The Game [Alianka de Nephthys]

Depuis l’arrestation d‘Aaron Williams, le silence complet du ministre Van Brënner, la colère du ministre Huyana sur la falsification de certains dossiers sur le rapport de la contamination de l’eau et la présence d’une fissure au niveau du dôme qui abrite le bidonville, les locaux de la Milice et les marchés aux esclaves,  la tour gouvernementale était en effervescence.  Pas moi. Rien n’arrive jamais au hasard et tout cela devait s’étudier minutieusement. J’étais certainement la personne la plus calme dans tous ces bureaux où couvait l’inquiétude de l’avenir. Certaines choses se mettaient en place, mais cela demandait du temps et de la patience. Mon âge et mon expérience m’avaient appris à l’être au fil de mes années passées à la tête de la cité de verre. Tout problème avait sa solution. Parfois elle n’était pas aussi aisée à trouver, néanmoins Asaria était un grand échiquier et des têtes tomberaient au fur et à mesure de mes décisions.

Quelques jours après le petit numéro magistral du scientifique en pleine salle de réunion du gouvernement, j’avais demandé à mon assistance personnelle, Marissa de convoquer Darren Harrison dans mon bureau le jour et l’heure qui lui conviendrait. Je n’exigeais que lorsque que c’était nécessaire et là aussi la sérénité était de mise. Je n’aimais pas précipité un plan que j’avais en tête. D’ailleurs j’avais peaufiné tout cela malgré des soucis qui s’étaient ajoutés et le comportement irrationnel de Tomas qui s’était enfermé dans son bureau dans les locaux de la Milice. Il n’avait plus remis les pieds ici et refusait de répondre à mes convocations dans mon bureau. Je laissai pour le moment le Lion de Feu dans sa tanière, mais tôt ou tard, il allait devoir m’expliquer ce qui s’était passé durant la réunion des ministres.

L’heure de mon rendez-vous allait bientôt arriver. Officiellement, j’allais recevoir Darren Harrison seul héritier de son père que j’avais très bien connu. Il avait repris la tête de la florissante et imposante société et il l’avait fait prospérer. Officieusement, derrière le visage de ce jeune homme plein de ressources et symbole de la nouvelle génération, je recevais un mercenaire dont le nom et les mérites m’avaient été contés par le ministre de l’urbanisme : Alexander Hudson.  J’avais en ma possession une terrible tueuse, l’assassin même du gouvernement, mais pour ces deux dossiers que je venais de sortir d’un de mes tiroirs et que je posais délicatement sur mon bureau, j’avais besoin d’un autre point de vue, surtout concernant la première affaire.

La voix de Marissa s’éleva de l’interphone et elle mentionna que ma prochaine entrevue venait d’arriver. Je ne lui répondis pas et je fis reculer vivement du bout de mes escarpins mon fauteuil à roulettes pour me redresser de toute ma grâce féline. Je lissai ma robe blanche. Mes cheveux étaient relevés et domptés en un chignon élégant dont j’arrangeai quelques petites mèches rebelles. J’allais  savoir si ses compétences étaient aussi intéressantes qu’on le prétendait. Peut-être pensait-il à un partenariat avec sa société. C’était bien plus que cela. J’ouvris la porte de mon bureau et la silhouette de Monsieur Harrison se dessina à mes yeux. Il était debout près de la fenêtre et son regard croisa le mien au même instant.

- Monsieur Harrison, je vous prie de bien vouloir entrer dans mon bureau. Notre temps est compté à tous les deux.

Lorsqu’il fut à l’intérieur, je fis signe à Marisa de n’être dérangée sous aucun prétexte sauf pour urgence. Je refermai la porte et je l’invitai à prendre place dans l’un des deux fauteuils qui faisaient face à mon bureau que je contournai pour m’installer.

- J’ai demandé à ma secrétaire de vous adresser un rendez-vous pour discuter avec vous d’un partenariat … mais pas ce qui concerne votre société. Nous avons une connaissance en commun, le ministre Hudson qui n’a cessé de mettre en avant votre professionnalisme dans un domaine autre que celui de PDG.

Je posai mes coudes sur les accoudoirs de mon fauteuil et je croisai mes doigts devant mon menton tout en observant et détaillant mon invité. Mes quelques mots l’avaient ms sur la bonne voie de ce tête-à-tête particulier.

- L’argent n’est pas un problème, Monsieur Harrison. J’aimerai vous confier pas un, mais bien deux dossiers. L’un est la récolte d’informations sur un individu, le second la traque d’une personne.

Je poussai lentement le premier dossier vers lui. Sur la chemise cartonnée, il était écrit de ma propre écriture : Scarecrow. A l’intérieur, il trouverait  une clef USB contenant le concert et des photos de cet homme et de son groupe.