(Terminé) [Intrigue] Unir nos forces : Partie 2 - Les Rebelles

Humaine Rebelle

Le soleil s’était levé, à peine deux heures plutôt et la jeep filait loin des dômes pour retrouver les chemins chaotiques des terres sauvages. C’était Steve qui conduisait. Cela tombait bien parce que je n’avais pas la tête à me concentrer sur la route. Bien sûr, vous allez me dire qu’il n’y avait pas grande circulation à l’extérieur de la cité, mais les routes étaient abruptes et revêches. La nature était la maitresse incontestée de ses splendides étendues verdâtres et aucun homme n’avait réussi à la dompter. Je pliais et repliais nerveusement le bout de papier qui contenait le numéro de téléphone du médecin du dispensaire. Un médecin pacifiste et Asarienne. Rien que son nom de famille indiquait de quelle caste elle venait. Elle était la fille héritière de ce fou de Saria qui avait provoqué la fin du monde avec la création de son SEER. Je devais bien avouer avoir été sceptique au début de notre petite réunion improvisée. Mon expérience malheureuse auprès des Asariens m’avait toujours démontré que c’était des Etres démoniaques emplis de perversité et de vices jusqu’au bout de leurs ongles. La Cause des Pacificateurs m’avait toujours fait doucement rire ; cette union stupide et inutile entre les deux races. Une chimère qui n’avait aucun poids face à la puissance des Anciens. Je devais tout de même reconnaitre que cette femme avait eu le don, non pas de me faire changer d’avis, mais bien d‘éveiller en moi plusieurs réflexions concernant les Asariens qui s’étaient alliés aux Pacificateurs. Elle semblait sincèrement inquiète et prête à tout pour sauver la population humaine. J’espérai que cela ne soit pas un leurre de plus et si cela était le cas, je ne voyais pas bien la démarche. Donc, il me fallait bien me ranger à la raison et me répéter que plus nous étions unis et mieux cela serait pour ce pauvre peuple du bidonville qui n’avait rien demandé, simplement d‘essayer de survivre face aux plus forts.

Le silence s’était installé dès l’instant où Steve avait fait ronronner le moteur de la jeep. Je me repassais sans cesse ce symposium restreint au dispensaire et je tentais de faire le tri dans toutes les informations que l’on nous avait fournies. Nous avions quand même récupéré avec nous quelques échantillons que l’on s’était divisé avec la doctoresse. J’avais enveloppé avec précaution les trois tubes à essais dans du papier bulle que j’avais trouvé au garage d’Ethan, puis je les avais placés dans une boite dans laquelle j’avais mis plusieurs épaisseurs de vieux morceaux de tissus tout autour. Steve avait posé cette boite dans notre glacière en espérant que le voyage jusqu’au Faucon n’endommagerait pas les tubes.

- J’aimerais me réveiller de ce cauchemar et me dire que tout cela n’était que pure imagination …

Je relevai mes yeux et je me forçai à observer tout ce beau spectacle qui défilait devant nos yeux pour y trouver une raison de ne pas faillir. La cité se gangrenait et je me demandais si les terres sauvages ne seraient pas tôt ou tard contaminées à leur tour.

- Il y a quand même beaucoup de choses qui m’échappent à commencer par ces nappes phréatiques infectées et cette faille dans le dôme. Ce n’est pas de cela dont je doute. Evan avait déjà découvert cette fissure et les effets qu’elle pouvait produire sur la décharge. On en a appris un peu plus sur la pollution de l’eau. Ce que je ne conçois pas, c’est pourquoi le gouvernement ne fait rien ? La Milice est le bras armé des Anciens. Il y a beaucoup plus d’Asariens que d’Humains dans leurs rangs. Si la fissure s’agrandit, si le dôme cède par un côté, les soldats ne pourront plus circuler. Van Brënner est aux petits oignons avec ses troupes, donc pourquoi il ne fait rien pour assurer la protection de ces hommes ?

Je basculai ma tête en arrière pour la poser contre le haut du dossier. Le ciel était magnifique. Une couleur bleue claire sans aucun nuage. Je devais me raccrocher à quelque chose de beau, à quelque chose qui me permettait encore de me battre pour les causes que je croyais juste. Je tournai mon visage vers mon coéquipier.

- Se pourrait-il que les Anciens cherchent à détruire entièrement le dôme ? De déplacer la Milice ailleurs ? De laisser tout cela se dégrader parce qu’ils ont une autre option dans leur manche ? C’est terrible Steve, si c’est leur but.

Nous avions un peu plus de deux heures de route et avec cela tout le temps de se poser des questions, d’essayer de chercher des réponses, d’anticiper des futures actions du gouvernement par des plans. Avec tout ça, j’en avais oublié l’essentiel. Je me redressai un peu mieux et j’ouvris le panneau de la boite à gants pour y prendre une radio CB portable et J’actionnai le signal émetteur.

- Shadow pour Faucon, vous me recevez ?

Le grésillement me mettait les nerfs à vif et me rendait nerveuse au point d'en perdre ma patience, ce qui était très rare de moi. Une voix me répondit pourtant quelques secondes après.

- Faucon à Shadow, on vous reçoit 5 sur 5 !

- J’ai une urgence de niveau 6. Je voudrai parler au plus haut gradé qui se trouve près de vous très rapidement ou à un agent de l’équipe des Opérations Externes.

Si Evan n’était pas là, Ethan ou Roy pourraient faire tout autant l’affaire. J’avais besoin de parler à l’un des trois Rebelles. Ils étaient les plus qualifiés pour cela. Duncan était encore alité et il pansait ses blessures, un legs d’une précédente mission qui s’était mal déroulée.

- Compris Shadow. Nous cherchons une personne ! Merci de patienter !

Leader des Rebelles Humain

Evan était enfermé dans son bureau depuis de longues heures à étudier les dossiers de nouveaux agents que Duncan lui avait laissé. Il y en avait 4 et chacune de ces personnes avaient été suivies par le Faucon. Pour le moment, les Rebelles n’étaient pas entrés en contact avec eux, ils n’avaient fait que les observer et glaner des informations et des renseignements. C’était donc au recruteur de lire les dossiers et de donner son avis sur la nouvelle intégration ou pas de ces hommes et ces femmes. Il n’aimait pas se fier à toute une liste de détails. Il préférait avoir en face la personne. C’était ainsi qu’il fonctionnait. C’était ainsi qu’il avait procédé avec Elisabeth et Natacha, mais il ne pouvait refuser un autre de son chef. Il en était au troisième compte rendu. Le premier avait eu son aval, le second, il avait émis des doutes et les avait annotés sur une feuille. Quant au troisième, il était plongé dans les diverses conclusions des agents de terrain qui avaient suivi cet homme dans tous ses déplacements et dans toutes ses rencontres avec de nombreuses personnes.

La porte de son bureau s’ouvrit ans un mouvement vif et brutal et il releva ses yeux, surpris par une telle audace. Le jeune homme qui se tenait au pas de la porte, était anxieux et haletant. C’était aussi l’un des agents de la sécurité. Là ce n’était pas bon signe ! Il prit soin de fermer les dossiers et de les placer dans un tiroir tandis que le rebelle faisait son rapport.

« Monsieur ! Nous avons un code de niveau 6 à la radio ! L’agent Shadow a besoin d’une autorité rapidement ! Vous êtes le seul Monsieur au QG à l’heure actuelle et le seul à avoir le plus haut grade ! Nous avons besoin de vous au poste de commande. »

A l’annonce du niveau de gravité de l’urgence, Evan se leva d’un bond et rejoignit l’agent en quelques pas. « Duncan et Diana ne sont pas là. Ils devraient rentrer peut-être dans la soirée. Ils sont en mission d’infiltration. On ne peut pas les joindre au risque de faire capoter leur travail ! On y va ! Je vous suis ! Il ne faut pas perdre un temps précieux ! Shadow ne se permettrait pas une telle décision si ce n’était pas important ! »

Evan et l’agent atteignirent la salle de sécurité du Faucon avec une rapidité déconcertante. Lorsque le recruteur apparut dans la grande pièce, tous les yeux se tournèrent vers lui. Cela faisait de nombreuses années qu’une telle alerte n’avait pas été donnée. Les plus anciens se souvenaient encore à quoi cela se rapportait comme souvenirs malheureux : la perte d’un des leurs qui était aussi le coéquipier, à cette époque, d’Elisabeth.

« C’est par là Monsieur ! Shadow est en ligne. »

Il s’avança près d’une console et on lui présenta un casque munit d’un micro adapté. Il le passa et actionna la conversation. L’agent qui était venu l’avertir lui montrait par gestes, sur un écran de contrôle, la position de la jeep et de Shadow qui se trouvait dans les terres sauvages. Au moins les Asariens ne pourraient plus rien faire avec le soleil qui venait de se lever depuis un petit moment.

« Shadow, ici Evan Cassidy, LookOut. Duncan et Diana ne sont pas ici. Ils sont mission délicates sur le terrain. Je t’écoute ! Que se passe-t-il ? »

Evan n’avait pas l’étoffe d’un meneur. Il avait toujours appuyé et soutenu le couple de leaders et au fil des années, il était devenu comme une sorte de suppléant quand les chefs n’étaient pas là. Cela s’était fait en douceur sans même que LookOut s’en aperçoive. Mêmes les Rebelles se tournaient vers lui, comme en ce moment, quand aucun des deux têtes du groupe étaient présents au Faucon. C’était devenu une habitude.

Invité

Steve avait cette fois-ci pris le volant de la jeep. Conduire, il savait faire, piloter? Encore mieux. Il n'y avait rien à dire, Steve était fort dans deux domaines: La conduite d'engins qu'il s'agisse de voitures, de motos, de tanks ou autres, il se demmerdait pas trop mal, et dans les tirs de précisions avec n'importe quelle arme. Ah... Il y avait peut-être un troisième domaine... Les femmes... Oui, mais c'était quand même assez mitigé parfois. Aussi, il avait parfaitement sa place au volant de la jeep alors qu'il quittait les dômes en compagnies d'Elizabeth. La jeune femme et lui-même en avait beaucoup appris. Trop même. Ce surplus d'informations circulaient dans la tête à Steve comme un oiseau brûlant de sortir et de déployer ses ailes. L'image était un peu folle, mais tellement vraie, car à cet instant, Steve avait vraiment envie de laisser s'échapper tout cela, de se dire qu'il n'avait pas vécu cette soirée, que ce n'était que dans son imagination... Mais pourtant... La jeep qui crapahutait dans le chemin était bien réelle, tout comme les secousses, et Elizabeth, il ne la pinça pas pour être sûr, mais il savait qu'elle était bien réelle aussi. Steve passa la quatrième pour aller un peu plus vite alors que sa partenaire ne demandait qu'à sortir de ce cauchemar... Ben justement... ça en était un, mais il était tout à fait réelle, et seul leurs actes compteraient désormais pour les sortir de ce gros bordel. Oui, car il n'y avait pas d'autres mots au vu de ce qui se profilait désormais à l'horizon. Steve pouvait déjà voir les emmerdes, les difficultés et les souffrances qui arrivaient sur eux tel un faucon vers sa proie... Hem, l'image était bien trouvée, mais Steve n'en sourit qu'à demi et répondit à sa coéquipière:

- Malheureusement je crois que c'est un cauchemar duquel on ne pourra sortir que par nos actions... Et à mon avis on est loin d'en être sorti.

Elizabeth avait d'autres questions. Nottament ces informations sur les nappes phréatiques. Il était vrai qu'on pouvait se poser tout un tas de question. Comme elle le disait si bien, Van Brenner et ses troupes étaient aux petits oignons dans les bidonvilles, or, ils étaient autant en danger qu'eux, pauvres humains miséreux. D'autant que la milice était une importante force armée en Asaria, et elle posait pas mal de problèmes aux humains, et pas mal d'arrangements au gouvernement, alors oui, pourquoi le gouvernement ne faisait-il rien? Que se passait-il au sommet d'Asaria pour que personne ne bouge. Ou alors, ils n'en savaient eux-même rien... C'était fort probable. Mais Steve avait tout de même du mal à y croire. Avec la volonté du gouvernement de vouloir tout contrôler, tout savoir, dans tous les domaines et partout, quelques lieux que ce soient, le gouvernement voulait être partout, alors pourquoi pas là? La question n'était pas de savoir s'il ne faisait rien pour la protection de ces hommes, car vus comme il tentait de toujours leur donner les meilleures armes, les meilleures moyens, ses hommes étaient protégés, non, la question était plutôt de savoir s'il savait, s'il avait au moins une idée du danger que courait les miliciens, bras armé des anciens. Il y avait tout de même un avantage, c'était que si les miliciens étaient contaminés, ils allaient avoir plus de mal à combattre, mais bon, d'un autre côté... Il était vrai que ne pas savoir ce qui se passait dans le camp adverse posait un réel handicap. On ne pourrait pas anticiper les coups si l'on sous-estimer l'adversaire, au contraire, on pourrait peut-être frapper plus fort si l'inverse se produisait. Mais on en était pas encore là. Le plus urgent était de savoir comment aider la population, et comment les humains allaient pouvoir faire pour se relever dans une telle situation. Il était claire que pour Steve, on atteignait une situation de crise sans précédent qui allait déterminer si oui où non les humains resteraient sur la surface de la terre.

On pouvait toujours tenter de déporter la population dans les terres sauvages, mais ça promettait d'être risqué. Or, des risques, ils en prenaient chaque jour, inutiles d'en rajouter. Pourtant, c'était toujours une possible option. Les Asariens ne pouvaient pas les suivre trop longtemps dehors, le problème, c'est que s'ils envoyaient la milice pour exterminer les fuyards... La vision d'horreur fût telle que Steve préféra ne pas penser à cette option sans pourtant l'écarter. Faire venir l'eau des sources extérieures, d'accord, mais après? Le manège ne pourrait pas durer éternellement. Steve le savait. Les rebelles le sauraient eux aussi. Tous n'étaient pas dupes. On sauverait la face pendant quelques instants. Mais après? Il faudrait un autre moyen. Steve devait contacter les insoumis au plus vite... Maintenant, cette option s'imposait. Il allait devoir faire au plus vite. Il finit par hausser les épaules et répondit à Elizabeth:

- Je n'ai strictement aucune idée de ce qui se trame ma très chère Elizabeth. Si le gouvernement est au courant, c'est qu'il a déjà choisi une option pur épargner sa milice, sinon, c'est qu'il n'est pas au courant, et ils courent le même risque que nous. Le truc, c'est que je vois mal le gouvernement laisser tomber sa milice, et encore moins son cher ministre Van Brenner. Mais je pense que le problème que nous ayons à résoudre le plus rapidement, c'est déjà de sauver toutes les vies humaines qui sont présentes dans les bidonvilles... Et ça, ce n'est pas gagné tu peux me croire. Il va nous falloir des nerfs d'acier, et si l'on survit... Nous aurons démontrer une belle capacité à résister, sinon... Sinon nous serons détruit.

Elizabeth commençait déjà à faire le scénario catastrophe, le gouvernement à abandonné pour de bons les humains, asariens sans cœur, ils ne veulent plus des humains. Le problème c'est que ce scénario, Steve savait qu'il pouvait se réaliser. Une autre option dans leur manche... ça, le gouvernement avait, c'était sûr, après... Le tout était de savoir laquelle. Finalement, Steve regarda sa coéquipière alors qu'elle lui faisait par de son ressenti et il répondit:

- Oui c'est grave. Dorénavant, nous serons en lutte permanente non plus pour notre maintien, notre honneur, ou quoi que ce soit, mais en lutte pour notre survie. Nous allons devoir nous battre plus férocement que jamais pour notre survie.

Et la survie était bien différente de la vie. Elizabeth prit la radio dans la voiture et commença à entrer en contact avec le faucon. Elle voulait un agent gradé. Evan serait le mieux pensa Steve, il était celui qui, avec Diana, avait découvert cette étrange fissure. Il saurait répondre à ce problème, et avec les nouvelles informations qu'ils lui apportaient, il pourrait peut-être donner des ordres, une stratégie, une parole quelconque qui montrerait que les rebelles n'allaient pas se laisser faire. Frapper les bidonvilles comprit Steve, c'était frapper une possible réserve d'hommes pour la rébellion. Steve appuya sur l'accélerateur. Il y aurait deux issus: Soit le gouvernement laissait tomber les humains, et la potentielle réserve d'hommes pour la rébellion tombait en poussière, soit, les humains, plus mécontent que jamais se rangerait sous la bannière de la Rébellion. Peut-être que l'issu ne serait pas si mauvaise au final... Peut-être.

Ce fut effectivement Evan qui répondit et qui demanda, un peu alarmé sans doute ce qui se passait. Elizabeth regarda Steve comme si elle ne savait pas par où commencer, ce qui était compréhensible avec le nombres d'informations qu'ils avaient dû emmagasiner. Steve la regarda, se concentra sur la route puis déclara:

- Explique lui le problème de l'eau, et tout ce dont on a parlé, on donnera les détails au QG. Inutile de se perdre en explications. Dis-lui que désormais le bidonville est en grand danger. Dis-lui que tout ce que nous savons, nous le tenons de sources sûres. Déclare lui aussi qu'une rencontre avec les pacificateurs va devenir une priorité. On ne pourra pas combattre seul...

Il termina sur cette note, conscient que tous les groupes devraient s'unir pour aider les humains. Désormais, on ne devrait pas faire de différence entre un insoumis ou un rebelle, il allait falloir faire honneur au vieux diction: L'union fait la force. Steve accéléra encore un peu, prenant parfois de lourdes secousses, mais le temps, ils n'en avaient plus désormais. A présent, chaque seconde allait compter, chaque minute serait cruciale, et chaque heure serait un tournant pour l'histoire. Une véritable course contre le temps venait de s'engager.

Humaine Rebelle

Steve avait les mêmes craintes et les mêmes doutes que moi au sujet du gouvernement. Mais malheureusement pour nous, nous n’avions que cela, des interrogations et aucune réponse valable. Les seules choses dont nous étions certains, c’était la véracité de la conversation qui s’était tenue au dispensaire. J’aurais aimé me tromper et sentir le piège à plein nez avec ces Pacificateurs. Le Docteur Saria ne l’avait pas révélé de vive voix, mais on pouvait très bien comprendre que tout ce petit monde autour de son bureau n’appartenait pas à la catégorie des Insoumis. Cette femme nous avait dévoilé son secret. J’étais encore sonnée par cela. La fille du Prophète, le créateur du SEER, le responsable de ces monstres, était une Pacificatrice. Soudainement, j’avais de la sympathie pour cette Asarienne, ce qui était assez surprenant chez moi. La conversation avec Steve me replongea dans ce côté sombre qui était ancré à mon âme.

- Je n’ai pas peur de perdre la vie dans ce conflit, si je sais que l’avenir sera sauvé. Dans toute guerre, toute bataille, il y a des combattants qui meurent. J’en ferai peut-être partie, mais avant cela je ferai tout pour arrêter ce chaos. Il le faut de toute manière … Il n’y a pas d’autres options envisageables !

Sans perdre plus de temps, j’entrais en contact avec le QG de la Rébellion grâce à la radio portative qui était placée dans la boite à gant de la jeep. L’agent de garde réceptionna mon message et s’en alla me chercher un haut gradé. Ce fut Evan qui me répondit. J’étais presque soulagée que cela soit lui et non Ethan ou Roy, parce que mon Supérieur avait une manie très directive de donner ses ordres et mon binôme était un casse-couille irritant. Je savais aussi Duncan et Diana sur le terrain en mission d‘infiltration et personne ne pouvait les joindre. Evan était toujours posé, d’un calme olympien. Je comprenais pourquoi c’était le recruteur du Faucon. Avant de lui répondre, je notai les points que Steve voulait que j’aborde avec LookOut, mais je n’avais pas la même vision que lui.

- Je ne pense pas que parler de pollution de l’eau, de la fissure du dôme ainsi que des dangers sur la santé de la population à la radio soit vraiment indispensable. Je ne préfère pas Steve. Regarde dans quel état cela nous a mis cette conversation au dispensaire ? Tu te rends compte si je survole ces sujets sensibles, Evan va demander plus de renseignements. Je ne préfère pas et attendre de voir tout le monde en même temps.

Les Rebelles seraient assez affolés par l’étendu de la scène apocalyptique que nous allions leur décrire une fois au QG. Je repris la radio en main.

- LookOut, on va avoir besoin d’une réunion dans les prochaines heures au Faucon. On vient du dispensaire, on a eu une conversation dès plus importante avec des … Pacificateurs. Il y a de gros dangers qui se profilent à l’horizon. Je suis avec Steve, en route vers le QG. On vous donnera toutes les informations et les détails une fois sur place. Il faut avertir le plus d’agents possibles.

J’arrêtai la radio et le silence demeura pendant plusieurs minutes. Evan devait réfléchir à mes mots, il devait résonner en tant que responsable du Faucon en l’absence de nos deux autres leaders. Il me connaissait pour savoir que jamais je n’aurai demandé un niveau 6 si je n’étais pas certaines de mes preuves. Il savait aussi que d’étaler toute la situation à la radio provoquerait un malaise sans nom. En attendant qu’il me recontacte de nouveau, je poursuivis sur une idée qui me venait en tête.

- Il sera facile maintenant de joindre les Pacificateurs. Le Docteur Saria nous a donné sa ligne sécurisée. Par contre, tu m’as dit en venant que tu avais un moyen pour joindre les Insoumis. Il va falloir les approcher et tu es certainement le seul à pouvoir le faire. Ils se méfient de tout le monde. Donc si tu as déjà une connaissance dans leur communauté, il faut t’en servir pour demander une entrevue avec l’un de leur leader et leur apporter des preuves concrètes à eux aussi. Plus vite nous serons tous unis, plus vite nous pourrons empêcher cette vague terrible d’engloutir toute la population humaine. Les Pacificateurs vont faire la même démarche de leur côté. Peut-être qu'ils comprendront qu'on est dans une extrême urgence et qu'on a besoin de toutes les bonnes âmes pour aider à sauver le peuple.

Leader des Rebelles Humain

Evan restait figé devant la radio et les moindres paroles de la Rebelle. C’était l’un des agents les plus compétents du Faucon et dès plus secret. Mais il savait une chose de certaine à son sujet, c’était qu’elle était une professionnelle jusqu’au bout des ongles. Elisabeth lui faisait pensait étrangement à Natacha. Deux femmes fortes, très belles, au passé lourd et tellement inaccessibles. Il se passa la main sur le visage, caressant sa barbe naissante. Shadow reprit alors la parole et il écouta les informations qui lui venaient. Les autres membres de la rébellion étaient tout aussi attentifs que lui. Elle était succincte et elle n’avançait aucun détail. Il connaissait cette manière d’agir : ne pas provoquer d’affolement à la radio. Ce n’était pas un moyen de communiquer ce genre d’urgence. Il le comprenait et l’effroi de voir se dessiner une situation aussi sinistre l’enveloppait. Evan avait toujours apporté son aide et son soutien aux deux leaders de la Rébellion. Aujourd’hui, ils étaient tous les deux dans une mission d’infiltration avec pour ordres majeurs de ne pas les joindre pour éviter de griller leurs couvertures. Evan avait donc reçu le statut de seul leader. Il n’avait jamais été fait pour cela. Il était compétent dans le recrutement. C’était un analyste des comportements et il s’appuyait sur les dossiers du psychologue du groupe pour affiner son jugement sur une nouvelle recrue. Commander des femmes et des hommes de terrain, c’était une nouveauté à laquelle il allait devoir s’y faire le plus vite possible.

Pour cela, il allait devoir faire confiance à ces Rebelles et Shadow était l’une des plus compétentes qu’il connaissait, tout comme son binôme Roy Cooper ou leur chef de section Ethan O’Donnell et bien évidemment, Steve Roswell et Natacha Grey. Des Agents qui n’avaient rien de gamins. Des adultes écorchés vifs. « Shadow, je lance le signal pour le rassemblement des rebelles. Vous nous expliquerez tout en détail une fois au Faucon. Il vous reste encore du chemin à faire et certains Rebelles vont mettre autant de temps que vous, même plus pour venir ici. La réunion se tiendra dans environ trois heures trente. Cela laisse de quoi faire le voyage jusqu’au QG. »

Il se tourna vers l’ingénieur en informatique qui lui ouvrit la ligne rouge des Rebelles. Tous les téléphones portables étaient reliés à cette ligne. Ils recevraient toutes et tous un SMS qui à la lecture s’effacerait immédiatement de la mémoire des téléphones pour ne laissait aucune trace possible. Evan pianota sur le clavier le message que les Rebelles recevraient et il l’envoya.

Code:: REUNION D’URGENCE AU FAUCON DANS 3H30.

Le compte à rebours était lancé. Les retardataires ou les absents auraient droit à un résumé des points importants de la réunion. Il laissait du temps à tout le monde pour parcourir le trajet de la cité aux terres sauvages. Il savait aussi que beaucoup ne pourraient pas quitter leur job ou leur mission pour ne pas éveiller les soupçons sur eux. « État d’alerte envoyé Shadow. Communication Terminée. »

Il fit signe aux agents qu’il serait dans la salle de réunion si on le demandait. Il sortit de la salle de surveillance et se dirigea d’un pas ferme vers la salle. Il avait encore du temps devant lui. Les prochaines heures seraient très longues avant que n’arrivent les premiers Rebelles. Evan glissa dans la fente du boitier mural, son passe et la porte se débloqua. Elle était immense et dotée de technologies asariennes qu’ils avaient détournées au grès de leurs missions. Ils avaient ainsi constitué ce QG telles des fourmis et ils s’étaient approprié la haute définition en informatique de la cité. La table ronde de la réunion était vide et le calme se superposerait bientôt aux questions et aux explications. Evan actionna l’écran géant et une carte de la cité apparut. Il zooma sur le dôme des bidonvilles pour le mettre en évidence et croisa ses bras à observer ce quartier miséreux. Evan et Diana avaient appris de la bouche du personnel du dispensaire, quelques temps plutôt, des problèmes de santé récurant comme des brûlures et des infections respiratoires. Ils avaient découvert des émanations au niveau de la décharge, mais ils n’avaient pas pu aller plus loin tant les odeurs étaient insupportables. Aujourd’hui Shadow et Steve revenaient d’une entretenue au dispensaire … avec les Pacificateurs. Il se souvenait d’avoir croisé leur leader, Mara Jade, à la Taverne durant une nuit agitée, il y a plusieurs mois. Mara était une femme d’écoute et de cœur même si leurs idéaux divergeaient. Quel que soit le danger, Evan n’avait aucun doute sur l’aide que pourraient leur apporter ce groupe et cette femme. L’avenir le lui confirmerait.

Invité

- Tu fais chier Travis, on avait dit 500 dollars par Famas et tu ajoutes un pourcentage sorti du trou de balle de ta mère. Si tu trouves un acheteur à ce prix-là, suce-le en prime. Moi je me tire. J'ai mieux à faire que d'entendre tes explications alambiquées.

Le revendeur me fixait en souriant avec ses dents en faux or. Sérieux ce qu'il pouvait être moche. A côté je pouvais passer pour un playboy, c'est dire.

- Le marché est tendu mec, et je suis certain que les Insoumis seront contents de rafler le lot pour cette somme finalement modique.

Je choisis de lui rire au nez au lieu de lui péter.

- Les Insoumis, tu dis ? Depuis quand ils ont gagné à la loterie ? Je croyais que seuls les Asariens avec une identité en règle pouvaient y jouer. Prends-moi pour un con et tu vas mourir. Pour moi t'es qu'une merde de Milicien qui fourgue du stock au marché noir. Les Insoumis ont même pas de quoi se payer un morceau de pain, alors des armes ... Surtout des Famas. Tu les as sorti du stock et maintenant tu vas devoir les y remettre sans te faire goaler. Crois-moi, ça va être aussi douloureux que de te fourrer un missile balistique dans le fion.

Je descendis une gorgée de Jack Daniels contrefait.

- J' pourrais même m'arranger pour leur faire savoir que tu prétends dealer avec eux. Ça te plairait d'avoir quelques Insoumis au cul ? Tu me balances tes Famas pour 500 l'unité ou je te grille tout ton marché. J'aime pas qu'on essaie de gratter mon budget quand je fais mes courses.

Le dénommé "Travis-cinq-dents" parce qu'il avait plus, soit disant que cinq vraies dents, me sourit pour la forme mais je sentais bien qu'il commençait à sentir le vent tourner. J'avais beau être un putain d’asocial , je me tenais au courant de l'évolution politique de la Cité et si les alliances et autres compromissions multipartites me passaient par dessus la brosse, j'étais quand même assez futé pour savoir qui, sur le marché, pouvait payer 7500 pour dix Famas. Certainement pas les Insoumis.

- Tu sais quoi, tes lance baltringue, tu devrais les proposer aux Pacificateurs. Des fois qu'ils soient devenus des Nounours sanguinaires. Si tu as une ouverture inespérée mieux que ce que je te propose, c'est certainement ton boss qui t'a levé et essaye de te piéger avec une fausse transaction juteuse. Tu fais comme tu veux. Tu rouleras une pelle à Van Brënner pour moi.

Le dealer avait changé de visage et je m'imaginais sans mal ce qui pouvait se jouer dans les rouages mal graissés de sa cervelle.

- Ok, ok, aligne tes 5 000, Blanche-Neige. Ensuite on va à la cache pour chercher ta livraison.

- Tu rêves ma poule, c'est toi qui va me livrer là où je te dirai et quand je te dirai. Pour la perte de temps liée à notre malentendu, donc à toi, tu me mettras sur le lot un détecteur de mines antipersonnel. T'as bien compris ? Si tu réponds pas à mon prochain rendez-vous, je serais très vexé, comme un fiancé éconduit, et quand je suis vexé, je picole. Et si je picole, je deviens bavard. Capite ?

J'allais conclure lorsque mon portable sonna pour m'informer d'un sms . Je le sortis de ma poche et pris connaissance du message. Malgré sa teneur, je ne laissai rien voir de l'urgence devant le dealer.

- Ma meuf qui me demande ce que je fous pour aller acheter un paquet de cigarettes... Tu vois, à cause de toi, je vais m'en prendre plein les oreilles... Tu fais chier Travis, tu fais chier... N'oublie pas, dès que tu auras mon message, arranges -toi pour que le Père Noël passe, sinon je transforme tes tripes en guirlandes et tes couilles en boules de verre...

Je quittai le Concorde aussi vite qu'un fiancé allant rejoindre sa dulcinée et je sautais dans ma jeep garée sur le parking, un peu à l'écart, en armant ma mitrailleuse. Le SMS émanait du Faucon et d'Evan lui-même et nous informait qu'une réunion générale était fixée dans 3h 30. C'était pas très bon en général lorsque tout le monde était demandé. J'avais juste le temps de faire le trajet avec Rosalie, ma vieille Jeep retapée avec des pièces mais dont le châssis et la carrosserie dataient selon Ethan d'avant la Pluie de Feu et provenaient du stock de l'US Air Force. Elle était tellement inconfortable que peu de Rebelles acceptaient de faire route avec moi sauf Pearson qui y était un peu obligée. C'est clair que cette caisse avait oublié ce que c'était d'avoir des amortisseurs mais pourtant, elle ne s'était jamais enlisée dans les tourbières ou les bancs de sables des terres sauvages.

En parlant de Pearson, ça faisait un moment que je n'avais pas bossé avec mon binôme sur une mission affectée. A se demander si elle n'avait pas demandé à ne plus bosser avec moi. Bien sur qu'elle l'avait demandé ... Comment travailler avec un pitbull sans craquer ? Peut-être que la réunion générale était justement organisée pour re distribuer les tandems ? Enfin en y réfléchissant, cela me paraissait peu probable. Evan aurait fait ça lors du débriefing de début de semaine. Il devait y avoir une grosse merde, et cela ne me plaisait pas. Encore moins du fait que je n'étais pas avec mon binôme. J'espérais simplement que l'urgence ne l'impliquait pas. L'essentiel était pour l'heure de rallier le QG au plus vite et jamais je n'avais fait tirer Rosalie aussi vite. Elle bondissait sur la crête des Dunes et dévalait les pentes en soulevant un nuage de poussière. Environ 3 kilomètres avant le Faucon. Je ralentis et m'arrangeai pour ne rouler que sur de la pierre. Ainsi je ne soulevais aucun nuage susceptible d'être vu de loin. La panique ne devait jamais nous pousser à nous exposer. C'était la règle d'or du sniper ou du franc-tireur.

J'arrivai en vue du QG deux heures quarante cinq après avoir quitté Travis et je sentais l'odeur d'huile cramée qui échappait de mon moteur. J'entrais dans le tunnel après avoir montré mon identificateur aux sentinelles et je garai ma chérie dans le parking sous terrain. Quelques mécanos se ruèrent avec un extincteur.

- Du calme les gars ! Laissez-la refroidir et surveillez la température. Tout va bien. Faudra juste lui faire le plein d'huile, d'eau et d'essence. Merci à vous.

Je topai dans la main d'un des petits gars et je gravis quatre à quatre les escaliers en béton qui menaient à la salle de réunion. Du moins à l'étage où il se trouvait. Fallait que je cause à Evan ou Ethan avant. Au sujet de Pearson. Une fois devant la porte de la salle, je glissai ma carte dans la fente du boitier d'identification et la porte s'ouvrit. Evan était déjà là et fixait une carte du bidonville projetée sur l'écran.

- Agent Hawkeye au rapport ! Salut Evan, je suis venu aussi vite que j'ai pu... Ah ben j'en viens justement... Du Bidonville... Je voulais te dire que pour les 10 Famas, c'est presque fait. Mon contact a voulu me la jouer à l'envers mais je crois qu'au final on va y gagner...

Je jetai un regard circulaire dans la salle vide.

- Pearson est pas encore arrivée ? Ça m'étonne, en général elle me devance toujours pour les réunions d'urgence... Evan ... à son sujet, il faut qu'on en parle... Ça fait plusieurs semaines qu'on ne nous a affecté aucune mission commune. Mais je sais par les conversations des gars qu'elle a effectué plusieurs repérages de terrain avec Roswell, alors je voudrais savoir ... Est-ce qu'elle a demandé sa réaffectation ? Je sais que c'est probablement pas le moment, mais vu que personne est encore arrivé, tu peux me répondre simplement oui ou non...

Invité

REUNION D’URGENCE AU FAUCON DANS 3H30.

Son téléphone avait à peine vibré que Anya le dégainait déjà tout en posant sa tasse de café sur la table basse, pianotant rapidement son code afin de le débloquer, puis filant dans sa messagerie SMS pour y voir apparaître cette annonce qui ne tarda pas à s'effacer d'elle-même … Réunion d'urgence ? À cette heure-ci ? Mais bordel, il se passait quoi pour qu'une telle alerte lui fût envoyée comme ça, totalement au débotté et de bon matin ?!

« Et merde … »

Tirant ostensiblement la gueule face à cette nouvelle, la mam'zelle n'avait nullement cherché à dissimuler son agacement face à ce SMS, et son interlocutrice se pencha aussitôt dans sa direction avec un regard aussi inquiet que pseudo-rassurant à son attention. Be strong Katherine, un jour tu sauras avoir l'air intéressée par quelqu'un d'autre que ta petite personne sans avoir l'air totalement constipée … et pas du tout convaincue!

« Nana … est-ce que ça va ? »

Oh my God et bordel Katherine, un jour je te ferai ravaler ce surnom totalement con dans ta sale petite tronche d'Asarienne trop fiérote et trop stupide ! Je ne suis pas un putain d'animal de compagnie, alors ne me torche pas de surnoms cons juste pour te sentir trop pote avec moi, sinon tu vas bouffer ta table basse ''made in guetto parce que t'as vu, moi j'soutiens les Humains parce que j'suis trop humanitaire !'' Katherine please, ferme ta gueule quoi!

Et d'ailleurs en parlant de ça, là-dite Katherine avait quand même une chance phénoménale que Anya fût meilleure comédienne qu'elle parce qu'ainsi, la brunette afficha seulement un air gêné et – réellement – inquiet. Le tout en tirant une moue vraiment dépitée tandis qu'elle tourna le portable dans sa direction comme pour lui laisser l'occasion de lire le SMS en question.

« C'est encore Maria, sa mère a fait un malaise cette nuit et elle a besoin de moi. Je … Katherine, je suis vraiment désolée pour notre journée shopping mais … est-ce que je peux y aller ? »

Toujours demander l'avis des Asariens, toujours ! Ça flattait leur ego tout en leur donnant l'impression que l'idée venait d'eux, et Anya s'en tenait donc strictement à cette règle en toutes situations l'exigeant, offrant ainsi sa bouille la plus dépitée mais aussi la plus suppliante à son ''amie''.

« Mais bien sûr, ne t'inquiète pas pour notre journée et file ! Et si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas, tu sais que je suis là ! »

Ô la bonne âme … si la brunette ne côtoyait pas ces crevards depuis si longtemps, elle aurait presque pu y croire … mais ce n'était justement pas le cas ! Et balbutiant remerciements et excuses d'une voix désolée, elle se leva aussitôt tout en fourrant son téléphone dans sa poche de jean et en remettant sa veste, filant ensuite à fond de train pour rejoindre sa moto et le Faucon. C'était partit pour deux heures et demi de route après tout, et encore, elle pouvait s'estimer heureuse de ne pas travailler aujourd'hui, sans quoi elle n'aurait jamais pu se libérer. Et après une pelletée de kilomètres effectuée sur des routes plus ou moins en bon état, Anya arriva enfin à bon port. Se garant dans une quinte de toux due à la poussière tout en enlevant son casque qui lui racla les piercings au passage. Un jour, elle investirait dans une cagoule pour protéger sa quincaillerie du casque, un jour …

Et sans plus s'en inquiéter, elle rejoignit la salle de réunion d'un pas vif, posant son casque sur l'une des tables tout en saluant les deux hommes présents d'un vague signe de la main et d'un « Hey ! » lâché à la cantonade. De toutes façons, elle n'aurait pas d'information avant que tout le monde fût là, donc autant être pragmatique et ne pas poser de questions.

Leader des Rebelles Humain

Les prochaines heures qui arriveraient seraient très longues avant de voir toute la salle se remplir d’agents du Faucon. Shadow avait eu raison de ne pas s’attarder sur les détails de cette demande d’urgence. Il préférait attendre qu’elle et Steve arrivent pour avoir de meilleures explications et pouvoir débattre. Chaque Rebelle avait reçu le message. Chacun ferait en sorte de venir au QG. Il était encore tôt, le petit matin s’était enfin levé. Le QG était un bunker souterrain et la lumière de l’extérieures était inaccessible aux humains. Elisabeth avait avancé dans son message qu’ils avaient rencontré les Pacificateurs. Duncan avait déjà eu à faire de nombreuses fois à Mara Jade et c’était de cette manière-là qu’il avait fait sa connaissance, qu’il l’avait reconnue à la taverne le soir de la bagarre. S’ils étaient sur le qui-vive, ce n’était pas pour rien, et qu’ils puissent s’avancer à discuter avec les Rebelles, c’était encore plus important.

Evan s’était installé dans la salle de réunion, vide pour l’instant. Il avait déclenché l’écran géant et il observait une carte des bidonvilles qu’il connaissait par cœur. Les heures s’étaient égrenées trop lentement pour le recruteur. Il avait ressorti l’ancien dossier où étaient inscrites les conclusions qu’il avait écrites en compagnie de Diana au sujet de la décharge. Il n’aimait pas faire des énonciations trop hâtives, l’état d’urgence demandé par Shadow n’était pas un hasard. Les deux rebelles avaient dû apprendre des renseignements complémentaires sur ces problèmes de santé et la situation de la décharge. Il ne voyait que cela. L’heure ne passait décidément pas et il avait fait quelques allés et retour entre la salle de réunion et le mess pour se doper à la caféine et aux sucres rapides. Il ne touchait que rarement à l’alcool, le soir seulement, mais pas en pleine journée.

Il avait tenté de passer le temps en notant sur son carnet les questions, les idées et aussi les scénarios les plus catastrophiques. Il s’était préparé à quelques répliques mais il n’avait rien de concret, pas tant que les deux rebelles ne se présenteraient pas ici. Plusieurs fois, il retourna au poste d’émissions pour être certain de ne pas avoir raté un autre message du duo. Les agents lui répondaient à chaque fois la même chose. Evan était très patient dans ses compétences de recruteur et d’analyste. Il remarquait qu’il n’était pas fait pour attendre l’urgence.

Il avait laissé le plan du bidonville sur l’écran géant qu’il ne cessait de scruter comme si tôt ou tard, il lui donnerait des réponses. Il se redressa de son fauteuil et se planta encore une fois devant la carte. Il renforça l’image sur l’emplacement de la déchèterie et la porte de la salle s’ouvrit à ce moment-là. Il pensait voir se présenter Roswell et Pearson. Evan se trompa. C’était le binôme de Shadow qui effectuait son entrée. Il le salua d‘un signe de tête et se tourna vers HawkEye. « Salut Roy. Il nous en faudra peut-être plus. L’état d’urgence a été décrété par Shadow. Je n’en sais pas davantage, mais si le danger est aussi important qu’elle le prétend, il nous faudra bien plus que 10 Famas. »

Roy se rendait compte qu’ils n’étaient que tous les deux dans la salle. Evan secoua la tête pour affirmer l’impression du Rebelle et observa le visage fermé de l’agent qui se trouvait face à lui. La question et les doutes transpiraient dans les mots de HawkEye. L’histoire entre lui et Shadow était complexe depuis le début. C’était une partenaire qu’il n’avait pas voulu au début, tout comme elle n’avait pas accepté la décision de Duncan et d’Ethan de lui coller dans les pattes, un nouveau coéquipier. Evan avait dû temporiser les deux caractères butés. « Elisabeth n’a demandé aucune réaffectation. C’est moi qui les ai envoyés en mission d’informations auprès des responsables du dispensaire. A ce moment-là, tu étais en mission de ton côté. Roswell est aussi un agent de terrain. Il était le plus qualifié pour te remplacer auprès de Shadow. Tu la connais aussi bien que moi. Elle est très pointilleuse avec ses partenaires et n’accepte guère d’être une nounou. Il fallait qu’il assure aussi bien que toi. »

Il se déplaça jusqu’à la petite table et il se servit du thermos de café pour remplir son gobelet. Il en présenta un à Roy. « Si tu lui posais directement toutes les questions qui te perturbent ? Je ne suis pas le psychologue du groupe, mais je sais observer et analyser aussi. Vous étiez totalement obstinés et fermés à toute nouvelle collaboration en duo. Duncan et Ethan ne vous ont pas laissé le choix. Vous avez appris à coopérer et à bien plus encore. La confiance est l’élément indispensable pour travailler ensemble. Vous êtes devenus la meilleure équipe que le Faucon possède. Parle-lui. La communication est très importante, au même degré que la confiance. »

La conversation entre les deux hommes toucha à sa fin quand une nouvelle personne entra dans la salle de réunion. Anya venait d’arriver. C’était encore une Rebelle infiltrée. Sa couverture délicate de vendeuse d’esclaves la mettait souvent dans des situations compliquées. Il hocha la tête pour lui souhaiter la bienvenue. « Merci d’avoir pu te libérer Anya. Nous sommes encore peu nombreux pour commencer la réunion et il manque l’équipe qui a demandé l’état d’urgence. Shadow et Steve devraient déjà être là. »

Il regarda l'heure à sa montre. Il n'avait plus eu de nouvelles de la part du duo qui était déjà en chemin pour le QG.

Invité

Elizabeth avait répondu à toute les questions. Steve qui la voyait comme une femme d'action venait de découvrir aussi une remarquable intelligence capable d'analyser divers éléments et de se concentrer sur les plus importants. Pour le coup, et au vue des réponses qu'elle venait de lui fournir, il préféra boucler sa grande bouche et appuyer sur l'accélérateur. La jeep roulait décidément bien ce soir. Il ne tarderait guère à arriver au QG si ça continuait ainsi. Les puissants phares perçaient la nuit et éclairait le chemin chaotique de pierre et de terre qui menait au QG. Chemin qui n'en était pas un, on le savait ou on ne le savait pas. Steve rétrograda face à une petite pente qu'il passa sans souci et reprit sa course. Le moteur semblait rugir et on aurait pu penser qu'il allait crever d'un moment à un autre. Chance immense, il tenait. Parfois, Steve se demandait comme ces vieux moteurs parvenait à tenir vu comment les rebelles les maniaient, mais comme il connaissait bien Ethan qui était un splendide mécanicien, nul doute que le moteur tiendrait. Et puis, comme le mécano était aidé de Elizabeth... Ce moteur avait dix fois plus de chance de tenir. Un petit coup d'oeil au rétroviseur montra à Steve qu'ils étaient seul. Seul, perdu dans un paysage magnifique. Cela faisait deux fois que Steve et Elizabeth travaillaient ensemble, et il devait admettre qu'il n'était pas mécontent d'elle, en fait, peut-être que l'inverse n'était pas toujours vrai... Il lui arrivait parfois de faire quelques conneries, mais bon, il s'en était toujours tiré... Pour le moment. Steve n'avait pas d'armes sur lui, là tout de suite, il n'en avait pas besoin, mais selon ce qui arrivait, il était toujours rassuré d'avoir au moin son flingue avec lui.

Alors qu'il roulait en direction du QG, le pneu éclata. Steve, meilleur pilote que mécanicien parvint à faire arrêter la jeep qui était sortie de la trajectoire voulue. Il ne lui fallut que quelques secondes pour sauter de la jeep et regarder le piteux état du pneu avant gauche. Le pneu avait littéralement éclaté et l'on avait perdu une partie de sa carcasse, autant dire qu'il était tout bonnement irrécupérable. Le rebelle ne se démonta pas, fila à l'arrière de la jeep ou le rejoignit sa partenaire alors qu'il râlait. Il prit le pneu de rechange, laissa Elizabteh s'occuper d'enlever l'ancien pneu. Par chance, on avait toujours un petit cric dans ces caisses, un petit avantage non négligeable dans ce genre de circonstances. Il râla une fois de plus, sinon il ne serait pas lui, et monta un peu la voiture alors que la jeune femme n'avait pas perdue une seule petite seconde pour commencer à dévisser les écrous.

- Le seul jour où j'suis pressé... C'est cette putain de roue qui me lâche. J'le crois pas... grogna-t-il.

Il ne fallut qu'un instant à Eli pour enlever la roue alors que Steve positionnait l'ancienne. Il ne tarda guère à remettre les écrous et revissa le tout. Au moins il faisait sa musculation... Bon sang. Jamais, mais jamais il n'aurait pensé que la roue le lâcherait avant le moteur... Mais il fallait vraiment le voir pour le croire. Ils étaient en pleine nature, alors que le matin pointait le bout de son nez, et ils avaient crevé, et ils devaient apporter la nouvelle au QG, et ils étaient dans la merde. Steve serra tout les écrous, puis, une fois le cric baissé et retiré, il grimpa à nouveau en voiture. Il démarra. Pardon, il tenta de démarrer. La jeep toussa un peu. Il regarda Elizabeth puis lui sourit un peu, mais pas le genre de sourire joyeux, plutôt le genre de sourire gêné, le sourire de l'agacé de service. Il retenta la coup. Des nerfs, il tapa le volant, tenta une nouvelle fois de démarrer et... Parvint à démarrer.

- Je taperais plus fort la prochaine fois, histoire qu'elle démarre mieux. grommela-t-il.

Une fois qu'il eut démarré, il partit à nouveau. Le reste de trajet s'écoula sans trop de problèmes et ils arrivèrent plus tard que prévu au QG, mais ils arrivèrent. Certains vous direz que mieux que vaut tard que jamais, lui il pensait que mieux valait tôt que tard, mais pour cette fois, il s'en contenterait. Il gara la jeep au garage où il trouva quelques rebelles qu'il salua rapidement puis sortit. Claqua la portière. Tendit les clés à un mécano et déclara:

- Pour le moteur pas de souci, pensez juste à vérifier les pneus et à remplacer la roue de secours. Merci à vous les gars.

Il s'en alla sans demander son son reste et suivit Elizabeth qui avait pris la tête. Lui suivait, s'arrêtant parfois pour blaguer ou saluer quelques rebelles qu'il connaissait. Pitre de service, mais sérieux quand il le fallait, Steve était apprécié par la majorité des rebelles. Bien sûr, il lui arrivait d'être en froid avec quelques types, mais ça n'allait jamais bien loin, d'autant que l'agent de terrain était du genre à éviter les ennuis sans pour autant ne pas en avoir. Ils étaient attendus en salle de réunion. Bon, au moins savaient-ils où aller. Elizabteh s'arrêta devant la porte, Steve la regarda. Oui, il était temps de tout déballer. A ce jeu-là, et pour une fois, il allait la laisser faire. Elle avait assurer, et elle allait continuer, il le savait. Il s'esquiva légèrement et dans un petit geste comique déclara:

- Après vous mademoiselle.

Il n'avait rien perdu de son humour ou moins... Mais il devait bien admettre qu'il n'en riait pas autant que ce qu'il aurait voulu, et c'était compréhensible au vu des circonstances.

Invité

Comme souvent, je me trouvais les mains dans le cambouis, en train de contrôler un véhicule que l’on m’avait confié la veille pour que je puisse voir s’il y avait des pièces à changer ou autre. Il était tôt, très tôt même en ce début de matinée, mais cela ne me dérangeait pas, au contraire, je pouvais ainsi profiter du calme ambiant avant que l’agitation des habitants d’Asaria ne viennent animer la ville.

Concentré, je ne voyais pas le temps passer, et j’eus l’heureuse surprise de voir arriver l’une de mes collègues, Natacha, qui vint me trouver à l’improviste, pour passer le temps. Me relevant du moteur que j’examinais attentivement, je pris un chiffon à ma portée pour m’essuyer les mains, pleines de graisses de moteur avant d’aller à sa rencontre, la saluant.

« -Bonjour, Natacha, quel bon vent t’amène ? Des soucis avec ton bolide ? »

Souriant, je l’invitais à faire comme chez elle, avant de replonger dans mon moteur, à la recherche du moindre défaut, de la moindre pièce défectueuse. Je ne laissais jamais rien au hasard, il en allait de la vie des propriétaires de ces véhicules. Je prenais ainsi mon temps pour bien faire les choses, et cela me laissait tout loisir de faire cogiter mes méninges. Depuis quelques temps, je restais passablement tranquille, me limitant à mon garage et au QG du Faucon. Autant se faire un peu oublier après la soirée mouvementée de la Taverne, et le revers qu’avait connu la Milice. Je ne voulais pas avoir de problèmes avec eux, donc être discret était ma priorité.

Jetant de temps en temps un œil à ma comparse, parlant d’un peu tout est de rien, j’eus la surprise d’entendre deux bourdonnements, annonçant que nous avions tous deux reçus un message… Que ??

Me redressant vivement, m’essuyant à nouveau les mains du cambouis les maculant, je pris mon téléphone pour ouvrir le message… Une alerte des Rebelles, tout membre inoccupé devant s’y rendre au plus vite. Délaissant le véhicule, refermant le capot, je pris quelques minutes pour aller me débarbouiller, lançant des consignes à Natacha, en lui envoyant des clés de voiture, et désignant le véhicule qu’on empruntera.

« -Peux-tu allumer le contact ? Je me change et reviens, nous ne devons pas perdre de temps… Si tu es venue en moto, laisse là ici, il ne lui arrivera rien. Et répond leur qu’on y sera au plus vite.»

Je filais me décrasser et enfiler des vêtements propres et fonctionnels, avant de la rejoindre et de me mettre au volant et de démarrer, m’assurant qu’elle attachait sa ceinture, je ne voulais pas qu’il lui arrive quoi que ce soit.

Sortant des Dômes, j’accélérais l’allure dès que nous sommes arrivés dans les Terres Sauvages. L’urgence du message ne me disait rien qui vaille, et mieux valait ne pas traîner en chemin. Connaissant les coins traîtres de la route parfois inégale et fourbe, je conduisais vite mais avec prudence, nous menant tous deux à bon port dans les temps impartis. Descendant alors, je remis les clés à l’un des gars qui la garerait, avant de me tourner vers Natacha et de m’engager dans le QG, arpentant les couloirs d’un pas vif.

« -Cela ne me dit rien de bon. Une réunion d’urgence… Je me demande ce qu’il peut bien se passer… »

Maugréant, j’avançais jusqu’à la salle de Réunion,m'apprêtant à en actionnant l’entrée par mes codes et badges lorsque j'y vis Steve et Elisabeth y entrer. Au son des voix déjà présentes, je sus qu'au moins Roy, Anya et Evan était déjà là.. Chacun avait fait aussi vite qu’il le pouvait, ou était déjà sur place au moment de l’envoi du message. Faisant signe à Natacha de passer après Elisabeth, je les saluais, avant d'entrer après Steve.

« -Bonjour à tous. »

Humaine Rebelle

« Alors comme ça on profite de mon absence pour se battre Monsieur O’Donell ? »

Perchée sur une table, Natacha regardait Ethan travailler. Ayant du temps libre, elle était passée voir son meilleur ami à son garage. La plupart du temps, c’était elle qui se déplaçait. Ethan, possédant son propre garage, c’était bien plus pratique. On ne pouvait pas dire que le Luxor était un lieu facile d’accès pour les Humains. Natacha avait donc pris l’habitude de venir voir Ethan dès qu’elle le pouvait. Elle considérait ce dernier comme son meilleur ami et son sauveur à plus d’un titre. Non seulement, il l’avait tirée d’une mort certaine mais lui avait par la même occasion offert une toute nouvelle vie avec un nouveau but. Et Natacha n’était pas du genre à oublier ça. Mais bien plus encore que de la reconnaissance, elle éprouvait une profonde affection pour Ethan. La jeune femme se sentait bien en sa compagnie.

Taquine, elle le regardait avec un grand sourire sur le visage. Evan lui avait parlé de cet incident de même qu’Eli et Monsieur Roswell. Mais pris par leurs activités respectives, Natacha et Ethan ne s’étaient pas vus depuis un moment. La jeune femme profitait donc de ce rare moment pour passer une petite visite au jeune homme. Pour le voir et checker qu’il allait bien. Et puis traîner avec Ethan était toujours bien. Enfin, il travaillait tandis qu’elle restait dans le coin le plus souvent avec une bière à la main.

Ils devisaient de tout et de rien quand deux bips retentirent sur chacun de leur téléphone. Un petit coup d’œil dessus et déjà Ethan lançait ses clés à la jeune femme lui demandant de mettre le contact. Pas besoin de plus. Une alerte des Rebelles n’était pas quelque chose à prendre à la légère. La jolie brune hocha la tête tout en répondant

« Non je suis venue à pied. Je me déplace plus vite avec mes jambes en ville. Et puis je préfère garder mes vieilles habitudes… »

Son passé de voleuse était derrière elle maintenant, mais Natacha conservait cette habitude de se déplacer en ville à pieds. Elle connaissait les moindres recoins, les moindres passages. Cela l’aidait dans ses missions qu’on lui confiait. Parcourir la ville en long en large en travers, la Rebelle aimait cela tout en lui rappelant un passé sont elle était parfois nostalgique. Ce qu’elle éprouvait quand elle réussissait à entrer et sortir comme bon lui semblait des demeures asariennes, ce sentiment de toute puissance qui l’étreignait quand elle avait un de leurs objets dans les mains… Oui l’Espionne d’aujourd’hui était parfois nostalgique de la Voleuse d’hier. Mais pourtant, si on lui laissait le choix, elle choisirait encore d’embrasser la cause Rebelle. Grace à eux, elle avait enfin un but dans sa vie.

Après avoir mis le contact et ouvert la porte du garage, la jolie brune s’installa côté passager en répondant qu’ils se mettaient en routa tandis qu’un Ethan propre vint se mettre derrière le volant. Ils prirent aussitôt le chemin du Faucon. Ils en avaient pour un bon bout de temps mais si Nat’ connaissait la ville par cœur à pied, on pouvait faire confiance à Ethan quand il s’agissait des routes. Le jeune homme connaissait les raccourcis de la ville comme sa poche. L’ambiance au garage était détendue et bon enfant, mais là on sentait qu’elle s’était sensiblement tendue. Nat se demandait ce qui a bien pu se passer pour qu’une réunion d’urgence ait lieu…

Ils arrivèrent bientôt et la jolie brune suivit son ami vers la réunion.

« A ton avis, c’est pourquoi cette réunion ? Pourquoi nous convoquer aussi vite ? »

Natacha regarda Ethan une lueur interrogative dans ses beaux yeux verts. Il fallait que ce soit d’une extrême importance pour ne pas prévenir un peu à l’avance pour avoir le plus grand nombre d’agents possibles. Hochant la tête à la réponse du jeune homme, la brune ne put que partager son appréhension. Cela ne sentait pas bon. Arrivés à la porte, ils virent Steve et Ely. Arquant un sourcil devant ce duo un peu inhabituel, Nat’ ne dit rien et les salua. Après tout, elle était bien arrivée en compagnie d’Ethan. Entrant à la suite de son amie, la jeune Rebelle salua les personnes déjà présentes.

« Bonjour tout le monde »

Humaine Rebelle

HRP : IL N'A PAS D'ORDRE POUR POSTER
FAITES -VOUS PLAISIR

Donner trop d’éléments via une radio, je savais que cela pourrait déclencher l’angoisse au QG. Déjà que nos informations n’étaient pas bien joyeuses. J’avais donc préféré miser sur un résumer assez succinct à Evan sous l’œil complice de Steve. Nos deux leaders étaient occupés en mission d‘infiltration et LookOut était seul maitre à bord du Faucon. J’avais coupé la radio en attendant une dernière réponse de sa part. Le chemin de terre était parsemé de cailloux plus ou moins gros et la jeep sautait dans un tourbillon de poussière. Le ciel s’éclaircissait. C’était un bon signe pour nous les Humains. Plus aucun Asarien ne se risquerait à rouler en pleine journée. Les rayons de l’astre solaire étaient mortels pour leur nature mutante. Je fixai nerveusement cette radio qui me délivrerait tôt ou tard les ordres d’Evan. Sa voix résonna quelques instants après. Il affirma le lancement du signal pour le rassemblement des rebelles au QG. Il avait étudié rapidement et avec brio la situation : nous étions en chemin, mais encore loin du Faucon et les autres membres auraient eux aussi de la route à faire.

- Reçu 5 sur 5 Evan. Point de rassemblement dans 3h30. Fin de communications.

Je rangeai la radio dans la boite à gant de la jeep et je refermai le petit loquet. Je trépignais d’impatience et mon pied tapait en rythme effréné sur le sol de la jeep. Pas moyen de faire passer cette manie que j’avais quand je savais que le temps nous était compté. Steve faisait tout son possible pour accélérer le vieux véhicule sur un terrain très accidenté. Un bruit sourd vibra autour de nous et mon coéquipier dût arrêter brutalement la jeep. Je compris très vite qu’on venait de perdre un pneu et je sautai de mon siège pour voir le triste résultat. Mon partenaire rouspétait ce qui me fit sourire brièvement malgré la merde dans laquelle nous étions.

- Le coup de la panne, on ne me l’avait jamais encore fait Roswell !

On se partagea le boulot. La jeep contenait des caisses dans lesquelles se trouvait le matériel pour changer une roue. Je dévissai les écrous et je laissai la place à Steve pour remettre un pneu en état de nous conduire à notre réunion. On reprit nos places dans le véhicule qui avait décidé de n’en faire qu’à sa tête. Pour avoir la poisse, on l’avait et ce n’était pas le bon jour pour ça ! Le moteur tressauta, mais il ne semblait pas vouloir démarrer. Je croisai mes bras contre ma poitrine en espérant qu’on arriverait au moins d’ici la nouvelle nuit. Qui sait, peut-être même que d’autres Rebelles viendraient à notre rencontre. Steve tapa violemment le volant et le moteur siffla. La jeep trembla et se remit en chemin. Si on avait eu un peu d‘avance sur les autres au début, nous serions à présent les derniers à arriver, aucun doute à ce sujet. Les heures paraissaient s’étirer sans jamais trouver une fin. Pour passer ce foutu temps, on parla de tout et de rien, mais on n’aborda plus le sujet qui nous brûlait les lèvres.

Le chemin secret et protégé pour atteindre le nid du Faucon était face à nous. Pour les curieux qui passeraient ici - et j’en doutais un peu, car nous étions vraiment paumés au beau milieu de la nature- ils ne verraient que l’entrée d’une grotte, large certes, mais totalement cachée par des feuillages épais. Steve arrêta la jeep, j’en descendis et je dégageai avec mes mains l’entrée. Il y fit glisser le véhicule et alluma les phares tandis que je reprenais ma place. La jeep suivit le chemin souterrain qui passait sous toute la montagne. Ce passage était déjà là quand les fondateurs de la rébellion avaient décidé de placer leur QG ici. J’étais persuadée que les terres sauvages grouillaient de ce genre d’endroit, crées pas l’homme jadis. Arrivés au bout de ce chemin caverneux, les Nôtres avaient placé un système de sécurité. Nous n’avions rien à faire qu’à nous laisser scanner par un faisceau lumineux et un sas se souleva pour nous faire entrer de plein pied dans le Faucon. Steve gara le véhicule et donna quelques instructions pour son entretien, puis on fila vers les ascenseurs qui nous mèneraient aux étages supérieurs. Je tenais par la hanse, et avec une certaine nervosité, la glacière qui contenait quelques échantillons qu’on nous avait remis. Nos regards se croisèrent quelques secondes. J’avais l’impression de porter tout le poids de notre monde sur mes épaules et Steve devait penser la même chose. J’étais avant tout une femme de terrain qui agissait. Prendre la parole devant les autres Rebelles, cela ne faisait pas partie de mes attributions. Mais aujourd’hui, j’allais devoir laisser mes états d’âmes de côté.

Les portes de l’ascenseur coulissèrent et on continua notre marche jusqu’à la salle de réunion. Mon partenaire ajouta un petit trait d’humour et je badgeai le petit boitier qui actionna l’entrée. A ce même moment, on fut rejoint par Ethan et Natacha que je saluai d’un mouvement de tête. A l’intérieur, d’autres agents du Faucon nous attendaient : Anya, Roy et bien sur Evan.

- Je vous en prie, prenez place. L’histoire va être très longue.

Pendant que tous les Rebelles prenaient un siège autour de la table ronde, j’en profitai pour me désaltérer avec une bouteille d’eau. Les thermos de cafés trônaient déjà, mais j’étais assez à cran comme cela pour ajouter de la caféine. Je lançai un regard à Steve qui m’incita à commencer la première. Je devais leur faire un petit topo avant de me lancer dans les données que nous avions obtenues.

- je vais tenter très la plus claire possible. Nous avons récupéré beaucoup d’informations cette nuit au dispensaire. Pour résumer la situation, Evan et Diana avaient découvert, grâce au personnel du dispensaire, que plusieurs patients souffraient de brûlures et d’infections pulmonaires. Tout cela provenait de la décharge.

Mes yeux se posèrent sur chaque individu de présent dans la salle. Chaque détail avait son importance.

- Evan et Diana sont allés à la déchetterie et ils se sont aperçus que le secteur était irrespirable quand on s’y approchait de trop près. D’où les soucis de santé. En ce qui concerne les brûlures des habitants du bidonville, ils ne savaient pas à quoi cela était dû. Ils avaient découvert que quelque chose se reflétait sur les tas de détritus. La seule solution qui s’offrait à nous, c’était d’aller voir les responsables du dispensaire et d’en discuter avec eux. Steve et moi avons été choisis par Evan pour mener cette mission de contact.

Le visage fermé de Roy et ses prunelles qui me scrutaient me dérangèrent l’espace d’un instant. L’impression qu’il aurait voulu me parler en tête à tête avant toute cette réunion ne m’échappa pas. Je me trompais peut-être.

- Nous avons été reçus par l’un des médecins. Elle n’était pas seule dans son bureau. Il y avait des Pacificateurs.

Un brouhaha s’éleva dans la salle et je levai ma main pour demander le silence.

- S’il vous plait ! Oui, nous avons discuté avec eux, car eux aussi ils avaient des informations capitales. Nos maigres renseignements ont rejoints les données qu’ils avaient en leur possession. Maintenant, nous avons des réponses à plusieurs de nos questions et même beaucoup plus …

Je ne pouvais pas annoncer tout ce que nous avions appris d’une manière abrupte ou alors trop simpliste. Je n’étais pas là non plus pour lister les prochaines courses pour un repas de fêtes. J’allais devoir procéder étape par étape. Je posai la glacière sur le rebord de la table, devant moi.

- A l’intérieur, se trouve des échantillons que les Pacificateurs nous ont remis pour qu'on puisse les analyser de notre côté. Ils nous ont appris qu’il y avait une petite faille au niveau du dôme et qui donnait directement sur la décharge. Cet infime faisceau de lumière, invisible à l’œil humain, se répercute sur les déchets puis sur les personnes qui passent dans son rayon. Et vous savez aussi bien que moi qu’il y a de tout là-bas. Ces échantillons renferment des déchets rendus toxiques. Ces déchets soumis au rayonnement s’infiltreraient dans les nappes phréatiques provoquant la pollution de l’eau …

Je me tus pour leur laisser le temps d’emmagasiner toutes mes paroles. Je savais que les questions allaient pleuvoir et je n’avais pas terminé de tout leur révéler.

Invité

« Je ne bosse pas aujourd'hui alors j'ai tout mon temps. »

Comme venait de le souligner Evan, il était effectivement assez rare que Anya assistât à toutes les réunions, celles-ci tombant souvent à des heures et des jours où sa présence était requise au marché aux esclaves. De fait, la mamz'elle n'était donc pas toujours au courant de tout – ou en tout cas pas tout de suite – mais elle s'en accommodait toutefois parfaitement puisqu'elle savait que cette couverture pourrait un jour leur être utile. Sans compter que moins elle en saurait et moins elle pourrait en dire en cas de problèmes …

Mais pour l'heure, il convenait surtout d'attendre les autres pour savoir quelle raison avait motivée cette réunion, et la brunette s'était donc laissée tomber sur une chaise après d'être servie une tasse de café, sirotant la boisson tout en saluant ses collègues qui arrivaient doucement mais sûrement. Et lorsqu'enfin Elisabeth et Steve furent là, les choses sérieuses purent commencer et les informations partager … et bordel, quelles informations ! Si tout cela se révélait exact, il allait effectivement y avoir un énorme problème à traiter. Mais justement, le soucis principal qui fit aussitôt ''tilt'' dans l'esprit d'Anya, ce fut que la source de ces informations était discutable et plus que sujette à questionnement !

« En gros, les échantillons, les suppositions, les informations … bref, tout nous vient des Pacificateurs ? »

Si la brunette avait initialement participé au brouhaha général rapidement dissipé par Elisabeth, son ton était toutefois plus neutre cette fois-ci, et ce même si la perplexité était plus que visible sur son visage affichant un rictus méfiant. Peu enjoué. Et qui tourna rapidement à la grimace de dégoût !

« On ne peut pas faire confiance à ces types, d'autant plus si tout vient d'eux et que vous n'avez rien pu constater par vous-même. Cette histoire sent juste l'embrouille à des kilomètres, on va se faire baiser si on commence à suivre leurs conneries ! »

Les Pacificateurs … elle ne les sentait pas, elle n'avait aucune confiance en eux !
Après tout, la Paix pouvait s'obtenir de mille et une manières différentes, dont beaucoup d'entre elles ne seraient pas forcément favorables à des Humains déjà largement désavantagés face aux Asariens.

Invité

J'adressai un salut à la nana qui venait d'entrer, compromettant ma quête d'information au sujet de Pearson. Le genre de salut bref et aussi chaleureux qu'un esquimau en plein blizzard. Un rictus ponctué de "Hinhin" à la con. Puis sans me soucier davantage de la fille qui bossait pour les renseignements d'après mon vague souvenir, je répondis à Evan.

- Je peux certainement en avoir cinquante en deux fois, si j'ai de quoi payer... Je demanderai jamais plus de vingt cinq unités à la fois. Si le dealer sent que notre demande est forte, il va monter ses tarifs. Elle est comment l'urgence de Pearson ? Elle est où ? Qui la couvre ?

Pourquoi je me sentais énervé que Shadow soit en situation d'urgence sans moi ? Pourquoi me sentir énervé pour ça m'énervait encore plus ? Franchement, ça me mettait sur les nerfs de m'énerver pour si peu et je sortis ce que je sortais toujours en pareille occasion.

- Tain, ça va chier !
Parler à Pearson ? Non, j'vais éviter. Les ordres sont les ordres et elle a fait que les suivre si je comprends bien. Mais bordel, Evan, je suis pas préposé aux courses d'habitude. Arrêter de me foutre des missions de logistique alors qu'il y a des explorations de terrain en cours. Roswell pouvait pas aller les acheter les Famas au lieu de jouer l'homme de l'ombre pour elle ? Ethan va m'entendre ... Ça va chier, sérieux, ça va chier ...

Ma tirade fut interrompue par l'arrivée de plusieurs des nôtres dont les deux oiseaux en question. Je répondis à leur bonjour par un "hmmpff" accompagné d'un vague geste du menton. Je jaugeai Roswell en émettant un petit claquement de langue... Okay, un jeunot... Elle avait envie de jouer la retape avec un nouveau né ? Après tout , ça se défendait. A cet âge, ils étaient plus faciles à manœuvrer que les vétérans. Et voilà que pour couronner le tableau un autre duo se pointait. Ethan et Natacha. Fallait qu'il s'abrite derrière une meuf pour éviter une explication avec moi ? Je jetai un regard ironique à Evan avant de marmonner dans ma barbe

- C'est quoi ce bordel ? On m'a interrompu dans une négociation vitale pour me faire venir à une nouvelle version de "tournez ménages" ? Evan, ma poule, tu veux pas que je couvre tes miches ? Ou alors celles de l'esclavagiste ? On met cartes sur table et on redistribue le jeu ? C'est ça ?

Mais Evan eut à peine le temps de me jeter un regard de travers que Pearson nous demandait de prendre place autour de la table pour écouter une longue histoire. Tout ce que j'aimais ... J'écoutai ce conte à dormir debout et jetais des regards furibonds à Evan. Alors c'était lui qui avait envoyé Pearson et Roswell en mission et non Ethan. Alors il savait et Diana aussi, depuis quelques jours que la décharge était pourrie mais ils n'avaient pas jugé bon de nous en informer. Je fronçai les sourcils en songeant que Pearson savait forcément aussi... A moins que ces enfoirés l'ait envoyé faire une mission "à l'aveugle ". Et Evan qui me pompait le dard avec ses beaux discours, pas plus tard que cinq minutes auparavant " la communication est très importante dans une équipe" .

- Communication mon cul !

La phrase m'avait échappé assez fort pour que chacun l'entende. Je bouillonnais aussi pour d'autres raisons et à travers ma colère, je rejoignais totalement l'analyse de la gamine qui avait interrompu notre conversation au début de la réunion.

- Si je comprends bien, il faut attendre que les tafioles de Pacificateurs gueulent au feu pour qu'on se bouge le fion et que ... surtout vous nous informiez de la situation ? La gamine a raison. On ne peut pas faire confiance à ces types. Un bon pacificateur est un Pacificateur mort pour moi. Ce ne sont jamais que des collabos ou des agents du gouvernement qui infiltrent les réseaux de résistance en faisant croire aux pigeons d'humains qu'ils peuvent espérer rouler des pelles aux Asariens sans se faire planter la gueule. Après, si vous dites qu'Evan et Diana ont fait le constat par eux-même concernant la décharge, je veux bien penser que c'est vrai. Mais putain! Pourquoi avoir attendu si longtemps pour nous mettre au parfum ? A tout hasard, je signale que j'étais dans le Bidonville aujourd'hui et que j'aurais pu, je dis bien j'aurais pu, en profiter pour glaner des infos dans la population. Auprès de mes contacts, enfin des choses dans ce genre ...

Je me sentais furieux, en colère, sur la touche, mis à l'écart, et surtout terriblement inutile. Je me levai, prêt à quitter la réunion à peine commencée.

- C'est pas pour dire, elle a raison, poursuivis-je en désignant la petite brune. Et j'ai pas envie de me faire baiser par ces lopettes de Pacificateurs, ni par le Gouvernement, ni par vous ! Alors si vous le permettez, je vais finir la mission que vous m'avez assigné : les courses. Qui veut que je lui ramène du dentifrice ?

Et je ponctuai ma dernière phrase d'un sourire crispé et exagéré dévoilant toutes mes dents.

Invité

Steve et Elizabeth arrivaient en bon dernier, mais à la grande joie du rebelle, ils n'étaient pas les seuls puisque venaient Ethan et Natacha juste après eux. Lorsqu'ils rentrèrent, Steve prit place dans un fauteuil à côté de Elizabeth alors qu'il avait salué tout le monde d'un grand geste. Dans la salle se trouvait déjà Evan, qui assurait en l'absence de Diana et Duncan le commandement temporaire des rebelles. Steve se fiait d'ailleurs volontiers au jugement d'Evan et le comptait parmi ses amis. Moins connu de Steve, quoiqu'il en ait entendu parler, se trouvait aussi Roy, le partenaire d'Elizabteh en temps normal... Et il tirait actuellement une drôle de gueule. Il avait l'air assez sombre, mais Steve n'aurait pas sur dire pourquoi. Par la suite, non loin de lui se trouvait une jeune femme, séduisante brunette à l'allure un peu rebelle qui semblait un peu plus détendue à première vue, quoi qu'il valait mieux ne pas se fier aux apparences. Steve prit place et laissa donc Elizabeth commençait. Ils avaient à peu près le même âge, mais elle avait plus d’expérience, et il l'admettait sans mal. Le flot d'informations qu'elle s’apprêtait à faire parvenir aux oreilles des rebelles risquait fort de surprendre les rebelles présents, mais il était nécessaire que tous soient mis au courant. Elizabeth commença avec une petite phrase d'introduction, plongeant ainsi les rebelles présents dans le contexte qu'ils subissaient. Par la suite, elle résuma rapidement les trouvailles de Diana et Evan avant d'enclencher sur leur propre mission. Au moins, les rebelles comprendraient comment on en était arrivé à la situation présente. Steve laissa parler Elizabeth, se laissant aller dans ses pensées sans toutefois perdre sa concentration.

Par la suite, la jeune femme leur expliqua le déroulement de leur mission et ce qu'ils avaient appris. A entendre ça, on ce serait cru dans un film, une rencontre dans un petit bureau fermé, entre quatre yeux, des informations importantes, on avait presque tout pour faire un beau James Bond. La réalité était plus inquiétantes et plus importantes. Ce qu'ils avaient appris, ils allaient devoir s'en servir pour sauver, car oui tel était le mot, la population des bidonvilles qui risquaient de mourir rapidement si personne ne faisait rien. Steve se cala sur sa chaise, l'air un peu désinvolte, mais préféra rapidement reprendre une position sérieuse. Croisant ses mains sur la table, il écouta finalement Elizabteh avant que le brouhaha ne s'installe quand à l'annonce de la place des pacificateurs dans cette histoire. Steve comprenait la réaction des quelques rebelles qui avaient pris place autour de la table, et il admettait là aussi sans aucun mal qu'à leur place, il aurait eu le même raisonnement. Mais les choses avaient changés, et son raisonnement aussi. Finalement, il préféra se taire et laissa Elizabeth terminer son histoire. A la fin, le silence ne régna pas bien longtemps, et la brunette se jeta la première à l'eau en exprimant clairement ce qu'elle pensait. Steve aurait tenu le même raisonnement il y avait quelques heures avant ce qu'il venait de vivre. Mais là, ce n'était plus pareil. Il n'eut pas le temps d'émettre son avis que Roy finit par s'exprimer, visiblement énervé.

Bon, Steve ne savait pas ce qu'il avait aujourd'hui, mais le tireur d'élite n'était visiblement pas de bonne humeur. En temps normal Steve lui aurait répondu et aurait peut-être envenimé la situation, car il faut le dire, il aurait usé d'un humour un peu noir et même idiot qui aurait sans doute fortement déplu au partenaire de Shadow, mais pour une fois il ferma sa gueule, et ça c'était clairement un miracle. Roy était, d'après Steve et ses déductions, déçu de ne pas avoir servi et de ne pas avoir été informé de la situation plus tôt. Evan reçut de plein fouet la critique, et si Steve ne sut pas dire si elle lui avait fait mal ou s'il l'avait mal pris, il devait bien admettre que le rebelle avait été touché mais qu'il avait l'intelligence de connaître Roy et de ne pas répondre. L'avis de Roy quand aux pacificateurs était celui d'a peu près tout le monde. Même Steve admettait qu'il ne leur faisait pas vraiment confiance, mais dans un cas comme celui-ci... Ils n'allaient pas pouvoir compter sur leurs propres forces. Même si toute la Rébellion venait à mettre la main à la patte, il n'y aurait pas les effectifs nécessaires, et inutiles d'être diplômé pour savoir cela ou encore d'être un rebelle vétéran. Roy, enervé, et Steve n'en connaissait pas vraiment la raison, finit par se lever et fit mine de quitter la réunion avant de se retourner pour annoncer ce qu'il allait faire. Face à la blague de dernière minute, Steve en aurait bien ri, mais vue les récents événements... Il ne trouvait plus vraiment la force de rire. Finalement, il répondit a Roy, et aussi à l'ensemble de l'équipe présente, mais surtout à Roy puisqu'il sortait:

- Moi, personnellement, je veux bien que tu me trouve quelques camions, et de quoi transporter de l'eau, des barils, ou des grosses bouteilles, enfin, tu vois l'genre.

Et bien sûr, ça n'allait pas calmer le guerrier ce genre de répliques, mais ça avait au moins le mérite de tenir Roy dans la pièce. Du moins pour le moment. Malgré tout, Steve était, à cet instant précis, bien loin de plaisanter lorsqu'il parlait de camions, ou de barils. Il allait falloir ravitailler la population en eau potable et rapidement si l'on ne voulait pas voir les bidonvilles se vider en moins de temps qu'il ne fallait à la milice pour faire sauter une bombe. Steve, devant la perplexité de chacun finit par prendre le parole et déclara:

- Ecoutez, fût un temps où j'aurais tenu le même discours que Roy. Pour moi les pacificateurs ne sont pas digne de confiance, et je ne partage pas vraiment leurs idéaux, malgré tout les choses ont changés. Il faut voir la réalité en face. Je sais que je ne suis certainement pas le plus expérimenté dans ce genre de situations, ni même le plus qualifié, mais il n'y a nul besoin d'avoir un diplôme où d'être un ancien pour comprendre que seuls, nous ne sauveront jamais les bidonvilles...

Il s'arrêta laissant un peu de temps aux rebelles pour digérer ces paroles. Finalement, il reprit avant que quelqu'un ne lui coupe la parole.

- Oui, les échantillons, les informations, toutes les suppositions que nous avons, oui, elles nous viennent, pour la plupart des pacificateurs, mais réfléchissez au moins à ça: Pourquoi ces types auraient pris le risque de parler avec nous, et de s'identifier comme des pacificateurs alors qu'ils sont chassés, au même titre que nous, par le gouvernement, hein? Vous pensez qu'il nous aurait révéler des informations comme celles-ci par le plaisir? Ben oui tiens, ça pouvait être marrant... Non, ils l'ont fait parce qu'ils savent que seuls ils ne peuvent rien. Il faut ouvrir les yeux car nous allons avoir du mal à faire quelque chose seul.

Il s'arrêta pour reprendre son souffle avant de fixer Evan dans les yeux et de déclarer d'un ton sûr:

- Je pense que nous allons devoir apprendre, pour une fois, à mettre nos différents et nos idées de côtés pour unir nos forces afin d'aider avec une efficacité maximale la population des bidonvilles. Nous ne sommes pas obligé de le faire, mais c'est à nos risques et périls. L'eau va être contaminés très vite, pour ne pas dire qu'elle l'ai déjà, c'est pourquoi il va falloir que nous trouvions un moyen de ravitailler la population en eau et le plus vite sera le mieux. Cela ne veut pas non plus dire que nous devrons obéir ou commander aux pacificateurs, mais que nous devrons coopérer, rien de moins, rien de plus.

Steve s'arrêta là. Il était rare qu'il parle ainsi, et il savait que l'avis qu'il donnait n'était pas celui des rebelles, mais quand on avait vu ce qu'il avait vu ce soir là, quand on avait entendu tout cela, on changeait vite d'avis pour un petit temps de peur de voir les autres mourir autour de soit. Si Steve n'avait jamais été vraiment d'accord avec les pacificateurs qu'ils considéraient plus comme des lâches qu'autres choses, il devait bien admettre que les pacificateurs avaient des informations plus qu'utiles et qu'ils pourraient, dans cet immense combat pour la survie de l'homme, être utile. Les deux camps allaient devoir s'unir... ou se battre. Mais il allait falloir choisir, et vite.

Invité

Arrivés en même temps qu'Elizabeth et Steve, Nat et moi sommes allés nous asseoir, comme nous le demandait Shadows. Elle semblait être très concentré, et sans un mot, ou presque, nous l'avons tous écouté faire son rapport, et préciser un peu plus ce qui l'avait motivé à déclencher l'état d'alerte. D'après elle, le Dôme des Bidonville était touché par une défaillance, et des cas de brûlures et autres problèmes en résultaient sur les humains y habitants. Les nappes phréatiques seraient également touchées.... Ce n'était donc pas seulement les Humains qui étaient en danger... Mais bien tout Asaria entière. Le fait qu'elle se soit entretenu avec des Pacificateurs ne plu pas à tout le monde, loin de là. Anya, jeune recrue, et Roy le co-équipier d'Eli réagirent vivement à cette annonce, refusant une entente quelconque avec eux. Mais Steve les recadra.

Les écoutant tous silencieusement jusque là, j'entendais bien leurs arguments à tous. Et si je ne faisais que moyennement confiance aux Pacificateurs, j'avais une confiance totale en chacun de nos éléments. Si Steve et Eli disaient leurs contacts fiables, alors ils l'étaient aussi pour moi. L'heure n'était plus aux mésententes, mais bien à l'union pour notre survie. A présent, il nous fallait effectivement nous serrer les coudes.

"-Steve et Eli ont raison. Les Humains, quels qu'ils soient doivent s'unir. Nous sommes tous potentiellement en danger, face à cette fissure, à l'eau polluée. Ce sont des frères et des soeurs. Nous devons leur tendre la main, et chaque personne luttant contre le gouvernement comptera dans la balance, qu'elle soit Rebelle ou Pacificatrice, ou autre. Toute aide sera la bienvenue. Seuls aucun ne parviendra à tenir tête à ces Longues-Vies. Le ravitaillement en eau potable est un bon début. Viendra ensuite le problème du logement, ils ne pourront pas rester longtemps dans de telles conditions, il leur faudra un endroit viable."

Je m'étais redressé, assis droit sur mon siège, fixant les récalcitrants. Nous étions tous des têtes de mûles, quand nous le voulions, mais il arrivait parfois des moments où l'on devait savoir réfléchir et prendre des décisions nécessaires, même si elles ne nous plaisaient pas.

"-Certains des nôtres doivent bien avoir les capacités nécessaires pour analyser ces échantillons, non? Qu'ils fassent leur propre expertise, confirmant les résultats des Pacificateurs, ou les infirmant, bien que j'en doute. Cela devrait finir de vous convaincre d'une possible collaboration, non? Qu'avez-vous découvert d'autres, Steve? Elizabeth?"

HRP:

Leader des Rebelles Humain

Très souvent Evan se demandait comme Duncan arrivait à gérer les membres du Faucon. Lui, ils les avaient vus tous passé dans son bureau à un moment ou à un autre pour le recrutement. Il ne conversait avec qu’eux que durant quelques séances, rarement plus de trois, non pas pour confirmer la décision du chef, mais pour établir un profil. Evan n’était pas psychologue de base, ce n’était pas son job, pourtant il devait jouer les analystes et les observateurs auprès de ces hommes et de ces femmes qui voulaient intégrer la Rébellion. Roy Cooper était un sujet extrêmement difficile à étudier tout comme sa coéquipière, Élisabeth Pearson. Ils se ressemblaient beaucoup dans leurs caractères, ainsi que dans leurs façons de bosser. Aussi tenaces et obstinés, les deux agents n’avaient pas rendu la vie facile à tout le monde quand on leur avait exigé qu’ils bossent ensemble. L’histoire avait suivi son chemin et Evan s’était intéressé à leur relation naissante. Un accord tacite s’était installé entre Shadow et HawkEye. Un accord qu’eux-mêmes avaient des difficultés à comprendre. C’était la conclusion d’Evan devant l’attitude de Roy. Le tête-à-tête entre les deux hommes fut interrompu par l’arrivée de l’agent Valkerian qu’il salua, ce qui n’arrêta pas le Rebelle dans ses explications. « Tu peux baisser d’un ton Roy, je ne suis pas encore devenu sourd. On ne t’a rien foutu entre les pattes ! C’est toi qui es en contact avec ce dealer ! Pourquoi aurions-nous dû mettre un autre agent dans cette mission ? Alors que tu as la confiance de ce réseau ? »

Il n’avait pas osé monter le ton, ce n’était pas dans sa manière de faire sauf si on l’y poussait. D’autres rebelles se pointèrent dans la salle de réunion et Roy continua ses ronchonnements dans sa barbe envers Ethan et Natacha qui arrivaient. Evan allait rétorquer une réponse incisive quand le duo que tout le monde attendait entra dans la pièce. Son œil expert remarqua la fatigue et le sérieux des deux agents de terrain. Il prit place comme chacun ici à l’invitation d’Élisabeth. La tension était électrique et Evan allait devoir jouer les négociateurs et temporiser toutes ces personnalités hautes en couleur. Comme il avait toujours l‘habitude de faire, le Recruteur de la rébellion ne se mettait jamais en avant et il ne prenait la parole qu’une fois le tour de table passé. Élisabeth se lança dans le début du récit et elle résuma ce qu’il avait découvert avec Diana quelques jours plus tôt. Plus l’histoire avançait dans les évènements et au plus les mécontentements s’élevaient. C’était à prévoir et rien ne le surprenait.

Les Rebelles et les Pacificateurs se battaient sur deux voies différentes. Pourtant, Duncan avait toujours fait en sorte d’entretenir une bonne relation avec la leader de ce groupe. Evan qui la connaissait depuis plusieurs années, avait rencontré par hasard Mara Jade, il y avait peu à la Taverne, lors d’une soirée très étrange dans tous les domaines. Il se passa la main sur le visage et ferma les yeux pour mieux se concentrer sur les paroles de l’agent Valkerian, la première à réagir. Le second à se faire entendre, et cela ne l’étonna pas non plus, fut Roy qui avait une dent contre sa partenaire et Steve, mais de là à laver leurs linges sales en pleine réunion, cela n’était pas concevable. Roswell sentit que la réunion ne se passerait pas aussi facilement que prévu et il appuya les dires de Shadow. Ils étaient complémentaires et c’était aussi un détail qui n’avait pas dû échapper à HawkEye. Il hocha la tête parce que s’il s’était tenu silencieux, il était en accord avec Steve et l’alliance qu’il faudra constituer avec toutes les âmes capables d’apporter de l’aide aux innocents. Avant qu’Evan n’intervienne, il laissa son ami Ethan confirmer ses pensées. Il inspira un grand coup et se leva de son siège. « Autour de cette table agent Cooper, il y a des Rebelles et non des pitres de bas étages. Vous remettez votre cul sur ce siège et vous fermez votre gueule sauf si vous avez des idées ou des commentaires pour faire avancer toute cette histoire. De plus ! Agent Cooper et Agent Pearson, vous resterez avec moi une fois cette réunion terminée … et mon ordre n’appelle aucune réponse négative ni aucune protestation … »

Evan était respectueux de ses semblables et il avait cette force tranquille qui appelait à lui faire confiance. Il n’usait guère de son statut qui le plaçait comme un co-leader quand les deux figures emblématiques du groupe se retrouvaient sur le terrain. Ce matin dans cette salle, il ne pourrait pas échapper à cela. « La méfiance envers les Pacificateurs est juste et je vous comprends. Nous ne combattons pas pour les mêmes raisons et nous voyons un futur très différent pour Asaria et les Nôtres. Je n’ai jamais apprécié leurs méthodes et leur utopie. N’oubliez pas que notre chef, Duncan, pour des raisons qui lui sont personnelles, a toujours fait en sorte d’entretenir des relations neutres avec leur leader. Si le danger menace toute une population prisonnière d’un dôme, il va falloir prouver qu’on est beaucoup plus que des pitbulls ! Restez aveugles devant ce qu’ils nous ont dévoilé, cela ferait de nous des Êtres bornés et … idiots. »

Cela plairait ou pas, il ne s’attardait pas à écouter les divers murmures. « Je peux vous assurer que cette décharge est très dangereuse pour avoir, moi-même et Diana, respiré ces émanations. Nous ne faisions que passer, mais imaginez tous ces gens qui vivent non loin de là. A côté de la décharge, il y a un terrain où les enfants jouent. La santé de la population devient inquiétante et qu’est-ce que vous proposez ?! La seule chose que j’entends c’est de ne pas faire confiance aux Pacificateurs et que cela sent l’embrouille !! Parce que les brûlures que j’ai vues sur des gamins sont des embrouilles agent Valkerian ? »

Maintenant, il avait au moins l’attention du groupe. « La pollution de l’eau est très grave ! Elle sert quotidienne dans la vie de chacun : se laver, boire et même pour les repas, laver les légumes, faire bouillir. Et qu’est-ce que vous en déduisez ? Que tout ceci est une plaisanterie qui serait montée de toute pièce par les Pacificateurs ? On va analyser ses échantillons et on va écouter la suite d’Élisabeth et de Steve. Continuez. »

Il dévia son regard vers Ethan qui lui affirmait son soutien. Evan reprit sa place et reposa son attention sur Shadow.

Invité

« Je préfère être une idiote en vie plutôt qu'une idéaliste morte. »

Dans le silence qui avait suivi les déclarations d'Evan, la voix de Anya n'avait pas tardé à se faire entendre – calme malgré le message lourd – et la demoiselle se fendit aussitôt d'un soupir désabusé le temps de canaliser ses pensées pour mieux les exprimer. Pour mieux les mettre en forme, et surtout pour les mettre en forme et les exposer sans se montrer trop tranchée dans son opinion ni trop agressive. Quelle ironie de se dire qu'elle y parvenait très naturellement lorsqu'elle vendait les siens aux Asariens, mais qu'elle galérait tout de suite plus lorsqu'elle se retrouvait au milieu d'autres Rebelles !

« Sérieusement, c'est pas une question de savoir qui a la plus grosse ou qui a la plus noble, c'est juste une question de pure logique : avant d'être des Pacificateurs, ces mecs-là sont surtout des Asariens, et c'est carrément utopiste de penser qu'on peut leur faire confiance. Steve, tu parles de risques pour eux, mais qui sait si ces types ne vous ont pas été envoyés par le gouvernement pour mieux vous identifier ? Qui sait si tout ça n'est pas qu'une gigantesque embrouille – et je maintiens le mot – pour pouvoir identifier à coup sûr tous ceux qui vont aller s'agiter aux alentours de la décharge ? Puis merde d'ailleurs, on dirait que vous tombez des nues en apprenant que c'est dangereux de vivre au milieu des déchets, mais me dites quand même pas que vous aviez cru que c'était sain de vivre dans le Bidonville ?! Les Asariens nous obligent à vivre dans la merde, alors soyez pas cons et avisez enfin ce que ça signifie ! »

Bon d'accord, ce n'était pas vraiment diplomate … ni au début ni à la fin d'ailleurs, et pas davantage au milieu. Mais après tout, il fallait tout de même être réaliste quelque fois, surtout lorsqu'il était question de ces Asariens au milieu desquels elle vivait et travaillait, et donc elle pouvait constater la putréfaction morale chaque jour qui passait. Son racisme, elle l'assumait parfaitement et le maintenait : un bon Asarien était un Asarien mort !

« Et puis franchement, vous me faites rire à croire ces Asariens ! Ce sont des crevards et des rats, il n'y a rien à attendre d'eux, et c'est juste totalement con de s'imaginer qu'ils ne sont pas tous comme ça. Entre leurs famille, leurs proches, leurs amis d'un côté … et des objets et des animaux de l'autre, vous croyez sincèrement qu'ils vont nous choisir ? Vraiment ?! La paix des Pacificateurs, elle est claire comme de l'eau de roche : une fois tous les Humains joyeusement trucidés, ils seront en paix et on se sera fait baiser comme des cons ! »

C'était tellement évident qu'elle se faisait l'impression de pisser dans un violon en le répétant encore une fois. Mais si jamais certains des siens voulaient constater cette déchéance de leurs propres yeux …

« Mais au pire si y'a des volontaires, j'peux faire le tour du proprio à certains ! J'ai un super boulot et un super appart' après tout, donc autant en faire profiter du monde si jamais vous voulez voir vos Asariens à l’œuvre dans leurs petits quotidiens. »

Elle avait beau respecter chacune des personnes présentes ici, il n'en demeurait pas moins qu'elle n'était pas prête à se compromettre par faiblesse, et son air déterminé en était le premier des témoins.

Humaine Rebelle

En arrivant dans la salle de réunion, Natacha vit qu’ils étaient bon dernier. Roy, le partenaire habituel d’Ellie, semblait assez remonté. Parce qu’Ellie n’était pas avec lui ? Pourtant, ils ne semblaient pas si proches que ça… Anya était aussi dans la pièce. Nat ne la connaissait pas vraiment. Elles n’évoluaient pas vraiment dans les mêmes cercles. Aux yeux du monde, la Rebelle pouvait paraître comme une traîtresse mais la brune savait que ce ne devait pas être facile tous les jours pour elle. Elle l’admirait beaucoup pour ça. Elle-même se savait incapable de faire ce qu’Anya faisait. Son caractère était bien trop impétueux pour ça. Au bout de trois jours, elle aurait grillé sa couverture et finit six pieds sous terre. Natacha en était persuadée. Les saluant tous, elle s’assit et attendit que la réunion commence enfin. Elle trépignait d’impatience et elle ne fut pas déçue…
Une fois n’est pas coutume, Natacha est restée silence durant les échanges virulents qui étaient en train de se dérouler sous les yeux. Ce n’était vraiment pas dans ses habitudes. En effet, Natacha n’avait pas sa langue dans sa poche et lors des réunions, si elle avait quelque chose à dire elle le disait no matter what. Pourtant ce ne fut pas le cas là. La brune était bien trop abasourdie parce qu’elle venait d’entendre. Elle écoutait d’une oreille distraite les invectives d’Anya et de Roy. Même si elle trouvait ce dernier particulièrement violent. Elle était d’accord avec eux. On ne pouvait pas faire confiance aux Asariens… Mais elle avait confiance en ses compagnons d’armes.

Levant un regard vers Evan, elle se demanda si ce dernier était déjà au courant de ce qui se tramait lors de leur dernière rencontre au Five. Natacha avait eu le temps de réfléchir aux paroles du Recruteur quant aux différents types d’Asariens. Même si tout son corps s’en défendait, elle devait bien admettre tout au fond d’elle que ce dernier n’avait pas tout à tort. Il existait bien des Humains pire que des monstres alors pourquoi n’y aurait-il pas des Asariens « humains » ? Mais à chaque fois que cette idée l’effleurait, Natacha l’écartait aussi sec. Elle n’était juste pas prête à faire ce pas vers la clémence envers ces êtres abhorrés.
Le brouhaha continuait autour d’elle. Elle entendit Steve faire de l’humour, Roy pétait un câble, Anya pas mieux… Quand enfin Ethan et Evan reprirent la parole, le silence se fit. Surtout quand Evan se mit debout. Elle les écouta. A croire qu’elle ne faisait que ça… Mais ils avaient raison. Ils ne devaient pas prendre ces menaces à la légère. L’Histoire leur avait apprit qu’il ne fallait pas s’endormir sur ses lauriers. Elle regarda ses compagnons, ils avaient tous connus des galères, détestaient les Asariens autant qu’elle mais là elle avait l’impression qu’ils oubliaient l’essentiel dans ce que venait de leur dire Ellie et Steve puis Ethan et Evan. Plus têtus y avaient pas…

« Tu ne seras ni l’un ni l’autre Anya. Tu seras une idiote morte »

Voilà. C’était sorti. Elle regarda Anya en prononçant ces paroles avant de regarder Roy.

« Vous êtes tellement aveuglés par votre haine que vous ne réfléchissez même plus ! Pollution de l’eau, déchets toxiques… Ça ne vous fait rien ? »

Dardant son regard sur Anya

« Si ce qu’Ellis et Steve ont découvert se révèlent être sur, tu crois vraiment que tu seras en sécurité dans ton super appart ? T’es pas stupide Anya. T’as pas remarqué que l’ambiance avait changé ces derniers temps ? Toi qui est en contact permanent avec eux ? Je suis comme tout le monde ici. Je déteste les Asariens. Je n’aime pas l’idée qui se profile mais j’aime encore moins savoir qu’il se trame quelque chose et de n’avoir même pas essayé sous prétexte que je hais les Asariens. »

Ce qu’elle venait de dire pouvait en surprendre plus d’un. Natacha n’avait jamais caché sa haine envers les Asariens. Ils savaient tous qu’elle avait failli mourir sous les coups de l’un de ces êtres. Mais les enjeux étaient bien trop importants pour ne penser qu’à sa petite personne.

« Et puis, vous pensez vraiment qu’Ellie et Steve auraient demandé une réunion d’urgence si ils ne pensaient pas que c’était important ? Alors au lieu de vous butez sur AVEC QUI on risque de travailler pourquoi ne pas se concentrer sur POUR QUOI on va le faire ? Alors fermez la un peu et écoutons Ellie ! »

Son petit laïus terminé, Natacha regarda Ellie attendant qu’elle prenne la parole.

Humaine Rebelle

Je m’étais doutée que cette réunion serait très délicate et faire entendre raison à une majorité des Rebelles tout autant. Mais là devant moi se jouait une scène que je n’avais encore jamais vue chez les agents du Faucon. Je jetai un regard de surprise à Steve qui se tenait près de moi comme pour chercher en lui une réponse sur cette situation, que nous étions en plein cauchemar et que nous allions nous réveiller enfin. Ce n’était pas le cas. Les clivages se définissaient au fur et à mesure que chacun prenait la parole. Mon Dieu, étions-nous tombés aussi bas pour sauver des innocents ? Apparemment c’était bien le cas. Les esprits s’enflammaient et jamais je n’aurai pensé qu’en demandant l’état d’urgence, je me retrouverai spectatrice de ces égo surdimensionnés, à savoir qui gueulerait le plus, celui qui aurait l’argument le plus valable, celui qui haïrait le plus nos ennemis. J’avais un petit échantillon et je m’en serais bien passée. Ethan et Evan avaient du poids dans les décisions même s’ils n’imposeraient rien à personne. Natacha était à l’écoute et je la remerciai d’un mouvement de tête. Elle m’avait confié son passé sans toutefois entrée dans les détails et elle aurait pu faire partie de ces rebelles butés qui se retranchaient derrière leurs idéaux sans ouvrir leurs esprits un instant. Ce n’était pas le cas.

Les deux agents qui me décevaient le plus étaient mon binôme et l’agent Valkerian qui avait pour mission d’infiltrer les marchés d’esclaves. A force de jouer double-jeu et de se mettre à penser et à vivre auprès des Asariens, elle avait perdu toute notion de notre combat. J’avais déjà vu cette aversion sur des dizaines de visages au Faucon. Je l’avais connu et j’avais vécu cela. Je ne m’étalais jamais sur mon passé et seuls mes Supérieurs étaient au courant. Roy ne se doutait pas à quel point ce que je vivais à cet instant me renvoyait vers mon passé. Et finalement je me félicitais de ne jamais avoir abordé avec lui ce que j’étais avant de devenir Shadow.

Je croisai mes bras contre ma poitrine et je décidai d’attendre que le silence revienne et ce n’était pas gagné. Je n’élèverai pas la voix pour me monter désagréable ou pour leur faire comprendre que le mieux pour certains, c’était de sortir de cette salle et de plus y revenir. Les grandes batailles se gagnaient avec l’union des forces. Se mobiliser pour sauver des centaines de vies innocentes aussi, mais ce concept avait été jeté dans l’oubli, aujourd’hui. Ils devinèrent que je ne continuerai pas tant que chacun n’aurait pas regagné leurs sièges.

- Ce sont les seuls arguments que vous nous envoyez dans la gueule ?

Mon ton froid et incisif résonna dans la salle et pourtant je n’avais pas élevé la voix. J’avais au moins réussi à capter leur intention. Je ne piquerai pas de colère, car ce n’était pas dans ma personnalité. Je laisserai ça à d’autres qui semblaient être plus aptes à faire leurs numéros au lieu de s'asseoir et discuter.

- Bien puisqu’il faut mâcher le travail à certains, je vais devoir reprendre en détails. Les agents présents au Faucon avaient été réunis par Evan et Diana, il y a environ quarante-huit heures. Certains d’entre-vous n’étaient pas là pour diverses raisons : missions et autres infiltrations. A partir des informations qu’ils nous ont communiquées, Evan ici présent - et s’il veut ajouter d’autres commentaires après le mien, c’est avec plaisir – il a été précisé qu’il nous faudrait des preuves concrètes sur le danger du bidonville. On n’apprend rien et on ne tombe pas des nues sur ce que vit la population ! C’est quoi ton souci Valkerian ? Tu crois être la seule petite fille avoir grandi dans ces taudis ? Tu devrais revoir ta copie parce que beaucoup autour de cette table auraient des choses à raconter. Et toi agent Cooper ?

Je l’avais nommé ni par son prénom ni par son nom de code pour bien montrer le fossé qui se creusait entre nous deux.

- On se bouge depuis quarante-huit heures ! Et avant d’alerter tout le monde, nous devions récupérer des données pour être certains de la réelle situation. Toujours analyser les informations ! C’est ce que nous faisons tous ici lors de nos missions. Pourquoi aurions-nous changé notre méthode ? La moitié d’entre nous étaient sous les dômes ! Et donc ? Nous allions vous joindre par radio sécurisée et vous dire tout cela en quelques mots alors que c’est une situation qui devrait avant tout se discuter en réunion ! C’est ainsi qu’on procède. Maintenant, si tu n’es pas foutu d’attendre quarante-huit-heures, si tu as un problème avec les règles et les ordres, tu t’adresses aux Supérieurs et pas à nous.

Mais là n’était pas le sujet. Je me reconcentrais sur la suite de mon discours.

- Les données des Pacificateurs sont à vérifier, mais ils rejoignent ce qu’Evan et Diana ont découvert. Ce n’était qu’en surface et nous étions loin de la vérité. Ces échantillons sont là pour prouver la bonne foi des Pacificateurs. Pourquoi ne devrions-nous pas les analyser ? Si c’est un leurre, tant pis pour nous. Si c’est la vérité … On serait passé à côté ? C’est ça que certains veulent ici parce qu’une grande partie qui compose ce groupe est de nature asarienne ? Vous préférez mettre en avant votre haine plutôt que de voir le danger que tout cela implique ? Nous ne sommes plus à nous battre contre la Milice, à leur échapper, à couvrir les innocents. On parle de la structure du dôme, des émanations toxiques et de la pollution de l’eau !

J’étais lasse … terriblement lasse de me battre dans le vent. J’étais la première à exécrer les Asariens pour ce qu’ils avaient fait à ma famille, à mon frère ainé et à moi. Mais j’étais aussi capable de mettre mon passé en veille pour me tourner vers une population qui n’avait cessé de subir les mauvais traitements et les lois de la cité.

- Le dôme va devenir invivable, irrespirable. C’est une situation qui ne s’est jamais produite. On ne pourra jamais … seuls faire évacuer cette population et la mettre à l’abri. Oui, vous avez bien compris. Ils ne doivent plus toucher à l’eau. L’air est toxique et cela provoque de gros soucis de santé. La fissure du dôme entraine des petits faisceaux qui brulent tous ceux qui s’approchent de la décharge. Vous voulez donc qu’on reste des spectateurs passifs parce que les renseignements qu’on nous a fournis viennent des Pacificateurs ?

J’avais, pour ma part, fini de me battre contre ceux que je considérais comme des Alliés. Bien sûr, chacun avait la liberté de penser, mais de là à nous sanctionner, à nous accuser d’être allés enquêter et chercher des informations c’était plus que je ne pouvais entendre. Steve et Natacha avaient démontré à leur tour qu’on allait devoir bosser avec les autres équipes. Que cela nous plaise ou pas.

- Il faut arrêter de se regarder le nombril. On se bat contre les Pacificateurs, on se bat contre les Insoumis, mais sans eux … nous n’arriverons pas à sauver tous ces gens. Qu’est ce qui est le plus important à l’heure actuelle ? Tapez sur ces deux groupes ou sauver des vies ? Il va falloir choisir et … très vite.

Invité

À entendre les mots de Natacha, Anya sut tout de suite que la brune était à côté de la plaque et qu'elle n'avait pas du tout compris ses paroles, et cette constatation ne manqua pas de lui tirer un nouveau soupir qu'elle étouffa dans son fond de café. Elle ne serait pas en sécurité dans son super appart' ? Avec tout le cynisme recelé dans ses paroles lorsqu'elle avait parlé de son super boulot et de son super appart' justement, il n'y avait quand même pas besoin d'être un Asarien cultivé pour comprendre que ces deux éléments n'avaient rien de super … mais manifestement si ! Mais ce léger quiproquo ne fut toutefois rien en comparaison avec ce qui suivit, et la brunette arqua aussitôt un sourcil ostensiblement étonné lorsque ce fut cette fois-ci Elisabeth qui prit la parole.

Des arguments envoyés dans leurs gueules ?
Petite fille ayant grandi dans les taudis ?
Utilité de ''revoir sa copie'' parce que d'autres ici n'avaient pas non plus eu la belle vie ?

Si Valkerian avait exprimé son désaccord en attaquant les Asariens et leurs tares, Pearson était en train de combler son manque d'argument en l'attaquant personnellement – visant sa personne et non ses idées – et la mam'zelle dut alors faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas l'envoyer purement et simplement chier avec sa petite suffisance ! Si elle n'avait jamais été une grande oratrice et que ses mots étaient quelque fois maladroits, elle n'avait en revanche jamais attaqué les autres Rebelles ou souhaité leur nuire de quelle que façon que ce fût, mais il y avait manifestement des gens ici qui étaient prêts à tout pour s'entendre dire qu'ils avaient raison. Non pas pour l'idée en elle-même, mais pour ce simple égotisme consistant à s'astiquer le manche tout en s'auto-congratulant sur sa réussite imposée aux autres. Et ça, ça lui filait une profonde envie de gerber.

« Et toi Pearson, ce sont tes seuls arguments ? J'émets mon avis sur les Asariens – et non pas sur toi ni sur personne d'autre – et tu m'attaques personnellement pour que je ferme ma gueule et que j'admette que tu as raison ? Sérieusement, c'est si important pour toi de t'entendre dire que tu as raison ? »

Sur ce coup-là, elle était autant dépitée que dégoûtée par ce comportement, et même si elle maintenait son effort pour contenir sa colère, elle ne cherchait en revanche nullement à masquer sa désillusion. Concernant cette réunion. Concernant ce qui allait très certainement se mettre en place malgré toutes les réserves qui pourraient être émises ici. Parce qu'au fond, il aurait fallu être un peu naïf pour ne pas se rendre compte que …

« La question est entendue de toutes manières, non ? Peu importe les avis divergents, vous avez déjà décidé de ce qui devait être fait et toute personne qui ne serait va se retrouver discréditer parce que ''oh mais mon dieu, y'en a qui ont tellement soufferts que tu peux pas comprendre, alors ferme ta gueule et suis le mouvement'', n'est-ce pas ? »

Les Pacificateurs, les Insoumis … au final, Anya n'avait rien contre leurs idéologies respectives même si elle ne les partageait pas, mais il fallait tout de même avouer que les Insoumis lui rebroussaient déjà moins le poils parce que leurs motivations étaient davantage compréhensibles. Au contraire de ces Asariens qui, s'il fallait en croire certains autour de cette table, serait capable de renoncer au luxe et à la facilité pour trahir leur race au profit des Humains. Où comment comprendre que l'idéalisme, c'était cool quand c'était contrôlé, mais c'était une plaie dès lors que les gens commençaient à y croire ! Putain, ils n'étaient plus des gamins quand même, alors comment pouvaient-ils être si crédules ?!

« Puis comme tu le dis toi-même, si c'était qu'un traquenard alors ''tant pis pour nous'', on peut bien se sacrifier parce que des gentils Asariens nous le demandent, non ? Après tout, y'a juste aucun doute à avoir sur eux, on peut très bien comprendre que des mecs vivant dans le luxe se disent tout à coup que ''non non c'est pas cool, on va plutôt trahir notre race parce que ça nous occupera''. Et puisque le sujet est entendu, alors qu'est-ce que tu prévois de faire ? On déplace tous les nôtres tout seul parce que les Asariens sont gentils mais qu'il faut quand même pas déconner hein, ils vont pas se mouiller pour nous ? »

C'était juste … d'une stupidité totale. Inénarrable. Lamentable.
Elle se faisait l'effet d'être soudainement devenue redevable envers les Asariens au point de devoir gentiment jouer dans leurs magouilles, et le sourire aux lèvres en prime.

« Mais jt'en prie vas-y, explique-nous ce que tu veux faire. Moi j'me tais, mon avis était pas désiré de toutes manières … »

Le tout en haussant finalement les épaules avant de se renfoncer contre son dossier. Si elle s'était écoutée, elle se serait d'ailleurs barrée sans demander son reste … mais elle allait quand même encore consentir à cet effort. Juste pour savoir à quelle sauce ils allaient se faire bouffer par des ennemis soudainement devenus super potes.

Invité

Ce fût Ethan le premier qui vint prêter main forte à Steve et Elizabeth. Il suivait les raisonnements des deux rebelles, et Steve lui lança un regard reconnaissant. Il allait falloir tout son soutient pour que les rebelles prennent en compte la situation d'urgence. Avec un Roy énervé par in ne savait quoi, une nouvelle brune que Steve ne connaissait pas vraiment, qui était clairement contre l'idée de travailler ne serait-ce qu'une seule seconde avec des pacificateurs, la réunion risquait d'être assez ardue. Le rebelle s'était attendu à ce genre de problème, mais il devait admettre que face à la situation, il était un peu pris au dépourvu. Chaque seconde qui passait été synonyme d'une nouvelle perte de temps, et plus on perdait de temps, moins la population des bidonvilles aurait des chances de s'en sortir. Il était vrai que les questions soulevés par Valkerian et Cooper méritait d'être posé, mais quand l'on avait en face des personnes comme le médecin Saria, on fermait sa gueule et on écoutait, et c'était ce qui était arrivé à Steve pourtant grande gueule d'habitude. Ce fût Evan qui reprit finalement la parole, tentant de faire asseoir le vieux guerrier qu'était Roy et interpella l'agent cooper, et, à la surprise de Steve, Eli. Mais le rebelle ne déclara rien et se contenta de recevoir le regard d'Elizabeth qui était déstabilisée elle aussi. Steve lui fit comprendre par son regard et son mouvement que seul la patience remporterait la lutte. Ce n'était pas à coup de balles que l'on vaincrait ce problème, mais bien à coup de mots. Evan continua.

Steve apprécia les mots que prononça Evan, réfléchis, ils avaient le mérite de bien montrer qu'il ne prenait pas parti pour les pacificateurs, mais qu'il était conscient que leur aide serait la bienvenue. Il avait raison. Pour le coup, mieux valait éviter de montrer les "pitbulls" qu'ils étaient pour se concentrer sur le vrai problème. Steve acquiesça silencieusement à ses mots alors qu'il continuait en détaillant ce qu'il avait vu avec Diana comme pour prouver les dires d'Elizabeth et de lui-même. Lui et Diana avait découvert une partie du problème, alors inutile de dire qu'ils avaient été les premiers informés, et qu'ils étaient les premiers concernés par le problème. Steve reporta une nouvelle fois son attention sur Elizabeth à qui Evan redonna la parole, mais elle n'eut pas le temps de s'exprimer que déjà Valkerian reprenait la parole. Bon sang, mais quelle grande gueule celle-là aussi... Steve ne put s'empêcher de sourire en pensant qu'il y avait pire que lui.

Bon, elle n'était clairement pas d'accord la charmante damoiselle, et l'on pouvait la comprendre. Elle était au service d'un asarien, elle ne devait pas être la plus joyeuse, c'est sûr, et elle devait haïr les asariens, bon, d'accord, mais d'un autre côté, ne pouvait-elle pas ouvrir les yeux plutôt que de rester centré sur cette haine si profonde. Certes les humains avaient toujours vécus dans les déchets comme elle le disait si bien, mais à quel prix? C'était une lutte qui se menait chaque jour la vie dans les bidonvilles, par contre, ce qu'elle ne comprenait pas que dans ce cas présent, le problème ne concernait pas les déchets et étaient beaucoup plus grave qu'il n'en avait l'air. Bon, elle avait pas tout saisi, et elle exposait ses idées, elle avait raison, et Steve ne lui jetait pas la pierre, il la comprenait, mais d'un autre côté, il fallait lui faire comprendre qu'elle n'avait peut-être pas saisi tous les enjeux du problème. Natacha vint reprendre l'agent Valkerian, et Steve lui en fût reconnaissant. Merci à la brunette, il se promit d'aller lui dire tout à l'heure, mais pour l'heure, il avait autre chose à faire. Elle ne tarda pas à remballer l'agent Valkerian avant d'exposer son avis. Pour elle, ce n'était pas avec qui on allait travailler qui importait, mais bien pourquoi. Et ben voilà une femme intelligente... Alléluia! Bon, c'était une belle exagération, mais Steve ne pût s'empêcher de souffler un peu. Elle avait sut mettre les points sur les i. C'était une bonne chose, une très bonne chose qui permettait à Elizabeth de reprendre, sur un ton assez froid d'ailleurs qui fît même tourner la tête à Steve qui regarda sa partenaire de terrain pour le coup. Oulah... C'était jamais bon quand elle adoptait ce ton.

Steve l'écouta attentivement alors qu'elle reprenait un peu tout en détail. Bon sang, il adorait quand elle adoptait cette tête là, sévère, froide, elle était encore plus... Séduisante. Mais Steve revint vite sur le problème principal alors qu'elle s'en prenait à Valkerian. Le rebelle préféra se taire alors que Elizabeth remontait un peu les bretelles des deux agents, son coéquipier habituel eut par ailleurs droit à une belle remontrance... Ah, il n'y avait pas à dire, elle le remettait à sa place. Steve failli en rire, mais préféra s'abstenir, se contentant d'un simple sourire. Cette femme était impressionnante, elle reprenait tout le monde, et sans se soucier de savoir si ce qu'elle disait ferait mal ou non. Elle reprenait tout en détail, une nouvelle fois, puis ne tarda pas à poser les questions fondamentales. Alors on peut ignorer, et on espère pas s'être trompé, sinon, c'est la merde, et puis si on ne fait rien et que c'était la seule chose à faire, bravo!! Oui, c'est assez compliqué vu comme cela, mais ça résume bien la situation actuelle: Compliquée. Steve écouta Elizabeth jusqu'au bout et faillit même applaudir pour les dernières phrases prononcées. Non vraiment, très spirituelle, et très... morales. Les rebelles avaient un choix à faire, il allait bien falloir qu'ils en fassent un, non? Bien sûr, mais il fallait être sûr que ce soit le bon, et cela voulait dire que différents avis s'opposeraient à cela. Bien sûr, lorsque Elizabeth eut terminé, deviner qui reprit la parole... Valkerian! Bravo!! Comment avez-vous deviné? Ah, c'est habituel? D'accord... Bon. Steve écouta une nouvelle fois la rebelle.

Que dire? Bon, elle avait pas trop aimé que Pearson lui remonte les bretelles, mais elle finirait par s'en accommoder, on s'en accommodait tous de toute manière. Steve la laissa donc parler. Après tout, elle avait le droit d'exprimer ses doutes, non? Lorsqu'elle affirma que la question était entendue, Steve eut un petit mouvement qui le fit se redresser... Mais bon sang, si la question avait déjà était entendu, on aurait pas pris la peine de faire cette foutue réunion bordel de merde!!! Steve la laissa continuer, bon, elle était passée à côté de certaines choses, et elle exposait son avis, elle avait raison et tort. Steve crut déceler un petit coup dur pour Elizabeth qui ne s'était clairement pas attendue à la réponse, mais le rebelle préféra intervenir avant que les choses ne s’enveniment. Il connaissait le passé d'Elizabeth, et il savait que si Valkerian la brusquait ainsi, Elizabeth risquait bien de sortir de ses gonds, alors autant éviter que la guerrière ne se réveille et ne pété un plomb complémentent. Finalement, il enchaîna:

- Bon, comme la question est déjà entendu, on peut rentrer? Non parce que là voyez-vous... Je commence à me faire du mal pour rien quoi.

Steve s'arrêta là, histoire d'attirer un peu l'attention,mais reprit rapidement avant que la rebelle ne le coupe:

- Bon, il est clair que nos opinions divergent, par contre agent Valkerian, si on a fait cette réunion, c'est pour que nous puissions discuter de ce problème ensemble. La question n'a jamais été réglée d'avance. JAMAIS. Sinon on ne serait pas là à se disputer comme des chiens autour d'un os.

Steve se leva de son siège et regarda chacun, insistant avant de déclarer:

- Je pense que tout à été dit, on est pas là pour savoir qui a eu la plus belle enfance ou la moins belle enfance dans les bidonvilles, qui a eu le moins de chance ou pas, mais pour délibérer d'un problème qui est autrement plus important. Ecoutez, je suis d'accord, ça peut-être un piège, peut-être que tout est monté, pourtant nous avons des preuves qui devraient nous pousser à réagir plus vite que ce que nous le faisons actuellement.

Il s'arrêta. Chacun avait des idées et des opinions, chacun pouvait exprimer son opinion, et chacun était libre de contester les décisions ou les avis des uns et des autres, mais aujourd'hui... On en avait pas le temps. Il fallait se dépêcher, car chaque seconde qui passait était une seconde de perdu. Travailler avec les pacificateurs pouvait sembler, fou, impensable, ou je ne sais quoi, il fallait pouvoir l'accomplir. Steve souffla un bon coup avant de replonger dans le bain...

- Comme l'ont dit certains, nous avons un échantillon, et nous pouvons le faire analyser, nos scientifiques devraient pouvoir prouver si ce qui nous a été dit est faux ou vrai, mais pour l'heure, il va falloir nous mettre d'accord. Certes, nous avons toujours vécu dans la pollution, dans les déchets, mais mettons-nous bien dans le crâne une bonne fois pour toutes que cette fois, ce ne sont pas que des déchets. La réaction qui a lieu dans cette décharge va avoir une conséquence sur le bidonville tout entier. En bref, je vous résume la situation: Nous, nous avons du matériel, certes, nous avons des personnes à mobiliser pour venir en aide à la population... Une population qui contient des milliers d'individus alors que nous ne sommes que quelques centaines, face au problème. Les pacificateurs suivent la même optique pour le coup... Alors soit on accepte leur aide et on sauve, car là est bien le terme, la population des bidonvilles, soit...

Steve s'arrêta là. Inutile d'aller plus loin. Tous savaient ce qui arriverait. Steve était à bout. Il avait envie que ce cauchemar s'arrête, il voulait, un jour, un seul, pouvoir profiter de la vie pleinement sans se soucier de ce qui arriverait, il voulait tout simplement vivre. Il n'avait jamais vécu que pour les autres, comme beaucoup de rebelles d'ailleurs, il n'était pas le seul dans ce cas. Pris d'un élan de fatigue, mais aussi parce qu'il voyait le temps défiler, il finit par reprendre:

- Enfin bordel, ça vous ait jamais arrivé de mettre vos opinions de côté pour aider le plus grand nombre?!! Alors quoi? Maintenant on est prêt à sacrifier des nôtres tout ça parce qu'on refuse de travailler avec des personnes, asariennes ou non, qui ont des idées différentes?!! Mais à quand arrêterons-nous de regarder nos petits intérêts pourris pour se concentrer sur les vrais problèmes? Vous croyez que je les aimes les asariens?!! Est-ce que vous croyez que je les AIME?!! Vous croyez que ça me fait plaisir de leur faire confiance. Je comprends vos raisonnements, ils sont légitimes, et votre haine aussi mais... Il s'arrêta, soufflant un peu, reprenant son souffle pour reprendre plus doucement. Toute ma putain de vie, j'ai voulu aider les miens, toute ma foutu vie, j'ai voulu le meilleur pour ceux que j'aime et que j'ai aimé. Maintenant, ils vont avoir le pire... Et là où nous devrions montrer que nous sommes là pour les aider... On les laisse tomber?

Il s'arrêta. Il regarda chacun. Il sentait presque les larmes lui montaient aux yeux. Colère ou tristesse? Peut-être les deux. Il finit par reprendre:

- Je sais que la décision qui sera prise ne sera pas à contesté, mais si vous choisissez de refuser d'aider la population parce que vous refusez de travailler avec des gens aux idées différentes... Ne comptez plus jamais sur moi. Plus jamais.

Ce faisant, il tira son arme qu'il avait toujours derrière lui. Il la posa délicatement sur la table comme pour montrer qu'il ne plaisantait pas et finit par déclarer:

- La décision vous appartient. Nous, déclara-t-il en regardant Elizabeth, on a fait que vous ramener les informations et exposer notre avis. Je ne me battrais pas plus longtemps pour savoir qui a raison ou tort, peu m'importe. Je pense que la situation est assez grave et que nous avons assez de preuves pour dire que ce n'est pas une... Plaisanterie.

Il resta debout. Ils étaient libre après tout non? Et bien, si cette décision était prise, Steve appliquerait les ordres, mais plus jamais il ne rejoindrait la rébellion, il en faisait le serment. Tout ça parce que l'on refusait de voir le vrai problème. Il se promit qu'il irait se détendre après cela... Il irait, tranquillement, passer du bon temps, peut-être en moto... Tout dépendrait. Il avait tout dit, il n'avait plus besoin de parler. Il n'avait plus rien à dire.

Invité

- Non, mais vous vous entendez, là tous ? Bordel, personne n'écoute personne ou quoi ?

J'allais partir et voir ce que je pouvais faire pour réunir des bricoles utiles au projet de déménagement du Bidonville, parce qu'au final, c'était l'idée que je retenais : il fallait urgemment évacuer le maximum de population de cette poubelle géante. Ce qui, selon moi, aurait du être fait depuis un bail. Mais leurs discours moralisateurs à la con finissaient par me vriller sérieusement. J'étais peu loquace habituellement, pas du genre à parler pour ne rien dire. Là, pour une fois, je l'avais ouverte. Grand mal m'avait pris. J'en avais pris plein la gueule en retour. Je n'étais pas une gonzesse du genre à se piquer quand on m'assenait quelques vérités bien senties et quand c'était justifié, je pouvais même remercier qu'on me botte le cul. Mais là, merde, ce que je voyais, c'était juste qu'au lieu d'essayer de trouver une putain de solution à ce problème par nous même, on allait travailler main dans la main avec des mecs qui nous baiseraient à la première occasion et qui, probablement était de mèche avec ou manipulés par le gouvernement. Et qui allait payer les pots cassés, encore et toujours ? Les Humains. Les familles des bidonvilles. La plupart de ceux qui étaient dans la pièce avaient de la famille là-bas, à part Ely et moi, j'étais quasi sûr que même ceux qui n'avaient pas de famille, avaient au moins une petite amie ou un mec... Et pire, je savais que chacun d'entre nous avait perdu quelqu'un à cause des Asariens. Comment pouvaient-ils oublier ça ? Et s'en remettre à ces enflures? Travailler ensemble ? Alors je me retournai tandis qu'on m'intimait l'ordre de rester et je pointai un doigt rageur en direction de cette assemblée qui me semblait à présent composée de faux-culs et de personnes bien promptes à retourner leur veste.

- Utiliser leurs infos, les analyser, je peux admettre. Mais bosser avec ces pourris ? Jamais. Qui peut prétendre qu'il n'a perdu personne à cause de ces chiens ? Allez-y, je vous écoute ... Si vous avez un peu de respect pour ces morts dont on porte tous le deuil, ne confiez pas la vie de ceux qui vous restent à ces mutants qui vous ont pris quelqu'un, ou ... ou même tous ceux que vous aimiez ...

Je me raclai la gorge pour masquer cette putain de douleur qui ne partirait jamais.

- C'est vrai que j'ai le cerveau de la taille d'un petit pois et que je raisonne comme un fond de culotte. D'ailleurs je suis tellement con que je suis incapable de comprendre les priorités du terrain et de la mission. Que je confonds toujours vitesse et précipitation. Vous voulez qu'on soit solidaires avec les Pacificateurs, et je ne sais encore qui d'autre... Vous savez quoi ? Vous me faites doucement rigoler. On n'est même pas foutus de se considérer les uns les autres, ni d'écouter ce que l'autre a à dire, s'il est pas d'accord. Je vous mets le nez dans votre merde alors ça vous déplait. Steve, je sais pas ... Tu as subi un lavage de cerveau, ton caleçon est en émoi pour une asarienne ? Tu me semblais un type posant un regard lucide sur le monde qui nous entoure. Agent Pearson ... Je pensais qu'on pouvait au moins tomber d'accord sur notre perception des Asariens... Je me demande à qui j'ai assuré les arrières et à qui j'ai confié les miens durant tous ces mois ...

Je réajustai ma mitrailleuse et soulevai mon sac à dos d'un bras.

- Vous avez le droit de penser que je suis bas du plafond, et honnêtement je m'en tape. Mais si un seul de vous ose encore répéter que je m'en fous des gosses qui vont crever dans le bidonville, chef ou pas chef, gonzesse ou pas, je lui démonte la gueule. C'est clair ? ... On dirait qu'on tombe des nues, mais franchement, y a un mois de ça on avait déjà remarqué des mouvements de troupes suspectes dans les égouts, Ely et Ethan savent de quoi je parle. On devait faire un rapport mais le dossier a dû traîner plus d'un mois avant d'avoir une suite et j'ai lâché l'affaire. Après tout ça concernait uniquement ces mecs qui vivent dans les égouts, les Insoumis, on pouvait bien les laisser crever hein... Et maintenant, voilà que les Pacificateurs sont vos meilleurs potes pour la vie ?

J'avais ostensiblement fixé Pearson lorsque j'avais affirmé ne pas m’embarrasser de protocole si quelqu'un osait prétendre que j'étais un foutu d'égoïste. Je sortis mon paquet de tabac et commençai à m'en rouler une.

- La vérité c'est qu'on est devenu un putain de dinosaure trop lent à la réaction. La vérité c'est qu'on a peut-être un mois de retard sur ce dossier et qu'il va falloir se bouger le cul si on veut sauver les miches à ceux qu'on aime, comme tu dis Steve. J'ai plus personne là-bas, mais aucun être humain ne mérite de crever empoisonné. Sauf les collabos. Et comme c'est pas écrit sur leur gueule, il faudra bien sauver tout le monde.

J'allumai ma clope et me tournai vers une carte du bidonville punaisée au mur sur laquelle je pointai plusieurs endroits.

- On peut planquer des citernes là, chez le vieux Jack, ici derrière la Taverne du Père Roswell et puis là dans le vieux hangar qu'O'Donnell a racheté à mon père quand j'étais gosse. Il voulait agrandir son affaire mais ce truc a jamais servi qu'à entreposer des carcasses de camions qui pourraient d'ailleurs être bricolées... non Ethan ? Pour ce qui est de se procurer des citernes, faudra passer par le marché noir. On peut racheter de vieux tanks à lait provenant des fermes asariennes. Je sais qu'ils les changent tous les ans. Moyennant une bonne vidange et un bon nettoyage et avec quelques traitements anti bactériens, on pourrait y stocker de l'eau en grande quantité. Faut juste du fric pour les acheter, des camions pour les transporter, des endroits pour les planquer.

Je m'appuyai épaule au mur pour rallumer mon mégot.

- Rien d'insurmontable si on s'y met de suite. En 48 heures ça peut être en place. Reste à savoir avec quelle eau vous allez les remplir mais je suppose que ça dépasse l'entendement d'un mec aussi limité que moi. Enfin ... je sais juste que l'eau n'est pas en surface dans ce coin d'Asaria. La grosse couille serait que les Asariens aient niqué toutes les réserves d'eau souterraines avec leurs conneries. Mais rassurez-vous hein, je suis prêt à les pardonner, je suis même d'accord pour leur prêter ma gourde... Ironisai-je.

Je ne me rassis pas, démontrant ainsi que je m'opposais toujours à la collaboration avec les Pacificateurs, mais je ne partais plus, affirmant à la gueule de ceux qui venaient de me traiter d'égoïste criminel et obtus -j'avais beau leur paraître très con, je savais quand même lire entre les lignes- que le sort des habitants du Bidonville me préoccupait depuis toujours et qu'ils pouvaient s'enfiler leurs leçons de morale à deux balles où ça les grattait.

- Et quitte à collaborer avec un groupuscule mixte, j'aurais tendance à faire plus confiance à ceux qui ont abandonné leur confort ... Donc, si je dois bosser sur des missions de coopération... affectez-moi aux Rats ... Je crois que c'est comme ça qu'on les surnomme. Comme ces petits animaux sont réputés plus intelligents que les Hommes, j'en reviendrai peut-être moins con .

Leader des Rebelles Humain

Qu’est ce qui ne tournait pas ronds chez certains Rebelles ? Pourquoi au lieu de poser des questions sur l’intérêt à coopérer avec les autres groupes, à tenter de comprendre pourquoi la fissure du dôme n’avait pas été colmatée par les services d’entretien de la cité, que pouvait provoquer à longue échéance la pollution de l’eau et trouver des solutions et des aides, les agents du Faucon se tiraient dans les pattes ? Steve et Elisabeth perdaient leur patience et Evan comprenait leur réticence à aller plus loin dans ce rassemblement. Roy était une tête brûlée, mais il découvrait que le danger était bien présent et que personne ne s’écoutait. Ethan et Natacha restaient sur leur réserve, ils écoutaient eux aussi et attendaient la fin de toute cette histoire, d’avoir en leur possession toutes les données pour prendre leur position. C’était ainsi que tout agent devait fonctionner. Seul l’agent Valkerian paraissait s’être mis en tête de régler ses comptes avec Shadow, ce qui étonna Evan dans cette attitude qu’il ne qualifiait pas de professionnelle et qui n’avait pas sa place ici. Ses remarques acerbes ne correspondaient plus à la libre pensée et la libre opinion de chacun, c’était une attaque, un divertissement de la part de la jeune femme envers un autre membre de la rébellion. Dans quel but ?

Il avait entendu les membres s’expliquaient, se défendre, s’attaquer, ré-expliquer de nouveau les mêmes choses, car Roy avait touché du doigt le souci majeur de ce briefing : les uns se répétaient tandis que d’autres partaient sur une voie opposée sans prendre le temps de considérer le véritable problème. Aveugles et Sourds. Il recula son dos contre le dossier et laissa la tête reposée en arrière et ferma ses yeux. Avant de s’attaquer à l’état d’urgence qui avait été lancé, il devait faire le tri et faire comprendre que les histoires personnelles n’avaient pas leur place dans cette salle. « Agent Valkerian, vos mésententes avec l’agent Pearson ne sont pas admises ici. Les deux agents qui se tiennent devant vous ont été envoyés sur mon ordre pour aller récolter des informations auprès du dispensaire. Si vous avez quelque chose à redire sur les ordres et les missions, veuillez-vous adresser à la bonne personne, c’est-à-dire, moi ! Qui vous parle de sacrifice ? Avez-vous un seul instant ouvert vos oreilles au lieu de nous cracher votre venin à la gueule ? L’agent Pearson vient de nous expliquer que les Pacificateurs leur ont remis des tubes à analyser et vous, la seule réaction qu’on entend de votre part, c’est que prendre ces tubes équivaut à un sacrifice ? Il y a eu un bain de sang au dispensaire ? Il est donc plus normal pour vous de passer à côté d’informations importantes, de les analyser et de voir si elles sont véridiques ? Vous annoncez encore qu’il faut déplacer les nôtres sans l’aide des Asariens ? Toute cette population ne pourra être sauvée que par une alliance ! C’est vous, avec vos petites mains, qui allez déplacer des montagnes toute seule, gérer la logistique ? Organiser des plans d’évacuation ? Etablir des plans pour leur donner de l’eau propre ? Vous savez gérer cela TOUTE seule ? Et le sujet est entendu sur le fait que la population soit réellement en danger ! Maintenant, il faut savoir quelles sont les idées à mettre en place, des plans, des actions. »

Il n’avait jamais été aussi tranchant dans ses mots. Evan ne se reconnaissait pas, mais la situation prenait des proportions qui n’avaient pas lieu d’être. Se concentrer sur des méthodes, sur des agissements concrets, sur une organisation à mettre en place, là oui, il voulait que les rebelles soient aussi mordants et aussi créatifs, mais pas dans ce genre de combat de poules. « Bosser avec des Pacificateurs n’est pas la meilleure idée du siècle. Je précise que ce groupe comporte aussi des humains puisque j’entends tout un tas de choses diverses autour de cette table. Duncan, votre CHEF, parce que moi je ne suis que chef par intérim pendant qu’il se remet de ses blessures, a maintenu des relations neutres avec ce groupe. Nous allons éviter de faire voler en éclats le boulot de notre leader durant toutes ces années. Collabos, Monstres, vous pouvez les étiqueter de la sorte que vous voulez, nous avons tous un passif avec les Asariens. Beaucoup ont souffert ici Roy et je n’imposerai rien aux agents qui ne voudront pas aider la population si vous êtes incapables de mettre votre haine de côté pour sauver des innocents. Nous avons tous notre passé et je ne ferai rien pour vous obliger.»

La priorité c’était tous ces gamins, ces femmes, ces vieillards et ces hommes. Il ne les abandonnerait pas à leur sort funeste. « Steve l’a bien souligné, cela peut-être un piège, mais moi je l’ai vu de mes yeux. Avec Diana, nous nous sommes retrouvés confronter à cela et nous n’avons pas eu besoin des Pacificateurs pour nous rendre compte de ce qui se passait à la décharge et les dangers sur la santé de la population. Suis-je un menteur ? Suis-je en train de vous piéger ? ... »

Les réunions étaient toujours très tendues, très bruyantes aussi, mais jamais Evan n’avait vu le groupe se scinder de cette manière. Il se passa la main sur le visage. « La poignée de Rebelles que nous sommes ne pourra jamais venir à bout seuls de tout ça. C’est pour cette raison qu’il faut s’allier aux autres. »

Tout le monde attendait qu’Evan tranche. Il n’imposerait rien. Steve et Elisabeth avaient jeté leurs dernières cartouches dans les récits et leurs opinions. C’était à lui de mettre un terme à tout cela. « La fissure du dôme est bien réelle et le plus étonnant c’est que personne ne fait rien pour réparer. Les Asariens patrouillent là-bas de jour comme de nuit, pourquoi le gouvernement mettrait en danger sa Milice ? Est-il prêt à sacrifier ses soldats pour annihiler tout un peuple et s’en trouver enfin débarrassé ? On peut penser que oui. Mais comme la moitié de nos informations viennent des Pacificateurs, nous allons fermer les yeux et tourner le dos ? Chacun doit prendre sa décision de suivre ou pas. Je vais accepter la main tendue des Pacificateurs que cela plaise ou pas, c’est mon choix. »

Ils allaient tous devoir faire leur choix à leur tour. Evan déduisait celui des deux agents de terrain. Ethan et Natacha paraissaient suivre le mouvement. Roy ronchonnait, il avait émis des réserves et des options quant à sa participation. « Les Pacificateurs ne sont pas nos meilleurs potes ! La priorité c’est la population. Tu es le premier à dire que tu ne te fous pas des gosses et tu remets encore en question le danger qui menace toute cette population ! Il te faut quoi comme autres preuves ? Allez sur place ? J’y étais ! Avoir des renseignements complémentaires ? Ils sont dans cette glacière qu’Ely nous a apportée. Tu veux aller voir la décharge par toi-même ? Les blessures et les problèmes de santé ? Parler aux Pacificateurs ? Vas-y si tu n’es pas capable de me faire confiance ni de faire confiance en ta binôme et en un autre agent de terrain. Là, cela dépasse mes compétences et cela dépasse le danger qui nous réunit. »

Evan se recala dans son dossier. Roy avait ébauché une première partie d’un plan et c’était cela qu’il attendait depuis le début, que les rebelles lancent leurs idées et qu’on débatte tous dessus. Il fixa la carte du bidonville. « Les tanks à lait sont une bonne idée. Le vieux Jack ne refusera pas. Steve, pour la taverne, ton père sera certainement d’accord, non ? Ethan, ton hangar ? Le fric ne posera pas de problème. Ethan, tu as une remorque qui peut supporter un tank à lait. Il nous en faudrait d’autres.»

Il se retourna vers Steve et Elisabeth « Que vous ont dit les Pacificateurs au dispensaire ? Que prévoient-ils de faire ? Roy, je ne connais pas les Insoumis. Ils sont beaucoup plus récalcitrants que nous. Je m’occuperai d’approcher les Pacificateurs, je connais leur leader et je verrai avec elle pour certains points, notamment si elle a approché les Insoumis. Et de notre côté, si quelqu’un sait les contacter, cela nous serait utile aussi ? »

Humaine Rebelle

Mais bon sang ! Pourquoi étaient-ils encore tous là à déblatérer les uns sur les autres ?! Avec tout ce qui se passait en ce moment, on n’avait pas autre chose à faire que de se bouffer le nez ? Les réunions au Faucon avaient toujours été très animées mais jamais comme ça. Dès qu’on parlait d’Asarien, les Rebelles étaient généralement d’accord. Mais là on parlait d’une alliance possible. Enfin possible. Certaine serait un terme plus approprié, chacun le savait. Cette alliance était plus qu’une possibilité, cela allait réellement arriver. Normal que cela fasse grincer quelques dents. Mais jamais Natacha n’aurait pensé que la réunion allait virer au pugilat et règlement de comptes. Premiers visés, les agents qui livraient les nouvelles, Elisabeth et Steve. Les plus réfractaires et violents étaient Anya et Roy. Ce dernier étonnait quelque peu Nat’. Elle aurait pensé que comme c’était sa coéquipière qui leur apportait ces nouvelles, il aurait été plus enclin à suivre le mouvement. Mais bon… L’être humain était un tel mystère…

Après quelques échanges un peu musclés, un semblant d’ordre sembla se mettre en place. Aidé en cela par le fait qu’Anya semblait s’être décidée à se la fermer. La brune ne savait pas si la Rebelle allait se rallier à l’avis général. Et même si Nat’ le souhaitait – ils allaient certainement avoir besoin de plus de mains possible – elle savait aussi que ce n’était jamais bon de forcer les gens à faire ce qu’ils ne voulaient pas. Elle-même ne faisait généralement que ce que bon lui semblait. Les règles, elle les suivait certes mais à sa façon dirons nous. Nat était têtue et quoiqu’elle fasse, elle le faisait à sa façon que cela plaise ou non. On le lui reprochait beaucoup mais malgré les risques, elle faisait en sorte de ne pas mettre les autres en danger. Elle peut-être mais jamais les autres. Steve semblait énervé, non déçu par le comportement de certains. Le jeune homme leur laissait le choix mais il leur fit bien comprendre que si les Rebelles choisissaient l’inertie, c’en était fini de sa participation au sein de la Cause. Nat’ n’était pas loin de partager son avis. Pour elle, la décision était déjà prise. Il ne leur restait qu’un plan d’action. Cela ne servait à rien de tergiverser encore. Ely et Steve puis Evan et Diana. Chacun d’eux avait vu de leurs propres yeux les dégâts. Si on ne faisait même plus confiance aux siens à quoi rimait cette histoire de Rebelle ?

Roy sembla enfin comprendre car il ébaucha de lui-même un plan. La brune se sentit d’un coup plus légère. Enfin un peu d’action. De vrai action. Certes avec des Pacificateurs mais c’était un moindre mal. Et puis Duncan leur faisait confiance. Enfin à leur leader. Diana le lui avait dit lors d’une conversation. Et elle avait une confiance aveugle en elle. Alors, Natacha essayait de mettre ses préjugés de côtés et de faire contre mauvaise fortune bon cœur. De toute façon, ce qui allait arriver les dépassait tous. Rebelles comme Pacificateurs donc voilà. Il n’y avait pas grand-chose à réfléchir en fin de compte.

« Et si il faut trouver plus de fric, je sais où on peut en trouver »

La jeune femme eut un petit sourire entendu en prononçant ses paroles. Elle avait déjà visité plus d’une maison de riches Asariens et savait où la plupart d’entres eux planquait leur argent.

« Ou sinon, on pourrait ptet essayer de les infiltrer de l’intérieur nan ? Visiter les demeures des hommes de confiance de Van Brënner… »

Nat’ n’avait ptet pas de grands talents mais se faufiler dans les maisons des Asariens c’était de son domaine.

« Mais surtout, on devrait essayer de savoir ce qui se cache réellement derrière tout ça… Pourquoi autant de stratagèmes si leur seul but était d’exterminer la race humaine ? »

HJ ::

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