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 (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]

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Mara Jade
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MessageSujet: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyDim 2 Mar - 23:47

Les terres sauvages
L’Océan
A la tombée de la nuit.

Je connais ces terres et ces contrées par cœur. Aucun recoin ne m’est inconnue. Je suis née et j’ai grandi ici sans savoir que mon destin serait dès plus bouleversé. Voilà 30 ans aujourd’hui que je vis dans cet univers unique et indomptable. Même les plus puissants de ce monde n’ont pu le maitriser. On ne peut contrôler la nature et sa force tant soit peu si on la connait. Le chemin qui me mène aux bords de l’océan est long mais je préfère m’y rendre à pieds. Je peux ainsi admirer tout ce qui m’entoure et me laisser submerger par les odeurs de l’herbe humide qui se courbe sous mes pas. Je ne me dirige pas là-bas par pur hasard. Je vais à la rencontre d’un ami. Je sais qu’il est là-bas mais ne me demandait pas comme j’en suis aussi certaine. Le groupe des Pacificateurs est composé d’hommes et de femmes des deux races qui sont devenus de plus en plus nombreux au court des années. Je connais chaque nom, chaque visage. Oh non ! Je ne possède aucun don particulier, ne vous en faites pas pour cela. Je suis peut-être physionomiste ce qui m’aide beaucoup car je n’oublie jamais personne. L’hiver est encore bien présent même si la chaleur revient peu à peu. Emmitouflée dans une longue cape sombre, la capuche remontée sur mes cheveux, j’avance à travers les sentiers. Le soleil s’est couché mais le ciel est encore clair. Je n’ai pas besoin de lampe torche pour me guider. Mon petit voyage me permet de réfléchir à ces derniers mois, à l’enlèvement d’Héméra, à toute cette coalition et cette union qui m’a aidée et sécurisée pour retrouver ma fille. Je n’ai pas pu remercier tout le monde, personnellement, mais je ne manque pas de le faire dès que je vois un Pacificateur. Celui que je rejoins et qui ne s’attend pas à me voir surgir ainsi auprès de lui, est un Asarien, un chercheur, un scientifique qui a choisi d’intégrer le groupe grâce à une amie commune : Amaria Saria. J’ai toujours eu confiance en elle comme j’aurai confiance à toutes ces personnes qui sont venues renforcer le groupe grâce à elle. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est la marraine de ma fille tout comme des liens passés comme présents nous lient à tout jamais elle et moi. Depuis tout ce chamboulement, je n’ai pas revu une seule fois Aaron comme s’il m’évitait, comme s’il ne désirait pas me voir ou discuter avec moi. Crever l’abcès à sa source et connaitre les motifs de son éloignement envers moi sont devenus ma priorité. Mes bottines s’agrippent aux chemins caillouteux. Je garde serré contre moi les pans de ma cape pour me réchauffer tout en essayant de savoir pourquoi il agit de cette façon-là. Peut-être ai-je dit ou fait quelque chose qui l’a blessé sans m’en rendre compte. Au bout de la route, le sommet de la falaise qui surplombe l’océan. Je m’approche pour admirer cette étendue d’eau bleuté secouée par aucun vent violent cette nuit. Je n’ai pas les capacités des Asariens, ni des sens hyper développés mais je balaye de mes yeux toute la baie qui s’offre à moi consciencieusement … Et là … je vois une silhouette assis sur un rocher, contemplant les flots azurés. Je l’ai trouvé …

Mon cœur bat douloureusement à le voir si distant et si troublé à la fois. C’est ce que je ressens mais peut-être fais-je fausse route. J’entreprends de descendre par la piste rocailleuse qui m’amène sur le rivage. La toute petite brise a dû entrainer jusqu’à lui le bruit de mes pas mais il ne bouge pas.  Aaron me laisse l’approcher sans se retourner alors que j’anéanti les mètres qui nous séparent à chacune de mes foulées. Un bref instant je me tiens dans son dos, j’ai envie de poser ma main sur son épaule, j’hésite  le toucher et au dernier moment, je recule mon geste pour m’avancer et me positionner à son niveau. Mes prunelles aux éclats de bronze se fondent dans la noirceur qui nous recouvre progressivement. Je respire les effluves de l’océan qui m’enchante toujours. Je décide enfin de briser ce silence marin. Ma voix se fait murmure, chand mélodieux d’une sirène.

- C’est l’endroit que je préfère parmi les contrées sauvages. On peut contempler la force de l’océan et s’imaginer qu’au-delà de nos terres, il y avait d’autres civilisations avant la pluie de feu.

Je me détourne du spectacle magnifique pour poser mon regard sur lui, bienveillant et doux. Un tendre sourire orne mes lèvres.

- Je savais que je te trouverai ici, Aaron … Mais je serai bien incapable de t’expliquer pourquoi j’en avais là certitude. Cela fait un moment que je ne t’ai pas croisé depuis l’enlèvement d’Héméra et tout ce qui s’est produit. Je n’ai pas eu le temps de te remercier de m’avoir aidée… De nous avoir aidés, Héméra et moi.


Dernière édition par Mara Jade le Jeu 20 Mar - 7:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyLun 3 Mar - 11:36



Le ressac incessant des vagues, la brise marine chargée d'iode, le ciel étoilé au dessus de ma tête, tout convergeait à apaiser mon cœur lourd, berçant mes oreilles, caressant ma peau, scintillant comme un espoir au dessus de ma fragile existence. Ce n'était pas la première fois que la nature me prenait dans ses bras comme une mère le ferait pour bercer son enfant en lui chantant une berceuse. A bien y réfléchir, la nature était le seul endroit où je me sentais chez moi totalement et en paix avec moi-même. Elle n'attendait rien de moi, n'espérait rien. Elle était là simplement là. Tangible et omniprésente, dépassant à bien des égards la vanité de nos futiles existences. Et pourtant, nous pouvions la détruire. Nous l'avions fait de tellement de façons déjà. Malgré tout, elle continuait à nous offrir abri, nourriture et beauté, autant que le lui permettaient les blessures que nous lui avions causé. L'Océan avait une place à part dans mon coeur. Si la forêt était mon refuge, la grande plaine mon espace de courses folles, l'océan, lui, me consolait et me faisait réfléchir. Lorsque j'avais un dilemme à régler, je venais ici, sur les rochers et assis, accroupi, les jambes repliées contre mon torse, je réfléchissais en contemplant l'horizon ou du moins en essayant de le distinguer, de tracer mentalement la ligne qui séparait l'émeraude sombre de l'eau du bleu profond et constellé du ciel.

Mais cette nuit, le ciel était particulièrement clair et dégagé, les étoiles semblaient briller plus fort que jamais et la lune éclairait de sa clarté laiteuse le magnifique spectacle qui s'offrait à moi. Je relevai la tête pour contempler les constellations tout en humant les embruns et je soupirai doucement en pensant à la conversation que j'avais eu avec Amaria. La retrouver et pouvoir lui parler librement, sans risquer de nous faire surprendre par un espion du gouvernement m'avait fait du bien et en partie soulagé des lourdes questions qui agitaient mon esprit. Mais il y avait un sujet dont je ne pouvais m'ouvrir à personne, pas même à elle. Une lancinante douleur qui couvait en moi et qui, si je lui révélais, pouvait changer le regard qu'elle portait sur moi et mon engagement dans la cause pacifiste. C'était une communauté de valeurs qui m'avait amené à vouloir me rallier à leur combat et je ne voulais pas que mon amie pense que je le menais pour d'autres raisons. D'ailleurs, qu'aurait-elle pu faire pour soulager ma peine ? Rien. Elle aurait été plus embarrassée qu'à même de trouver une solution. C'était sans espoir. Le cœur de celle qui faisait battre le mien appartenait à un autre. Ils avaient une enfant, si précieuse et merveilleuse, à l'image de sa maman, mais l'enfant d'un autre que moi. Je frissonnai sous le vent frais. Que m'aurait conseillé Amaria, si je m'étais ouvert à elle de ces sentiments interdits qui me consumaient en secret ? Elle aurait pu me conseiller d'oublier, de quitter les Pacifistes peut-être. Me dire qu'une femme, une autre m'attendait sans doute quelque part ailleurs, qui m'était destinée. Elle aurait peut-être pensé que je mélangeais tout, que l'admiration que je portais à Mara pour son engagement m'avait leurré sur mes sentiments que je prenais pour de l'amour là où il n'y avait que ferveur. Bien sûr je m'étais déjà posé la question, j'avais tenté de me persuader de cela. Mais au fond de mon cœur, je savais que je me mentais à moi-même. Certainement une autre femme pouvait toucher mon cœur. D'ailleurs, ne s'appelait-elle pas Jessica ? Je me sentais bien avec elle, j'éprouvais de l'attirance et une fascination différente. Lorsqu'elle paraissait, mon pouls s’accélérait. Alors ? Pouvait-on aimer deux personnes d'un amour différent ? Avais-je un cœur frivole propice à s'enflammer à la vue d'une jolie femme ? Peut-être et certainement pas. Ma frivolité n'était qu'apparente, une sorte de défense. Un camouflage. Pourtant, ouvrir mon coeur à deux femmes, n'était- ce pas mentir aux deux ? Mara s'en soucierait comme d'une guigne. Mais Jessica ? Je ne voulais pour rien au monde la faire souffrir. Mais peut-être que je me leurrais également à son sujet. Je doutais que quelque chose d'authentique fût possible entre nous. Tant de choses nous séparaient, tant de secrets. Pourtant la nuit que nous avions partagés me revint en mémoire et elle avait une saveur d'authenticité et de sincérité que je n'avais jamais éprouvé avec une autre. Malgré tout ce que nous taisions. J'étais perdu, perdu et troublé. Le cœur en désordre à l'image de mes cheveux emmêlés par le vent.

Entre deux mouvements de ressac, un bruit de cailloux qui roule, mit mes sens en alerte. Personne ne pouvait savoir que j'étais là. Certes mes escapades fréquentes hors du Phoenix, les nuits où je m'y rendais, n'avaient de secret pour personne. Chacun connaissait mon goût pour la solitude et beaucoup le mettaient sur le compte d'un esprit surmené qui a besoin de faire le vide. Chacun avait à cœur de respecter ma volonté de m'isoler, même si Amaria trouvait cela peu prudent. "Tu risque de tomber sur des insoumis. Tu devrais au moins prendre un émetteur pour pouvoir nous joindre en cas de besoin." A quoi je répondais qu'un bon gros loup avait de la ressource et était plus dans son élément en pleine nature qu'en compagnie des hommes. "En fait tu es un misanthrope déguisé en pacificateur!" m'avait-elle répondu en riant. Elle avait peut-être raison. J'étais obligé de jouer un rôle quand je côtoyais mes semblables. Jouer au collaborateur zélé au centre, jouer la banalité d'un homme sans histoire avec Jessica, jouer l'indifférence lorsque j'étais au QG et que je croisais Mara? En fait je ne faisais que jouer. Dans la nature, j'étais moi-même et mon visage, mes yeux, pouvaient trahir toute ma détresse sans que personne ne m'en demande la raison. Pourtant, ce soir, quelqu'un venait déranger ma retraite et ma réflexion. Comme si cela allait retarder l'échéance de ce désagrément, je ne bougeai pas et me contentai d'user de mes sens en alerte. Etre loup à moitié a des avantages. L'odorat est hyper développé. Couvrant les effluves marines, un parfum flottait à mes côtés. Celui d'une femme. Un parfum qui me bouleversait. Était-il possible ? Elle ?

Mes sens et ma mémoire ne m'avaient pas mentis. C'était bien elle qui se tenait debout à côté de moi. Comme pour confirmer ce que j'avais du mal à croire, sa voix s'éleva dans l'air, douce et caressante. Pourquoi fallait-il que cette femme ait à mes yeux tous les atours et tous les charmes ? Je me focalisais sur la teneur des mots, que je m'efforçai de trouver anodine, bien qu'elle me révéla partager ma perception de l'Océan, ce qui ne fit qu'ajouter à mon trouble. Je forgeai dans mon esprit une réponse scientifique et détachée.

- Ne t'est-il jamais arrivé de penser que d'autres avaient survécu au déluge, en d'autres lieux ? La vie est la plus forte et elle finit toujours par s'adapter. Nous avons construit un dôme pour nous protéger du rayonnement. Peut-être que d'autres ont trouvé un refuge différent... Sous les eaux par exemple ...

Je restais assis, les yeux obstinément fixés sur les mouvements des vagues tandis qu'elle me parlait et un petit sourire triste se dessina sur mes lèvres.

- Je n'ai pourtant aucun pouvoir de télépathie pour te guider jusqu'à moi, contrairement à ta fille. J'ai discuté avec Amaria et elle m'a rassuré sur l'état de santé d'Héméra. Pourquoi me remercies-tu ? Je n'ai été d'aucun secours.

La fin de ma phrase sonna plus sec que je ne l'avais voulu, contenant toute la colère que j'éprouvais envers moi-même de n'avoir pu les aider dans cette épreuve. Je poussai un long soupir et passai une main lasse dans mes cheveux.

- Peut-être ne le sais-tu pas, mais le centre de recherche était bouclé, personne ne pouvait y entrer ou en sortir et je n'ai eu connaissance de son enlèvement que quelques jours après. Je suis presque certain qu'ils l'ont détenue au centre. J'étais si proche, mais je ne savais pas... je ne savais pas. Je n'ai rien pu faire pour les empêcher de ... faire leurs saletés d'expériences. Ces monstres... ces salauds. Je rêve de tous les descendre quand je pense qu'ils ont osé s'en prendre à ton enfant.

Les poings et les mâchoires serrées, je contenais difficilement ma rage et pourtant je le devais. Pourquoi ajouter de la peine à celle qu'éprouvait déjà Mara en évoquant ces détails odieux.

- Je suis tellement désolé de ce qui est arrivé. J'ai honte de porter le nom d'Asarien. Tu n'as pas à me remercier. Je ne le mérite pas. Mais un jour tout cela changera et ils sauront à leur tour ce qu'éprouve un être humain lorsqu'il est à la merci de la science. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, pour qu'un jour ils voient avec tes yeux ce qu'ils vous ont fait subir. J'y travaille sans relâche... Mais Amaria t'en parlera bien mieux que moi. Je suis tellement désolé. Pourquoi es-tu venu ici ?

Je m'étais levé soudain en finissant ma tirade et je me tournais enfin vers elle, la tête baissée, tentant de cacher les larmes qui sillonnaient mes joues derrière mes cheveux.

- Ce n'est pas prudent pour une humaine de s'aventurer seule en pleine nuit. Des animaux rôdent partout, en particulier des animorphes...

Son parfum emplissait l'air, sa voix résonnait à mes oreilles et je n'osais la regarder, trop certain que la douce torture de sa présence serait alors insoutenable si je croisais son regard.

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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyLun 3 Mar - 17:41

J’inspire lentement le parfum iodé qui vient jusqu’à moi. Debout devant cette étendue d’eau, je scrute l’horizon, rêvant que peut-être Aaron n’a pas tort sur ce qui pouvais se tramer de l’autre côté de l’océan. Alors que peut-être tout s’expliquerait, ces personnes dont on n’a jamais retrouver les corps. Et si certains d’entre nous avaient voyagé au-delà des limites d’Asaria et de cette terre d’asile ? J’ai très souvent pensé à cette idée me refusant de partager un avis avec mon entourage.

- Sous l’eau ou ailleurs … J’y ai pensé, Aaron. Des disparitions jamais élucidées, des personnes envolées comme par magie sans laisser aucune trace. Alors oui, c’est une idée qui a fait son chemin en moi depuis des années mais que j’ai toujours gardé secret pour éviter qu’on me prenne pour une folle.

Je détourne mes prunelles pour détailler l’expression de son visage et cet air triste qui ourle ses lèvres charnues. Doucement, je fais descendre la capuche de ma cape sur mon dos pour en libérer ma crinière châtain, souriant à ses mots et sur le fait qu’il ne possède pas le don de télépathie.

- Parfois il n’y a aucune explication rationnelle même pour un chercheur tel que toi.  Pas besoin non plus de posséder des capacités exceptionnelles pour trouver un ami. Oui, Héméra va très bien, et dis-moi pourquoi ne devrai-je pas te remercier ?

J’écoute enfin son récit, tout ce poids dont il semble se libérer mot après mot, et je comprends maintenant pourquoi je ressentais une telle distance entre nous deux. Toutes ces pièces qui s’emboitent les unes dans les autres pour former une trame, un puzzle géant dont je conçois maintenant toute la portée. Je le laisse terminer, aller jusqu’au bout de son laïus. Il en a besoin et je ne peux me permettre de le couper. Aaron se redresse et me fait face mais ses yeux me fuient sous les émotions qui le trahissent. Je détaille seconde après seconde ses réactions, les mots qu’il emploie, son attitude troublée comme s’il se repentait d’une erreur. Et contre toute attente, il modifie la donne, change le sujet de la conversation pour balayer et effacer tout ce qu’il venait de me dire, cet aveu si important pour lui. Silencieuse, je l’observe. Il n’accepterait pas ma compassion. Mon sourire s’étend sur mes lèvres et tout doucement j’annihile les derniers centimètres entre nous pour pendre ses mains délicatement dans les miennes.

- Je savais tout Aaron. Amaria nous avait prévenus que tu étais au Centre et que le gouvernement avait imposé aux chercheurs et scientifiques de rester dans les bâtiments. Tu n’as pas à t’en vouloir. Tu n’avais aucune possibilité d’aider Héméra. Griller ta couverture n’aurait servi à rien. Ni pour toi, ni pour elle, ni pour nous. Je me penche vers lui déposant un doux baiser sur sa joue avant de poursuivre car je veux qu’il sache à quel point je suis sincère en cet instant. Au contraire, soit fier d’être un Asarien car ce nom ne signifie pas seulement toute la mauvaise nature de ton peuple. Il représente l’espoir d’un futur et d’un monde meilleur. Si je ne croyais pas en vous tous, je ne serai pas là cette nuit devant toi, je ne me battrai pas pour donner une chance à la prochaine génération.

Je lâche ses mains ne voulant pas l’incommodé d’une telle proximité. Je le contourne balayant du regard toute cette nature indocile et puissante qui nous entoure, qui rugit de toute sa beauté.

- La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Alianka a toujours juré qu’elle me ferait payer la mort de son fils unique. Je ne me leurre pas Aaron sur les dangers de mon quotidien et égoïstement de mon entourage. Je suis devenue sa Némésis et je vous ai entrainés tous dans cette haine qu’elle me voue. C’est à moi de te demander pardon parce qu’en créant ce groupe, nos liens se sont unis et la Grande Conseillère sait pertinemment que viser l’un d’entre nous revient à nous toucher en plein cœur. Nos vies sont liées à cause de moi, à cause de ces idéaux auxquels je crois.

Je baisse mon regard jouant de mon pied avec le sable. Elégamment, je glisse une mèche sauvage derrière mon oreille avant de replonger mes prunelles dans les siennes.

- Je suis venue pour te parler, pour savoir pourquoi tu étais devenu distant. Maintenant, je le sais. Tu m’as apportée des réponses. Je ne voulais pas d’un fossé ou d’un malaise entre nous deux. Tout est tellement mieux quand on se confie. Je connais chaque visage, chaque nom qui compose les Pacificateurs. Je n’oublie personne … Jamais … et tu en fais partie.

Je lève ma main vers sa joue et du bout de mes doigts j’effleure tendrement les larmes qui coulent sur sa peau fraiche et qui entrent en contact avec la mienne. Ma voix n’a pas changé d’un iota depuis le début. Des mots mélodieux, un ton clair.

- Je connais ces terres par cœur. Si je devais me terrer à chaque danger autant que j’en finisse avec la vie rapidement. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, Aaron. J’ai perdu des amis, j’ai perdu mon premier enfant, j’ai perdu mon premier amour. Je perdrai encore des Êtres chers mais rien ne me fera reculer pour donner un avenir décent et différent à ma fille et à tous ces enfants.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyMar 4 Mar - 1:46

Sa voix était si douce et apaisante, presque couverte par le bruit des vagues que seule mon acuité auditive affinée par l'animal qui sommeillait en moi me permettait d'entendre distinctement les mots qu'elle m'adressait. Ainsi partageait-elle secrètement la même conviction que moi concernant une possible survivance au delà d'Asaria. Je prenais conscience, peu à peu que tellement de choses nous rapprochaient et c'en était presque cruel parce que je savais aussi que quelque chose, quelqu'un, nous séparait à jamais. Son mari, dont chacun savait qu'elle l'aimait plus que sa propre vie. Lorsqu'elle repoussa la capuche de son ample manteau, j'aurai voulu prendre la fuite pour ne pas avoir à regarder le visage de la femme qui me bouleversait et qui ne serait jamais mienne ou au contraire prendre l'ovale délicat entre mes mains et l'embrasser, dévoilant ainsi ce que je taisais depuis tant de mois, d'années à présent. Mais je demeurai immobile, pétrifié de douleur. Et je n'étais qu'au début de l'épreuve. J'entendis le mot qui aurait du me réchauffer le cœur et qui, au lieu de cela, me crucifiait. Un ami, je n'étais et ne serais jamais qu'un ami à ses yeux. Pourquoi aimais-je une femme droite et loyale, pourquoi savais-je que sa fidélité éprouvée me vaudrait le plus cruel des rejets ? Mais c'était aussi pour cela que je l'aimais. Parce qu'elle était exclusive, la femme d'un seul homme. Et cet amour était beau, forçait le respect. Qui oserait attenter à sa pureté et le remettre en question ? Qui oserait rivaliser avec ce qui unissait Mara et Grant Stevenson ? Bien des zones d'ombre planaient sur l'identité de cet homme et l'histoire qu'il partageait avec elle. Cela m'avait toujours intrigué. Le silence qui entourait ce sujet au QG. Chacun ne semblait avoir que des bribes d'information sur cet homme mystérieux et pourtant reconnu comme un héros courageux, une figure de la résistance, un étendard que chacun citait en exemple dans nos rangs. Mais ce que tous savaient, c'était qu'un lien fort et indestructible unissait ces deux êtres. Je demeurai les yeux obstinément fixés sur le sable lorsqu'elle prit mes mains dans les siennes et me retins de tout mon être d'user de l'Armadan qui était mien. Je refusai l'éventualité de voir les instants qu'elle partageait avec lui, me privant de savoir ce qui les unissait véritablement. A quoi bon d'ailleurs? Héméra était une preuve à elle seule. Mais surtout, j'aimais et respectais trop cette femme pour user de mon pouvoir sur elle. Elle l'aurait su inévitablement car mes yeux ne pouvaient lui mentir et même si elle devait l'ignorer, j'aurais eu l'impression de violer son intimité. Le contact de ses mains douces mêlées aux miennes fut un supplice plein de douceur et j'aurais voulu retenir encore mes larmes. Je me mordis les lèvres pour ne pas crier lorsque les siennes déposèrent un baiser sur ma joue. Chaque geste, chaque témoignage de son attention, de sa tendresse amicale qui se voulaient réconfort m'infligeait une torture indicible. Et pourtant j'aurais voulu que nous soyons figés dans cette attitude à jamais, que cela ne prenne pas fin.

Les paroles étaient celles d'une amie, et si mon esprit les gravait en lui, mon cœur les entendait à peine, tant il était suspendu à ses gestes. Il fallait que je me ressaisisse mais j'étais comme anéanti par cette confrontation que j'avais toujours redoutée, retardée. Je retenais mon souffle pour ne pas laisser échapper les sanglots qui étreignaient ma poitrine. Alors c'était ce soir, la fin de toutes les illusions, de tout espoir ? Il valait mieux finalement. Il fallait que j'en finisse une bonne fois pour toute. Que je sois fixé, libéré. Pour pouvoir vivre enfin, aimer peut-être ? Je l'écoutai jusqu'au bout me parler de pardon, d'engagement. Il faudrait que je lui dise que j'avais librement choisi de me rallier à sa cause. Que rien d'autre ne m'y avait contraint que ma conviction profonde et qu'elle ne me devait rien. Mais j'étais incapable de parler, sans me trahir et sans crier. Alors je me tus, une fois de plus. Et quand sa main se posa sur ma joue et qu'elle ne put ignorer que je pleurais, quand je compris qu'elle mettait mon état sur le compte de ma contrition à ne pas avoir su aider Héméra, j'eus honte de mes sentiments, honte d'éprouver cet amour qu'elle ne pouvait même pas concevoir, ni soupçonner. Elle ne verrait jamais en moi autre chose qu'un pacificateur, un ami qui prend terriblement à cœur son engagement. Je m'étais tellement efforcé de cacher ce qu'elle m'inspirait depuis toujours que j'avais parfaitement réussi. Elle était à des lieues d'imaginer ce qu'elle provoquait en moi, par ce simple contact de sa main sur ma joue.

Mon comportement distant l'avait interpelé et elle avait pris la peine de venir éclaircir les choses avec moi. C'était donc qu'elle tenait à notre amitié. Je devais me raccrocher à cela et l'endurer. Pour notre bien à tous, je devais la conforter dans ce qu'elle pensait être la raison de mon trouble. Je jetais des regards désespérés sur le côté en essayant d'éviter le sien et détournai la tête pour me soustraire au contact de cette main si tendre qui me brûlait. J'écartais ainsi la tentation de lire en elle une fois de plus et je reculai en murmurant.

- Je suis désolé Mara... Tellement désolé... Tu ne dois pas t'inquiéter pour ça. Ne te soucie plus de moi. Tu n'as pas à me demander pardon... J'ai choisi librement d'être à tes côtés. Je savais ce que cela impliquait. Je voudrais juste que tu sois heureuse et en sécurité... Avec ceux que tu aimes. Ajoutais-je avec difficulté... Je veux ...

Je m'éloignai d'elle en escaladant un rocher et fis face à l'Océan indifférent à ma souffrance.

- Je veux que la paix revienne. Je voudrais juste être ...heureux... un peu.


Dernière édition par Aaron Williams le Lun 10 Mar - 1:14, édité 1 fois
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Mara Jade
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptySam 8 Mar - 17:42

Depuis plusieurs années, j’ai croisé énormément d’hommes et de femmes, qu’ils soient Asariens ou humains, que j’ai développé face aux autres une certaine empathie. Certains diront que c’est impossible. Je ne possède aucun pouvoir et donc je ne peux ressentir les émotions de ceux qui m’entourent. Pourtant, pas besoin de capacités exceptionnelles pour écouter le cœur de ceux que nous aimons et qui nous sont chers. Ce don là tout le monde le possède, il suffit d’être à l’écoute et vous saurez … Amaria m’a expliquée le malaise d’Aaron sans en trouver véritablement l’origine. L’enlèvement d’Héméra a bousculé tout le groupe, et je peux aisément le comprendre, moi qui suis la maman de ce bout de chou. Mes pas m’ont guidée jusqu’à lui, hors des dômes, dans ces terres qui m’ont vu naitre. Je n’explique pas comment  je savais que je trouverai mon ami, ici, près de l’océan. J’ai toujours suivi mon intuition, elle ne m'a jamais trompée. Je tente d’apaiser ce que je pense être le mal qui le ronge, celui de ne pas avoir pu nous aider comme il l’aurait souhaité durant la détention d’Héméra entre les mains des Anciens. Je ne lui en veux. Jamais je n’ai pensé cela, et je veux qu’il le sache, qu’il entende et écoute mes mots. Enfin il quitte sa position pour se dresser devant moi, et c’est à moi de me confier, ses mains dans les miennes. J’ouvre mon cœur bercé entre bonheur et malheur, entre joie et douleur. La vie est ainsi faite et je renierai ce que je suis si mon quotidien était agrémenté de toute cette haine que beaucoup porte en eux. Pourtant Aaron reste distant, presque froid, si différent de l’homme que je connais. Ou alors ne l’ai-je jamais véritablement connu. Je le laisse façonner un recul  entre nous, un espace dont il a besoin. Un écart que ma présence bien trop proche de lui ne fait qu’attiser. Je soupire discrètement, essayant de cerner ce qui ne va pas en lui. J’écoute ses paroles, ses murmures, sa façon si particulière de détourner son regard et d’aller reprendre sa place sur le haut rocher.

Je laisse le silence de l’océan nous envelopper, m’agenouillant un instant pour faire glisser entre mes doigts le sable fin qui s’efface sous la brise marine. Qu’ai-je raté auprès de lui ? Qu’est- ce que je ne vois pas et qu’il tente de me dissimuler en creusant un fossé entre nous deux ? Malheureusement pour moi, je dois respecter son envie de se tenir éloigné de ma personne.

- Je m’inquiéterai toujours pour mes amis. Tu en fais partie Aaron. Ne me demande pas de changer. Je ne verrai jamais les Pacificateurs comme des soldats qui se battent pour un avenir meilleur mais comme mes amis et mes alliés. Mon bonheur, ce n’est pas seulement d’être égoïste, juste pour moi. Le combat que nous menons est complexe et semé d’embuches. Pourtant, dans ce brouillard, il y a des rayons de bonheur qui nous prouvent que nous faisons le bon choix chaque jour.  

Je me redresse sur mes jambes mais je reste à ma place. Je médite sur sa dernière parole. Beaucoup de Pacificateurs ont voué leur vie aux idéaux du groupe. Ils ont fait passer la priorité d’un tout à leur propre envie et désir. Amaria et Tyler ont mis longtemps à s’avouer leur amour tout comme Oliver et Héléna qui partageaient sans le savoir la même lutte. Tous ces couples qui se forment sont les prémices de notre avenir.

- Le bonheur est à la portée de tout le monde. Il faut seulement être attentif à ce qui nous entoure, ne pas avoir peur de se laisser aller par des sentiments qu’on a tenté d’enfouir. Nous flirtons avec le danger constamment. Bien des Pacificateurs et Pacificatrices ont mis leurs vies sur pause pour ne pas devoir s’impliquer sentimentalement. Nous ne sommes pas des machines programmé à lutter contre le Mal qui nous entoure. Nous sommes fait avant tout de chair et de sang. Il y a un cœur qui bat  au rythme de nos émotions. Laisse-toi aller Aaron. Laisse la possibilité à une personne de t’approcher, de te toucher. Je sais que comme tous les Pacificateurs, tu jongles entre ta vie de scientifique et ta vie de pacifiste. Une double vie que tu ne peux confier qu’à certaines personnes que tu sais honnêtes. Tu trouveras celle qui t’écouteras, qui te comprendras, qui embrasera peut-être la même voie que toi.

Je souris à mes propres mots car c’est ainsi que tout a commencé entre Grant et moi. Une rencontre dû au hasard. Un homme qui nourrissait des envies de se battre contre le gouvernement, cherchant à trouver Pacificateur sur sa route. Il m’a trouvée et tout s’est enchainé à une vitesse folle.

- La vie ne vaut d’être vécue sans amour. L'amour sans éternité s'appelle angoisse, l'éternité sans amour s'appelle enfer.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyLun 10 Mar - 2:22

L'espace qui me séparait d'elle me sembla aussi vaste et glacé que jadis était cet océan qui pourtant se réchauffait sous les rayons directs du soleil, année après année. Mais je ne sentais pas la chaleur ce soir. Je ne sentais que le froid mordant qui gagnait mon cœur, inexorablement. Une porte se refermait, lentement, douloureusement et c'était moi qui la barricadais pour me protéger, pour la protéger de ce que j'aurais pu faire si je cédais. Je l'écoutais me parler de son regard sur les Pacificateurs, de l'affection qu'elle éprouvait pour eux et je trouvai la force de répondre mécaniquement

- Oui, tu as raison, nous sommes tous une grande famille... Il n'y a que parmi vous que je peux être moi-même... Enfin, je le croyais, ajoutai-je pour moi-même. Mais sois tranquille, je ne perds pas de vue l'objectif que je me suis fixé et qui rejoint le vôtre. C'est ma raison d'être, mon combat. Il passera toujours avant tout.

Mais lorsqu'elle aborda le sujet plus délicat des sentiments personnels de chacun, je sus que nous glissions sur une pente dangereuse et que j'allais avoir du mal à me contenir. Comme cela lui était facile, portée et éclairée par l'amour qu'elle partageait avec l'homme de sa vie de croire que le bonheur était à portée de main et qu'il suffisait de la tendre pour le cueillir. Alors que je l'entendais m'encourager à ouvrir mon cœur, l'amertume montait en moi et je ne pus retenir cette phrase assassine.

- Il vaut mieux mettre sa vie privée entre parenthèses, cela évite d'exposer des faiblesses qui peuvent nous faire bien plus de mal que les coups portés par la milice. Je ne souhaite pas m'engager avec quelqu'un alors que c'est la multitude des Asariens qui a besoin de mon aide. Me lier, me laisser approcher, toucher ? Pourquoi faire ? Rendre cette personne malheureuse, la voir redouter chacun de mes départs, trembler pour elle quand je suis loin ? Ou lui mentir, lui cacher le sens et le but véritables de ma vie ?

Je dévalai quelques rochers, les pierres roulant sous mes pieds et je me dressai devant elle, osant enfin la regarder dans les yeux. Mais ce que je voulais qu'elle y lise, ce n'était pas la souffrance qui me terrassait mais une froideur face à cet étalage de compassion, cette expression de faux espoirs. Mon regard était limpide et froid tel l'eau qui cascadait des hauteurs des glaciers asariens lorsque je la toisai.

- J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour toi, Mara et tu le sais. Mais je ne partagerais jamais ton enthousiasme et ton angélisme face au combat que nous menons. Ni même à la place que nous pouvons accorder à nos propres désirs. Je n'ai pas ta force, ni ton courage, ni ton optimisme et si tu te souviens de ma lettre, si longue, tu te rappelles que je suis un rêveur qui n'a aucun don pour les relations humaines. Tu sais que le seul amour qui m'anime c'est celui du savoir, de la découverte. J'ai tant de choses encore à découvrir, à explorer. Tant d'endroits également. Il n'y a pas de place dans mon cœur pour une femme, si c'est ce que tu suggères. Mentis-je la voix peu assurée. Et s'il y en avait une, je ferais son malheur.

Je secouai la tête négativement comme pour me convaincre moi-même.

- Je ne suis pas fait pour fonder une famille comme toi, ni pour être père. Je suis un solitaire. Je l'étais déjà avant de te rencontrer, de vous rencontrer tous, corrigeai-je. Votre amitié m'est précieuse et me donne parfois goût à la compagnie des Hommes. Mais ne te leurre pas, je ne serai jamais véritablement à ma place à Asaria. L'infini m'appelle, l'horizon, sur l'océan, les sommets dans les montagnes la-bas. Alors pour oublier que je suis enchainé à cette vie, je me perds dans l'infiniment petit. J'explore les clefs de notre existence, de nos racines, et en même temps je me détache de ce qui est humain en moi et me pèse parfois.

J'arrivais enfin à refouler mes larmes et mis les mains au fond de mes poches pour qu'elle ne voie pas à quel point je les serrais.

- Je suis un sujet embarrassant pour toi, quelqu'un que tu as du mal à cerner. Dis-je en souriant aux étoiles. Tu n'as jamais répondu à cette lettre parce qu'elle était dérangeante. Un peu trop engagée, le fruit d'un esprit illuminé. Je suis devenu bien plus raisonnable à présent, tu vois et je n'attends plus de réponse.

Alors qu'elle parlait d'amour, je fis quelques pas sur le sable et me baissai pour cueillir une poignée de sable que je laissai filer entre mes doigts.

- L'amour ? Certains sont doués pour le trouver et tu en fais partie. Moi, non. Il me fuit. Va donc savoir pourquoi ! Peut-être que j'ai le don de n'aimer que les mauvaises personnes. Ajoutais-je en laissant filer les derniers grains de sable. Ou peut-être trouver l'amour est-il aussi illusoire que de trouver un diamant parmi ces grains de sable. Une chance si rare qu'elle n'arrive qu'une fois dans la vie et ... parfois on arrive trop tard. Le diamant a déjà été pris par un autre. Murmurai-je dans le vent.

Je me redressai et la dominai de ma haute stature, elle, si fragile et si forte à la fois et je lui soufflai dans un sourire que je voulais joyeux

- Mais quand on le trouve, il faut être heureux, pour tous ceux qui n'ont pas cette chance. Alors sois heureuse Mara et ne pense pas à ceux qui empruntent une autre voie. Oui sois juste heureuse... Je trouverai bien le moyen de l'être à ma façon.

Alors que je prononçais ces mots, le visage de Jessica s'imposa furtivement à mon esprit mais je m'empressais de me convaincre que cela finirait par s'estomper au fil des jours et que la souffrance due à cette nouvelle désillusion s’atténuerait et que de toute façon j'avais raison une fois encore en pensant qu'elle se serait lassée de moi ou que nos engagements nous auraient éloignés irrémédiablement.

Rassemblant mon courage je tapais dans mes mains pour les réchauffer. Ma vieille veste en toile était bien légère face au vent frais qui se levait.

- Je me demande si nous n'allons pas avoir une tempête demain... Puisque tu es là... je voulais en profiter pour te demander... J'en ai parlé à Amaria mais elle m'a dit que je devais m'adresser à toi. J'ai pensé qu'on pourrait faire une fête pour les anniversaires qu'Héméra a à rattraper... Si tu trouves l'idée déplacée, je comprendrais.


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Mara Jade
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyMer 12 Mar - 13:28


La brise fraiche s’amuse à soulever les pans de ma longue cape, à s’insinuer dans mes mèches auburn. Les embruns iodés  se déploient tout autour de nous, et c’est seulement là que l’ont peut admirer la puissance de la nature. Cette étendue bleutée calme parfois éveillée par de petits vagues qui viennent s’échouer sur le rivage, contre les rochers, à mes pieds. Qui y -a-t-il au-delà de la terre qui nous a accueillis ? S’il existait des survivants autres que nous ? Ceux qui ont échappé à la pluie de feu où ceux qui ont voulu se libérer du joug d’Asaria et de son gouvernement. Nul ne peut le savoir, et pourtant en cet instant, lorsque mes yeux se posent au loin, par-delà l’océan, je veux y croire. J’ai la faculté de comprendre les personnes qui m’entourent. Une sorte d’empathie exacerbée qui ne m’a jamais trompée mais comme pour tout, il y a toujours une exception qui demeure et celle-ci se nomme Aaron Williams. Plus j’apporte ma propre expérience au sein de notre conversation, plus je sens le Pacificateur s’éloigner et se murer comme si j’étais le pire danger qu’il pouvait exister sur cette terre pour lui. Je ne possède pas tous les éléments de ce grand puzzle dont je tente pourtant de rassembler les pièces les unes après les autres. Aaron reste un mystère et il ne veut pas, en cet instant, que j’en découvre plus. Malgré cela, je reste sincère avec mon ami comme je l’ai toujours fait et comme je continuerai à le faire. Je referme ma cape sur moi, ressentant la froid m’envahir sournoisement. Ses mots résonnent dans ma tête et défilent en boucle lentement. Que veut-il dire par : «Il n'y a que parmi vous que je peux être moi-même... Enfin, je le croyais ». Quelque chose a changé, c’est ce qu’il veut me faire comprendre par des non-dits. Il ne me donne que peu d’indices. A moi de gratter la couche pour en faire sortir la véritable nature de tout cet échange.

- Qu’est ce qui a changé  pour que tu penses que tu ne peux plus être toi-même parmi nous ? Quel que soit le nombre de couches, de carapaces que tu mettras entre toi et les autres, il y aura toujours une petite faille qui te fera comprendre que tout ne peut pas être blanc ou noir. Les nuances … Les nuances … Aaron, ont quelque chose d’encore plus fabuleux.

Mon combat est ma priorité comme ma famille. Ne pas choisir mais bien les mêler l’une à l’autre. Voilà ce que j’ai compris au fil des années. Un genou juché dans le sable, les petits grains s’effilochent entre mes doigts.  Ses paroles sont dures, assassinent telle une lame tranchante. Une protection que je connais trop bien pour l’avoir moi-même vécue. Alors que je pense à tout ce que je pourrai lui dire, il saute de son rocher et je me redresse pour lui faire face. Ses yeux reflètent la glace et le froid qui l’anime mais je ne recule pas. Au contraire, je plonge dans ses prunelles sans aucune peur, sans aucune amertume, sans aucune déception. J’écoute avec la plus grande attention tout son long laïus.  Rompre le fil de ses pensées ne servirait à rien. Je veux qu’il aille jusqu’au bout et qu’il étale tout ce qu’il a sur le cœur, s’il en a la force. J’entends bien ce qu’il me dit, j’entrevois ce que je ne comprenais pas et je saisis enfin toute la portée de son comportement distant envers moi. Un instant je suis son regard vers les étoiles lorsqu’il me parle de sa lettre. Un sourire ourle mes lèvres mais là encore je demeure silencieuse car bientôt je répondrai à tout cela. Tout s’achève sur son idée d’offrir à Héméra une petite fête. Je secoue ma tête pour faire le tri dans toutes ces informations et ces émotions qu’il m’a donnée.

- Héméra sera très heureuse  je n’en doute pas de faire la fête. Tu as eu une très bonne idée.

Mais si je commence par la fin, j’entame maintenant le plus important.

- J’ai pensé comme toi, il y a très longtemps. Mettre ma vie privée entre parenthèse pour éviter des douleurs supplémentaires. Je croyais que j’avais la bonne solution, que c’était la meilleure chose à faire autant pour moi que mon entourage. Je vais te raconter une partie de ma vie. Peut-être que je vais t’ennuyer avec mais au moins j’espère que tu saisiras ce que je veux te faire comprendre. Les Pacificateurs ne sont pas nés seulement de mon envie d’unir nos deux peuples. Seule, je n’y serai jamais arrivée. J’ai eu la chance de rencontrer Ahmad Saria avant qu’il ne disparaisse de la cité. Il connaissait mon combat, cette envie de ne plus répéter les erreurs qu’avaient faites nos ainés. Je lui avais remis le médaillon du phœnix et il l’avait accepté. Il m’avait donnée sa bénédiction car la création du SEER ne visait pas à ce que les Puissants asservissent les plus faibles, pas à façonner un fossé entre les deux races mais bien à s’aider les uns et les autres. J’ai rencontré aussi celui qui allait me donner toute la volonté nécessaire pour mettre sur pied cet espoir d’un monde meilleure en la personne du fils de la Grande Conseillère.

Je laisse quelques secondes s’écouler. Mon intervention va être encore plus longue que la sienne. Je tente de résumer pour aller au principal mais même si je n’ai que trente ans, ma vie me semble si longue …

- Gabriel Nicholson unique fils d’Alianka de Nephthys fut le co-fondateur des Pacificateurs. Un fils qui aurait dû marcher sur les pas de sa mère, d’un destin doré tout tracé.  Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il était différent comme vous l’êtes tous. Nous avons œuvré ensemble pour rassembler le groupe, pour faire bouger les choses, pour donner le courage aux autres de nous rejoindre. Alianka l’a appris très rapidement et chaque jour, la mère et le fils luttaient davantage l’un contre l’autre. Et un jour tout s’est arrêté. Une mission, Gabriel et certains Pacificateurs sont tombés dans une embuscade tenue par les Miliciens. Ils ont tous été tués. Pourtant le corps de Gabriel ne fut jamais retrouvé.

Ma voix n’est plus que murmure enveloppé par des sanglots qui naissent au fond de ma gorge.

- Je l’aimais et j’ai perdu mon premier enfant lorsqu’on m’a annoncée sa mort. Je n’étais enceinte que de quelques mois.

Je me détourne d’Aaron et je suis les mouvements de flots non loin de nous. Parfois, je me prends à rêver encore qu’il est vivant, quelque part loin de cet enfer.

- A ce même moment, une femme a fait son apparition dans ma vie : Amaria Saria. Gabriel n’a jamais su qu’il avait une demi-sœur. Amaria avait découvert dans les vieux carnets de son père qu’il avait été l’amant d’Alianka et que Gabriel était bien son fils et non le fils de l’époux de la Grande Conseillère. Mais je n’avais plus la force de me battre, de continuer à gérer tout cela. Amaria a repris les rênes du groupe en continuant ce que nous avions bâtis. Et moi, je me suis recroquevillée sur moi-même en jurant que plus jamais je ne laisserai le bonheur frapper à ma porte. Mais le destin se veut très joueur parfois …

Je repense à tout ce qu’Aaron m’a contée un peu plus tôt parce que c’est dans son sens que je veux lui dévoiler  mon récit.

- Ce dont je suis certaine, ce que mes faiblesses sont aussi mes forces. C’est là que je puisse mes croyances et mon énergie.  Mais à cette époque-là,  je ne voulais plus souffrir ni encore moins rendre une personne malheureuse car mon combat balayait tout. Je ne pouvais pas concevoir d’impliquer une personne dans ma vie privée, lui mentir sur mes activités, devoir cacher jour après jour ma vraie nature. Pourtant … à cause d'un boulon, d’une voiture… tout à basculer.

Je renverse ma tête en arrière, observant de nouveau les étoiles et la nuit magnifique qui s’offre à nous.

- L’effet papillon. Un simple battement d'ailes peut déclencher une tempête.
Un soir, j’étais dans les bidonvilles pour récupérer des informations importantes et je me suis faite trousser par les soldats. Dans ma fuite, trop concentrée sur les Miliciens, je n’ai pas vu arriver une voiture qui a heureusement freiné mais elle m’avait heurtée malgré tout. Il aurait dû me laisser là mais non, il m’a aidée, il m’a protégée grace à ses dons et il m’a ramenée chez lui pour me soigner. Il n’était pas encore Grant Stevenson mais Gaïus Hasard, architecte renommé et grand séducteur. Nous étions deux âmes totalement opposées : libre, indépendant, sans attache, grand consommateur de belles choses et de femmes. Et moi, une humaine dont la tête était mise à prix par le gouvernement. Pourtant le riche héritier qu’il était n’avait plus gout à la vie et il caressait l’espoir qu’un jour le destin le mette en présence d’un Pacificateur.


J’ai l’impression de me mettre à nue, d’ouvrir la plus importante partie de ma vie à un homme qui semble refuser tout contact avec moi. Mais j’en prends le risque de lui faire ouvrir les yeux.

- Nous sommes maitre de notre destin. Rien n’est définitivement tracé. On peut dévier. On a beau ériger toutes les barrières possibles entre nous et les autres, il suffit d’une seule fois et tout éclate. Et on se rend compte que l’on faisait fausse route. Il n’est pas question de courage ou d’optimisme, ni de force ou d’enthousiasme. Il s’agit de ce que nous sommes réellement. Mettre un fossé avec les autres, c’est nous mentir à nous-même. Que dois-je dire de moi ? Gaïus s’est révélé au grand jour comme Pacificateur pour me sauver des griffes de Kylian. En une petite seconde, il a détruit son univers pour moi, à cause de moi !  De l’Asarien respecté, il est devenu traitre et l’homme à abattre tout ça parce qu’il m’aimait ! Parfois, je me dis qu’il serait encore un architecte tranquillement à vivre dans son loft s’il ne m’avait pas rencontrée, si j’avais mis fin à tout cela. Mais notre force, on la puisse dans ce qui nous lie tous les deux.  Je le croyais mort lorsqu’il a été arrêté par le mercenaire envoyé  par Alianka. Il a disparu durant des mois pour mieux se reconstruire, changer d’identité, de visage, de métier. Aaron, il y aura toujours des douleurs à surmonter mais lorsqu’on a un amour aussi puissant à ses côtés alors tous les obstacles qui se dressent ne deviennent pas si insurmontable. Nous ne sommes pas faits pour rester seuls.

Je sors de la poche de mon pantalon une lettre pliée soigneusement.

- Ta lettre, je la connais par cœur Aaron. Je me souviens de chaque mot comme des phrases que tu as écrites. Tu n’es pas un sujet embarrassant pour moi, même si je connais tes sentiments envers … moi.

Enfin j’éclate ce mal entre nous. J’évite de le regarder pour ne pas le gêner, pour ne pas détailler le trouble qui peut l’envahir. Je n’ai pas besoin d’ouvrir cette lettre pour savoir ce qu’il y a de marqué.

- « Quand je suis avec vous je peux enfin être moi et c'est là que je me sens vivant. » Tu conclus ta lettre par cette phrase. Alors ne te dissimule pas derrière tout en tas d’arguments car c’est le vrai Aaron que je possède dans ma main pas celui qui cherche par tous les moyens à me fuir.
« Vers les hautes montagnes du sud qu'on voit à l'horizon, à travers le Dôme, au dernier niveau de la Coupole d'Orient. C'est magnifique, si tu savais, beau à couper le souffle et à en pleurer... Un jour je t'y emmènerai. » Je n’oublie pas une promesse et j’attends que tu me fasses découvrir cet endroit … Et pour répondre à une de tes questions : non, tu ne deviendras jamais un monstre comme eux …



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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyJeu 13 Mar - 0:12



J'avais du me contraindre au silence pour écouter ses mots alors qu'elle me livrait l'histoire de sa vie et ce qui l'avait mené jusqu'à ce qu'elle était aujourd'hui, quelque part jusqu'à moi. J'avais dû supporter les sanglots dans sa voix lorsqu'elle avait évoqué la fin tragique de son premier amour, le drame de la perte qui semblait jalonner sa vie. Et j'avais mesuré combien mon existence avait jusque là été préservée de tous ces coups du sort, combien j'avais de chance d'être né Aaron Williams. Pourtant quand le fil du récit était arrivé à Grant Stevenson, je n'étais déjà plus convaincu d'être né sous une bonne étoile. Que valait une vie à l'abri des dangers et de la mort si c'était pour être privé de l'essentiel: l'amour ? J'avais longtemps pensé que ce sentiment était une vue de l'esprit forgée par des âmes en mal d'émotions romantiques et que l'homme se leurrait en courant après ce sentiment capricieux et fugace. Je me trompais lourdement et je mesurai mon aveuglement à ce sujet, mon scepticisme infondé, lorsque ma route croisa celle de Mara à la faveur d'un rapprochement organisé par Amaria, mon amie et collègue, qui ayant sondé mon cœur et mes convictions intimes, s'était ouverte à moi de son appartenance au groupe des Pacificateurs. Elle m'avait présenté leur leader et proposé mon entrée au service de leur cause. Si les arguments exposés par la fille d'Ahmad m'avaient déjà convaincu, le visage de Mara acheva de me persuader que j'avais trouvé ma raison d'être. Avait-elle oublié mon regard lorsqu'il s'était posé sur elle en cet instant ? Certainement oui. Mais moi je n'avais jamais pu oublier le sien, et il hantait mes nuits depuis ce jour. Puis la voir combattre toujours avec la même détermination, faire face avec ce courage tranquille aux pires adversités n'avait fait que redoubler la passion secrète que je lui vouais. Elle incarnait à mes yeux le sacré d'une cause qui était mienne et la pureté d'un amour sans condition et sans espoir de retour. J'appris très vite à la faveur des discussions avec mes frères d'armes, que son cœur appartenait déjà à un autre . A présent que j'en apprenais plus sur ce qu'ils avaient traversé et vécu ensemble, je prenais la mesure de l'abîme que je ne pourrais franchir.

En même temps qu'elle me révélait avoir compris mes sentiments pour elle, elle me brossait un tableau qui les vouaient au silence. J'étais anéanti. Malgré cette certitude dont j'avais essayé de me convaincre des années durant, un infime espoir avait toujours continué à bruler au fond de mon cœur. Elle venait de l'éteindre à jamais, de sa voix douce et aimante. Était -il possible d'avoir plus froid encore ? Quelque chose était mort au fond de moi, définitivement et je sus à cet instant que la vie d'un homme ne vaut parfois que par le don qu'il en fait aux autres et non ce qu'il en reçoit. Lui tournant le dos, je me laissai tomber sur le sable, à genoux, le regard tourné vers le rivage, indifférent aux vagues qui mouillaient mes cuisses. J'aurai préféré qu'elle me repousse, me bannisse de son cœur et de son entourage que de m'accorder cette place de consolation. L'amertume et le désespoir amoureux poussent parfois l'homme aux pires traîtrises, aux plus viles bassesses. Pourtant, alors que j'étais condamné à aimer sans retour, ses mots, faisant étrangement écho à ceux de Jessica, tout en étant dans le registre opposé, scellaient mon destin dans ce qu'il avait peut-être de plus beau et de plus tragique. Je ne répondis pas tout de suite et même après, je tus ma résolution.

Puisque j'étais condamné à la solitude du cœur, je ferai de ma vie et de ma mort quelque chose qui serait utile à tous ceux que j'aimais. Ma vie ne serait plus tournée que vers ce combat, vouée à mener vers la victoire la cause qui était mienne et libérerait du joug oppressant des milices gouvernementales, tous ceux qui avaient compté pour moi, tous ceux que cette société esclavagiste avait marqués, qu'ils se tiennent du côté du bourreau ou de la victime. Je finis pourtant par prendre la parole et les mots qui sortirent de ma bouche me semblèrent venir d'un autre homme.

- Je suis heureux que tu acceptes mon idée pour Héméra. Je m'en occuperai dès demain.

Le vent semblait me donner raison et avait forci, soulevant mes cheveux dans ses bourrasques humides.

- Je te remercies Mara, de la confiance que tu me témoignes en me révélant tout cela. Me confier tout ça , c'est me prouver combien tu sais que mon amour pour toi est fort et que jamais je ne pourrais utiliser ces confidences contre toi.

Je m'essuyai les yeux dans ma manche et cherchai à retrouver mon souffle, aussi court que si j'avais reçu un uppercut.

- Il y a une chose que tu oublies et qui nous différencie. Tu ne sais pas et ne sauras jamais ce qu'on éprouve à aimer quelqu'un sans réciprocité. Alors ne compare pas ton histoire à la mienne. Tu as perdu ton premier amour mais tu as su qu'il t'aimait et tu as retrouvé à nouveau l'amour auprès de Grant. Tout cela ne m'arrivera jamais. Chaque fois que j'ai cru effleurer cette chance d'aimer et d'être aimé, il s'est avéré que j'étais arrivé trop tard et que la personne n'était pas libre ou incapable de m'aimer, ou encore que je ne lui plaisais pas. Que sais-je ? On me dit souvent que j'ai tout pour être aimé. Et pourtant je n'aime jamais que des personnes qui ne me le rendent pas. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi. C'est comme ça. On ne peut appréhender ce sentiment qu'en l'ayant expérimenté.

Dans ma tête, résonnaient ses mots au sujet de ma lettre que j'avais écrite alors que tous les espoirs m'étaient encore permis, puisque j'ignorais à cette époque la force du lien qui l'unissait à son époux, et je souris.

- Je vous y emmènerai tous, un jour. Oui, il viendra un jour, peut-être, où nous pourrons tous assister au lever du soleil sur les montagnes de la grande barrière sans avoir à nous cacher dans les grottes. Tu as raison sur un point me concernant, et je viens de le comprendre. Je ne deviendrai jamais un monstre à leur image, parce que l'amour que j'ai pour toi m'en empêchera.

Sans me retourner je tendis la main en arrière pour qu'elle la saisisse. Toujours à genoux, je fermai les yeux et murmurai:

- Maintenant, s'il te plaît, laisse moi... Laisse-moi seul Mara...


Dernière édition par Aaron Williams le Mer 19 Mar - 18:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Mystic Ocean [Aaron]   (Terminé) Mystic Ocean [Aaron] EmptyMer 19 Mar - 12:57

La vérité est parfois douloureuse à dire et à écouter. Mais je devais en passer par là, par tout ce cheminement pour qu’il comprenne que j’étais et resterai une femme fidèle. Au-delà de tout cela, je ne suis pas capable de le rejeter ou de le haïr. Il a raison. Je ne connais pas cette sensation de ne pas être aimée ou d’être rejetée  mais je ne suis pas quelqu’un qui me détourne des autres sauf s’il n’y a pas de meilleurs moyens. Une conclusion brutale que je ne souhaite pas avec lui.  Je sais que je suis entrain de le faire souffrir mais je dois tout autant me montrer sincèrement avec Aaron. Lui donner de faux espoirs reviendrait à être un monstre moi-même. Ce qui me lie à Grant n’est pas uniquement notre fille, il y a tous ces bonheurs et  toutes ces douleurs que nous avons partagés ensemble, tout ce qui a fait murir notre relation, qui a donné cette force à notre couple de se battre contre les divers obstacles qui se sont dressés devant nous. Je ne suis la femme d’un seul homme et je le resterai jusqu’à mon dernier souffle.

- Je te fais du mal, j’en suis consciente mais ne pas répondre à tes sentiments, ne pas m’expliquer me donnerait la sensation d’être une manipulatrice. J’aurai pu mitiger mes propos, te faire croire ce que tu aurais voulu m’entendre te dire mais je ne suis pas ainsi. C’est vrai, je ne connais pas l’effet de ne pas être aimé par un homme. Mais toi tu te prives de connaitre cet amour tout comme tu es beaucoup trop stricte avec toi. Ne faiblis jamais devant les obstacles, ils ne doivent jamais te freiner. Je n’ai jamais cherché l’amour de ces deux hommes. C’est l’amour qui m’a frappée en premier. C’est là, au moment où tu baisseras ta garde, au moment où tu penseras être résistant face à toutes émotions qu’une personne  trouvera la plus petite des failles pour te toucher. Tu pourras déployer toute ton énergie pour te protéger, trouver tous les arguments et les prétextes pour refouler tous ces sentiments, tu te rendras compte que tout cela est vain.

Je secoue ma tête pour chasser ses arguments sur sa façon d’être alors que ses larmes me touchent de plus en plus.

- Tu es tout à fait normal sauf que toi comme moi, comme les autres Pacificateurs, nous devons être prudents et qu’intégrer une personne dans nos vies qui ne comprendrait pas nos combats pourrait s’avérer complexe et délicat. Mais cela ne veut pas dire que s’est insurmontable. Héléna Carter, la journaliste du Times n’était pas une Pacificatrice quand Grant  qui était encore Gaïus l’a rencontrée. Il avait deviné sa personnalité, il a su immédiatement qu’elle était différente et qu’elle deviendrait une alliée et une amie irréprochable ! Petit à petit, il a fait en sorte de lui dévoiler le combat qu’il menait et elle est devenue une Pacificatrice avec cette hargne bien à elle. Alors ne dit pas que c’est impossible de trouver la bonne personne qui comprendra ce que tu es, qui acceptera tes idéaux et qui les partagera. Néanmoins,  c’est avant tout un travail sur toi que tu dois faire.

A cet instant, je désire le tenir dans mes bras mais cela deviendrait un manque de tact terrible. Je n’oublie pas non plus sa requête de le laisser.

- Je n’irai pas contre ton désir d’être seul. Je n’ai jamais imposé ma présence à qui que ce soit…

Je pris la main qu’il me tendait, doucement, la serrant entre mes doigts. La fraicheur de ma peau contre la chaleur de la sienne. Je posais un genou au sol et de mon autre main de libre, je relevais son menton délicatement pour qu’il me regarde. Je ne sais s’il ouvrirait les yeux à mes paroles. Encore une fois, je ne l’obligerai en rien mais je désirai qu’il m’écoute, qu’il entende une toute dernière fois ce que j’avais sur le cœur.

- Ce n’est pas seulement l’amour que tu as pour moi mais bien cette sagesse et cette fidélité que tu as dans le cœur qui t’empêchera d’être un monstre. Laisse-toi l’occasion de découvrir les richesses des rencontres, celles qui pourront te toucher et dévoiler bien des émotions. Les sentiments sont complexes et puissants, je ne t’en veux pas Aaron. Je crois que j’ai toujours su au fond de moi ce que tu ressentais tout en me disant que tu comprendrais que j’aime un autre homme. Je suis certainement blessante sans le souhaiter et je m’en excuse, si c’est le cas. Bien des femmes seraient heureuses de découvrir l’homme que tu caches derrière ce masque pour te protéger.

Je me penchais vers lui, l’embrassant  sur la joue avant de me redresser et remettre la capuche de ma cape su mes cheveux.

- Fais attention à toi et n’oublie pas que ma porte te sera toujours ouverte. Je n’ai pas l’intention de changer envers toi. Tu es toujours un ami en qui j’ai confiance et que j’adore infiniment.

Je balayais du regard, une dernière fois, l’étendue bleutée éclairée par la lune ronde et pleine qui s’imposait  au-dessus de nos têtes. J’aurai aimé discuter encore avec lui mais je savais aussi qu’il avait besoin de temps et d’être seul. Asarien ou humain, nous sommes finalement si semblables lorsqu’il s’agit des sentiments venant du cœur.
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