(Terminé) Un lot d'exception (pv Damien Stark)

Tu te tiens tranquille, a dit mon propriétaire. Celui qui veut me vendre.

A genoux, a-t-il dit, et d'un coup, j'étais à genoux. Puis il m'a dit de lui embrasser le pied, et c'est ce que j'ai fait. Alors il a fait ce petit geste qui me donne du plaisir, et je me suis sentie très bien. Flottante. Partir. Il m'a dit que si je faisais pareil avec le client, je donnerais toute satisfaction. C'est important. La seule chose importante, en fait.

A nouveau debout, je vérifie les plis de mon vêtement. Une robe noire, longue, moulante, satinée, fendue à mi-cuisse. Des sandales noires avec un talon haut. La marche avec des talons m'est maintenant plus naturelle que la marche pieds nus. L'inévitable collier, couleur d'or. D'abord parce que c'est un métal noble et beau... Ensuite parce qu'il est conducteur. Ce collier peut me donner de la douleur, si mon propriétaire le désire. Mais je n'ai jamais mécontenté mon Maître depuis... longtemps.

Je regrette de ne pas avoir de miroir. Mais je ferai sans. J'entends la voix de mon Maître s'approcher.

C'est une pièce rare que je vous propose aujourd'hui. Très, très rare. Elle est magnifiquement dressée et sa fidélité sera sans faille, elle fera tout pour vous contenter. En revanche, comme n'importe quelle machine complexe, son maniement requiert... du doigté.

Oui, je sais que je suis une machine complexe. Dans mon esprit se trouvent des commutateurs, des raccourcis... qui donnent à mon Maître tout pouvoir sur mon corps, et mon esprit. Je sais que, d'un simple geste, d'une seule parole, il pourra m'amener au bord de l'asphyxie, de l'orgasme, ou de l'attaque de panique. J'espère qu'il saura jouer de l'instrument que je suis...

Des pas. Une silhouette étrangère. Lui. Pas mon Maître. Pas encore. Mais un seigneur asarien. On m'a bien appris la différence. D'un mouvement fluide, je m'agenouille, baisse la tête et mets les mains dans le dos, en me cambrant légèrement et en redressant les épaules.

Bonjour, seigneur.

Je reste ensuite silencieuse, comme on m'a appris. Il n'appartient pas à une esclave de décider, mais seulement d'offrir son service.

Damien a toujours vu les esclaves, homme ou femme, comme des soucis et de gros problèmes futurs. Il faut les nourrir, les surveiller et cela demande beaucoup de temps pour un homme d’affaires tel que lui, rarement chez lui. S vie c’est avant tout sa société. Une société familiale qui l’a sortie de railleries de toute la cité. Le père du jeune Asarien était un lâche et un traitre. Il magouillait sans regrets et il s’est retrouvé derrière les barreaux avec l’aide de Damien. Son géniteur ne connait pas ce détail. Il le saura  un jour. C’est une carte que Damien garde dans sa manche. Un atout supplémentaire face à cet homme qu’il ne considère plus comme son père depuis longtemps.

Sa dernière esclave est devenue une histoire taboue. Les peu de personnes de son entourage qui connaissaient la présence de l’esclave dans son quotidien n’ont eu droit qu’à une seule et même explication : elle est morte pour l’avoir trop défié, pour s’être montrée trop rebelle à son goût.  Il s’était promis de ne jamais recommencer ce petit jeu, de ne jamais reprendre d’esclave à son service. Il s’est parjuré. Depuis quelques semaines, l’envie de posséder un nouveau jouet ne cessait de le hanter. Il ne ferait pas les mêmes erreurs qu’avec Evangéline. L’esclave serait un objet et rien d’autre. Elle obéit ou elle meurt. Il serait intraitable avec celle qu’il choisirait. S’il en trouve une.

Il s’était échappé du bureau en prétextant sortir pour déjeuner, mais il conduisait déjà en direction du marché aux esclaves. Il n’avait pas trouvé son ancienne esclave ici. Il avait décidé un soir d’enlever une jeune fille à sa liberté pour en faire sa possession. Aujourd’hui Damien changeait sa façon de faire et d’agir. Il arpenterait les différents stands à la recherche d’une femme. Il n’avait aucun critère particulier sur sa beauté : blonde, brune, rousse. Peu lui importait. Elle devait être docile et vivante. Une esclave obéissante et avec cette lueur dans les yeux qui pousse à la posséder. Pas ce genre de poupées sans vie, sans souffle, éteintes et sans grand intérêts pour Damien.

La foule était dense même à l’heure de la pause. Asariens et Asariennes détaillaient le bétail que les marchands mettaient en vente sur les différentes estrades.  Une main glissée dans la poche de son veston, la seconde sur la cigarette dont il tirait quelques bouffées, il prenait son temps d’étudier et d’examiner  les esclaves. Des hommes et des femmes de tous les âges étaient mis à la vente. Il se disait que prendre une femme d’un âge avancé comme domestique pour s’occuper de ses repas et de sa villa serait une juste solution. Il avait décidé de la conduite à tenir. Il marcha encore et encore à la recherche de cette femme domestique. Il n’aurait jamais dû aller sur la droite. La voix d’un marchand porta ces mots jusqu’au jeune PDG. Une jolie blonde se tenait debout. Elle était habillée d’une longue robe noire échancrée à mi-cuisse. Il reconnut autour du coup de l’esclave, un collier particulier. Il en avait fait créer un pour Evangéline. C’était un collier de douleur qui servait aussi à lui donner la position de son esclave quand il la laissait seule à la villa.

Il s’approcha de l’estrade qu’il contournant. Il se plaça en bas des petites marches et l’homme le rejoignit.  « A part être une pièce rare et qu’elle est bien dressée, que peux-tu me dire d’autre sur cette femme ? Tu es son ancien propriétaire ? Si oui, pourquoi tu la vends ? Elle n’était pas assez obéissante ? Parle-moi de ce collier qu’elle porte. »

Damien n'attendit pas que le marchand lui réponde, il grimpa les marches. L'esclave s'agenouilla et parla.  « Je ne t'ai pas demandé de parler, mais puisque tu sembles avoir la langue bien pendue, quel est ton nom ?

Mon propriétaire répond alors que je reste, humblement, yeux baissés. Je tremble. Si ça se trouve, j'ai mécontenté l'acheteur. On m'a toujours appris à me manifester une fois, discrètement, avant de me tenir à disposition, et j'essaie de comprendre ce que j'ai mal fait. Heureusement, mon propriétaire explique. Ouf. Je n'ai pas fauté. Au fur et à mesure qu'il parle, je me détends.

Le collier est un collier qui sert à la punir en cas de nécessité, par des chocs électriques. En réalité, il n'a plus guère d'utilité qu'esthétique. Je le lui laisse parce qu'il a été fait sur mesure pour son cou, et qu'il est plaqué or... Il aurait été dommage de le mettre à la déchetterie.

Maître se place à mes côtés, une main dans mes cheveux. Je ferme brièvement les yeux de contentement. Ce geste, c'est lorsqu'Il est content de moi.

Maintenant, pour ce qu'elle a de spécial... hé bien, c'était une rebelle.

Je ne veux pas contredire, mais je sais que je n'ai jamais été une rebelle. C'était une jeune idiote à la tête creuse, qui s'était rebellée. Mais ce n'est pas moi. C'est une inconnue morte il y a des siècles, et dont la mort a permis ma naissance. Jade. Je m'appelle Jade.

Elle a été... hum. Conditionnée, c'est le terme le plus adapté. "Dressée" est trop galvaudé, de nos jours, et utilisé pour des sujets à peine débourrés. Jade, tel est son nom, est le premier sujet d'un programme de recherche sur une méthode pour obtenir une obéissance parfaite, confortable, et indéfinie de nos esclaves humains. Elle est le sujet 1, en quelque sorte.
Pendant des mois, elle a été privée de toute stimulation sensorielle. Cela a permis une remise à zéro de sa personnalité. Après quoi, nous lui avons appris à associer un mot ou un ordre de son Maître à un comportement. Le gros avantage est qu'elle peut être absolument contrôlée.

Pendant que Maître reprend son souffle en cherchant ses mots, je corrige ma position. Maître veut me vendre. Me vendre cher. Pour cela, je dois plaire au client. Mais j'ignore ce qu'il veut. Apparemment, il n'aime pas les esclaves bavardes. Je note cela dans un coin de ma tête.

*Reste silencieuse à moins qu'on ne te demande de parler.*


Lorsque je dis "absolument contrôlée", je veux dire qu'après une heure environ pour s'accorder à son Maître, celui-ci peut lui donner des ordres comme s'évanouir, s'endormir, jouir, avoir mal au bras... Tout son cerveau est ouvert à son Maître et pas uniquement les fonctions conscientes. Voilà ce que nous pouvons vous vendre aujourd'hui. Un contrôle total, absolu, comme personne n'en a jamais eu sur une esclave. Vous pouvez la laisser vingt-quatre heures debout et immobile dans un coin de pièce, elle ne bougera que lorsqu'elle tombera d'épuisement.

Et, mieux : elle a appris à associer le fait d'obéir et de faire plaisir, à son propre plaisir. Et le fait de désobéir et de déplaire au dégoût. Elle est aussi incapable de désobéir que moi de manger une charogne avariée. Il vous suffit de voir comme elle a tremblé quand elle a cru que vous lui reprochiez de parler. Elle vit pour servir. Le fait qu'elle ait parlé relève de son dressage : nous lui avons appris à se signaler une fois puis à rester en retrait. Vous pourrez le modifier, si vous l'achetez, aussi facilement qu'on change une option sur un ordinateur.

Maître est volubile, on sent qu'il est fier de moi. De ce qui a été fait de moi.

Pour autant, elle a gardé de l'intelligence, mais celle-ci est entièrement dédiée à servir et apprendre comment plaire à ses maîtres. Quand à la raison pour laquelle je la vends... Son dressage a été coûteux. L'expérience a été réussie, mais si nous voulons baisser les coûts de revient, nous nous devons d'augmenter les quantités. Cela dit, avec elle, vous pourrez vous vanter d'avoir la première esclave totalement sous contrôle, dressée par des moyens totalement naturels. Vous plairait-il d'avoir une démonstration ?

Je frémis. Je vois la main de Maître. Il a l'attitude qu'il a lorsqu'il dit ce... ce mot... Qu'il dit rarement, que je ne veux pas qu'il dise. Quand il me dit : "Jade ! Je te punis !". Et là... là... je me sens tomber, dans le noir, sans bruit dans quelque chose d'éternel de profond de sombre d'obscur le vide et rien à part la peur la terreur le néant pitié PUNIE !.

Les larmes déjà aux yeux, je regarde Maître dont je sais, même si je n'ose pas lever les yeux sur son visage alors qu'il est à moitié tourné vers moi, qu'il a ce fameux sourire oblique quand il me punit. Pourvu qu'il donne un autre ordre, s'il vous plaît, je serai gentille et docile et dévouée et obéissante.

Moi, je reste silencieuse. Le Maître a répondu à la question du seigneur asarien, et ce dernier ne semble pas aimer que les esclaves parlent sans y avoir été invités. Alors je fais ce qu'il faut pour qu'il soit content.

Les yeux noirs de l’Asarien passaient du Maitre à l’esclave. Il écoutait cet homme lui expliquait en détail que son petit jouet était un véritable bijou d’innovation. Le collier qu’elle portait autour de son cou était destiné à la punir. Le PDG avait déjà vu cela. Il avait fait faire un bijou presque similaire, lui c’était un bracelet, avec des options qu’il avait méticuleusement sélectionnées pour son ancienne esclave, volatilisée. Pour lui Evangéline était morte et si un jour son chemin croisait à nouveau la route de cette maudite humaine, il n’aurait aucun remord pour la torturer et la tuer de ses mains. Damien ne releva pas le détail de ce collier fait en plaqué or. Il lui serait utile pour contrôler cette humaine s’il devait l’acheter. Il ne laisserait plus de choix ou de confiance naitre entre lui et un Etre inférieur. Toujours silencieux et à l’écoute du propriétaire, il détaillait par moment, la femme asservie qui se tenait près d’eux. Le mot rebelle le m’y presque hors de lui. Une rage coula subitement dans ses veines et il dut faire un énorme effort pour se concentrer et apaiser cette colère qui lui faisait perdre tous ses moyens.   «  Tous ces esclaves rebelles sont des plaies à faire bruler ou à faire pendre devant toute cette population misérable des bidonvilles. Certains préfèrent ce genre d’attitude pour éviter l’ennui. J’ai déjà eu une esclave un peu trop rebelle et qui pensait  pouvoir me manipuler à sa guise. Elle s’est trompée si elle pensait arriver à ses fins avec moi. »

Damien  prononça ses mots vivement sans se cacher de cette esclave qui écoutait la conversation entre les deux hommes.  Si elle devenait sa propriété, elle saurait en quoi s’en tenir. Le propriétaire jubilait de vendre une telle perle. Il n’avait pas tort. C’était une esclave rare et conditionnée pour le plaisir exclusif de son futur maitre. Il n’aurait pas à se soucier de ses colères, de sa haine, de sa verve et de tous les plans qu’elle pourrait concocter contre lui pour s’enfuir et retrouver sa liberté.  Damien pourrait rentrer tranquillement de son bureau sans se soucier de savoir comment il allait retrouver son esclave le soir, sans se soucier de l’épier constamment même s’il le ferait avec … Jade. « J’avoue être curieux de voir comment cette femelle en un claquement de doigts, devient docile au moindre mot. C’est aussi un moyen de punir. Mais se souvient-elle de cet état second ? De la laisser vingt-quatre heures debout et immobile dans un coin de pièce, elle se laissera tomber d’épuisement et à son réveil, se rappellera-t-elle de cela ? Pourquoi elle a subi cette punition ?»

La vente de cette esclave servirait à reproduire l’expérience sur de nouveaux cobayes. Damien en homme averti des affaires pouvait résolument comprendre le cheminement du propriétaire. « Quel est son prix ? Si je l’achète je veux un contrat de propriété à mon nom. »

Lorsqu’il lui proposa une démonstration, l’Asarien resta un moment à contempler l’esclave. Son comportement avait légèrement changé et il s’en étonna lui-même. La femme docile et silencieuse, prête à servir et à faire plaisir, paraissait fragile et paniquée à l’idée de cette fameuse démonstration. Il leva la main devant le Maitre, lui interdisant de dire ou faire quoi que ce soit sans son approbation. « Dis-moi esclave pourquoi as-tu peur ? Est-ce l’idée de cette démonstration qui t’effraye ? Je te donne la permission de me parler et de te lever. Lève-toi et reste debout devant moi, je veux voir ton visage et tes yeux. Regarde-moi ! »

Damien resta impassible. Il devinait qu’elle parlerait lorsque son Maitre lui en donnerait l’autorisation. Ce n’était pas plus mal. Pour le moment, elle lui appartenait.  Elle obéissait à celui qui avait les rênes de son corps et de son esprit. « Que sais-tu faire  Jade ? La danse ? Le chant ? Le dessin ? La cuisine ? Autre chose ?  Ne me répond pas que tu feras tout ce que je te demanderai, ce ne sont pas là le but de mes questions. Je veux savoir ce que tu as appris à faire ?»

Cette femelle est déjà docile. Mais elle a été conditionnée pour que les ordres de son propriétaire atteignent également son inconscient. Voyez-vous, la plupart des processus sont régis par l'inconscient. La respiration, le sommeil, la température corporelle... Une esclave normale, si obéissante soit-elle, ne peut répondre à des ordres comme "Dors" ou "Je veux que tu aies froid". Jade, en revanche, a été conditionnée. Reformatée, en quelque sorte. Les ordres de son Maître déterminent sa réalité. Et, si vous lui donnez un couteau à manger en lui disant que c'est une banane, elle y croira sincèrement.

Voilà ce qui fait sa particularité, et sa valeur.

Je reste immobile, sage. Je sens croître l'intérêt de l'homme pour moi. L'intérêt de celui qui sera mon Maître, je le sens. Peut-être que je me trompe. Mais je veux vraiment lui donner toute satisfaction, si c'est le cas. Je ferme les yeux, et laisse les vibrations de sa voix m'entourer et pénétrer en moi.

*Je veux ce que veut mon Maître.*

Pendant ce temps, le marchand et l'acheteur discutent du prix, et d'une histoire de contrat. Cela ne me concerne pas, alors je reste silencieuse.

Puis l'homme se tourne vers moi, et me pose des questions. Il veut que je me lève, il veut voir mon visage. On m'a toujours appris que ma place était aux pieds de mes seigneurs asariens, et que je devais garder les yeux baissés. Mais je me suis déjà "accordée" partiellement au seigneur qui veut m'acheter, et son ordre me relève les yeux aussi sûrement qu'une poigne d'acier. Son regard est froid, dur, mais dénué de malveillance. Celui d'un seigneur sévère mais juste. Je me sens basculer.

A cet instant, je n'ai qu'une envie : qu'il me donne un ordre, n'importe lequel. N'importe quoi, pour que je puisse le servir. Alors, je réponds aussitôt.

Seigneur, j'ai peur parce que ces démonstrations impliquent toujours de la souffrance pour moi. Et parce mon Maître aime que j'aie peur dans ces moments. J'ai peur parce qu'alors je sens mon corps m'échapper, et que j'ai déjà frôlé la mort lors de ce genre de test.

Je me rappelle de l'ordre. "Cesse de respirer", il avait dit. L'air qui ne pouvait plus entrer dans ma gorge. La sensation d'étouffement, d'angoisse, mon cœur qui pompe en vain. Puis le néant total. Comme le Maître l'avait voulu.

Pour répondre à votre question, oui, je me rappelle de tout. C'est seulement que mon instinct me force à obéir, toujours. C'est comme... comme respirer. C'est normal, seigneur. Sinon, je sais danser... Je sais masser et je suis experte dans les arts de la chair. Pour ce qui est du reste, j'apprendrai rapidement ce que vous désirez que j'apprenne.

A ce moment, mon propriétaire actuel reprend la parole.

Elle dit vrai. C'est un autre de ses avantages : si vous décidez de lui apprendre à jouer du violon, elle y mettra toute son énergie et toute sa volonté. Elle apprend très vite.

Les explications du propriétaire sur l’esclave, son conditionnement  et ses capacités ne cessaient d’intéresser le jeune PDG. Il voyait en cette future propriété, une vie beaucoup plus tranquille que celle qu’il avait vécue avec Evangéline. Une esclave sans problème, tout ce qu’il y avait de plus docile et qui ne chercherait pas à se rebeller et à s’affirmer à chaque tête à tête avec lui. Damien pensait de plus en plus qu’il faisait là, un excellent choix. Jade s’occuperait de son appartement durant son absence et lorsqu’il rentrerait du bureau, elle l’accueillerait e manière à le satisfaire et à lui faire oublier ses longues heures de réunions. Tout ce que n’avait pas su faire son ancienne esclave qui n’avait, elle, qu’une seule idée, s’échapper et reprendre sa liberté. L’Asarien se caressa le menton en admirant une fois de plus la sculpturale blonde. Sa longue robe noire et moulante permettait à Damien de devinait les courbes sinueuses de la petite poupée qui se tenait droite devant lui.  Il aimait les femmes bien en chair, les femmes dotées de ses formes exquises. Il se souvenait de Valériane, son assistante, de la bombe latine qui était aussi la propriétaire du Light Of Diamond, Jessica Warner. Jade ne faisait pas exception. Il aimait la douceur de la peau d’une femme. Il aimait les rondeurs affirmées et leur souplesse. Il détestait ces femmes maigres, sans formes, sans attraits.

La peur qu’il avait aperçue dans les yeux de cette chatte affolée le rendit encore plus curieux, éclipsant les paroles de l’ancien maitre qui ne cessait de vanter les avantages et les capacités de son jouet. Jade répondit alors à sa question et lui monta sa peur des expériences que lui faisait subir son propriétaire. Il ne comprenait pas ni il ne pouvait imaginer ce que pouvait être ces démonstrations. « Puis-je en savoir davantage sur ces démonstrations ?  ». Il se tourna vers l’homme et rectifia le sens de ses mots. « Je ne veux pas que vous lui faisiez mal, je veux que vous m’expliquez tous les deux ce que sont ces démonstrations. De quelle mort parles-tu Jade ? Quelles sont tes limites à la souffrance ? »

La jeune femme continua à répondre aux diverses questions qu’il avait posé un peu plus tôt. Il hocha la tête à ses explications, sur ce qu’elle savait faire et sur sa capacité, encore une fois, à apprendre très vite pour satisfaire au mieux son maitre. Damien considérait cette opportunité de posséder une esclave comme celle-ci. Il restait le prix à fixer. Il était un homme d’affaires et le propriétaire en était un aussi. De plus c’était le créateur et il exigerait un prix à la hauteur de son invention et de tout ce que cela avait pu lui couter en temps et en argent. « Je ne vais pas passer à côté d’une telle nouveauté. J’ai déjà expérimenté beaucoup d’esclaves, celle-ci m’attire dans sa conception et par sa beauté. Elle m’attire par cette docilité que l’on ne retrouve nulle part aujourd’hui parmi tous ces esclaves. Le prix de votre œuvre sera le mien ? Et si le contrat se fait, quand pourrai-je en disposer ?  »

Il demande qu'on lui démontre lorsque je suis punie... Ah, non, il veut simplement qu'on lui explique. Simplement comprendre. Il a l'air très intéressé par moi. Maître va pouvoir me vendre un bon prix. Il sera content.

Je me sens bien en y pensant, mais Maître se tourne vers moi, en silence. Il veut que j'explique moi-même. Je sais pourquoi. Il veut que j'explique pour intégrer encore plus ma condition. Et aussi pour montrer que je peux avoir de la conversation. Maître m'a tout expliqué pour que je sache que je n'ai aucune échappatoire. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Je suis génétiquement programmée pour obéir. Je n'ai pas plus de raison de désobéir que d'arrêter de respirer. Mais il est le Maître et il comprend des choses que je ne saisirai jamais. Je suis une humaine et lui est Asarien. Comme le seigneur qui veut m'acquérir.

Mon Maître a voulu un contrôle total de ma personne, seigneur. Et il a voulu que je comprenne exactement quelles étaient ses possibilités. Il m'a déjà fait ordonné de retenir ma respiration, et... je me suis étouffée lentement, seigneur. Jusqu'à sombrer dans le coma. Une autre fois, il m'a ordonné de m'étrangler moi-même. Je me suis aussi évanouie, seigneur. Mais je le méritais... J'avais donné à mon Maître des raisons de douter de mes qualités.

Je baisse les yeux, me sentant encore emplie de honte à ce souvenir.

Il m'a aussi ordonné de rester immobile sur la pointe des pieds pour me punir... je ressens la douleur comme tout le monde, seigneur... je ne peux juste pas y échapper si mon Maître m'ordonne de me l'infliger moi-même. Il m'a déjà ordonné d'avoir mal à la tête, et j'ai eu une migraine insupportable... Mais il a été bon pour moi, seigneur. Il m'a permis de jouir d'un simple ordre lorsque je le servais bien... Et surtout, il m'a appris à être heureuse si mon Maître l'était. Parfois, il m'a permis de dormir d'un seul ordre... Seigneur, si vous m'achetez, vous ferez de moi ce que vous voudrez. Je vivrai pour vous servir. Je...

Un geste de mon Maître me fait taire. Tant mieux, je ne savais plus quoi dire d'autre. S'il vous plaît, s'il vous plaît, laissez-moi servir...

Mon Maître a un sourire quand il entend que le seigneur veut m'acheter au prix qu'il souhaitera.

Une esclave exceptionnelle comme ça... Je vous la laisse à 10 000 crédits. Et vous partez avec elle, et tout un assortiment de tenues et accessoires. Si vous souhaitez expérimenter son... dressage particulier, vous pouvez aussi l'utiliser. C'est comme vous le souhaitez. Si vous préférez, Jade peut elle-même vous expliquer comment l'utiliser, mais de toute manière, il vous suffit de donner un ordre. Marché conclu ?

Je reste là, fébrile, immobile, attendant la volonté de celui qui va devenir mon Maître. Je me sens proche du point de basculement. Qu'il dise simplement les mots et je sais déjà que je tomberai immédiatement à ses pieds. Et mon Maître actuel le sait bien.

--------------------------------------

HRP : Je ne connais pas les prix en vigueur, n'hésite pas à me demander d'éditer si tu veux...

Damien ne savait quoi penser devant cette œuvre qui n’était de base qu’une esclave. Son propriétaire l’avait conditionnée et reprogrammée comme on pourrait le faire avec un ordinateur ou un cyborg. Effacer des fichiers pour en reconstituer de biens meilleurs. Le jeune PG se disait intérieur que le progrès n’avait aucune limite. Les humains finiraient tous ainsi : obéissants et soumis. Il n’y aurait plus de rebelles de toutes sortes, plus de traitres qui viendraient mettre à mal la cité, sa société et ses lois. A long terme cette race n’existerait plus, ce qui n’était pas plus mal quand il repensait à son ancienne esclave. On ne pouvait faire confiance à ces animaux. Ils avaient la trahison dans le sang. Il écouta avec un fort intérêt les explications de Jade, la manière dont elle avait failli perdre la vie par deux fois rien qu’en se pliant aux ordres de son maître. Une idée intéressante émergea de l’esprit de l’homme d’affaires et il oublia pendant plusieurs minutes l’esclave, s’adressant à l’Asarien. « Votre programme me séduit. Pourquoi ne pas tenter de nous associer ? Je peux débloquer des fonds, mettre à votre disposition  des locaux que vous transformeraient en laboratoire, je peux vous donner tout le matériel nécessaire pour votre projet. Si cela vous intéresse, nous pourrions discuter de tout ceci autour d’une bonne bouteille. »

Les yeux sombres de Damien se fixèrent alors sur l’esclave. Il avait bien assimilé que cette humaine était conditionnée pour une allégeance parfaite. Il n’aurait aucun souci de révolte, de caprices et de toutes ces choses qu’il avait eues avec Evangéline. Une nouvelle esclave pour un quotidien nouveau. « Je vois. Dis-toi bien Jade, que je ne punis pas sans raison. Je pose les règles, j’établis avec toi un pacte de confiance. Il ne tient qu’à toi de respecter tout ceci et de me prouver ta servitude. Au moindre manquement de ces règles de ta part, je serai aussi impitoyable que ton créateur, peut-être même plus que cela. J’ai beaucoup d’imagination en ce domaine. »

Le Maitre lui indiqua le prix d’une telle esclave. La seule et unique pour le moment sur le marché. Il y en aurait d’autres s’il acceptait de travailler en partenariat avec lui. Damien était doué dans l’immobilier. Il rachetait des immeubles, des hôtels, des bureaux pour les revendre à un très bons prix. Il faisait entreprendre des travaux pour appâter de nouveaux acheteurs qui avaient besoin de développer leurs sociétés ou qui avaient besoin de créer un projet.  L’association qu’il venait de proposer au maitre de Jade pouvait lui ouvrir de nouveaux horizons.   « 10 000 crédits ! Marché conclu ! Je découvrirai tout cela avec elle. »

Il ouvrit le pan de son veston et en tira de la poche intérieure gauche, un chéquier. Il apposa sa signature au bas du petit papier où étaient alignés les zéros qui serviraient à acheter Jade. Il le tendit au propriétaire ainsi que sa carte de visite. « Je vous laisse réfléchir à ma proposition. Vous pouvez m’appeler à tout moment.» Il pivota vers Jade. « Prends tes affaires. Tu en auras d’autres que tu porteras selon mes gouts. On en reparlera une fois chez moi. Ma voiture est sur le parking du marché. Dépêche-toi.  On va passer par ma société, j’ai des dossiers à récupérer  et après tu vas découvrir ta nouvelle maison. »

Je sens et je comprends beaucoup de choses. Je sens que mon Maître... oui. Mon Maître. Je le sens vibrer dans mes os, ce pouvoir qu'il a sur moi. La difficulté de lever les yeux pour Le regarder en face, cette sensation de ne pas mériter... de toujours devoir faire plus. Plus pour Lui plaire, plus pour Le servir, plus pour L'aider... Toujours plus. Alors que l'autre, le commerçant, est devenu moins... moins brillant. C'est un seigneur asarien, bien sûr, et je lui dois le respect. Mais lorsque je le vois à côté de mon Maître, j'ai l'impression de voir une bougie à côté du Soleil.

Je sens aussi la méfiance de Maître pour les humains. Il les trouve traîtres, peu fiables, et veut faire de moi la première des humains nouveaux, ceux qui connaîtront leur place aux pieds de leurs seigneurs. Cela m'effraie.

Si d'autres renaissent comme je suis née pour servir, alors certains pourront être mieux. Des femmes plus dociles, plus empathiques, plus obéissantes, plus attirantes, plus douées au lit, plus amusantes... Elles pourraient m'évincer. Comme un ordinateur périmé. Cela me fait peur. Mais c'est sans importance. Seul importe le projet de mon Maître.

Je m'exécute lorsque mon Maître me demande de prendre mes affaires. Il y en a pas mal, et j'ai peur que les porter ne froisse ma robe et ne me mette pas en valeur, mais j'obéis.

Pour la première fois, parce que je veux sentir le mot rouler sous ma langue, je le lui dis.

Je suis prête... Maître.

J'ai essayé de moduler ma voix pour que les sonorités Lui conviennent. Pourvu que ça Lui ait plu.

Pendant ce temps, j'entends les deux seigneurs asariens qui discutent du projet, et je comprends vaguement que le marchand est très intéressé. Mais je n'y fais pas plus attention que ça. On m'a bien appris à ne me focaliser que sur ce qui me permet de bien faire mon travail. C'est comme cela qu'on devient bonne dans l'art de servir.

Il m'a ordonné de me dépêcher, alors j'obéis scrupuleusement, et je me mets en route d'un pas très rapide. Tellement rapide qu'au début, je commence presque à dépasser le Maître. Je m'en rends compte aussitôt, et, confuse, calque mon pas sur le Sien, à côté et légèrement en arrière.