(Abandonné) Chaque décision entraine des conséquences || Les Invités

[hrp] j'ai demandé à Evangéline la permission de poster en attendant qu'elle soit plus disponible, mon arrivée ne va d'ailleurs pas impacter votre dialogue

Ghislaine avait vaincu ! Quelle redoutable collaboratrice j'avais là ! Elle avait réussi à manœuvrer assez habilement pour obtenir du Directeur du Centre de Recherches que ce soit moi qui représente la communauté scientifique à la formidable soirée donnée par le célèbre Damien Stark, PDG de la Stark Entreprise, rien de moins. J'avais autant envie de m'y rendre que de me pendre au premier cactus venu, si tant est que j'en trouve un et malgré la douleur qui en découlerait. Même dans cette posture, je me sentirais plus vivant qu'en compagnie de personnes avec lesquelles j'avais aussi peu de points communs. Je bataillais devant la glace avec mon nœud de cravate récalcitrant - et si j'en faisais un nœud coulant ? - tout en jetant un regard morose à l'invitation que ma secrétaire avait posée bien en vue sur la console à l'entrée de mon bureau. Je n'avais pas pu refuser d'obéir à l'ordre donné par mon supérieur. Je devais être présent à cette soirée.

Ayant réussi à vaincre ma cravate, j'entrepris de discipliner un peu mes cheveux puis je pris le temps de m'asseoir pour lacer mes chaussures hors de prix tout comme ma tenue. Un splendide costume gris anthracite à très fines rayures sous lequel je portais la chemise en soie blanche achetée l'après midi où j'avais croisé Jessica. Je songeais à Audrey qui ne manquerait pas de me trouver beau. Mais même le souvenir de la petite fille n'arriva pas à me dérider et à me faire oublier l'iniquité de ce monde dans lequel je vivais. La pensée de tous ces gens dans les bidonvilles qui manquaient de l'essentiel me rendait l'image que je donnais de moi aujourd'hui clairement odieuse. C'était indécent, révoltant. Je me laissai aller sur le dossier de la chaise et sombrai dans de funestes pensées. C'est ainsi que Ghislaine me trouva.


Elle poussa un cri de ravissement et porta ses deux mains sur ses joues.

- Patron ! Vous êtes magnifique ! Sublime! Vous allez faire bien des victimes parmi les jolies femmes de l'assemblée.

- Hmm, on ne pourrait pas y envoyer mon clone ? J'aurais du travailler sur le clonage ...

Elle leva les yeux au plafond d'un air excédé.

- C'est vous qui avez besoin de vous détendre et pas votre clone même s'il existait. Vous êtes unique et fort heureusement !

- Ça va être une catastrophe. Je suis nul en public relations, vous le savez bien.


Elle agita devant mon nez un trousseau de clefs et le laissa tomber sur mes genoux.

- Il vous suffira d'être vous-même, charmant, mystérieux, tellement ... élégant. Je suis certaine que vous allez marquer l'assemblée ce soir. Faire connaître vos travaux...Monsieur Stark ne laisse rien au hasard. Il a dû inviter les célébrités les plus en vue et il sait toujours s'entourer des plus belles femmes...

- Qui ne m'intéressent pas ...

- Mais vous, vous les intéresserez. Allez, il est l'heure, il faut y aller, ce ne serait pas poli d'arriver en retard.

Je me levai à contre cœur sous l’œil couvant de ma secrétaire et franchit le seuil du bureau pour me diriger vers l'ascenseur. J'appuyai sur le niveau -1 pour accéder au parking souterrain. Je repérai bien vite ma nouvelle voiture que je devais à ma récente promotion, un petit bolide noir arborant sur le pare-brise le macaron du Centre de Recherche, et m'installai dans l'intérieur cuir puis posai mes mains tremblantes sur le volant. Je fermai les yeux et inspirai lentement. Je me sentais vide, sans aucune envie pour ces frivolités que m'avait fait miroiter Ghislaine. Je n'aspirais à la compagnie que d'une seule personne mais elle ne serait pas dans la foule mondaine de ce soir. Elle aurait pourtant pu y figurer et rivaliser avec les plus belles femmes que ma secrétaire me vantait. Je ne voulais qu'elle et je ne l'aurais pas. Elle ne voulait pas de moi. Je démarrai et fit vrombir le moteur. Rester trop longtemps immobile dans ma voiture pouvait paraître suspect et je ne voulais pas que le type de la sécurité du parking vienne me poser des questions. Je pris la rampe de sortie, appréciant néanmoins la souplesse de conduite de ce petit coupé sport de 500 chevaux, une véritable insulte aux économies d'énergie et totalement ostentatoire. Je ne m'en étais encore servi qu'une fois, une seule, pour emmener Audrey au centre commercial. J'étais rentré à pied avec Jessica et j'avais dû aller la récupérer le lendemain en ressassant mes idées sombres et les phrases pleines de regrets que nous avions échangé la veille.

Rien à voir avec les vieilles jeeps antiques des Pacificateurs, cette nouvelle voiture. La traversée des Dômes jusqu'à celui des Affaires me laissa à peine le temps de me composer un visage de circonstance: aimable, souriant, heureux. Le parfait collaborateur du gouvernement, qui a réussi dans son domaine et affiche à quel point il est content de lui et du traitement qu'on lui prodigue. Je m’écœurais... A l'entrée du parking de la Stark Entreprise, un voiturier attendait et m'ouvrit la portière pour que je lui cède la place tandis qu'un homme en livrée, certainement un esclave, m'invitait à le suivre sur le tapis déroulé jusqu'à l'entrée. Un troisième vérifia mon invitation et passa discrètement un détecteur d'armes des pieds jusqu'à ma tête. Rien n'était laissé au hasard et surtout pas la sécurité. Cela en disait long sur la conscience tranquille de mon hôte et de ses invités. Un portier me guida jusqu'à la grande salle d'où s'écoulait des flots de musique d'ambiance et des bribes de conversation. Je fis mon entrée et saluai la foule disséminée en petits groupes dans l'immense pièce. Un serveur s'approcha de moi pour me proposer une flûte de champagne et cela me ramena douloureusement à la dernière fois que j'en avais dégusté. Je cherchai l'homme du jour du regard et le repérai bien vite en pleine discussion avec une très jolie femme. Ghislaine avait raison...

(hrp :Désolée de la longue attente.
Damien, oui, j'aimerai bien jouer ce Rp en décalé dans les flashbacks ou ailleurs, comme tu voudras ^^)

Le lendemain matin après une longue nuit aux ébats passionnés entre la jeune femme et son maître, Evangéline commença à émerger difficilement d'un sommeil lourd et profond. Allongée sur le dos, ce qui n'était pas sa position habituelle pour dormir. Elle dormait toujours sur le côté ou sur le ventre. Il y a quelque chose de lourd et de chaud sur son ventre, se dit-elle encore ensommeillée par les brumes du sommeil, plissant ses paupières fermées. Elle se décide d'ouvrir un œil pour voir ce dont il s'agit. Des cheveux châtains ébouriffés la chatouillent à chaque mouvement de sa tête lorsqu'elle respire. Damien est sur le flanc, allongé contre son corps, sa tête posée sur le haut de son ventre en dessous de sa poitrine nue. Assez bas par contre pour sentir son haleine chaude se répandre sur la chair sensible de son bas-ventre. Elle soupire et referme les yeux, en déglutissant avec difficulté, craignant que cette sensation ne mette son corps en émoi. Elle n'ose pas bouger un millimètre pour ne pas le réveiller mais il ne lui était pas possible de rester dans cette position avec lui dans ce lit. Il bouge un peu et elle se fige en alerte, ouvrant les yeux pour l'observer. Sa main posée sur mon bas-ventre attire son attention, ainsi que de sa chaleur. Sa main était en mouvement, et ses doigts effleuraient la peau tendre et délicate de son ventre pendant son sommeil. Elle se mordit la lèvre inférieur, mal à l'aise dans cette position mais surtout gênée par les sensations de son corps sous ses caresses. Sa main s'approchait dangereusement plus bas, bien plus bas. Sentir son haleine et sa main sur son ventre la faisaient frissonner. Il fallait qu'elle sorte de ce lit avant qu'il ne soit trop tard. Elle avait envie de glisser sa main sa chevelure ébouriffée, caresser son corps musclé. Doucement et lentement, elle se dégagea, posant ses mains sur son torse, et le bascula sur le dos. Sous le petit effort de son élan, elle se retrouva allongée à moitié sur lui. Elle se figea, les yeux braqués sur le beau visage de son maître et amant. Il dormait toujours et elle soupira de soulagement. Elle profita de ce moment pour l'observer plus attentivement. Il semblait moins dangereux quand il dormait mais il était toujours irrésistible, diablement sexy. Hésitante sur le moment, elle finit par effleurer son visage de ses doigts, caresses légères telle une plume, effleurant au passage ses lèvres tentatrices. Elle avait envie de poser ses lèvres sur les siennes, savourant sa douceur ainsi que sa fermeté, et de sa chaleur enivrante. Il était vraiment dangereux, trop irrésistible. Il n'était pas bon pour elle et elle était incapable de lui résister. Il la voulait corps et âme, entièrement.  Elle soupire antérieurement, et s'écarte avant de se rallonger sur le dos. Hébétée, Evangéline demeura immobile un moment. C'était comme si une bombe venait d'exploser et qu'elle gisait dans les ruines, encore étourdie par le choc des révélations, des émotions contradictoires. Après quelques minutes, elle se força à se lever, descendant du lit, et se recouvrit d'un peignoir en soie bleu pastel. Elle fit une légère grimace de douleur. Son corps entier n'était que douleur et courbatue, surtout ses cuisses, et entre ses jambes. Cet Asarien était insatiable. Puis, avec un dernier regard sur la silhouette masculine de son maître, elle se rendit dans sa propre chambre, respirant avec difficulté. Sa gorge lui faisait mal de contenir autant d'émotions. Une larme coula, puis une autre, qu'elle chassa d'une main furieuse. Elle s'en voulait de pleurer, même si ses larmes n'exprimaient pas de la tristesse, mais de la colère et de l'impuissance. De la colère envers elle-même, envers lui. Parce qu'elle avait adoré ce qu'elle venait de vivre, de ces moments avec lui. Comment était ce possible? Comment pouvait-elle s'être laissée aller au point d'avoir été transportée d'extase durant leur étreinte. Ses mains, sa bouche, sa langue...Sa raison s'insurgeait, mais elle frissonnait de volupté au souvenir des caresses de Damien? Tout lui avait plu: L'intensité, la passion, la douceur, et même la brutalité...Elle rougit. Elle se rendit dans la salle d'eau, et retira son peignoir, entra dans la cabine de douche. Elle ouvrit le robinet d'eau froide à fond et tressaillit au contact de l'eau glacée. L'odeur et l'empreinte de Damien se dissipaient peu à peu mais ses marques restèrent. Elle pencha la tête en arrière, offrant son visage au jet bienfaisant, puisant en elle force et assurance. Elle ne pleurerait plus. Elle s'efforça de se maîtriser, sa respiration et sentit peu à peu s'apaiser le feu qui lui brulait les paupières. Elle était entrain de se sécher et de s'habiller quand elle l'entendit marcher dans le couloir...

Quelques heures après, la soirée...

Incroyable. C'était comme si elle contemplait une inconnue...Une inconnue superbe, sexy et glamour. Evangéline n'en croyait pas ses yeux. Incrédule, elle fixait obstinément le grand miroir, le seul qui se trouvait dans la salle, bouche bée devant la silhouette délicate et sophistiquée qui lui faisait face...Celle d'une vraie femme. Jamais, de sa vie, elle n'avait ressemblé à ça! Le satin bleu nuit acide de sa robe épousait outrageusement chacune de ses formes avant de descendre jusqu'à ses chevilles en vagues soyeuses. Elle avait également des escarpins vertigineux. La tenue seule la changeait radicalement de son quotidien passé en vieux jeans et tee-shirts, ainsi que des converses, mais la métamorphose ne s'arrêtait pas là. Quelques touches lègères de pinceau appliquées avec raffinement, agrandissaient ses yeux de manière spectaculaire, révélant aussi la fine architecture de son visage. Son habituelle queue de cheval avait fait place à un authentique chignon de lady, lisse et lumineux, offrant sa nuque gracile, où était situé son tatouage, aux regards. Des diamants brillaient à ses oreilles et une rivière tout aussi factice étincelait à son cou, apportant une certaine lumière à sa nouvelle apparence. Elle plissa les yeux, et fit la moue. Tout cela n'était-il pas un peu trop...exagéré? Ostensible? Résistant à la tentation de ronger ses ongles soigneusement manucurés,  elle se détourna du miroir et balaya la salle du regard. Tous les préparatifs de la réception de son maître étaient terminés et elle n'attendait plus que les invités. Elle observa les serveurs qui finissaient les derniers préparatifs, s'occupant des bouteilles de champagnes derrière le bar et d'autres serveurs qui se faufilaient parmi les premiers invités, avec un plateau à bras, en leur proposant des coupes de champagnes. Cela lui faisait bizarre d'être là, à les observer à travailler alors qu'elle aurait tout à fait être à leur place. Au lieu de ça, elle était esclave et amante d'un Asarien qui voulait qu'elle fasse l'hôtesse. Damien avait tenu qu'elle porte une robe de soirée et qu'elle attache sa chevelure dans un chignon. Certains invités masculins posaient leurs regards sur elle, et elle se sentit gênée par leur insistances et certaines femmes la regardaient d'une manière hautaine et froide, avec une touche de jalousie sans doute. Elle était tout droit plongée dans l'univers de Damien et elle ne se sentait pas à sa place. Elle n'avait qu'une envie, c'était de prendre ses jambes à son coup et s'enfuir loin de cette réception. Elle  avait hâte que Damien rejoigne la réception et ses invités et c'est à ce moment là qu'elle le vit. Elle l'observa, admirant sa silhouette masculine qu'elle connaissait si bien, dans son élégant costume. Elle plissa légèrement des yeux en voyant une serveuse qui lui faisait les yeux doux en lui proposant une coupe de champagne. Les lèvres pincées, elle se détourna et vit un visage familier. Jesse. Un ancien serveur du Diamond avec qui elle avait travaillé un temps avant qu'il parte pour une autre place. Une complicité amicale s'était installée entre eux deux mais néanmoins, ce dernier avait souhaité plus qu'une amitié. Il n'avait pas insisté comme elle ne semblait pas intéressée. Elle n'avait jamais voulu avoir ce genre de relation, bien que Jesse était un jeune homme charmant, et fort séduisant. Rien à faire, elle n'avait jamais ressenti autre que de l'amitié. Elle était ravie de le voir et vint à sa rencontre. Il était derrière le comptoir du bar, entrain  de travailler. La surprise et le ravissement se lisaient sur le visage de Jesse en la voyant. Elle discuta un moment avec lui tandis qu'il s'occupait des coupes. Plongée dans la discussion, elle oublia un instant Damien. Elle lui adressa un sourire amusée, quand il lui raconta une anecdote d'une de leurs soirées ensembles. Tandis que Jesse s'était absenté, elle sentit une présence dans son dos, et un souffle chaud effleura sa nuque dénudée. Elle sut tout de suite que c'était Damien. Elle frissonna sous la caresse douce et chaude de sa main sur son bras. Lentement, elle pivota, lui faisant face avec le visage grave. Elle le dévisagea à son tour, croisant son regard.


« Je vous remercie. J'ai donc réussi l'examen...Vous êtes très élégant aussi, mais vous le saviez déjà. Je sens que les cœurs de ses dames vont papillonner ce soir.»
Murmura t-elle avec amusement, ressentant une certaine jalousie. Elle passa son bras sous le sien qu'il lui présenta et plaqua un ravissant sourire mais qui n'atteignait pas son regard  brillant et grave.

« Cela vous convient-il  Monsieur Stark? » Demanda t-elle doucement, dont lui seul pouvait l'entendre, rajoutant un petit brin de sarcasme. Son corps épousa légèrement celui de son maître et amant, observant les invités tandis qu'elle l'écouta parler sur ce qu'elle devait faire. Il allait la surveiller de loin et ce n'était loin de là une surprise. Elle passa sa langue sur ses lèvres au moment où elle remarqua les regards de plusieurs invités braqués sur le couple étrange. Un Asarien puissant avec son humaine.

« Je ne m'enfuirai pas... »
Elle le pensa sincèrement. Bien  qu'elle désirait retrouver sa liberté, elle était partagée entre son envie de partir et de celle, de rester, auprès de lui. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante depuis qu'il est entré dans sa vie mais il était mauvais pour elle, pour sa santé, son cœur et son âme.Elle ne put s'empêcher de savourer la chaleur du baiser sur sa tempe, et ses joues s'empourprèrent légèrement.

«Je doute que vous aurez le temps de danser avec moi, vous allez être surement très occupé avec toutes vos invitées. Elles vont certainement vouloir danser avec vous, et il ne faut pas négliger ses invitées à cause de moi. Elles ne risquent pas d'apprécier. » Murmura t-elle, en observant certaines femmes qui les regardaient de loin. Elle pouvait certainement sentir leur jalousie, surtout quelques unes qui la fusillaient du regard.

« Néanmoins, je vous réserve cette danse... »

Elle remarqua un nouvel invité qui venait d'arriver dans la salle. Elle l'observa attentivement. Une grande silhouette avec une chevelure blonde. Très élégant, et très séduisant. Lui aussi, il va être comme un pot de miel attirant irrésistiblement ces abeilles. Soudain, Jesse passa près d'eux avec un plateau à la main, et le regard accusateur, vexé et blessé se posa sur Evangéline. Il détailla froidement le couple qu'ils faisaient, Damien et elle. Son corps se raidit à la seconde même, recevant ce regard. Damien a surement dû sentir son corps se raidir vu qu'elle se tenait contre lui. Elle se sentit encore plus mal à l'aise et se mordit la lèvre inférieur, en suivant discrètement du regard son ami qui quittait la salle. Elle se mordilla toujours la lèvre quand elle reposa son attention sur Damien. Elle croisa son regard, masquant ses émotions, s'efforçant d'oublier Jesse et son regard.

« Ce n'est pas ma place ici, je ne devrai pas être là. Vos invités n'arrêtent pas de poser leurs  yeux sur moi. J'ai l'impression d'être un animal de foire. Vous ne craignez pas que je vous ridiculise ? »
Elle soupira antérieurement, mal à l'aise et observa à nouveau le nouvel invité. Elle pria qu'il ne lui demande des explications sur Jesse. Elle attendit sa réaction et sa réponse après ce qu'elle lui a dit.

«Un invité vient d'arriver, dois je aller à sa rencontre seule ou vous m'accompagnez? »

Je fus plus gêné qu'autre chose lorsque je devins le point de mire du couple qui se dirigea vers moi d'un pas élégant. Je ne fus pas sans noter la disparité de comportement et de mine affichée par les deux. Si l'homme affectait une nonchalance et une assurance évidente, apanage de la caste dominante d'Asaria, la jeune femme à son bras, elle, semblait beaucoup moins à l'aise malgré sa tenue splendide qui la mettait magnifiquement en valeur. J'étais loin d'être un spécialiste dans le domaine des relations de couple mais l'impression qui se dégageait de celui-là était le déséquilibre. Ce qui émanait du duo n'était pas un partage de territoire, comme c'était le cas de certains couples dont les deux membres régnaient sur leur domaine chacun à leur façon mais en toute équité. La jeune femme semblait vouloir trop en faire pour être assurée des faveurs exclusives du maître de maison. Elle ne se comportait pas en égale mais j'ignorai pourquoi. Quelque chose m'avait toutefois interpelé dans un échange de regard que j'avais surpris entre Damien Stark et l'un des serveurs. C'était de l'ordre de l'intangible mais il y avait dans cette confrontation un mélange de haine, de mépris et de jalousie larvées.

Je sentis instinctivement qu'elle ne se sentait pas comme son égale et n'était certainement pas une conquête issue de le jet set, ni parente d'un des coreligionnaires du capitaine d'industrie, mais plutôt probablement une sorte de fantaisie que s'accordent les riches à frayer avec les personnes de basse extraction pour se donner des sensations. Il semblait l'exhiber à son bras comme il aurait porté à son poignet une montre excentrique achetée dans les souks des bidonvilles. Immédiatement je dus retenir de la défiance envers cet homme qui semblait pouvoir tout s'offrir même le bonheur, en mini dose monnayée. Mon regard se porta aussitôt vers la demoiselle qui ne semblait pas vraiment en détresse mais pas non plus complètement enjouée comme toute femme se pavanant au bras de Monsieur Stark se devait de l'être.

Mais je n'étais pas venu là, je ne m'étais pas imposé cette épreuve, pour psychanalyser mon hôte et sa compagne du jour. J'étais là à la demande expresse du Directeur du Centre de Recherche et même si j'aurai pu tenter de me dérober à la corvée en m'inventant un alibi d'ordre professionnel, même si ce dernier aurait difficilement pu m'en faire grief, j'étais d'une prudence quasi obsessionnelle au sujet de ma couverture et je ne voulais rien laisser paraître à mon supérieur qui put écorner l'image lisse du parfait collaborateur empressé de se faire sa place au soleil en côtoyant les "grands de ce monde". Seule Ghislaine et Léana savaient à quel point je devais jouer un rôle de composition pour sacrifier à de telles mondanités. Je songeai avec un peu d'envie à Amaria qui avait coupé à cette obligation et souris intérieurement en imaginant quelle taquinerie elle ne manquerait pas de m'infliger en apprenant mon apparition à la grande soirée. Elle savait à quel point mon apparence pouvait être à des lieux de ce que j'étais foncièrement et intérieurement. Si ma secrétaire ne jurait que par le charisme indéniable de son "patron" qui avait tout d'une "gravure de mode", Amaria, elle, voyait en moi le confrère complètement obnubilé par ses recherches, capable de s'oublier au point de ne plus dormir ou manger, parfois de se laver. Et parfois j'avais droit à des remarques du genre "tu vas puer le loup si tu ne t'accordes pas une bonne douche suivie d'une bonne nuit".

De fait, je jouais constamment un rôle en société. Celui du chercheur à la pointe de son domaine, ancien jeune prodigue du département de génétique de l'université et affichant une image irréprochable d'employé du gouvernement, sans état d'âmes, ni sentiment apparent, aucune relation suivie connue, inaccessible. Sans être une torture, cela m'amenait parfois à paraître dans des lieux comme celui-ci, où d'ailleurs j'étais plutôt chaleureusement accueilli et accepté. Damien Stark s'avérait un hôte courtois et plaisant, et il m'aborda sans aucune condescendance mais davantage comme quelqu'un qui a pris soin de se renseigner longuement sur chacun de ses invités. Je ne savais pas si je devais me féliciter d'une telle déduction. Il n'est plus affable personne qu'un parvenu qui pense parler à un autre parvenu auquel il pense être supérieur et j'avais vraiment l'impression absolument irrationnelle d'être l'agneau dans l'antre du loup en répondant à la main tendue de Stark par une chaleureuse poignée de mains et un sourire non moins chaleureux. Seul un œil avisé et un regard averti de mes sentiments aurait pu se douter en me voyant que cette comédie était comme un costume neuf et trop empesé qui ne m'appartenait pas.

- En effet Monsieur Stark, je vous prie de recevoir les meilleurs souvenirs du Directeur du Centre qui m'a fait l'honneur de me demander de le représenter lors de votre réception. Je suis désolé de n'avoir pu donner immédiatement de réponse certaine au sujet de votre invitation mais nous étions dans une phase d'expérimentation très délicate et je ne pouvais être certain de ma disponibilité à l'avance. Les domaines de recherche que nous couvrons sont de la plus haute importance pour l’État, et, comme vous le savez, la raison d’État prévaut sur les désirs personnels.

Je ne pus m'empêcher de couler un regard allusif en direction de sa compagne en achevant ma phrase.

- Je suis cependant infiniment comblé d'être présent finalement et je me permets de vous adresser tous mes compliments pour l'organisation de cette soirée qui semble d’ores et déjà connaître une grande fréquentation. C'est très réussi, l'agencement et les décors sont éblouissants de beauté... à l'image de cette personne qui se tient à vos côtés et que je n'ai pas encore le plaisir de connaître ? Vous êtes assurément dans l'exagération à mon sujet. Je n'ai fait que travailler sur les gènes constants des Asariens ainsi que sur ceux des humains. Je ne suis qu'une fourmi comparé à des hommes comme vous qui ont érigé les fondations même de notre société.

Selon les usages en vigueur dans la bonne société, je ne gratifiai pas la jeune femme d'un baise main car elle accompagnait mon hôte en se tenant à son bras, marquant ainsi une certaine familiarité entre eux, mais la saluai juste d'une simple courbette et d'un "mes hommages Mademoiselle ... "

(Désolée de l'attente )

Quand Damien Stark pénétrait dans une pièce, tous les regards se tournaient vers lui, irrésistiblement. Evangéline avait tourné aussitôt son regard vers lui alors qu'elle avait senti sa présence dans la salle. Même aussi éloignée, elle sentait toujours sa présence dès qu'il se montrait. Elle n'avait pas besoin de regarder pour le sentir. Il avait posé sa marque bien plus profondément en elle. C'était indéniable. Les battements de son cœur s'étaient accélérés dans sa poitrine. A travers la foule, elle avait distingué son maître, vêtu  d'un impeccable costume sur mesure, révélant son corps mince et musclé. Un corps magnifique dont elle connaissait chaque parcelle. Son corps n'avait plus aucun secret pour la jeune femme et son propre corps n'en avait aucun pour Damien. Le cours de conversations avaient repris, mais l'énergie qui emplissait la grande salle s'était d'une certaine façon amplifiée depuis l'arrivée de Stark. De manière surprenante, cet homme qui se démarquait par son élégance et son charisme légendaire semblait fasciner toutes les femmes de l'assemblée, et même certains hommes. Apparemment, tout ce qu'il touchait se transformait en quelque sorte en or. Pourquoi? Parce qu'il était Damien Stark, tout simplement. Il pouvait faire absolument tout ce qu'il lui plaisait. Il prenait tout ce qu'il lui plaisait, sans exception. La preuve, Evangéline était exactement là où il désirait. Il n'avait aucun scrupule pour priver la liberté d'une femme, par ce qu'il la voulait. Il l'avait prise, possédée dans tous les sens du terme. Corps et âme. Il ne lui avait pas seulement pris son corps, sa virginité, son innocence mais surtout, le plus important, il lui avait pris possession son âme. Il lui avait tout pris, et il ne lui restait rien. Comment se protéger d'un tel homme? Elle ne savait pas elle-même. C'était d'une certaine façon plus facile de songer à lui comme un être vil, arrogant et déplaisant. D'accord, il était son maître, mais il n'était pas cruel. Elle devait bien admettre à contrecœur qu'il était ferme mais juste. Il ne punissait pas sans raison. Elle n'arrivait pas à lui résister. Elle était perdue. Complétement fichue. Tellement absorbée par Damien qu'elle avait déjà l'impression de ne plus voir d'issue possible à cette histoire, à sa situation actuelle. Quand il se lassera d'elle, tout sera terminé, et elle était persuadée qu'elle serait anéantie. Plus efficacement que toutes ses erreurs passées. Elle n'aurait jamais cru que quelqu'un d'autre qu'elle-même puisse exercer sur sa vie, sur sa personne une telle influence. Et cette vérité la terrifiait, plus que tout. Malgré une liberté bridée, elle devait reconnaître qu'elle n'était pas malheureuse. Damien prenait soin d'elle en quelque sorte. Rien ne lui arrivait, mais le fait qu'elle soit une esclave la dérangeait, plus qu'autre chose.

La forte silhouette de Damien se tenait tout près d'elle, contre elle, alors qu'il lui tenait délicatement la taille. Elle était pressée contre lui, et malgré qu'elle soit tendue, elle se sentait bien dans ses bras. Il faisait mine de détailler les femmes qui se trouvaient dans la salle avant de reporter son attention sur Evangéline. Elle l'observait, faisant attention à l'expression de son visage. Elle le dévisagea un instant en silence alors qu'il venait de lui poser une question. Elle ne répondit pas tout de suite, et au lieu de cela, elle glissa délicatement son bras sous le sien. Il lui avait demandé ce qu'elle pensait à cet instant.

« Et si c'était bien de la jalousie que vous avez perçu, qu'est ce que ça changerait? »

Il était exact qu'elle devait se protéger de ses propres émotions. Elle était jalouse, elle le savait pertinemment et elle ne pouvait rien faire pour changer cela. Damien voyait bien en elle, et elle devait faire plus attention.

« La jalousie n'a pas sa place entre nous, en ce qui me concerne. Je n'ai pas le droit d'être jalouse. Voilà, ce que je pense... » Elle se tut, gardant son regard brillant rivé au sien.« La soirée va se terminer tard? »

Ils commencèrent à circuler lentement parmi la foule. Elle évitait soigneusement les regards insistants des convives. Elle avait un sourire forcé mais agréable sur les lèvres. Elle acquiesça d'un petit mouvement de tête tandis qu'il lui disait de ne pas faire attention aux autres. C'était difficile mais elle s'efforçait de le faire. Elle se tourna vers lui en l'entendant rire après ses dernières paroles. Était ce réellement comique? Elle se mordilla la lèvre inférieure, prenant presque une expression coupable. Il avait raison. Cette envie de retrouver sa liberté la rongeait. Elle ne pouvait le nier.

« Je ne peux le nier. »Murmura t-elle en toute honnêteté. Elle voulait retrouver sa liberté, mais elle ne partirait pas. Elle savait pertinemment qu'il finirait par la retrouver et elle en subirait les conséquences. Son attention était captivée par cet homme, alors qu'il lui déclarait qu'il ne dansait jamais et qu'il voulait savourer ce moment avec elle. Il voulait danser avec elle, et une lueur de plaisir s'alluma dans le regard de l'humaine. Le sourire sur ses lèvres se fit plus sincère, et se détendit contre lui jusqu'à ce moment opportun malvenu. Le serveur. Jesse et son regard mauvais. Damien avait perçu sa raideur, et elle n'était pas étonnée de ses questions. Elle releva les yeux vers lui.

« Ce n'est pas un ancien petit ami. Il ne l'a jamais été. Vous savez bien que je n'ai jamais eu de relations amoureuses ou autre. C'était un ami mais il voulait plus. Cela n'a plus d'importance... »Elle était peinée par le comportement de Jesse, mais elle ne pouvait rien faire pour changer cela. Elle devait avancer et se concentrer sur le présent. Son présent avec Damien. Elle ne dit plus au sujet de sa présence ici. Son maître la voulait ici, à son bras, et ce n'est pas l'avis des convives qui changera cela. Evangéline avait aperçu un homme élégant, et elle lui demanda si elle devait aller à sa rencontre seule ou avec lui. Ainsi, cet homme était attendu, et Damien voulait le voir. Elle l'accompagna en silence jusqu'à cet homme charismatique. La jeune femme l'observa attentivement, gardant le silence alors qu'il serrait la main tendue de Damien. Son sourire était chaleureux mais elle sentait autre chose derrière ce masque. Elle ne dit rien, les laissant discuter entre eux. Ainsi, cet homme qui lui faisait face était un chercheur prometteur. Elle ne put s'empêcher de froncer légèrement des sourcils en entendant le commentaire allusif de Monsieur Williams envers sa personne. Les désirs personnels. Il avait entièrement raison, mais cela n'empêche qu'elle avait envie de se terrer sous terre, bien profondément. Elle était gênée, mais il fallait être bien attentif pour le remarquer. Elle jeta un regard à Damien avant de reposer son attention sur Aaron. Elle sentit ses joues s'empourprer en l'entendant complimenter les décors magnifiques de la salle, faisant allusion à la beauté de la jeune femme. Elle fut agréablement surprise de le voir la gratifier d'une charmante courbette. Cet homme devait bien se douter qu'elle était une humaine et non une Asarienne. A moins qu'il ne savait pas qu'elle était l'esclave de Damien. Il était vraiment charmant, et elle fut tout de suite sous son charme. Elle lui adressa un agréable sourire sincère. Damien ne l'avait pas encore présentée à lui, alors elle le devança un peu. Elle ne savait pas comment se présenter aux invités de son maître, et elle comptait le laisser faire. Naturellement, elle voulait se montrer courtoise et plaisante mais surtout respectueuse. Elle s'efforçait de l'être alors qu'elle n'avait qu'une envie, c'était de s'en aller, loin d'eux.


« Bonsoir Monsieur William, c'est un plaisir de vous rencontrer. J'espère que vous allez passer une excellente soirée en notre compagnie. Vous avez tout ce qu'il vous faut? Vous ne désirez pas une coupe de champagne? » Demanda t-elle poliment, gardant un sourire poli sur ses lèvres. Elle ne quitta le bras de Damien, restant à sa place mais prête à se déplacer elle-même pour lui chercher une coupe. Elle ressentait l'envie de s'esquiver un petit moment loin des regards pour souffler.