(Terminé) Death Is Just A Feeling [Pacificateurs & Alliés]

J’avais froid pourtant la température ambiante des locaux du QG était douce et accueillante. Grant m’avait transportée jusqu’à l’infirmerie et j’avais protesté parce que d’autres personnes étaient bien plus mal en point que je ne l’étais. Mais il ne m’avait pas écoutée. J’avais refusé les soins de nos agents compétents pour qu’ils s’occupent de nos blessés qui étaient déjà arrivés. D’autre suivaient aussi ce même portail et je me demandais pendant combien de temps cet Ange tiendrait-il avec toute cette énergie qu’il déployait pour nous. Avec l’aide de Grant, je saurai me débrouiller toute seule . Il m’avait déposée sur un des lits de la salle de soins et déjà il m’apportait le matériel nécessaire pour désinfecter mes plaies à la cuisse et à ma hanche. Je relevai le bas de mon pull pour qu’il puisse avoir accès à ma première blessure : celle qui me faisait le plus souffrir. Il tamponna avec des compresses pour la désinfecter et je mordillai mes lèvres pour éviter de gémir et garder une certaine contenance.

- J’ai juste besoin de compresses et d’un bandage. Il faut s’occuper des autres … Il faut … On a  … tellement … perdu.

Je me crispai sous les soins qu’il me donnait. Pourtant Grant avait des gestes tout en douceur et je n’osais même pas imaginer l’état de mes lésions. J’allais devoir tenir le coup et aider les nôtres. Les humains avaient été dirigés vers un autre portail, celui qui menait vers le village. Ils seraient en sécurité là-bas … mais pour combien de temps ? Van Brënner et sa Milice de la Mort ne s’arrêteraient pas devant une telle victoire, pas avant d’avoir annihilé toute l’espèce humaine, quitte à raser les terres sauvages de nuit. Mon bandage de fait, Grant m’aida à en faire un second autour de ma cuisse et je m’agrippai enfin à lui pour me mettre sur mes jambes. Je voyais dans son regard l’inquiétude et je lui offris un petit sourire pour le rassurer de mon état. Ma main caressa tendrement sa joue et sa barbe naissante.

- Comment as-tu fait pour venir dans le bidonville ? La Milice a barré tous ses accès internes et externes. Le bidonville est devenu un piège qu’ils ont refermé sur nous tous. Tu aurais dû rester avec Héméra … Si … j’avais été …. Et toi aussi … Notre fille serait seule à présent. Grant, il faut que tu me promettes de ne plus jamais venir à mon secours. Notre princesse a besoin d’avoir au moins l’un de ses parents près d’elle. C’est très important. Elle est encore toute petite.

Je vacillai sur mes jambes et Grant me rattrapa pour que je puisse prendre appui sur lui. J’inspirai fébrilement. Si mes blessures étaient soignées et pansées. L’infection avait fait son petit chemin dans mon organisme et je me sentais brulante.

- Tu veux bien m’aider à marcher dans les couloirs et voir où sont tous les Pacificateurs ?

A ce même moment, deux brancards entrèrent dans l’infirmerie et je laissai ma place pour que le personnel soignant puisse allonger sur les lits nos blessés. Je ne serai de toute manière pas utile ici. Amaria ? Où était-elle ? Avait-elle réussi à passer le portail ? Elle était la plus qualifiée pour prendre soin de nos amis. Peut-être qu’on pourrait aller chercher Tyler par téléportation et qu’il puisse venir lui donner un coup de main. Quand nous sortîmes de l’infirmerie, beaucoup de Pacificateurs étaient assis à même le sol et on s’occupait de leurs blessures. Il y avait du sang partout et certains de nos amis Asariens utilisaient leur propre sang et les propriétés de leur blood-healer pour soigner ceux qui avaient été touchés le plus sévèrement.


- Comment en était-on arrivé à une telle horreur ... ?
Grant, il s'est passé quelque chose là-bas ... J'ai ce symbole sur mon poignet ...

Je lui montrai alors ce tatouage mystérieux qui était apparu soudainement lors de ma confrontation avec cet adolescent.

Au moment où je franchis ce portail providentiel, je me retrouvai au cœur même du QG du Phoenix. Cet Ange n’avait pas menti. Le destin ou une force supérieure nous l’avait mis sur notre chemin et nous avions pu ainsi nous libérer de l’enfer et nous mettre tous à l’abri, que ce soit ici ou pour les humains, au village, dans les terres lointaines. Mes yeux s’acclimatèrent rapidement à ce changement de décor. La noirceur et les flammes des brasiers faisaient place aux couleurs claires du couloir principal du QG. Déjà, les Pacificateurs blessés étaient pris en charge par ceux qui étaient resté dans l’antre de l’oiseau de feu. Nous n’étions pas tous Asariens et nos amis humains avaient supporté avec courage leurs blessures. Maintenant, c’était à moi de le soigner. Je me tournai vers Scarlett et la petite fille.


- Suivez-moi à l’infirmerie.

Il n’y avait pas une minute à perdre. Nous passâmes avec difficultés entre toutes ces allées et venues. Nos blessés étaient installés à même le sol. Les plus graves commençaient à être transportés à l’infirmerie. Toutes les bonnes volontés seraient nécessaires pour porter assistance à nos rescapés. Et ce fut à ce moment-là que quelque chose me perturba. Nous avions ici tout le matériel et les médicaments pour soigner, mais au village humain, les blessés n’auraient certainement pas toute cette abondance avec eux. Nous arrivâmes enfin dans la salle de soin où tout le monde se bousculait.


- Scarlett, la petite fille a surtout besoin de repos. Vous allez vous mettre dans cette chambre. C’est celle du médecin de garde. Surveillez-là. Faites la boire souvent et tout ira bien pour elle. Je vais devoir vous laisser un peu. On a besoin de mes compétences.

Elle comprendrait, à n’en pas douter. Je ressortis de l’infirmerie apportant avec moi une trousse de secours et je m’accroupis auprès du premier blessé qui se trouvait juste devant l’entrée. Désinfection, bandage, injection d’antibiotiques contre la fièvre et pour parer à toute infection. Je répétai ces mêmes gestes au fur et à mesure que je passais d’une personne à l’autre. Il y avait beaucoup trop de brouhaha. Il fallait une certaine organisation pour aller au plus urgent. Je me redressai et je hélai tout le monde.


- J’ai besoin que plusieurs d’entre-nous s’occupe d’hydrater nos blessés et de leur apporter de quoi grignoter ! Il faut 4 personnes pour dispatcher tout ça. Les autres, vous prenez les trousses d’urgences et vous commencez par désinfecter les plaies. Les personnes qui demandent de gros soins, vous les transporter dans l’infirmerie et vous m’appelez !

Ce fut à ce même moment que je vis, au milieu de la foule, un homme portant dans ses bras une femme. C’était Grant qui courrait vers l’infirmerie pour soigner Mara. Elle était peut-être blessée, mais au moins elle était saine et sauve et entre de bonnes mains. Je n’avais plus à m’inquiéter pour elle. Je cherchai malgré tout encore des visages familiers comme celui de Leroy. Mon portable se mit à vibrer dans ma poche. Qui pouvait bien m’appeler durant un pareil moment ? Le nom familier m’apparut alors à l’écran : c’était Héléna. Toute la population asarienne semblait être coupée du reste du dôme de la division humaine. Un moyen pour donner encore plus d'ampleur aux actions de la Milice.

Code:

Le bidonville n’est plus qu’un brasier énorme. Nous avons été … transportés directement au QG. Il n’y a plus aucune âme là-bas. Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés pour soigner nos blessés. Je t'envoie un téléporteur ? Tu es où ? Avec qui ?

Je ne pouvais pas m’attendre sur l’histoire de l’Ange, du portail et de toute l’horreur que nous venions de vivre cette nuit. J’envoyai un SMS à Tyler. Il devait lui aussi se douter du chaos et s’inquiéter. Il était de garde à l’hôpital. J’avais besoin de ses compétences de médecin urgentiste avec moi. Je levai mes yeux et j’observai tour à tour tous les Pacificateurs, ceux qui avaient subi des lésions et ceux qui venaient à leur aide. Je pivotai sur-même et je me dirigeai vers la salle de surveillance qui s’était presque vidée de tous ses agents.


- Julian, il me faut tous les Asariens possédant le don de téléportation, ici au plus vite ! Ils devront aller récupérer nos alliés un peu partout dans la cité. Je vais établir la liste des lieux. Tu peux au moins, déjà envoyer un téléporteur à l’hôpital central pour prendre Tyler et le ramener ici. Pour les autres, j’attends leur confirmation et je te fais signe.

Le jeune homme hocha la tête et se mit au travail. Je ressortis  en courant  et je rencontrai Mara et Grant qui sortaient de l’infirmerie. Elle s’agrippait à son compagnon et je pouvais distinguer que ses plaies avaient été soignées.


- Je suis contente de voir que tu vas bien. Il faut trouver le moyen de nous rendre au village. Apporter des médicaments, du matériel pour soigner et même de la nourriture, des couvertures. Nous, nous sommes à l’abri et en sécurité ici. Tous les survivants de l’horreur ont besoin de notre aide. Héléna, Tyler et les autres vont venir nous rejoindre grâce aux téléporteurs. Ma place n’est pas ici. Les humains ont besoin de moi là-bas.

Gabriel … C'est le nom qu'avait prononcé Amara … et mon cœur se serra immanquablement alors que je ne parvins même pas à rencontrer le regard de l'Ange. Alors que je me faisais entraîner dans ce portail lumineux, je fus assaillie par une vague d'émotions si contradictoires … J'étais à la fois soulagée de voir qu'il était bien vivant, contente, mais une profonde tristesse contredisait avec cette joie. Depuis le départ j'ai conscience que nombreuses choses m'échappaient. Mais là c'est encore pire. Je n'ai même pas le temps de me faire à l'idée qu'il n'est finalement pas mort que je le perds à nouveau de vue. Et puis il y a cette manière dont cette femme l'a regardé, comme si … Non, je ne sais pas. Mais ça fait mal.

Même pas le temps non plus de jeter un dernier coup d’œil sur ce qui fut mon foyer. En aurais-je eu la force de toute manière ? Contempler le carnage, voir tous mes souvenirs réduits en fumée. Non … Comment ont-ils pu ?

Arrivée dans ce que je reconnais comme un dispensaire, je suis l'asarienne sans rien dire, le cœur trop lourd et la gorge trop nouée pour parler. Ca n'est que lorsqu'elle referme la porte du bureau dans lequel elle m'a guidé que je laisse tout sortir, mes pleurs, mes cris de rage … étouffés dans la paume de ma main. Horreur. C'est le mot juste et encore … je ne sais même pas si il existe un mot suffisamment fort pour décrire ce sentiment qui me traverse, ça n'est plus de la haine, ça n'est plus du dégoût, ça n'est plus de la tristesse …

Un gémissement plaintif sort d'entre les lèvres de la petite fille, ce qui me ramène un temps soit peu au présent. Grâce à Amara, elle était hors de danger. Je me contente donc de nettoyer un peu ses plaies, de lui donner à boire et l'installe confortablement pour la laisser se reposer.

Une fois sortie du bureau, mon regard passe sur tous ces blessés … Certains sont morts, les autres sont blessés … selon plusieurs ordres de gravité. Mais personne n'en sort indemne, tant physiquement que moralement. Je n'ai même pas envie de penser que j'ai de la chance. Quelle va être la vie désormais ? Et moi, quelle est ma place au milieu de tout ça ?

Je ne connais personne ici … Enfin, j'avais reconnu Leroy tout à l'heure, mais je l'ai perdu de vue. Marchant dans les couloirs, je retrouve Amaria, en pleine discussion avec un couple, accompagné d'une petite fille. Les yeux un peu rouge, et l'air aussi épuisé que tout le monde ici, je m'approche du petit groupe. La petite posait exactement toutes les questions que je me posais.

-Quoi qu'il y ait besoin de faire … je veux aider. Bégayai-je, la voix basse. C'est … C'était chez moi …

Je ne pouvais pas rester là, assise sans rien faire, sans prendre des nouvelles de nos amis. Les Humains avaient été envoyés ailleurs, vers ce second portail. Et cet Ange … Etait-il bien réel ? Avais-je bien reconnu son visage ? Était-ce lui ? Et si tout n’était qu’un rêve ? Mais alors qui nous avait aidés si ce n’était pas lui ? Je devais voir Amaria et Leroy pour les questionner et savoir s’ils avaient reconnu en cet Ange les traits de Gabriel ou si c‘était que ma fièvre qui m’avait faite délirer. Grant ne pouvait  pas m’aider. Il n’avait pas connu le fils d’Alianka De Nephthys ou peut-être, mais de façon très brève dans des soirées alors qu’il était le jeune Gaïus Hasard, mais tout ceci était tellement loin. Comment avouer à Grant que j’étais allée à la rencontre d’un homme, d’un chanteur se faisant appeler Gabriel Laymann, un soir à son studio après l’avoir rencontré à la Taverne de l’Enfer ? Qu’est-ce que je cherchais vraiment à faire avec cette démarche ? Ce que je désirai c’était savoir pourquoi mon premier amour qu’on m’avait arraché, il y a de cela onze années refaisait surface maintenant ? Pourquoi ne s’était-il jamais manifesté depuis ? J’avais tellement de questions … Je les avais posé au chanteur qui m’avait subtilement bien manipulée pour me faire douter. Mais pouvait-on mentir à un cœur ? Non …

Grant termina de me soigner, à sa manière. Il sentait me crisper sous les soins qu’il me donnait, mais ce n’était pas très grave même s’il s’excusa. Il me raconta comment il était parvenu dans le bidonville alors que toutes les entrées étaient bloquées par la Milice. Ainsi le lien que j’avais avec Héméra l’avait guidé jusqu’à moi et que le danger que je vivais. Il avait demandé l’aide d’un de nos téléporteur et il avait fait en sorte de me chercher.

- Le lien avec Héméra … est puissant entre nous deux. Je ne sais pas si cela marche pour moi aussi. Notre fille est une grande télépathe et son don est très puissant pour son petit âge. Je voudrai la voir …

Amaria avait pris l’entrainement de sa nièce sous son aile. Un aussi grand pouvoir demandait beaucoup de concentration … comme si elle savait, comme si elle avait déjà vécu cela. Je n’avais jamais questionné Amaria sur ses dons, de quelles manières elle avait appris à les contrôler. Il y avait quelque chose en elle de mystérieux que je n’arrivais pas à décrypter même après toutes ces années, une sorte de frein qu’elle s’évertuait à mettre dans sa puissance et ses dons. Avait-elle passé sa vie à devoir maitriser ses capacités pour éviter le pire ? C’était peut-être pour cela qu’elle mettait un point d’honneur à s’occuper d’Héméra et de la guider avec bienveillance.

Grant avait accouru à mon secours, mais si quelque chose nous était arrivée à tous les deux, Héméra n’aurait plus ses parents avec elle Bien sûr, je savais que sa marraine, Amaria, son parrain, Mike et tous nos amis comme Leroy, Héléna, Oliver, Lia et tant d’autres s’occuperaient de notre fille. Malgré cela, elle aurait été privée de l’amour de son père et de sa mère. Dans l’ordre naturel de la vie, je serai la première à partir. J’étais une humaine. J’étais éphémère. Grant vivrait bien plus longtemps que moi et veillerait sur Héméra. Je me penchai vers lui et je l’embrassai de tout mon amour.

Il m’aida à sortir de l’infirmerie quand les véritables blessés entrèrent sur les brancards. Nous fîmes de la place et je m’accrochai à lui tandis qu’il me tenait contre lui. Hors de l’infirmerie, nos blessés étaient à même le sol, assis et appuyés contre le mur. Je lui montrai le tatouage qui était apparu au creux de mon poignet. Un symbole représentant un chiffre ancien.

- Je ne sais pas si c’est cet adolescent qui en est responsable. Il est apparu au moment où j’étais la plus vulnérable.  J’ai ressenti une chaleur immense m’envahir et soudainement un surplus d’énergie. Je vais en parler à Amaria et à Leroy, peut-être qu’ils sauront quelque chose.

La voix d’Amaria me détourna de ce sujet et mon sourire s’accentua en la voyant déjà prendre les commandes des soins à apporter à tout ce monde. Son idée d’aller porter toute l’aide possible aux humains qui avaient franchi le portail en direction du village était excellente

- Je vais bien, oui et toi aussi. Ça fait plaisir de te voir. Amaria, je te laisse gérer cette expédition. On va s’occuper des blesser ici. Tu devrais prendre avec toi Tyler et tout le matériel qui vous sera utile et aussi des …

Pas le temps de finir ma phrase que la voix de ma fille retentit dans le couloir, accompagnée de son fidèle loup blanc. Elle s’élança et se blottit dans les bras de son père qui me lâcha pour recevoir notre Princesse. Ma fille anticipait déjà et elle voulait apporter son aide comme elle le pouvait.

- Je pense que ta Marraine ne verra aucun problème pour ça. Tu connais le QG par cœur. Tu sais où se trouve le matériel, les couvertures, distribuer de l’eau. Je te fais confiance concernant Snow.

Je n’avais jamais eu l’occasion de demander pourquoi Aaron avait offert ce louveteau à ma fille, à part qu’il était différent de sa tribu, comme elle pouvait l’être de par sa nature différente. Je passai doucement ma main dans les cheveux de ma fille pour l’apaiser, mais ce qu’elle m’apprit sur cet adolescent me fit froid dans le dos.

- Je vais bien. Papa a soigné mes blessures. Elles ne sont pas si grave que cela. La liaison a été coupée à cause d’un pouvoir puissant … sur le contrôle du temps qui ne venait pas de Leroy … Comment connais-tu cet adolescent ? Où l’as-tu rencontré ? Quand ? Je voudrai bien que tu  nous racontes tout cela jeune fille !

Héméra était une vraie chipie comme tous les enfants de son âge et avec ses pouvoirs, c’était pire. Elle se faufilait n’importe où à la vue des autres et certaines fois, elle n’en faisait qu’à sa tête.

- Je ne sais pas ce qu’il va se passer là-bas, maintenant. Oui … les humains ont été évacués et ceux qui n’ont pas eu cette chance ont péri … Ceux qui ont survécu ont eu la chance d’avoir un … Sauveur pour les conduire à l’abri. Nous aussi. C’est grâce à cet … Ange que nous sommes là.

Héméra avait-elle vu aussi cet Ange grâce à notre lien ? Ou bien le lien ne fonctionnait-il toujours pas ? Je détaillai le visage d’Amaria. J’aurai voulu que Leroy soit présent aussi pour qu’il me donne son avis sur tout cela. Une jeune femme que je ne connaissais pas sortit de l’infirmerie et s’approcha de nous. Elle avait dû suivre l’un d’entre-nous pour que l’un des Pacificateurs puisse prendre le risque de dévoiler notre QG.

- Il ne vaut mieux pas mettre les pieds là-bas durant un moment. Ça serait de la folie. Par contre, si vous voulez aider, vous êtes la bienvenue. Je suis Mara. Bienvenue chez les Pacificateurs et dans l’Antre du Phoenix.

Amaria avait reçu entre-temps des informations par SMS concernant la position d’Héléna qui était en compagnie d’Oliver et de Liam. Elle donna des instructions pour qu’un téléporteur puisse les rejoindre. Tout ceci se passa en moins de dix minutes et déjà les visages familiers de nos amis venaient de nous rejoindre après leur bond.

- Je suis très heureuse de vous voir tous les trois. Je pense que toutes les bonnes intentions seront les bienvenues. Il y a eu beaucoup de victimes, Oliver. Les survivants se sont échappés grâce à un … Ange …

Je savais que ma réponse serait totalement illogique et en me jetant à l’eau, j’attendais de voir la réaction de toutes celles et ceux qui avaient passé le portail. Avaient-ils vu la même chose que moi ? Oliver, Héléna et Liam me dévisagèrent avec de grands yeux. J’étais peut-être devenue folle … C’était une option éventuelle à admettre …

Je n’avais jamais su pourquoi les bonds en téléportations me donnaient la nausée avec en prime la tête qui tournait dans tous les sens. Le voyage n’avait pas pris plus d’une seconde, le temps à notre téléporteur  de nous toucher et de nous faire disparaitre tous les 3 pour se retrouver immédiatement dans l’un des longs couloirs du QG. Je voyais beaucoup de monde bouger de tous les côtés, des silhouettes floues sur lesquelles, pour le moment, je n’arrivais pas à mettre un visage « normal ». J’entends Oliver et Liam parlaient, mais là non plus, je ne percevais que le son de leurs voix sans comprendre un mot de ce qu’ils pouvaient bien raconter. J’avais l’étrange sensation de perdre l’équilibre et de la main, posée contre le mur, je m’aidai à m’appuyer pour ne pas vaciller. Je ne connaissais à ce jour personne qui ne supportait pas ce déplacement en téléportation et je me demandais si ce n’était pas mes antécédents sur ma santé qui provoquaient cette réaction bizarre sur mon organisme. Ce malaise ne dura que peu de minutes, le temps de souffler et de reprendre un certain maintient. J’espérai  dans tout ce mouvement de foule que personne n’avait assisté à cette scène.

Je suivis à petits pas Oliver et Liam qui suivaient le couloir pour tomber sur une partie des Paces que nous connaissions. J’étais heureuse de voir  Amaria, Grant, Mara et leur fille, sains et saufs. Ils discutaient entre eux et quand on s’approcha d’eux, je pus au moins percevoir quelques mots de leurs échanges. Amaria proposait d’aller aider les survivants  qui avaient été évacués … mais où, je ne comprenais pas. D’ailleurs Mara ajouta qu’un Ange avait été leur Sauveur.

- Euh … sans vouloir plomber  l’ambiance … c’est quoi votre histoire d’Ange ? Vous êtes tombés tous sur la tête à un moment donné au même endroit ? Cela n’existe pas les Anges saufs dans les romans et les récits fantastiques …

Tous les regards convergèrent vers moi. Je haussai les épaules en guise de première réponse spontanée. Je suis une journaliste. J’ai toujours eu besoin de faits concrets, pas de trucs extraordinaires sans aucune origine, car il y a toujours une explication à tout même si parfois c’est un peu tiré par les  cheveux.

- Mais … Attendez … Vous … Je vous connais ! On s’est déjà rencontré … il y a plusieurs mois …

Je venais de m’adresser à la jeune femme qui se tenait un peu en retrait. Bien sûr que je me souvenais d’elle. Elle avait beau être très différente de la femme qui avait assisté à l’after du concert de Gabriel Laymann, mes souvenirs étaient encore intacts et je n’avais aucun souci de mémoire. C’était la cavalière du chanteur, totalement paumée au milieu des invités. C’était ce qui m’avait le plus interpeller au milieu de ce luxe … Laymann nous avait révélé à Mike et moi qu’il surveillait les Pacificateurs depuis un long moment, qu’il en savait beaucoup sur nous tous. Ils nous avait montré 4 photos : celles d’Héméra, celle de Grant, d’Aaron et de Liam… Et elle que savait-elle sur nous ? Amaria paraissait la connaitre, alors pourquoi Laymann ne nous avait-il rien dit de son approche avec le Docteur Saria grâce à son amie ? Quelque chose cloché dans mon raisonnement, mais je ne savais pas où, comme s’il me manquait une grosse pièce d’un puzzle pour comprendre tout le dessin.  Je ne désirai pas la mettre mal à l’aise. Ce n’était pas mon but ni la priorité du moment. Je clignai des yeux et je changeai de sujet. Il y avait bien plus grave cette nuit.

- Est-ce que quelqu’un pourrait nous expliquer ce qui s’est passé sous le dôme ? J’étais au Times avec Oliver et nous avons été attirés par les lumières qui provenaient de ce dôme … On ne voyait rien par les baies vitrées, on distinguait seulement des jets de lumières, comme des explosions …  Toutes des entrées ont été bloquées et j’en déduis que les sorties aussi, devaient l’être.

Mara avait parlé des survivants et en pivotant sur moi-même, je m’apercevais qu’il n’y avait que les Nôtres, à savoir les Pacificateurs.

- Où sont les habitants du bidonville ? Pourquoi ils ne sont pas avec vous ?

Chacun prenait des nouvelles des autres et nous essayons tous de comprendre comment un tel chaos, un tel enfer avait-il pu se déclarer aussi vite et aussi brutalement. Des amis venaient de nous rejoindre et la voix de la journaliste venait de parvenir jusqu’à notre petit groupe. Tous les Pacificateurs étaient réunis et la question d’Héléna qui demandait les origines de cette nuit d‘horreur prenait des proportions étranges. Je secouai la tête pour tenter de mettre au clair toute cette histoire.

- Tout s’est tellement vite déclaré, comme un raz de marée nous engloutissant tous en même temps. Je ne sais pas ce qui a provoqué ce déclic. Apparemment la Milice savait déjà qu’elle frapperait cette nuit, tout était prévu. Leur armement, leur équipement, rien ne manquait. C’était un plan élaborait depuis bien longtemps. C’est du moins ce que j’en déduis. Les soldats n’ont rien laissé au hasard. Chaque issue devenait un piège mortel pour nous tous.

J’avais vécu la pluie de feu, autant que Leroy et Oliver. J’en avais gardé la terreur des cris, de ces visages blessés, la destruction de la quasi-totalité de la planète. J’avais revécu cette horreur et toutes ces vies perdues qui tentaient d’échapper au mauvais tour que venait de leur jouer le destin. Nous avions été impuissants, pas assez nombreux peut-être malgré nos pouvoirs. Le gouvernement avait compris que trop de factions finiraient par nous desservir. Nous avions compris bien trop tard que l’alliance avec les Insoumis et les Rebelles auraient pu être encore plus importante et décisive face à un même ennemi.

- Tout a été rasé … Il n’y a plus rien …

Je ne savais pas si le TyAma avait survécu à ce carnage et quand bien même, ce quartier allait être surveillé à partir de maintenant. Plus personne ne pourrait y mettre les pieds.

- L’Ange … une image floue … Je ne sais pas … C’est étrange comme impression.  Mais si nous sommes là, c’est bien à cause de cet … de cette … Puissance. Donnez-lui le nom que vous voudrez. Je suis une scientifique. Tout à une solution, tout est décomposé, décortiqué. Il  n’y a rien au hasard. Mais là, je suis bien incapable d’appliquer une théorie sur ce que nous avons vu. Il y a eu ces deux vortex. Des passages qui nous ont amenés directement ici. Les humains, les survivants ont été transportés au village dans les terres sauvages. Là aussi, c’est impossible quand on y pense.

Restez là à chercher à comprendre tout ce que nous venions de vivre ne nous apporterait pas de grandes réponses. J’avais le sentiment d’avoir l’esprit dans une sorte de gangue, prêt à exploser. C’était peut-être dû à ma télépathie que je canalisais pour ne pas percevoir la douleur de chacun.

- Il faut que je parte … Le soleil va se lever dans quelques heures et si je veux être utile au village, je dois tout mettre en place.

Dans mon dos, un des Pacificateurs qui s’employait à soigner nos blessés venait de faire tomber sur le sol blanc du QG, la valisette d’urgence. Un bruit sourd, un vacarme résonna à mes oreilles. Je clignai des yeux comme pour me raccrocher à ce moment, à cette scène … Ma tête me faisait souffrir encore plus. Je devais m’éloigner pour éviter que ma télépathie ne se déploie trop brutalement si j’en perdais le contrôle maintenant …

- Soyez prudents et reposez-vous.