C'était notre première fois ~ Alex

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Les Abysses… Avant d’y mettre les pieds pour la première fois, Max ignorait jusqu’à leur existence. Tout cet univers est tellement différent et étranger à la planète sur laquelle l’asarien vivait, qu’il ne se serait jamais douté que d’autres vivaient ainsi. Maintenant qu’il y est, de son plein gré, l’adaptation est… difficile. Moins difficile que de devoir voler pour survivre. Mais tout de même. En rejoignant les Insoumis, Max a trouvé une famille. Lui qui n’en avait jamais eue. C’est très déroutant à ses yeux. Lui qui, finalement, n’a jamais eu personne à qui se raccrocher. Mais ce n’est pas le plus étrange. Non, le plus étrange, ce sont les humains.

La première fois qu’il en a vu un, il a donné un ordre. Qu’on lui apporte à boire. Le type s’est foutu de lui et l’a envoyé se faire voir. Max l’a cogné, évidemment. C’est comme ça qu’il a toujours corrigé ses esclaves. Et le gars a rendu le coup, le fourbe ! Il a fallu que l’on vienne les séparer. Peut-être qu’effectivement, Logan l’avait prévenu. Mais, honnêtement, cette info ne s’est pas gravée dans son esprit comme elle l’aurait dû. Le rappel a l’ordre a donc été brutal, nécessaire. Mais suffisant. Depuis, il a énormément pris sur lui.

C’est peut-être pour ça qu’il regarde deux types de travers depuis un moment. Une salle commune dans les Abysses. Il y boit un liquide vaguement alcoolisé. Ces types manquent vraiment d’approvisionnement. A ce moment, il ne sait pas encore qu’il sera bientôt en charge de remédier à ce problème. Alors il se contente de ça. Eux… Eux ils ne devraient pas se comporter comme ça. Ce n’est pas cette boisson bas de gamme qui peut expliquer leur état. Ils sont présentement en train d’emmerder une jolie humaine qui mange dans son coin. Par respect pour sa vie privée à elle, Max se retient d’activer sa télépathie. Il ne pourrait pas filtrer ses pensées, et ne veut pas en plus s’introduire dans son esprit.

Elle finit par fuir la salle, et gagner un couloir. Cela aurait pu s’arrêter là. Mais dès qu’elle est sortie de son champ de vision, Max active son don. Et là… Comprendre les intentions des gars n’est pas compliqué quand on peut lire les images qui leur passent par la tête. Il se lève en même temps qu’eux, et les suit dans les couloirs. Il ne les cognera pas s’ils ne tentent rien. Mais plus ils avancent, plus ils sont seuls, et plus leurs pensées sont nettes. Il les rattrape avant qu’ils ne soient à hauteur de la jeune femme. Il n’y a pas de bruit, et sa projection l’aide à maîtriser facilement les deux types. En repartant, il remarque un bracelet tombé sur le sol. Un bijoux qu’il a déjà vu au poignet de la demoiselle. Super…

***

Quelques jours après cet incident sans répercussions, Max se retrouve de nouveau entouré de ses pairs. Et il a la surprise d’apercevoir Alexandra. Ah oui, il s’est un peu renseigné sur elle depuis. Pourquoi ? Eh bien, il a toujours son bracelet dans la poche. Il joue présentement avec, dans son jean, machinalement. Il n’a pas de suite décidé quoi en faire. Il aurait pu l’amener aux objets trouvés. Pourquoi ne pas l’avoir fait ? Même s’il n’est pas en platine massif, il est assez joli. Il a craint que l’objet ne soit donc jamais répertorié ni rendu. Cela l’ennuie. Il n’a pas envie d’aller parler à cette humaine. C’est… Enfin, voyons. C’est une humaine. Qu’il a, sans qu’elle le sache, protégée. Parce qu’il ne supportait pas l’idée que ce crime puisse avoir lieu. Parce que, tout de même, même une humaine ne mérite pas ça. Poing serré, il s’avance vers elle. Il lui tend le bracelet.

- J’crois que t’as perdu ça.

Il en est en fait plutôt certain. Mais quelle image est-ce que cela rendrait de lui ? Qu’il lui a porté de l’attention au point de se souvenir de son bracelet… Non. Pas question. Faut pas pousser. Il espère qu’elle va le prendre sans faire d’histoires…

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Cela faisait peu de temps qu’Alexandra avait recouvré la liberté, et avait ainsi échappé à la cruauté de son bourreau. Elle devait cela à Adam Lockwood, qui avait profité de la foule au marché aux esclaves pour la soustraire des mains de son bourreau. Il l’avait emmené en sécurité, là où elle pourrait se remettre d’aplomb, réfléchir, et retrouver un second souffle. L’année passée entre les mains de Jack Brennan avait été très éprouvante pour la jeune femme qui, bien que restant forte face aux sévices infligés, en gardait tout de même des marques tant physique que mentales.

Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’elle était réfugiée dans les Abysses, où elle avait découvert avec stupeur qu’Asariens et Humains évoluaient majoritairement dans la bonne entente, main dans la main pour survivre dans cet endroit. Comment pourrait-elle accorder sa confiance à ces Asariens de malheurs ?? Elle ne voyait en eux que des bourreaux, des êtres qui prenaient plaisir à humilier et asservir les humains… Comment cohabiter avec de tels individus ?? Alexandra se souvenait des pouvoirs de son geôlier, et le rapprochement obligé avec ses pairs la terrifiait bien plus qu’elle ne le montrait, dissimulant sa panique sous de la hargne, du défi, comme elle l’avait toujours fait. La meilleure défense n’était-elle pas l’attaque ?? Elle préférait de loin montrer les crocs et mordre pour qu’on lui fiche la paix plutôt que de se soumettre servilement au risque d’être encore plus mise plus bas que terre. Les tensions étaient donc toujours là, malgré les informations données, cette volonté de vivre en harmonie des deux camps…. Le pourrait-elle ? Le voudrait-elle seulement ?

Elle déjeunait dans l’une des salles communes des Abysses, seule dans son coin, comme à son habitude, n’osant encore pas s’approcher ni des humains, ni encore moins des Asariens, lorsque deux hommes vinrent l’ennuyer. Leurs propos, leurs regards lubriques suffirent amplement à la jeune brune pour savoir qu’ils comptaient sans doute passer un « bon » moment en sa compagnie. Ils sentaient le vin, et elle devinait qu’ils étaient sans doute en manque, d’où leur comportement irrespectueux envers elle… Patiemment, elle tenta de les éconduire, mais rien n’y faisait, et ils continuaient. Excédée, elle finit par planter sa fourchette dans la main d’un des malotrus, alors qu’il tentait de l’agripper par le bras, puis d’aller en vitesse ranger son plateau, quittant la salle, espérant semer ces imbéciles, l’esprit en proies aux souvenirs douloureux, à la répulsion d’alors… Elle savait comment cela finirait si elle se laissait rattraper…

Elle s’engagea dans un couloir sans savoir qu’un Asarien la suivait également, ayant vu le manège des deux types douteux. Dans la course, elle perdit sans s’en rendre compte son bracelet, que le mouvement du type avait dû détacher par mégarde. Continuant rapidement, elle gagne ce qui lui sert de chambre, sans voir ni entendre à sa suite un quelconque signe de poursuite, ce qui lui fait penser qu’elle a réussie à semer ses poursuivants….

***

Ce n’est qu’une fois remise de ses émotions qu’elle remarqua la perte de son bracelet, mais elle n’osa pas refaire le chemin arrière, ne sachant plus très bien par quels couloirs elle avait regagné son logement. Malgré tout, elle inspectait les lieux où elle allait, par principe, au cas où. Cela dura plusieurs jours jusqu’à ce qu’elle retrouve le courage de revenir dans une salle commune, ne voulant pas ses peurs lui dicter sa vie. A un moment, elle a la surprise de voir un homme s’approcher d’elle, et lui tendre son bracelet, disant l’avoir trouvé, et s’enquérant de sa voir s’il lui appartiendrait ou non. Méfiante, Alexandra ne remarque rien d’alarmant dans le comportement de l’homme en face d’elle, son regard franc lui donne au contraire un certain sentiment de sécurité, et non de peur. Pourtant… Son maintien, son allure lui mettent malgré tout la puce à l’oreille quand à son origine…

« -Bonjour. Je… En effet, il est bien à moi, voilà plusieurs jours que je l’ai égaré sans savoir vraiment dans quel lieu, ni à quel moment… Merci de l’avoir retrouvé.»

Curieuse, la jeune femme prend le bracelet des mains de son interlocuteur, le rattachant à son poignet où des cicatrises sont apparentes, souvenirs des liens l’ayant retenue captive, ayant déchiré sa peau lorsqu’elle s’épuiser à tenter une vaine libération…

« -Veuillez me pardonner, j’en oublie les plus simples civilités, je me nomme Alexandra. Et à qui ai-je l'honneur de parler ??»

Le regard de la jeune femme est franc, bien que teinté de méfiance. Elle ne se laisse que rarement abordée par les hommes en général, trop de souvenirs douloureux se pressant dans sa mémoire… Pourtant, ce n’est qu’en nouant des contacts, en parlant avec ceux devenant ses frères et sœurs Insoumis qu’elle pourra réellement aller de l’avant.. Et une intuition la taraude, qu’elle souhaite vérifier, en posant une question à l’homme devant elle.

« -Je me trompe peut-être, mais votre allure, vos paroles… J’ai une impression familière… N'êtes vous pas un Asarien ?? »

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- Y’a pas de quoi…

Il faut bien avouer que Max se sent un peu comme un idiot, face à Alex. Lui, il est arrivé comme un lourdaud, il l’a tutoyé d’emblé. Alors qu’elle… Et bien déjà, elle prend le temps de lui dire bonjour. Encore un truc qu’il a complètement zappé. A croire que la vie hors des villas l’a rendu plus rustre encore que ce qu’il était. Et d’ailleurs, la jeune humaine le lui fait remarquer. Enfin, non. Elle lui demande poliment comment il s’appelle, en ayant eu la courtoisie de faire le premier pas. Il l’écoute à peine, yeux rivés sur son poignet meurtri. Et lorsqu’il se rend compte du léger silence qu’il a laissé planer, il se reprend, regarde plutôt ses yeux.

- Euh… C’est moi qui… Bref, navré. Max… Je m’appelle Max.

Il a bien faillit se laisser emporter par son élan et donner son prénom complet. Mais… Il n’a jamais aimé ce prénom. Son père l’adorait, lui. Peut-être est-ce pour ça que lui même ne le supporte plus. Pierce Hayden était bien le seul à appeler son fils Maximilien quoi qu’il arrive…
Il repense au poigner de l’humaine. Sacrées cicatrices. La colère lui monte un instant. Quoi qu’il ait jamais pensé des humains, la maison Hayden ne les a jamais maltraités. Asservis, surchargés de travail, réduis en esclavage… Mais jamais maltraités. La raison a beau ne pas être noble, elle a le mérite de servir à son insu une bonne cause. En effet, Pierce Hayden a toujours clamé qu’un esclave en mauvais état était moins rentable… Vu qu’il ne les payait pas, Max a toujours eu du mal à accrocher avec cette idée. Il respectait l’interdiction, simplement parce qu’il n’a jamais été cruel. Il est en train de dévisager Alexandra lorsqu’elle lui pose une question…

- Non, vous… Phrase mal commencée, on prend les presque mêmes et on recommence… - Vous avez raison.

Il est assez contrarié à dire vrai, qu’elle l’ait démasqué si facilement. Ses sourcils se froncent un peu, ses lèvres se pincent à peine. Comment a-t-elle fait ? Elle lui a dit mais… Il ne pensait pas… Le Max qu’elle a face à elle se ferait immédiatement corriger par son précepteur. Un dos qui ne sera jamais assez droit, des épaules clairement trop affaissées, un regard pas assez acéré. Des vêtements clairement bons pour l’incinérateur. Alors, il se demande…

- Je peux vous demander ce que vous entendez par mon allure et mes paroles ?

Il ne se rend pas compte. Il oublie que, pour l’asarien qu’il devait être, son comportement est très en deçà des standards. Mais que pour un humain, il est déjà bien trop haut. Du coup, il ne se doute pas de la naïveté de sa question. Et puis… Il fait une fixette sur autre chose. Sur quelqu’un d’autre. Elle. Elle a commencé le jeu des questions. Il se permet alors de poser la question suivante.

- Pourquoi est-ce que vous n’êtes pas partie plus tôt ? J’ai vu la fourchette, c’est pas une question de race. Pourquoi les avoir laisser vous… Importuner ?

Son éducation Insoumise laisse encore à désirer. Il s’imagine qu’il a le droit de lui parler ainsi, de demander et obtenir cette réponse. Alors que cela ne le regarde absolument pas. Parce qu’elle est humaine voyons, et qu’il a de ce fait tous les droits ! Il lui faudra du temps pour se rappeler cette attitude et en avoir honte. Ou en rire. Seulement avec elle. Il a presque raté son coup avec "importuner", en classant directement cela comme de l’agression. Mais il s’est dit qu’elle n’aimerait peut-être pas être rangée au rang de victime. Au moins un petit progrès…

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Alexandra est à nouveau dans l’une des salles communes des Abysses, quelques jours après l’altercation avec deux types douteux lorsqu’elle est abordée par un homme lui rendant son bracelet qu’elle avait égaré. Se présentant, la jeune brune ne peux s’empêcher de le questionner, d’entamer la conversation. Il lui semble franc, et elle ne ressent aps de peur à converser ainsi avec lui. Elle se présente après avoir remercier son interlocuteur, en remettant le bijou à son poignet meutri, les cicatrices montrant en partie les sévices infligés jusque récemment.

La jeune femme remarque le regard insistant du jeune homme sur ses marques, qu’elle s’empresse alors de cacher en tirant sur ses manches longues alors qu’il se présente à son tour.

« -Ravie de vous connaître, Max. » Le sourire de la jeune femme se veut rassuré, alors que la vision de ses marques apparentes la tourmente un peu. Elle n’aime pas qu’on les voit, pas encore. Cela ne fait que quelques semaines qu’elle est libre, et il faudra plus de temps à son organisme pour se remettre complètement, certaines blessures parmi les plus graves ne sont qu’en voie de guérison, et donc encore particulièrement sensibles. Lorsqu’elle lui demande s’il est Asarien, mue par une intuition, Alexandra a la surprise d’entendre la confirmation arrivait. Elle avait donc bien cerné
cet homme, qui pourtant ne chercher pas à la rabaisser, à lui donner des ordres. Au contraire, il se montrait gentil, avait rendu son bracelet à un humaine…

Max n’en reste pas là et pose à son tour quelques questions à l’humaine qui se raidit instinctivement. C’est viscéral chez elle, mais elle demeure immobile, calme d’apparence. Seul le sang battant plus vite en ses veines pourrait alerter une ouïe fine sur son stress.

« -Je viens de passer une année d’enfer entre les mains d’un Ancien cherchant par tous les moyens à me briser corps et âmes. C’est devenu instinctif, je sens lorsqu’une personne est Asarienne ou humaine. Peut-être mon observation qui s’est affinée au fil des jours… Je n’en sais trop rien. Mais depuis que j’ai recouvré la liberté il y a de cela quelques semaines, j’ai un besoin viscéral de me tenir loin des vôtres, même si je dois à présent considérer tous les Insoumis comme des frères et sœurs… C’est trop tôt encore. Je ne voulais pas me montrer indiscrète. »

La jeune demoiselle garde une voix posée, demeure vigilante à son environnement, sachant qu’avec la vitesse commune à tous les Asariens, elle n’aurait aucune chance de fuite s’il lui voulait du mal. Mais bizarrement, elle ne ressentait pas d’attentions malsaines de la part de son interlocuteur. Elle n’avait jamais parlé autant, aussi librement avec l’un des longues-vies.

« -Je ne suis pas partie plus tôt parce que je n’aime pas fuir si je peux faire autrement. J’ai appris que la meilleure défense était encore l’attaque, c’est ce qui m’a permis d’être toujours en vie. Ce n’est que le manque d’alcool qui a embrouillé les idées de ces types. Mais il est vrai que j’ignore comment me défendre efficacement, d’où l’emploi hasardeux de la fourchette quand ils ont essayer de m’agripper. La fuite n’aurait pas été une solution. Je ne les aurais pas laissé aller jusqu’au bout de ce qu’ils prévoyaient, quoi que cela aurait été. Si j’ai survécu aux sévices infligés par l’un des Ministres Longues-Vies, alors je pouvais de loin me défaire d’imbéciles humains. »

Une lueur de défi brille dans les yeux de la brune qui s’est redressé inconsciemment au cours de son discours. Elle est fière et droite malgré les souvenirs douloureux qui s’emmêlent dans son esprit. Elle est encore là malgré tout cela, elle compte bien en profiter.

« -Vous êtes bien différent de ce bourreau que j’ai connu, à parler ainsi calmement avec l’humaine que je suis. Les altercations sont monnaies courantes, pour ce que j’en ai vue. Vous devez être l’un des rares à avoir vu ce qu’il s’était passé ce jour là, à vous en souvenir. Pourquoi vous soucier ainsi de moi ?? »

Un sourcil relevé en une expression amusé, la jeune femme ne peux s’empêcher d’aller plus avant dans la discussion, quitte à se faire rembarrer. Parler ainsi était une première pour elle, et elle ne pouvait faire autrement que de pousser un peu plus. Elle voulait comprendre. Pour panser ses blessures et avancer. Les Asariens pouvaient-ils vraiment être gentils, compréhensifs et non cruels et considérant les humains comme de la vermine à soumettre ??

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Plus elle lui parle, plus Max dévisage la brune. Car, avec ce qu’elle lui dit, elle est de plus en plus incompréhensible. Ses mots font sens, ce n’est pas là le problème. Mis bout à bout, ils forment même des phrase cohérentes. Mais… Que fait-elle ici ? Pourquoi ne pas avoir rejoint à la place le groupe des Rebelles ? Les sourcils de Max se froncent de plus en plus. Pourtant, sa voix reste très calme lorsqu’il s’adresse à elle. Presque douce. Mais elle est une sacrée curiosité à ses yeux.

- Il n’y a pas de mal. Après tout, c’est ce que je suis, et je ne cherche pas à m’en cacher. J’avoue tout de même que votre sens de l’observation est remarquable.

Un compliment, à une humaine ! Voilà qui lui aurait écorché les lèvres quelques mois plus tôt. Mais là, il est bien obligé de reconnaître cette capacité à Alexandra. D’autres l’ont traité comme un humain pendant des semaines sans se douter de rien.

- Il est triste que vous l’ayez développé dans de sinistres conditions.

Il pense chaque mot. Vous l’avez déjà lu. Il ne pense pas que les humains méritent d’être maltraités. Soient-ils une race inférieure. Il n’a jamais vu la même chose que sur les poignets de la jeune femme. Ses esclaves étaient physiquement bien traités, et on ne montre pas les victimes de sévices lors des galas. Chez ses amis, ou même chez Sélène. D’accord, il ne regardait pas les esclaves chez Sélène.

Ce qu’Alex lui dit… Un jour peut-être, il se montrera curieux et lui demandera plus de détails. N’y voyez pas ici une curiosité morbide. Mais il souhaitera, un jour, mieux la connaître, appréhender son histoire pour la comprendre. Et en commençant ses questions, il s’intéresse à la raison pour laquelle elle est restée. Nouveau coup derrière la nuque à la fin de son discours. Il ne sait pas à qui elle a appartenu, mais ce type mérite de connaître au moins la moitié, sinon le double de la souffrance qu’il a fait connaître à cette fille. Elle qui semble si… fragile, derrière ses paroles.

- Il faut que vous appreniez alors. A vous défendre. La fourchette, c’est pas mal, mais un asarien… Vous avez l’air forte. Il faut que ce soit vrai, tout le temps.

Elle risque sinon de se faire manger toute crue au fond des Abysses. Tout comme la plupart des humains en ces lieux qui ne se défendraient pas assez bien. La plupart des Insoumis sont des criminels. Tous ne sont pas innocents des crimes dont on les accuse. Remettant ses mains dans ses poches, Max regarde toujours Alexandra avec autant d’intensité. C’est plus fort que lui. Il n’en est pas amoureux. Et il n’a pas non plus envie de la mettre dans son lit. Chose qui, pour une fois, n’a rien à voir avec son statut d’humaine. Non c’est assez étrange en fait. Et c’est peut-être parce qu’il ne se l’explique pas qu’il est si curieux d’apprendre à la connaître. Tout comme elle aimerait bien savoir ce qui le pousse à lui parler ainsi. Surpris, Max change alors d’expression, du tout au tout. Comme un gamin pris avec la main dans le bocal à biscuits. Je sais, personne n’a plus ce genre de chose chez lui aujourd’hui. Détail. Revenons-en à Max. Il hausse nonchalamment les épaules pour répondre.

- Je ne sais pas. Je ne suis pas là depuis longtemps, alors chaque prise de bec me paraît toujours étrange. Chez moi… Ça n’arrivait pas, ce genre de chose. Enfin, pas sans une raison politico-financière, et c’était bien plus propre qu’ici quand ça arrivait.

Il a repris son expression étrange. Comme s’il observait quelque chose –ou en l’occurrence quelqu’un !- d’à la fois étrange, particulier, et en même temps tellement fragile et joli… On pourrait presque se dire qu’il est en train de se demander quoi faire ou penser d’elle. En tout bien tout honneur, s’il vous plaît.

- Les accrochages ici sont réguliers. Mais les parties sont équilibrées d’habitude. Deux types ayant trop bu ma première semaine, un homme et sa femme jalouse la semaine d’après… Et en général, c’est assez… Disons justifié. Pour ce que j’ai vu. Vous… C’était injuste. Gratuit et injuste.

Le sens de la justice de Max s’est particulièrement affuté depuis qu’il est parti de chez lui. Asarien de naissance, il s’est toujours considéré supérieur aux humains. Cette vision a pris un sacré coup lorsqu’il s’est retrouvé à mendier et qu’il a trouvé asile chez des humains. Aujourd’hui, en pleine rébellion contre ce qu’il était autre fois, contre cette supériorité pensée, il ne peut que voir d’un très mauvais œil ceux qui se croient tout permis. Soient-ils humains. L’égalité, nouveau concept fort pour Max. C’est peut-être pour cela qu’il trouvera sa place très vite chez les Insoumis. Il se rend soudain compte de la manière dont il dévisage Alexandra depuis un moment maintenant.

- Euh, désolé… En fait… Vous me surprenez, vous aussi. A être si calme. Je ne vous connais pas. Je ne connais pas votre histoire plus que ce que vous venez de m’apprendre. Mais… J’ai l’impression... Que vous en avez suffisamment bavé pour le reste de votre vie. Je comprends que les Insoumis puissent vous permettre de sortir de ça. Et vous m’avez dit ne pas supporter la présence… Notre présence. Mais vous n’avez pas l’air… En colère. Même avec ces types. Comment faites-vous ?

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Alexandra ne sait pas vraiment pourquoi elle se dévoile ainsi, à parler avec cet homme, cet Asarien aussi calmement alors que sa réaction instinctive a toujours été de fuir, de se tenir loin des longues-vies, que ce soit au temps d’avant sa captivité, ou celui de se liberté récemment retrouvée. Cela s’était même accentuer, question de survie. Elle tente de s’expliquer sur la manière dont elle avait deviné que Max était non humain, le pourquoi de cette observation… Mettre des mots sur une chose qu’elle fait inconsciemment est un exercice assez délicat, mais elle semble se faire comprendre, malgré tout.

« -J’ignore si c’est vraiment un sens de l’observation pur, ou un simple instinct de survie, Max. C’est une chose viscérale, qui m’a sauvé la vie, avant que je ne tombe sur cet Ancien m’ayant asservi, évidemment. »

L’humaine sourit plus doucement, apaisée, en quelques sorte. Cette conversation pourrait-elle être le point de départ d’une autre vision des relations entre humains et Asariens ? Elle ne le saurait qu’après plusieurs semaines, mois, lorsqu’ils deviendraient frère et sœur de cœur, alors qu’à l’instant actuel, elle ne peux imaginer une telle chose, pas avec ce qu’elle a subit….

« -Je l’ai toujours plus ou moins eu. Mais il s’est remarquablement affiné depuis ma libération. Une sorte de radars interne m’alertant d’un danger possible et évitable, je pense…. Mais je ne veux plus avoir peur, je dois aller vers les autres, parler, tenter de comprendre. C’est la seule manière dont je dispose pour aller de l’avant et construire un avenir sans souffrance. Je ne veux pas que ce bourreau ait un tel impact sur moi que même libérée de mes chaînes, je reste apeurée par les Asariens. Ici, je saurais faire la paix avec ces souvenirs, et apprendre à vivre autrement. »

Elle parle alors des raisons l’ayant poussé à ne pas fuir aussitôt face à ces individus l’ayant abordé grossièrement, quelques jours auparavant, cette volonté de ne plus être régie par la peur, mais plutôt de faire face. Max semble la comprendre, mais elle convient que la fourchette était un moyen de défense illusoire, efficace contre un humain, inutile face à un Asarien…

« -Il faut que j’apprenne à me défendre un minimum, en effet. Je sais que je n’aurais fais le poids face à aucun Asarien, auquel cas, j’aurais pris mes jambes à mon cou, pour me terrer dans un coin, ou demander de l’aide… On a pas réussi à me briser, donc j’imagine que je dois avoir une force cachée, quelque part… Mais le combat n’est pas mon moteur. Je préfère aider les personnes que les combattre, soigner plutôt que blesser. Mais pour préserver mon intégrité, cela s’avèrera sans doute nécessaire que je sache comment me battre correctement. »

Elle est fière, en cet instant, droite et une lueur de défi dans le regard. Elle ne se laisse pas abattre, préférant vivre la vie comme elle le peut, se battant au quotidien s’il le faut pour sa liberté. Une chose certaine, elle ne reviendra jamais dans les chaînes, la liberté avait un goût bien trop enivrant pour qu’elle y renonce d’elle –même. Alors oui, si elle devait apprendre à se battre, elle le ferait. Certains ne verraient en elle qu’une humaine soumise et obéissante ? Sans doute, mais derrière ses allures dociles, se cachaient une volonté de fer, une louve prompte à protéger les siens si on la contrarier. Elle avait déjà aidé quelques femmes, ici, importunées par des malotrus qui se croyaient tout permis. Les règles n’étaient visiblement pas encore toutes intégrées par tout ce beau monde mêlant des ennemis héréditaires, à qui on apprenaient à haïr le peuple adverse. Il leur faudrait pourtant faire table rase et aller de l’avant. Ensemble.

Il l’a regarde intensément, pendant qu’ils conversent l’un et l’autre, apprenant un peu à se connaître mutuellement, ne sachant alors pas que ce sont déjà les prémisses d’une grande amitié l’un envers l’autre. Max change d’expression, comme pris en faute, lorsque la jeune brune fait remarqué qu’il semble différent des Asariens qu’elle a pu connaître, parlant calmement à une simple humaine, sans chercher à se faire obéir ou autre. Alex sourit amusée, lorsqu’il s’explique quant aux raisons qu’expose Max.

« -Il faudra du temps pour qu’Asarien et humains mettent leurs différents de côtés. D’où les altercations, en effet. D’un côté, les Asariens considèrent les humains comme de la vermine à écraser, humilier et prêts à obéir aux ordres… Les humains ont toujours vécues dans la haine des Asariens, la peur de leurs pouvoirs, la révolte face à l’esclavage… Seul le temps peut combler ces jugements inculqués depuis des générations. Certains ici ne voient plus les embrouilles ayant lieu, l’habitude les rends aveugles et sourds aux tensions. »

Les mots de Max prennent alors sens à l’oreille de la brune… Qu’est-ce que ?...

« -Qu’entendez vos par acte injuste et gratuit ?? Pour moi, ils étaient lubriques et cherchaient à m’isoler dans un coin pour sans doute me violer….Vu leurs regards, ils ne me semblaient pas penser à plus que cela… Ils prévoyaient autre chose ?? Auquel cas, comment pourriez vous le savoir ? Grâce à vos pouvoirs ?? »

Sourcils levé, la jeune femme est surprise, curieuse. Mais elle ne se sent toujours pas acculée par la présence de l’Asarien face à elle. Ce qui était étrange, mais elle ne s’en soucierait sans doute que plus tard, toute à sa conversation en cours.

« -Pourquoi serais-je en colère ? Un seul Asarien m’a asservi, un seul homme mérite ma colère et mon désir de vengeance. Pour ce qui est de ne pas supporter la présence des Asariens… C’est une manière défensive de rester en vie. Je ne veux pas revenir dans les chaînes de la souffrance. Mais vous me démontrez vous-même que parler avec les vôtres est faisable sans peur. La preuve s’il en ait besoin, de notre discussion. Je ne ressens nulle peur, nulle aversion envers vous, juste de la curiosité. Donc tout n’est pas perdu, je peux changer de point de vue. Etre en colère contre les Asariens serait inutile, ils sont élevés depuis toujours avec cette conviction que les humains ne sont que du bétail, tous devons changer d’attitude envers les autres. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons évoluer. Pour ce qui est de ceux ayant failli m’agresser, ils manquaient de vin, et un jour, ils s’en prendront à une femme sachant se battre qui leur mettra une sacré raclé, leur apprenant à respecter la gente féminine, du moins je l’espère…. Ca leur remettrait à coup sûr les idées en place non ?? »

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Décidemment… La force morale d’Alex laisse Max sur le carreau. Il a toujours pensé que tous les humains devaient, s’ils étaient capables de pensée libre, les détester. Voyez les choses du point de vue d’un jeune héritier asarien. Toute votre vie, depuis votre naissance, on vous apprend que les Hommes ne sont encore sur Terre que pour vous servir. Qu’ils sont une race inférieure qui ne mérite pas de considération. Ils ne valent plus qu’un autre animal qu’à cause de leur prix au marché. Alors, forcément, même en ayant découvert qu’ils sont plus développés que ce que l’on a bien voulu lui faire croire dans le dôme central, découvrir Alex est vraiment incroyable.

- Soigner… Vous soigneriez… Un asarien ?

Car, après tout, si elle se dévoue aux soins chez les Insoumis, ce cas se présentera forcément à elle non ? Impressionné, Max ne peut que commencer à réellement respecter cette jeune femme.

Alex livre alors un sacré discours sur la tolérance et les individualités. Cette notion manque à Max. Il l’apprendra bientôt, auprès des Insoumis et d’Alex. Mais pour l’instant, l’état d’esprit de ce groupe ne lui est pas encore familier. Il se retrouve propulsé ici, et toutes ses habitudes de pensée sont clairement mises à mal. La fin de la supériorité des asariens, appelée égalité des individus. Et surtout, un climat certain de paix. Relative. Les Insoumis ne sont pas, à l’inverse des rebelles, déterminés à exterminer qui que ce soit. Ce qu’ils veulent, finalement, c’est qu’on leur fiche la paix. Et Max a beaucoup de mal avec ce deuxième point, lui qui en veut tellement à celui qui l’a privé de sa vie. En posant la question de la colère à Alex, Max ne s’attend pas à se retrouver face à une autre question. Un tas d’autres questions.

- Euh… Je… Je suis télépathe. Il lève une main, comme pour se défendre d’un coup invisible. Coup qui ne viendra jamais. - Seulement quand je le désire. Je… Je ne vous ai pas espionné. Jamais.

On peut se demander, voyant que Max est d’un naturel plutôt curieux, pourquoi il ne se balade pas en permanence avec son don allumé. Outre le coût en énergie et les migraines carabinées qu’autant de bruit pourrait lui provoquer, il a appris à ses dépends qu’il ne valait mieux pas. La télépathie est un art qui s’apprend. Auprès d’un autre télépathe. Lorsqu’il a développé ce don, le jeune asarien s’est évidemment bien amusé à épier toute personne passant dans son rayon d’action. C’est lorsque son tuteur l’a ridiculisé en dévoilant en public ce qui lui passait par la tête devant une jeune femme ravissante qu’il a compris la leçon.

- J’ai vu ce qu’ils voulaient. Ce n’était pas… Pas seulement. Vous…

Il baisse la tête un instant. Revoir ces images le dérange clairement. Ce n’est pas juste de la colère qui monte en lui, mais un sentiment plus proche de l’angoisse. Allez savoir pourquoi. Mais s’il ne les avait pas rattrapés, et si Alex n’avait pas été capable de leur mettre une raclée… C’est horrible de penser ça, mais le viol aurait été le cadet des soucis de l’humaine. On ne laisse pas de trace lorsque l’on vit en communauté. Il ne comprend pas qu’elle ne soit pas en colère. Contre ces types. Contre la race asarienne. Il se met à sourire au fil de la réponse de la brunette. Prends toi ça dans les dents Max.

- Vous m’impressionnez. Sincèrement. Beaucoup d’asariens de ma connaissance auraient à apprendre de vous Alexandra.

- Pardonnez mes questions intrusives… Mais, les seuls humains libres que j’ai croisés… Eh bien je suis heureux qu’ils ne m’aient jamais découvert asarien. Je pense que j’aurais pu servir de dîner dans le cas contraire. Et je croyais… Les asariens… Non, il ne va pas se dédouaner. Il est aussi coupable que tous les autres. - Nous asservissons les vôtres depuis des décennies. Je suis surpris que vous ne partagiez pas la même vision des asariens.

Depuis qu’il est seul, Max a découvert les humains. Ce qu’ils sont. Rapidement. Mais il est encore un profane dans ce domaine. Il n’a jamais fréquenté d’humain. Jamais plus d’un repas. Alors, il a encore tout à apprendre d’eux. Et il commence, avec Alex, à se dire que cela en vaut la peine, et qu’il ferait bien de prendre le temps de le faire.

Invité

Alexandra est curieuse de savoir jusqu’où cette conversation inhabituelle pourrait mener. Elle n’a pas l’habitude de parler ainsi, de se confier à un homme, encore moins un Asarien. Avant d’arriver dans les Abysses, elle aurait pensé la chose impossible, et pourtant… Elle était là, dans une des salles communes, face à Max, à jouer à un jeu de questions-réponses pour le moins inattendu. Elle se confiait sans crainte, portée par la curiosité face à cet Asarien pas comme les autres.

« -Oui, si un Asarien venait me voir, je le soignerais, s’il le veut bien, évidemment. Je ne veux plus avoir peur à cause de mauvais souvenirs. Je n’ai pas le droit de mettre tous les hommes, ou tous les Asariens dans le même panier à cause des exactions d’un seul d’entre eux à mon encontre. Je préfère juger au cas par cas. S’ils méritent mon aide, alors je la leur fournirais. Mais sinon, ils pourraient toujours se tordre de douleurs devant moi, je ne bougerais pas. Je ne suis aps suicidaire au point de soigner un Asarien qui me détruirait dès qu’il serait sur pieds.»

La jeune brune s’explique sur les raisons pour lesquels elle n’a pas fuis aussitôt, et cette idée d’apprendre à réellement se défendre qu’elle considère sérieusement à mettre en oeuvre, jusqu’à ce qu’une chose dite par son interlocuteur ne l’intrigue. Demandant des précisions, elle les obtient, écoutant attentivement Max.

« -Télépathe ?? Vous lisez donc dans les pensées des personnes vous entourant ? » La jeune femme s’interrompt lorsque Max lève une main, en un signe de défense, Alex le laissant alors continuer sa tirade. « -J’étais juste curieuse et non accusatrice, rassurez-vous. Je connais les pouvoirs comme la pyrokynésie, la maîtrise de l’électricité, de la glace. Mais pas celui-ci, il doit être contraignant à utiliser, non ?? Et merci pour votre franchise. Si vous deviez l’utiliser sur moi, en sentirais-je l’usage ? Ou cela serait totalement insensible, pour moi ? »

Alex ne put s’empêcher de questionner son interlocuteur sur l’emploi de son pouvoir. Elle n’en avait pas peur, savait instinctivement qu’il disait vrai. Mais elle voulait comprendre comment cela fonctionner, un minimum, du moins. Visiblement, ce que le jeune Asarien avait vu dans l’esprit de ces types le chamboulait encore. Cela devait être plus sinistre que ce que la jeune demoiselle avait pu penser. Fronçant les sourcils, sérieuse maintenant, elle réfléchissait.

« -Cela était bien pire que simplement s’amuser, alors ?? J’ai parcouru les couloirs sans m’arrêter, pensant les avoir semé, et je ne les ai plus croiser ensuite, ayant pris soin de changer de salle commune pour les repas… Cela vous affecte-il toujours autant, ce que vous pouvez voir ?? »

La jeune femme arrive néanmoins à redonner le sourire à l’Asarien, justifiant sa manière de voir les choses envers les hommes, les Asariens. Discuter ainsi lui fait du bien, lui permet de mettre du baume sur sa confiance en elle-même, et de penser à aller de l’avant. Elle pouvait également mettre des mots sur des notions qu’elle n’avait qu’instinctivement, sans jamais avoir chercher, jusqu’à présent à les préciser.

« -Les humains sont simplement aveuglés par la peur et la colère. Des décennies d’esclavage leur donne du cœur à l’ouvrage, de la rage de vaincre encore et toujours, ils deviennent solidaires entre eux, et cela mène à la révolte. Je sais ce dont les humains sont capables, et il est heureux que vous ayez réussi à dissimuler votre véritable nature. Pour ce qui est de la colère. Bien sûr que j’en ressent, surtout en ayant connu le joug de l’esclavage. Mais je sais que les Asariens ne sont pas tous pareils. Certains sont bons, ont certaines valeurs qu’ils respectent, et non complètement aveuglés par le pouvoirs et la puissance conférée par le SEER.»

Alex était consciente, qu’elle devait semblait bien étrange, à ne pas chercher la guerre à tout va, à être ainsi tolérante envers les Asariens, les hommes… Mais il en avait depuis toujours été ainsi, et ce n’est pas après toutes ses épreuves qu’elle allait changer.

«-J'imagine que je dois vous paraître bien étrange, à penser ainsi, je me trompe? Et vous, comment considérez-vous les vôtres? Quels sont vos pensées envers les humains?»

Invité

Au lieu d’être suspicieuse, Alex se montre très curieuse concernant la télépathie. Son ouverture d’esprit est vraiment épatante.

- C’est ça. Je peux entendre et voir ce à quoi les gens pensent.

Elle n’est même pas offusquée à l’idée qu’il ait pu se servir de ce don "contre" elle. Réellement remarquable. Les questions qu’elle soulève sont assez étranges à Max. Il n’y a jamais réellement pensé.

- C’est assez compliqué à gérer oui. Mais j’y arrive de mieux en mieux. Je ne sais pas si vous sentiriez l’intrusion. Je n’ai jamais demandé à ceux dont je voyais les pensées. Ils n’avaient pas l’air physiquement gêné, ni psychiquement au courant. J’imagine que le cerveau fonctionne un peu comme un ordinateur : c’est le pare-feu qui détecte l’intrusion et non le système d’exploitation lui même. Mais votre question est très intéressante…

Il aimerait bien tenter l’expérience de savoir si oui ou non, son don peut être perçu par ses cibles. Quelque part, il est persuadé que personne ne peut savoir, car lui même n’avait pas senti l’intrusion de son mentor.

Il est surpris que l’humaine cherche à en savoir plus sur ses agresseurs. Pourquoi vouloir savoir ? Cela ne peut rien lui apporter de bon que de savoir cela.

- Non, ce n’était pas du jeu pour eux. Vous avez raison de penser que les Asariens ne sont pas tous mauvais. Du moins, je l’espère. Comme les Hommes. Mais ici, il n’y a pas que des enfants de chœur.

Et elle n’a pas non plus besoin de comprendre toutes les retombées psychologiques sur Max, à chaque utilisation de son pouvoir. Vraiment pas.

- Ce n’est pas une question de télépathie. Je n’aime pas ce genre de comportement. Personne n’a tous les droits, surtout pas sur une autre personne. Si leurs intentions avaient été dites plutôt que pensées, le résultat aurait été le même.

Il ne veut pas qu’elle se doute. Qu’elle sache. En vérité, chaque image ou son qui s’impose à lui est toujours aussi délicat à gérer. Les images surtout, à cause de sa mémoire visuelle. Il en remarque les détails. Se souvient de chaque scène pendant un bon moment. Enfin non, ce n’est que très rarement agréable. Disons donc plutôt un long moment. Et comme, sous son air d’ours mal léché, Max est un garçon avec un cœur, finalement plutôt sensible, évidemment que chaque vision l’affecte. Il l’ignore encore, mais s’il se plongeait trop longtemps trop souvent dans la tête d’une personne, les dégâts sur sa personnalité et son intégrité pourraient être conséquents.

- Vous êtes en tous cas surprenante. Moi, je…

Il est un peu pris de court par les dernières questions d’Alex. Que pense-t-il ? De simples questions dont les réponses s’annoncent plutôt longues et peut-être barbantes. Il a fait ce travail d’introspection durant les mois de sa cavale. Il invite donc Alex à s’asseoir à une table non loin, et s’installe en face d’elle. Il baisse un peu le ton, n’ayant pas particulièrement envie que tous les Insoumis soient au courant. Il n’a rien à cacher, mais ce sont ses pensées. Le comble pour un télépathe non ?

- Je pense que les Asariens sont trop aveuglés par leur force, en effet. Nous avons tous oublié qu’à la base, nous sommes vos égaux. L’agent des Anciens les avait déjà rendus supérieurs et arrogants. Je ne pense pas que ceux que le pouvoir et l’argent n’intéressaient pas aient reçu le SEER. Le comportement des Asariens a manqué de détruire la planète, et la première chose qu’ils ont fait en installant Asaria a été de reconduire les mêmes erreurs. Je me demande s’ils réalisent simplement. Je ne les déteste pas. L’envie de les mépriser est assez pressante. Cela étant, je ne pense pas que ce soit dû à la… race. Le SEER, comme l’argent, n’ont fait que révéler la nature de ces Homme. Le reste, c’est un problème d’éducation. Et tous les Asariens ne sont pas détestables.

Loin de là. Son regard se perd un instant dans les lignes du bois de la table alors qu’il pense à Sélène. Elle lui manque tellement. Il aimerait tellement pouvoir lui faire face, lui dire tout ce qu’il ressent. Pour elle, mais aussi pour lui. Il a terriblement besoin d’elle. Il ne s’était jusqu’alors pas rendu compte de toute l’importance de cette femme. Il relève les yeux vers Alex pour continuer à lui fournir ses réponses.

- Mon sentiment envers les humains est différent, bien sûr. Et je suis désolé pour ce que je vais dire. Mais l’on m’a toujours appris que les humains n’étaient pas nos égaux. Qu’ils devaient déjà s’estimer heureux que les Asariens les utilisent à leur service, parce que c’était un honneur que nous leur faisions. J’ai eu des animaux mieux logés que les humains à notre service. Et c’était normal. Cela étant, je n’ai jamais eu l’envie… Aucun de mes esclaves n’a jamais subi ce que vous avez enduré. Je ne connaissais même pas le nom de chacun d’entre eux. Seulement ceux à mon service personnel, ou ceux proches de mes parents.

- Et puis, je suis parti. J’ai découvert que les humains ne sont pas sous-développés, comme on me l’avait toujours fait croire. Vous avez votre propre libre arbitre, vos sentiments, vos aspirations et votre sensibilité. Je ne m’étais jamais occupé de savoir cela. Cela n’avait aucun intérêt. Je pense que ma mère en avait conscience, c’était elle qui interdisait que l’on touche aux esclaves. C’était dans l’intérêt de ma famille que je ne le sache pas. Du coup, je me sens coupable d’avoir ignoré cela pendant des décennies. Certains Hommes ne valent pas mieux que les Asariens qui cherchent à les asservir. Mais vous avez au moins autant de valeur qu’un Asarien lambda. C’est assez difficile à réaliser et à accepter, finalement. Et j’ai honte d’avoir mis si longtemps à m’en rendre compte.

Parler autant lui a donné soif. D’un geste de la main, il demande un verre à un serveur, et propose d’un regard à Alex de boire à ses côtés. Ce qu’il lui plaira, alcoolisé ou non. Il a un geste vague pour désigner l’ensemble de la pièce.

- Tout ça… C’est très bizarre pour moi. J’essaye d’apprendre et de m’adapter. C’est franchement étrange. Vous êtes là depuis longtemps ?

Invité

Alexandra est bien plus curieuse que méfiante, envers l’Asarien avec lequel elle converse au milieu d’une des salles communes des Abysses. Elle pourrait effectivement se méfier, être distante et froide, mais à quoi cela lui servirait-il ? Sa captivité n’est dû qu’à un seul Ancien, et il n’est aps du genre de la jeune soigneuse de mettre tout un peuple dans la même catégorie sous prétexte que si l’un de ses membres peut être cruel, tous le seront obligatoirement. Alors elle parle, fait connaissance calmement. Elle se sent en sécurité, et se fit à son instinct qui ne l’a jamais trompé. Elle n’aurait pas suivi Adam aussitôt, ce jour là au marché si elle n’avait pas eu l’impression nette qu’il allait vraiment l’aider, la protéger de cet enfer dans lequel elle vivait. Elle ne l’a jamais regretté.

Lorsque Max lui signale qu’il possède le pouvoir de télépathie, la jeune brune le questionne, tentant de comprendre. Elle n’a été en contact qu’avec des pouvoirs physiques, la maîtrise du feu, de la glace, de l’électricité. Lire dans les pensées, ou tout autre pouvoir mental lui est inconnu et curieuse comme une pie, elle cherche à le comprendre…. Ses questions pourraient paraître idiotes, mais elle n’est après tout qu’une humaine, donc totalement néophyte. Bien que visiblement surpris, l’Asarien lui répond, et Alex enregistre ces informations reçues. Elle ne les oubliera pas, et lui évitera donc de reposer ces questions plus tard.

« -Désolée pour ces étranges questions. J’ai toujours été curieuse de connaître le fonctionnement de choses que je ne connaissais pas. Merci d’y avoir répondu. Une personne sensible, ou intuitive le pourrait peut-être… La télépathie permet donc d’entrer dans un esprit, et de lire les pensées… Existe –t-il des moyens de s’en protéger ?? Une sorte de porte mentale que l’on fermerait ou quelque chose de ce genre ?? »

Elle n’a rien à perdre à demander, après tout. La jeune femme réfléchit à tout cela. Y aurait-il possibilité, en effet, qu’une simple humaine comme elle puisse se protéger un minimum des intrusions non voulues ?? Qu’on lui en demande la permission, et elle l’acceptera sans doute, tant qu’elle a confiance dans la personne télépathe. Mais sinon, son esprit était un endroit privé, un havre où elle pouvait se réfugier, pour se ressourcer ou maudire quelqu’un…

« -Je sais que certains ici, Asariens comme Humains ne sont pas fréquentables du tout. Mais il nous faudra bien apprendre à vivre ensemble sans chaos. Se respecter et trouver des terrains d’ententes entre nous… Ce ne sera pas simple, mais nous devrons essayer. Cela vaudra de toute manière mieux que ce que la ville a à nous offrir. »

Max reprends ensuite sur les deux abrutis ayant importuné la jeune Insoumise. Plus la conversation se poursuit, et plus la jeune demoiselle sent qu’il est différent, et qu’elle a raison d’aller ainsi de l’avant.

« -Si je vous surprends en tant qu’humaine, vous, vous me surprenez en tant qu’Asarien. Peu de ceux ayant reçu le SEER et étant né de l’union de ces Premier considéreraient que personne n’a tous les droits, je pense. Les humains ne sont que du bétail voué aux plaisirs des Puissants, à la mort. Du moins est-ce le cas de ceux que j’ai pu croiser jusqu’à présent. »

Alexandra parle ensuite de ses convictions, envers les Asariens, envers les humains. La raison pour laquelle elle va de l’avant plutôt que d’être rongée par la haine et le désir de vengeance… Elle ne peut s’empêcher de questionner l’Asarien sur sa propre vision des choses. Max invite alors la jeune femme à s’asseoir pour continuer à parler, plutôt que de rester debout. Elle obtempère, souriante, prête à l’écouter. Ce n’est qu’en apprenant de l’autre, des individus qu’elle côtoiera qu’elle pourra panser ses blessures et véritablement se projeter dans l’avenir. Elle ne veut pas se cloîtrer dans son coin, isolée. Ce serait faire remporter une victoire à celui ayant tout tenter pour la briser, et elle ne le permettra jamais.

Le jeune homme parle de ses idées envers les Asariens. Sur cela, la jeune femme le rejoint volontiers. Elle ne peut cependant pas réprimer une légère grimace lorsqu’il aborde les humains. Mais cela est fugace. Elle l’avait prévu, mais c’était tout de même dur à l’entendre ainsi. Elle ne peut s’empêcher de jouer avec ses manches, pendant qu’il parle, mais elle l’écoute attentivement.

« -Ne soyez pas désolé. Même si vous avez été élevé dans ce mépris et cette puissance, vous ne suivez pas ces chemins. Les cicatrices de mes poignets ne sont pas grands choses. L’Ancien m’ayant asservi a voulu me briser, me détruire, mais il n’a pas réussi. Cela le mettait dans une rage noire qu’une faible humaine puisse faire un tel affront à l’un des siens, surtout de sa puissance. Les humains auraient été sous-développé, incapables de penser par eux-mêmes, ils ne pourraient pas se rebeller. Ils ne seraient que des esclaves sans âmes, prompt à obéir à n’importe quel ordre. Et le fait que les Anciens sous-estiment ainsi les humains les perdra. Tôt ou tard… »

Max appelant un serveur pour commander un verre, la jeune femme le suit et prends également une consommation. Parler autant lui a donné soif.

« -Je ne suis là que depuis deux ou trois semaines. Cela est étrange pour moi également. Mais j’ai retrouvé ma liberté et je compte bien en profiter. On doit être tout aussi dépaysé l’un que l’autre. Peut-être pourrions - nous nous entraider dans cette adaptation ?? »

Le serveur arrivant alors avec leurs commandes, Alex lève son verre avant d’en boire une gorgée. Les Insoumis lui promettaient bien des surprises….

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