(Abandonné) Finalisation du projet Multiple [Pv : Elijah]

Je suis issu d’une longue lignée d’une nation éteinte depuis de très nombreuses années. Mais j’ai gardé en moi l’éducation et les règles que l’on m’a enseignées. J’ai toujours eu cette soif du pouvoir et de l’ambition et durant l’époque de l’ancien monde, avant la terrible pluie de feu, j’avais même bousculé mon propre père sur son terrain pour le dépasser. J’ai fait mes premières armes dans le monde de l’argent. Je possédais de grands Casinos, des restaurants. Ma réputation n’était plus à faire jusqu’à ce que ces humains déclenchent les bombes atomiques et détruisent la Terre. J’ai tout perdu en quelques heures et comme beaucoup des Asariens, ma haine pour ces Etres inférieurs ne fit que grandir au fil du temps. J’ai accepté la proposition de la Grande Conseillère et Dirigeante de la cité, Alianka de Nephthys, lorsqu’elle mit sur pied le Conseil pour le gouvernement de cette terre d’accueil. Aujourd’hui, mes activités sont très éloignées de celles qui avaient fait jadis ma gloire. Je suis devenu le ministre du Développement Sanitaire. On pourrait penser que tout ceci n’a rien de bien exaltant mais détrompez-vous. J’ai le pouvoir d’un Dieu. Entre mes mains, j’ai accès à l’hygiène, à la santé publique et la sécurité sanitaire d’Asaria. Ce qi veut dire que je peux infliger tous les maux dans les bidonvilles, là où vit cette vermine humaine. Mon addiction pour le monde des affaires ne m’a jamais quitté et la preuve en est avec cette alliance que j’ai accepté avec la fille d’un Ancien, Lenora Fairchild. Cette jeune femme porte sur ses épaules frêles, l’héritage de son père tombé dans le coma à cause d’une conspiration de traitres. Elle a su vaillamment reprendre les rênes des affaires familiales et parfois, je rêve à ce qu’aurait été le rôle de ma fille à mes côtés. La chair de ma chair avait tout l’avenir qui s’ouvrait devant elle. Elle avait une place de choix dans la société d’un autre ministre, Kylian E. Wright mais un beau jour, elle disparut. J’ai longtemps cru que c’était le fait de l’un de ces groupes de parias qui gangrène la cité mais je ne pense plus cela depuis quelques temps. Je n’ai jamais reçu de demande de rançons ou de chantages. Rien. Camille Huyana avait disparu dans la nature, comme par enchantement, sans laisser aucune trace derrière elle. Mon instinct pourtant m’a toujours incité à croire en sa survie. Elle est là, pas très loin et un jour elle payera pour avoir Sali le nom de sa famille. Mon nom à moi !

Ma limousine traversa les boulevards déserts d’Asaria. A cette heure-ci, il était encore trop tôt pour contempler l’effervescence des Asariens et l’ampleur de la mégapole qui grouillait de société et d’établissements prestigieux. Je sentis le moteur ralentir jusqu’à s’arrêter totalement devant le lieu de mon rendez-vous matinal. Je fis signe de la main à mon chauffeur de rester à l’intérieur de véhicule et j’en sortis en réajustant mon long manteau noir. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres en levant ma tête vers cette grand voute de verre qui nous protégeait des rayons du soleil. Les générateurs d’airs et de climats s’employaient à claquer les températures extérieures à celle des dômes. Jake Brennan devait s’amuser comme un fou derrière ses écrans  et j’imaginais très bien que dans les bidonvilles, le froid devait être plus mordant et plus désagréable. J’imaginais déjà la neige, tomber d’ici quelques jours à l’approche des fêtes de fin d’année. C’était la grande spécialité du ministre de l’environnement.

Avant de m’engouffrer à l’intérieur du bar, je me retournai pour faire face au grand chantier quasiment terminé, en apparence qui se dressait devant moi. Le Multiplexe comprenant des salles de cinémas, de concerts et de théâtres prenait fin. Un an pour consolider le tout et le résultat était exceptionnel. Seuls manquaient les derniers détails que je devais voir avec ma partenaire du moment. Je poussai les portes et je fus réceptionné immédiatement par un serveur. Je n’avais pas besoin de ses services. J’avais déjà aperçu la jolie brune attablée devant son café, les yeux plongés sur son écran. Je commandai un café au jeune garçon, lui demandant de me l’apporter et je me dirigeai d’un pas rapide vers la table de l’Asarienne.  Elle redressa son visage vers moi tout en se levant de sa chaise. Ma main glissa dans la sienne y portant délicatement un baise- main. « Mademoiselle Fairchild, ravi de vous voir malgré le froid et l’heure matinale. Comment allez-vous ?»

Je me débarrassai de mon manteau, dévoilant la veste de mon costume découpé sur mesure dont j’ouvris les deux boutons pour prendre place face à elle. Le serveur arriva aussitôt avec mon café. « Mon café est déjà là. Vous savez que je ne perds jamais de temps. Nous sommes dans la dernière ligne droite de ce chantier. J’espère vivement signer les papiers aujourd’hui pour son ouverture.  Un an pour mettre au point ce petit chef d’œuvre. Il nous a fallu beaucoup de patience mais le résultat est là ! Les fêtes de fin d’année seront un véritable tremplin pour accueillir les clients et leur proposer des programmes fabuleux. »

Je bus une gorgée de mon café, reprenant le fil de mes idées : « Nous allons devoir nous concentrer sur la publicité avant tout. Tous les supports seront les bienvenues : magazines, journaux, radio, télévisons et le net. Nous allons faire de ce multiplex un vrai joyau ! Qu’en pensez-vous Mademoiselle Fairchild ? »

L’ambiance calme de ce bar était l’endroit idéal pour un rendez-vous aussi matinal. La population était à peine à son balbutiement à cette heure-ci, et on avait l’impression que le temps était figé avant que n’arrive la masse des citoyens actifs pressés par leurs horaires de bureaux. Si ma partenaire avait prévu sa tablette pour parfaire les dernières modalités, j’étais arrivé les mains vides.  J’avais appris à me servir de ma mémoire et lorsqu’elle me parla de son mail qu’elle m’avait envoyé quelques jours plus tôt concernant quatre boites de communication graphiques qui pourraient promouvoir la publicité de notre Multiplex. « J’ai les noms en têtes, oui. Je me souviens très bien de votre liste. Les quatre sociétés sont très réputées sur le marché pour m’être moi-même penché sur leurs parcours et leurs bénéfices actuels. Nous pouvons, effectivement, les mettre en concurrence. Nous leur donnons une directive, la même à chacune, et nous voyons ce qu’ils nous proposent, leurs idées, leur originalité, leur combattivité. Car il est facile de créer un plan publicitaire, de faire rêver le client, mais ils doivent être constants sur plusieurs mois, voir plusieurs années. Ce n’est pas juste pour quelques semaines. »

C’était, je pense, le meilleur moyen d’obtenir une publicité conséquente et professionnelle. La concurrence avait toujours beaucoup d’impact sur les personnes, et cela permettait de voir éclore de très bonnes conceptions.   «Je vous laisse leur envoyer un mail sur les différents points que nous voulons voir associer à notre publicité et nos objectifs prioritaires pour le lancement du Multiplex. »

Lenora Fairchild était dès plus douée dans ce domaine. Il n’y avait qu’à regarder son établissement familial pour s’apercevoir que c’était une femme d’affaires avisées et qui savait à la fois prendre de bonnes décisions et aussi prendre des risques. L’autre partie de ce tête à tête ciblée la décoration externe du bâtiment. Mon café dans une main, dans l’autre la petite cuillère pour mélanger le sucre et le nuage de lait, je désirai là aussi mettre les bouchées doubles pour que le Multiplex soit décoré quelques jours avant le réveillon de Noel. « Trop de décorations peuvent enterrer notre projet. L’énormité, le surplus, l’excès, l’extravagance, ça va un temps, mais il ne faut pas oublier que la cité a déjà revêtue ses habits de fêtes. Essayons donc d’être en harmonie avec Asaria. Mon idée principale est la suivante : tapis rouge sur les marches de l’entrée du Multiplex, illuminées par des spots de toutes les couleurs. Sapins de Noel de chaque côté de la montée. Une immense pancarte dotée d’une multitude de petites lumières, posée sur le devant du Multiplex. Elle prendrait toute la largeur et elle se verrait de très loin, de n’importe quel point, lieu de la cité, on saurait que là où ça brille, c’est la lumière du Multiplex. Sur ce panneau, une phrase du style : « Bienvenue dans la magie du Multiplex ». Nous pourrions dérouler aussi sur les façades, des immenses affiches des groupes qui se produiront en concert, des films et des pièces de théâtres présentés durant toute la période. »

Néanmoins, si nous étions plongés en plein rêve, il y avait un autre point tout aussi important que je voulais vérifier avec elle. « La sécurité du bâtiment et de nos clients est très importante. Les recrutements en matière d’agents ne sont pas encore terminés d’après le rapport que vous m’avez envoyé. Il nous manque deux chefs de la sécurité. Il y en a trois, mais ce n’est pas encore suffisant pour ouvrir les portes du Multiplex. Chaque chef aura son terrain à surveiller  et ses hommes: l’entrée des artistes, les salles de cinéma, les salles de concerts, les salles de théâtres, et les restaurants. Nous devons être très vigilants sur ce point. »

Je me reculai contre le dossier de ma chaise, terminant mon café. « La publicité autour du Multiplex va attiser les Rebelles. Il faut éviter que ces insectes ne puissent atteindre la première marche de l’entrée. J’ai pu lire aussi que vous aviez recruté plusieurs génies en informatiques. C’est très bien ! Evitons de nous faire pirater. »

Elijah savait parfaitement qu’un homme et une femme n’avaient pas toujours les mêmes idées. Une femme d’affaires était plus soignée, plus distinguée là où l’homme d’affaires serait plus rigoureux voir même plus autoritaire. Lorsqu’elle émit son opinion sur la fameuse grande pancarte, il ne put s’empêcher à cette réflexion. Il caressa sa barbe de quelques jours, observant la belle Asarienne qu’il avait face à lui. « Vous avez raison Mademoiselle Fairchild. Je me suis laissé déborder par toute cette effervescence et l’envie de voir le Multiplex ouvrir ses portes. On peut la retirer. D’ailleurs, je vous laisse carte blanche pour toute la décoration. Une femme est toujours plus douée dans ce domaine qu’un homme. C’est un terrain où je pêche énormément. Quant aux affiches des groupes, des pièces de théâtres et des films qui seront joués, oui, je pense que cela est même nécessaire d’appâter à la fois nos clients sur la diversité de nos prestations et de faire de la publicité pour nos célébrités. »

La question la plus primordiale arriva dans la conversation : celle de la sécurité, à la fois, du bâtiment et de tous celles et ceux qui viendront trouver du plaisir et prendre du bon temps en ces lieux magnifiques. L’Ancien laissa son interlocutrice s’expliquer sur sa façon de procéder pour recruter des chefs de la sécurité. Il n’y aurait pas un seul homme chapotant des centaines d’agents, il y aurait un chef par secteur qui serait responsable de ses agents et de la bonne application de la surveillance et du bon fonctionnement du Multiplex. Il en manquait deux pour parachever le tout. « Vous êtes efficace jusqu’au bout des ongles, Mademoiselle Fairchild. Je vous fais confiance pour le recrutement des deux derniers chefs de la sécurité qui nous manque. Quant à mes compétences pour vous envoyer des hommes d’une efficace redoutable, ceci est ma botte secrète. N’oubliez pas que je suis ministre et que je côtoie de nombreuses personnes. Il m’est alors facile de trouver les perles rares. Il suffit de motiver les gens. C’est ainsi que marche le monde des affaires depuis toujours. »

Les cafés terminés, ils se redressent ensemble de leurs chaises, se rhabillant pour affronter le froid de l’hiver. Il enfila son manteau, nouant son écharpe autour de son cou. Elijah ouvrit la porte du café et  au même instant, le vent glacial de l’extérieur lui chatouilla le visage. Il laissa passer par politesse la belle Asarienne et ne perdirent pas de temps à rejoindre le Multiplex qui se dressait précisément de l’autre côté du boulevard. Plus aucune bâche ni d’échafaudage venaient ternir la façade visible du Multiplex. C’était déjà une bonne chose. Par contre l’intérieur, il y avait encore des ouvriers  un peu partout, qui fignolaient les derniers détails et les derniers assemblages. Hier, il y avait eu la livraison des banquettes pour le bar principale et les employés travaillaient à mettre tout en place. Cela prenait forme de plus en plus et le ministre Huyana ressentait un immense plaisir de voir une envie se concrétiser de la sorte. « Le bar est bientôt terminé. On peut passer dans les deux salles de restaurants si vous voulez ? D’après les rapports que j’ai reçu, ils avaient terminé d’installer les tables et les chaises. Toute la vaisselle a été reçue elle aussi sans aucune casse ni aucun oubli. Les deux chefs nous attendent pour nous montrer leurs cartes et leurs spécialités. C’est l’occasion d’avoir un avant-gout de ces mets délicieux. »

Ils prirent tous les deux la direction non pas des restaurants, mais des bureaux. Les deux chefs les attendaient dans une salle privée qui servirait dorénavant aux entretenues, aux réunions avec le personnel de tout bord. « Messieurs, merci d’être venus. Nous avons hâte de découvrir vos menus et vos petites surprises que vous nous avez concoctées. »

Tout le monde s’assit autour de la table et le premier chef leur distribua une ébauche de sa carte. Cet homme avait en charge le restaurant des spécialités françaises. Il commença à énoncer ses entrées. Elijah et Lenora étaient tombés d’accord sur le nombre des plats à offrir aux clients : trop de plats et d’entrées ne seraient pas aussi rentable au niveau de la marchandise à acheter pour le début. Plus tard, peut-être après plusieurs mois d’ouvertures, les chefs pourraient proposer des nouveautés.