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 (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]

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Mara Jade
Leader des Pacificateurs
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Mara Jade
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MessageSujet: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyJeu 17 Avr - 8:02

Une nuit …
Fin Aout  2110

La jeep nous avait amenés jusqu’à l’entrée de l’une des galeries souterraines qui passaient sous la cité. Les tunnels étaient nombreux, une vraie fourmilière que peu de personnes connaissaient tout comme peu de Miliciens parvenait jusqu’ici car les galeries s’étalaient en un labyrinthe extrêmement complexe. Même le gouvernement n’avait pas dans ses archives tous les plans nécessaires pour apprendre à ses soldats à avancer et à se guider dans ce dédale de passages sombres et humides. Julian m’avait concoctée ses petits gadgets pour rester en liaison permanente avec moi. Mon téléphone portable avait été recadré et reprogrammé pour qu’il lui serve de GPS, donc à suivre ma trace et mon évolution dans les bidonvilles.  Laissant derrière nous le véhicule, nous marchâmes durant une bonne petite heure pour enfin arriver à la fameuse intersection que j’avais expliquée à mon coéquipier de ce soir.

- Nos routes se séparent là, Julian. Va jusqu’au bout de cette galerie, tu y trouveras une grille au-dessus de ta tête. Elle t’amène directement dans une cave. Cette même cave se situe dans l’immeuble où se trouve la planque des Pacificateurs. Je t’ai donné les clefs et le code d’entrée. Tu y seras en sécurité. Michael est extrêmement méticuleux avec les appartements et rien n’est oublié de sa part.

Il me fit faire un dernier essai voir si l’oreillette fonctionnait bien, me recommandant de ne pas me presser pour arriver à mon rendez-vous pour qu’il puisse mettre en place son ordinateur. Un dernier signe de la main, un dernier regard et, je m’engouffrais dans le second tunnel, réajustant la capuche de ma longue cape noire sur mes cheveux. Héméra était en sécurité au QG.  Elle n’avait que huit mois, et ma fille m’impressionnait déjà tant j’étais fascinée par la ressemblance avec son père. C’était Lia qui se chargeait de la garder. Je connaissais les inquiétudes et les craintes de mon amie. Je n’avais pas eu besoin de ses mots pour comprendre qu’elle ne supportait pas de me voir éloigner du Phoenix et de me rendre dans les bidonvilles en pleine nuit. J’avais mesuré les risques, je n’avais pas pris cette décision sur un coup de tête. C’était avant tout de l’ordre de mes obligations en tant que leader. Je n’avais jamais envoyé personne à ma place dans des missions aussi périlleuses, je ne le ferai pas ce soir non plus. J’arrivais devant une échelle rouillée, m’agrippant aux barreaux pour monter et faire glisser la trappe qui donnait dans une ruelle étroite, baignée dans l’obscurité. Le lampadaire avait été éclaté, et les ombres m’aidaient à rester discrète.

Je regardais ma montre dissimulait sous mon gant. Il ne me restait plus que dix minutes avant ma rencontre. Le lieu était en retrait, loin de tout comme du dispensaire. Mais l’informateur avait tenu à cet endroit et à dévoiler ses renseignements à moi et à personne d’autre. Il fut en avance car sa présence s’était déjà dessinée au loin alors que je m’approchais de lui. L’échange fut assez bref me remettant une clef USB qui contenait une vidéo et des documents provenant d’une vidéo volée et des photos. Tout s’était bien déroulé sans incident.

 - C’est Ok Julian, je retourne dans les souterrains.

Le petit micro pas plus gros qu’un grain de beauté, caché sous le col de mon chemisier m’était très utile pour communiquer avec le Pacificateur. Je repris donc le chemin en sens inverse. Les rues étaient beaucoup trop calmes. Cela en était presque dérageant. Aucune sirène aux alentours alors que les Miliciens devraient normalement patrouiller à cette heure si tardive de la nuit. J’accélérai mes pas, me fondant dans l’obscurité, courant vers la grille au sol qui me donnerait accès à ma sécurité. Je m’attendais à tout dans ces quartiers sensibles mais pas à voir arriver face à moi, un fourgon, les phares éteints et sans sirène ainsi qu’une voiture qui sortit sur ma droite. Voilà pourquoi le silence ne présageait rien de bon. Les deux véhicules freinèrent à quelques mètres de moi, les soldats braquèrent leurs armes et une voix rauque se fit entendre. Ma cape protégeait mon identité et mon visage. Il ne voyait de moi que l’esquisse de mon regard de bronze vrillant leur cruauté.

 - Le couvre-feu est tombé depuis une heure…Tu sais ce qu’on fait aux humains que l’on trouve dans les rues à cette heure-là ? On les jette en cellule.

Je reculais, sachant que derrière moi, il y avait une petite rue piétonnière, plus étroite qui me permettrait de fuir et peut-être de les distancer car ni le fourgon, ni la voiture ne pourraient y passer.

 - Ne bouge pas !!

Et lorsque les soldats s’approchèrent, je fis demi-tour aussi vite que je le pus, m’engouffrant dans la ruelle. Ma main glissa dans mon dos récupérant mon arme laser.

 - Arrêtez-le et ramenez-le-moi !!

- Julian, je dois couper tout contact avec toi…surtout, tu ne bouges pas de ta planque.

Ils croyaient avoir à faire à un homme. C’était tout aussi bien. Les tirs fusèrent dans mon dos, tentant d’échapper à ce massacre. Je zigzaguais comme je le pouvais au milieu de ces salves…Une me toucha à la cuisse, une autre à l’épaule, une troisième à mon bras mais je continuais à avancer même si la douleur et la chair brulée rendaient plus sensible ma progression, ripostant moi aussi de mon arme.

- Il est blessé !! Contournez la ruelle !!

Je poursuivais ma cavale, tournant sur ma gauche essayant de les semer. La blessure à ma cuisse freinait ma course et pourtant, je devais avancer et me cacher, atteindre une autre entrée secrète pour me glisser dans les galeries.

* Maman…STOP !*

La voix de ma fille, dans ma tête, m’arrêta dans mon élan alors que j’allais traverser une voie. Une voiture freina au même instant, les pneus grinçant sur la chaussée, me figeant devant le véhicule qui avait failli me percuter.  Si ma fille m’avait avertie,  je venais malgré tout de perdre mon avantage sur mes poursuivants.

- Par ici !!!

Et au lieu, de tenter de continuer ma fuite…je ne pus m’empêcher de regarder la silhouette qui n’avait pas bougé de derrière son volant et que je n’apercevais pas… Quelque chose me troublait, dérangeait les battements de mon cœur qui s’étaient mis à pulser beaucoup plus vite. Les phares m’aveuglaient, portant le revers de ma main devant mes yeux. Cette personne que je ne voyais pas était restée à bord de sa voiture, derrière son volant. Pourquoi ne me livrait-elle pas aux Miliciens ? C’était si facile de me faire prisonnière, j’étais à bout de souffle, à bout de force et blessée. Les lumières des lampadaires tout autour de moi éclatèrent dans une folie puissante me faisant sursauter. Je détournais mon regard pour observer les ombres s’abattre sur moi, impérieuses, souveraines, inébranlables. Des faisceaux d’un bleu électrique serpentaient dans cette ruelle…Tout paraissait irréel comme si…Quelque chose…Non…Quelqu’un avait subitement perdu le contrôle de son don…C’était si…familier…Non…
Je reposais mes yeux sur cette silhouette toujours dissimulée derrière son tableau de bord, bien présente mais si immobile que cela en devenait terrifiant. Les secondes s’écoulèrent lentement, le temps semblait s’être figé à ce moment-là. Je n‘entendais plus les ordres des soldats, juste le bruit de la portière de cette voiture qui s ‘ouvrit, les pas qui s’avancèrent vers moi et mon cœur qui pulsa si excessivement que j’en avais mal.


Dernière édition par Mara Jade le Dim 4 Oct - 3:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyJeu 17 Avr - 12:58

La journée avait été longue comme souvent pour l'équipe que nous formions Héléna et moi. Nous n'avions pas fait de sortie de terrain mais avions passé de longues heures à choisir les clichés qui illustraient le mieux ses papiers sur les sujets d'actualité brulants. J'appréciais de travailler avec elle bien que me dissimuler sous mon nouveau visage me pesât. C'était une femme de convictions, engagée et qui n'hésitait pas à prendre des risques pour restituer la vérité aux lecteurs. J'essayais de l'épauler au mieux dans mon nouveau travail de photographe. J'avais travaillé tard après son départ pour développer quelques photos supplémentaires et j'étais sans mon binôme lorsqu'une dépêche mentionnant un mouvement de troupes anormal dans les quartiers chauds d'Asaria tomba sur le téléscripteur. Nous avions des informateurs postés dans tous les endroits stratégiques et nous les payions bien pour leurs informations qui pouvaient souvent déboucher sur des scoops. Cette nouvelle devait certainement venir du type qui avait une échoppe tout près d'un casernement de la Milice dans le secteur le plus remuant d'Asaria. Bien qu'il ne fût pas dans nos accords que je parte seul sur le terrain, je décidai de transgresser la règle afin d'accorder une vraie soirée à ma collaboratrice. Elle avait certainement dû mettre sur pied un petit projet en amoureux, une telle femme ayant forcément quelqu'un dans sa vie. J'étais bien assez grand pour prendre quelques clichés, observer les événements et lui en faire un compte rendu pour alimenter son papier. Je me doutais qu'elle pourrait râler que je prenne des risques seul et d'avoir manqué l'événement mais d'un autre côté sa vie affective m'en remercierait peut-être. J'étais bien placé pour savoir ce qu'était le manque de l'autre, la solitude, moi qui devait me tenir loin de Mara afin de ne pas la mettre en danger. C'était tellement dur et cruel.

J'avais donc pris notre véhicule de service tout en priant pour ne pas encore provoquer de panne électrique dans les circuits de la voiture. Plus je m'enfonçais dans ce quartier habituellement agité par les rixes, parsemé par des feux de bidons autour desquels les plus défavorisés, les sans domiciles, venaient se réchauffer un peu avant de s'éparpiller dès qu'une voiture de la Milice pointait le bout de son capot, plus je me demandais si cette info n'était pas une intox. Aucune agitation, aucune émeute entrain de couver, le calme plat... Mon informateur avait-il été mal informé lui-même ? Pourtant en y réfléchissant bien, c'était même trop calme, presque étrange... Le calme avant la tempête. On aurait dit que le quartier avait été déserté, ou que chacun se terrait derrière les volets délabrés. L'absence de bruit et des patrouilles qui sillonnaient toujours ce quartier en se montrant ostensiblement me donnèrent une impression bizarre. Et si c'était un piège ? Si on avait percé à jour ma véritable identité ? Je scrutais d'un regard tendu les trottoirs éclairés par les réverbères. Je ne voyais rien de suspect ou d'inquiétant, ni même une présence louche ou peu recommandable errer sur ces trottoirs. Étonnamment les habitants de ce quartier qui avaient toujours du mal à le faire en temps normal semblaient respecter le couvre-feu à la lettre ce soir, comme si le décor avait été abandonné par les figurants partis s'abriter avant un duel en règle. J’espérais bien que je ne serai pas l'un des protagonistes de ce duel. J'avais peut-être trop d'imagination. J'étais tellement concentré à scruter les côtés de la rue que mon cerveau commença a faire de siennes et à détraquer l'éclairage public. Il ne manquait plus que cela ! Je fermai les yeux une fraction de seconde pour essayer de contrôler le désordre électrique que je générais. Mais ce n'était certes pas la chose à faire lorsqu'on conduisait dans une rue, même déserte. Lorsque je les rouvris, j'appuyai comme un fou sur la pédale de freinage. Une silhouette venait de traverser la chaussée, se jetant presque sous mes roues. Sous les lueurs clignotantes des lampadaires, j'essayais de la détailler et lorsque elle passa dans le faisceau de mes phares, je ressentis comme un électrochoc. Cette cape, avec cette capuche, la corpulence du corps qui se dissimulait dessous, sa taille... Tout me rappelait ... Mara. L'histoire allait-elle encore se répéter ? Etait-il possible que ce soit elle et que le destin par un bégaiement facétieux ait choisi de nous mettre à nouveau en présence ? Mon émotion était telle que tous les éclairages explosèrent dans des gerbes d'étincelles éclairant la rue comme si quelqu'un avait décidé d'y tirer un feu d'artifice. C'était un peu pareil dans mon cœur mais en même temps une terrible appréhension grandissait. Si c'était bien elle, allait-elle me reconnaître ? Quelle serait sa réaction ?  

Mais le temps n'était pas aux conjectures. Quelle qu'elle fût, il fallait que j'aide cette personne qui semblait épuisée ou blessée, courbée en deux, la main posé sur la cuisse et l'autre en visière au dessus de ses yeux. Je ne pouvais distinguer son visage mais mon instinct me disait que l'incroyable, l'inespéré allait à nouveau se produire. Je devais réagir mais j'étais tétanisé, comme frappé par la similitude de ce moment avec celui qui avait marqué le tournant décisif de ma vie. Il fallait que j'agisse, et vite. Si ce n'était pas elle, c'était au moins quelqu'un qui fuyait ce fourgon de la Milice qui arrivait à tombeau ouvert après avoir cherché un passage dans le dédale des rues étroites. Je me devais de l'aider. Si c'était elle, je devais marcher vers mon destin et en accepter les caprices, qu'elle me reconnaisse ou pas, qu'elle m'accepte tel que j'étais devenu ou pas. Et surtout je devais la sauver et saisir cette chance de la toucher, de l'approcher une ultime fois même si elle ne voyait en moi qu'un étranger.

J'ouvris les portes de la voiture et me dirigeai en courant vers elle, je saisis sa main.

- Venez vite, ils sont presque là. Montez ! Dis-je en la poussant sur le siège passager.

Le contact ne pouvait me tromper et je sus que c'était celle que j'aimais qui se trouvait tremblante, assise à mes côtés. Je démarrai en trombe au nez et à la barbe du camion qui débouchait sur l'avenue et fis un demi tour tous pneus hurlants pour repartir dans l'autre direction. Peu importait mon reportage, il me fallait la mettre en lieu sur, une fois de plus. J'avais mon trésor à mes côtés mais je ne pouvais rien lui dire. Je me concentrai sur la conduite en murmurant sans regarder la silhouette encapuchonnée:

- Attachez-vous, nous risquons d'être un peu secoués.

Secoué, je l'étais au plus profond de moi-même et je savais que ma voix me trahissait probablement. Mais il fallait que je nous sorte de là et je me doutais que ce camion ne pouvait pas être le seul à la traquer. Jamais je n'accepterais de risquer de la perdre à nouveau. Puisque le Destin l'avait voulu , puisqu'ils nous avaient encore mis en présence pour que je la protège à nouveau.


Dernière édition par Grant Stevenson le Mar 20 Jan - 19:06, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyLun 21 Avr - 16:20

Figée sur place alors que tout me hurlait de bouger, de me cacher, j’étais incapable de faire le moindre mouvement pour ma survie. J’observai cette scène sous mes yeux, les portes de la voiture qui s‘ouvraient, et cette silhouette qui s’en détachait. Instinctivement, je fis un pas en arrière et, ma raison aurait voulu que je pointe mon arme sur cette personne, ma lucidité et ma logique, de tirer pour sauver ma vie mais je ne le fis pas…Il fut rapide pour contourner le capot du véhicule et attraper ma main. L’espace d’une seconde durant ce bref et  brusque contact, mes terminaisons nerveuses furent soudainement mises au supplice comme si quelque chose venait de me bruler à travers le tissu. Mes sens et mon intuition qui avaient toujours été mon soutien le plus indéfectible m’abandonnaient en me laissant seule face à cet inconnu. Il me tira à lui me poussant à l’intérieur de l’habitacle. J’étais sonnée par cette sensation à la fois familière et déconcertante. D’un automatisme  déroutant, j’attachai ma ceinture de sécurité tandis qu’il rejoignait son siège pour reprendre les commandes de sa voiture qui démarra en trombes juste au moment où les Miliciens lancèrent leurs assauts sur la cuirasse du véhicule.

Laissant la capuche de ma cape en place sur mes cheveux, me concentrant droit devant, sur la conduite nerveuse du conducteur, je gardai néanmoins mon arme dans ma main, me tenant fermement à la portière de l’autre. Son attitude était si précise, domptant sa monture métallique à la perfection, connaissant le moindre recoin des bidonvilles. Je ne savais pas où il comptait m’amener, où il comptait fuir pour éviter la Milice. Il avait de l’avance sur les soldats car ils allaient devoir faire demi-tour pour rejoindre le fourgon avant de nous prendre en chasse sauf si bien sur d’autres renforts arrivés à nous localiser.  Tout ce brouhaha, ce désordre et ce danger avaient occulté une information que mon cerveau décortiqua à l’instant même où le véhicule prenait de la vitesse : sa voix. Sa voix avait une intonation étrange et troublante à la fois, sans savoir pourquoi je ressentai cela.

 - Je ne sais pas pourquoi vous m’avez sauvée, pourquoi vous avez mis votre vie en danger …mais la vie est un don précieux…Je vous en remercie.

S’il avait voulu me rendre captive de sa personne, il l’aurait fait dès l’instant où il s’était présenté à moi et il m’aurait donnée en pâture aux Miliciens sans se soucier de mon sort. Ce qu’il n’avait pas fait. Alors qui était-il pour affronter la horde de soldats et s’opposer à eux, venir en aide à une inconnue ? Je descendis la capuche en arrière pour tourner mon visage vers lui. Même l’habitacle était plongé dans le noir et les ruelles paraissaient s’éteindre à notre passage. Je ne percevai rien de lui, juste ses doigts crispés sur le volant, ses yeux maintenant la route, des mèches brunes qui encadraient son visage que je ne distinguais pas.

  - Pourquoi avoir pris autant de risques à sauver une…humaine ?

Pas besoin de tergiverser, je me doutai qu’il connaissait ma nature. C’était si simple à identifier. Mes blessures saignées, et si j’avais été dotée du blood healer, je n’aurais plus aucune trace de ses plaies qui me faisaient souffrir. Mais lui, était-il un humain ? J’avais toujours eu le don de comprendre l’essence même des personnes, une sorte d’empathie poussée à son extrême, peut-être dû à mes rencontres et mes expériences au fil de toutes ces années. Au fond de moi, je savais qu’il n’était pas comme moi, que c’était un Asarien … Mais pourquoi ? Pourquoi tout cela ? Pourquoi prendre autant de risques ? Je retirai mes gants, détaillant la blessure suintante de ma cuisse et celle de mon bras non sans donner quelques coups d’œil dans le rétroviseur.

 - Je n’ai pas le droit de vous causer autant de dangers. Vous devez mettre votre voiture en sécurité et me laisser-là. Ils sont à la recherche, maintenant, d’un véhicule même si je ne sais pas par quel moyen tous les réverbères s’éteignent et explosent dès qu’on franchit une ruelle … et que …

Tout en expliquant ma pensée, je venais de trouver la question à ma propre réflexion. Je me penchai vers l’avant, contre le pare-brise, observant tous ces éclairs bleutés qui se dispersaient un peu partout. Mon souffle se fit plus lourd, ma respiration plus oppressante.

 - L’électrokinésie … vous êtes doté … de ce pouvoir … C’est vous qui êtes à l’origine de tout cela …

Mes derniers mots furent murmurés, brisés au fond de ma gorge comme une évidence venant d’un passé qui revenait à la surface. J’aurai voulu voir les traits de son visage mais l’obscurité m’en empêchait comme si elle le protégeait de mon regard. Je sursautai au bruit des sirènes qui retendirent alors dans le quartier…
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyLun 28 Juil - 3:08

Le hurlement du moteur, le cri des pneus sur l'asphalte, les battements de mon cœur qui s'accélèrent. Tout cela avait un air de déjà vu et je savais trop bien à quel moment de ma vie, l'événement me ramenait. Le moment où elle avait basculé en croisant celle de Mara. Etait-il possible que le destin nous soit si cruel, qu'il nous rappelle ce que nous avions perdu en rejouant le premier acte de notre ancienne vie ?  Le sentiment d'avoir perdu celle que j'aimais en perdant mon ancien visage s'imposait parfois à moi comme une évidence, et d'autres fois, j'arrivais presque à me convaincre que je parviendrais un jour à regagner son cœur et à renouer contact avec elle, au moins pour lui faire savoir que j'étais encore en vie. Il m'arrivait aussi de me persuader que je devais rester mort à ses yeux, puisque j'avais changé d'apparence, la laisser refaire sa vie, une fois son deuil achevé. De quel droit aurais-je pu lui imposer un nouveau compagnon qui avait les traits d'un étranger ? Et si elle me rejetait ou pire m'accueillait par pure compassion ou par devoir envers notre fille ? Ne valait-il mieux pas qu'elle l'élève avec un autre homme dont elle aurait choisi le visage parce qu'il lui plairait ?

Ma nouvelle apparence n'avait rien de repoussant, bien au contraire. Il me suffisait de me regarder dans le miroir ou dans les yeux des femmes que je croisais pour savoir que j'avais même un certain charisme, pour ne pas dire du charme. J'avais gagné en maturité avec tous ces événements que nous avions traversé ensemble puis séparément. J'avais failli mourir, j'avais crains la disparition de la femme que j'aimais, et de notre enfant qu'elle portait. Tout cela m'avait incontestablement rendu encore plus grave, sombre même, mélancolique. Si je n'avais déjà plus rien de l'arrogance asarienne lorsque j'avais croisé Mara , si j'avais encore gagné en modestie et en compassion, en courage aussi en luttant jour après jour à ses côté, la traque dont nous avions fait l'objet, puis mon évasion et ma cavale, alors que j'aurai pu mourir assassiné dans les geôles gouvernementales, mon changement de visage, prix à payer pour échapper à la persécution d'Alianka de Nephthys, tout cela m'avait fait perdre les dernières onces d'insouciance qui pouvaient me rester de mon enfance. L'humour n'avait pas disparu de mon esprit, pas plus que l'envie de vivre, mais j'avais oublié le mode d'emploi.

Je murmurai en réponse aux paroles de ma voisine qui me rappelaient douloureusement les premiers mots de Mara.

- On m'a déjà posé cette question, il y a quelques années de cela. Je vais vous répondre par une autre question : pourquoi aurais-je dû vous laisser mourir ?

Elle s'efforçait de percer l'obscurité pour voir à qui elle s'adressait … A qui ? Mais qui étais-je vraiment ? Grant Stevenson ? Ou cet illustre inconnu auquel le chirurgien plastique avait volé l'apparence, cet homme qui avait vécu avant la Pluie de Feu et dont j'avais trouvé la photo dans les archives de Times, un journaliste selon le texte qui légendait la photo ; un photographe de grands reportages, un baroudeur aventurier, il était décédé dans les premières heures de la guerre nucléaire déclenchée par les Humains. J'étais mort pour renaître sous l'apparence d'un autre mort. Quelle ironie ! Je maniais le cynisme aussi, avec un plaisir un peu malsain, ça aussi c'était nouveau et j'en usai une fois de plus, lorsque je répondis à sa deuxième question.

- La nuit, tous les chats sont gris, et il ne m'avait pas sauté aux yeux que vous étiez humaine.

Bien sûr je mentais, du moins à présent. Je ne pouvais pas ignorer qu'elle était humaine. Même une jeunette asarienne aurait fini par saigner moins abondamment à défaut de guérir totalement. Elle était en train de se vider de son sang sur la banquette de ma voiture de location.

- Vous allez en mettre partout.

Je me penchai vers elle pour ouvrir la boîte à gants et elle porta instinctivement sa main sur son arme. Stoïque, je plongeai la main dans le rangement et en ressortis une trousse de premiers secours.

- Désinfectez ! Ici les microbes grouillent et vous êtes tombée à terre sur votre plaie ouverte. Vous trouverez de quoi faire un bandage de compression ensuite... Avez-vous des amis, quelqu'un de confiance chez qui je puisse vous déposer ? … Silence méfiant. Ok, vous n'aurez qu'à me dire Où vous voulez que je vous dépose et vous finirez à pied. Promis, je ne vous suivrai pas. Le danger ? Quel danger ? C'est vous qui allez faire une syncope si on ne referme pas cette  plaie dans l'heure qui suit. Je ne risque pas grand chose... Je n'ai plus rien à perdre...

La tension que sa proximité entretenait depuis que je l'avais fait monter dans la voiture ne faisait que s'accentuer avec toutes ces questions qui me vrillaient le cœur. J'animais un véritable cirque électrique à moi tout seul. Si j'avais souhaité passer inaperçu ce soir pour réaliser mon reportage photo, c'était mort. On avait plutôt l'impression que j'étais précédé par ce très ancien Dieu de la Foudre des pays nordiques, celui qui avait un marteau. Sauf que c'était moi le marteau. Une idée venait de s'ancrer dans mon esprit et me força à piler malgré les poursuivants qui étaient à nos trousses. Je me tournai lentement vers le visage qui était à présent éclairé par la lumière bleue des arcs électriques.

- Oui, c'est moi, qui fait tout ce remue ménage. Si vous vouliez passer inaperçue, vous avez choisi le mauvais taxi.

Mon cœur l'avait reconnue bien avant mes yeux et je fermai les miens dans la pénombre, serrant le volant de toutes mes forces, m'y cramponnant pour ne pas hurler. Celle que j'aimais, qui hantait mes nuits, dont j'étais séparé depuis des années , se trouvait à quelques centimètres de moi et je ne pouvais lui révéler mon identité. Une peur irraisonnée me rendait muet. Bouleversé et incapable de retenir la colère qui couvait en moi depuis tout ce temps, contre celle qui m'avait privé de ma famille, la Grande Conseillère Alianka de Nephthys, je laissai toute la puissance des ondes mentales s'emparer de l’électricité environnante et se concentrer sur ce qui symbolisait à ce moment les tyrans à mes yeux : le fourgon de la Milice qui nous talonnait à présent et dont l'image grandissait dans le rétroviseur central. Un arc gigantesque se forma reliant les éclairages publics entre eux et un faisceau se dessina en direction du véhicule qui s'éleva dans une gerbe d'étincelles pour retomber dix mètres plus loin, en flammes. C'était la première fois que je contrôlais, utilisais mon pouvoir pour détruire, pour tuer, délibérément. Je tournais mon regard vers elle et la dévisageai comme si je la croisais pour la première fois. Elle voyait à présent parfaitement mon visage. Un visage qu'elle associerait à un fou furieux … Aux antipodes de l'homme qu'elle aimait, qu'elle avait aimé... et ce n'était peut-être pas plus mal ainsi. Nous pouvions entendre les appels à l'aide des miliciens coincés dans le véhicule en feu. J'avais verrouillé la fermeture centralisée des portes et la maintenais sans en avoir conscience. En état de choc, je regardais les flammes dévorer la carrosserie puis la dévisageai à nouveau avant d'articuler d'une voix blanche :

- Je ne peux pas les laisser mourir … pas comme ça... Vous pouvez conduire ? Prenez ma place au volant et partez vous cacher dans un hangar...

Elle n'eut pas le temps de répondre. J'étais déjà dehors et je courais vers le brasier.
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Mara Jade
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyDim 7 Sep - 18:29


- Parce que ma tête est mise à prix et que je vous mets en danger.

Le prix de ma capture était énorme. Le gouvernement ne lésinait pas à mettre toutes les chances de leur côté pour obtenir la leader des Pacificateurs.  Il fit un mouvement bien trop brusque pour moi et mon instinct de survie fut le premier à répondre, dégainant mon arme. Mon geste ne l’arrêta pas, ouvrant la boite à gants pour y sortir une petite trousse d’urgence. Il avait raison. Ma blessure à la cuisse était la plus mauvaise et elle ne devait pas s’infecter. Je déchirer un morceau de ma cape, imbibant  le tissu de la lotion antiseptique que je badigeonnais sur ma plaie. Je serrai la mâchoire face à la douleur, déchirant un nouveau morceau de tissu pour m’en faire un bandage et arrêter le sang qui coulait.

- Parfois on ne choisit pas. Le hasard le fait pour nous. Il nous porte vers des directions que l’on pense absurdes ou qui nous échappent mais qui au final se devinent bien plus logiques.

Des zébrures de couleurs bleutées et argentées se dessinaient à l’extérieur de l’habitacle de la voiture. Je n’avais jamais vu cela auparavant. C’était un véritable feu d’artifice qui grondait dans les ruelles voisines et tout autour du véhicule, touchant les quelques lignes électriques des bidonvilles pour agrémenter la fureur des éclats. Je me penchai en avant, observant et suivant des yeux ses lignes lumineuses qui faisaient rage. L’électrokinésie était responsable de cela et l’homme qui se trouvait près de moi en était doté. Cette vision pouvait s’avérer impressionnante mais je n’avais pas peur. Ce don m’était familier parce que s’était le SIEN, parce que tout en cet instant me ramenait à LUI. Je savais qu’Amaria me prendrait pour une folle mais cette sensation qui enserrait mon cœur n’était pas due à une quelconque folie.  Je tournai alors mon visage vers le conducteur. Un Asarien qui savait parfaitement ce qu’il encourrait d’aider une humaine. Je plissai mes yeux, cherchant à observer son visage, à en apprendre plus sur lui mai il jouait avec les ombres comme s’il arrivait à se fondre parmi elle. Pourtant à cet instant, mon vœu se réalisa. Il bougea assez pour me permettre d’apprécier les traits de son visage, la ligne racée de sa mâchoire, ses yeux sombres qui me scrutaient autant que je pouvais le faire … Ses prunelles d’un bleu profond. Cette voix qui s’associait à ce regard éveillait mon cœur. C’était impossible et pourtant j’entendais une voix hurler dans ma tête, d’arrêter de penser à LUI, de le croire vivant. Pourtant... Je ne rêvais pas … ou alors oui, je venais de sombrer dans la plus pure des folies. Comment en être certaine ? Comment prouver ce que mon cœur me dictait et me murmurait ? Mais un énorme bruit résonna à l’arrière de la voiture. Le fourgon qui nous avait pris en chasse fut soudain enveloppé d’un arc électrique. J’observai cette scène effrayante et irréelle, mes yeux passant des Miliciens à l’Asarien. Nos regards se croisèrent et je crus à l’instant lire dans le sien  une excuse, une fatalité. Non, non … ne partez pas, restez … Malgré la supplique muette, il sortit de la voiture pour aller secourir les soldats. Je fixai le volant et j’entendis des sirènes. Non ! Je ne le laisserai pas tout seul. Je glissai à sa place malgré la douleur de ma cuisse, mordillant ma lèvre pour endiguer le mal, enclenchant la marche arrière. Mon pied calé à fond sur la pédale. Quel Asarien prêterait main forte à ses bourreaux ? C’est toi, n’est-ce pas ? Dis-moi que je ne suis pas devenue folle cette nuit …

Je pris de la vitesse, me retrouvant tout près du brasier.  J’ouvris ma portière, prenant en main mon blaster. Je tenais à peine sur mes jambes mais je savais encore viser. Les rayons rougeâtres de mon arme fendirent les airs lorsque les silhouettes des autres Miliciens venus porter secours à leurs coéquipiers se matérialisèrent à quelques mètres de moi.

- Dépêchez-vous !

J’effleurai du bout de mes doigts le col de ma chemise. Il était temps de demander de l’aide. Le petit micro devait toujours fonctionner.

- Julian ? Tu es encore-là ?

Je venais de m’accroupir derrière la portière, la vitre explosa juste au -dessus de ma tête et une voix familière retentie dans mon oreille.

- Mara ! Bordel ? Tu es passée où ?

- ça fait plaisir de t’entendre et de voir que je t’ai manqué. Je suis quelque part dans les bidonvilles. Trace le signal de mon micro. J’ai besoin que tu brouilles les radars de tous les véhicules de la Milice qui se trouvent dans un rayon de 10 kilomètres. Il  faut que je regagne la planque sans être suivie.

-  Quoi !!!! ? Qu’est ce qui t’arrive ? Mara !!

- Dépêche-toi Julian ! C’est toi le petit génie en informatique ou on va finir par griller sur place !

- ON ?

- Julian !!!

- Ok, ok ! Laisse-moi trois secondes que je mette en place tout ça.

Le silence me rendit nerveuse. L’Asarien sortait les corps de soldats prisonniers du fourgon. D’autres se dirigeaient vers nous. Je ne tiendrai plus longtemps comme ça et il était hors de question de le laisser derrière moi.

- C’est bon, je viens de bidouiller un nouveau signal qui dissimule le tien. Tu as 5 minutes pour sortir des bidonvilles avant qu’ils ne comprennent que l’autre signal va les conduire tout droit à la décharge et qu’il est bidon.

- Merci Julian !

Je tirai une dernière fois sur le soldat qui arrivait sur moi. Je ne visais que les jambes pour les ralentir. Le gouvernement avait réussi à enrôler des humains parmi les Miliciens et je ne pouvais me permettre d’en tuer un. Je repris place devant le volant, ouvrant la portière côté passager.

- C’est le moment de monter ! Je ne compte pas m’en fuir sans vous !

L’Asarien grimpa à l’intérieur et il n’eut pas le temps d’attacher la ceinture et de refermer la porte que je fonçais droit devant. Les soldats continuaient à nous tirer dessus. Le pare-brise résista aux tirs ce qui me donna la possibilité d’accélérer encore davantage. J’éteignis les phares me dirigeant dans les ruelles étroites des quartiers miséreux par ma seule connaissance du terrain. Mes mains agrippées au volant, mes phalanges blanchissaient sous l’adrénaline et le danger mais ma concentration sur ma conduite était bien là. Dans une ruelle parallèle, un second fourgon passa à toute vitesse. Le signal fonctionnait parfaitement. Tous se dirigeaient vers cette fameuse décharge. Dans l’oreillette, Julian continuait à me parler.

- Tu es où ?

- A la limite des bidonvilles.

- Il ne te reste que peu de temps pour arriver sous l’autre dôme.

- Je sais, je sais …

- J’ouvre les portes du garage de la planque. Les clefs sont dans la petite faille près du mur. Je vais mettre en place un autre signal une fois qu’ils se seront aperçus du leurre.

- Je te fais confiance Julian.

Je quittai enfin les bidonvilles, filant sur la voie rapide qui menait vers le dôme résidentiel. Je passai les vitesses les unes après les autres mais je devais aussi faire attention à ne pas éveiller la sécurité des routes. Je ralenti alors lorsque plus aucun bruit de sirène ne me parvenait. Cette fois-ci, il fallait nous montrer discrets. Toujours les phares éteints, je tournai dans un quartier asarien dans un contrôle parfait de la voiture. Doucement je me positionnai face à un garage dont la porte se souleva. Je m’engouffrai à l’intérieur et la porte se referma aussitôt derrière nous. Je pouvais enfin souffler.

- Ceci est une planque. Votre voiture va devoir rester un moment ici. Ils ont dû relever la plaque d’immatriculation.

Je me laissai tomber contre le dossier, reprenant le cours de ma respiration avant de reporter mon attention sur lui

- Peu d’Asariens se soucieraient de la vie des autres … de prendre autant de risques … On se connait n’est-ce pas ?…

J’ouvris la porte, m’extirpant de l’habitacle, titubant. La tête me tournait et la douleur ne faisait que s’accentuer avec tous les efforts que j’avais fait pour conduire. Je récupérai le trousseau de clefs dans la petite fente du mur, m’adossant contre la paroi pour éviter de tomber.

- Au dernier étage de cet immeuble, il y a un appartement sécurisé…

Je fis le tour de la voiture, me plantant devant lui comme je le pouvais. Je ressentais l’épuisement envelopper mon corps mais j’avais besoin de savoir. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. J’avais presque peur de prononcer ces mots.

- Vos yeux … Une seule personne possède ce regard …  
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyMar 20 Jan - 21:27

Dans et autour du fourgon en flammes l'enfer se déchaînait. Je traînai les corps des miliciens sur le macadam et m'efforçai d'éteindre le feu sur leur tenue heureusement prévue pour y résister. Ce qui les aurait sans doute tués plus sûrement aurait été l'inhalation d'air brûlant dégagé par la combustion du véhicule. Dans ce décor apocalyptique, de nouvelles silhouettes ennemies firent leur apparition et tandis que je me trouvais désarmé face aux mitrailleuses et aux fusils d'assaut laser, une salve stoppa net les deux premiers agresseurs. Bien entendu leurs compères ripostèrent sans attendre, criblant ma voiture de balles. Je pouvais m'asseoir sur la caution. Mais c'était bien le dernier de mes soucis, tandis que je fixai le siège conducteur vide. Où était Mara ? Il me fallut quelques secondes pour comprendre que c'était elle qui avait tenté de me protéger, elle, qui avait crié pour que je la rejoigne. Je m'exécutai sans attendre et elle démarra en trombe sous le tir arrosé des soldats venus en renfort. Je ne savais pas pourquoi ils avaient miraculeusement tant tardé à arriver. J'aurai aussi pu me demander où elle trouvait toute cette énergie, alors qu'elle était blessée, pour conduire, faire feu et couvrir ma retraite. Mais je savais depuis notre première rencontre que Mara était une combattante qui ne renoncerait jamais jusqu'à son dernier souffle et quelque fût la souffrance. Une battante que ma mort n'avait pas réussi à briser mais qui avait au contraire puisé dans ce qu'elle considérait comme un sacrifice une force. Elle le devait à notre fille, elle me le devait mais surtout elle le devait à elle-même. Oui, il y avait longtemps que plus rien ne pouvait m'étonner venant d'elle. Pourtant je ressentis à nouveau cette fierté d'avoir été aimé d'une telle femme. Même si ce ne devait plus jamais être le cas.

Elle semblait puiser dans ses dernières forces et dans cette nouvelle victoire sur les miliciens une énergie inépuisable et ce fut elle qui prit les choses en main sitôt que je fus assis dans la voiture. Elle semblait parfaitement savoir ce qu'elle faisait et où elle allait. Je me souvenais des nombreuses planques que nous avions l'habitude d'aménager pour couvrir d'éventuelles retraites. Je compris alors qu'elle n'était pas là par hasard ce soir, et qu'elle ne rendait pas une simple visite humanitaire dans les bidonvilles, même si cela lui arrivait souvent lorsque j'étais encore à ses côtés. Non, il devait s'agir d'une opération préparée à l'avance, millimétrée à la seconde près. Cela devait avoir moins bien tourné que prévu, puisque je l'avais trouvée blessée. Mon impression fut confirmée lorsque je l'entendis tenir des propos qui, de toute évidence, ne m'étaient pas adressés. Elle devait être en liaison radio avec un des Pacificateurs dévoués à notre cause et je compris qu'ils cherchaient notre porte de sortie de cet enfer. Son interlocuteur la guidant, elle suivait un itinéraire dont seule elle avait connaissance et nous finîmes par sortir du Dôme populaire pour traverser le quartier résidentiel des classes moyennes. Tandis qu'un portail basculant s'ouvrait dans la façade d'une maison, elle y engouffra la voiture et m'expliqua qu'il fallait la dissimuler.

Puis, alors que je ne m'y attendais pas, elle me posa une question que je redoutais depuis que j'avais croisé son chemin ce soir. Je m'extirpai de la voiture en même temps qu'elle, m'offrant ainsi un court répit à cette question. Que répondre ? L'homme qu'elle connaissait, le visage, mais aussi une part de son âme, étaient morts dans les griffes de Van Brënner, et sous la menace de Nephthys. J'avais dû changer d'apparence pour avoir une chance de survivre et je m'étais rendu méconnaissable aux yeux même de ceux que j'aimais. Non, elle ne me connaissait pas, ne me connaissait plus. Et pourtant ...

Elle tituba après avoir récupéré quelque chose dans un interstice du mur et m'expliqua qu'il y avait à l'étage un appartement où elle serait en sécurité. Mais loin de se diriger vers l'escalier qui y accédait, elle se tenait à présent devant moi, le souffle court, tremblante, extrêmement pâle. Je détournai le regard du sien. Je ne pouvais soutenir son interrogation sans que mes yeux me trahissent. Je fixai d'un air inquiet les plaies qui continuaient à saigner sous le tissu imbibé. Elle était sur le point de défaillir. Je reconnaissais les symptômes dont les Humains étaient la proie lorsqu'ils avaient perdu trop de sang. Éludant son allusion, je glissai mon bras sous son aisselle pour la soutenir alors que ses jambes la trahissaient.

- Vous avez perdu beaucoup de sang. Il faut qu'on stoppe l’hémorragie de votre jambe. La faiblesse vous brouille les sens. Face au péril, on a le sentiment que le bon samaritain nous est familier. Je ne suis qu'un asarien parmi d'autres, un anonyme plutôt insignifiant.  

Je la soulevai plus qu'elle marchait et nous nous dirigeâmes vers un escalier qui menait à l'étage. Je la laissai introduire la clef dans la serrure et actionner la poignée de la porte mais avant d'entrer elle fut prise d'un malaise et je la rattrapai in extrémis.

- J'espère qu'il y a ce qu'il faut pour vous soigner et de quoi faire une transfusion  dans votre planque ...

Ma voix devait trahir beaucoup d'angoisse pour être celle d'un inconnu. J'étais prêt à braquer un médecin et à aller voler le nécessaire dans un hôpital pour la sauver. Prêt à perdre cette nouvelle vie que je m'étais construit mais qui était aussi vide que celle du dandy d'antan sans elle à mes côtés. Ce qui me tenait en vie c'était de la savoir en vie elle aussi, même loin de moi. Si elle disparaissais, je n'étais pas certain d'avoir le même courage qu'elle face à ma mort, celui de vivre pour notre fille, Héméra, malgré tout l'amour que j'éprouvais pour mon enfant. Elle ouvrit enfin la porte et dans la pénombre de l'appartement, je distinguai un canapé sur lequel je la forçai à s'asseoir.

- Je vais chercher le nécessaire pour vous soigner et si vous me dites où je peux le trouver, ce sera encore mieux. Si vous avez quelqu'un qui a des connaissances médicales dans votre entourage et en qui vous pouvez avoir confiance, appelez-le ! Je sais soigner des plaies mais là, j'aurai besoin d'être guidé, à moins qu'il puisse venir jusqu'ici sans attirer l'attention ...


Je lui tendais mon portable afin qu'elle puisse appeler quiconque pourrait être utile. Je savais que nous avions des médecins dans nos rangs. Toute aide serait la bienvenue.


Dernière édition par Grant Stevenson le Mer 13 Mai - 17:54, édité 2 fois
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Mara Jade
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyMer 28 Jan - 11:00



L’amour rend aveugle. L’amour doit rendre aveugle. Il a sa propre lumière. Éblouissante. Moi, j’ai la mienne, esquisse familière du visage de ma fille et de l’homme que j’aimerai toujours. Ils sont tapis tous les deux au creux de mon cœur, vivant au fond de mon âme. Cette lumière a toujours été mon moteur, celui de mon courage, de ma force, de ma passion pour mes combats et mes idéaux. Mais ce soir-là, dans cette voiture, je suis aveuglée par ces ténèbres qui mettent à mal mes émotions. Pour la toute première fois, je suis perdue.

Mes sens, mon instinct, ma raison ne cessaient de me hurler une mélodie à laquelle je ne pouvais lutter, et pourtant qui ne pouvait être vraie. J’avais besoin de voir, de toucher. Je n’étais pas aussi cartésienne que semblait dessiner mes réactions alors que tout ma paraissait si illusoire, si chimérique. Si mes yeux n’arrivaient pas à s’ancrer à une image connue, mon cœur, lui n’avait pas besoin de tous ces arguments pour renaitre à la vie, pour reconnaitre le rythme irrégulier d’un amour perdu et tant désiré. Je voulais savoir…J’en avais besoin.  La question que je venais de lui poser … ne trouverait aucune réponse concrète… et cela ne faisait qu’éveiller un peu plus mes interrogations concernant l’Asarien que j’avais ramené dans la planque des Pacificateurs. Mais l’épuisement et la douleur à ma cuisse reprenaient le dessus. J’avais lancé toute mon énergie dans cette fuite et maintenant j’en payais le prix. Mes jambes me trahissaient et je vacillai, retenue à temps par cet homme qui m’offrit son bras. Son explication sur le bon samaritain et sur l’inconnu insignifiant qu’il était, aurait pu être de bons arguments si mon corps au contact du sien n’avait pas réagi à ce geste. Ce rapprochement m’avait transporté dans un tourbillon d’images qui avaient déferlé en moi telle une vague puissante. Le pouvoir de l’Armadan … Je n’avais pu me concentrer sur aucune, spectatrice passive de ces scènes qui se jouaient dans mon esprit. La clef de mon cœur était quelque part dans cet amalgame de données mais j’étais bien incapable d’en comprendre tous leurs sens cachés. Mon cœur s’emballait, il pulsait à une telle vitesse que j’en avais presque mal. Je ne pensais plus, trop troublée pour tenter de raisonner. Je ne réfléchissais plus, trop déstabilisée parce que je venais de ressentir. Il m’aida alors à rejoindre l’escalier pour monter à l’étage.

-Ce sont ces personnes qui se disent insignifiantes qui sont les plus intéressantes à découvrir … murmurai-je entre mes lèvres, essayant de monter les marches sans trop appuyer sur ma jambe qui me faisait de plus en plus souffrir. J’avais la sensation d’être soulevée, d’être sécurisée par cet homme qui prenait soins de me soutenir dans mes efforts. Arrivés devant la porte d’entrée, je tapai un code sur un petit boitier mural, puis j’enclenchai la clef et l’Asarien poussa la porte pour que nous pussions enfin nous mettre à l’abri. Mes forces m’abandonnèrent et je ne sais plus comment je me suis retrouvée allongée sur le canapé, calée contre les coussins, je refusai son portable.

- Je n’ai pas besoin de transfusion … Au fond du couloir … il y a la salle de bain.

Des frissons m’envahirent soudainement, je claquai des dents, incapable de contrôler ce symptôme si reconnaissable de la fièvre.

- Vous … vous trouverez une étagère sur laquelle est posée une mallette d’urgence. A l’intérieur, il y a des seringues et des antibiotiques. Vous allez devoir m’en … injecter un.

Mes yeux se fermèrent, mais j’étais encore consciente de ce qui se passait dans l’appartement. Je l’entendis se diriger vers la salle d’eau, trouver la mallette et revenir avec elle au salon qu’il posa sur la table basse. Je tournai ma tête vers lui, lui montrant du doigt, l’antibiotique qu’il devait prendre. C’était des gestes que j’avais répétés avec Amaria, moi et tous les autres Pacificateurs. Une façon de sauver un ami, un allié.

- Retirez l’opercule, planter une aiguille dans le bouchon puis enclencher la seringue et vous aspirez environs 20cc. Maintenant vous faites la même chose avec ceci.

Je lui désignai un petit flacon en plastique souple.

- Cassez l’ouverture et aspirez avec l’aiguille 10cc. Après, vous secouez légèrement la seringue pour mélanger les deux produits.

Je me hissai sur mes coudes, récupérant le ciseau dans la boite d’urgence. Mais, mes mains furent prisent de spasmes violents, beaucoup trop, pour que je puisse déchirer moi-même le tissu. Mon geste ne serait pas assez précis.

- Il faut découper mon pantalon à partir du haut de la cuisse. Puis entre votre pouce et vos doigts, vous pincez la peau et plantez-y l’aiguille … Allez-y, il faut commencer par ça pour freiner l’infection.  

Je retombai contre les coussins, affaiblie et tremblante, refermant mes yeux. C’était la seule solution pour faire chuter ma fièvre et enrayer l’infection qui se propageait. Une fois cela de fait, il pourrait alors nettoyer la plaie. J’avais lutté jusqu’à l’épuisement et j’avais besoin de repos. Je sentais ses doigts fébriles sur ma brulure qu’il soignait minutieusement. L’antibiotique faisait son effet sur mon organisme. J’aurai pu m’assoupir, dormir. Pourtant, mon esprit tournait à plein régime.

- Quelqu’un d’insignifiant ne posséderait pas une électrokinésie qui se calque sur ses émotions…Quelqu’un d’insignifiant ne posséderait pas un Armadan qu’il tente de contrôler et de maitriser…Qui…êtes…vous.

Je n’osais prononcer ces mots de peur de me tromper, de peur que tout cela ne fût mon imagination bien trop passionnée par l’image de l’homme que j’aimais toujours et qui s’était sacrifié pour notre fille et moi.

- Je…veux…savoir… J’en ai besoin … Arrêtez de me fuir …

Mes doigts agrippèrent doucement le col de sa chemise, cherchant ses prunelles qui me fuyaient sans cesse.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyMer 13 Mai - 19:09

Mara était terriblement agitée et je craignais que cela n'entrave les soins qui devaient lui être prodigués. La blessure par arme laser avait cela de pernicieux qu'elle s'infectait beaucoup plus vite que celle par balle. Les Miliciens avaient réglé la puissance de leurs armes de façon à provoquer des brûlures très profondes qui découpaient peau et muscles au scalpel, faisant bien plus de dégâts que la trajectoire d'une balle dans les chairs. Celles-ci ne se refermaient pas et la septicémie s'installait rapidement surtout si un os avait été touché. J'ignorais si c'était le cas pour la jambe de Mara. Tandis qu'elle me questionnait, je pouvais paraître étonnamment froid et distant mais j'étais concentré sur mes gestes pour lui apporter les premiers secours. La sauver était le plus important à mes yeux. Peu importait qu'elle me maudisse ou éprouve de la haine face à mon attitude du moment qu'elle me laissait la soigner. Ces gestes médicaux, nous les avions répétés maintes fois en entrainement et je chérissais Amaria de nous avoir imposé ces séances.

Elles allaient me donner une chance de sauver une fois de plus la femme que j'aimais. Je pris une grande inspiration et fermai les yeux une fraction de secondes avant de découper le pantalon avec autant de précautions que possible. J'écartai le tissu dont une partie avait grillée sous l'effet du rayon. Je pinçai une partie saine de la cuisse au plus près de la plaie et j'injectai le mélange sans trembler. Puis je m'employai à ôter le plus de souillures possible de la plaie cloquée et déjà purulente. J'avais repéré une pince et je l'utilisai pour oter les morceaux de fibres calcinés qui adhéraient à la blessure. Malgré la douleur que cela devait lui occasionner Mara semblait trop affaiblie pour hurler. Ses gémissements faibles me rassuraient néanmoins sur sa conscience. Quand j'eus nettoyé le mieux possible, je fouillai dans la trousse médicale. Amaria nous avait expliqué l'usage de chaque produit et je tombai enfin sur une pommade à appliquer en couche épaisse. Elle n'allait pas guérir la blessure qui devait être traitée par le repos et laissée le plus possible à l'air libre, nettoyée régulièrement pour enlever les tissus nécrosés. Mais elle ferait un écran contre les impuretés présentes dans un milieu non stérile. Il lui faudrait le plus rapidement des soins appropriés car les antibiotiques ne pouvaient pas aider à réparer les tissus. Je n'étais pas expert en brûlures mais j'avais lu des articles anciens expliquant que des bains dans certaines solutions, voire même de petites bébêtes mangeant les couches abimées de l'épiderme étaient utilisés pour accélérer la cicatrisation. Ces procédés n'étaient plus guère utilisés car utiles aux seuls humains bien sûr.

Je crus quelques instants que Mara s'était assoupie, une fois que j'eus terminé de la tourmenter avec le pansement. Mais il n'en était rien et elle semblait plus préoccupée par mon identité que par l'état de sa jambe. Comment pouvait-il en être autrement ? Mon Armadan avait encore fait des siennes et je ne savais pas ce qu'elle avait pu déduire des sensations éprouvées, ajoutées au constat du beau feu d'artifice électrique que j'avais provoqué. Elle insistait, elle décrivait clairement l'homme qu'elle avait aimé, en m'interrogeant. Je levai la main devant mon visage et reculai pour la faire taire.

- Je ne vous fuis pas. Je ne suis pas celui que vous pensez. Je me nomme Grant Stevenson et je suis photographe au Times Revolution. Voici ma carte de presse. J'étais sur une enquête, un scoop ce soir, quand je vous ai percutée. Je regrette ce qui vous arrive mais je ne vais pas vous être d'un très grand secours. J'ignore ce que vous veulent ces miliciens et peut-être cela vaut-il mieux pour moi que je continue à l'ignorer.


Je pianotai sur mon portable, nerveux. Je consultais mon maigre répertoire. Mon boss et Helena. Je ne pouvais appeler qu'elle pour nous aider à sortir d'ici. Mais si elle se retrouvait confrontée aux questions de Mara, cela éveillerait également les soupçons de cette dernière. Plus de personnes connaîtraient mon secret et plus ma couverture serait compromise et ma mort assurée. Mais surtout cela mettrait ces personnes en grand danger. Je devais convaincre Mara d’appeler un médecin dévoué à notre cause, celle des Pacificateurs.

- Vous devriez tenter de recontacter la personne à laquelle vous parliez. Il vous faut des soins appropriés. On ne va pas pouvoir rester indéfiniment ici. L'antibiotique va enrayer l'infection mais combien de doses avons-nous ? De plus cela ne va pas aider la guérison. La brûlure est trop profonde. Je regrette de ne pas avoir de don guérisseur plutôt que ce fichu armadan ou cette électrokynésie ...Ca vous aurez été plus utile .

Je réfléchissais à la façon dont je pouvais aider la femme de ma vie. J'avais bien l'invisibilité mais il faudrait qu'elle marche et elle n'était plus en état de le faire ce soir.

- Écoutez. Il vous faut du repos. Vous devriez essayer de dormir. L'antibiotique contient un léger antalgique...
Merde j'étais trop bavard, elle allait se demander comment je le savais... je l'ai lu dans un article médical, m'empressais-je d'ajouter. Cela devrait calmer votre douleur. Si demain matin vous vous sentez mieux, il faudra contacter un de vos amis pour qu'il vienne vous chercher au plus proche lieu d'ici sans danger. J'ai un autre don, je sais générer un mur d'invisibilité. Mais ils faut que vous teniez sur vos jambes.

Je n'envisagerai de la porter qu'en dernier recours. Si je la tenais dans mes bras, ses derniers doutes sur mon identité voleraient en éclat à cause de l'armadan et je devais l'éviter à tout prix. Bien que je meurs d'envie de la serrer contre moi et de tout lui révéler, j'ignorais tout de ce que seraient ses réactions. Me sentir repoussé serait trop dur à supporter. Voir l'incrédulité et le chagrin se peindre sur son visage, puis le regret du visage aimé perdu à jamais... Je ne pourrais pas. Et de toute façon, ce serait risquer d'exposer trop de monde en partageant ce secret.

- Je n'ai rien contre vous. Je ne dirai rien de ce qui s'est passé ce soir... Mais j'ai une vie et je suis attendu, vous comprenez.
Mentis-je avec tristesse. Je dois poursuivre ... ma route et vous la vôtre. Dès je serai assuré que quelqu'un prend soin de vous et vous récupère, je vous aiderai à aller au point de rendez-vous et j'oublierai tout de cette soirée, vous avez ma parole. Dis-je en dé serrant doucement ses doigts du col de ma chemise et en me levant l'air sombre pour aller observer la nuit entre les fentes des persiennes.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Tel le Phoenix [Grant]   (Terminé) Tel le Phoenix [Grant] EmptyVen 15 Mai - 19:07

Affaiblie, je remettais ma vie entre celle de cet inconnu. Il avait compris de quelle manière il devait soigner ma plaie et m’injecter l’antibiotique. Je n’avais guère plus de force de parler, pourtant je m’efforçais de comprendre son attitude avec moi. Je serrais les dents à chaque fois qu’il ôtait avec la pince, les morceaux de tissus et de peaux cramaient qui s’étaient collés sur ma plaie. Je n’avais pas besoin de l’observer pour savoir que ses gestes étaient précis et dotés d’une grande exactitude, comme s’il avait répété et qu’il en avait gardé la maitrise. Mes interrogations étaient restées en suspens et je n’avais plus le courage de continuer. Je me sentais attirer dans un sommeil réparateur, incapable de lutter pour le moment contre cela. Lorsque le pansement fut en place, je décidais de nouveau de tenter de discuter avec lui, mais il avait déjà anticipé mon action, mettant une distance entre lui et moi.

Ainsi il travaillait au Times comme photographe. L’architecture : imaginer, créer, dessiner était la première passion de Gaius. Il venait ensuite celle de la photographie. A croire qu’il me donnait toutes les cartes en mains en me les distribuant de manière aléatoire pour que je puisse moi-même reconstituer tout ce grand puzzle. Je posai mon bras sur mon front, écoutant ses explications.  J’aurai dû me concentrer sur ce qu’il me disait, cependant mon esprit tournait à une vitesse folle. Je fus détournée de mes réflexions lorsqu’il parla de l’antibiotique qu’il m’avait injecté et qui contenait un antalgique. Quelque chose clochait, comme si une partie de moi me disait que la réponse était là, tout près et que je n’avais plus qu’à tendre ma main pour la recevoir. Pourquoi je n’arrivais pas me rappeler de tout cela. La fièvre et mon état devaient jouer pour beaucoup sur ma concentration.

Et puis tout s’emboita au moment même où il me décrivit son troisième pouvoir. Il possédait les trois pouvoirs de Gaius. Même Héméra ne possédait pas les trois mêmes pouvoirs que son père. La chance d’avoir une même personne possédant exactement les mêmes pouvoirs, était tellement infime qu’elle était quasi inexistante. Il n’y avait pas que cela. Je commençais à reprendre mes esprits. L’injection faisait effet petit à petit.  Il s’éloigna imposant entre nous un mur. Mais j’avais perçu la tristesse de son mensonge pour créer cette distance. J’inspirai lentement pour tenter de reculer les battements affolés de mon cœur.

- Il n’existe pas deux personnes ayant les mêmes pouvoirs à l’identique. Que ce soit les fratries, les parents et leurs enfants, chaque Asarien possède ses propres dons.  Tu  possèdes l’Armadan, l’invisibilité et l’électrokinésie. Même notre fille ne possède pas tous tes dons. Elle détient de toi uniquement l’invisibilité et l’électrokinésie. La télékinésie la rend unique.

Je tournai la tête vers sa silhouette immobile qui me tournait le dos. J’aurai aimé pouvoir lire ses réactions, mais il ne m’en donnait pas la chance.

- Ces trousses de secours que l’on retrouve dans ces diverses planques sont confectionnées uniquement pour nous. Les antibiotiques, ces petits flacons sont introuvables même à l’hôpital parce qu’ils n’existent pas sous cette forme-là, associant un antibiotique à un antalgique. Il n’y avait que toi qui pouvais le savoir.

Je venais d’abattre mes derniers arguments pour qu’il retire ce masque et qu’il se dévoile. Je basculai mes jambes hors du canapé, soufflant par petites respirations pour maitriser ma douleur.


- Comment pourrai-je t’oublier ? Comment pourrai-je faire taire tout ce que me murmure mon cœur ? Tu as changé et tu as peur de mes réactions. Je t’aime non pas avec mes yeux, mais avec mon cœur. Tu me cesses de me fuir, tu détournes ton regard du mien depuis le début parce que tu ne pourrais pas supporter de ne plus lire tout mon amour pour toi. C’est faux …  Je t’en prie, regarde-moi, retourne toi … fais-moi confiance.

Je me levai du divan avec beaucoup de difficultés. Ma jambe me faisait encore mal même si je ressentais les effets du calmant combiné à celui des antibiotiques. J’étais à bout de force et titubant, je me remis sur mes pieds avec la force du désespoir qui me poussait vers lui. Gaius … Grant n’avait pas bougé de sa position, debout observant les ruelles derrières les persiennes.  Je savais alors que c’était à moi de le rassurer, de lui prouver que rien ne pourrait nous séparer, que je l’avais attendu, désiré sans jamais me défaire de l’espoir qu’il avait survécu à cette chasse à mort avec les Miliciens.

- Je n’ai jamais cessé de penser à toi … Je n’ai jamais cru à ta mort. Pourtant tous m’ont poussé à faire mon deuil, je ne pouvais pas, c’était comme te perdre à tout jamais ou plutôt comme un instinct de survie. Quel que soit le visage que tu endosses aujourd’hui, mon amour pour toi est toujours aussi fort, aussi puissant. La mort, les plans du gouvernement, ils ne sont pas arrivés à nous séparer.

Je marchais lentement vers lui, pas après pas, vacillant parfois sur mes jambes. Je ne reculerai pas. J’avais affronté déjà de nombreuses douleurs dans ma vie pour surmonter celle qui vrillait ma cuisse. Ma vision se voilait, je me savais fébrile et la fièvre était encore là, fragilisant mon corps, mais pas ma volonté. Je me dressai alors derrière lui et ma main effleura doucement son dos. Le tissu de sa chemise  glissait sous mes doigts tandis que je remontais ma caresse à son épaule et passer à son bras. Ma main tremblait à ce contact qu’elle reconnaissait et encore bien plus lorsque ma peau entra en contact avec celle de sa main. Je frémis à sa rencontre, à ce toucher, à cette chaleur bien à lui que je connaissais les yeux fermés.

- Tu es tout ce que j’ai de plus cher avec notre fille. Ne me repousse pas. La vie nous a remis de nouveau sur le même chemin. Je ne crois pas à ce genre de hasards. Nous étions faits de nouveau pour nous croiser, de nouveau pour être ensemble. Les évènements peuvent séparer des personnes un temps, mais  pas pour toujours. Pas nous. Je veux découvrir ton visage, le toucher, m’imprégner de ses traits, retrouver les sensations de ta peau contre la mienne.

Je m’abreuvais de la scène de mes doigts redessinant les siens. Il ne bougeait pas, j’avais même l’impression qu’il avait cessé de respirer. J’attendais un geste de lui, un mot, une invitation. Je posais alors mon front contre son dos, respirant son odeur. Les souvenirs affluèrent, me submergeant de leurs images et je sentis alors l’Armadan faire son ouvrage autour de moi, amplifiant les émotions, plus intenses, plus tangibles, plus réelles. Des souvenirs communs, notre passé qui n’appartenait qu’à nous se dessinaient dans mon esprit. Mes larmes silencieuses coulèrent sur mes joues tout en serrant sa main.

- Je ne m’en irai pas.
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