(Terminé) [Intrigue= le dôme maudit] Un grain de sable peut enrayer le mécanisme || Les Rebelles

La première citerne, derrière la Taverne, était en activité depuis ce matin. Elle était remplie d‘eau potable par un tank à lait qui ne l’était plus depuis un moment. Evan s’était positionné à l’extérieur de la courette privée de l’établissement du père Roswell et il avait surveillé la mise en place. Il avait pris place dans un vieil appartement et l'une des fenêtres donnait face à la citerne. Les jumelles sur le nez, il observait toute la scène à distance. Rien ne devait lui échapper. Cette mission importante devait être un succès. Plusieurs Rebelles étaient dispersés dans les ruelles, bien cachés. Ils avaient la tâche importante de guetter toutes les allées et les venues des patrouilles de la Milice et d’avertir le groupe qui réceptionnait les habitants du bidonville près de la citerne en cas de danger. Le médecin du dispensaire avec lequel il était en relais par téléphone portable lui avait indiqué que tout était prêt pour recevoir la population et distribuer les kits d’eau potable. Des affiches avaient été placardées pour avertir les gens de la campagne de vaccination. Une fausse campagne que chacun découvrirait avec les explications des bénévoles du dispensaire. Evan sortit son téléphone de sa poche et pianota un message pour le Docteur Saria.  

Code:

Courette calme – Citerne OK – Milice surveillée

Il actionna le petit micro camouflé sous le col de sa chemise, relié à son oreillette par un système de connexion sans fil. « BlackCat, ici LookOut, tu me reçois ? La citerne est en place. Le dispensaire vient de me confirmer l’arrivée des premières familles. » La jeune femme pouvait être n’importe où. Il avait donné à certains agents du Faucon la libre circulation pour assister et secourir à n’importe quel moment les innocents. Il laissa quelques secondes de silence, puis il reprit. Cette fois-ci il s’adressa à tous les rebelles éparpillés dans le bidonville à des endroits stratégiques et chacun avec une mission bien identifiée « Surveillez bien les patrouilles. Faites en sortes de fluidifier les allées et les venues des familles à la citerne. Je ne veux aucun attroupement ici, dans la courette. Dès que la Milice approche, on ralentit les arrivées à la citerne et on déclenche l’itinéraire bis. »

Toujours voir un plan en prévoyance d’un échec pour le premier. Les soldats arpentaient les ruelles la journée, moins souvent que la nuit, mais ils étaient aux aguets. Une concentration de la population à l’arrière de la Taverne de l’enfer serait suspecte dès le premier instant. Les patrouilles avaient des trajets. Elles ne repassaient pas au même endroit que toutes les trois heures environs. Evan avait envoyé une équipe pour établir à la seconde précise les mouvements des soldats pour ne rien laisser au hasard. Ce plan était instable. Un grain de sable pouvait envoyer tout en l’air la mise en place de cette campagne et la distribution de l’eau potable. Une seconde citerne se mettait en place dans l’arrière du garage d’Ethan O’Connell.  Un second tank à lait était dans les terres sauvages. Evan ne savait pas jusqu’à quand ce plan boiteux allait tenir le coup.

Dans le petit appartement d’infortune, la porte d’entrée s’ouvrit. Evan pivota énergiquement. Il laissa les jumelles retombées sur la chaise près de lui. Il avait déjà son arme pointée vers la silhouette qui se détacha de la pénombre du couloir. « Je t’ai dit de te servir de ton micro … Nat’ pour m’avertir de ta venue. Comment ça se passe en bas ? »

Il posa son arme près des jumelles et cala son épaule contre l’encadrement tout décrépit de la fenêtre. Il voyait les premiers habitants venir avec des jerricanes d’eau.  « Combien de temps on va pouvoir se jouer des soldats sans qu’ils ne s’aperçoivent de tout ce cinéma ? Je sais qu’on ne peut pas laisser la population sans eau. Il y des enfants, des femmes, des vieillards … mais si tout foire, ils risquent gros … Nous aussi. On ne leur servira à rien si tout ce plan nous explose dans la gueule ! Il faut une autre solution. Je n’ai pas encore reçu de message de la part du leader des Pacificateurs qui doit rencontrer les Insoumis.»

« LockOut, code 3, on a un code 3 ! 3 Miliciens se sont détachés de leur patrouille, ils approchent en direction de la Taverne par le devant ! Je répète code 3 vers la Taverne ! »

Après la réunion au QG, l’une des plus animées à laquelle Natacha avait assisté, il s’était passé un peu de temps avant que le plan ne prenne réellement vie. En même temps, c’état un peu normal au vu de tout ce qu’il fallait faire. Les tâches avaient été bien réparties par Evan. Chacun y avait donc mis du sien et aujourd’hui commençait le premier ravitaillement en eau en collaboration avec le dispensaire. Celui-là même où elle avait été soignée. Natacha avait chargée – comme d’autres – de bien surveiller les alentours et de faire en sorte qu’aucun mouvement suspect n’attire l’attention. C’était une mission dans les cordes de BlackCat. Habile à se faufiler partout, la jeune femme avait tendance à laisser traîner ses oreilles et ses yeux. Pour l’instant tout était calme, bien trop calme se disait-elle. Ce n’était pas normal qu’il y ait si peu de miliciens dans les rues. Elle allait faire son rapport à Evan, caché dans un des vieux appartements pour mieux tout surveiller et coordonnées quand la voix du jeune homme retentit dans son oreillette.

« LockOut, ici BlackCat… »

Rien… Elle refit une tentative

« LockOut ? »

Toujours rien. Damn it ! Evidemment, il fallait que ce soit le sien qui soit endommagé. Ils avaient pourtant bien tout vérifié avant de commencer mais les appareils n’étaient pas de toute première jeunesse. Natacha jura entre ses dents et se résolu à rejoindre Evan dans l’appartement. Elle n’était pas connue pour être une personne disciplinée et Natacha ne voulait pas qu’on croie qu’elle n’en faisait encore une fois qu’à sa tête. Elle savait que cette réputation était bien méritée mais cette fois, les enjeux étaient bien trop importants pour qu’elle fasse cavalier seul. Elle retenta une dernière fois tout de même pour ne pas se déplacer pour rien

« Tu m'entends ? »

La brune sortit avec prudence de sa cachette et commença à se diriger vers l’endroit où se trouvait le Recruteur de la Rébellion. Il fallait qu’elle répare ou au moins change son oreillette. Sur le chemin, elle fut interceptée par un jeune couple cherchant le dispensaire. Cette campagne de vaccin était vraiment une bonne trouvaille. C’était un peu étonnant que cela soit passé mais du moment que cela servait leur dessein, Natacha n’allait pas s’en plaindre. Ils avaient déjà bien trop de sujets à être parano pour ne pas en rajouter. Elle rejoignit Evan qui l’apostropha. Elle se mordit la lèvre pour ne pas répondre sur le même ton. Tout le monde était sur les nerfs.

« Mon micro ne marche pas. Je viens juste le changer et je redescends. Tout est calme en bas. Trop calme. »

Sans rien rajouter, la jeune femme alla chercher dans la malle ce qu’il lui fallait. Levant les yeux à ce que le jeune homme lui dit, Natacha s’approcha de la fenêtre où se trouvait Evan et regarda ce qui se passait sous ses yeux.

« Je sais Evan… », lui dit-elle d’une voix douce.

Elle pouvait comprendre la frustration du blond, elle-même la partageait mais pour l’instant, ils n’avaient pas vraiment le choix.

« Mais regardes en bas, c’est déjà un bon début… On ne peut pas tout révolutionner d’un coup. Le plus important c’est qu’ils ne soient pas contaminés par l’eau empoisonnée. Et puis on avance. Qui aurait cru qu’on travaillerait un jour main dans la main avec eux ? »

L’inimitié de Nat’ envers les Asariens n’était pas un fait méconnu. D’ailleurs tout le monde partageait cette haine de ces êtres méprisables.

« Ils sont peut-être encore en train de négocier… Les Insoumis ne sont pas connus pour leur solidarité… »

Ils furent interrompus par un message. Elle échangea un regard avec Evan et se précipita en bas de l’immeuble. Effectivement, une patrouille se dirigeait vers la Taverne mais cela ressemblait à une visite de routine. Nat’ ne savait pas quoi faire. En temps normal, elle aurait fait en sorte de ne pas les laisser s approcher de la Taverne mais provoquer une course de poursuite n’était pas non plus la meilleure des idées pour rester discret…

« LockOut ? »

Natacha venait de rejoindre Evan dans le vieil appartement qui lui servait de point de ralliement et de cachette. De là, le jeune recruteur avait une vue  sur la courette arrière de la Taverne de l’Enfer et de la citerne. Une citerne qui avait toujours été là, mais qui n’avait plus servie depuis des années. Elle avait été retapée rapidement par les rebelles pour pouvoir la remplir d’eau potable. Maintenant, il fallait distribuer tout cela. Il s’était demandé si faire le tour des abris avec des jerricanes n’aurait pas été mieux, moins voyant que tout cet afflux de la population vers un même lieu ? En réfléchissant, Evan s’était aussi dit que son idée comportait des failles : apercevoir une dizaine de personnes parcourant le bidonville et frappant à toutes les portes en distribuant de l’eau claire pouvait aussi éveiller les soupçons des Miliciens. Ses doutes et ses craintes le tiraillaient, mais la voix douce de sa partenaire le ramena dans cette pièce. Elle avait changé son micro qui ne fonctionnait plus. Voilà pourquoi il n’avait eu aucune réponse de sa part quand il avait essayé de la joindre. « Tu crois qu’on a gaspillé toutes ces années de luttes contre les Pacificateurs, inutilement ? Que nous aurions pu mettre à profit des liens et nos capacités pour autre chose que nous battre pour nos Idées et notre Cause ? Ce sont les questions que je me pose depuis notre réunion au QG. Elisabeth et Steve ont été bien reçus au dispensaire la première fois par les Pacificateurs. Ils ne sont pas aussi haineux envers nous, que nous le sommes, nous, envers eux … Si nous nous étions trompés ?  Si cela avait servi les intentions du gouvernement de voir les factions se bouffer le foie ? »

Il restait la question des Insoumis en suspens. Comment ce groupe se comporterait-il face aux révélations de la leader des Pacificateurs ? Daigneraient-ils lever le petit doigt pour aider la population ? « Les Insoumis sont connus pour ne pas interférer dans les problèmes de la cité. La seule chose qui compte à leurs yeux, c’est leur communauté. On peut les comprendre et ne pas les juger pour cela. Ils ont été bannis de la société et de ses rouages. Mais aujourd’hui, chacun doit mettre ses opinions en réserve pour ces innocents. »

Le message d’urgence résonna dans l’oreillette d’Evan et dans celle de Natacha. Il ajusta ses jumelles et chercha l’emplacement exacte de la scène qu’on venait de lui décrire.  La Rebelle s’était déjà précipitée en bas. « Pas de mouvements brusques. Je répète à tous les agents, pas de mouvements suspects. On ne va pas créer une course poursuite, ni tirer sur les soldats ! »

« LockOut, on ne bouge pas sans tes ordres. Mais il faut trouver une solution avant que les Miliciens n’approchent  la citerne ! »

«  Je m’en charge avec BlackCat ! Vous, vous continuez la surveillance et la protection de la population ! »

Il jeta les jumelles sur le vieux canapé tout miteux et ouvrit une petite caisse en bois, près de la malle où se trouvaient des explosifs prêts à être utilisés. Ils avaient été confectionnés par les agents du Faucon expérimentés dans ce domaine.  Les explosifs avaient la forme d’un petit pain allongé pas plus longs qu’une main. Evan récupéra le dispositif de mise à feu, fourra le tout dans son sac à dos et sortit en courant de la planque pour rejoindre Natacha qui lui parlait dans son oreille. Elle était restée en bas et il la rejoignit.   « On va mettre en route le plan B. Ethan m’a aidé. Il a garé une vieille bagnole, une épave, à  quelques ruelles d’ici.  Il nous fallait une diversion au cas où cela se passait mal ! On va y aller toi et moi ! J’ai pris de quoi faire un beau feu d‘artifices en pleine journée !  »

Evan se lança avec Natacha en direction de l’épave. Ethan l’avait garée dans un endroit éloigné des habitations et là où personne ne pourrait être blessé. Ils devaient faire vite.

« LockOut, les soldats approchent ! Ils vont tourner en direction de la courette d’ici cinq minutes ! »

« Nous y sommes presque ! »

Ils avaient courus sans s’arrêter. Natacha l’avait suivi et lorsqu’il pointa du doigt l’épave, ils savaient tous les deux que les minutes étaient comptées. « Tu surveilles mes arrières, je vais placer la décharge sous le moteur. »

Evan la connaissait. La Rebelle avait toujours son arme sur elle et elle était une excellente tireuse. Il se faufila au niveau de l’épave et  retira de son sac à dos le matériel. Il fixa le dispositif qui clignota sur le vert une fois en relation avec la télécommande et il colla explosif en dessous du moteur. Il retrouva Natacha qu’il l’attendait dans un recoin pour se protéger de l’explosion. « A  toi l’honneur »

Il lui fila la commande pour enclencher l’explosion et s’adressa aux autres rebelles «  Le feu d’artifices commence ! »

Natacha haussa légèrement les épaules. A vrai dire, elle ne savait pas. Les Pacificateurs étaient une faction qui regroupait aussi bien des Humains que des Asariens. Rien que le fait que ces derniers puissent s’allier à des Humains dépassait l’entendement de la jolie brune. Sa haine envers les Asariens était bien trop ancrée en elle pour que cela soit sans importance. Mais  Evan avait raison en disant que Steve et Eli avaient été bien reçus. Elle-même, lorsqu’Ethan l’avait emmenée au dispensaire, avait été bien soignée et bien traitée par les personnes qui travaillaient là-bas. Elle ne pouvait pas dire si dans le lot, il y avait des Asariens qui l’avaient soigné ou non et si elle voulait vraiment être honnête, Natacha savait que forcément il y en avait eu. La jeune femme n’était juste pas prête à l’admettre à haute voix. Au lieu de quoi elle répéta

« Je ne sais pas… Les guerres ont déchirées les hommes bien avant l’apparition des Asariens… Peut-être est-ce dans la nature que de ne pas se faire confiance ? Mais pour l’instant, il vaut mieux ne pas trop se poser de questions. De toute façon, on ne peut pas revenir en arrière… Autant se concentrer sur ce que l’on a à faire maintenant… »

Elle le regarda un peu sceptique

« Leurs réactions n’en seront que plus hypothétiques… Se dire qu’ils ne vont pas lever le petit doigt est peut-être la meilleure solution. Comme ça pas de faux espoirs. »

L’alerte fut donnée et la jeune femme avait entendu comme tous les Rebelles les ordres de LockOut. Natacha l’attendait donc en bas de l’immeuble et le suivit tandis qu’il lui expliquait le plan B. C’était une bonne idée. Un très bon moyen de diversion. Une fois l’explosion faite, les Miliciens seraient bien trop occupés à rechercher les fauteurs de trouble plutôt que de s’intéresser aux va-et-vient qui se passaient du côté de la Taverne. Ils courraient pour arriver au plus vite et d’après le message reçu, ils n’avaient pas le droit à l’erreur. L’excitation d’avoir un peu d’action se mêlait à l’inquiétude de l’impact que cela pourrait avoir sur les habitants en la jolie brune. Nat était une femme d’action et même si elle était capable de rester en planque des heures durant, c’était pour elle une forme d’action. Elle détestait par-dessus tout l’oisiveté et n’était pas la plus douée pour ronger son frein et pour attendre.

« J’espère qu’il a pensé à laisser un peu d’essence pour aider au feu d’artifice », lança-t-elle un peu narquoise.

Elle hocha ensuite la tête pour lui faire comprendre qu’elle savait ce qu’elle devait faire. Elle sortit son arme de son dos et se tint prête. S’éloignant quelque peu, elle lui dit

« Evan, je pense que c’est le moment où jamais… J’entends des voix au loin… »

La Rebelle avait toujours eu l’ouïe fine. Cela l’avait bien aidé durant ces années de vol et même encore maintenant lorsqu’elle espionnait pour le compte des Rebelles au Louxor. C’était une chose dont elle n’en tirait que de bons avantages. Elle détestait l’hypocrisie. Elle s’éloigna un peu et trouva un recoin pour qu’ils puissent s’abriter du souffle de l’explosion. Elle espérait juste que les dispositifs ne soient pas HS. Elle lui fit un petit sourire moqueur

« Trop d’honneur Monsieur Cassidy… »

La jeune femme appuya sur le bouton… et rien ne se produisit. Elle échangea un regard avec le blond et appuya une nouvelle fois. Toujours rien. Au moment où elle se risquait à aller sur le côté pour voir et sans attendre l’avis de son compagnon, l’explosion se produisit. Natacha se retrouva propulsée en arrière ce qui l’étourdit quelque peu. Elle se releva en faisant la grimace.

« Ça va. Rien de cassé t’inquiète pas ! »

Elle lui fit un sourire rassurant

« Allez viens ! Faut se mettre à l’abri parce que ça va pulluler de Miliciens ici dans pas longtemps. Tu pourras me faire la leçon sur mon imprudence une fois que la mission sera terminée »  

C’était un plan bancal même avec les meilleures intentions. Ces patrouilles constituaient le grain de sable qui pouvait tout faire foutre en l’air. Les Rebelles n’avaient pas lésiné sur la main d’œuvre pour remettre en état cette ancienne citerne dans la courette arrière de la Taverne. Un premier tank à lait avait été nettoyé pour accueillir l’eau de source qui provenait des terres sauvages. Ce qu’Evan redoutait, arriva avec ce message d ‘urgence dans son oreillette. Méticuleux, il avait prévu avec Ethan un plan B si les Miliciens leur causaient des problèmes.  Compagnie de Natacha et de tout le matos dont il avait besoin, ils filèrent tous les deux à l’opposé de la Taverne de l’enfer et de sa citerne. Ils devaient détourner l’attention des chiens de Van Brënner de n’importe quelle façon et le mieux, c’était de faire un beau feu d’artifices sans mettre en danger la population du bidonville. Une épave avait été placée par O’Connell à un endroit éloigné des taudis. Dans son oreillette, les autres rebelles lui signifiaient l’approche imminente d’une patrouille en direction de la ruelle qui menait derrière le Pub. Si un des soldats apercevait les vas et viens autour de cette citerne, le plan volerait en éclat et le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre de la sécurité serait mis au courant de cette coalition pour protéger une population que les Anciens souhaitaient voir balayer de la cité.

Aux pas de courses, Evan et Natacha arrivèrent devant la vieille bagnole qui attendait sagement son destin. Il plaça la décharge et ils se mirent à l’abri tous les deux pour se protéger du souffle de l’explosion. Natacha appuya sur la petite commande en même temps qu’Evan avertissait le reste de son équipe. Mais rien ne se produisit. Les yeux dans les yeux pour tenter d’analyser ce qui venait de se passer et comment avec quelques secondes qui leur restaient, le Recruteur et sa partenaire restèrent sans voix. Tout ne pouvait pas s’arrêter le premier jour ! La population n’avait pas reçu l’eau nécessaire pour survivre ! Natacha sembla lire dans ses pensées. Elle actionna une seconde fois le bouton pour faire exploser le tout, mais encore une fois rien ne se produisit.

« LockOut, vous faites quoi ?! On va devoir se replier ! »

Evan se maudissait intérieurement de ne pas être un homme de terrain. Il remplaçait Duncan, et il venait de comprendre trop tard qu’on ne pouvait pas si simplement prendre la place d’un homme aussi compétent que son ami. Natacha lui fila entre les pattes et se dirigea vers l’épave. Elle était folle ! « Natacha ! Nooon ! Dégage de là si ça expl … »

Un bruit sourd résonna dans le quartier et la vieille voiture se souleva du sol et éclata en plusieurs morceaux. Ses ailles et son capot volèrent dans les airs et Natacha fut violemment propulsée en arrière à cause du souffle de la décharge. Il courut à son niveau et posa un genou à terre, inquiet des blessures qu’elle pouvait avoir. « On réfléchit avant de prendre une telle décision ! C’est la pire erreur de tactique que tu viens de m’offrir ! »

Il l’aida à se remettre debout. S’ils n’étaient pas au milieu de ce bidonville avec une mission délicate à gérer, Evan aurait passé un savon à Natacha. Les rebelles étaient voués à mettre leur vie en danger, mais pas de cette façon-là ! Il l’attrapa par le bras parce qu’il se doutait que le choc l’avait bien amochée et qu’elle ne l’avouerait pas. « Feu d’artifices OK ! »

« Ça marche LockOut ! La patrouille vient de recevoir un message, les soldats se dirigent vers l’explosion ! Attention à vous deux ! »

Ils choisirent une cachette en entrant dans une échoppe abandonnée, toute pouilleuse. D’un coup de pied, Evan ouvrit la porte toute rouillée et les rats qui grouillaient prirent peur. « On va rester là un moment. Le temps de voir arriver les premiers Miliciens. Après, on file rejoindre les autres à la citerne. Assis-toi ! J’ai besoin de toi en forme pas à moitié sonnée par une explosion. »

Il se posta près de la fenêtre brisée sans se montrer. « Je n’applaudirai pas ton geste de folie ! J’ai besoin de toi vivante et tu n’as pas besoin de me prouver tes capacités ! Je les connais Natacha ! Tu veux quoi ? Une médaille pour ta bravoure ? J’ai besoin de tous les rebelles vivants ! Tu peux bien penser que personne ne tient à toi, tu te trompes ! Je tiens à toi ! »

De colère et d’incompréhension, Evan la prit par les épaules et chercha le regard de la jeune femme. « Qu’est- ce qu’il te faut pour te faire entrer ça dans ta tête ? »

Okay, ce n’était peut-être pas la meilleure idée qu’elle ait eue. C’était même surement l’une de ses idées les plus irréfléchies. Mais dans l’esprit de Natacha, elle n’avait pas eu le choix. Elle détestait être à la merci du temps et là ils étaient à court de temps. D’autant plus qu’ils venaient de recevoir un message plus que pressant de la part de leurs équipiers. Donc elle n’avait pas plus réfléchie et était sortie. Une fois de plus, la Rebelle avait joué l’inconscience et une fois de plus elle avait eu de la chance. Le souffle de l’explosion l’avait propulsé en arrière et elle était tombée assez lourdement par terre tandis que la vieille guimbarde se désintégrait, ses composants voltigeant de part et d’autres. Evan n’avait pas menti. C’était un beau feu d’artifice. Dommage qu’il l’ait sonnée au passage. Pourquoi le détonateur n’avait pas fonctionné au début ? Mystère mais l’heure n’était plus aux interrogations. D’autant plus qu’Evan se précipitait vers elle. Il la sermonna quelque peu avant de l’aider à se relever. Elle fit la grimace tandis que le monde tanguait autour d’elle. Evan dut s’en apercevoir ou s’en douter car après avoir rassuré les Rebelles que l’explosion avait bien eu lieu. Nat essaya une nouvelle fois de le rassurer et tenta même un trait d’humour mais son compagnon devait être encore assez énervé car il ne lui répondit pas et se contenta de la prendre par le bras et l’emmener vers une échoppe qui avait l’air abandonnée.

Natacha avisa une sorte de malle et s’assit dessus. La jeune femme ne l’avouerait jamais mais elle était bien contente de pouvoir se poser un peu. Pourtant son esprit de contradiction se manifesta une fois de plus et elle lui dit crânement

« Je vais bien Evan »

Ce fut ce qui mit le feu aux poudres. Au lieu d’apaiser le LockOut, la Rebelle n’avait fait que l’exaspérer encore plus et ce qu’il lui dit la ramena quelques temps en arrière à cette fameuse nuit où elle lui avait avoué une partie de son passé. Depuis, ils n’en avaient jamais reparlé. En fait, Natacha avait soigneusement évité de revenir au Faucon sauf en cas de nécessité. Et même là, elle avait fait en sorte de l’éviter au maximum ou alors de se murer derrière son masque quand elle le croisait, faisant comme si cette nuit n’avait jamais existé. Elle n’avait pas honte de ce qui s’était passée mais l’idée que quelqu’un connaisse ne serait-ce qu’une partie de son passé la mettait mal à l’aise. Et elle ne voulait pas que l’on s’en serve et qu’on lui en reparle comme Evan le faisait en ce moment même. Elle en ressentit de la colère. Parce qu’elle savait qu’il avait raison mais elle n’était juste pas prête à l’admettre. Alors elle attaqua à son tour. Se dégageant de son étreinte, elle lui rétorqua froidement

« Tu as fini ? »

Avant d’exploser

« On aurait du faire quoi alors ?! Attendre les bras ballants que l’explosion veuille bien se faire ?! »

Elle se leva et vacilla légèrement mais la colère lui insufflait l’adrénaline nécessaire pour continuer

« Et si elle n’avait jamais explosé ? Qu’est ce qu’on aurait fait ? Tous nos efforts réduits à néant c’est ça que tu veux Evan ? Pas moi ! Je sais que c’était pas très réfléchi mais il fallait que je fasse quelque chose. »

La brune alla se poster près de la fenêtre et reprit d’une voix un peu plus posée

« Cela ne sert à rien d’en débattre maintenant. Le plus important c’est de se concentrer sur la mission. Si tu veux me sanctionner, fais le après je ne protesterait pas »

Elle scruta les alentours mais ne vit aucun mouvement suspect. Intriguée, elle se retourna vers lui et lui dit

« Tu ne trouves pas ça bizarre que les chien de Van Brënner ne soient pas encore là ? »

Elle était exaspérante. Elle était têtue.  Evan se prit le visage entre ses mains et se frictionna énergiquement pour tenter de calmer une vague de colère qui montait en lui. Qui l’avait nommé « la force tranquille » chez les Rebelles ? Il ne s’en souvenait plus, mais ce n’était plus le cas depuis ces derniers temps lorsqu’il avait Natacha face à lui. Cela venait probablement de toute cette situation merdique qui rongeait le bidonville et mettait en danger une population d’innocents. Duncan avait été blessé lors d’une ancienne mission et Diana avait pris la décision de s’occuper de son homme. Il ne reprochait rien à ses amis, mais il n’était pas formé pour prendre la succession entière des deux leaders. Il était avant tout le recruteur de la Rébellion, celui qui analyse et identifie les bons éléments. Il n’était pas un homme de terrain comme son père.

A l’abri dans une vieille une échoppe abandonnée, l’épave avait explosé et Natacha avait failli faire de même. Evan s’était posté prêt d’une fenêtre brisée pour surveiller les allées et les venues dehors. Mais sa proximité avec l’Espionne et Voleuse du Faucon ne lui donnait pas le répit qu’il espérait. L’incompréhension mêlée à la peur, lorsqu’il l’avait vue être repoussée par le souffle de l’explosion, furent plus forte que sa raison. Sa coéquipière était comme lui, à fleur de peau. «  Et tu crois que sauter avec c’était aussi une bonne option ?! Ton arme Natacha ! Ton arme !! Tu aurais dû te servir d’elle pour tirer, viser le réservoir à essence ! Tu veux une mise à pied pour toutes les prochaines missions qui vont suivre ? »

Natacha s’échappa de son emprise et il croisa de rage ses bras contre son torse. Ils se tournaient le dos, mais elle avait raison sur un point : ce n’était pas le moment de débattre de cette histoire en plein bidonville et avec des Miliciens qui allaient pointer le bout de leurs bottes. « Tu fuis toutes les conversations, ici ou ailleurs, c’est la même chose, Nat’.  Cela ne changera jamais. »

Evan fut soulagé de s’entre dire ces mots. Il avait fait beaucoup d’efforts pour parvenir à atteindre la jeune femme depuis le début de leur rencontre. Il lui avait donné du temps, mais depuis leur conversation au QG, dans sa chambre, il avait compris que rien ne changerait entre eux, qu’elle serait toujours sur la défensive, hantée par son passé et qu’elle ne suivrait qu’une direction : celle qu’elle s’était tracée depuis la mort de ses parents. Il se retourna promptement à la question de sa partenaire et se posta près d’elle. Ils avaient bien entendu des sirènes, mais aucun fourgon n’était arrivé sur les lieux. « Ici LoockOut, faites-moi un résumé de la situation ? »

« Les Miliciens se sont éloigné de la taverne. Pourquoi ? »

« Il n’y a aucun fourgon ici. Aucun Milicien ! »

« Quelqu’un a dû les avertir que ce n’était qu’une épave. »

« Je me doutais que ce plan B serait trop facile pour les avoir du premier coup ! Surveillez attentivement la population, freinez  les allées et venues dans la courette. »

« On surveille Lockout ! On te tient au courant ! »

Evan chercha du regard Natacha et soupira d’inquiétude : « Ils sont passés où ? On ne va pas pouvoir détourner leur attention tous les jours. C’est impossible. Avec la deuxième citerne qui sera mise en place demain ou après-demain au plus tard, la population sera moins dense, mais quel que soit le plan, voir tous ces gens avec des jerricanes en mains, ça ne passera pas inaperçu. Si au moins j’avais un message de la leader des Pacificateurs. Elle a dû entrer en contact avec les Insoumis ou ça va se faire. On a besoin d’eux. Ils sont les seuls à savoir s’il y a des rivières souterraines ! Cela nous éviterait tout ce trafique avec les tanks  à lait,  mais cela resterait quand même dangereux pour la population avec les citernes. »

« Lockout ! On vient de voir passer plusieurs fourgons. Ils se sont positionnés devant le dispensaire, un autre devant la Taverne aussi. »

Evan arrêta la communication et lâcha un juron : « Merde ! Je ne veux pas provoquer les tirs des Miliciens. Toute la population, enfants, mères, pères sont dehors pour récolter de l’eau claire ! Puisqu’ils ne se déplacent pas pour une épave … Ils vont se déplacer pour autre chose. Viens Nat’, on va directement au garage d’Ethan et on va s’amuser à faire exploser les portes du bâtiment de la Milice ! »

Il remit en marche son micro   « J’ai besoin de Wild, Avalanche, Shadow  et HawkEye, s’ils sont dispo, et Gravity. Que tout le monde nous retrouve au garage O’Donnell. »

Evan ouvrit d’un coup sec la porte toute gondolée : « Voilà pourquoi j’ai besoin de toi en un seul morceau ! Parce qu’il faut tous les Rebelles pour faire diversion ! Et parce que je ne veux pas te perdre ! Mais ça te passe au dessus de tout ce genre de réflexion !»

Evan avait toutes les raisons du monde d’être fâché et Natacha le savait. Elle était assez honnête pour voir qu’elle n’avait pas trop réfléchi sur ce coup là et qu’elle s’était une fois de plus mise en danger. Pourtant, elle n’était pas prête à l’admettre à voix haute et elle en voulait au Recruteur de se servir de ce qu’elle lui avait confié l’autre nuit contre elle. Natacha n’aurait pas cru ça de la part d’Evan. Elle avait vraiment dû le pousser à bout pour qu’il agisse de la sorte. La jeune femme était toujours déconcertée par le blond. Elle mettait des barrières entre eux et elle en était consciente mais elle ne pouvait s’en empêcher.

« Tu crois peut-être que je suis suicidaire Evan ? Je ne suis pas aussi fine tireuse qu’Ely ou Roy. Je devais me rapprocher pour mieux viser. Tu aurais ptet dû les appeler pour t’accompagner au lieu de t’encombrer avec moi ! »

La jeune femme s’était postée devant la fenêtre après ça avant de rajouter que ce n’était pas vraiment le lieu pour se disputer comme des enfants. Ils avaient autre chose à penser qu’aux risques qu’elle prenait. Elle tressaillit en entendant sa réponse. Evan avait encore une fois raison. La jeune femme fuyait toute forme d’intimité et maintenant qu’elle s’était laissée à quelques confidences, elle se sentait plus vulnérable que jamais devant lui. Elle ne savait pas comment se comporter sans se laisser envahir par des sensations qu’elle abhorrait. Les remparts qu’elle érigeait avaient que trop tendance à s’effriter en la compagnie d’Evan. Elle laissa sa remarque suspendue un peu avant que son esprit de contradiction ne refasse surface

« Je ne fuis pas ! Ce n’est juste pas le bon moment c’est tout »

Mauvaise foi en veux en voilà ! Mais la jeune femme n’en avait cure. Elle se concentra sur les alentours et ce qu’elle vit ou plutôt ce qu’elle ne vit pas ne lui plus guère. Elle en fit part à son compagnon qui vint aussitôt à ses côtés. Il demanda alors un résumé de la situation et fronça les sourcils. Certes leur plan était bancale mais comment pouvaient-ils le savoir aussi vite. Elle leva alors son regard sur Evan et vit qu’il partageait son inquiétude. Cela voudrait dire qu’ils avaient fait tout ça pour rien. La jeune femme en conçu une frustration telle qu’elle voulut pleurer. Soufflant un bon coup, elle lui dit

« On y va. »

Elle prit son sac et tendit à Evan le sien tandis que ce dernier demandait des renforts. Ils avaient besoin de rejoindre le garage d’Ethan au plus vite. Natacha connaissait les environs et les petites ruelles comme sa poche. Au moins, elle était bonne à ça. Ils devraient arriver dans pas longtemps si ils ne rencontraient personnes sur la route. La jeune femme attendit qu’il finisse de donner ses instructions avant de le suivre. Elle sursauta légèrement à ce qu’il lui dit et murmura un

« Tu te trompes… »

Avant de sortir à sa suite. Elle avait peur de ce genre de chose justement.

« Je connais le quartier. Laisse moi passer devant et on devrait y arriver sans croiser un des chiens de Van Brënner… »

Sans vraiment attendre son assentiment, Natacha se mit en marche et longea quelques ruelles. Un bruit attira son attention et la jeune femme arrêta sa progression. Elle regarda Evan et posa un doigt sur sa bouche en lui faisant signe de rester à sa place. Posant le sac par terre, elle sortit son arme et avança prudemment vers le coin de l’immeuble qui donnait sur la rue. Rompue à ce genre d’exercice, l’Espionne jeta un petit regard dehors sans se faire remarquer. Un fourgon empli de Miliciens était posté près des restes de l’épave qu’ils avaient fait sauté. Ils devaient être une dizaine. En retard mais là. Pourtant, elle ne put s’empêcher que ce fût un piège. Elle aurait été seule, Nat se serait certainement rapprochée pour essayer d’écouter leurs conversations mais après ce qui venait de se passer, Evan n’allait surement pas apprécier ça. Revenant sur ses pas, elle fit un rapport à ce dernier

« Il y a un fourgon près de l’épave. Je n’étais pas assez près pour entendre ce qui se disait mais j’ai l’impression que c’est un piège. Que veux-tu qu’on fasse ? Je peux peut-être me rapprocher et essayer d’en savoir plus ? Ou bien as tu des grenades ? »

Les Insoumis étaient leur dernière carte à jouer pour jouer avec les nerfs des Miliciens et contrecarrer les plans du gouvernement. Pour le moment, Evan allait devoir avancer à l’aveuglette. Les Pacificateurs faisaient leur possible, à leur niveau. Ses Rebelles étaient eux aussi sur plusieurs terrains, mais ils n’allaient pas pouvoir dissimuler toute une population d’humains aux nez et aux yeux des soldats. Il savait que sur un long terme, la distribution de l’eau allait se casser la gueule et eux tous aussi. Le Recruteur ne répondit pas à l’explication bancale de sa partenaire de terrain. Elle n’avait pas à se rapprocher autant. Natacha savait se servir d’une arme, bien plus que lui. Elle pouvait viser le moteur de la vieille bagnole et faire exploser le tout. Il prenait conscience qu’il ne pourrait pas toujours la protéger et que Natacha bossait au Luxor au milieu des Requins. Elle savait y faire avec les problèmes et le danger. Mais là, il n’avait pas vu la nécessité de se faire blesser. Avant de sortir de leur cachette, Evan jeta un regard en arrière à la jeune femme. Encore une fois, et il ne comptait plus tous ces moments où elle se protégeait derrière ses remparts, elle refusait de voir la vérité. Ce n’était pas l’endroit idéal pour débattre encore de leurs visions différentes.

Evan attrapa le sac à dos qu’elle luit tendit et termina de donner ses instructions aux Rebelles. Si la Milice se foutait d’intervenir sur les lieux d’un incendie d’une vieille bagnole, un petit feu d’artifice aux alentours du bâtiment  officiel les rendrait plus méfiants. Ils devaient se rendre avant tout au garage d’Ethan. C’était le point de rendez-vous avec les autres Rebelles qu’il avait convoqué. Les meilleurs sur le terrain, dans les missions tactiques et en explosifs. Il laissa passer Natacha devant lui, en acceptant son idée d’un hochement de tête. L’esprit d’Evan  s’éparpillait en plusieurs pensées et il devait rester concentrer. Il touchait du doigt les faiblesses du plan pour le ravitaillement en eau claire. Il s’apercevait que les leaders de la rébellion manquaient terriblement pour de telles manœuvres.

Les deux Rebelles commencèrent leur ascension vers leur nouveau point de chute, mais Natacha, tel un félin, était aux aguets du moindre bruit dans le quartier. La femme de terrain refaisait surface. Evan avait entièrement confiance en elle, même s’il le montrait d’une manière très abrupte ces derniers temps.  Il était capable de remettre sa vie entre les mains de sa coéquipière en fermant les yeux. Les évènements qu’ils subissaient tous les rendaient nerveux et irritables. Lui qui ne perdait jamais son sang-froid, lui qui était toujours très posé, son caractère se modifiait avec les risques qu’ils traversaient tous. Au signe de Natacha de ne pas faire de bruit, il se recula et posa un genou à terre. Elle avait déjà son flingue dans sa main et elle se déplaçait avec une aisance incroyable. Elle avait vu quelque chose et il guetta ses mouvements  et ses pas sans bouger de sa place. C’était elle l’agent de terrain, la plus qualifiée des deux. Elle revint auprès de lui et lui donna toutes les informations qu’elle avait récupérées en s’approchant. «  Le fourgon s’est tenu en retrait et au silence. Pas de sirènes, pas de soldats dressant un périmètre. Qu’est- ce qu’ils foutent ? »

Il actionna son kit oreillette/micro : « Ici LockOut, je veux un topo sur la citerne, la population et la Milice ? »

« On n’a plus de soldats aux alentours de la taverne. Ils se sont tous retirés. Le ravitaillement en repris en toute sécurité. »

«  Ok. Gravity ? Wild ? Quelqu’un au garage d’Ethan ? »

 «  Ici Wild, je viens d’arriver avec Avalanche et Gravity. HawkEye et Shadow sont indisponibles. »

«  Nous pensions que les soldats ne viendraient pas sur le lieu de l’incendie. Ils se sont faits discrets pour une raison qui m’échappe. Avec BlackCat, on reste ici pour surveiller. Vous, vous allez faire péter quelques pains de C-4 autour du bâtiment. Ça va les divertir !  Tenez-moi informé !»

 «  C’est comme si s’était fait Patron ! Ça va faire du bruit avec tous ces pétards que j’ai fabriqué. J’attends la bonne occaz ! »

Evan ferma la communication : « On va attendre et garder un œil sur ce fourgon. Dès qu’ils feront sauter le C-4, on se retirera. Il faut informer Diana. J’ai toujours respecté son choix de rester auprès de Duncan, mais là, les évènements font que la rébellion a besoin de ses agents et de sa co-leader ! On dégage après que l’équipe ait provoqué la petite fête chez les Miliciens ! »


HRP : C’est terminé pour moi. On se rejoint pour le RP au QG avec Diana