Ange et Démon, une surprenante rencontre ( PV Héméra)

Je commençais à avoir l'impression de tourner en rond dans le QG des Pacificateurs, je voulais m'amuser, aller dehors voir le monde, et non plus être enfermée tout le temps...

Je savais que pour cela, je devrais soit être accompagnée et donc très surveillée par un ami de papa ou de maman, ce dont je ne voulais pas.... Je sais que dehors, des gens me veulent du mal, mais je sais aussi que je peux me défendre, et que vivre toujours dans la peur ne me rendra pas plus forte, ni n'effacera les dangers qui m'entourent... J'ai toujours aimé l'eau, alors je décidais de fuguer, et pour cela de fausser compagnie aux Pacificateurs, pour aller vers un lac que je trouvais beau....

Prenant mon temps, je préparer un petit sac discrètement pendant la journée, puis partie me coucher sans faire d'histoire.... Une fois tout le monde endormi, je me levais et sans bruit, aller dehors, faussant compagnie aux Pacificateurs montant a garde en me rendant invisible... Une fois sortie, je marchais vers le lac en question, prenant mon temps pour me repérer, et marchais en faisant un minimum de bruit....

Une fois arrivée là-bas, j'eus la surprise d'y entendre une étrange musique, cristalline... J'ignorais cependant d'où elle pouvait provenir, alors, faisant appel à ma mémoire, je tendis l'oreille, en fermant les yeux, pour ne me concentrer que sur le son magnifique de cette mélopée... Lentement, toujours les yeux fermés, je me dirigeais à l'ouïe vers la provenance de ce que j'entendais, pour finalement arriver au pieds d'un bel arbre, l'origine de cette jolie musique provenait du haut des branchages, si j'entendais bien... Mais j'ignorais comment elle était créée... La curiosité prenant le pas sur la prudence face à l'inconnu de la situation, je m'approchais doucement du tronc de l'arbre, levant la tête pour tenter d'apercevoir quelque chose, si cela m'était possible...

Scrutant les branches, j'ai eu la surprise de voir un jeune adolescent assis parmi les branches, remuant les doigts comme s'il jouait d'un instrument invisible... Curieuse, j'aurais voulue lui parler, mais n'osais interrompre sa musique, alors je m'assis dos au tronc de l'arbre, par terre, à écouter silencieusement cette magnifique mélodie, s'unissant avec le bruit de la vie du lac...

Après avoir écouté jusqu'au ou une magnifique mélopée, je sus que ce mystérieux musicien m'avait entendu quand il parla, demandant si le morceau avait plus.... Curieuse de le voir, mais ne le pouvant pas en étant à terre, je grimpais alors aux branches pour le trouver, puis m'assis confortablement en face de lui, me présentant... Lui me félicita de mes talents de grimpeuse... Mais se vexa vite quand je le vouvoyer d'instinct, parlant à un inconnu, bien qu'adolescent... Il me surpris en se redressant vivement de sa position détendu...

-Je suis désolée... C'est un simple réflexe... Je ne voulais pas te blesser... C'est une vieille habitude... Comment ça, tu ne seras jamais grand?? Tout le monde grandit, non??

Sa position me montrait qu'il boudait, vexé par une simple marque de politesse de ma part, et j'ignorais comment recoller les morceau... Je n'utilisais pas mon don de télépathie, ignorant qui il était, cela pouvait très bien se retourner contre moi... Il me posa une autre question, à savoir ce que moi, petite fille , je faisais ici, seule et en pleine nuit.. J'essayais d'être honnête, peut être changera t-il d'humeur...

- Ce que je fais ici?? Hmm, j'ai réussie à fausser compagnie aux amis de mes parents, qui me surveillent et protègent jours et nuit... J'étouffe là-bas.. Toujours entourée d'adultes, sans pouvoir jouer avec des enfants de mon âge... Alors j'ai voulu faire une balade en pleine nuit.... Et je suis arrivée ici... Ils seront pas contents quand ils s'apercevront de ma fugue, je pense, mais ça m'a fait du bien, et changer les idées... Et toi?? tu viens souvent ici, jouer de jolie mélodies???

C'était ma première escapade nocturne, première fugue que je faisais... Mais je savais que maman, Marraine et les autres seraient très inquiets s'ils venaient à découvrir mon absence... J'ignorais combien de temps il me restait de liberté avant d'essayer soit de regagner ma chambre sans rien laisser paraître, soit arrivait alors qu'ils lanceraient des recherches et subir leur colère... Il était certain qu'ils me surveilleraient sans doute bien plus fortement après cela.... Mais j'en profitais quand même pleinement, ne sentant nul danger, dans cet arbre, avec cet inconnu....

-Je t'ai dis mon prénom, accepteras-tu de me dévoiler le tien??

Une fois que je serais de retour au QG du Phoenix, peut être pourrais-je recommencer une nouvelle fois, et le revoir à nouveau... Il était le premier adolescent que je voyais, que je côtoyais ainsi... A toujours être entourée d'adultes, j'avais peur de ne pas vivre les choses à la manière d'une enfant... Et j'appréhendais cela... Mes parents, ou Marraine le savaient-ils??? Peut -être, après tout, Amaria est aussi télépathe...

Visiblement affectée par la sécheresse dont j'avais fait preuve précédemment, la petite demoiselle s'était confondue en excuse comme cherchant à rattraper une bêtise qu'elle aurait faite. Amusé pour son attitude je comprenais cependant que face à un inconnu les premières règles qu'on enseignait aux enfants étaient de montrer le respect par le vouvoiement. Cependant je fût surpris de constater que même entre jeune, le vouvoiement était là aussi de mise. L'enfance offrait pourtant certaines libertés dans les usages qui, une fois adulte, n'étaient plus aussi faciles d'utiliser. Les vouvoiements étant justement l'une des ces nombreuses règles. Le respect est certes une chose que l'on doit entre enfant et adulte, adulte et adulte, mais le cas enfant-enfant était pour moi un cas que je trouvais particulièrement original...enfin tout aussi original que cette situation. Mais il me fallait jouer mon rôle, mais cette fois mon propre rôle, pas de masque ni de tromperie. Usant de mon corps juvénile, interpréter un pré adolescent était une chose tout à fait naturelle pour moi.

Pensif à ça réponse, j'avais laissé un temps de silence avant de répondre. Me recroquevillant sur moi même, les bras s'enroulant autours de mes jambes fraîchement repliée, la tristesse se mêla à la colère dans mon regard. Pourquoi ne serais je jamais grand? Après ma précédente remarque il était tellement évident qu'elle me poserait la question. Mais j'avais trouvé de quoi répondre...

- Les adultes sont des menteurs, devenir grand c'est apprendre l'art du mensonge et de la tromperie. Les adultes brisent leurs promesses, s'enferment dans leur monde où les émotions ont rarement leur place. C'était comme si ils avaient oublié qu'ils avaient été des enfants avant... En perdant leurs innocences, il ont perdu une part d'eux même...

Ma voix se faisait ferme et pourtant vibrait au rythme d'une tristesse grandissante. Derrière ces mots il y avait assurément plus qu'un simple rôle, un vécu qui dans mon esprit n'était encore un lointain sourire qui peut être un jour m'exploserai au visage. Mais en ce lieu et en cet instant, il se traduisait en une désagréable émotion chargée au fond de ma gorge dont je n'arrivais pas à en repérer l'origine.

- Moi je ne veux pas oublier, je veux rester celui que je suis en ce moment et pour toujours... et je trouverai un moyen avec mon don... Comme ça...je ne ferai souffrir personne...je n'abandonnerai personne...


Mécaniquement mes mains se mirent à exercer une pression lorsque les derniers mots réussirent temps bien que mal à sortir de ma bouche... Il y avait réellement quelque chose qui me perturbait dans ma façon d'agir, un flot d'émotion qui ne me ressemblait pas... Etait ce donc la présence de cette créature hybride qui faisait remonter des choses en moi? Enfin mis à part une envie de vomir? Ou était ce le fait que me montrant à elle sous ma véritable apparence, sans avoir à porter de masque, me mettait en confiance? Non, mais et puis quoi encore, et pourquoi ne pas directement lui dire " Et salut. En fait je suis un Ancien qui vient t'éclater la tête, mais avant ça je vais m'en prendre à toute ta famille et tes amis en les tuant devant tes yeux et me baigner dans leur sang..."

Progressivement mon regard fixé droit devant moi se tourna vers Héméra, mes pupilles plongeant dans celle de mon interlocutrice. Ecoutant ses explications quant à ça présence au bord du lac à cette heure ci, je ne su si la demoiselle était naïve ou complètement stupide... Là, devant moi, elle m'expliquait sans retenue, sans barrière qu'elle s'était, comme je l'avais présumé, enfuie de chez elle l'espace de quelques heures pour goûter aux joies de la liberté qu'on semblait ne pas vouloir lui donner. En même temps, après ce qui lui était arrivée par le passée, il me paraissait évident même à moi qu'une surprotection de la part de son entourage était légitime et justifiée. Pourtant je comprenais aussi ce désir qui vit en chacun de nous de pouvoir s'évader de temps à autre. Sa candeur aurait pu être touchante si je n'y voyais pas là la possibilité de pouvoir me distraire d'avantage. Nulle n'est jamais à l'abris d'une mauvaise rencontre... Souriant devant sa réponse, mon visage posé sur mes bras, je n'avais pas abandonné ma position recroquevillée comme si inconsciemment j'en avais besoin pour continuer.

Autour de nous, le coassement des crapauds s'étaient intensifiés depuis quelques minutes maintenant alors qu'un nouveau souffle d'air fit danser les branches des saules sur la surface du lac.

- Moi...? Disons que contrairement à toi, personne ne m'attend chez moi, et même dire que j'ai un chez moi c'est un luxe que je n'ai pas...Alors oui, je viens souvent au bord du lac pour jouer des petits concerts...pour eux...

L'une de mes mains étaient descendues sur l'instrument pendant à mon cou, caressant du bout des doigts sa surface... Un souvenir fictif que je m'étais créé de toute pièce tout comme mon pensée personnel et qui pourtant me touchait. A tel point que je sentis ma vision se troubler. Une larme...une larme vint couler le long de ma joue...Mon talent d'acteur n'en finissait donc pas de me surprendre, j'étais vraiment très douée, c'était indéniable...Mais il fallait tenir mon rôle et tout le monde sait qu'un garçon ça ne pleure pas. Aussi m'étais je mis frénétiquement à m'essuyer les yeux du plat de mes mains, allant jusqu'à détourner rapidement ma tête comme si je ne voulais pas qu'elle me voit pleurer...Par ailleurs un Ancien qui pleure? Il ne manquerait plus que ça tiens... J'imagine déjà les gros titres " Il reste un coeur sous ce squelette"...

J'avais volontairement feinter de lui donner mon prénom, aussi utilisant le prétexte d'une émotion passagère et de ces résultats aqueux, je me retournai vers elle, mes yeux rougis mais désormais secs...

- Je m'appelle Peter...

Simulant une prise de confiance de ma part envers mon interlocutrice miniature, mes jambes s'éloignèrent de mon torse pour s'étendre le long de ma branche. Nulle doute que cette surprenant rencontre serait aussi divertissante qu'intéressante. Je m'en réjouissais à l'avance imaginant les scènes des prochains actes. Tout n'était que mise en scène et qu'interprétation. Mais bon sang, comme c'était drôle!!!

Toujours dans l'arbre, au bord du lac, je discuter avec l'adolescent perché là-haut, qui avait jouer une si belle mélodie... La nature vivait, on entendait les petits animaux chanter et bouger, l'eau produisait un son calme, relaxant... Après m'être présentais, j'eu la bêtise de le vouvoyer, par réflexe... Cela pouvait paraître étrange d'un enfant à un autre, mais je vivais entourée d'adultes, et je devais sans doute imiter leurs habitudes plus que je ne le pensais... Cela avait eu pour conséquence de le vexer, visiblement et il me repris assez vivement... Penaude, je m'en excusais, expliquant que j'en avais l'habitude, que c'était venu naturellement... Lorsque je lui demandais pourquoi il disait qu'il ne serait jamais grand, à la suite de sa tirade, il m'expliqua que pour lui, les adultes vivaient dans le mensonges, qu'ils oubliaient cette part d'enfant présente en chacun.. Et qu'en rompant leurs promesses faite, en écartant les émotions sincères, ils perdaient leur innocence et une partie d'eux mêmes et que lui ne voulait jamais oublier.. Qu'il ferait tout son possible pour rester celui qu'il était au moment présent... Je sentais dans sa voix autant de colère que de tristesse mais n'osais pas l'interrompre... Alors qu'il reprenait son souffle et rassemblait visiblement ses idées, je me permis de le questionnais... C'était plus fort que moi, j'étais terriblement curieuse, de tout... Posant beaucoup de question, même quand il vaudrait mieux ne rien dire...

- Pourquoi ferais-tu souffrir quelqu'un?? Ou abandonnerais-tu une personne?? Tu as des pouvoirs?? Alors tu....

Songeuse je me tais... S'il a réellement des pouvoirs, cela signifie qu'il n'est pas un Humain... Était-ce vraiment possible??? Je le regardais, et attendis sa réponse quand je lui expliquais ma présence en ces lieux enchanteurs... Doucement, ses yeux regardant devant lui se tournèrent vers moi, me fixant alors... Il me dit qu'il n'avait pas de chez lui, alors que moi j'avais un endroit où l'on m'attendais, où je vivais aimée et protégée... Sa main serrait quelque chose à son cou, une flûte, attachée à son cou, comme je le remarquais en y regardant mieux... Gênée, je détournais les yeux, ne voulant rompre l'intimité de mon interlocuteur... Il semblait triste, et je ne voulais pas le braquer comme peu de temps avant... Il s'essuya rapidement les yeux du plat des mains, comme s'il pleurait, ou avait une poussière dans l’œil, je savais que c'était désagréable pour l'avoir expérimenté lors de mes sorties avec Aaron... Ensuite, il se tourna vers moi et me dit qu'il se nommait Peter... Était-ce son vrai nom?? je l'ignorais, et cette allusion à un don me titillais elle aussi... Cela signifierais qu'il ne serait pas un humain, mais un Asarien, voir un Ancien... Etais-je en danger?? Je n'osais imaginer d'aller aussi loin... Curieuse, et inquiète, j'osais alors d'envoyer une sonde mentale, comme Marraine me l'avais appris, en surface des pensées de Peter, comme il se faisait appeller...

Me concentrant, j'essayer de parcourir ses pensées superficielles, et non une attaque délibérée... J'étais jeune et ne maîtrisais évidement pas toute l'étendu de ma télépathie.. Alors que je pensais voir quelque chose sur lui, ou entendre ses pensées, j'eu la surprise de lire autre chose, l'inquiétude, la curiosité émanant d'une petite fille... Je compris rapidement que c'était les miennes... Mais comment était-ce possible?? J'étais pourtant certaine d'être dans son esprit à lui, et non dans le mien... A première vue, j'avais l'impression de me regarder dans un miroir, je voyais le reflet de mes pensées dans son esprit... Confuse et désormais vraiment inquiète, je me retirais de son esprit, élevant alors mon arbre protecteur, mon bouclier mental au cas où.... Je m'étais encore fourrée dans un sacré pétrin, avec ma curiosité et mon entêtement... Asarien ou Ancien, je l'ignorais alors, mais cela ne pouvait signifier que des ennuis en perspective, et je n'avais prévenu strictement personne parmi les Pacificateurs de ma fugue, bien entendu... Mon enlèvement aurait pourtant dû m'apprendre la prudence, mais non.... Que faire???

- Tu n'es pas humain, tu as des pouvoirs... Qu'es - tu alors?? J'imagine que tu sais qui je suis... N'est-ce pas???

Je tentais de rester calme, respirer calmement et d'avoir les idées claires, tout en continuant de maintenir mon bouclier mental... Peut-être n'était-ce pas ce que j'imaginais, mais il y avait pas mal de choses qui clochaient, et je n'aimais pas ça...

Toujours perchés dans l’arbre, la discussion prenait un mauvais tournant, de mon fait, je pense… Alors qu’un simple jeu de question réponse s’installait, moi posant des question et Peter me répondant, j’eus des remarques, des questions qui ont détruits cette confiance, cette bonne ambiance créée… Comment revenir maintenant ???

Après que Peter m’expliqua qu’il ne souhaitait jamais grandir car pour lui, les adultes vivaient dans un monde de mensonges au sein duquel les enfants n’avaient pas leur place, je lui demandai des détails… Comme la façon dont il s’y prendrait pour ne pas blesser quelqu’un ou ne jamais grandir… Prenant alors une inspiration, il entreprit de me détailler sa vision des choses, de façon à ce que je comprenne… Que pour lui, devenir grand était semblable à devenir toujours un menteur, et qu’il ne le voulait pas…. Qu’ils détruisaient l’innocence des enfants par leurs mensonges… En l’écoutant, je comprenais ses mots en effet… Mais je ne pensais pas qu’ils puissent s’appliquer à mes parents, ou à Marraine… J’entendais quelque chose dans sa voix... Mais je ne pouvais mettre des mots sur cette sensation… Puis j’eu la bêtise de lui demandais s’il avait des pouvoirs, après qu’il utilisa le terme « don », pour expliquer sa position …. Et sans réfléchir à des conséquences ne manquant pas à venir, j’essayais d’envoyer une sonde superficielle de ses pensées grâce à ma télépathie… La plus grosse erreur que je puisse faire, je pense…. Sa réaction ne se fit pas attendre, j’avais brisé notre instant de calme par ma méfiance… Je l’écoutais donc, en essayant de justifier mes actes sachant qu’il avait raison de réagir de cette manière…

- Mais qu'est ce qui te prend? Comment peux tu savoir que j'ai des pouvoirs...?

La surprise se lisait sur son visage, puis se transforma bien vite en une colère sourde que je ne cherchais pas à atténuer… Il avait raison, je n’aurais jamais dû faire ça… Pas plus que fuguer d’ailleurs… Mais à présent, la seule chose à faire était de l’écouter, et d’essayer de lui répondre…. Puis il me demanda si j’avais essayé d’entrer dans son esprit… Le miroir que j’avais eu l’impression de voir, en voyant le reflet de mes propres pensées devait lui avoir mis la puce à l’oreille, de même que ma remarque… Il était furieux, révulsé… Que pouvais-je faire pour réparer tout ça… Rien sans doute, mais je me devais d’essayer tout de même…

-Je suis désolée… Je…

Fermant les yeux, je me détournais, tremblante et fébrile… Comment avais-je pu, en effet… La méfiance de tomber dans un piège, ces souvenirs terribles qui revenaient… Ne pouvais-je donc pas faire confiance à quelqu’un simplement, sans y voir un danger ?? J’étais venue de moi-même le voir, perturber sa nuit, et voilà que je l’agressais… Comment mettre des mots là-dessus, sans me dévoiler complètement… Je l’ignorais…. Prenant une nouvelle respiration, pour caler ma voix, je rouvrais les yeux, le regardant…

- Je n’aurais jamais dû, en effet… Mais… Le fait que tu ais des pouvoirs… Des mauvais souvenirs reviennent.. Ca m’a fait peur… Peur de tomber dans un piège… Je voulais être sûre de… Excuses moi, si tu le peux… Je sais ce que ça fait, d’entrer ainsi dans l’esprit d’un autre… J’aurais dû te demander ta permission avant de ne serait-ce qu’essayer une telle chose…

Soupirant, je regardais alors vers le sol, posant l’un de mes pieds sur la branche du dessous… Si il me le demandait, je redescendrais alors, retournant au QG … Quelle andouille, vraiment… Beau pétrin dans lequel je m’étais mis… Pourquoi l’agresser ?? Il ne me faisait rien de mal… Répondant même à mes questions… Mais ses pouvoirs, instinctivement, je me méfiais de ceux qui en posséder sans faire partie des pacificateurs… J’en avais bien trop souffert, et n’avais pas du tout envie de revivre un enfer…. Mais ça ne me donnait pas le droit, comme il me le faisait remarquer pour agir de la sorte sans bonnes raisons…

- Pourquoi veux tu que je sache qui tu es? On vient à peine de se rencontrer. Descends de ton petit nuage et arrêtes de te faire plus importante que tu ne l'es...princesse.

Ma respiration se fit plus rapide, et une larme, puis d’autres commencèrent à couler sur mes joues sans que je les essuie, je me détournais alors, fixant les branches en dessous de moi, pour visualiser le chemin de retour qui ne manquerait pas d’arriver… J’avais mal, à l’intérieur… Il était le premier jeune avec lequel je parlais depuis longtemps, et je venais sans doute de le braquer définitivement contre moi, bien que ce ne soit pas là mon intention première …. Un Asarien ou Ancien ne connaissant pas l’hybride que j’étais ?? Cela me paraissait étrange, mais non impossible, mais je préférais me taire sur cela… Au cas où, pour ne pas m’enfoncer encore plus dans le pétrin dans lequel je m’étais moi-même mise…

-Je… Je te demandes pardon, Peter… Pour tout ça… Je n’aurais pas dû venir te déranger dans ce qui me semble être ton sanctuaire… T’agresser de la sorte n’était pas dans mon intention, crois-moi…

La fin de sa phrase, le « Princesse » ainsi prononcé était une sacrée insulte, pour ce que j’en ressentais… Il se détourna alors de moi, comme pour me signifier que je n’existais alors plus pour lui… Comment lui faire comprendre que j’étais désolée… Que je n’avais pas voulu cela ? Je cherchais une solution, mais elle ne vint pas… Ses derniers mots claquèrent à mes oreilles…

- Tu me dégoûtes...

Je ne pu retenir un tressaillement… J’étais allée bien trop loin pour revenir en arrière… Si j’avais la possibilité de remonter jusqu’à mon arrivée, à cette écoute de la mélodie, je souhaitais que cela se passe différemment… Relevant les yeux sur lui, je me relevais, agrippant les branches, prête à le laisser tranquille, à partir pour ne plus revenir, si tel était son souhait…

- Je te comprends… Si je pouvais… La discussion se passerait bien différemment… Je n’aurais pas dû… Je m’en vais, si tu le souhaites, et ne reviendrais plus ici… Je ne te dérangerais plus, je te le promets…

Je me tus, ne sachant pas quoi dire de plus… Aurais-je dû me dévoiler ?? Lui dire qui j’étais réellement pour lui expliquer ma réaction sans doute exagérée… Je n’arrivais plus à réfléchir, à penser clairement… Alors je me tenais là, debout sur ma branche poreuse, lui refaisant face… Et prête à redescendre rapidement si besoin…

Grâce à sa méfiance, j'avais aisément pu jouer la carte de la culpabilité. Ses balbutiements, ses tentatives pour s'excuser étaient un délicieux nectar dont je m'abreuvais jusqu'à plus soif. Mes oreilles captant chaque mots, chaque émotion qui émanèrent de la petite demoiselle et de son mal être apparent. Désormais elle était à ma merci, petite marionnette dont je m'amuserai à tirer les ficelles. Pourtant si elle savait qu'en réalité elle avait vu juste. Que derrière cette apparence d'adolescent se dissimulait un Ancien. Comment aurait elle réagit? Aurait elle tenté de prendre la fuite? Aurait elle essayé d'utiliser ses pouvoirs contre moi ? Ou alors serait elle resté figée par la peur, enfermée dans les souvenirs de sa malheureuse expérience sur le billard? Tellement de questions, tellement de possibilités et pourtant elle n'en saurait rien.

Si ma verve avait été une arme, Héméra ne serait probablement plus de ce monde à l'heure actuelle. Chaque mots que j'avais prononcé à son encontre lui étaient rentrés dans la chair. Tressaillement, honte, détournement, autant de réactions symbolisant une gêne que j'avais prémédité depuis sa précédente intervention. J'avais lu dans les rapports la concernant que divers tests avaient été pratiqué sur elle, aussi bien physiques que psychiques. Aussi en lui faisant remarquer son intrusion je l'avais placée dans le même panier que ses tortionnaires qui n'avaient pas hésité un seul instant à sonder son esprit juvénile pour en extraire toutes sortes d'informations. Elle ne valait pas mieux qu'eux en cette instant et je supposais qu'elle s'était faite intérieurement la remarque. Mais je trouvais l'apothéose de l'extase lorsque je vis perler sur son visage des larmes. Je l'avais complètement ébranlée. J'avais brisée ses défenses et sa culpabilité était telle que je ne doutait pas qu'elle me mangerait dans la main par la suite. Désormais quoi qu'il arrive elle se sentirait à jamais coupable de ses actions envers moi.

Mais pour l'heure je mettais détourné d'elle, ne désirant plus la regarder en face pour le moment comme l'aurais fait n'importe qu'elle personne accusée à tord. Mon poing toujours serré contre le tronc n'avait pas bouger, mes lèvres scellées ne disaient mots et entre nous un silence des plus lourds s'était sournoisement installé. Même les animaux n'osaient plus émettre le moindre son, rendant l'atmosphère de ce lieu un peu plus pesant. Je voulais qu'elle se taise, qu'elle cesse ses excuses et ses balbutiements. Ma respiration s'était faite plus forte, plus rapide. Il me fallait me calmer, tenter de maîtriser cette rage qui bouillonnait à l'intérieur de moi. Cette colère, voilà bien longtemps que je ne l'avais pas ressentie avec autant de virulence. Je me connaissais, je savais que lorsque je reprenais ma véritable apparence j'avais du mal à contrôler mes émotions et que cela m'avait déjà joué des tours par le passé. Mais en présence de la petite princesse, mes émotions s'étaient accrues, anormalement développées même pour moi. Sa présence à elle seule pouvait elle à ce point pervertir une personne?

Pour toute réponse à sa dernière réponse je frappais violemment le tronc de mon poing, me l'égratignant au passage. J'aurais pu avoir mal, j'aurais dû même, mais la colère qui s'était emparée de moi se révélait plus qu'une simple émotion, elle était devenue une sorte de tranquillisant contre la douleur de l'acte.
Perdu dans mes réflexions, mes yeux fixaient la surface de l'eau, mais mes oreilles aux aguets écoutaient attentivement les moindres faits est gestes de l'hybride. Ses sanglots, sa respiration, puis ses pieds cherchant une branche qui lui permettrait de redescendre de l'arbre. C'est à cet instant que précis que je décidais de briser ce silence volontairement posé...

- Tu as parlé sans savoir et juger sans connaître... Parce que j'ai des pouvoirs tu m'as catalogué comme un menace. Mais en cet instant c'est toi qui t'es permis d'user de tes dons contre moi. Moi je ne t'ai rien fait...

Le son de ma voix était redevenu calme, comme si ce coup de poing avait été l'expression de toute la colère qui s'était accumulée en moi. Il me fallait l'exprimer, la faire sortir pour éviter qu'elle ne me ronge. Cependant faire volte-face, croiser son regard aussi rapidement n'aurait pas été une bonne idée. Être dos à elle me permettait de lui dire ce que Peter avait sur le coeur. Non, plutôt ce que j'avais sur le coeur devant l'attitude et le comportement qu'elle avait eu à mon égard. Mais peut être était ce aussi le fait qu'elle se justifia de son comportement à cause de "mauvais souvenirs" qui me radoucit progressivement. Fermant les yeux, j'eu besoin de prendre une profonde inspiration avant de poursuivre.

- Ce que tu as fait, tu l'as fait par égoïsme... Tu as eu peur et tu as agit sans penser au mal que tu pourrais me faire. Et maintenant que tu te rends compte de tes actes tu essayes de t'excuser, pensant que ces simples mots pourraient suffire. Pire encore tu souhaites te décharger en me laissant le choix de décider si oui ou non tu dois rester ou partir...

C'est à ce moment précis que je lui fit face. Mon visage n'était plus habité par la colère. Mon poing endolori s'était progressivement desserré alors que mon bras s'était tout naturellement rabattu le long de mon corps. M'étant genoux sur branche, mes yeux se posèrent sans la moindre animosité sur le visage et celle que j'avais précédemment fait pleuré, et sans attendre son consentement je lui essuyais le visage, le débarrassant des larmes qu'elle avait versé.

- Et bien non, je ne te pardonne pas. Je ne t'excuse pas. Ni d'être entré dans mon sanctuaire, ni de m'avoir interrompu, ni de t'être immiscé dans mon esprit ou encore de m'avoir agressé et accusé. Pas plus que je ne t'autorise à partir d'ici. Le pardon est une chose qui se gagne princesse. Ceux ne sont pas quelques mots que l'on jette au visage en guise de compensation pour se donner bonne conscience en espérant que ça suffise.

Ma voix était tranquille, sereine même. Mon timbre n'avait rien d'agressif envers celle qui pourtant n'avait pas eu la moindre hésitation à lancer une chasse aux sorcières à mon encontre.

- Tu n'es pas la seule à avoir connu de mauvais moments. Cependant ça ne donne pas tous les droits et surtout pas celui d'agir à ta guise, comme s'il s'agissait d'un passe droit...

Terminant ma phrase, un sourire se forma sur le coin gauche de mes lèvres. C'était comme si la colère qui m'animait il y a à peine quelques secondes n'avait jamais existé.

- Tu dois apprendre à canaliser ces évènements et en faire quelque chose de productif...Dans mon cas, je joue de la musique...Pour le pas les oublier...

Mon regard se fît plus tendre en cet instant. Et pourtant un vent de nostalgie sembla danser à la surface de mes pupilles. Une nostalgie faites de bon, de mauvais et surtout de tragiques souvenirs...

Après m’être servis de manière instinctive de ma télépathie sur mon interlocuteur, j’avais craint d’avoir fait une bêtise ne pouvant être réparée… En l’écoutant, je m’étais rendu compte que j’avais effectivement agit sans savoir, et que cela aurait pu me causer de bien plus graves ennuis que de me faire rabrouer…. Reprenant alors mes esprits, calmant mes pleurs et mon appréhension, je m’étais rassise, l’écoutant attentivement… Au fil de la conversation, je tentais de lui expliquer ma réaction en lui disant que pour moi, les pouvoirs qu’il avait ne pouvait signifier qu’une chose, ‘est qu’il était soit un Ancien, soit un Asarien… Et que ma peur de voir resurgir des mauvais souvenirs m’avait fait utiliser ma télépathie….

« - C'est bizarre, lorsque tu dis ça on a l'impression que toi tu n'es pas Asarienne ou Ancienne... Comment est ce que tu te considères? »

Le sourire de Peter se fit plus amical, et je reprenais doucement confiance…

« -Mes pouvoirs me viennent de mon père, mais je ne suis aps totalement Asarienne… Je suis aussi Humaine par ma mère… Je peux rester au soleil sans être brûlée, par exemple….. Je suis née de leur amour, mais certains me considère comme une erreur de la nature, une… Abomination…. Mais si ça avait été le cas, alors Maman n’aurait pas pu m’avoir, je pense…. »

Portant une main à son épaule, semblant avoir mal, Peter continua son raisonnement, mon attention concentrée sur ses paroles… Il me dit que la peur était mauvaise conseillère, qu’elle pouvait faire agir sans raison, et rendre plus faible, plutôt que protéger… Pour le coup, j’étais d’accord avec lui… Mes entraînements d’avec Amaria me servais à ne plus avoir peur, à maîtriser ma télépathie que je ne maîtrisais qu’avec quelques problèmes, mes souvenirs cassant souvent ma concentration… Il me dit aussi de profiter de ma famille, de mes amis, qu’ils me rendraient plus forte… Son étreinte sur son épaule se desserra, une douleur passée ?? Peut-être… Je réfléchissais à ce qu’il me disait…. Comment canaliser mes cauchemars, comment en faire une force, et non une arme pouvant me blesser…. Il me dit que je devais commencer par les accepter totalement, comme faisant partie de moi, plutôt que de les rejeter comme j’avais tendance à le faire…. Je le regardais avec surprise, mais fronçant les sourcils, je convins que c’était sans doute la meilleure chose à faire, mais qu’un long travail m’attendait pour cela…

Il me dit qu’à force de tenter de ne pas y penser, ou de les enfermer loin dans ma mémoire, un jour ils reviendront bien plus forts, et qu’ils causeront des dégâts… Mais qu’en les acceptant, ils seront affaiblis, et ne me feront alors plus de mal… Du moins est-ce ainsi que je le compris….

« -Non, ce n’est pas surprenant… Cela éviterait qu’ils reviennent en force… Les accepter les affaibliraient et ils ne me feront plus vraiment de mal, c’est ça ?? »

Me tournant alors le dos, déboutonnant sa chemise, il me révéla avoir lui aussi connu la peur, la douleur… Je le vis avec surprise me dévoiler son dos, sur lequel s’étaler un réseau de cicatrices, plus ou moins profondes… Que lui était-il donc arrivé ?? Timidement, je passais un doigts sur l’une d’entres elles… Mes blessures étaient plus mentales que physiques, mais j’y trouvais tout de même une sorte d’échos à ce que j’avais vécu….

« -Tu veux dire que tes cicatrices sont apparues parce que tes mauvais souvenirs sont revenus après que tu ais tenté de les oublier, ou elles étaient déjà là et tu voulais ne plus les avoir, ne les acceptais pas, au début ?? Elles te font toujours mal ?? C’est pour ça que tu te tenais l’épaule, tout à l’heure ?? »

Songeuse, je retirais mon doigt, posant mes mains sur mes genoux… Accepter ce qu’il m’était arrivé ne serait pas de tout repos, mais relever des défis, je savais faire…. Il me demanda alors ce qu’il m’était arrivé, et si j’acceptais de lui en parler…. Au début de notre conversation, j’en avais eu l’envie sans m’y risquer… En aurais-je le courage ?? Pourrais6je mettre des mots sur tout cela ?? Prenant une inspiration, je décidais de me lancer à l’eau…

« -Comme je te l’ai dis, je suis née de l’amour d’un Asarien pour une Humaine, et d’après ce que je sais, je suis l’unique enfant née ainsi… Par mes gênes humains, je peu aller au soleil sans crainte, par exemple, et mes gênes asariens m’ont offerts des pouvoirs… Je n’avais que 2 ans lorsque j’éai été enlevée, et enfermé dans une sorte de laboratoire… On me disait que j’étais une Abomination, une erreur n’ayant jamais dû voir le jour… Des expériences ont été faites, on m’a prélever du sang, on m’obligeait à me servir de mes pouvoirs…. Les douleurs, l’exposition prolongée et forcée aux rayons du soleil ont fait grandir mon corps de 2 ans environ… 2 années de développement qui m’ont été prises, détruites… Ma mère et des amis ont pu me libérer, mais des cauchemars hantent mes nuits, je me revois attachée sans que je puisse rien y faire, c’est la nuit que c’est le pire, le jour, je suis entourée et cela ne me bloque pas trop…. Il m’a fallu entraîner mon esprit pour qu’il évolue rapidement et rattrape les deux ans d’avance que mon corps avait pris…. »

Comment? Comment cette enfant pouvait être aussi naïve après tout ce qu'elle avait vécu par le passé. Comment pouvait elle se dévoiler à un parfait inconnu avec autant de naturel sans prendre la peine d'assurer ses arrières. En quelques minutes, en quelques mots, elle venait de se griller toute seule. Se tirer une balle dans le pied et avec le sourire en plus. Autant directement lui demander ou se trouvait la base secrète des Pacificateurs. Cela nous permettrait de gagner du temps. J'admet que de ma vie je n'avais jamais rencontré une personne aussi transparente que cette enfant. Elle ne cachait rien. S'en était perturbant. Se rendait elle au moins compte du flot de paroles qui s'échappait d'entre ses lèvres? De toutes ces informations qui pouvaient se retourner contre elle? Mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle continuait, encore et encore avec une franchise accrue.

Mais ceci n'était que la tentative de se rattraper après son erreur. Elle voulait se faire pardonner. Jouet entre mes mains, elle disait ce que je voulais entendre. Héméra désirait me montrer sa bonne fois et les propos que j'avais tenu jusqu'alors était dans un sens responsable de l'abaissement de sa garde.

« -Mes pouvoirs me viennent de mon père, mais je ne suis aps totalement Asarienne… Je suis aussi Humaine par ma mère… Je peux rester au soleil sans être brûlée, par exemple….. Je suis née de leur amour, mais certains me considère comme une erreur de la nature, une… Abomination…. Mais si ça avait été le cas, alors Maman n’aurait pas pu m’avoir, je pense…. »

Elle n'était qu'à moitié Asarienne par son père. Pas possible... Et cette candeur enfantine qui émanait constamment d'elle commençait à me donner la nausée. Né de leur amour, des sentiments. Mais tout le monde sait que le padre s'était simplement contenté de fourrer son engin dans des mouvements de va et vient stimulant ainsi le point sensible de Mara et qu'après plusieurs minutes de cet exercice, en changeant probablement de position de temps à autres il avait finit par expulser sa semence faisant jaillir 9 mois plus tard par le même orifice de pénétration une boule de gras braillarde et rouge sur laquelle on avait collé un nom "Héméra"... Et oui, si on retire les fioritures, les violons, la poésie et les passages Disney on se retrouvait avec une histoire cloque qui ne ferait pas rêver grand monde. Mais et! Ça s'appelle la vie. Les animaux font la même chose et on appelle ça techniquement la reproduction. Alors épargnons nous le chapitre de la démonstration et la consécration d'un amour sincère. J'en choque plus d'un? Je devrais être désolé....Mais allez savoir pourquoi ce n'est pas le cas.

La petite princesse avait cependant raison sur un point. Elle passait aux yeux de certains pour une Abomination. Une créature qui n'aurait jamais du voir le jour et qui en inquiétait plus d'un dans les hautes sphères. Mais en toute franchise vu l'innocence dont la petite faisait preuve, c'était en réalité un miracle qu'elle ne se soit pas de nouveau fait capturer depuis le temps. Maintenant je comprenais un peu plus la raison de son enfermement dans le quartier général des Pacificateurs. Comment pourrait elle survivre dans de pareilles conditions? Il fallait absolument qu'elle gagne en confiance et surtout en prudence. Sinon comment pourrait elle me servie un jour pour créer un peu plus de chaos dans cette chère Asaria? Elle était un pion de valeur alors il fallait en prendre soin...Pour le moment... Aussi tentais je de lui enseigner les bases qui lui permettrons de s'endurcir et de mieux accepter ce qu'elle était. Et essentiellement son passé déjà houleux pour son jeune âge. Il fallait bien corser la partie en essayant de la rendre plus fort quand même.

Pour contre-balancer cette crédulité princière, elle faisait preuve d'une rapidité de compréhension, absorbant la moindre de mes paroles comme une éponges. A ça remarque quant à l'acceptation de ses peurs qui la rongeait je lui avais adressé un sourire fraternel tout en hochant la tête.

- C'est exact. Apprendre à vivre avec ton passé, avec tes expériences te permettront de les "banaliser" d'une certaine façon. Elles n'auront plus d'emprise sur toi comme elles l'ont j'en suis sûr en cet instant. Cependant ne va pas te fourvoyer non plus. Les accepter ne va pas les affaiblirent et les faire disparaître. Ce serait te mentir que de te dire qu'un jour elles disparaîtrons de ta mémoire comme si elles n'avaient jamais existé et que désormais tu es libérée de ce poids cruelle et injuste. Le temps et le travail d'apprendrons à les canaliser, les dompter et ainsi les empêcher de te ronger. Tu dois surtout apprendre au plus vite à ne pas te laisser submerger par elles. Car un télépathe pourraient tenter de s'en servir en amplifiant ces peurs, t'enfermer dans une boucle télépathique et te faisant revivre ces moments encore et encore jusqu'à briser ton esprit. Tu dois faire face à ce passer, le contrôler pour ne pas te laisser avoir. En ayant conscience de ce qu'elles représentent tu pourras alors briser ce genre d'attaque. Tu comprends?

Je me voulais rassurant et bienveillant envers elle. Il fallait qu'elle s'endurcissent. Mais je ne doutais pas que les Pacificateurs l'aideraient à améliorer ses capacités. Seulement elle devait comprendre que la vie ne lui ferait pas de cadeau. Ce qu'elle avait vécu il y a quelques mois n'était rien en comparaison de ce qui pourrait lui arriver si on lui mettait la main dessus dès à présent.

Déboutonner ma chemise et lui montrer mes "blessures" passées avait eu l'effet recherché vis à vis de ma petite interlocutrice. Elle s'était rapprochée de moi et le contact de l'un de ses doigts effleurant ma peau meurtrie me fît légèrement tressaillir. Un frisson me parcouru la peau jusqu'à remonter le long de ma colonne vertébrale.
Silencieux j'écoutais les mots qu'elle prononçait avec douceur et compassion. Lui dévoiler que moi aussi j'avais connu l'enfer avait créé un parallèle entre nos deux vies. Un lien dans lequel elle pouvait aisément se retrouver.

- C'est à peu prêt ça. Vois tu je devais avoir à peu près le même âge que toi lorsque j'ai perdu mes parents. C'était une journée comme les autres. Ils avaient une course à faire et m'avait demandé se rester à la maison bien sagement. Je me souviens encore de l'étreinte de ma mère et son parfum avant qu'elle ne ferme la porte derrière elle. Cependant je n'aurais pu deviner que c'était la dernière fois que je les voyais tous les deux....en vie.
Ils furent pris dans des tirs croisés. Au mauvais endroit au mauvais moment. Ceux sont des miliciens qui vinrent me chercher et me placèrent directement dans une famille d'Asarien sans prendre la peine de m'expliquer ce qui s'était passé. C'est ce jour là que mon don s'est activé. Un don assez particulier. Celui de l'imagination. Je n'avais rien pu garder de ma vie passée. En quelques instants on l'avait balayé sans que je puisse faire quoi que se soit. Je n'ai même pas pu leur dire un dernier au revoir. Trop jeune à l'époque selon les dires des mes "parents" du moment. Je ne sais même pas où ils ont été enterré...

En cet instant j'en voulais à la terre entière. Le monde me dégoûtait plus que de coutume. C'était comme si je m'étais pris à ma propre histoire, emporté pour un flot de création que je n'arrivai pas à contrôler. Mais n'est ce pas le propre d'un artiste?

- Est ce que tu peux t'imaginer passer des nuits à regarder par la fenêtre en te demandant pourquoi? User de ton don pour créer la réflexion de ceux qui désormais n'étaient plus de ceux monde? Combien de fois pour les garder près de moi n'ai je user de mon don pour me créer des représentations qui me serraient dans leurs bras. Allongé dans mon lit j'étais blottit contre eux. C'est vrai ils étaient artificiels et froids. Mais grâce à ça je goûtais à un peu de bonheur en les sachant à mes côtés. Je désirais tellement les avoir près de moi que j'étais près à mettre ma propre vie en danger pour que le rêve ne s'arrête jamais. Bercé d'illusions, j'étais heureux et il s'en fallut de peu pour que j'en meurt. Mais ce dont je ne m'étais pas rendu compte c'était que plus je les gardais près de moi, plus je nourrissais une colère et une haine envers ceux qui me l'avait pris. Mais aussi envers ceux qui avaient effacé leurs existence comme si de rien n'était. J'ai laissé la colère et la peur atteindre de telles proportions qu'un jour je me suis rendu au centre de la milice et j'ai réclamé justice. Je n'étais qu'un enfant aussi au départ m'ont ils rit au nez. Mais très vite les rire on fait place à la violence quant ils ont compris que j'étais sérieux. J'ai été passé à tabac. Enfant ou non, Asarien ou non, ils n'en avaient que faire et on prit un malin plaisir à me remettre à ma place. J'ai perdu conscience et me suis réveillé plusieurs mois plus tard à l'hôpital. Mes cicatrices avaient totalement disparu grâce au SEER mais pour ne jamais oublier ce qui s'était passé me je suis servi de mon don pour les faire réapparaître. Pour qu'elle me rappelle que la peur et la colère ne doivent pas me guider. Et d'une certaine façon que mes parents sont toujours près de moi.

Tout en terminant ma phrase, j'avais replacé ma chemise sur mes épaules la reboutonnant rapidement avant de me retourner vers celle qui depuis un moment m'avais rejoint dans l'arbre.

Nous avions tous deux un lourd passé sur nos épaules. L'un était réel, l'autre fictif mais puisé dans un passé plus ou moins chaotique. Je m'étais inspiré de ma condition de jadis. De ce mépris que j'avais vu dans le regard de mon père tant de fois lorsqu'il avait su que j'aurais éternellement le physique d'un enfant. Mon abandon, mon passé balayé d'un revers de la main. Tous ces éléments qui m'avaient permis d'alimenter mon histoire. J'étais plutôt fier de moi et tandis qu'une légère brise nocturne faisait trembler les branches environnantes je scrutais sous la lumière complice de la lune la petite demoiselle qui m'accompagnait... Une chose plus que tout autre avait marqué mon esprit dans l'histoire qu'elle m'avait conté à son tour. Un détail qui avait fait briller mes prunelles de curiosité et d'envie... Aussi lui avais je timidement adressé ces mots...

- Dis moi Héméra... Qu'elle sensation ça fait de sentir le soleil.

Et oui, parfois un petit détail anodin prend des allures de Saint Graal pour celui qui n'en a goûté les bienfaits depuis longtemps. En cet instant c'était à la fois l'Ancien mais aussi l'Archiviste qui posait la question. Certes grâce à mes dons j'avais nombres de fois envoyer l'un de mes doubles à l'extérieur histoire de relater des événements hors du dôme. Mais ressentir sur sa peau la chaleur du véritable soleil au travers d'un double n'avait rien à voir avec le sentir directement. M'asseyant sur la branches, jambes croisées et mains sur les chevilles j'observais la petite princesse d'un regard plus d'envie, entendant qu'elle me compte cette histoire....