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 Les bribes disperssées, Chroniques du passé

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MessageSujet: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyMer 23 Déc - 20:34

CHAPITRE 1 : ANIMAL.

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Vestia10




J'ai choisi le poison
Et je ne sais pas pourquoi l’alcool
Dans mes veines envahi mon cerveau
J'ai pris le poison à ton Intention
J'ai perdu toute affection, Perdu l'inspiration

Je suis arrivé dans ce monde
Par l’entrée de service de ton amour
Et le monde, c'est vraiment moi
Je suis arrivé dans ce monde
Ce monde, c'est vraiment moi
Il n’a rien d’une surprise.
Alors j'ai pris le poison

Il coule, le poison
Il  consume nos vies, me fait m’enfuir
Quelque chose qui m'effrayait
Est apparu doucement

J'ai pris le poison
J'en ai trouvé la raison :
J'ai essayé en vain
D'oublier la douleur




Arène de Combats Clandestins, 2114.

J’entends la clameur, j’entends le champ barbare d’une humanité avilie et à bout de souffle.

C’est un besoin, une nécessité, c’est inscrit quelque part dans nos gènes en une trace indélébile et primaire. C’est imperceptible mais présent derrière chaque sourire, chaque regard mouillant, chaque idéaux même ceux qui portent les grandes espérances. Il est l’alpha et l’oméga, il est le ciment du lien qui unit toute cette ville, Asarien et humain, oui il est là.

 Il est là, omniprésent du berceau au tombeau, il nous marque et étend des ailes sombres de corbeau sur le souffle de nos mots. C’est la quintessence de la Nature de ce que nous sommes et infiniment ce qui nous sépare du divin. C’est résumé ainsi, en un long râle bestial d’une nation avide de violence et de sang.

Les paupières sont pourtant closes mais le cœur bat son sang aux tempes en un rythme qui ne se calmera pas. C’est comme ça, cette fausse quiétude qui installe la colère, cette fausse tranquillité qui vient vider l’esprit et les remords pour ne plus faire qu’un avec l’atmosphère électrique de la sale.

C’est une onde brulante et sourde qui coule en mes veines comme un poison déshumanisant. C’est une colère qui n’a pas de cause et mille origines et qui ne trouvera son expiation que dans le fracas et un déchainement de violence.

Red, ils scandent mon nom, comme une sorte de prière aveugle.
Red trois lettres qui résument ce que je suis : le carmin, la libération d’un liquide si intimement lié à l’existence que le regarder s’épancher devient une sorte de communion malsaine, un exutoire de l’interdit et une messe noire adressée à ce qu’il y a de pire chez nous-même et je suis devenu le pire, rien n’est plus vrai.

Une longue expiration pour chasser le reste de tristesse alors que l’excitation, là, juste à quelque pas est à son comble. Et je sais déjà. Je sais déjà leurs visages défigurés par le mal, par l’excitation et la vérité de notre nature. Je sais les cris les encouragements, les sifflets, je sais même la jouissance de certains. Je sais la fange de ce monde et de ses règles, je sais ma place comme la leur.

RED, trois lettres cicatrisées au fer à souder sur la chair de mon épaule droite. Un divertissement, un spectacle ou chacun y trouve son compte. Ils se bestialise, je gagne le droit de survivre un peu plus longtemps. Mais tout s’arrête ce soir.
Ma main bandée caresse ma nuque nue remontant sur mon crane quasi rasé. Optimisée pour le combat. Une nécessité pour une combattante surtout si elle a la réputation de n’offrir aucune opportunités de victoire. J’ai longtemps espéré tomber sur plus fort. Battue et laissée à demi morte sur le sol, jetée au dehors et rouler comme un détritus dans un égout. J’ai attendu cette nuit comme une fête, comme un espoir idiot que tout s’arrête et qu’on mette enfin un fond dans les abimes où je m’étais précipité. C’est comme ça que je voulais finir. Vaincue et brisée mais sans avoir baissé les bras un seul instant. Mais ce moment n’est jamais arrivé depuis ces deux années et je sais qu’il ne viendra jamais. Personne ne pourra éteindre le feu qui consume mes coups et la violence qui me possède. Je suis une machine, un animal. Mais tout s’arrête ce soir car je vais franchir l’interdit, laisser la bête surgir.

Ils vont en avoir pour leur spectacle, pour leur argent mais ça n’aura plus d’importance. Un combat-tant ne doit jamais tuer volontairement, c’est la règle. C’est hypocrite mais c’est ainsi : on peut démembrer, casser, handicaper à vie mais pas tuer parce que c’est un meurtre et plus un jeu. Je n’ai jamais joué en ce qui me concerne.

Il m’attend

Je ne sais pas qui il est, en quête de se faire quelques dollars pour survivre, en quête de gloire pour avoir combattu contre une légende de l’arène. Un idéaliste ? Un mauvais homme ? Peut-être simplement quelqu’un de bien et qui lui aussi fait ce qu’il peut dans cet enfer. Il rejoindra la cohorte des ombres qui me regardent droit dans les yeux dès que j’essaye de trouver le repos. Je ne suis pas meilleure qu’un autre, peut-être juste trop naïve mais cette période m’a douloureusement passé. Ce que je sais c’est qu’il faut que ça cesse, qu’il faut que je tourne une autre page et que ce sacrifice est inévitable pour le faire parce que moi aussi, je ne suis qu’une putain de bête portée par la foule, moi aussi je suis un animal comme eux.

Je me redresse et me relève faisant craquer ma nuque et ouvrant pour la première fois les yeux sur la pénombre de cette anti chambre crasseuse, qui pue la sueur, le sang et la pisse. La clameur se fait plus frénétique, l’heure approche.
Ca ne sera pas long, je déchainerais les enfers d’emblée, je frapperais pour tuer, pour extirper la vie et ma liberté, il sera toujours bien temps après d’en faire n’importe quoi, puisque toute façon, nos destins sont déjà tracés, nos espoirs trahis et nos vérités acides.

Je crache au sol

J’ai déjà le gout familier du cuivre en bouche et l’odeur salé dans les narines. J’avance vers la lumière qui a toujours été mes pires ténèbres.

Sept minutes plus tard.

Tout est fini.

Tout est fini.

Tout est fini.


C’était ce que je voulais, certainement pas lui
.
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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyJeu 24 Déc - 12:03

CHAPITRE 2 : OPPORTUNITÉ

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Jail210



Je ne peux pas rester dans cet état
Pas plus longtemps.
Comprends-moi
Une fois de plus.

Si on parle de cette lubie, ouvertement,
Qu'ai-je fait ?
Oh, cette incertitude
Prend mon contrôle

Je ne peux pas réarranger les faits
Plus maintenant
Reconnais moi,
Une fois de plus

Si on parle de cette lubie, ouvertement,
Qu'ai-je fait ?
Oh, cette incertitude
Prend mon contrôle,
Prend mon contrôle.

Oh tout est fini à présent, ouais,
Oh c'est complètement fini….


Adossée contre un mur dans un coin de la cellule, j’en suis là. J’ai eu tout le loisir d’y penser, de ressasser ce que j’ai fait et de considérer chaque carrefour de ma destinée qui m’a amené à cette petite cellule obscure. Peut-être qu’au fond j’étais destinée à cette déchéance, que je suis exactement à l’endroit où je devais finir. C’est possible. Cela n’empêche pas de manquer d’une certaine humilité sous le poids de la fatalité et de se dire : putain, je m’attendais à mieux, je voulais autre chose ! Quoi au juste ? C’est assez difficile à  dire et j’en connais au fond si peu sur le monde, enfin, sur ce monde-là.

Je passais mon enfance, lors des temps libres, dans les rares livres que ma mère m’avait dégotté mais je sais à présent que la vie ne s’apprend pas dans les livres, qu’elle n’est ni juste, ni héroïque, qu’elle est faite de hasards et qu’on y meure en allongeant le pas ou tentant de la fuir. Il n’y aura pas de « Grandes Révolutions », pas d’ « Amour mystérieux » ou de « combat pour la dignité ». La dignité, ça s’oublie, ça ne survit ni aux coups, ni aux humiliations et les pages de livres si elles nourrissent l’esprit, vous laissent l’estomac vide et criant douloureusement famine.

C’est paisible de toucher le fond. Pour la première fois je vivais une sorte de plénitude ou l’urgence était proscrite, j’ai toujours tenté d’empoigner la vie et de me débattre avec ses aléas, mais à présent je me laissais couler, doucement à la dérive dans un océan de présent qui ne m’apportait plus rien d’autre qu’un long rêve éveillé similaire à la drogue et ses élucubrations. Le manque avait été terrible à gérer, à présent que mon esprit n’était plus autant embrumé, la lucidité était si cruelle qu’elle en devenait obscène et donc gérable par sa douleur omniprésente, c’est un sentiment étrange et difficile à expliquer, ce n’est pas un apitoiement pas plus qu’un regret, c’est comme une évidence et une acceptation. Il faudra vivre ainsi parce qu’il ne reste rien à changer et de toute façon, j’emmerde ce monde avec une indifférence profonde et sincère, je n’ai rien trouvé, je n’ai rien vu, ni eu ; je suppose que je n’ai pas le droit d’en vouloir ni à Dieu ni au sort. C’est ainsi, c’est tout. La métaphore est simple, je ne déciderais pas de qui coupera la lumière mais assurément, recluse au fond, je n’ai plus besoin d’y voir. C’est une forme de liberté, non ?

La porte de la cellule s’ouvre et attire mon regard, le gardien me jette un coup d’œil indifférent et le visiteur qui l’accompagne rentre. Je ne l’ai jamais vu mais de toute façon, je ne suis pas sûre d’avoir vraiment regardé quelqu’un ces dernières années. Il n’est pas dénué d’un certain charme même si bien plus âgé que moi. Son regard exprime une sorte d’étincelle qui m’accroche, il se passe quelque chose, je le sais et donc je le fuis, comme à chaque fois. Je détourne les yeux vers le fond alors qu’il reste debout immobile, un monde face à l’autre.


Les bribes disperssées, Chroniques du passé Prey-j10



- C’est ce que tu cherchais ?

Je ne réponds pas même si chaque fibre de mon corps hurle la réponse ? Mon rythme cardiaque s’accélère. Quelque chose arrive, quelque chose qui va changer l’instant, j’en ai parfaitement conscience.


- Oui c’est ce que tu voulais. Il y aura une procédure accusatoire tu sais. Au mieux tu finiras ici, au pire ils y mettront un terme. Mais ce n’est pas ce que tu veux, ni ce que nous voulons.

Comment peut-il savoir ce que j’ignore moi-même ?


- Tu es clean à présent, ça doit être plus compliqué de gérer la merde, hein ? Je t’ai vu plusieurs fois te battre, tu aurais pu laisser tomber, t’allonger, mais tu as toujours refusé…tu es de celles qui jettent tout dans l’action comme si c’était la dernière fois, non ? C’est une qualité rare…pas unique, tu comprends. Juste rare.


Non je ne comprends pas ce qu’il me dit, ni pourquoi il me parle de tout cela, je renifle salement avalant ma salive.


- Tu n’es pas unique, Red. Ton histoire, tes merdes, ta descente aux enfers…des millions ont connu ça et le connaitrons encore. Tu n’es qu’une poussière portée par la tempête. Tu attends que quelque chose arrive depuis des années et rien ne s’est présenté. Je vais te dire….

Il s’agenouille à mes côtés son regard envoutant ancré au mien.


- Je t’ai vu te signer lorsque tu as tué ce mec, je n’avais pas vu ça depuis longtemps…Il n’y a pas de Dieu, Red. Le ciel est vide et personne ne viendra sur son cheval pour t’emmener au loin. Il n’existe qu’un seul monde, qu’il te fasse mal au cul, on n’en a rien à battre ; Que tu crèves ici ou dehors, ça m’empêchera pas de bouffer ni de dormir et ca empêchera ni les autres de souffrir, ni de vivre, ni de jouir. C’est un monde de merde et de désespoir mais tu peux y survivre, si tu comprends qu’il ne faut rien attendre ni espérer. Tu peux y avoir ta place si tu sais observer et écouter, deviens fonctionnel, apprends à vivre ta vie au rythme des besoins de celles des autres. C’est un jeu, ma belle, un putain de jeu pervers mais quand tu en comprends les règles tu n’as plus besoin de but. Parce qu’il n’y en a pas…parce qu’il n’y en a jamais eu. TU ne décides pas, tu subis. Il faut apprendre à être plus malin, à tirer ce qui est profitable de ce constat. Tout le monde dépend de tout le monde et tout le monde a besoin de quelque chose, puissants ou des merdes comme nous.
......................
Certains comprennent, d’autres choisissent d’ignorer. Mais…tu ne pourras pas dire que personne  ne t’a jamais expliqué les choses.



C’est pour ça que je suis là…pour ça que j’ai graissé la pâte à la milice pour te voir, parce que certains dépendent de moi comme je dépends d’autres. Tout se négocie même toi…que ça te plaise ou non…mon employeur te veux, il paye pour ça…il paye pour que je te propose d’être libre autant qu’on puisse l’être.


Je reporte mon regard sur le mur, est ce qu’il me parle d’esclavage ? Je ne serais jamais l’esclave de personne que le diable l’emporte.

- Ne t’offusque pas, je doute que tu le rencontres un jour…c’est un partenariat « commercial », nous avons des intérêts convergents et j’ai besoin de quelqu’un d’aussi rare que toi à mes côtés pour mieux fonctionner.
Tu peux laisser tout derrière…ce n’est pas ce que tu as été qui m’intéresse mais ce que tu peux devenir…tu auras un avenir, un rôle et une liberté et tout cela à une condition.


A nouveau mon pouls s’accélère, nous y voilà…

- Quand tu passeras cette porte, quelque sois ton choix, renonce à l’espoir…

Il se redresse et laissant flotter un sourire énigmatique et se dirige vers la porte, tapotant aux barreaux avec sa chevalière en métal pour se manifester.

- Mon temps s’achève, je n’ai pu obtenir que 2 visites avec ma trésorerie et donc tu me coutes déjà des frais…je reviendrais dans trois jours et ça sera tout. Tu es une grande fille je te laisse à ta solitude et à tes réflexions
- Att…attend !

Il s’immobilisa sans se retourner alors que je cherchais mes mots, le son de ma voix m’effrayait un peu, je n’avais pas parlé depuis des semaines.

- Tes mots sur l’espoir….c’est de Dante …dans la Divine Comédie….c’est ce qui est inscrit sur..sur la porte des enfers.
- Et ?
- Et…et c’est…tout.
- Red…le monde-là dehors…il est juste comme on l’a fait et comme on le fait heure après heure. C’est NOTRE enfer. Dante était un poète…le temps des poètes a disparu avec le reste. Comme doit disparaitre l’espoir.
Trois jours…Red…trois jours….




PNJ
Les bribes disperssées, Chroniques du passé Johnsi10
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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyDim 27 Déc - 19:25

CHAPITRE 3 : ANABASE

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Bed-bl10



J’ai troqué une prison contre une autre sorte de cellule. Une sorte de petite pièce dont la porte n’est pas fermée (je me suis empressée de vérifier) avec une table, deux chaises, quelques cartons et un lit crasseux et une large fenêtre donnant sur une rue animée en contre bas. Ça grouille et ça hurle, les odeurs, le bruit…tout cela ne trompe pas, je sais que je suis dans un cloaque des Bidonville, mais au moins je suis libre, ou c’est du moins ce qui y ressemble. Je n’ai offert qu’une acceptation, un « oui » qu’il me semble ne pas avoir été prononcé. J’ai accepté, je mentirai si je disais l’inverse, j’ai accepté et je ne m’attends à rien, c’est exactement ce qu’il m’a demandé.

Ce que je sais c’est qu’il ne me baisera pas, il m’a demandé de me laver, de prendre un bain et il est juste resté là à me regarder alors que je me déshabillais. Je croyais que c’était le « prélude », vous savez…mais rien n’est venu, il s’est contenté d’observer mon corps d’une manière presque médicale avant de quitter la pièce et de me laisser à la joie de m’immerger dans l’eau brulante. Un luxe dont je ne me souvenais pas, une poignée de bleu jetée dans mon ciel ténébreux. Il m’a ensuite ramené des vêtements propres et neuf, assez large et passe partout. Je n’ai pas décroché un mot depuis, recroquevillée là sur le lit alors qu’il observe le va et vient de la rue pendant de longues minutes, allumant parfois une cigarette, toussotant un peu.

C’est irréel, je ne parviens pas à savoir ce qu’il attend de moi. J’ai cessé de réfléchir, je vis l’instant, c’est tout. On frappe, il ouvre la porte et un homme de couleur apparait lui tendant un sachet, l’homme me jette un regard entendu, j’y lis de la crainte, de la curiosité, je ne sais toujours pas et ça commence à m’agacer. Sans un mot le livreur s’en retourne alors que l’homme ouvre le sachet en papier carton et qu’un fumet délicat me vrille le ventre. Ca sent bon, terriblement bon. Il en extirpe un petit sandwich enveloppé qu’il croque à pleines dents  avant de jeter le sachet sur le lit devant moi.

- Manges, tu dois reprendre des forces….

Il fouilla dans sa poche et sortit un petit flacon de médicaments qu’il jeta à mon attention.

- Tes muscles commences à s’atrophier, tu prendras ça : c’est des compléments alimentaires pour les vitamines, ça vaut une blinde alors gaspille pas.

Mon regard ne quittait pas le sachet, ma volonté semblait s’effondrer devant la faim qui me tiraillait le corps.

- Si tu le fais pas pour toi, fais le pour ceux qui crèvent de faim la dehors…tu connais la valeur que ça peut avoir, plaisantes pas avec tes besoins primaires, jamais…

Je lui jetais un regard implorant

- Ça ne coute rien. Tu as déjà payé en étant tout simplement ici.

N’y tenant plus ma main se précipite sur le sachet pour en arracher le précieux pain chaud et l’enfourner avec gloutonnerie dans la bouche laissant échapper un gémissement plaintif, j’ai honte, je n’ai jamais eu autant l’impression d’être un animal. Mon interlocuteur m’observe avec patience, puis se lève et ouvre un placard d’où il sort une bouteille d’eau qu’il me ramène en s’agenouillant paisiblement à mon niveau.

- Doucement ma belle…si tu t’étrangles on aura tout gagné.

J’ai l’impression de revivre, difficile de respirer et de manger en même temps, ma main agrippe la bouteille d’eau, j’ai l’impression de redécouvrir chaque petite sensation de la vie. Je fouille le sachet, mes deux mains crispées sur la nourriture. Je finis par l’observer à la dérobade et balbutie d’une voix mal assurée.

- C’est…c’est quoi la suite ?

Il se redresse, ramenant une chaise près du lit et s’y abandonne d’un air concentré.

- D’abord comprendre. Comprendre que ta vie ne t’appartient plus vraiment. Le groupe pour qui je travaille, il a sa place dans cette merde…et j’ai quelqu’un au-dessus de moi, quelqu’un qui a le pouvoir que je n’ai pas, le pouvoir de de décider et d’agir, de payer et d’évoluer « librement ». C’est à lui que je dois ma place, à lui que tu dois la tienne. Il attend de nous qu’on joue notre rôle et si on le joue mal, c’est simple, il retire la donne et redistribue les cartes.

- C’est…un Asarien ?

- Ça ne te regarde pas, tu n’es pas amené à le voir….ça te pose un problème, la notion d’espèce et toutes ces conneries ?

- …non…je ne sais pas…je…je m’en tape.

- Bien, on avancera plus vite alors…


- Tu dis…qu’il attend de moi…certaines choses….c’est la baise ?

- Non. Te surestime pas non plus, les putes sont plus attirantes que toi…

- Alors…c’est le combat….

Il y avait une sorte de fatalisme dans ma voix et c’était totalement perceptible.

- Non, ça c’est pour moi.

Ça serait mentir que de te dire que tu ne briseras pas quelques gueules mais quand ça sera utile, jamais contre ta volonté. Ce que je veux que tu comprennes : c’est pourquoi ça doit être utile et pourquoi c’est dans ton intérêt.


- Et si je..je ne fais pas l’affaire.

- Si c’était le cas, nous n’aurions pas appelé ton nom, Aislinn.


Je me redresse, surprise, j’ai l’impression que quelqu’un vient d’exhumer ce prénom du passé depuis son tombeau et le ramener sur la place publique.

- Oh…ne t’habitue pas…il n’y a plus de Aislinn, pas plus que de Red…la première leçon est simple, pour devenir un rouage de cette machine il faut avoir une vision globale, et pour parvenir à cette vision, il faut devenir personne. Nous allons prendre le temps, tout le temps qu’il te faudra pour que tu apprennes, je te guiderai jusqu’à ce que tu tiennes debout comme une grande…du crépuscule à l’aube, tu seras qui te veux, le reste du temps, tu seras mon élève.

Devant mon silence alors que le crépuscule tombait au dehors, il élargit son sourire.

-  Bienvenue chez les Trent, petite. Nous vivons du système, nous sommes le système mais c’est parce que nous le connaissons, que nous savons comment il veut être baisé.  
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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyMar 29 Déc - 20:59

CHAPITRE 4 : APPRENTISSAGE

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Deal-510


Chasse moi de ton paysage, Chasse moi de tes remords
Sifflotant que tu me manques
tous les pièges et les bons plans poussent le bouchon trop loin
Jusqu’à l’overdose

Ça te saute au visage
Ça te poignarde dans le cou
Te cogne dans les dents
A coup chaussures renforcées
Ça te Prend toutes tes cartes de crédit

Lève-toi, et mange toi la merde
Prends les œufs
Prends le flan en pleine gueule
le flan en pleine gueule , le flan en pleine gueule


Danse enculé, danse enculé !
Oseras-tu ? Oseras-tu ?
Veux-tu l’éviter ?
Prends le flan en pleine gueule

Prends le avec tout l'amour qui est donné
Prends le avec la piquant d’une pincée de sel
Emmène-le au collecteur d'impôts
Laisse-moi revenir, laisse-moi revenir
Je promets d'être gentil
Ne regarde pas dans le miroir ce visage
Que tu ne reconnais pas

Aides moi, appelles le docteur
Remets moi sur les rails. Remets moi sur les rails

Je retiens le loup à la porte
Mais il m'appelle, M'appelle au téléphone
Me raconte toutes les manières dont il va user pour me foutre en l'air
Il kidnappe mes enfants si je ne paie pas la rançon
Mais il ne tiendra pas sa parole si je préviens les flics

Non non non non non non non


Je fonctionnerai à la manière d’une grue géante
Je te déshabillerai avec mes yeux à rayons X
Dans ce petit monde si rigide et pourquoi es-tu sur ma liste ?
Les parfaites ménagères, qui sommes-nous pour nous plaindre ?
Des capitaux et des revendeurs, des capitaux et des revendeurs
Des femmes froides et des partenaires sexuelles
Des femmes froides et des journaux people
Des gars de la City en première classe
Ne savent pas que nous sommes nés si insignifiants
Quelqu'un d'autre va venir et  nettoyer tout ça
Né et élevé pour ce travail
Quelqu'un d'autre le fait toujours, on le choisi toujours

Traverse tout ça et lève-toi, traverse tout ça !
Coupe l’enregistrement !!




Les Rues, un mois plus tard.

Le type visiblement pressé d’en finir, salua rapidement en inclinant la tête d’un geste brusque et trop saccadé pour ne pas révéler un mal être palpable, il enfouit les mains dans les poches de son suite et jeta un regard en oblique à l’intention de l’intersection de la rue avant de se racler la gorge et de croasser d’inaudibles salutations à notre intention. Clyde le regarda s’éloigner d’un pas bien trop pressé et porta la main à la poche avant d’en extraire un carnet rouge et d’y griffonner quelques signes incompréhensibles. Carnet mystérieux qui m’intriguait depuis quelques semaines, je n’osais pas lui demander et de ce que je pouvais en observer par quelques œillades portées à la dérobade, je n’y entravais strictement rien.
Il remit l’objet à sa place et s’alluma une cigarette me laissant l’opportunité de prendre la parole.

- Pourquoi il veut que tu lui trouves ça ?

Il sourit légèrement amusé par une question qu’il avait devinée bien avant que je n’ose la formuler. La demande était singulière, un sextoy fuchsia d’une quarantaine de centimètre, prêtait plus qu’au questionnement sinon qu’au fou rire.


- Ah ça….c’est une base fondamentale du job… « Ne jamais demander, ne jamais poser de questions », tu es un rouage, tu fais fonctionner un mécanisme, tu prends ta part au passage et basta….Ce qu’ils veulent, ce qu’ils peuvent en faire…c’est dangereux de le savoir parce que tu finis par rentrer dans leur vie et quand tu rentres dans leur vie, tu ne peux pas t’empêcher d’éprouver des sentiments humains comme la haine, la compassion, l’empathie…et toutes ces merdes, c’est mauvais pour le job et mauvais pour le bisness.
Tu sais ce qui te gardera en vie ?


Je secouais la tête à la négative adoptant ce comportement un peu ridicule de jeune fille bien éduquée, parfaite écolière sage et  attentive aux dires de son professeur.

- L’ignorance et la distance…moins tu en sais, moins tu t’exprimes…plus tu disparais dans le paysage.
Ne te mêle jamais de politique, refuse un deal dès que cela te semble « engagé », pas d’armes en grosse quantité, ni de trucs cheloux, tu es née petite, efforce toi de le rester pour vivre à l’ombre des requins plus gros….


Cette vision extrêmement égoïste heurtait un peu mon côté idéaliste, je ne pouvais concevoir de subsister ainsi en complet désintérêt de mon prochain et de l’univers dans lequel j’évoluais. Je m’insurgeais légèrement, plus par incompréhension que par révolte.

- Mais…si je juge que…

- Alors tu le gardes pour toi…tout ceci ne te regarde pas, aucune cause ne mérite qu’on y laisse sa peau, aucune cause à part ta propre survie et c’est toujours de survie dont il est question ici. La première cause de mortalité chez les humains ce n’est pas la misère ou les brimades…c’est la politique, la putain de politique.
D’un côté rebelles et miliciens qui se tapent dessus dans un jeu puéril de chat et la souri, les humains ont toujours été super balèze dès qu’il est question de se trouer la peau…file une arme à un frustré et donne lui une cible, il te fera un joli carton sans trop se poser de questions, pour les Asariens pour la « liberté », c’est du flan : c’est toujours pour lui qu’il presse la détente, pour éprouver la joie ridicule de se sentir puissant le temps d’une détonation…rien d’autre.
Les Asariens vivent dans un rêve, les trois quart sont bien trop cons pour se rendre compte que leur monde n’a plus d’avenir, ils reproduisent le schéma d’une société qui était déjà en putréfaction avant même qu’ils naissent, ils entretiennent les répliques du putain de tremblement de terre qui a mis un terme à notre stupidité et à notre aveuglement arrogant. Ceux qui en ont conscience, sombrent avec raison dans une vie de débauche et d’hédonisme qui est bon pour nous et notre buisness, hey ! On est là pour jouer la musique alors que le rafiot coule à pic ! tu l’ignorais ?...Les autres se trouvent une conscience en jouant la carte du remord et de la compassion avec les « pauvres humains »..Ils parlent sauvetage du monde autour de « drinks » entre deux parties de jambes en l’air de 6 à 7…Des hypocrites…des faux culs de première… Tu les vois ici ? Pataugeant dans la merde avec nous ? Moi pas…la réalité est beaucoup moins drôle que l’idéalisme…toujours…Allez bouges tes fesses, le prochain deal est dans 20 minutes !


Clyde me fascinait, sa facilité à expliquer les choses complexes avec des images simples et percutantes faisait de lui une sorte de leader charismatique dont la logique poussait à l’admiration, je n’avais jamais entendu les autres dire du mal de lui depuis que j’étais arrivé. Sa vision était limpide et logique et ses arguments souvent affutés et imparables. Il vivait la rue jusqu’au dernier juron qu’il crachait souvent avec une sincérité crue et douloureuse, réduisant ses interlocuteurs à un silence embarrassé. Il savait. Je n’aurais pu avoir meilleur professeur. Je le suivais d’un pas alerte à travers les rues qu’il sillonnait si bien, ses rues qu’il m’apprenait à sentir, à marquer de mon invisibilité. Personne ne nous semblait nous voir et pourtant je savais que tous ici savaient de quoi il en retournait et cette indifférence étrange marquait à mes yeux une sensation de profonds respects. Le respect du temps donné pour chaque chose, le respect des codes et des lois de la rue : on demande l’entrevue, on ne la provoque jamais directement.

- Clyde ? T’as pas peur de…que tout ça s’effondre…j’veux dire, la milice, ils pourraient démanteler tout le système, on pourrait mal finir…

Il étouffa un rire discret avant de balayer d’un geste un large panorama de la rue se déroulant devant nous

- La milice ? tu les prends pour des cons ? Ils savent…ça fait partie du jeu, ils en croquent…On ne peut pas plus mal finir qu’ici Dusk.
La came, le deal, le marché noir…c’est une soupape, les Asariens quoi qu’on en pense ONT besoin des humains pour les divertir ou leur torcher les fesses…ou juste pour leur rappeler combien ils sont « géniaux »…Il y a un niveau d’oppression dans lequel plus rien ne subsiste, ils sont assez intelligents pour tolérer…parce que le pire, c’est la rupture de l’équilibre. Notre business participe à ça…c’est « un mal nécessaire » pour eux, un chancre qui pousse sur leurs jolis p’tits culs mais qui se transformera en cancer mortel si ils le virent..


Mon mutisme troublé l’encouragea à développer sur un ton plus doux, presque un ton de confidence chargé d’un paternalisme qui ne m’était pas du tout désagréable.

Ne crois pas en l’innocence ma belle, le pouvoir n’est jamais innocent.
Après c’est vrai que les grands bouffes les petits, faut apprendre à voir grand, et pour ça…il faut viser l’interdépendance, c’est la clé !


Je stoppais ma marche forçant à ralentir la sienne.

- L’interdépendance ?

Il s’immobilisa et se tourna vers moi, m’observant avec curiosité, devenant cet adulte troublé qu’il savait être lorsque les événements le demandaient

- La théorie des dominos ma chère…..Si tu parviens à mettre en place un circuit ou chaque élément à plus à perdre à jouer solo qu’à jouer collectivement, tu obtiens l’équilibre. Trent tient debout parce que si l’un des membres tombe, il entrainerait dans sa chute la moitié du bidonville. Parce qu’elle est là, notre arme, Dusk. Juste là !

Il se tapota la tempe avec un geste lent comme accessoire rhétorique qui me fit plisser les yeux en proie à une réflexion intense.

- L’intelligence ?

- L’information.

Je levais un sourcil marquant ma perplexité

- Tous mes clients…je connais chacun de leur travers…chacun de leur besoin. J’ai verrouillé le circuit et c’est ce qui fait qu’on en fait partie tout en étant au-dessus et en dehors. Tu comprends ?

Je baissais la tête, un peu honteuse le fuyant un peu du regard.

- C’est…c’est compliqué…

- Ça viendra…prends…

Il me tendait un petit carnet avec une couverture en cuir de couleur noire qu’il venait d’extraire de sa poche intérieure. Je regardais un instant avant de le saisir et de l’ouvrir doucement faisant défiler les pages immaculée de vierge devant mes yeux. Il continua

- C’est ton livre de bord, ton carnet de vie….c’est là ton assurance vie…tu vas construire ton circuit là-dedans, tu y indiqueras tout, tu le maitriseras….Oh et trouves toi un code…chacun a son code, c’est une arme personnelle mais dissuasive. Tout Trent fonctionne comme ça…tous les gros savent et flippent leur race de ce qu’il y a dans ces putains de carnet


Je refermais le carnet, le serrant fermement entre mes mitaines comme un trésor inestimable.

- Je …je vais essayer

Il se contenta d’un demi sourire avant de hausser les épaule et de faire demi-tour pour reprendre sa marche en murmurant.

- N’essaye pas…fais le.
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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyVen 1 Jan - 19:08

CHAPITRE 5 : PRESQUE VIVANTE



Les bribes disperssées, Chroniques du passé 86734910



L’amour est Aveugle.

L'amour est aveugle
Et Je ne veux pas voir.
M’envelopperas-tu de ta nuit ?
Prends donc mon cœur
L'amour rend aveugle

Dans une voiture garée
Dans une rue bondée
On voit son amour se concrétiser.
Puis les fils se rompent
Les nœuds se défont.
L'amour est aveugle

L'amour est mécanique
Froid comme l’acier
Des doigts trop engourdis pour sentir
Serrent la poignée
Puis l’heure où on souffle la bougie
L'amour est aveugle


Juste une petite mort sans deuil
Et pas d'appel
Et pas d'avertissement
Bébé... voilà bien une idée dangereuse
Qui a presque enfin un sens

L'amour noie
Dans un puits profond
Tous nos secrets
Et il ne reste personne à qui les dire

Prends ton due
Mon amour
Aveugle



De nos jours.

OooOOOh….Cette lumière agressive qui transperce mes paupières et ce bruit lancinant qui me vrille les tympans…C’est déjà le matin, mon esprit émerge du fin fond de cet état cotonneux et pourtant paisible qui conclue la léthargie chimique des paradis artificiels. Mon corps se refuse à se mouvoir alors que lentement ma mâchoire se contracte en remue, mettant en branle mes lèvres et me forçant  à ravaler l’indélicat et fort peu gracieux  filet de bave hérité d’une longue période d’abrutissement de sommeil. J’agrippe plus fermement mon oreiller  avec un gargouillis informe comme grognement de contrariété avant de réaliser sa chaleur et sa nature. Un peu surprise, j’ouvre des yeux emperlés de larmes pour me rendre compte que mon visage reposait sur une paire de fesses.

Hummm…j’ai connu bien pire comme inconfortable réveil et les fesses rebondies de la merveilleuse Daphnée semblent toute destinées à offrir un voluptueux tremplin vers un complément salvateur de bien être en dose concentrée. Ecrasant un lourd bâillement en renonçant raisonnablement à l’idée, je relève la tête vers la fenêtre entre ouverte de la petite chambre de ce taudis tout en essayant de rassembler les bribes de souvenirs de la soirée d’hier. Il est très difficile de tenter cet exercice lorsqu’on a littéralement la tête dans le cul. L’expression est tout à propos alors que baissant le front en gémissant légèrement je pose les lèvres sur les rondeurs de la demoiselle et y dépose un long baiser mouillant. Un grognement comme toute réponse alors qu’elle bouge le corps d’un geste brusque me faisant mettre le nez entre ses fesses. Faut pas déconner quand même, c’est largement suffisant comme stimulus pour me faire me redresser les bras posés en extension sur le matelas. Agenouillée auprès d’elle à présent, les cheveux roux cascadant le long des épaules nues mais la coiffure aussi explosée que l’intérieur du crâne, je ravale une nausée de la redescente de drogue avant de rabattre d’un geste ample mon indisciplinée crinière à l’arrière et de poser un regard vide sur ce corps nu encore épuisé de nos caresses et de toutes les saloperies que nous nous sommes envoyées pour « faire la fête ». Daphnée n’est pas un canon à proprement parlé, mais malgré sa petite constitution son endurance dans l’acte me surprendra toujours, c’est une bonne partenaire, sans doute une des meilleures, j’aimerai me convaincre que c’est pour ça que je l’apprécie et pas uniquement pour pallier cette solitude qui me ronge sans cesse. J’aimerai me convaincre que je ressens plus que le plaisir charnel que l’on partage mais je sais que c’est un de mes plus gros mensonges. Nous sommes tous nécrosés à force de respirer cet air vicié, tous pervertis et les choses aussi complexe et insaisissable que l’Amour pour moi, c’est une vieillerie qui doit bien comporter une étiquette de prix quelque part et qu’on peut surement trader contre 4 paquets de Tampax. Tout s’achète ou se vend, sauf l’espoir, ça, ce ne vaut rien entre ces murs.



Les bribes disperssées, Chroniques du passé Helena11



Elle se retourne et s’étire m’offrant la vue de son opulente poitrine où par reflexe mon regard dévie sans que je n’y prenne réellement garde.


- Lève ton cul, Daffy, Dee va te défoncer….

Elle minaude en me tirant la langue alors que je lui renvois un visage fermé.

- On s’en tape de Dee, je prends ma matinée...

Sa main se pose sur ma cuisse nue avec un frôlement délicieux, s’y attarde et remonte avec une expertise étonnante de tendresse vers mon entrejambe tendit qu’elle feule comme une chatte.

- …Et puis….Je suis certaine que ton petit castor roux à encore envie que je m’y perde…non ?

Hum. Elle sait y faire et je la connais sur le bout des lèvres, les quatre. D’un geste lent je chasse sa main et me lève, m’étirant de toute ma nudité à mon tour en lui adressant un sourire fantomatique.

- Je bosse Daffy, comment j’vais payer ta merde, sinon ?

Elle roule sur elle-même, observant avec attention mon jeu favori de « putain, où j’ai lancé mes fringues ? ». Elle soupire et m’interpelle tandis que je rassemble peu à peu mes vêtements.

- Il te reste de l’exta ?

Entamant un numéro d’équilibriste en sautant sur une jambe afin d’enfiler ma culotte, j’étouffe un juron tout en lui répondant


- Tu t’es tout envoyé hier…j’ suis à sec.
- Mmmm…chier….

Je fouille dans la poche de mon jeans et en extrais un petit sachet replié dans un morceau de sopalin que je balance sur le lit.

- De la coke…c’est pas du top, elle vient des bas quartiers…ca couvrira les frais…reste au lit aujourd’hui mais tu dois 6 passes à Dee…deal ?

Ses mains se referment avec avidité sur la drogue, cela me vrille un instant le cœur, notre putain de déchéance est si moche mais quelque chose me fait mal de la savoir besognée par un autre, surtout après cette nuit. Cette lâcheté passera, comme toujours, refoulé et remplacée par d’autres lâchetés.

- Six ? Bordel…avec une gagneuse comme moi ça vaut quatre….

- Dépend de ta lucidité ça, ma puce….Stoned à bloc,  t’es aussi performante qu’un cadavre de junkie en overdose…Ça te parle, non ?

Elle ne répond pas, se contentant d’enserrer le sachet entre ses doigts comme un trésor du ciel. Puis levant des yeux sans vie à mon attention, m’adresse un majeur tendu comme seule conclusion. Je secoue la tête avec tristesse et enfile mon tee shift. Puis je me dirige vers le porte manteau enfin ce qui y ressemble et décroche ma veste à capuche.  

J’hésite un instant avant de la contempler comme pour graver son souvenir. Etendue nue dans ces draps froissés avec cette avidité dans le regard fixé sur le sachet.  J’ai toujours cette certitude qu’un jour ou l’autre, elle finira comme toutes les autres. Les yeux ouvert vers les cieux mais ne regardant plus rien que le miroir sale du dôme, l’écume goutant des commissures des lèvres, l’esprit définitivement consumé. C’est comme ça, ce monde y participe, j’y participe. Ce monde est une pourriture, je suis une salope, oui…rien de plus.

J’attrape la bouteille de bourbon sur la table de chevet remplie au tiers et rabattant ma capuche lui montre d’un geste.


- Ma com’….

- Ok….A un de ces soirs ma belle….

Je pousse la porte sans me retourner, tout ce que je pourrais lui dire a un gout de mort dans ma bouche, tout sonnerai beaucoup trop réaliste pour n’être que cruauté. Oui, nous reviendrons combler nos vides jusqu’à ce qu’ils débordent, c’est ainsi. Je traverse le couloir silencieusement jusqu’à ce que je vois son ombre postée dans l’embrasure d’une porte, je ne m’arrête pas la dépassant en inclinant la tête et murmurant à son attention.




Les bribes disperssées, Chroniques du passé Mts_pa11


- Elle ne bossera pas aujourd’hui ….Déjà réglé avec elle, elle te doit six passes…un sachet de coke, mini,  de la qualité D. C’est dealé.

Derrière moi, la jeune femme n’exprime rien d’autre que le souffle d’une bulle de chewing-gum alors que doucement, elle extirpe de sa poche arrière son carnet noir et enclenche le cliquetis de son stylo pour y griffonner.


Putain de vie.
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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyDim 10 Jan - 20:29

CHAPITRE 6 : QUOTIDIEN

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Sid_vi10


L’échoppe était fermée depuis une bonne demi-heure mais mes trois coups à la porte, signal établit et reconnu,  m’offrit le sésame sur l’univers de Benjamin Karkov, revendeur atypique en spécialités incongrues et curiosités diverses et variées. «  Ben », La plaque tournante du marché noir dit « atypique » et le membre de Trent en charge des demandes les plus complexes. L’homme ne s’en laissait pourtant pas compter derrière ses lunettes rondes le rendant presque « administratif » voire affable, et pourtant  son expertise était de renommé tout comme son regard était incisif, souvent redoutable et ses réflexes bien plus dangereux qu’on pouvait le supposer lors d’une visite anodine de son capharnaüm qui ne laissait pas supposer les merveilles dormant à l’abri des réserves. J’adorais discuter avec Ben parce qu’il était souvent d’une causticité et d’une justesse qui me faisait sourire. Il cachait admirablement son intelligence et ses connaissance sous un aspect « passe partout » et pourtant…ce qu’il savait ou pouvait me laissait toujours admirative et impressionnée. Il me témoignait toujours une certaine douceur parce que parfois je lui tenais la dragée haute et qu’au fond, les traits d’esprit étaient une passion que partagions.


Les bribes disperssées, Chroniques du passé Lost-b10


Il referma la porte et après un simulacre de sourire, il glissa son regard sur le sachet que je tenais.

- Je n’aime pas faire ton coursier, Ben, y’a des runners pour ça…

Il s’empara du sachet avec rudesse non sans un haussement de cil embarrassé.

- Un runner honnête c’est rare, un runner honnête et rapide ça s’appelle un cadavre très chère.

Je soupirais, manifestant un début de contrariété, j’avais confiance en mes runners, je connaissais mon équipe et c’est moi qui les avais recrutés, tous. Mais je n’avais pas envie de me lancer dans une diatribe inutile alors qu’il déballait le contenu du sachet. Je croisais les bras sur la poitrine en hochant la tête avec un air perplexe.

- Je suis quand même bien curieuse de savoir ce qu’elle peut bien avoir de si rare…Franchement dealer trois flacons remplie de Meth pour…des fringues…faut vraiment être bas de plafond violent !

Une simple veste de cuir usée par le temps. Ben la brandit à la lumière faible de son atelier tout en commençant à l’examiner avec attention.

- Tssss…Clyde t’a déjà dit, jeune fille… »ne jamais chercher à comprendre ce que le client peut avoir en tête » et si tu veux mon avis…Cette pièce est une merveille.

Je laissais échapper un ricanement amusé avant de relever le menton avec fierté.

- Une merveille ? Un vieux truc moisi tout juste bon à sortir les poubelles si il n’en provient pas d’une d’ailleurs ! Tu m’excuseras de ne pas rire j’ai les lèvres gercées…Je n’ai pas fait de commentaires lorsque ce bouseux m’a pris pour Emmaüs en me refourguant le sachet mais je l’avais en travers de filer presque 2000 $ de valeur en stups pour…cette …merde. Parce qu’à mes yeux, ça ne vaut guère plus qu’un étron fumant.

- Dusk….ma petite Dusk….tu ne sais pas de quoi tu parles, c’est une œuvre d’art, sa place est dans un musée.

Il se déplaça vers son comptoir en me lançant un regard faussement courroucé alors que je roulais les yeux au ciel, ôtant ma capuche pour m’ébouriffer la crinière en un geste désinvolte

- Tainnn ? C’est une connerie de veste en cuir mitée ! merde ! encore pour les godes rose fuchsia je comprends que ça puisse s’utiliser mais ça…

Je fis une pause tout en recroisant à nouveau les bras et furetant mon regard sur les étals d’un air blasé.

- Et en plus tes godes à la con, y’a des clients qui n’aiment pas la couleur…c’est chiant pour la revente.

Il émit une sorte de rire amusé tout en repliant la veste avec soin.

- C’est très joli fuchsia, ils auraient préféré des nuances de rouge vif ou marron foncé ?...Il t’en reste beaucoup ?

- Hummm 4….mais j’en ai ma claque des regards concupiscant que me jettent les potentiels acquéreurs, comme si j’étais l’égérie du produit, je m’en tape de leurs délires, moi…fuchsia, crème ou gris taupe….j’suis pas représentant en ustensile de plaisir, ni en fringues style clodo…

Il leva l’index comme une sorte de vieux professeur tout comme m’intimer l’ordre de me taire.

- Le dernier clodo qui a porté cette chose, chère enfant, doit être retourné à la poussière depuis quelques décennies…c’est un Wilsons shotts perfecto…du vrai cuir du vingtième siècle…

Je plissais les yeux, en proie à mes réflexions dès qu’il s’agissait de rentabilité.

- Ça vaut plus que 2000 ?

- Infiniment plus  pour notre employeur…C’est le Style Ramones, ce type de vêtement a disparu depuis des lustres, tout est synthétique à présent…ça m’a pris 2 ans pour remonter une potentielle piste.

Je sifflais pour marquer mon étonnement et mon admiration.

- Bah…t’aurais dû majorer, Ben.

- Pas pour lui….petite. C’est un deal demandé par Clyde lui-même. Tu sais ce que ça veut dire…Je vais remiser cette merveille de suite…

Oui je comprenais, il s’agissait encore de celui qui nous couvrait, notre mécène incolore, inodore et invisible dont on ne devait pas parler, tel un Voldemort post modern ou une bloody Marry de sinistre mémoire même si je soupçonnais parfois que Clyde s’était joué de nous et qu’il nous leurrait sur l’existence pour garder les rangs de Trent serrés et en bon ordre de fonctionnement. Perdue dans mes pensées, j’observais Ben disparaitre derrière son comptoir avant de l’interpeler au loin

- Ramone ? C’est pas un truc de Rock N roll ?

Sa voix étonnée se fit entendre.

- Ohh ? tu connais ce style musical, jeune fille…c’est assez oublié de nos jours….

Mes doigts se posaient machinalement sur une sorte de cube en plastique aux faces de petits carrés multicolores qui trainait là. Je l’observais assez intriguée tout en répondant.

- Mouais…ma mère était fondu de ce type de musique, elle m’en gavait la tronche tout le temps quand j’étais gamine….y’avait des trucs sympas…ça fait depuis l’enfance que je n’en ai plus entendu…elle disait que le rock, c’était « la liberté de pisser contre le vent en se fichant de recevoir un retour en pleine gueule »..

Je commençais à comprendre le principe du cube tout en faisant pivoter les carrés un à un pour chercher à reconstituer des faces d’une même couleur. C’était une sorte de casse-tête primitif au demeurant très amusant. Je me concentrais sur l’opération tout en passant le bout de la langue en un tic enfantin.

- Une poétesse votre maman….

- Mais affreuse cuisinière.

- On ne peut pas exceller en tout.

- En tout cas, c’était bien mieux que cette diarrhée auditive qu’on entend maintenant et que ces pantins maquillée comme des croques mitaines qui transforment les culottes des petite filles qui se touchent en serpillère...

- Génétique donc la poésie chez vous….

- Hein ? non…mais le bon gout oui…Je suppose que Clyde prend la suite du Deal…

Tout a mon affaire, je n’avais pas remarqué qu’il m’observait depuis une longue minute avec un léger sourire moqueur. Embarrassée, je reposais l’objet en toussotant, regardant ailleurs pour dissiper la gêne.

- Bon, bon,bon…Tout ça me dit pas comment me débarrasser de mes godes…

Il soupira et passa près de moi, prenant le cube et me le tendant en souriant avec bienveillance.

- Essaye une offre de Noël….Ta com, Dusk.

J’hésitais un instant ne sachant si l’offre était équitable puis expira en secouant la tête, m’emparant de mon « bien »pour le faire disparaitre dans la poche de ma veste.

- Ça ne marchera pas Ben, Parce que dans les bidonvilles…Noel ou un autre jour, c’est pareil…on se fait toujours baiser. Alors vendre ces trucs ici, autant tenter de refourguer de la crème bronzante à un asarien ! Salutations Monsieur Ben.

- Tout s’achète pourtant, mignonne, tu te rappelles la devise des bidonvilles ? «  le jour où les Asariens décrèteront que la merde vaut du fric, les humains du bidonville naitront sans trous du cul… »

Je baissais ma capuche en esquissant un sourire enjôleur me dirigeant vers la porte à reculons.
- Oh yeah ! Let’s rock…

- Gaffes à toi Dusk…a plus tard.

Dehors le froid, toujours le froid. Je m’engouffre dans la nuit alors que ma mémoire réveille des comptines oubliées. Mes lèvres se desserrent dans un demi-sourire.

- Mon mignon du vingtième siècle, laisse-moi être ton jouet…

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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptyVen 22 Jan - 18:09

CHAPITRE 7 : " OUBLIER"

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Cocain10




Loin de la grande cité
Où un homme ne peut être libéré
De tous les démons de cette ville
Et de lui-même et de ceux qui l'entourent
Oh, et je suppose que je ne sais simplement pas




Le Baron Rouge. 2h30 du Matin


Nous y sommes.

J’ai du mal, vraiment du mal à supporter mon regard.

Les mains recroquevillées et crispées, cramponnant la faïence de l’évier sale des toilettes, le corps légèrement incliné vers le miroir j’observe en silence.

A travers les murs les pulsations de la musique comme un cœur qui bat la chamade et s’affole. La vie cogne aussi fort que la solitude, la vie balafre aussi précisément qu’un scalpel. Elle arrache, modèle, reforme, elle détruit, façonne, offre et reprend. Et c’est comme ça qu’on l’aime. Violente, sans concessions et forte, toujours forte.  Forte. Trop forte, comme ce soir.

C’est comme ça que ça se passe, comme ça qu’on s’assomme. Il n’a jamais été aussi vrai qu’on ressent la quiétude uniquement quand on arrête de se frapper la tête dans le mur. C’est ce que je veux sentir. Rien qu’un instant et merde si ce n’est qu’un mensonge comme tout le reste, comme cette putain de vie qui n’a pas de sens, comme ces regards vides que j’ai croisé hier aujourd’hui et que je croiserai demain. Ce soir est un soir particulier. Ce soir je meurs en me consumant.
Je vais monter au ciel, putain ouais ! Je vais monter là-haut et irradier ma lumière partout, violer chaque centimètres de vos conneries de vies, vous forcer à voir le monde à travers mes yeux, vous forcer à regarder directement là où ça fait mal, chercher avec désespoir ce qu’il n’y a plus rien à trouver. Creuser votre merde à pleine main jusqu’à ce que vos ongles se déchirent jusqu’à ce que vous dégueuliez votre âme, c’est ce que j’aimerai.
Oui sincèrement…
Mais personne ne me voit vraiment.

Ca je le sais.

Alors il faut que je devienne une déesse.
Il faut que je me sente comme le Fils de Dieu.

J’ai sniffé la première prise il y a cinq minutes et déjà je sens cette brulure parcourir mes veines délicieusement en un long rouleau compresseur, c’est chaud et puissant, c’est un mensonge tellement agréable que je vous jure qu’on le baiserait. L’exta était un apéritif intéressant, l’alcool un carburant impératif. La locomotive est en route vers l’oubli et bordel, je vous jure qu’elle ne fera aucun détour et ne s’arrêtera nulle part. Je sais ce que ça fait de moi, je suis assez intelligente pour avoir intégré depuis longtemps que demain j’aurai la tête en bouillis et que toutes mes merdes seront toujours là. Mais pendant quelques heures…Ouais quelques heures….je ne serais plus là. Je deviendrais une comète, un pur-sang…Une licorne ou n’importe quoi de fantastique et extraordinaire, je sais que je vais me métamorphoser et vous m’aimerez, ça oui ! Parce que c’est la décadence qui vous plait surtout lorsqu’elle se pare de souffrance et de cet état d’urgence de vivre, cet appétit gargantuesque de ressentir et de combler ce fichu vide en chacun de nous, cette horrible vérité qui m’observe à travers le reflet bleuté de ce miroir fissuré : nous sommes nés dans la solitude la plus terrible, dans le froid et les ténèbres d’un monde que Dieu à vomit comme on évacue une gastro, et nous demeurons seuls en chaque minutes, quoiqu’on en dise. Je ne veux plus être seule, je ne veux plus souffrir. Je veux me péter la tête à n’être plus rien, à n’être que cette chiure de mouche sur une nappe propre, insignifiante mais enfin libérée d’elle-même.

J’étale la poudre sur le rebord de l’évier, roulant mon billet de banque et j’inspire par la narine gauche à plein poumon avec un bruit strident d’une mécanique malade. Je me redresse en gémissant basculant la tête en arrière et j’explose presque instantanément. Difficile de décrire, d’expliquer…C’est mieux que tout ce que vous pourrez croire, mieux que de tenir une fille au bout de sa queue ou de vider un mec à coup de reins et de saccades orgasmiques. C’est mieux que le fric, la bouffe ou toutes les futilités et vous savez pourquoi ?

Parce que c’est mieux que la vie.

Dieu s’est fait poudre.

Ceci est son corps et son corps passe dans mon sang.

Je ne serai plus cette paumée qui se déteste au point d’aimer se ruiner la tronche à coup de poisons, je ne serai plus cette fausse adulte qui crève de trouille dans un endroit qu’elle n’a pas voulu mais stagnant dans une merde gluante où elle a la faiblesse de ne plus se débattre plus que de nécessaire. Je ne serai plus seule, enfin, j’aurai de la musique et des couleurs, j’aurai de la vie et de la chaleur. Je vais oublier, je vais tout oublier, vous oublier, oublier son visage et ses yeux vides et morts qui me regardaient en me demandant « pourquoi » depuis ce lit et cette pièce misérable où chaque nuit je reviens m’écorcher l’âme dans un plaisir pervers.

Pourquoi ne retournons pas jouer dans les arbres près des collines du village, pourquoi ne plus s’allonger sur le sable et écouter le ressac de la mer, pourquoi ne pas laisser la nuit nous servir de couverture et faire l’amour sous la lueur indulgente des étoiles ? Aislinn, pourquoi je suis ici, pourquoi ça m’arrive à moi et pourquoi a-t-il fallu que ça se finisse de cette manière ? Pourquoi a-t-il fallu grandir, pourquoi la ville, pourquoi le bruit, pourquoi cette chute ? POURQUOI ?

Je devine que je l’ignore.

Je devine que j’ignore….oui, c’est juste ça…je l’ignore, tout simplement.

Mes mains se crispent à nouveau.

Je suis la fille de Dieu

Qu’importe ce que vous pensez.

Ce soir, je vais rallumer des étoiles, je vais consumer ma vie au désespoir des autres

Je renifle et je souris béatement un instant. Je n’arrive déjà plus à penser ou plutôt je pense des univers et des galaxies.

Et l’envie revient.

Toute l’envie.

Un océan d’envie.

Les autres.

L’alcool.

La baise.

Tout simplement la vie.

Je me dirige vers la porte des toilettes et je m’enfonce dans la jungle de ceux qui ont laissé tout espoir à l’entrée. Cette fois ci je ne suis plus seule. Je ne suis plus cette personne-là. Je ne sais plus ce que je suis au juste mais ce dont je suis certaine c’est que je suis libre de ma vie.

Juste libre.



Mais demain….tout sera encore là.

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MessageSujet: Re: Les bribes disperssées, Chroniques du passé   Les bribes disperssées, Chroniques du passé EmptySam 23 Jan - 10:24

CHAPITRE 8 : CREDO

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Crucif10



Et quand j'ai plissé les yeux
Le monde semblait teinté de rose
Et des anges apparurent pour descendre
À ma plus grande surprise
Avec les yeux à demi-fermés
Les choses avaient l'air même mieux
Que quand ils étaient ouverts




Les gestes sont précis, le trait est rigoureux et rapide.
La nuit n’en finit pas et déroule ses heures alors que je reste là, cloitrée dans mon microcosme, mon casque vissée sur les oreilles. De temps à autre, je lève les yeux de ma feuille pour perdre mon regard dans quelque recoin assoupis de mes ténèbres domestiques, l’air est assez lourd par la fenêtre ouverte, la ville ne dort de toute façon jamais, sur ma couche à demi nue, j’ai décidé de laisser mon temps s’effilocher et se disperser comme bon lui semblera. Et puis…Que faire d’autre à part braver le couvre-feu pour s’infiltrer dans un bouge, c’est fin de mois, je n’ai plus les finances ni l’humeur alors autant rester là, dans mon univers. C’est sale, désordonné et misérable, c’est à l’image de celle qui occupe les lieux. J’ai l’esprit clair pour une fois. L’esprit clair mais vagabond, je ne voulais pas d’autre compagnie que la mienne parce que je sais comment me supporter à défaut de supporter les autres. C’est une nuit de mourant, alors je m’abandonne à la divagation tout en noircissant les traits de ce portrait. Je n’aime pas dessiner de mémoire car elle est traitresse et nous embelli par automatisme ces défauts qu’on ne voudrait pas voir chez l’autre. Certains artistes s’en accommodent en flattant l’œil du commanditaire autant que sa vanité, mais c’est travestir la vraie beauté, cette beauté crue et évidente qui parfois transpire au détour d’une nuance, d’une imperfection. Je crois en cela, je crois en la sincérité des évidences plus qu’en celle des intentions.

Ma mère disait qu’un être humain a besoin de croire, que la vraie force était cette foi aveugle nourrie précieusement comme une intime évidence qui fait les être intègres et évite le fanatisme et l’aveuglement. On ne doit pas croire parce qu’on nous l’impose ou nous le dit mais parce qu’on le sent comme une chose invisible qui nous maintient en vie, comme la certitude que le soleil meurt au soir pour renaitre le matin, comme l’acceptation que quelque chose nous dépasse et qu’on doit renoncer à épuiser son temps à le comprendre et plutôt le consacrer à l’accepter. Je crois en Dieu. Pas parce que ma mère y croyait. Je crois parce que j’en ai besoin, j’ai besoin de me dire que ce qui arrive, arrive pour que d’autres choses arrivent, que des gens meurent pour que d’autres vivent. L’espoir n’est pas la foi et la foi est bien au-dessus de ces considérations d’un pari idiot fait avec nous-même. Je crois en la destinée, oui. Pas forcément la mienne, en la destinée de l’humanité quel que soit son issue.
C’est une « ancienne religion » comme dirait Ben, une religion d’une croyance obsolète, aveugle à la science faite de légendes et de miracles, de rédemption et de salut et vous savez combien je cherche cette rédemption, combien j’en crève de ne pas la trouver. C’était une époque d’une croyance oubliée, bien avant que l’Asarien écrive son histoire, bien avant qu’il oublie qu’avant lui d’autres l’avaient écrite eux aussi dans le sang et avec le bon et mauvais instinct de l’humanité. J’ai lu un livre s’y rapportant sur le récit d’un héros il y a plus de 2000 ans, un héros qui a fini crucifié au nom des erreurs des autres. C’était indigeste, mais certaines idées m’ont marquée. Je n’ai retenu que cette vérité que notre passage n’est pas vain et qu’il fait partie d’un plan plus vaste qui nous échappe et je crois en cela comme je crois que chaque être sur cette terre, bon ou mauvais n’est que le jouet de ses caprices d’enfant perdu, sans parents, abandonné sur le plateau d’un échiquier géant et aux prises de règles qu’il ne connait pas dans un jeu qui lui échappe. Je n’aurais pas la prétention de dire que parfois, j’en devine les rouages et en cherche les machineries, non car comme tout le monde je n’y vois que l’ombre des choses depuis ma caverne mais je devine que ces choses sont réelles et en mouvement. Je les sens, je les ressens et en cela, je crois en Dieu, bien plus qu’en moi pour être sincère. Le reste n’est qu’héritage et folklore et j’ai toujours aimé cela.


Tout le monde croit en sa cause, en son idéal.

Tout le monde pense faire avancer une vérité, ça a toujours fonctionné ainsi et qu’importe le nom qu’on leur donne ou la couleur dont elle se pare. Clyde dit qu’il faut comprendre et observer pour justement sur nager au-dessus des courants d’intérêts et de d’objectifs.
J’ai mon opinion et je la tais.

C’est un monde en nuances de gris, si humain et si fragile.
L’Asarien et sa quête d’hédonisme qui commet le péché mortel de l’orgueil, il représente à mes yeux toute la décadence de la vanité de notre espèce, son aveuglement en ses capacités, en sa destinée et son dénie total de ne pas faire absolution de ses erreurs car oui, il est responsable de sa chute, responsable de sa damnation. Il a joué ses cartes, a perdu et refuse de quitter sa table en se cramponnant aux vestiges d’une société qui déjà s’est éteinte. Il est le plus à plaindre car dans la logique des choses quand les humains comme nous auront disparu, il finira par se retourner contre « ses frères » et ils s’anéantiront eux même dans le même aveuglement bouffi de suffisance. N’est-ce pas déjà ce qui se dit ? N’est-ce pas déjà ce qui se fait ?

Les « pacificateurs » n’ont jamais porté aussi mal leur sobriquet. Pacifier quoi ? Il n’y a déjà PLUS rien à pacifier. Venez donc parler de pacification sur les cadavres des humains des bidonvilles, pataugeant dans la même merde. Celui qui ne vit pas ici, ne peut pas parler de nous, et ne le pourra jamais, Qu’importe son origine asarienne ou non, on ne peut pas parler de la misère humaine à 11 h et se faire une petite collation entre « amis » distingués à midi dans un palace quatre étoiles et se targuant de faire partie d’un « petit club secret »
C’est cela que pense les humains des bas quartiers, que les pacificateurs ne sont qu’une bande de « bobos » idéalistes par hypocrisie d’un retour de conscience qui vient trop tard, qu’ils ne sont pas crédibles parce qu’ils agissent, s’ils agissent, trop loin d’un monde qu’ils méconnaissent et insulte par leur comportement. Je ne connais pas d’asariens, encore moins de pacificateur mais j’abonde en ce sens parce que jusqu’à preuve du contraire : c’est exactement ce qui se passe ici, rien.
Moi je n’ai pas vu de sauveur, ici avec nous, je n’ai vu que l’abandon et la misère et même si je veux bien croire que certains sont sincères dans leur action, je ne les ai jamais vu tant leur « action » finalement se résume à une sorte de lutte de pouvoir tout là-haut dans des sphères qui nous ignorent pourvu qu’on leur serve la soupe et brosse leurs beaux vêtements. Pourtant l’idée est belle, dieu qu’elle est belle mais c’est toujours comme ça. Deux ou trois passionnés et une bande d’opportunistes à la suite. C’est de la politique, non ? Ça en a la couleur, en tout cas.

Les rebelles, sans doutes ceux que je méprise le plus. Ils mènent un combat d’arrière-garde ridicule et dépassé et s’accrochent à une haine raciste et imbécile. Ils ne valent pas mieux que les Asariens pure souche, aussi dangereux pour les humains que pour l’avenir. Lorsque deux espèces s’affrontent, l’une disparait. La meilleure option est de partir et reconstruire ailleurs mais les rebelles iront jusqu’à se détruire et détruire en une sorte de baroud d’honneur inutile alors qu’ils pourraient tellement faire mieux ailleurs. Et Après ? N’ont-ils rien retenu ? N-ont-ils rien vu ? Ils sont cet héritage haineux de ceux qui ont détruit la planète, ils sont autant responsables que les asariens qu’ils détestent, car oui ils sont au premier plan responsable de cette misère qui nous étouffe. On ne peut rien attendre d’eux à part du sang et des malheurs.

Il y a pire que les rebelles, il y a les inévitables traitres à leur espèce qui constitue la milice. Les mots ne sont pas assez dur pour les qualifier, ils ne sont rien d’autre à mes yeux que ce que la nature humaine peut générer de pire et d’ordurier mais ils sont inévitables, malheureusement.

Il reste les insoumis.
On ne sait pas grand-chose d’eux, j’ai entendu dire qu’ils vivaient « en dessous » mais c’est un territoire vaste. Peut-être représentent-ils le vrai futur, c’est possible. Ils rejettent ce monde ce qui à mes yeux est bien la première étape mais ils ne semblent rien ne proposer d’autre que de se terrer et attendre que le monde s’effondre, ils vivent entre eux, ils ont leur propre réseau du marché noir. Je soupçonne certaines personnes avec qui je travaille d’en être. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi. Pourquoi ne cherchent-ils pas à aider les humains ? A secourir d’autres malheureux ? Pourquoi abandonner une population à son propre sort si l’on connait si bien ses souffrances ? A l’Instar des rebelles, pourquoi ne pas proposer autre chose, un ailleurs, une autre société ? L’égocentrisme et l’égoïsme sont des défauts salvateurs, certes, mais ignobles et en cela, je ne les comprends pas non plus.

Et il y a nous.
Les simples humains dont parfois on veut faire un enjeu. Mais nous, notre préoccupation n’est pas de casser la gueule aux Asariens avec les rebelles, ou de construire le monde du Futur avec les Pacificateurs, de partir se terrer dans les entrailles de la terre…Non, LA préoccupation principale des humains du bidonville c’est SURVIVRE et jusqu’ici, à part des rumeurs concernant le dispensaire et certains de ses praticiens, nous n’avons rien vu qui a pu améliorer notre sort, alors on se démerde comme on peut pour rester en vie et retenir la première leçon de vie d’ici là. Ne fais confiance à personne et n’attend pas d’autre sauveur que toi-même. Nous SOMMES nos propres sauveurs, nous sommes des pions au service de notre destinée, nous sommes abandonnés des autres participants alors il faut faire avec.

Je soupire ayant terminé mon œuvre.

Les bribes disperssées, Chroniques du passé Taylor10

Je pose le dessin sur le lit et j’observe par la fenêtre les lueurs artificielles de la nuit.
Et toi Scarlett, depuis ta disparition….

Quelle couleur a pris ta destinée ?


Et moi…de quelle couleur sera la mienne… ?

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