savoir le moins possible si nous tombions entre les mains de la Milice, cela s’avérait être très compliqué, comme un funambule marchant sur son fil et évitant de basculer d’un côté ou de l’autre. Je n’allais ni donner les noms de familles ni même les métiers de chacun. Certains d’entre-nous occupaient des postes à haute responsabilité et le gouvernement serait ravi de pouvoir faire couper des têtes.

- Je vous présente Sébastian, c’est un ami d’Aaron. Nous travaillons depuis plusieurs années au dispensaire, ensemble et sans le savoir, nous avions des idéaux qui nous unissaient. J’ai toujours fait en sorte de choisir méticuleusement mon personnel au TyAma parce ce dispensaire a été construit pour venir en aide à la population et non comme le clame haut et fort le gouvernement, pour aider les soldats à piéger des traitres ou des fugitifs. C’est une idée que je laisse bien sûr planer pour donner le change aux Anciens. Ma confiance en cet homme a été très judicieuse.
Sébastian, je vous présente donc plus Mara, je vois que vous vous êtes déjà rencontrés ailleurs. Par contre, voici Julian, notre as en informatique, Lydia, Joshua. Nous sommes encore peu nombreux autour de cette table. Il va y avoir des retardataires, mais je dois commencer à vous parler de ce que j’ai découvert en compagnie de Sébastian.

J’avais remis à Mara les résultats sur les échantillons et les conclusions d’Aaron qui étaient malheureusement bien trop vraies. Je pris un long soupire discret pour rassembler toutes mes idées et je me lançais.

- Tout à commencer il y a un peu moins de quarante-huit heures au dispensaire. C’était le petit matin, j’avais terminé ma nuit de garde et j’allais partir. Sébastian et une des bénévoles du dispensaire, qui se connaissaient sont venus me trouver pour me parler d’Aaron. Sébastian et lui se sont rencontrés à l’hôpital. Le cas d’un petit garçon brûlé leur a semblé étrange. Ce petit garçon venait du bidonville et ils ont décidé de s’y rendre le soir.
Sébastian, si j’oublie un détail, vous pouvez intervenir.

Le début de mon récit ne leur apprenait rien de particulier. Je voulais juste poser les bases de toute cette histoire et leur faire comprendre que ce n’était pas un piège de la part du gouvernement.

- Sébastian pourra vous le confirmer, il est arrivé avec une petite sacoche contenant des échantillons qui ont été prélevés par Aaron au niveau de la décharge du bidonville. Nous savons toutes et tous que le gouvernement ne s’est jamais soucié de la propreté, du confort et de la santé de la population humaine. Dans cette décharge, il n’a pas que les déchets du quotidien qui y sont déversés. Certaines grosses sociétés viennent décharger leurs détritus qu’ils produisent. L’air a toujours été assez irrespirable de ce côté-ci. Un élément est venu s’ajouter à cette réalité.

Le dôme humain filait vers sa perte et avec lui les humains. La seule question que j’avais en tête, c’était la présence des locaux de la Milice et des marchés aux esclaves. Le gouvernement avait-il pensé à cela en laissant le dôme se dégrader de cette manière-là ?

- Aaron a découvert une fissure dans le dôme.

J’ouvris le dossier que j’avais devant moi et je fis glisser plusieurs clichés aux Pacificateurs pour qu’ils puissent vérifier par eux-mêmes.

- C’est Aaron qui a transmis ces photos à Grant et Héléna, deux autres Pacificateurs. Grant nous les a fait parvenir au plus vite. Vous pouvez voir la faille et celle-ci, en pleine journée, laisse passer les rayons du soleil. Infime soit-elle, la chaleur et la puissance du soleil s’infiltre par-là et le rayonnement tombe directement au-dessus de la décharge. Je pense que vous commencez à comprendre …

Je regardais tous ces visages crispés et tendus. Ils devaient commencer à faire le lien entre toutes les données que je leur transmettais petit à petit.

- Les vapeurs toxiques se déploient de plus en plus. Les déchets se décomposent sous la chaleur du soleil ils s’insinuent sous la terre et dans les nappes phréatiques. Les échantillons que nous a apportés Sébastian et que j’ai analysés, montrent que l’eau est dangereusement polluée. Les résultats ont montré que l’eau est infectée par du plomb, du mercure, du benzène et des polymères perturbateurs endocriniens. En termes plus simples : l’eau tue petit à petit les humains. La vie sous ce dôme était déjà l’enfer pour les humains, là nous sommes devant une pandémie qui balayera tous les humains …

Les murmures d’effrois commençaient à se faire entendre et avant de leur laisser la parole, je poursuivais.

- Il ne faut pas provoquer de panique dans la population, cela éveillerait les soupçons des Milicien, mais nous ne pouvons pas laisser faire sans agir. La première étape c’est de mettre sur pied, via le dispensaire, une prévention fictive. Officiellement, je vais demander une campagne de vaccination. Je pourrai ainsi toucher le plus de personnes possibles. Officieusement, vous devinez que c’est faux. Il n’y aura pas de vaccination, mais une information auprès de ces hommes, ces femmes et de leurs enfants. J’ai listé le nombre de kits de filtration au dispensaire, je n’en ai pas beaucoup, peut-être un par famille, mais je n’en suis pas certaine. Il faut savoir que ces kits ne serviront que pour l'usage ménager de l'eau, uniquement. L’eau est contaminée à un très haut niveau, les humains ne doivent plus s’en servir pour se laver, pour boire, pour faire leur repas !
Il faut trouver le moyen de faire venir de l’eau potable, de mettre les humains à l’abri …
Il faut évacuer le dôme et nous n’y arriverons pas tous seuls.

Je jetai brièvement un regard vers Mara qui acquiesça d’un signe de tête en me poussant à poursuivre.

- Les Rebelles ont pris contact avec nous. Ils avaient quelques informations au sujet de la décharge, mais ils étaient loin d’imaginer la véritable ampleur du danger. Je sais que les Rebelles sont loin d’être nos alliés, mais ils ont fait le premier pas. Deux de leurs agents étaient dans mon bureau. Je ne sais pas ce que pensera leurs chefs, néanmoins, il nous faut un plan pour mettre à l’abri les humains, leur donner de l’eau, dispatcher les kits et les informer. C’est une mission d’une trop grande ampleur pour se permettre de tourner le dos aux autres groupes.

Invité

Cette bourrique de Carter était partie pour son concert toute fière et toute excitée. Toute la journée j'avais dû assister au cirque de l'autre consoeur qui n'arrêtait pas de lui dire qu'elle avait trop de chance d'y aller, et avec Michael Hawkins en plus ... Moi ce n'était pas Michael qui m'inquiétait. Au contraire, sa présence auprès d'Héléna me rassurait plutôt. C'était un peu le numéro deux chez les Paces. Un type qui avait de l'assise et du pouvoir à tous les sens du terme. Posé, friqué, réfléchi, bien habillé, costard cravate quoi. Moi les seules fois où j'avais porté un costume c'était quand je faisais serveur pour payer mes études de journalisme. Oui, on nait pas tous pleins aux as parce qu'on est asarien. Mon père était Milicien de base et ma mère marchande d'herbes aromatiques. Donc quand il était mort en opération, la pension militaire et le petit revenu de maman ne permettaient pas trop de folies. Et l'autre occasion, c'était pour le mariage d'Héléna. Hé oui le mariage de la chieuse fouine. Je l'aimais tellement que j'avais loué un costume pour ne pas lui faire honte devant son Ministre de mari. Ça faisait doucement mal d'y repenser. Encore que ... maintenant son mariage était à l'eau. Ça me serait pas venu à l'esprit de m'en réjouir, tant elle paraissait en être triste . Et seconde raison de ne pas m'en réjouir. Elle avait semblé trouver directement son remède au blues de la presque divorcée en se payant une toquade pour un épouvantail.

Si si, je vous assure ! Certaines femmes seules, délaissées mettent du vieux pain sur leur balcon pour attirer les moineaux, les pigeons. Ou alors, elles vont danser le jerk sur de la musique pop. Ou bien elle vont se consoler sur l'épaule de leur collègue de travail et se disent "il a l'air d'hésiter entre une histoire d'amour ou d'amitié. Je rêve de son corps pourtant je ne sais pas comment lui dire". Eh ben là, même pas... Et puis d'abord c'est quoi ces références has been en matière de musique ? Bon ok, la première est pas mal au vu des archives du Times. Mais elle, Héléna elle s'en bat les cils de ces stars du passé. Non, sa toquade c'est l'autre timbré avec ses chapeaux, ses lunettes, ses bottes. J'ose même pas imaginer le reste ...

Eh bien malgré mes mises en garde, elle était partie tôt du bureau, sans doute pour se pomponner afin d'être sublimement désirable pour ce ... ce mystificateur, ce manipulateur, cet adorateur de Satan et des chats noirs. Si si, je suis certain qu'il a des chats noirs. Mama mia et tous les saints ! Par Santa bologniese et Santa parmigiano ! Elle était partie rejoindre Hawkins et voir l'autre emplumé qui m'arrive à l'épaule et mé qué déjà que moi je dépasse pas le un mètré souassante disss huouit !

Je me retrouvais tout seul dans mon jean et la tentation de commander une pizza et une bouteille de Chianti était puissante. Mais je résistai et pris le chemin du Multiplex avec une bouteille de Jack Daniel's que j'avais achetée au drugstore du coin. Ben quoi je ne suis pas un ange mama mia. C'est pas donné à tout le monde. Et j'avais décidé de camper devant le Multiplex et de m'y engouffrer sitôt le concert fini. Rasade de Jack succédant à une bouffée de clope et ainsi de suite j'attendais. Au bout de trois heures, j'étais un peu refait et défait et j'attendais de voir sortir Carter de pied ferme. Je ne pensais pas me manifester mais juste m'assurer qu'elle rentrait chez elle escortée comme il se doit d'Hawkins. Mais rien, que dalle, aucune Héléna à l'horizon tandis que le Multiplex vomissait des hordes de fans entonnant les chansons de l'autre débile. Bon, au moins Hawkins était encore avec elle. Pourquoi avais-je tellement confiance en ce type ? Parce que je savais qu'il était amoureux de sa secrétaire. Comment le savais-je ? Parce que j'étais le Dieu des journalistes et que j'avais quelques secrétaires sur l'oreiller, et que , croyez-le ou pas, radio secrétaires n'était pas un mythe. Tout se savait d'un bureau à l'autre , d'une entreprise à une autre. Bon, rien de vital bien sûr. Mais assurément notre boss en second chez les Paces se tapait sa secrétaire, celle de sa société. Donc, Michael Hawkins n'étant pas comme moi auréolé de la couronne des coureurs, il y avait peu de chances qu'il fasse une infidélité à sa secrétaire, laquelle se trouvait en plus être une amie d'Héléna. C'est terrible d'être journaliste, et bon journaliste. On sait tout sur tout le monde sauf sur ... soi-même. Enfin je ne m'inquiétais pas de Mickael Hawkins malgré le fait qu'il était sacré beau gosse, riche et intelligent, cultivé, tout ce que je n'étais pas sauf le premier truc.

En revanche, je me souciais beaucoup de l'ascendant de Laymann sur Héléna. J'étais certain que ce type était lié à la merde que Grant et Héléna avaient levé au Centre de recherches. Ce mec, d'une façon où d'une autre, était en cheville avec le Gouvernement. Une sorte de cheval de Troie mis en place pour séduire et endormir la méfiance des résistants de tout poil. J'attendais de pied ferme lorsque mon portable dédié aux Paces vibra.

- Hé merde! Puta de Dios ! Jurai-je En lisant le message qui venait d'arriver.

"Rallier le Phoenix sans délai avis à tous les agents disponibles. Urgence maximale". Bien entendu, dans les faits j'étais disponible. Seul, sans engagement, devant le Multiplex. Si je m'éclipsais, même le vendeur de hotdogs ne s'en apercevrait pas. Je n'avais pas le choix et c'est la mort dans l'âme et la rage au coeur que je quittai le Multiplex pour aller chez moi récupérer ma voiture. Le trajet me parut long malgré les vieux tubes que je m'écoutais sur k7 dans ma vieille guimbarde. Plusieurs heures de route tandis qu'Héléna était peut-être en train de ... Non Hawkins était avec elle. Aucune risque. Mais les femmes étaient rusées ... Et si elle profitait du fait que le PDG de KA Corps discute affaires avec un condisciple pour aller s'offrir à ... Barbe Bleue ... l'homme aux trois cent soixante cinq maîtresses par an ... Finalement mes conjectures m'avaient occupées à tel point que je me trouvai devant le Phoenix sans avoir le temps d'y penser. Je rentrai ma vieille petite voiture arrondie dans l'enceinte du Q.G. et j'exhibai mon pendentif entre les poils de mon torse velu. Les portes s'ouvrirent et c'est d'un pas fébrile que je me dirigeai vers la salle de réunion. Si j'étais très inquiet pour Carter, la mine qu'arboraient les Paces présents dans la salle me dissuada de piper mot et c'est discrètement et en silence que j'écoutai l'exposé fait par Amaria, la femme de mon ami Tyler.

Pourquoi ce que j'entendais énoncer ne m'étonnait pas plus que cela. On naviguait à vue dans la merde depuis cette après midi où Carter m'avait transmis ses données et ça continuait ! Plus je regardais Amaria et l'écoutais exposer la situation dans le Bidonville plus je pensais à deux choses. La première étant maman. Que me dirait-elle de faire, d'écouter ? Mon coeur sans aucun doute. Mais aussi ma raison et là c'était plus compliqué mais je le devais à la cause que j'avais suivie. La seconde chose qui me venait à l'esprit était ce fameux Gabriel Nicholson puis Arias ... Saria avait finalement fini par découvrir Héléna. Devais-je en parler ou pas ? Ou alors simplement à Amaria ? Saria était son nom et même si je ne savais rien de son passé, je pouvais penser qu'elle connaissait celui de sa propre famille. Il faudrait que je lui parle. Pour le moment rien n'indiquait que ce que nous avions découvert était lié à ce qu'énonçait Amaria... Mais si bordel !

Vous voulez savoir quel sort réservent les Anciens d'Asaria
A certains des leurs dont la mutation ne correspond pas
Aux canons de la beauté Asarienne ?
Vous voulez savoir quels sont les projets du Ministre de la Sécurité
Pour le genre humain, pour les enfants asariens du peuple ?
Tout est dans ces dossiers.

Et si tout était lié finalement ?

- Attendez ... J'ai peut-être des éléments nouveaux ou pas à vous communiquer ... Mais avant tout ... Je suis inquiet pour deux d'entre nous. Héléna et Michael, avez-vous eu des nouvelles d'eux ? Ils devraient être là. Ils ont bien eu l'alerte non ?

Invité

C'est sans attendre d'être invité à s'asseoir que Joshua se plaça sur une chaise au hasard autour de la table de la salle de réunion. Aujourd'hui, c'était la première fois qu'il était convié au Quartier Général des Pacificateurs et qu'il s'y était rendu seul. Malgré son côté droit dans sa vie professionnelle, son côté décontracté de sa vie privée prit le dessus et son dos se courba quelque peu pour que son assise soit identique à celle qu'il prenait à la maison, quand son père n'était pas présent au domicile. Sa main droite sur la table, l'autre était posée naturellement sur l'accoudoir, il attendit que les choses soient dirigées et qu'il puisse enfin connaître le fin mot de l'histoire et surtout le pourquoi ils avaient dû se réunir aussi vite, aussi tôt dans la matinée. L'humaine, leader des Pacificateurs, donna la parole volontairement au Docteur Saria, seule femme que je connaissais le mieux dans le groupe, simplement parce qu'elle avait décidé de me recruter. Les raisons étaient encore floues pour moi, mais je lui faisais confiance, plus qu'aux autres que j'avais du mal à approcher du fait de mon caractère un peu solitaire dans la vie de tous les jours. La confiance ne se gagnait pas comme ça.

Le silence gagna l'ensemble de l'Assemblée présente à cet instant pour laisser parler la fille du Prophète, médecin réputé et femme importante qu'était Amaria. Joshua, qui avait du mal à rester en place après une journée de boulot assez chargée, conserva un calme qui lui était inconnu et une sérénité presque parfaite. Lorsqu'elle commença par présenter l'homme qui semblait être un anonyme, une énigme pour la bande, le regard du jeune Asarien se tourna immédiatement vers la personne en question, simplement pour imprimer son visage dans son cerveau, histoire de le garder en mémoire et essayer de s'en rappeler, si jamais. Forcément, il n'osa pas insister trop longtemps étant donné que beaucoup d'yeux s'étaient aposés sur le nouveau, c'est donc tout naturellement qu'il fixa son attention sur le reste des paroles de l'Asarienne qui l'avait pris comme protégé.

Le début du récit d'Amaria n'avait pas l'air d'être très instructif. Hôpital. Enfant. Malade. Brûlure. Tout ceci arrivait sûrement à beaucoup de personnes de la population humaine qui restaient, vu l'absence de pouvoirs, des individus faibles, il fallait l'avouer. Seulement, lorsque des mots sortirent de la bouche du Docteur, Joshua se redressa quelque peu sur son siège et commença à boire certaines paroles plus que d'autres. Echantillons. Soucis. Contamination. Fissure. Il fallait l'avouer, Joshua, ayant malgré tout du mal à se lier à la cause humaine malgré son envie d'aider les plus faibles par sa compassion naturelle, fût surpris, si bien que sa bouche s'entrouvrit quelque peu, pas assez pour faire voir sa curiosité et son engouement à pouvoir enfin agir, s'il le pouvait, pour aider les autres, ceux qui étaient devenus les siens. Les yeux du jeune Asarien se baissèrent sur la pile de feuilles que découvrit le dossier d'Amaria et il attendit sagement que ceux-ci passent devant lui pour en prendre rapidement notes, histoire de ne pas coincer les clichés devant lui.

'' Le rayonnement tombe directement au-dessus de la décharge''

... C'était donc du sérieux. Joshua laissa son esprit vagabonder entre les différentes informations qui circulait dans la salle et commença forcément à voir où était le problème. Il n'était pas fort en chimie et ne connaissait pas sa table périodique des éléments chimiques, mais lorsque les mots de la famille grammaticale de la mort commencèrent à se glisser dans les phrases du médecin, il ne put s'empêcher d'être sensible au cas énoncé.

Prévention. Information. Eau potable. Evacuation. Les mots importants qui circulèrent rapidement dans le cerveau de Joshua à vitesse élevés étaient ceux-ci, et ils tournèrent plusieurs fois dans sa tête. Il n'écoutait plus ce qu'Amaria disait, il ne pouvait plus. Elle allait donc s'occuper d'informer les familles sous le dôme. Il ne restait donc plus qu'à trouver un moyen d'amener directement l'eau potable là-bas et ça ne pouvait pas être une mince affaire. Jamais une chose pouvait se faire aussi rapidement et ça, Joshua savait, du moins pensait, que les personnes présentes ici s'en étaient déjà rendu compte. On ne pouvait pas mettre en place quelque chose d'aussi grand, d'aussi ambitieux comme ça, mais il fallait quand même tester quelque chose. Maintenant, la vraie question était : quoi ? Alors que la voix d'Amaria continuait son chemin pour divulguer encore et toujours des informations, Joshua pensa, allant même demander la parole mais une personne la prit avant lui et il se tourna immédiatement vers cette personne qui lui était encore inconnue. Eléments nouveaux. Alarme. Héléna et Michaël. Qui étaient ces deux personnes ? Trop d'annonces pour l'instant. Alors que les autres commençaient également à se poser des questions sur leur absence alors que Josh' n'avait jamais rencontré ces deux personnes. Il fit vibrer ses cordes vocales assez fort pour que les délibérations autour de ce nouveau problème cessent. Tant pis pour le manque de politesse. Il regardait alors sa main droite, toujours posée sur la table et sa voix résonna dans la salle.

« - Je ne connais pas ces deux personnes pour qui vous vous inquiétez tous... Je ne sais pas qui ils sont, ni leur rôle et s'ils sont importants pour la communauté dont je fais maintenant partie. Mais est-ce que c'est si important de s'en préoccuper alors que des milliers, peut-être des centaines de milliers de personnes sont sur le point de mourir à cause de notre gouvernement ?, Joshua posa son regard sur Amaria, comme s'il allait demander son approbation, lorsque nous nous engageons dans cette lutte, nous savons ce que nous risquons et les conséquences de nos actes, pas vrai ? »

Il attendit comme un signe du médecin qui l'avait pris sous son aile, comme pour savoir s'il pouvait continuer à parler, s'il pouvait prendre encore plus d'assurance, s'il n'avait froissé personne en ayant pris la parole de cette façon et si ses mots n'étaient pas trop forts mais, malgré tout, il préféra continuer. De toute façon, chaque personne était libre de prendre responsabilité de ses actes autour de cette table de réunion, n'est-ce pas ? Il savait qu'il n'était pas du genre à parler des choses sérieuses avec tact, mais il n'était pas ici pour se faire des amis, simplement pour se préoccuper réellement des choses qui importaient, qui lui importaient. Il se tourna alors vers l'Asarien qui semblait être originaire hispanique ou italien, et sourit que très rapidement avant de reprendre.

« - Ils savent ce qu'ils font, j'en suis persuadé. Pour l'instant la vraie question est de trouver plusieurs alternatives afin d'aider ces populations, le reste, des personnes pourront s'en occuper en amont, n'est-ce pas ?, il tourna la tête vers Mara cette fois-ci, Cette Hélèna et ce Michaël savent ce qu'ils font et pourquoi ils sont reliés à notre cause, pas vrai ? »

Il voulait être sûr de ne pas avoir dit de bêtises concernant ces deux personnes qu'il ne connaissait guère. Comme dit précédemment, il n'était pas ici pour se faire des potes et la vie des autres Pacificateurs, bien qu'importante, n'était pas sa priorité.

« - Amaria, tu as dit qu'il fallait amener l'eau potable directement au bidonville... C'est presque fou, peut-être même impossible, mais je pense avoir une idée. Mon grand-père était architecte et il a construit à l'intérieur de la maison Hwang une douche assez spéciale qui nous permet de réutiliser l'eau. Nous avons un système en-dessous de la maison qui nettoie l'eau à chaque utilisation. Le réservoir que nous utilisons est uniquement dédié à une famille, mais si nous pouvons construire un réservoir plus grand, il est possible de construire un cheminement identique pour les endroits les plus touchés. Avec une bonne main d'oeuvre et beaucoup d'huile de coudes, je pense que ça pourrait se faire rapidement, nous avons tous des métiers différents, alors construire ce genre de cycle de l'eau ne devrait pas être compliqué. Pour remplir le réservoir, il faudrait simplement que chacun de nous s'y mette vraiment. Je ne peux rien faire concernant la faille du dôme, je ne peux rien proposer, mais pour l'eau, je pourrais en piquer à l'endroit où je travaille avec l'aide d'un de vos meilleurs agents en matière de téléportation. Je dirais un baryl de vingt litres chaque jour sans compter les quelques bouteilles que je pourrais piquer chez moi, comme nous pourrions le faire tous, je pense. Le réservoir serait vite rempli et l'eau potable serait éternelle si elle n'a aucun contact avec les nappes phréatiques, ni les rayonnements solaires. Une bonne isolation du garde-eau serait nécessaire, tout simplement. Si vous pensez que cette solution peut fonctionner, même temporairement, il m'est possible d'essayer de retrouver les plans de constructions dans les archives qui se trouvent dans mon grenier... »

Cette fois-ci il se tût, attendant de voir si son idée pourrait être faisable ou s'il avait vu trop grand. Ses yeux se tournèrent sur chaque partenaire, de vrais battants pour la cause humaine avant de regarder les personnes qui étaient les plus renseignées sur le problème, à savoir les scientifiques et Mara. Il en était conscient: c'était du boulot et il faudrait beaucoup de Pacificateurs pour réaliser un tel agencement, mais pourquoi pas. Après tout, si son grand-père avait réussi à construire quelque chose de la sorte tout seul pour les membres de sa famille, ça ne serait pas compliqué, à plusieurs, de s'y mettre vraiment, certaines ayant, bien sûr, plus de temps que d'autres. Attente. Idée. Espoir. Optimisme. Le temps de l'approbation et de la réflexion de chacun était long, surtout pour le jeune Asarien, inconnu pour la plupart des personnes qui se trouvaient avec lui dans cette pièce.

Invité

Carter était ma bourrique ! Personne d’autre n’avait le droit d’émettre une critique ou une réflexion sur elle ! Moi, j’avais le droit ! Uniquement moi ! Si ! Si ! Et je vous défends de dire le contraire ! On ne met jamais en colère un Italien qui n’a pas eu sa dose de … ça dose de quoi déjà ? Caféine ? Ouais, c’était surement cela malgré l’heure très tardive. Mon entrée en toute discrétion - que je savais très bien faire – dans la salle de réunion du QG fit redresser mes poils. La voix d’Amaria était d’un calme pesant et ce qu’elle énonçait se rapportait à tout ce qu’Héléna et moi avions vécu dans mon appartement. L’Épouvantail me mettait à cran, mais c’était l’absence de la fouineuse et de Michael qui m’inquiétait le plus. Je coupai la parole à Amaria en glissant un regard d’excuses vers Mara lorsque je questionnai tout le monde à propos de ma crainte. J’aurai pu me montrer trèèèès patient. Non en fait la patience et moi, c’était comme le chocolat et la moutarde, cela ne se mariait pas du tout. Ma mère me dirait que rien ne vaut d’excellentes Saltimbocca ! Pourquoi je parlais cuisine ? Ah oui ! Je savais pourquoi … Pour éviter de mettre mon poing sur la gueule à ce Pace de mes deux !

Mais mon intention de rester sage comme une image s’envola très rapidement et j’étais déjà debout, les deux mains sur la table. Le corps penché vers le Pacificateur qui avait osé rabaisser Mon Emmerdeuse et Michael. Je voyais bien qu’Amaria et Mara tentaient de faire garder le calme à toute la petite assemblée. C’était peine perdue avec moi !

- Faut sortir de ta coquille d’œuf, le gamin ! Si on n’est pas foutu de s’occuper des Nôtres, comment peut-on s’envisager de porter assistance aux plus démunis ? ! Michael est le second dans ce groupe, après Mara ! Et Héléna … C’est HELENA ! Ce sont deux membres très importants !

Ouais Houla ! Quels arguments à la con je pouvais débiter quand il s‘agissait de définir la place qu’avait Héléna dans ma vie. Moi-même, je m’y perdais encore plus depuis qu’elle m’avait annoncé son divorce. J’avais plombé l’ambiance déjà pas très chaude d’après les premières explications que j’avais entendues quand j’étais arrivé. Là, si certains avaient pu me griller avec leurs pouvoirs, ils n’auraient pas manqué cette occasion en or.

- On sait tous ce que cela nous coûte d’être des Pacificateurs, des choix et des sacrifices qu’on assume. T’as pas inventé les strings de la Grande Conseillère ! Je suis au courant pour la fissure du dôme de la Division Humaine et l’eau polluée … grâce aux clichés de Grant et à cette fameuse Héléna !

Je pourrai pendant des heures parler de tout ce que j’avais découvert avec Héléna sur les vidéos, les fichiers, l’anagramme et les coups de téléphone de ce Gabriel Arias/Saria/Laymann. Comme l’avait dit ma bourrique de binôme, j’en perdais le fil avec tous ces noms. Je repris ma place dans le fauteuil dans un ronchonnement de mécontentement et de frustration. J’avais beaucoup d’informations à leur dévoiler et j’attendrai le meilleur moment pour glisser tout ce que nous avions appris. Laymann nous manipulait comme des marionnettes et d’une main de maitre. Est-ce que tout était finalement lié ou pas ? Mon instinct de journaliste me hurlait que j’étais sur la bonne voie.

- J’ suis pas scientifique. Il est où le blondinet qui connait toutes les équations sur le bout de ses doigts ? Est-ce que ton système de recyclage peut enrayer toutes les merdes que contient l’eau ? J’ai entendu Amaria qui énonçait du plomb, du mercure, du benzène et des polymères …euh… perturbateurs … endocriniens. Est-ce que cela sera suffisant pour redonner à l’eau sa pureté ?

Je me calai un peu mieux dans le fauteuil et j’essayai d’analyser le problème du ravitaillement. Le danger me faisait réagir même si je ne pouvais m’empêcher de penser à Héléna et Mike. Pourquoi étaient-ils encore au concert ? A cette heure-ci le Multiplex devait avoir fermé ses portes même aux fans les plus hystériques. Avaient-ils suivi Laymann ? Bordel à queue de pelle ! J’étranglerai Héléna de mes mains quand je la verrai !

- Seuls on ne va jamais y arriver ! J’avoue que cette idée de pactiser avec les rebelles ne me plait pas des masses, mais Amaria à raison. Construire des réservoirs. Evitez la Milice. Organiser la distribution d’eau potable à la population. Les mettre à l’abri parce que ce putain de dôme va devenir irrespirable pour les humains. C’est bien beau de penser à l’eau, mais ce sont leurs vies qui sont prioritaires.

Je grognai devant la scène que j’imaginais. Mara gardait un œil sur moi et elle avait compris où je voulais en venir. L’union des forces. Les Rebelles avaient pris contact avec Amaria. Ce n’était que le début. Il fallait poursuivre pour rendre tout cela concret et … avec les Insoumis aussi.

Invité

Arrivée au cours de la conversation de Maman avec Amaria, je n’avais entendu que la fin de leurs paroles, ce qui était suffisant pour que je comprenne qu’il se passait quelque chose d’important, peut-être en lien avec l’état misérable de Snow, et la proximité étrange de Kantara que je sentais aussi tout près. Trop près du QG, pour ce que je ressentais, et cela alimentais mon inquiétude.

Maman me rassura un peu, me disant que s’il avait des ennuis, Aaron serait bien capable de se débrouiller pour s’en sortir, et je l’espérais de tout cœur. Et lorsqu’elle me dit de ne pas sortir dehors, je souris malicieusement en retour.

« -Je la sens déjà, Maman, pas besoin de sortir, il me suffirait de tendre mon esprit vers elle. Mais j’ignore juste si les images suffiront comme pour Snow. Aaron utilise une méthode bien plus personnelle et différente. Et si j’y arrive pas, tant pis, je tenterais au moins de la rassurer. »

Accompagnant ensuite les Pacificatrice, j’aurais sans doute bondis de joie, en un moment moins sombre quand j’eus l’autorisation de venir dans la salle de réunion. Mais je me contentais de suivre sagement, câlinant le louveteau au pelage de neige, blotti dans mes bras. Il était vraiment piteux, en ce moment.

Arrivées à la salle de Réunion, je m’installais en tailleur dans l’un des fauteuils, Snow se roulant en boule dans l’espace creux de mes jambes pliées alors que je tentais de rester éveillée. Je somnolais plus qu’autre chose, mais je ne voulais pas dormir quand les autres Pacificateurs arriveraient, je profitais donc de l’attente pour grappiller quelques heures de précieux repos. Après plusieurs heures, sans que je ne sache exactement combien de temps s’était écoulé, les Pacificateurs commencèrent à arriver, une femme qui me sourit spontanément, et à laquelle je rendit son sourire, confiante en sa présence, alors que Maman s’approchait dans mon dos posant sa main dans mes cheveux, je levais la tête vers elle, avant de l’incliner vers la nouvelle venue, curieuse.

«-Ravie de vous connaître, Lydia. »

Un homme que je n’avais encore jamais rencontré qui sembla pas très à l’aise entra ensuite… puis un second Pacificateur arriva peut après, avec Amaria. Celui qu’elle était partie rejoindre, si j’avais bien suivi, et il connaissait déjà Maman.

Le sommeil me fuyant doucement, je me redressais, toujours en tailleur, et grattant le louveteau entre ses deux oreilles duveteuses, sur le crâne. J’étais désormais à l’écoute, ne voulant rien manquer de ce qu’il se dirait. Julian entra en coup de vent, apportant les dernières nouvelles. Certains viendraient avec du retard, étant occupés, d’autres ne viendraient pas, comme Papa qui était coincé au travail. Je sentis à travers le pont entre nos deux esprits, la peine de Maman, quand elle sut qu’il ne pourrait être là, et je lui envoyais une forte vague de réconfort à travers ce lien entre nous. Quand bien même elle le cachait, je le sentais bien moi, qu’elle aurait voulu qu’il soit là dans les heures à venir. Quand tous les présents du moment furent visiblement arrivés, ils prirent place autour de la grande table. Je restais un peu à l’écart, dans mon grand fauteuil, écoutant attentivement l’exposé d’Amaria. La situation dans le Dôme humain avait l’air d’être compliqué et menaçait la santé des personnes y habitant. Aaron avait fait des recherches, mais ils n’avaient plus de nouvelles… Les résultats qu’il avait communiqué permettrait de travailler sans qu’il ne soit présent, cependant…

Liam arriva en cours de route, et s’inquiéta de l’absence d’Héléna et Mickael, qui arriveront en retard. Le nouveau venu qui semblait mal à l’aise en me voyant lui répondit, apportant alors quelques premières idées pour le problème de l’eau polluée qu’il faudrait réglé, entre autre. Liam n’apprécia visiblement pas le ton employé et répliqua à son tour. Ma voix s’éleva entre deux, pour lui répondre, le rassurer alors qu’il semblait inquiet.

« -Héléna et Mackael sont occupés, ils arriveront quand ils le pourront, avec l’un des nôtres qui ira les chercher, un Téléporteur, si je retiens bien. Le blondinet dont vous parlez, c'est Aaron? Il est absent, aucunes nouvelles de lui depuis plusieurs jours.»

Je le sentais tendu, comme chacun des membres présents ici. Je me contentais d’écouter, retenir ce qu’ils disaient. La situation était grave. Très grave, et si je voulais aider, j’ignorais ce qu’une gamine de mon âge pourrait bien faire pour cela. Attendre de voir où cela mènerait, en tout cas. Prise d’une impulsion instinctive, je fermais les yeux, me concentrant pour envoyer une vague d’apaisement sur eux tous, grâce à ma télépathie. Cela au moins, je le maîtrisais, et je voulais tenter à mon niveau de réduire l’énervement que je ressentais autour de moi. Qu’ils s’apaisent et réfléchissent dans le calme, que l’inquiétude et les craintes ne leur fassent pas faire de bêtises. Au moins cela je le pouvais. Je souriais malicieusement à Maman et Amaria, qui l’auraient certainement sentis distinctement.

Leader des Pacificateurs Humaine

- Je vous en prie, calmez-vous ! La situation est très complexe et nous allons devoir faire preuve d’esprit d’équipe. Héléna Carte et Michael Hawkins sont deux membres du groupe importants … Toute personne qui rejoint ce groupe est importante Joshua. Il n’y a pas de moins ou de plus, il n’y a pas de race mise en avant. Chacun a sa place ici et tout le monde possède des capacités qui aident le groupe à avancer. Peut-être que tu as du mal à comprendre qu’une humaine comme moi puisse avoir des capacités pour gérer, commander un groupe et je ne te le reproche pas. Mais nous ne sommes pas là pour ça !

Les informations à gérer étaient très délicates. Je ne pouvais pas faire abstraction à certaines ou détriment d’autres. Mon regard trouva très vite celui de ma fille qui se faisait énormément de soucis pour Aaron. Pour le moment il était introuvable.

- Toutes vos idées, on va les appliquer d’une façon à ne rien oublier. Julian, il faut que tu retrouves Aaron et malheureusement, on va devoir penser à des scénarios les plus sombres. Cherche dans le réseau de la Milice et du gouvernement, entre aussi dans celui du Centre de recherches. Un scientifique aussi réputé que lui n’a pas pu se volatiliser aussi subitement.

Je souris à ma fille pour la soutenir dans son inquiétude. Nous retrouverions Aaron même s’il fallait passer la cité au peigne fin. Julian Marshall était un génie en informatique et rien ne pouvait lui échapper. Maintenant, le plus périlleux restait à venir.

- Amaria, il faut mettre en place dès demain matin la campagne de vaccination pour informer le plus de personne dans le bidonville. Pour les kits de filtration de l’eau, je vais demander à ce qu’une équipe y travaille dessus et puisse en créer assez pour t’aider dans ceux que tu as déjà au dispensaire.

Apporter de l’eau potable et la stockée, c’était l’un des aspects de l’aide le plus pointilleux.

- Je ne sais pas si l’eau au niveau du reste de la cité ne sera pas polluée elle aussi dans le temps. Toutes les canalisations se rejoignent à un moment donné. Votre ADN asarien et votre blood healer vous soignent et vous préservent de ces effets nocifs, mais jusqu’à quand ? Il ne faut pas prendre de risques supplémentaires ! On ne touche pas à l’eau de la cité ! Et vous devriez le faire vous aussi ! On va devoir chercher une source à l’extérieur ! Je vais approcher les Insoumis. J’ai une connaissance dans leur groupe. Ils sont certainement les mieux placés pour nous communiquer un emplacement de source souterraine assez poche de la cité et qui ne soit pas touchée par ces impuretés.

Je devais dispatcher les fonctions de chacun avec logique sans fonce tête baissée dans un plan qui pourrait ne pas fonctionner.

- Tout le monde communiquera par les lignes sécurisées. Toutes les progressions, les rencontres, tout devra être envoyés aux uns et aux autres. Tout le monde doit être informé pour pouvoir progresser dans le plan et savoir où chacun se trouve et ce qu’il fait pour éviter de perdre du temps.
Amaria, je te laisse faire la liaison avec les Rebelles, mais je peux toujours prendre contact avec leurs chefs. Duncan et Evan. Je les connaissais assez pour avoir une discussion avec eux et mettre au point une alliance. Je m’occupe des Insoumis. Il faut trouver une idée d’eau potable et aussi de mettre à l’abri la population. Je ne suis pas architecte ni scientifique … mais ce dôme risque de se fendre sous l’effet du soleil et l’effet de serre. Julian, toi tu t’occupes de retrouver la trace d’Aaron. Liam et Lydia, on attend le retour d’Héléna et de Mike et je pourrai vous d….

Ma phrase resta en suspens. Le sas venait de s’ouvrir sur une silhouettes ... puis sur deux nouvelles personnes qui paraissaient fatiguées et nerveuses devant nous, sous les yeux médusés des membres. A voir leurs mines fatiguées et inquiètes, je compris rapidement qu’ils avaient d’autres informations complémentaires à nous fournir.

Invité

La soirée était bien avancée lorsque je pus enfin faire le tour de la Bibliothèque, ranger ce qui avait été laissé un peu n’importe où et me rendre à la salle secrète, camouflée derrière une étagère. Un code digitale et numérique en ouvrait l’accès. Les Ombres m’informèrent que j’étais bien seul dans les lieux, cela me convins, et je m’engouffrais dans l’entrée, laissant les livres se remettre en place derrière moi.

M’asseyant dans le coin aménagé, je tirais les dossiers confiés par Aaron à moi, et m’apprêtais à les relire avec attention quand mon téléphone vibra pour la seconde fois, d’une tonalité bien particulière. Le prenant en main, je m’aperçu d’un premier message que je n’avais pas entendu quelques heures auparavant. Avec tout le remue- ménage du Gouvernement, leurs recherches de conte expertises ect, il fallait dire que tout était assez compliqué à gérer. Mais au moins étais-je enfin seul, et si l’heure était déjà tardive, je pourrais m’y rendre sans trop de retard, vive la maîtrise du temps. Avec de la chance, je pourrais créer une sorte de raccourci temporel, pour accélérer ma progression.

Enfilant ma veste, mettant mon téléphone dans ma poche d’un geste machinal après avoir confirmé ma présence tardive au QG, je pris une serviette de cuir et y rangeait les deux dossiers épineux, ainsi que des notes prises, pouvant intéresser Mara et sans doute Amaria. J’y mis également un ouvrage ancien, parlant de chiens et de loups, aux images descriptives et dans des mots qu’une enfant pourrait sans peine comprendre pour Héméra dont je savais qu’elle avait adopté un louveteau. Fin prêt, les clés en main, je sortis, veillant à ce que personne ne soit dans les parages et que le sas se referme.

Parcourant rapidement les couloirs, comme à mon habitude, je saluais les vigiles patrouillant avant de gagner ma voiture et de poser le cartable su le siège passager et mettre le contact, direction les terres sauvages. Je réussis à passer le contrôle grâce à mon contrôle des ombres, alors qu’un vigile dormait à son poste. L’obscurité m’enveloppa de son linceul et je pus franchir le passage. Accélérant ensuite une fois sortis des Dômes, j’usais cette fois du contrôle temporel pour me créer une sorte de couloir, le temps étant autour de moi comme ralenti alors que je fonçais vers mon objectif. Dans mon esprit tournaient en boucle les derniers événements. La Réunion au Conseil, l’interruption d’Aaron qui était venu me voir peu de temps auparavant, son arrestation, l’effervescence Gouvernementale pour réfuter ou confirmer ses accusations de négligences envers le Dôme humain… Tout cela était allé bien trop vite. Je n’avais rien pu faire pour l’aider, à part tenir ma couverture, rester de marbre et être ce Ministre froid et hautain que je savais paraître être. Mais que Dieux cela avait été des plus difficiles. Pour un peu, j’aurais tout plaqué. Mais non. Je me devais de tenir mon rang. Approcher ainsi les Hautes Sphères était un atout à ne pas laisser s’échapper, quel qu’en soit le prix.

Le QG était en vue, la falaise le dissimulant droit devant moi. Rompant ma concentration, je laissais le temps reprendre ses droits et s’écouler naturellement, avant d’accélérer un peu et de foncer dans l’illusion pour m’engager dans les souterrains. Eteignant le contact après m’être garé, je descendis, confiant ma voiture à l’un des hommes passant dans le coin, qu’il la range ailleurs, et je filais vers la Salle de Réunion, mallette sous le bras. J’entendais le brouhaha de plusieurs voix, ils étaient sans doute déjà presque tous arrivés. Au passage, je reconnue sans doute deux retardataires et les saluais du chef, entrant également. Les dernières paroles de la Leader, Mara fit écho à ce que je savais déjà quant à la situation. Au moins étaient-ils prévenus. Avec l’agitation du Gouvernement, je n’avais rien pu faire, ni prévenir qui que ce soit, ni me déplacer jusqu’aujourd’hui. Discret, j’allais vers la petite demoiselle un peu à l’écart, m’accroupissant près d’elle, tendant l’oreille aux paroles des autres Pacificateurs.

« -Bonsoir, Héméra, j’ai quelque chose pour toi. Ce livre date d’avant l’Exode et la Pluie de Feu, il parle des canidés, les loups qui vivent dans la nature, et les chiens qui ont été domestiqués. Si tu ne comprends pas tous les textes, tu as des images qui seront bien descriptives. Je pensais que tu voudrais en savoir un peu plus sur Snow et les siens, maintenant que tu l’as en ta garde. »

Lui tendant le livre, je présentais ma paume au louveteau qui accepta ensuite une caresse, avant de me tourner vers la table et de m’y installer.

« -Je vois de nouvelles têtes, à moins que je me trompe. Je me nomme Leroy, je travaille pour le Gouvernement entre autres casquettes. Je sens votre inquiétude pour l’un des nôtre, Aaron, je dois être le seul à savoir ce qu’il devient, et vous le dirais au moment opportun. Il est heureux qu’il ait confié plusieurs dossiers à divers référents concernant la Faille dans le Dôme Humain. »

Je gardais dissimulé les notes que j’avais prises de ma rencontre aux archives, datant de plusieurs mois. Cela était assez personnel, ne concernant que la demoiselle au sang mêlé et ses parents, ainsi que sa Marraine. Le dossier concernant le Dôme endommagé était ouvert devant moi, et sur la table, je voyais des Plans des Bidonvilles. D’où la nécessité de toujours faire plusieurs exemplaires, que tous y ait accès.

HRP:

Pacificatrice Asarienne

Rubis Etoilé

Tout ce qui venait de se passer à cet after était plus que déstabilisant. Mon idole était un allié qui connaissait beaucoup de choses sur les Pacificateurs. Liam n’avait eu de cesse de me répéter qu’il fallait m’en méfier … S’il savait toute la vérité, il n’en reviendrait pas lui-même. Mike et moi ne nous pouvions rester à cette grande fête qui battait son plein. Une urgence toute aussi importante que celle que j’avais découverte avec Grant et Liam, s’esquissait pour nous, Les Pacificateurs. J’avais entre mes mains une clef USB sur laquelle Gabriel avait basculé des éléments importants et inquiétants concernant l’un des Nôtres. Il nous les avait faits visionner dans son antre et j’avais eu beaucoup de mal à retenir ma peine en voyant ces scènes d’horreur prises à l’intérieur et devant l’entrée de la tour gouvernementale. L’alerte que nous avions reçue un peu plus tôt et cette histoire terrible que nous venions de découvrir ne faisaient pas bon ménage. Michael m’avait guidée jusqu’à la sortie du Rubis Étoilé et il avait fait demander son bolide par l’un des portiers/employés de l’établissement. Bien qu’il aimait et qu’il était passionné par la vitesse, jamais nous ne pourrions parcourir tous ces kilomètres entre la cité et le QG dans les terres sauvages aussi vite que nous le souhaiterions. Je regardai nerveusement le véhicule flamboyant arriver devant nous dans une élégance à couper le souffle. Mes prunelles rencontrèrent celles de Mike et je lui fis un signe négatif de la tête. Ce n’était pas la bonne solution. Le temps nous était compté et surtout à … notre ami. Il fallait impérativement mettre au courant tout le monde et de vive voix pas par mail ou conversation téléphonique.

Je m’éloignai du PDG de la KA Corp. pour passer un coup de téléphone. La ligne hautement sécurisée grâces aux compétences combinées du fameux PDG et du petit génie en informatique, Julian Marshall, donnaient à tous les Pacificateurs les moyens de communiquer entre nous. Mara avait déjà dû mettre en place un plan en prévoyance de notre arrivée « plus rapide ». Les Pacificateurs attendaient pour nous récupérer avec un moyen d’une rapidité inégalable ! Je n’en fus même pas étonnée. J’avais donné notre localisation et à peine avais-je arrêté la communication avec le Phoenix que deux Pacifistes s’étaient matérialisés dans un coin sombre. La téléportation ! C’était un pouvoir que j’aurai vraiment aimé posséder. Ce don facilité la vie et il pouvait nous amener à tout moment là où on le désirait sans perdre de précieuses minutes. Je reconnus l’un des émissaires de Mara lorsqu’il s’approcha de ma position en compagnie du second Pacificateur.

Mike était en train de donner un pourboire à l’employé en lui demandant de bien vouloir remettre sa voiture sur le parking privé du Rubis, qu’il avait une autre idée en tête et qu’il l’avait dérangé pour rien. J’attendis que le jeune chauffeur reparte pour venir auprès de mon ami.

- J’ai contacté le QG, deux téléporteurs viennent d’arriver. Nous irons beaucoup plus vite de cette manière-là. Viens Mike, on nous attend.

Nous devions rester très discrets et à l’abri de tous les individus un peu trop curieux de voir quatre personnes se diriger vers un coin d’une ruelle pour échapper aux regards. Mon téléporteur me présenta sa main et il me demanda de bien la tenir. Les bonds dans l’espace, d’un point à l’autre était toujours très perturbant pour le passager qui voyageait avec la personne qui possédait ce pouvoir. Je savais que j’aurai quelques nausées en arrivant au QG et d’autres effets secondaires. Lorsque tout le monde fut prêt, nous disparûmes en un claquement de doigts.

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QG du Phoenix

En quelques secondes, nous quittâmes l’établissement chic du rubis Étoilé pour nous téléporter à l’intérieur même du QG des pacificateurs, dans l’office pour nous permettre de récupérer un instant avant de rejoindre la salle de réunion. Comme je m’y attendais, tout se mit à tourner autour de moi et je dus m’accrocher au téléporteur pour ne pas vaciller. Il m’aida à m’asseoir et me présent un verre d’eau fraîche. Ce n’était pas le moment d’être malade. Nous avions beaucoup d’informations à présenter aux autres. Mike se remettait comme moi de son voyage éclair. Il avait l’air en plus grande forme que moi. J’inspirai tout doucement pour chasser mes nausées et je me redressai calmement. Mike m’offrit son bras et on sortit de l’office. Mon cœur battait à tout rompre en repensant à tout ce que nous avions vécu à cet after. Il fallait surtout organiser nos idées et tout ce que nous avion appris. Les vidéos sur la clef USB parleraient d’elles-mêmes sans ajouter de commentaires supplémentaires.

Le sas de la salle de réunion était au bout du couloir. Une silhouette familière déboita sur notre gauche et je reconnus l’Ancien et ministre de l’Éducation. On se faufila derrière lui dans la salle où les Nôtres s’affairaient. Leurs visages étaient tendus et inquiets et j’étais vraiment désolée par avance de la suite des événements que nous allions leur révéler. Leroy termina de se présenter à ceux qui ne le connaissaient pas où à ceux qui découvraient que même un Longue-Vie et membre du gouvernement pouvait avoir des idéaux de paix. Puis, les Pacificateurs nous dévisagèrent et Mike me laissa la parole en premier.

- Excusez-nous pour notre retard. Nous avons été retenu par un … allié qui nous a révélé de nombreux renseignements. Tout le monde se posait des questions sur Aaron … Leroy j'ai entendu ce que tu disais sur lui ... sauf que ... La situation est très différente cette nuit ...Les réponses sont dans cette clef USB.

Mes yeux détaillèrent tous les Pacificateurs autour de cette table : Mon binôme Liam qui se demandait ce que nous avions découvert, Lydia ma meilleure amie dont la crainte était palpable, Mara et Amaria qui restaient à l’écoute, la petite Héméra qui attendait avec impatience des nouvelles d’Aaron, Julian à qui je venais de donner la clef USB et qui connectait l’ordinateur au grand écran de la salle et deux autres pacificateurs que je ne connaissais pas. Julian expliqua que tout était prêt et lorsque tout le brouhaha se tut, il envoya la vidéo que Mike et moi connaissions déjà. Je ne pouvais plus regarder cette vidéo sans avoir la peur nouée au ventre. Je pris un siège et je revécu les mêmes émotions intenses que dans le bureau de Gabriel Laymann. Le silence fut lourd et terriblement oppressant. Quand la vidéo fut terminée, Julian arrêta l’ordinateur. Je dus rassembler toute ma force pour prendre la parole.

- Ce n’est pas un montage ou un piège si c’est à cela que vous pensez … cette vidéo a été donnée par une personne qui est une sorte … d’Allié, d’Ange gardien … Appelez-le comme vous le voulez. Nous étions Mike et moi au concert du groupe SCARECROW ce soir. Nous avons été invités à l’after, une grande fête qui a été donnée au Rubis Étoilé. Nous avons découvert que le chanteur du groupe … Gabriel Laymann nous aidait et qu’il possédait un vaste réseau de caméras très perfectionné ! D’où les vidéos qu’il nous a donné … Il connait Aaron … et il nous a mis au courant pour son arrestation. Il faut savoir que cela n’a pas été diffusé sur aucune chaîne, rien ! Tout a été étouffé et rendu secret par le gouvernement… Pour le moment.

Images de la vidéo:

Invité

L’Ancien était arrivé au moment où Mara donnait ses instructions et les diverses missions que chacun devrait entreprendre. J’allais savoir qu’elle aide je pourrai apporter avec mon petit statut de reporter de terrain quand le ministre de l’Éducation avait fait une entrée en toute discrétion. Je ne le connaissais que très peu, je l’avais déjà croisé dans des réceptions que je couvrais parfois avec Héléna. Je le savais des Nôtres comme mon patron, mais jamais je ne l’avais approché d’aussi prêt dans ses fonctions de Pacificateur. Il était d’un calme olympien. Se doutait-il de tout ce qui se tramait, lui qui était au cœur du gouvernement qu’il côtoyait de façon quotidienne ? Il salua tout le monde et s’approcha en premier de la petite Héméra qui était restée avec nous. Il lui présenta un livre sur les canidés, peut-être pour détourne l’attention de la petite fille dans ce monde d’adultes. Leroy McStone se présenta aux nouveaux venus et je le saluai en retour d’un signe de tête. Il avançait des informations concernant le scientifique qui n’avait plus donné traces de vie depuis un certain temps. Cela aurait pu calmer l’anxiété de tout le monde. On aurait eu ce « problemo « en moins sur le dos. Nome di DIO ! Pourquoi avait-il fallu que la fouineuse, ma chère binôme et partenaire pou celles et ceux qui ne le savent pas encore, se pointe juste maintenant avec le PG de la KA. CORP. ?

Elle venait du concert de son Épouvantail adoré ! Le type même qui nous avait manipulé jusqu’à la moelle dans mon appartement. Héléna aurait dû resplendir de cette soirée fantastique qu’elle attendait depuis longtemps. Ne voyez pas là le fait qu’elle n’était pas splendide. Je mentirai ! Et un Italien ne ment jamais devant la beauté d’une femme ! Mais c’était son visage inquiet qui m’interpella en premier comme celui de Michael. Puis sans me cacher, mes yeux la détaillèrent dans cette robe qui lui allait à ravir. Ces couleurs flamboyantes illuminaient sa beauté. Ses cheveux domptés et coiffés ainsi lui donnaient l’air d’une princesse des mille et une nuits. La voix d’Héléna, forte et fragile, s’éleva dans la salle de réunion et je me reconcentrai sur ses mots.

Elle demanda à Julian d’installer la clef USB dans l‘ordinateur et de projeter la vidéo sur le grand écran quand tout serait prêt. Elle était nerveuse et je ne l’avais jamais vu aussi soucieuse depuis tout ce temps que je la connaissais. Héléna me regarda un instant, puis elle commença par expliquer ce que contenait cette clef USB et qui leur avait donné. Mes phalanges se contractèrent en deux poings sur la table et je m’efforçais à rester neutre dans toutes ces pensées qui m’assaillaient. Ce Maitre de l’Illusion, ce Manipulateur était … comment l’avait-elle nommé ???? ALLIE !!!!!!! Ils avaient bu tous les deux des substances illicites ? Ce n’était pas possible aussi non ! Laymann, ce hibou morbide, ce canard aux faux airs d’Ange était un Allié ?

- T’es tombée sur la tête Carter ?!! Un Allié ? Ce type manipule tout son monde !!

Tous les regards étaient tournés vers moi. Bien sûr Carter n’avait toujours rien dit au sujet de toute l’histoire que nous avions vécue dans mon appartement. Je soupirai devant toute cette merde sans la lâcher des yeux. Julian déclara que tout était prêt et la vidéo fut projetée sur l’écran … Et là ce fut un cauchemar … Le scientifique qui n’avait donné aucun signe à personne s’était fait prendre au piège et arrêté par le gouvernement …

- Et tout cela a été donné gracieusement par Laymann ? Ce même type, ce chanteur, ce hibou, il nous a manipulés. Héléna ne voulait rien vous dire pour n’alerter personne, mais là je ne peux plus me taire. Grant et Héléna sont allés au Centre de Recherche pour en apprendre un peu plus sur la quarantaine mise en place là-bas. Ils ont été guidés par un fantôme ! Ce type leur a fourni des données, Héléna a tout sauvegardé sur une clef USB, aussi. Ce Ghost a retrouvé sa trace dans mon appartement, il a effacé de chez lui toutes les informations que j’avais stockées sur mon ordinateur. C’est le même Carter ! Désolée de te décevoir mais ton idole est un gros manipulateur et obsédé du contrôle. C’est bien lui que j’avais au téléphone, il ne s’en est pas caché ! Et maintenant, on va devoir croire cet énergumène ? Il faut vérifier les vidéos et s’assurer qu’elles sont vraies avant de se jeter dans la gueule … de la Panthère !!
On ne sait rien sur ce Gabriel Laymann ! Il n’a aucun passé, rien à part d’être la STAR adulée du moment ! Et vous voulez qu’on accorde notre confiance à cet Épouvantail en papier cartonné ? !!

Invité

- Enchantée de te connaître enfin Héméra. Je souris à la petite fille mais sans avoir le temps de parler un peu plus avec elle, la salle se remplissant de plus en plus. Une fois que nous somme plus nombreux, la réunion commence et instinctivement, je sors un carnet pour noter les infos importantes.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça alors que tout restera ici et que Mara et Amaria pourront aisément résumer la situation à Mike et Héléna quand ils arriveront mais je le fais. En tout cas, je me fais discrète, comme toujours. Malgré tout, quand l'un des Pacificateurs remet en cause l'absence de Mike et Héléna, je commence à voir rouge, même si Liam me devance. Quelque part, il a de la chance. L'intervention de Liam m'empêche de réduire en cendre la chaise sur laquelle je me cramponne.
Heureusement, Mara parvient aisément à ramener le calme et j'attends la suite avec impatience, surtout quand notre chef prononce mon prénom. Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir que je fasse ? Je ne suis qu'une Asarienne insignifiante même si Mara prétend que tout le monde est important, je pense que certains le sont plus que d'autres.
Moi par exemple, je le suis moins que Mara ou Héléna ou Liam ou Michael ou n'importe qui ici ayant des connaissances plus poussées ou des talents plus importants que les miens, ou du moins les maîtrisant mieux que moi.
Cependant, je ne saurais pas encore ce qu'elle attend de moi, s'interrompant brusquement. En regardant dans la direction qu'elle regarde, je vois un Ancien entrer. Mon cœur se met à battre plus vite dans ma poitrine, me disant que le groupe est découvert et me demandant quoi faire mais son cadeau pour la petite Héméra me calma un peu. Si un Ancien l'appelait par son prénom et semblait ici comme chez lui, c'est bien parce qu'il devait aussi être des nôtres.
En plus, mon cœur se remit de nouveau à battre plus vite avec l'arrivée d'Héléna et Michael. J'étais soulagée qu'ils soient tous deux indemnes et même si les circonstances ne s'y prêtait pas, je leur adressais un bref sourire pendant que Héléna prenait la parole.
Je me suis empêchée de rire de justesse quand elle a mentionné que son chanteur préféré lui avait parlé. Elle qui quelque temps avant m'avait dit espérer qu'il lui accorde une interview, elle avait dû être aux anges, même si d'après les images qu'elle nous montre, les nouvelles ne sont pas réjouissantes.
Au moins, maintenant, on sait ce qu'il est arrivé à ce fameux Aaron même si Liam ne semble pas croire que la vidéo soit authentique. Pour ma part, j'y crois. Depuis que je suis une Pacificatrice, j'ai appris à plus croire en mon instinct qu'à ce qu'on me disait et quelque chose me dit que c'est ce qui lui est réellement arrivé mais je ne dis rien à part une phrase prononcée tout bas.
- Un Épouvantail en carton pâte sachant quand même que Héléna saurait quoi faire de la vidéo. Après tout, nous ne sommes une rumeur au sein de la population et pourtant, ce Laymann a donné cette vidéo à une journaliste mais pas n'importe laquelle alors que je parie qu'il l'aurait donné à n'importe quel autre journaliste s'il voulait vraiment manipuler le monde.

Leader des Pacificateurs Humaine

J’avais commencé à organiser et à dispatcher les équipes, tout ce qui devait être fait pour aider la population et s’allier avec les Rebelles. L’ouverture du sas de la salle de réunion m’interrompit. L’homme qui apparut alors me surprit par sa présence : Leroy McStone, Ancien et ministre de l’Éducation venait d’arriver au QG des Pacificateurs. Son lien avec le groupe avait toujours été tenu secret, peu d ‘entre nous le connaissait comme l’un de nos alliés et je voyais déjà sur les visages de mes amis, une incompréhension mêlée à une certaine méfiance. Il s’approcha en premier d’Héméra. C’était une façon à lui de prouver à tout le monde autour de cette table qu’il n’était pas là en tant qu’ennemi et qu’il connaissait ma fille et mes secrets. Il laissa les Pacificateurs digérer sa présence puis se tourna vers nous tous en nous pointant le fait de notre inquiétude pour Aaron et sa totale disparition de la cité. Il savait certaines choses et il était là pour nous les faire partager.

Enfin ! L’un dans nous savait où il était, j’allais lui poser des questions quand le sas s’ouvrit une seconde fois. Cette fois-ci ce fut le tour d’un PDG et d’une journaliste d’entrer dans la salle. Leurs mines inquiètes retardèrent mon questionnement à Leroy. Héléna Carter qui avait été défendu par son binôme présent autour de cette table, Liam Holloway, s’excusa auprès de nous. Elle et Michael n’avaient effectivement pas pu répondre à l’appel de la réunion en urgence décrétant qu’ils allaient avoir du retard … Je connaissais l’Asarienne depuis longtemps, bien avant qu’elle devienne Pacificatrice, bien avant qu’elle ne tisse des liens avec Grant et Oliver. C’était une femme directe et sans détours. Son professionnalisme la mettait en avant sur les fronts et elle ne s’attarda pas en politesse et autres bavardages pour nous expliquer leur venue et les informations qu’ils avaient en leur possession.

Je me rassis et je portai mon attention sur l’écran. Héléna venait de donner à Julian une clef USB et elle lui avait demandé de projeter la vidéo dès qu’il le pourrait. Et les images s’affichèrent devant l’angoisse de chacun. Ma main sur mon cœur, je découvrais l’arrestation d’Aaron par les agents de la sécurité de la tour gouvernementale. Pourquoi ? Pourquoi ?! Cette question sans réponse tournait dans ma tête et pourtant je restai silencieuse. Mes prunelles s’accrochèrent à cette vidéo qui se terminait. Julian venait de mettre en pause le petit film et je ne pouvais toujours pas accepter cette réalité terrifiante. La voix de la journaliste me permit de me ressaisir tout en jetant un regard vers Amaria qui était toute aussi abasourdie que moi.

Ce nom qu’Héléna prononça me donna des frissons. C’était exactement le même que celui de cet homme à la Taverne … J’avais encore sa chevalière avec moi. Je n’avais toujours pas pu démêler le vrai du faux, entre ce que mon cœur me murmurait et ce que ma raison tentait de me montrer. Cette nuit-là j’avais été prise dans une sorte de magie intemporelle qui s’était unie à mon passé. Ce soir, encore une fois, ce nom, cet homme refaisait surface. Je me souvenais de ses derniers mots avant qu’il ne quitte l’établissement : « N'oubliez pas... Si vous êtes désunis face à l'adversité, vous ne pourrez pas la repousser ... »

Mais Liam ne l’entendait pas de cette manière. Il avait pris la parole le premier en brisant ce silence lourd qui trahissait la peur qui nous rongeait. Il dévoila des renseignements que lui et sa coéquipière avaient trouvés et surtout ce qu’ils avaient vécu face à un certain … Gabriel Laymann. Encore lui. Il revenait sans cesse roder autour de moi et des Pacificateurs. Cela ne pouvait être un hasard. Lydia exprima son ressenti sur tout cela. Je devais calmer une nouvelle fois les esprits, sans leur dire que j’avais déjà rencontré ce Gabriel … Je me demandais si cette rencontre était elle aussi due au hasard … Il y avait beaucoup trop de détails qui se reliaient les uns aux autres … Beaucoup trop pour que tout soit le fruit de mon imagination mis à rude épreuve.

- Liam, je ne sais pas ce que nous veut ce Gabriel Laymann, ni pourquoi il vous a approchés de cette manière-là dans son appartement, ni pourquoi il s’est adressé à Héléna et Mike ce soir. Il nous faut lui laisser la possibilité qu’il soit de notre côté. Cette vidéo, Julian va l’analyser et nous dire si elle est bien réelle ou si c’est un montage, mais en aucun cas il faut prendre cela à la légère. Aaron avait bien disparu depuis quelques jours sans donner aucune nouvelle de lui à quiconque. S’il est entre les mains du gouvernement … Nous n’allons pas le laisser ! Il est hors de question !

Je me redressai les poings fermés sur la table devant moi.

- Julian va chercher exactement l’emplacement d’Aaron, du moins éliminer les lieux où il ne s’y trouve pas comme les locaux de la Milice et même la tour du gouvernement. Dès qu’on l’aura localisé, Lydia tes dons nous serons très utiles. Tu peux prendre l’apparence de quiconque.
Liam et Héléna, en équipe ou en solo, je vous laisse gérer ce qui semble le mieux pour vous, mais Lydia aura besoin de vous quand on aura retrouvé Aaron. Je ne laisserai aucun des Nôtres entre les mains du gouvernement ! Nous le sortirons de là !
On réunit toutes nos informations, on garde tous contact comme je l’ai précisé avec nos lignes sécurisées.

Si nous pouvions considérer les Rebelles comme nos alliés, il restait un groupe qu’il faudrait approcher :

- Je vais rencontrer les Insoumis. J’ai déjà eu des contacts avec leur leader, si je me présente à eux, seule, je pourrai peut-être les convaincre d’aider la population et de leur expliquer tout ce qui se passe dans le bidonville. Nous devons nous unir face à cette menace. Tous !

Invité

Arrivé enfin dans la Salle de Réunion, je perçus les regards surpris, voir effarés des Pacificateurs à mon égard. Peu d’entre eux savaient en effet que si j’étais Ministre au sein du Gouvernement, mes convictions étaient bien différentes de celles de mes paires. Je n’avais au contraire jamais oubliés qu’avant le SEER, nous étions tous humains, sans pouvoirs, sans capacités particulières. De simples humains, mortels et vivant leur vie pleinement malgré cela. Ma fratrie avait refusé le sérum, et dans ma famille, nous l’avions accepté. Ils m’avaient été arraché par le Pluie de Feu, mais jamais je n’oublierais qu’humains et Asariens avaient la même génétique, il y avait de ce la des décennies.

Allant d’abord vers la petite demoiselle présente dans la salle, je la saluais en première, prouvant ainsi tacitement que je la connaissais, la protégeais à la vue de tout ce monde, puis je revins vers la grande table, amorçant la raison de ma venue personnelle lorsque Héléna et Mickael entrèrent à leur tour, montrant une vidéo d’Aaron qui provoqua un certain tumulte. Me levant alors que Mara finissait de canaliser l’échauffement produit, je m’appuyais sur la table, jetant un coup d’œil à Héméra avant de me concentrer pour ne pas dire les choses de manières trop brusques. Si elle était présente, c’est qu’elle pouvait entendre et prendre part aux discussions. Je la savais bien plus mature que les autres enfants de son âge. Et Aaron était son ami également.

« -Liam, je peux affirmer que cette vidéo est tout sauf un truquage. Si vous en voulez une preuve, j’étais présent lorsqu’Aaron a été arrêté et amené par la Milice. Pour cela, il faut prendre la situation par le début. »

Je me mis alors à faire les cents pas, d’un côté de la salle, ne pouvant rester statique. Cela me permettait de canaliser mes pensées, d’être succinct et direct. Soupirant je repris alors.

« -Il y a trois jours, une session de Réunion avait lieu au sein du Gouvernement, tous les Ministres y étant conviés. Nous allions commencer la séance quand la porte s’ouvrit sur un militaire, semblait-il, disant avoir des informations importantes, et être commandité par Van Brënner. Ses paroles, son regard me disaient quelque chose, et au bout d’un moment je compris que ce n’était qu’une couverture. Il était grimé, semblant plus âgé, mais c’était bien Aaron venu tout droit dans l’antre des loups. Il avait des échantillons sur lui, identiques à ceux que vous connaissez. Sous couvert d’enquêtes et d’analyse, il a entreprit de les avertir des dangers, qu’ils ouvrent les yeux. Évidemment, aveuglés par leur supériorité, tous se sont écriés au mensonge et se sont empressés de démentir les résultats obtenus. Pour le moment, les différents Ministères sont en effervescence, chacun promettant de mettre ses meilleurs spécialistes sur une contre expertise des différents domaines ciblés. J’ignore si leur résultats seront vraiment probants, ou si officiellement, ils noieront le poisson comme ils savent si bien le faire. Pour ce qui est d’Aaron, Alianka s’est aperçu de l’illusion, sans savoir vraiment qui se tenait dessous. Au moment où elle allait donner l’ordre de l’arrêter, il a reçu un coup de main d’un de ses alliés, je crois. Aaron a ainsi pu quitter la Grande Salle et atteindre l’extérieur du bâtiment, mais c’était sans compter la rapidité de la Milice. La vidéo le montre à ce moment là, encerclé sans point de repli. Je ne pouvais rien faire sans risquer de griller ma couverture, et Aaron m’a expressément demandé lors d’une entrevue de demeurer quoi qu’il arrive ce Ministre austère et froid que je sais être au Gouvernement. Et c’est sans doute la chose la plus difficile qui m’est été demandé de faire. »

Fermant un instant les paupières, je relève alors les yeux sur Mara, sur cette assemblée sans doute surprise et choquée par tout cela. Pendant un moment, je réfléchissais aux dernières paroles de Mara avant d’élever alors à nouveau la voix.

« -L’union de tous ceux combattant les Anciens imbus de puissance sera la seule et unique solution possible en effet. Avant de penser à vos idéologies différentes, à vos rivalités entre Rebelles, Insoumis, Pacificateurs, n’oubliez pas qu’avant l’invention du sérum SEER, les Asariens, les Anciens étaient des humains lambda. Et certains, plus que l’on ne pourrait le penser, s’en souvienne avec précision. J’en fais partie. Nous formions un seul et même peuple, il faut en tirer partie, s’allier pour sauver ce qui peut l’être. S’il y a besoin… J’imagine que le gymnase de l’Université, voir des chambres universitaires pourraient servir de refuge d’urgence, j’en suis le Directeur, et des humains y travaillent. Il y a de la place. »

Pacificatrice Asarienne

Pourquoi je me doutais qu’il allait grincer des dents en apprenant d’où venaient les informations et cette bande vidéo ? Tous ces évènements qui s’étaient enchainés les uns derrières les autres depuis quelques jours pouvaient effectivement le mettre sur la défensive. Je connaissais par cœur le comportement d’Holloway depuis toutes ces années à travailler ensemble. Sa réaction ne m’étonna guère, car je l’avais presque imaginée et jouée dans ma tête depuis que nous étions partis du Rubis Étoilé. Liam était sur la défensive et quelque part, je le comprenais. Je ne pouvais pas lui en vouloir avec toute l’histoire qui s’était passée à son appartement et toutes les mises en garde qu’il n’avait cessé de me répéter avant d’aller à ce concert. Je ne possédais pas le don de télépathie, mais j’arrivais à deviner l’attitude de mon binôme, certainement mieux que quiconque autour de cette table. Cela en était presque ironique pour moi, comme un coup tordu du destin. Je connaissais beaucoup plus mon partenaire que mon ex-futur-époux. Cette réflexion n’avait aucunement sa place ici, malgré cela, elle s’imposait en moi comme une évidence. Je devais tout de même reprendre mes esprits. La situation transpirait l’inquiétude sur l’arrestation d’Aaron Williams, mais il y avait quelque chose d’autre de sous-jacent. Mara avait calmé tout le monde et Leroy avait malheureusement confirmé que la vidéo était bien réelle pour avoir était présent lors de la mise aux arrêts du scientifique pacificateur. Lydia devait percevoir la tension.

- Non, je ne suis pas tombée sur la tête Holloway !

Je le fusillai du regard. Je n’allais quand même pas déballer toute ma vie devant les autres alliés. Je n’avais pas l’intention de raconter que j’étais au concert ce soir avec Michael, que cela faisait des mois que j’attendais cet évènement. Mike avait accepté de m’accompagner tandis qu’Holloway n’appréciait pas ma fan attitude ! D’ailleurs s’il savait ce que Laymann avait prévu … Je le lui dirai certainement à un moment donné ou à un autre quand nous serons en tête à tête et quand il sera plus disponible et plus ouvert d’esprit concernant ce … Comment il l’a nommé ? Cet Épouvantail en papier cartonné.

- T’es pas un maniaque du contrôle, toi aussi ?!

Rhouuuu ! Tout cela tournait presque à une crise de partenaires. Il ne manquait plus que les assiettes et les verres qui volent pour faire encore plus vrai. Je plaçai mes mains sur mes hanches.

- Oui, ce Laymann nous a … Appelez ça comme vous le voulez. Il voulait savoir si nous étions fiables, à commencer par Grant et moi, puis par Liam et enfin avec Michael. Une sorte de défi, de test. C’est vrai que ça sentait la manipulation à plein nez et c’était ce que je pensais au début ! Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué Holloway, idole ou pas, j’étais bien sur la défensive au début.

Le plus difficile et le plus délicat pour moi c’était de faire le tri dans tout ce que s’était passé dans le bureau secret de Laymann. Il n’avait pas totalement avoué ni réfuté qu’il était le fondateur du mouvement des Pacificateurs et il paraissait bien connaître Mara. Devais-je avouer mes doutes sur sa véritable identité ? Devais-je mentir et dissimuler tout ce que j’avais pu rassembler à son sujet ? Quel que soit mon choix, je blesserai des personnes sans le vouloir et on m’en voudrait certainement de ne pas avoir partagé mes observations et mes déductions. Je devais faire vite et je pris sur moi de ne pas tout dévoiler.

- Il est très doué dans ce qu’il entreprend. Je ne parle pas ici de l’artiste. Voyez-le comme un soutien tapi dans l’ombre. Il ne veut pas s’exposer, mais il est bien notre allié. On ne peut pas forcer les gens à se révéler aux autres s’ils ne le souhaitent pas. Nous tous ici autour de cette table, nous avons nos propres secrets à protéger et pourtant nous sommes unis dans un même combat. Laymann a certes des procédés particuliers, mais essayez de le voir au-delà de cette image qu’il donne.

Je comprenais avec plus d’acuité certaines des paroles de notre Mécène quand il disait que je servirai de lien entre lui et les pacificateurs. C’était ce que j’étais en train de faire à l’instant : leur prouvez à tous que cet oiseau de mauvaise augure pour certain était bel et bien dans le même camp que nous.

- Il nous a parlé de l’O.C.C.R.S.E.A. Tu es la seule, Amaria, à connaitre certainement cette énorme installation informatique du Centre de Recherches. Sauf que tout ce projet cache quelque chose de bien plus sombre. C’est entité douée de raison et de libre arbitre. Elle est destinée à court terme à gérer l'arsenal militaire et la force de frappe interne et externe de la cité … Le gouvernement donne l’apparence d’être calme, mais dans le dos de la population, les Anciens prévoient un futur dès plus horrible.

J’étais désolée pour Leroy et aussi pour Oliver. Deux Anciens Pacificateurs au sein même du gouvernement. Ils allaient devoir peut-être nous éviter et faire leurs propres choix. Je revins sur l’enlèvement d’Aaron Williams et le lien qui reliait toute cette histoire.

- Laymann et Williams se connaissaient. Laymann savait que Williams était un Pacificateur et qu’il était prêt à tout pour défendre notre Cause. Ce qui nous fait arriver à l’histoire de Leroy. Laymann devait être avec vous ou non loin de vous, quelque part dans la tour gouvernementale durant tout ce temps où Williams s’est fait passer pour un militaire. Je ne vois que ça comme possibilités. D’après Laymann, le ministre de la sécurité, Van Brënner est pour le moment sur la sellette après le fiasco de cette fameuse réunion. C’est un répit qui peut nous être bénéfique pour aller récupérer Williams …

Récupérer un Pacificateur … Cela me donna le vertige. Un vieux souvenir que j’avais rangé au fond de mon cœur me transporta dans le passé. Un mercenaire avait été engagé par le gouvernement pour mettre la main sur Gaïus Hasard. Nous avions mis sur pied une équipe de sauvetage. J’en faisais partie. Nous avions pu nous glisser à l’intérieur de la tour et nous avions localisé sa position … Mara avait été empoisonnée par un fou et elle allait accoucher d’Héméra. Un fou, un Ancien du nom de Jezebel Hell … Un ami de … Gabriel … Nicholson qui voulait venger la mort de celui-ci … Étrange comme le destin était joueur. Gaïus se sacrifia en me remettant l’antidote qu’il avait dérobé à Alianka. Hell fut battu par l’alliance de tous nos pouvoirs … Et je me suis toujours sentie coupable d’avoir abandonné Gaius … jusqu’au jour où il se dévoila à moi sous les traits de Grant Stevenson. L’histoire ne devait pas se répéter ! Je n’avais pas l’intention de laisser encore un Pacificateur se sacrifier pour notre combat. J’avais ma revanche à prendre sur ce satané destin !

- La guerre frappe à notre porte … On ne peut plus rester ni aveugles ni passifs. Le gouvernement va détruire tous les espoirs d’un monde meilleur. Un des Nôtres subit quelque part dans une cellule, des tortures. Le dôme de la division humaine se détériore… Ce même Williams avait envoyé des clichés à Grant, au Times. Je les ai vus aussi qui montre une faille. On va devoir se diviser sur plusieurs fronts et on va avoir besoin de tous les appuis possibles : Laymann, les Rebelles, les Insoumis.

Je jetai un regard à Mara qui s’était proposée d’entrer en contact avec le monde souterrain.

- Je connais un peu les plans de la tour gouvernementale. Je pense qui qu’ils ont dû changer et s’améliorer avec le temps. La Grande Conseillère aime garder ses jouets près d’elle …

Je haussai les épaules. Je n’avais aucune envie de m’étendre sur l’affaire Gaïus Hasard. Mais si Williams prenait la même voie que l’architecte, s’il faisait l’objet d’un interrogatoire poussé alors il fallait commencer nos recherches au cœur même du pouvoir.

- Laymann nous recontactera … Je suis le lien entre Lui et Nous. C’est sans condition de sa part.
Je veux faire partie de l’équipe qui sortira Williams des griffes du gouvernement ! Si je peux aussi aider ailleurs, je le ferai !

Invité

Depuis que Héléna et Mike ont fait leur apparition, le ton a changé. Je sens l'air devenir plus tendu, plus électrique et le collègue de ma meilleure amie n'y est pas pour rien. Il est sur la défensive mais je n'y prête pas plus attention, Mara ayant insinuer qu'elle aurait à me parler ainsi qu'à Liam quand Héléna et Michael seront arrivés. Je me demande de quoi elle pourrait bien nous parler puisqu'elle a été interrompu par l'arrivée d'un Ancien suivi de près par Héléna et Mike.
Je suis choquée par les images et quand Liam s'emporte. Je ne le connais pas plus que ça, je l'ai juste croisé en compagnie d'Héléna mais je ne comprends pas sa réaction alors je fini par murmurer ce que je pense.

Personne ne semble avoir remarquer mon intervention et ça me va parfaitement. J'écoute l'intervention de Mara, continuant de prendre des notes jusqu'à ce que mon cœur s'arrête de battre en entendant mon nom. Ainsi je prendrais part pleinement au sauvetage... Je ne sais pas si je serais à la hauteur mais j'acquiesce.
- Je ferais de mon mieux pour vous aider.Après tout, moi qui me demandais en quoi je pouvais être utile, à part peut-être en me faisant oublier quand j'accompagne Mike à une réception et éventuellement entendre quelques conversations, mais là, ça sera différent. Complètement différent.
Je note machinalement que l'Ancien, Leroy, authentifie la vidéo pour avoir été présent lors de cette journée. J'ai le sentiment qu'il s'en veut de ne rien avoir pus faire mais ce Aaron avait raison, il ne peut pas se griller. Après tout, c'est sûrement le Pacificateur le plus apte a rapporter à Mara ce qu'il se trame au Gouvernement et je pense qu'aucun de nous n'aimerait que quelqu'un de mieux placé que lui se grille pour le sauver.
En tout cas, c'est aussi ce que je ferais si jamais je devais être prise, je ne voudrais pas que Héléna ou Mike m'aident en se grillant aussi. Au contraire, je ferais tout pour les protéger, protéger leur appartenance à ce groupe.

J'écoute ensuite Héléna défendre son idole. Il a dû bien étudier ma meilleure amie pour savoir qu'elle serait capable de le défendre ainsi pour montrer qu'il est bien de notre coté. Je dois bien avouer que lorsqu'elle croit en quelque chose, elle ne lâche rien. En tout cas, elle a raison, on ne pourra pas tout faire nous même et on aura besoin de toute l'aide possible, son chanteur préféré compris.

Invité

Silencieuse, j'écoutais les Pacificateurs discutait de la situation des bidonvilles. L'eau empoisonnée risquait de rendre malade, voir de tuer beaucoup d'humains si rien n'était fait rapidement pour les prévenir, les secourir. Amaria comptait faire de la prévention, au dispensaire auquel elle travaillait. Je comprenais qu'il fallait être prudent, les Miliciens, le Gouvernement risquant de tout découvrir... Je sentais la tension monter et tentais sans grand succès de leur envoyer une vague d'apaisement grâce à ma télépathie, mais n'étant pas empathe, je ne pouvais jouer sur les émotions qu'envers Maman et notre pont mental que j'avais construit, visiblement.

La porte s'ouvrit soudain sur l'un des Ministres, Leroy. Il vint à moi avec un livre que je pris en main avec curiosité, voyant la couverture sur laquelle figurait un loup et un chien. Il m'en expliqua l'origine et le contexte, et c'est avec des yeux ronds que je le remerciais. Il me confiait un livre datant d'avant la Pluie de Feu. Un sourire joyeux ornait mes livres alors que je me tournais vers les derniers arrivants, Mickael, mon Parrain, et Héléna. Me plongeant dans la lecture et la découverte des illustrations, je tentais de me concentrer sur la lecture, mais je le refermais au bout de quelques minutes, alors que le ton montait et que Leroy se leva pour prendre la parole. Il parla d'Aaron, il l'avait vu et savait ce qu'il s'était passé, pourquoi il n'était pas là... Prisonnier. Ce mot me glaça des souvenirs me traversant l'esprit. Le louveteau dans les bras, je me levais du large fauteuil dans lequel j'étais depuis le début pour me rapprocher de Maman, posant ensuite le livre sur la table devant elle, pour ne pas l'abîmer.

"-Je ne peux sans doute pas faire grand chose, mais je vais prévenir Kantara. Elle peut communiquer avec Aaron même s'il est dans les Dômes, il me l'a dit. Il suffit que je lui présente une image de lui dans une cage, je pense pour qu'elle comprenne. Peut-être qu'elle peut, bien que simple louve établir un contact? Peut-on, nous, tenter de le contacter mentalement, brièvement? ou c'est trop risqué?"

Je réfléchissais, regardant tout ce monde rassembler. Ils devraient préparer diverses plans autant pour libérer Aaron que pour éviter l'empoisonnement des humains des bidonvilles... Cela me rappelait la conversation d'avec Aaron, avant qu'on ne soit surprit...

"-Au fait, quand il m'a présenté Kantara... Il a prit des mesures, avec les étoiles et leurs positions, il disait que les conditions étaient favorables pour que d'autres cités comme Asaria ait pu voir le jour après l'Exode... Si c'est possible, vous pensez qu'ils vivent la même chose que dans la Cité?"

J'avais lancé ça comme en réfléchissant tout haut. Ce qui était exact en partie. Cela me trottait dans la tête, savoir que peut-être d'autres humains, d'autres Anciens avaient peut-être survécus... Cela ne me paraissait pas improbable, vu le monde qu'il devait y avoir même si beaucoup de destruction avait eu lieu. Mais en prouver l'existence devrait attendre. Le sort des humains était bien plus urgent et important.

"-Si je peux vous aider à quelque chose pour préparer du matériel ou autre, je veux bien donner un coup de main."

Je regardais sérieusement Maman, Amaria, Héléna. Jetant un coup d'oeil sur eux tous qui allaient se battre de diverses façon. Je n'étais qu'une enfant de 8 ans, mais je voulais vraiment me rendre utile. Ma main libre vint se poser sur mon cou, à travers mon vêtement, là où reposait mon propre médaillon. J'espérais qu'ils réussiraient à protéger tout ce monde.

» (Terminé) [INTRIGUE:LE DÔME MAUDIT / Paces & Insoumis] Down in the Dark [Pv Adam Lockwood]
» Les Pacificateurs [Libres : 5/7]
» RP de groupe pour les PACIFICATEURS
» Mara Jade : Leader des Pacificateurs
» (Terminé) Death Is Just A Feeling [Pacificateurs & Alliés]

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