(Terminé) Visite inattendue [Adora]

Grande Conseillère de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

J'étais seule dans la salle de vision conférence, en direct du Centre de Recherches, le ministre Grégory Nicholson, père de ma jolie nièce, m'expliquait les dernières avancées sur le projet des bio nanites. Les premiers cobayes humains paraissaient bien accepter ces corps étrangers dans leur organisme qui leur conféraient la particularité d'être plus résistants. Beaucoup de soldats étaient des humains. Une partie de cette vermine avait compris qu'il était plus favorable à leur existence de nous servir que de vouloir s'opposer à nous. Pour le moment, cette étude demeurait secrète bien que la journaliste, dans son flash d'information, avait eu la langue bien pendue, tellement qu'elle avait été virée quelques heures après, de son poste. Une manipulation mentale nous avait permis de lui effacer les souvenirs concernant notre nouveau programme. Les ordinateurs mis sous scellés, n'avaient rien donné. Beaucoup de scientifiques travaillaient dans des conditions secrètes et, la liste de tous ces noms ne donnait rien de très concluant aujourd'hui. Je remerciai Greg pour ces nouvelles informations et, j'éteignis l'écran vidéo. Ce projet était un véritable petit bijou : faire des humains, des pions sous notre contrôle avec en prime une durée de vie d'une année. Ainsi, on se débarrassait de ces insectes rapidement après qu'ils nous aient servis.

Je sortis de la salle et, mon sourire sur mes lèvres, en disait long sur mon humeur du moment. Je traversai le long couloir de l'étage, le bruit de mes talons aiguilles étouffés par la moquette d'un marron très clair qui apaisait l'immensité de cet espace au dernier étage de la tour gouvernementale. Le personnel s'activait comme chaque matinée à organiser les différentes réunions et rendez-vous des ministres qui possédaient leurs bureaux ici-même. Les secrétaires me saluaient, certaines derrière leurs ordinateurs, d'autres courant d'un bureau à l'autre pour répondre aux moindre désirs et ordres, transférant des dossiers et des rapports. Un jeune homme distribuait le courrier et, il me tendit, presque timidement plusieurs enveloppes. Mon assistante personnelle Marissa, m'intercepta avant que je ne referme la porte de mon bureau personnel, lui donnant le courrier qu’elle traiterait à ma place.

- Madame la Grande Conseillère, le service de l’accueil vient de m’appelle, votre nièce est en bas et elle désire vous voir. Les agents de sécurité ont appliqué les consignes à tout le monde. Aucune dérogation sans votre accord.

- Oui, oui, ils ont bien fait. Ce sont les ordres que le ministre Van Brënner a donné. Il y avait beaucoup trop de visiteurs dans nos locaux. Nous ne pouvons, nous permettre toutes ces allées et venues sans une surveillance bien accrue. Faites la monter et guidez-là vers mon bureau.

- Euh … Madame … elle est accompagnée d’un humain. L’hôtesse ne m’a pas donnée d’autres détails sur cette personne.

- Hum… Demandez à l’un des agents de l’accompagner, si elle a besoin d’aide. Je verrai avec elle une fois qu’elle sera là.

Je refermai la porte, réfléchissant à ce qui pouvait bien amener Adora à la tour. Son père travaillait soit à l’hôpital en tant que directeur ou alors au Centre comme à l’heure actuelle. Je m’installai dans mon fauteuil, ouvrant la boite aux lettres de mon ordinateur et cherchant les nouveaux mails que j’avais reçu durant la visio-conférence avec Grégory. Des bruits et surtout des voix me parvinrent alors subitement. Une sorte de brouhaha qui contrastait avec le calme de l’étage. Je restai perplexe à cette scène. Mon assistante ouvrit la porte et, j’arquai un sourcil devant l’apparition de ma nièce suivie d’un humain qui s’agitait, essayant de s’échapper et, de l’agent de sécurité.

- Bonjour Adora. Qu’est ce qui t’amène en ce début de matinée et avec un insecte de la sorte ? Si c’est un cadeau pour ton père, il n’est pas ici. Que puis-je faire pour toi, ma chérie ?

Je fis un signe de la main à l’agent qui tenait fermement l’humain par les menottes, excédée par cette ignominie devant moi.

- Vous ! Vous me le conduisez ailleurs pour le moment ! Je n’ai aucune envie de subir ses jacassements inutiles.

L’homme de la sécurité acquiesça et, repartit avec l’humain tandis que Marissa fermait la porte. La tranquillité du lieu était enfin revenue pour mon plus grand bonheur. Je poussai mon fauteuil du bout de mon pied, me redressant pour accueillir chaleureusement ma nièce que je serrai dans mes bras. Je l’invitai à me suivre dans le coin détente, nous asseyant toute les deux dans le divan.

- Avec toute cette agitation, je ne t’ai pas demandé de tes nouvelles : comment vas-tu ? Veux-tu une tasse de café ou un jus de fruit ?

Invité

I'm bitch, I know.

- Abruti ! Rrrh, tu sers vraiment à rien toi…

Cela n’était pas la première fois que ce débile cassait une assiette. Je l’avais laissé faire ma vaisselle, je l’avais regretté. Cet humain était jadis membre de la rebéllion, je l’avais capturé en train de poser des bombes en ville et depuis il demeurait mon esclave. Cependant, il n’était vraiment pas doué et ne semblait même pas être en mesure de tenir son propre sexe dans sa main. J’étais à deux doigts de le balancer à ma tante qui, farouchement anti-humains, et me faisant bien confiance, ne m’aurait pas demandé de preuve. Après tout, je ne prenais pas n’importe quel humain en esclavage, je les capturais « libres » en ville, plutôt qu’en acheter au marché des esclaves. Ainsi, même s’ils étaient un peu moins obéissants, j’avais souvent des moyens de pression sur eux pour les garder enchaînés.

- Excusez-moi Mademoiselle Nicholson, je…

- Non ! Tu n’as aucune excuse, j’en ai marre de toi ! Tu es inutile et stupide.

Me levant de mon canapé, je saisis mon téléphone portable dans mon sac et fouillai à l’intérieur. J’attrapai dans le même temps mon esclave humain par la nuque, le forçant à s’approcher de moi pour regarder la vidéo que j’avais mis sur mon téléphone. Celle-ci portait les preuves –si ma tante me les réclamait- incriminant cet humain dans le posage de bombes. Je sentis ses frissons dans sa nuque ce qui m’arracha un petit rictus machiavélique.

- Tu m’as déçue trop de fois. Je trouverai facilement un autre esclave. Mets tes mains derrière ton dos.

Il refusa d’un signe de tête. Fronçant les sourcils, je lui mis une gifle des plus fortes qu’il m’ait été donné d’infliger, avec le revers de la main. Déjà bien torturé physiquement, il n’eut pas la force de tenir sur ses jambes et se retrouva au sol.

- Tu es faible, et tu oses contredire mes ordres ? Pathétique créature…

Je le relevai brutalement par le bras et le jetai sur le canapé. Je lui intimai d’un signe de main de ne pas bouger. Je partis chercher ma veste de fourrure que j’enfilais en revenant vers lui. Je mis mon téléphone dans ma poche et saisis mon sac ainsi que le bras de mon esclave. Je n’écoutais guère ses plaintes qui m’étaient futiles, je pris la direction de la tour gouvernementale où était sûrement ma tante. Elle ne cracherait pas sur la condamnation à mort d’un prisonnier humain, je pense… Alors que je marchais, le regard droit devant moi, l’humain pensa que me payer changerait ma décision, il me proposa son argent, celui qu’il avait sur lui, ainsi que sur son compte bancaire. Et ce en présentant sa carte bancaire et des billets devant moi. Je fronçais alors les sourcils.

- Tu crois que tu peux m’acheter ? Tu sais, je pense bien que tout s’achète avec de l’argent, mais c’est valable pour les asariens. D’ailleurs, je suis étonnée que tu aies un compte bancaire, tu n’en as pas besoin !

Je me saisis malgré tout de ce qu’il me tendais, et je mis le tout dans mes poches. Il soupira, n’ayant plus de monnaie d’échange, il se mit à se débattre beaucoup plus rudement. Je lui fis alors une clé de bras et il se calma rapidement, n’ayant pas envie de se le casser. Je rentrais alors à l’accueil de la tour gouvernementale et me présentais à l’hôtesse.

- Adora Nicholson. Puis-je voir la Grande conseillère ?

- Oh, vous êtes… Attendez, qui est-il ?

Je bloquais l’humain qui se débattait encore.

- Un colis. C’est tout ce dont vous avez besoin de savoir. Bref, vous pouvez me dire si elle est disponible ?

- Tout de suite, j’appelle sa secrétaire.

Elle saisit le téléphone de bureau alors que je fis signe à un agent de sécurité de venir. Je lui passais alors l’humain qui tenta de s’échapper, l’agent parvint cependant à le bloquer par le bras.

- Vous êtes plus aguerri que moi là-dessus, prenez le relais.

Je me retournais vers l’hôtesse qui m’annonça que l’assistante de ma tante serait là d’un instant à l’autre. J’acquiesçai alors en guise de remerciement et m’assis sur un siège en croisant les jambes. Ma tête se tourna vers l’agent qui maîtrisait un maximum le colis. Je remarquai alors l’assistante d’Alianka qui me fit signe de venir. J’en fis de même à l’agent en me levant, puis je montais avec l’assistante. Lorsque nous entrâmes dans le bureau, je saluais ma tante.

- Tante Alianka. Cet abruti est impliqué dans une tentative d’attentat à la bombe. J’ai une vidéo sur mon téléphone portable si tu le souhaites. Et… si tu te le demandes, je te rassure, mon téléphone a un code PIN, et il y a un autre mot de passe pour le dossier de la vidéo, ainsi qu’un autre pour la vidéo elle-même. Ces informations sont confidentielles, cela va sans dire. Je sais que ça pourrait donner quelques… idées à certains.

Elle donna l’ordre à l’agent de sécurité d’emmener la vermine ailleurs puis, une fois seules, me proposa que nous allions nous asseoir dans le coin détente. J’acceptais et m’assis avec elle sur le divan luxueux, en croisant encore une fois les jambes. Être sa nièce accordait parfois quelques avantages, de plus, elle était mon exemple, l’apogée d’un style parfait et d’un gouvernement à l’autorité incontestable et légitime. La preuve de la supériorité asarienne . Devant elle, tu te soumets, ou tu meurs, en particulier si tu es humain, ou asarien pro-humain. Dans le cas contraire, étant partisan, il faut simplement suivre les lois. Comme dans tout gouvernement, évidemment.

- Je vais bien, et toi ? Je veux bien un thé s’il te plait. Concernant cet humain, je l’ai gardé en esclavage tout en veillant qu’il n’ait aucun contact avec l’extérieur sans mon aval. J’avais juste oublié de lui retirer sa carte bancaire, mais maintenant… In the pocket. Bref, de toute façon je ne crois pas que tu l’épargneras. Et ne t’en fais pas, depuis que je l’ai découvert, deux semaines environ, je n’ai pas été tendre avec lui, mais il était vraiment pas douée, il m’a saoulée. Mais je ne le protégeais pas, je savais qu’un jour il répondrait de ses actes, je voulais juste lui pourrir la vie un maximum.

Je marquais une légère pause.

- Tu sais que je ne prends que des rebelles en esclavage de toute façon, c’est moins onéreux même si j’ai de l’argent à revendre. Comme ça, ils ont une vie de merde avant leur mort, mais je suis vicieuse, pas tueuse, ce n’est pas mon rôle donc je participe comme je peux !

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Grande Conseillère de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

J’attendais l’arrivée imprévue de ma nièce dans mon bureau. Adora était certainement la seule personne, à part tous les autres ministres de mon gouvernement, à pouvoir me demander une entrevue sans rendez-vous quelconque, à me déranger dans mes réunions ou mes dossiers à n’importe quel moment de la journée. Cette jeune femme que j’avais vu grandir, et que j’ai pris part à son éducation lorsque son père veuf, paraissait déborder par son nouveau statut, était comme ma fille, ma propre chair, et j’espérai au fil de toutes ces années, qu’un lien important s’était imposé et façonné entre nous deux. J’aurai tant aimé que Gabriel, mon fils, puisse suivre les traces de sa cousine. Mais cela ne fut jamais le cas. Assise derrière mon bureau, je pouvais entendre un brouhaha singulier provenant du couloir. Au même instant, mon assistante personnelle, Marissa, ouvrit la porte, laissant passer ma nièce, un agent de la sécurité et ce qui avait tout l’air d’un humain. Peut-être bien son esclave ou alors un insecte qui s’était fait prendre par ma nièce. Les jacassements incessants de cette larve me donnèrent la nausée. J’ordonnai à l’agent de conduire ce moins que rien dans une autre pièce et de veiller sur lui jusqu’à ce que je sache ce qu’Adora me voulait. Il nous salua et s’exécuta avec la vermine. Une fois le calme revenu dans la pièce, je serrai la jeune femme dans mes bras, l’invitant à me suivre dans le coin plus intime de mon bureau, là où se trouvaient le divan et les fauteuils.

Elle m’expliqua alors sa présence dans les murs de la tour gouvernementale. Cet humain était impliqué dans un attentat à la bombe. Elle avait filmé toute une séquence vidéo certifiant ses propos. Je croisai mes longues jambes, posant mes mains sur le haut de mes cuisses.

- Il pourrait nous servir à en savoir davantage sur ses actions. Si tu l’as pris sur le faite, la mission sur laquelle il était a dû capoter. Les humains sont rarement seuls dans ce genre de situation. Ses partenaires ont dû rebrousser chemin et s’enfuir dès qu’ils t’ont vu arriver mais cela ne veut pas dire qu’ils ne tenteront pas de mettre à exécution leur plan. Tu l’as trouvé où ton poseur de bombes ? Dans quel quartier ou près de quel bâtiment ? Il faut savoir quelle était sa cible pour prévoir la sécurité de la population.

Je me levai du canapé dans toute la splendeur d’une panthère, féline et prédatrice, me dirigeant vers le petit buffet où étaient dressés un minibar et des viennoiseries que mon assistante mettait un point d’honneur à agrémenter tous les matins pour que je puisse grignoter entre deux réunions ou offrir à mes rendez-vous de quoi se sustenter. Je versai délicatement l’eau chaude de la bouilloire dans deux tasses, déposant deux sachets de thé vert, le meilleur selon moi, au bord de la sous-tasse. Je plaçai le tout sur un plateau que je complétai d’un ramequin contenant des morceaux de sucre et un petit pichet de lait. Je revins auprès d’elle plaçant le tout sur la table basse face à nous.

- Tu as dit deux semaines ? Hum … Cela veut dire que ses coéquipiers de la rébellion ont mis en pause leur activité pour se faire dès plus discrets. Mais connaissant ce groupe sur le bout des doigts, ils ne lâchent jamais rien. Je me souviens, il y a environ deux ans, la Rébellion avait placé des bombes à l’intérieur de la banque centrale. Leur but n’était pas de faire des victimes mais juste de provoquer une énorme confusion et une angoisse palpable pour faire diversion. Ils avaient réussi à s’infiltrer dans la sécurité informatique de tous les comptes bancaires. Il faut savoir ce que cibler les bombes.

Je glissai le sachet de mon thé dans l’eau frémissante, jouant avec la petite ficelle pour délayer les arômes de la menthe qui me parvenaient déjà. Mes prunelles glacées se reposèrent sur le visage de ma nièce.

- Tu as très bien fait de lui avoir interdit tout contact avec l’extérieur. Il faut être très méfiant envers ces Rebelles. Puis-je voir cette vidéo ? Je vais devoir mettre Tomas sur cette affaire. Sa Milice nous aidera à récolter des informations. Et ton humain, va subir un interrogatoire adapté à son statut de terroriste.

Je pris une petite gorgée de mon thé savourant son gout tout en réfléchissant aux prochaines heures. Les Rebelles ont-ils tenté de faire sauter un établissent ? Visaient-ils une personne plus particulièrement ? Je ne devais laisser aucun répit à cette Rébellion qui allait devoir jouer profil bas durant un moment mais qui reviendrait à la charge dès qu’elle se sentirait à l’aise, de nouveau.

- J’aime ta personnalité : vive, alerte et d’une extrême complexité dans tout ce qui touche à ces vermines d’humains. Je pense que l’esclavage est un enfer beaucoup trop doux pour eux. Je préfère laisser ces traitres aux mains d’experts de la torture. Mais je remarque que certains meurent sans lâcher la moindre information. Ils sont très peu dans ce cas car les autres cèdent face à la douleur. Puisque c’est ton esclave, que veux-tu que je fasse de lui ? Veux-tu participer à son interrogatoire ? Veux-tu essayer de lui faire avouer quelques renseignements ?

Puisque ma nièce était présente, je voulais aussi discuter avec elle de quelque chose d’un peu plus privé.

- Je comptais d’inviter à un déjeuner, en tête à tête, entre nièce et tante pour t’annoncer quelque chose d’un peu plus intime. Tu sais que je te considère comme ma fille, et tu es la première à qui je veux me confier. Ton père le saura lui aussi.

Invité

I'm bitch, I know.

Même porte fermée, j’entendais cet abruti se débattre. Cela m’arracha un soupir, il perturbait probablement la tranquillité d’Asaria dans son ensemble, j’avais hâte qu’il ait une bonne raison de crier. Je savais que ma tante avait des bourreaux entraînés à toute situation et incorruptibles, prêts à répondre à ses moindres sollicitations. Certains la prendraient pour une dictatrice, moi je la prends pour un modèle. L’incarnation même de la femme parfaite, forte, résistante, impitoyable. Je voulais à terme devenir comme elle, même si j’étais bien jeune et loin encore d’être comme elle, parfois même il m’arrivait de me comporter comme une adolescente en crise, en particulier avec mes esclaves lorsqu’ils ne satisfont pas mes désirs quels qu’ils soient.

- Il piégeait une voiture devant le siège du Times. Il voulait probablement donner du gros scoop mais il a foiré…

Je l’observais se lever avec cet air que j’admirais tant, cet air de panthère, de félin, pouvant soumettre n’importe quel homme à sa volonté. Lorsqu’elle revint après avoir saisi une tasse et du thé, elle me demanda si elle pouvait voir cette vidéo. Je sortis alors mon téléphone portable et commençaient à tapoter plutôt rapidement sur l’écran tactile.

- Bien sûr, je te l’envoie sur ton ordinateur. Le mot de passe pour l’ouvrir, c’est 12-4-38-13-8a.

Une fois le message notifiant la parfaite réception de la vidéo par l’ordinateur de ma tante reçu, je rangeais mon téléphone dans ma poche et me reconcentrais sur celle que je considérais comme ma mère, étant le seul exemple féminin dans ma famille. Je ne regrettais pas qu’elle le soit, j’aimais sa façon d’être, et pas parce qu’elle était la Grande Conseillère d’Asaria, simplement son tempérament. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres lorsqu’Alianka me proposa d’assister à la séance de torture du terroriste, une idée gagna rapidement mon esprit. Je n’étais pas particulièrement sadique, mais l’idée pourrait aider à obtenir de plus amples informations de la victime, et cela me satisfaisait.

- J’imagine que s’il voit un visage qu’il imagine rassurant il parlera plus facilement. Puisque par rapport à ce qu’il va subir là, ma maison était un camp de vacances, il s’imaginera peut-être que je serai en mesure de le reprendre en esclavage et parlera. Bien sûr, même si je pouvais je ne le ferais pas, je préfèrerais encore tuer cet incapable de mes mains. J’imagine bien que tes tortionnaires puissent être barbares, je pourrais être prise de dégoût, mais après de multiples tortures, je pourrais faire ce que je sais faire de mieux : User de ma gueule d’ange pour obtenir ce que je veux. Il se pourrait que j’apparaisse en libératrice, mais une fois qu’il m’aura donné ces informations, tu peux le condamner à mort si tu veux, enfin… c’est un humain quoi, peu importe ta décision à son égard je ne m’y opposerai pas. Il ne sait rien faire de toute façon, je ne sais même pas si ses bombes auraient été efficaces, il est juste inutile, je comprends que les autres rebelles n’aient rien tenté pour le récupérer.

Je parlais de lui comme un objet et c’était bien ce qu’il était, un objet, aujourd’hui destiné à la ferraille une fois que l’on aurait récolté toute information exploitable. Et si je pouvais y participer un tant soit peu, faire plaisir à ma tante, je le ferais. Car sa cause est juste. Il n’y a pas assez de place pour les asariens et les humains sur cette planète, et encore moins depuis l’holocauste nucléaire… En somme, les humains se sont plus condamnés eux-même, même si les asariens sont condamnés à vivre sous des dômes. Peut-être que cela est utile finalement, j’ai entendu dire que jadis les attaques les plus meurtrières venaient du ciel… Avec ces dômes, Asaria ne pouvait être bombardée, donc en somme, les humains se sont plus pénalisés qu’ils n’ont pénalisés les asariens. Alianka me proposa alors un déjeuner en tête-à-tête pour discuter de quelque chose qu’elle voulait m’annoncer. Un sourire sincère arbora alors mes lèvres.

- Avec plaisir, quand tu veux, j’adorerais.

Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’elle voulait m’annoncer. J’étais curieuse… peut-être un peu trop, puisqu’elle allait m’en parler au prochain déjeuner que l’on passerait à deux.

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Grande Conseillère de la Cité Ancienne ; Longue-Vie

Ainsi cet humain, rebelle et esclave de ma nièce, avait tenté de piéger une voiture près du bâtiment du Times. Ce journal était le plus important de la cité car c’était ici-même que siégeait le ministre des médias mais aussi ma nièce. Il était le symbole du journalisme par excellence. Tous ces jeunes qui sortaient de leurs études, n’avaient qu’un désir faire partie de l’élite de ce quotidien aux plumes réactives et aiguisées. Et s’attaquer à un tel emblème, c’était une façon pour la Rébellion de démontrer qu’elle était toujours aussi active et dangereuse. Adora, sans le savoir, avait fait capoter leur mission. Une mission qu’ils avaient remise certainement à plus tard. Les rebelles ne lâchent rien. Je les connaissais et je savais de quoi ils étaient capables. Alors, les prendre à leur propre piège était une option que je ne pouvais balayer d’un revers de main. Au contraire, il fallait réfléchir avec précision sur cette information que je détenais en mains.

- Il a foiré, oui, comme tu le précises. La Rébellion a rebroussé chemin mais elle ne lâchera pas facilement sa cible. Étrangement, je me demande si faire exploser une voiture devant le Times n’était pas un moyen de détourner l’attention de la population. Tu imagines : le brouhaha de l’explosion, l’angoisse, la peur que cela aurait éveillée. Cette confusion aurait entrainé une concentration de la Milice pour aider les gens et la Rébellion aurait pu avoir l’accès en toute liberté d’entrer dans les locaux du Times. Le ministre Van Harper est toujours présent à son bureau. N’oublie pas que les Rebelles ont déjà tué une Longue-Vie en la personne de l’ancienne ministre de l’éducation : Espéranza Alvarez. Il faut avertir Oliver et qu’il multiplie la sécurité de son personnel et de ses locaux en toute discrétion, bien évidemment.

Si les Rebelles s’apercevaient d’une quelconque activité au Times, ils se méfieraient encore plus et nous manquerions là, le moyen d’en capturer davantage. Ce qui serait dommage. Ils nous ont porté autant de mauvais coups que nous leur en avons rendus. Œil pour œil, dent pour dent. Un vieux dicton qui exprimait bien la relation que le gouvernement entretenait avec ce groupe de parias depuis de longues années. Tandis que je nous préparais deux thé, Adora m’expliqua qu’elle détenait aussi une vidéo qu’elle m’envoya aussitôt sur mon ordinateur via son téléphone portable.

- Mmm, très bien. Je la visionnerai tranquillement. Je demanderai au ministre Van Brënner de venir la détailler avec moi. Deux regards en valent mieux qu’un seul. C’est son travail et il est beaucoup plus observateur que moi. Rien ne lui échappe, même pas les petits détails insignifiants.

Je retournai auprès de ma nièce, emportant avec moi le plateau où se trouvaient nos tasses, le pichet de lait et le ramequin de sucres en morceaux. Je m’installais dans le divan, ouvrant son sachet de thé vert que je fis glisser dans l’eau chaude. Tous ses arômes commencèrent à s’élever dans la pièce. J’avais déjà vu des humains mourir sous la torture plutôt que de trahir les leurs. Je proposai donc à Adora le moyen de faire parler son esclave. Ils avaient entretenu un lien, ce qui pourrait donner à cette vermine un espoir de voir sa maitresse et d’être plus clémente avec lui. Ce qui serait faux bien évidemment et ma nièce en avait déjà aperçu les avantages.

- La patience est une vertu ma chérie qu’il faut apprendre à contrôler dans ce genre de situation. Tu pourras le tuer plus tard ou alors assister à cela mais pour le moment, il faut lui arracher des renseignements susceptibles de nous aider. Ton idée est parfaite. Tu seras son salut une fois qu’il aura subi les tortures des soldats.

J’approchai ma tasse de mes lèvres, savourant une gorgée du thé vert.

- Le ministre Van Brënner décidera de son sort. Lui seul me dira si cet humain peut nous être encore utile ou pas. Je ne pense pas qu’il soit inutile. Il peut très bien cacher son jeu et se faire passer pour un incompétent.

Notre conversation nous amena sur un autre sujet, plus intime et plus personnel. J’avais eu à l’idée d’inviter ma nièce à un déjeuner ou à un diner pour lui révéler une nouvelle partie de ma vie. Je ne désirai pas qu’elle le sache par les médias. Elle était comme ma fille et je la respectais au plus haut point.

- Nos emplois du temps sont overbookés à toutes les deux. Que dirais-tu, à la place d’un déjeuner, d’un diner dans un dès plus beau restaurant de notre cité ? Je nous réserverai une table privée à l'abri des regards indiscrets. Nous serons ainsi plus tranquilles pour discuter.

Invité

Je suis Adora…ble !

J'avais déjoué un attentat il y avait de cela deux semaines, le responsable m'avait servi pendant ce temps, mais aujourd'hui j'étais lassée de lui. Je l'avais donc amené à la tour gouvernementale afin que son compte soit réglé définitivement. Le Times était un symbole pour Asaria. En plus d'être le plus grand réseau d'information de la cité, il recueillait en son cœur à la fois le ministre des médias, et moi, la fille d'un ministre et la nièce de la Grande Conseillère.

- Oui, j'en conviens. Et si on rate l'occasion d'en capturer, eux auront l'occasion de retenter des attentats. Je préfère autant éviter ça...

Oui, il était clair qu'il n'avait pas agit seul, à moins qu'un petit coup de folie lui soit passé en tête, et qu'il ait eu envie de tenter sa chance en mode « ça passe ou ça casse »... Du coup, ça a cassé, et la première tâche que je lui fis faire fut de lui faire retirer ses bombes. La suggestion de ma tante n'était pas farfelue, l'attentat, à défaut de faire des victimes, aurait pu juste avoir l'air d'une diversion, oui, pendant que la milice s'en occuperait... la défense du Times serait réduite et une intrusion serait facile. Les plus difficiles à intercepter seraient les Pacificateurs ou les Insoumis, car ils comptent des asariens dans leurs rangs. Par contre, je me laissais supposer dans ma tête que ma tante allait renforcer les mesures concernant les humains -libres particulièrement-... J'avais justement gardé la tentative d'attentat secrète jusqu'aujourd'hui pour éviter que cela fasse trop de bruit, si les rebelles avaient un autre plan en action, alors ils viendrait, et viendrait par la suite, éventuellement, une capture de masse ? Quoi qu'il en soit, si capture massive devait y avoir, les rebelles prendraient un sacré coup sur la tête, et indirectement grâce à moi, car j'aurais été l'informatrice de cette tentative... Quelque chose qui peut sembler banal a parfois des conséquences inattendues sur la suite des événements, et ça je l'ignorais plus ou moins, je n'avais pas vraiment encore subi la « guerre » qui fait rage, alors que bien évidemment, en tant que nièce de la Grande Conseillère etfille d'un ministre, j'étais une cible privilégiée d'autant que je n'étais pas vraiment armée ni protégée, me consacrant pour le moment à la vie civile... Autre circonstance qui me mettait en ligne de mire, j'étais l'une des mannequins -si ce n'est LA- les plus populaires et les plus connues d'Asaria, mon assassinat ferait du bruit aux quatre coins de la cité, et bien sûr je ne voulais pas mourir... Il valait peut-être mieux que j'envisage d'acheter des armes, mais je ne voulais pas passer pour quelqu'un de paranoïaque non plus...

- S'il cache son jeu, alors faire mal les choses, il le fait très bien. Quoi qu'il en soit, ça aura conduit à sa perte. S'il est plus utile qu'il prétend l'être, alors il est idiot.

Je pris une gorgée du thé vert que ma tante avait préparé afin de nous mettre dans un cadre de discussion agréable, j'avais encore beaucoup à apprendre sur ma tante, et si pour le moment la vue du sang me répugnait, si je voulais devenir comme elle il fallait que je passe outre, peut-être pourrais-je y prendre goût aussi ? Au sens figuré bien sûr, je n'étais pas un vampire, je ne buvais pas de sang. Mais... Avec le temps, je pourrais éventuellement commencer à supporter la vue du sang et assister aux séances de torture des rebelles capturés, afin de savoir comment cela marche. Mon premier pourrait d'ailleurs bien être celui que je venais de ramener...

Sur un sujet plus joyeux, Alianka m'avait invitée à déjeuner pour discuter de quelque chose dont elle voulait me parler en tête-à-tête. Elle me suggéra alors de passer chez elle demain soir plutôt que de parler de ce qu'elle avait à me dire, en public. J'étais totalement d'accord avec elle et acquiesçai d'un hochement de tête.

- C'est vrai, c'est bien joli tous les regards sur nous, mais un peu de tranquillité est agréable aussi, surtout que ce que tu dois me dire a l'air assez important donc... Je suppose qu'il faut que je sois toute ouïe. Et puis, nous pourrons aussi être nous mêmes, décontractées, je suis d'accord avec toi, les sourires forcés, j'en ai mal aux lèvres à force !

Je lâchais un léger rire avant de bien rapidement reprendre mon sérieux. J'avais développé cette capacité de manipuler mes émotions justement pour ne pas paraître trop émotive, possiblement au modèle de ma tante également.

- Compte sur moi, je serai là.

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