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 (terminé) Troublantes révélations [Amaria]

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MessageSujet: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyDim 2 Mar - 16:19



Je posai mon sac de toile kaki sur le bureau et me laissai tomber sur ma chaise plus contrarié que réellement las de la sortie que je venais de faire. Je passai les mains sur mon visage et m'étirai de tout mon long, les pieds posés sur le bureau. Je n'avais pas dormi depuis combien de temps ? Quatre ou cinq jours ? Je ne savais plus. Même un Asarien a besoin de sommeil de temps en temps. Mais il devenait de plus en plus compliqué de travailler la journée pour le gouvernement, et la nuit pour mes propres recherches, exactement dans le but opposé. Il n'y avait que la nuit que les locaux déserts me laissaient le loisir d'étudier les applications des nanites sur le sang asarien et de corriger les travaux effectués le jour pour le gouvernement par mon équipe de chercheurs afin d'y glisser quelques erreurs qui ralentissaient leurs progrès. Je détricotais la nuit ce qui se tricotait le jour, telle Pénélope attendant le retour d'Ulysse. Sauf que moi je n'attendais rien, ni personne. Enfin cela pouvait peut-être changer depuis que j'avais rencontré Jessica. Rectification : Çà aurait pu changer si j'étais vraiment ce que je laissais paraître à ses yeux. Mais j'étais aussi quelqu'un d'autre. Un soldat de l'ombre, qui se bat pour ses convictions sans pouvoir les exposer à celle qui semble s'intéresser à lui. Quelle chance avait notre relation de perdurer sans nous mettre en danger l'un et l'autre? Et puis surtout, malgré les valeurs qu'elle semblait posséder, et qui me plaisaient, elle était de l'autre côté de la barrière, même si je sentais bien qu'elle n'avait rien de ces réactions cruelles envers les humains, elle était la reine des nuits asariennes  alors que moi je partageais mon temps entre mon labo et ce bureau que les pacificateurs avaient mis à ma disposition au Phoenix. J'étais le roi de la clandestinité et du double jeu. J'osai à peine imaginer l'issue si elle l'apprenait un jour. Sa déception très vite suivie par la colère et la dénonciation.

Je me levai et extirpai de mon vieux sac qui ne me quittait jamais, l'ordinateur portable et inconnu du centre de recherche, sur lequel je transférais régulièrement toutes les données sensibles touchant à mes recherches personnelles mais également les preuves que je pouvais graver dans ma mémoire concernant le nouveau projet du gouvernement. Il fallait que j'en parle à Amaria et c'était ce qui m'avait poussé cette nuit hors du dôme, ce qui m'avait contraint à fausser compagnie à ce type qui était soit disant chargé de ma protection et me raccompagnait chaque soir jusqu'à mon domicile. Privilège dû à ma nouvelle fonction, m'avait assuré le Directeur du Centre en m'annonçant que j'avais été choisi par le Ministre de la Recherche lui-même pour mener des recherches dans une nouvelle direction. Les applications des nanites que j'avais mises au point dans une utilisation plus orientée sur la biogénétique réparatrice. Du coup, cette montée en grade avait augmenté considérablement ma charge de travail et me laissait encore moins de temps pour croiser Amaria dans les salles de repos du Centre. Nous ne travaillions plus dans le même service qu’occasionnellement tant le Ministère cultivait une paranoïa aigüe le poussant à tout cloisonner. Pourtant nous partagions ce terrain commun de la génétique et cela allait me faire gagner un temps précieux dans la révélation que je devais lui faire. Elle appliquait plus ses talents à la chirurgie et à l'étude de l'ADN asarien mais sur bien des points, nos recherches se recoupaient, j'en étais certain. Je ne me faisais aucune illusion sur la façon dont le gouvernement utiliserait mes découvertes et cela me pesait tellement que je devais aussi m'en ouvrir à quelqu'un. Qui mieux qu'Amaria était à même de comprendre mon cas de conscience ?

J'ouvris l'ordinateur et le mis en route. Puis je décidai de me faire une tasse de café avec l'illusion que cela effacerait mes nuits blanches. La cloison vitrée du bureau refléta le visage d'un homme jeune à la silhouette élancée et aux cheveux lâchés un peu emmêlés par sa course à travers les bois. Je souris à mon image en levant ma tasse de café brûlant. Il y avait bien deux Aaron, voire même plus. Mais les plus contrastés étaient sans conteste le type qui était sorti du centre de recherche escorté par son garde du corps, les chevaux attachés par un élégant catogan, classe dans son costume bien coupé, ses chaussures en cuir souple et le sportif musclé qui avait faussé compagnie au garde chiourme toujours garé devant la maison familiale une demi heure après m'y avoir déposé, en passant par la porte de la cuisine qui donnait sur le jardin et en escaladant le mur mitoyen avec les voisins. Ce type là avait les cheveux lâchés, était vêtu d'un jean fatigué, d'un sweat noir et d'une veste antique de surplus militaire trouvée au marché noir, de baskets.

- T'as une sale gueule mon gars ! dis-je à mon image.

C'est ce moment là que choisit Amaria pour faire irruption dans mon bureau. Elle n'allait pas manquer de me taquiner sur la scène qu'elle venait de surprendre, j'en étais certain!

- Ahh bonsoir Amaria, tu tombes à pic ! Je voulais te parler. Quoi de neuf ici ? Comment vont-ils tous ? Et Héméra ?

Je savais que les derniers événements tragiques qui avaient atteint leur point culminant avec l'enlèvement de la fille de Mara les avaient tous profondément bouleversés. Le Phoenix avait durant toute la période de recherches été en effervescence et un désordre sans nom y avait régné comme si son âme l'avait momentanément déserté. Je n'avais pas pu me joindre aux recherches, ni venir même au QG comme je l'aurai voulu, car le centre de recherche était devenu, durant cette période, un véritable bunker d'où personne ne pouvait entrer et sortir. Tenter quelque chose aurait été le meilleur moyens de mener les milices gouvernementales tout droit au Phoenix et j'avais dû ronger mon frein alors que je savais que les miens avaient besoin de moi là-bas dehors. Ce n'est qu'après coup que je déduisis que cette débauche de sécurité était sans doute causée par le fait qu'ils avaient fait transiter Héméra par le centre, durant une courte période. Probablement pour y mettre au point la batterie d'expériences qu'ils voulaient lui faire subir. Rétrospectivement, cela me plongea dans une colère sans nom. Savoir qu'elle avait été si près de moi durant quelques heures et peut-être quelques jours, et que je n'avais pas pu l'aider, la réconforter ou même la libérer me fit mesurer à quel point nous étions vulnérables face aux complots gouvernementaux. Heureusement que d'autres pacificateurs avaient été plus efficaces et utiles que moi dans le dénouement finalement heureux de cet odieux kidnapping. Cette impuissance renforça encore en moi le sentiment d'être inutile aux yeux de Mara, une quantité négligeable, un obscure pacificateur parmi d'autres, une fourmi noyée dans la fourmilière qu'était le Phoenix. Un être transparent à ses yeux. Finalement, c'était peut-être mieux que d'avoir à la côtoyer de près chaque jour. Je la croisais parfois au détour d'un couloir. Elle me saluait, comme elle saluait chaque pacificateur au service de la cause, avec chaleur, mais se souvenait-elle seulement de mon nom et de ce jour ou Amaria nous avait présentés ?
HRP:
Spoiler:


Dernière édition par Aaron Williams le Sam 22 Mar - 0:13, édité 1 fois
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Amaria Saria
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyLun 3 Mar - 15:33

La nuit était notre royaume lorsque l’astre lunaire se déployer au-dessus des dômes et que nous pouvions enfin sortir de cette prison de verre. Aujourd’hui, je savais que dans un proche avenir, les rayons du soleil ne seraient plus notre ennemi. Héméra possédait dans ses gênes, la solution pour nous permettre à nous, Asariens, de franchir les voutes qui protégeaient la cité. Mais était-ce vraiment une avancée que d’avoir pu soustraire dans les données de son ADN, le code génétique qui nous manquait. Une sorte de contre sérum à celui du SEER. Mon père avait-il pensé à tout cela ? Avait-il vu de par ses dons l’avenir ? Je pourrai travailler et fabriquer un sérum car je connaissais dorénavant toute la trame pour sa création. Bien sûr, cela demanderait énormément d’efforts, certainement plusieurs tentatives avant de trouver la bonne formule. Ce n’était pas cela dont j’avais peur, pas de devoir passer des longues journées et des nuits sans fin dans mon laboratoire au QG, non, j’avais peur que cela finisse par tomber entre les mains des Anciens. Un sérum pour nous libérer du poids des effets néfastes du soleil pourrait se transformer en arme redoutable car les humains ne seraient plus à l’abri dans leurs contrées sauvages en plein jour. Bien que cela n’empêche pas les soldats de commettre des rafles, la situation empirerait inévitablement. Mais devais-je condamner les miens ? Prendre cette décision toute seule ?
Je secouais ma tête devant l’écran de mon ordinateur, enregistrant mes derniers calculs. Il était très tard et je savais que quelque part Tyler m’en voulait de passer trop de temps confinée dans le repaire du Phœnix. Je faisais passer ma vie de couple en second plan depuis l’enlèvement d’Héméra et mon mariage s’étiolait lentement sans que je puisse freiner ce fossé qui se creusait inexorablement entre nous deux. Je portais sur mes épaules la malédiction de mon nom de famille : Saria. Longtemps j’avais porté le nom de jeune fille de ma mère pour éviter qu’on puisse faire le rapprochement avec le père fondateur du SEER et d’Asaria. Et puis les années ont entrainé une certaine forme de sagesse et ce fut avec fierté que je voulais redorer le nom de mon père. Je savais qu’il était associé à la pluie de feu, à la destruction de la Terre, de la quasi-totalité de la vie sur le globe, de l’asservissement des humains et de la naissance des Etres génétiquement modifiés que nous sommes … Mais je suis et je resterai une Saria.

Du bout de mon pied, je fis reculer mon fauteuil sur roulettes, me redressant de mon siège avant de m’étirer. J’avais les muscles endoloris à force de fixer mon écran. J’avais besoin de faire une pause. Glissant mes mains dans les poches de ma blouse blanche, je quittais mon laboratoire attenant à l’infirmerie. On savait où me chercher si on avait besoin de moi. Les longs couloirs souterrains du QG étaient silencieux. Les Pacificateurs éveillés étaient présents à leurs postes de sécurité, veillant au confort de tout le monde et  gérant le moindre souci. Chaque porte était fermée, chaque sas verrouillé, c’était ce que je pensais au moment où je passais devant un bureau familier dont la porte était grande ouverte. C’était celui d’Aaron Williams. Un ami de plusieurs années maintenant. Nous partagions la même passion pour la recherche et la génétique et de plus nous travaillions ensemble au début. Aaron avait très vite monté les échelons et les responsabilités au Centre freinant nos partages et nos échanges. J’avais délaissé ce bâtiment dirigé par le ministre Nicholson pour mieux me concentrer sur la chirurgie bien que je ne pouvais me permettre de laisser tout tomber au point d’éveiller les soupçons du gouvernement sur moi. J’entrepris de faire quelques pas pour me retrouver sur le seuil de la porte. Durant un bref instant, il ne me vit pas, perdu dans ses propres pensées.  J’entendis ses mots qu’il marmonnait tout doucement alors qu’il se retrouvait vers moi. La première chose qui me frappa fut sa mine fatiguée et ses traits tirés.

- Bonsoir Aaron.

Je lui souris et j’avançais à l’intérieur de la pièce, fermant la porte derrière moi pour une conversation plus privée. Je ne porterai aucun jugement sur mon ami mais il tiré la corde par les deux bouts, et même pour un Asarien, elle risquait de se casser un peu trop brutalement au vue de la vie qu’il menait. Je m’installais dans un des fauteuils face à son bureau, croisant mes jambes, mes mains calées sur ma cuisse.

- Héméra se porte très bien. Sa transformation n’a aucunement altéré ses dons et son corps n’a pas souffert. C’est une petite fille toujours aussi curieuse et encore plus maintenant qu’elle sait qu’on lui a volé quelques années à cause de toute cette batterie de test que les Anciens lui ont fait subir.

J’étais télépathe. Ma télépathie au fil des années et avec mon âge proche de celui d’être une Ancienne à mon tour, frôlait l’empathie. Je ne violais jamais un esprit surtout pas celui d’un proche et je ne le faisais qu’en cas d’extrême urgence. Je ne pouvais m’empêcher de détailler l’homme épuisé qui me faisait face loin du chercheur tiré à quatre épingles.

- J’ai entrepris des recherches sur l’ADN d’Héméra puisque comme tu le sais, son ADN est unique puisqu’elle est la seule enfant issue d’un père Asarien et d’une mère humaine. Mais toi, Aaron, tu me sembles  exténuer et troubler. Quelque chose t’inquiète ?  Nous sommes plus que des alliés ou des confrères, nous sommes des amis, que se passe-t-il ?
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyLun 3 Mar - 19:43

Amaria était une amie, mon amie. Quelqu'un que j'admirais pour son professionnalisme et son esprit aiguisé dans le domaine de la recherche. Travailler avec elle était un plaisir et elle était l'une des rares personnes parmi les scientifiques du Centre à qui je n'avais pas l'impression de parler chinois ou qui ne me prenait pas pour un illuminé lorsque j'énonçais des hypothèses et proposais des pistes de recherches hors des sentiers battus. La seule, même à rebondir sur mes propositions et à les enrichir à aller plus loin dans l'audace exploratrice. Malheureusement nos affectations nous avaient séparés. Une stratégie curieuse de la part du gouvernement car elle ralentissait forcément l'avancée des recherches qu'ils nous avaient confié. A moins que quelqu'un de plus perspicace parmi eux, ait décelé quel danger nous représentions si nous décidions de retourner contre eux le fruit de nos efforts unis. Diviser pour mieux régner. N'était-ce pas la stratégie de tout pouvoir tyrannique ? Mais Amaria était aussi quelqu'un dont je redoutais la perspicacité et les dons. Sa télépathie était réputée très puissante, même si je savais qu'elle ne l'utilisait qu'à bon escient. Elle pouvait cependant s'en servir si elle estimait qu'un ami était en détresse et ne voulait pas l'avouer. Je vis tout de suite à son regard que ce qu'elle lisait sur mon visage fatigué ne lui plaisait pas et la menait à se poser des questions. Il valait mieux prendre les devants et lui servir une explication, vraie au demeurant mais incomplète, concernant mon état. Alors qu'elle s'asseyait, comme on le fait dans un lieu amical, je sus que la conversation allait être longue et que je ne pourrais échapper à certaines questions. Comment pourrait-elle être courte avec ce que j'avais à lui révéler et ce qu'elle me révélait déjà en quelque mots.

- Je t'offre un café ? Dis-je en lui tendant un mug que j'avais déjà rempli sans attendre sa réponse. Tu peux parler, tu as l'air exténuée aussi ! Ahh café, mon ami! Heureusement que tu existes et dommage que tu ne sois pas naturel ! Plaisantai-je pour alléger l'atmosphère.

Je m'assis à mon tour au bureau, face à mon écran qui s'était ouvert et je la fixai avec un air de sincère soulagement.

- Je suis tellement heureux que la petite aille bien. Ces enflures paieront au centuple ce qu'ils lui ont fait subir. Tu peux me croire. Je sais que nous ne combattons pas dans un esprit de vengeance, mais tout de même, en ciblant bien les coupables, en faisant la part des choses. Il ne s'agit plus de vengeance mais de justice, non ? Qu'en penses-tu ?

Je songeai à ce qu'avait subi Héméra, petit bouchon à peine arrivée sur Terre. Je songeai aussi à la douleur qu'avait du ressentir Mara et ne pus retenir durant quelques secondes les pensées haineuses qui m'assaillaient à cette évocation. Je me ressaisis très vite, espérant qu'Amaria n'avait rien capté de cette haine dans mon regard.

- Ils lui ont volé combien d'années ? Je veux dire, sa croissance s'est accélérée dans quelles proportions ? Est-ce qu'elle est stabilisée ? Si tu as besoin de mon aide pour t'assister dans tes recherches à ce sujet, je suis ton homme. Tu sais, je regrette tellement l'époque où nous travaillions ensemble au Centre. Imagine ce que nous pourrions faire ici, si nous unissions nos efforts.

Je bus une gorgée de café et poursuivit en changeant de sujet.

- J'ai une idée! Mais peut-être que j'arrive après la bataille ! Vous l'avez peut-être déjà fait. Que dirais-tu si nous organisions une fête en l'honneur d'Héméra, comme un super anniversaire groupé ? Elle ne s'ennuie pas trop au milieu de tous ces adultes ? J'ai déjà une super idée de cadeau. Poursuivis-je en plissant les yeux d'un air mystérieux. Tu pourras demander à Mara ce qu'elle en pense ?

Je tapotais sur mon clavier pour ouvrir un programme et continuai d'une voix ou sourdait la colère.

- Tu sais, je m'en veux de m'être laisser piéger comme une mouche dans la toile quand ils ont bouclé le centre. J'ai même cru qu'ils savaient pour nous et qu'ils retenaient tout le monde jusqu'au moment où ils nous démasqueraient. J'étais loin de m'imaginer qu'Héméra était leur otage. Je suis persuadé qu'ils l'ont gardée au Centre durant quelques jours pour lui faire des examens et ... ces saletés d'expériences. Je n'ai rien pu faire pour vous aider, pour l'aider durant ces moments terribles... mais je pourrais peut-être essayer de fouiner dans leur base de données pour trouver des informations ? Qu'en penses-tu ? Je m'en veux tellement de n'avoir servi à rien durant cette épreuve.

Amaria m'observait en silence, sa tasse de café à la main. Mais elle ne la buvait pas, trop concentrée à m'écouter parler comme si j'avais été astreint au silence durant un siècle et à chercher ce que je pouvais bien avoir en tête. Cette acuité dans son regard, je la connaissais trop bien et je flairais avec mon instinct de loup la venue du moment où elle entrerait dans ma tête.

- Tes recherches sur l'ADN d'Héméra, tu les poursuis dans quel but ? L'aider, je n'en doute pas. Si tu savais exactement quelles expériences elle a subi, cela t'aiderait non ?

Je reposai ma tasse et me penchai sur mon écran.

- Moi aussi, je dois t'expliquer certaines choses sur mes recherches. Tu sais que ma spécialité en génétique, touche à la nano mécanique. Des mécanismes nanoscopiques injectés dans le sang et qui peuvent modifier la structure moléculaire de certaines cellules. Les applications sont presque infinies. Durant mes études, j'avais déjà réussi à mettre au point un programme permettant de reprogrammer le groupe sanguin d'un individu. Bien mise en œuvre, cette découverte permettrait de pallier toute pénurie dans un groupe sanguin, lors d'effusions de sang massives. Mais ce n'est pas tout. Je travaille actuellement, en secret, la nuit, sur un programme qui permettrait de déconstruire étape par étape le processus de mutation opéré par le SEER.

Je m'interrompis un moment devant le visage indéchiffrable d'Amaria.

- Ne crois pas que je veuille déconstruire le travail de ton père Amaria. J'ai un infini respect pour ses intentions et la tache monumentale qu'il a accomplie. Nous n'avons à blâmer que la perversion de certains humains qui l'ont mal utilisé. Einstein n'est pas à blâmer parce qu'il a ouvert la voie vers la bombe H. La découverte de ton père était prodigieuse. Il a voulu mettre les hommes à l'abri des épidémies, des famines. Enfin, je ne vais pas te rappeler toutes les intentions qui l'animaient. Tu les connais infiniment mieux que moi. Ce que je veux, c'est simplement annihiler les effets pervers que ce bond scientifique a eu entre certaines mains. Le SEER n'aurait du être accessible qu'à certains mais pas dans le sens où il l'a été. Et surtout, il aurait fallu qu'on puisse en retirer la jouissance à ceux qui s'en servaient au détriment de l'Humanité. C'est vers cela que tendent mes recherches actuelles, les seules que je veuille mener à terme.

Je me tus, un peu effrayé moi-même de mon aveu et de ce qu'il impliquait si je réussissais. Qui déciderait lequel aurait le droit de conserver ou pas ses facultés d'asarien ou méritait de se les voir retirer ? Qui ? Un comité d’éthique ? Formé par qui ? Quel gouvernement, quelle instance ? De quoi serait-il composé ? D'un jury formé de scientifiques, d'hommes de loi, de citoyens anonymes ? Un jury populaire ou spécialiste ? Cela posait de nouvelles questions philosophiques auxquelles il ne m'appartenait pas de répondre. Je n'étais pas politicien, ni idéologue, ni sociologue. J'étais un scientifique et j'avançais avec mes doutes et ma conscience. Seul.

- Amaria, si je te parle de tout ça, c'est parce que j'ai peur. Peur de ce que cela pourrait donner si je réussis. La récupération dont les travaux de ton père ont fait l'objet m'a enseigné qu'il faut peser les conséquences de chacun de ses actes, les anticiper. J'ai besoin de ton avis. Avant de le soumettre à l'assemblée des Pacificateurs. J'ai lié mon destin au vôtre. J'ai mis mon âme et mon corps au service de votre cause et si tu me dis que je fais fausse route. Que je commets une grosse erreur alors je ne poursuivrais pas. J'ai confiance en toi parce que je te connais et parce que tu es la mieux placée pour savoir ce qu'une découverte scientifique dévoyée peut entraîner. Je préfère abandonner que de risquer de renforcer l'état de totalitarisme dans lequel nous vivons. Si je réussis, ce peut être l'instrument de notre libération ou de notre perte.

J'avais encore bien d'autres choses à révéler à mon amie et notamment la teneur de la mission que le gouvernement m'avait confié mais j'étais trop tendu pour poursuivre et il me fallait la laisser parler à son tour avant de lui révéler le funeste projet que le centre m'avait confié. Amaria pouvait déjà me considérer comme un fou après ce que je venais de lui dire mais elle me considérerait sans doute comme un monstre de pouvoir tenir la position que je tenais , lorsque je lui aurai révélé à quoi les Anciens qui avaient le pouvoir destinaient le fruit de mes recherches universitaires.
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Amaria Saria
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptySam 8 Mar - 23:45

Nous étions tous occupé, chacun vaguant à ses occupations personnelles et professionnelles. Moi-même, je passais des journées voir des nuits entières au QG pour mes recherches. J’étais tranquille ici, je n’étais pas dérangée par qui que soit de malintentionnée et je pouvais réfléchir sur les données que j’avais obtenues sur l’ADN d’Héméra depuis que je le suivais : à savoir depuis sa naissance. Pourtant, ma priorité en cet instant précis ne concernait en rien mon travail mais bien mon ami. J’étais entrée dans son bureau et j’avais pris place face à lui dans le fauteuil. La mine fatiguée et les traits tirés de son visage me donnaient l’impression d’un homme qui se perdait dans ses recherches pour oublier. Oublier quoi ou qui ? Je me penchais vers le bureau récupérant par la petite hanse le mug de café qu’il me présenta, le remerciant d’un sourire. La caféine n’avait malheureusement pas la même emprise que sur les humains un peu comme l’alcool. Il nous fallait des litres et des litres de café pour que son action commence à se faire ressentir sur notre organisme tout comme plusieurs bouteilles d’un bon whisky pour nous voir rouler sous la table. Ainsi notre ADN génétiquement modifié nous mettait à l’abri de toutes ces faiblesses humaines. J’écoutais tout ce qu’il avait à me dire. Apparemment, Aaron avait un besoin fou d’échanger et de se libérer d’un certain poids dont je cernais l’origine : l’enlèvement de la petite fille. J’enregistrais intérieurement chacune de ses paroles. J’analysais le ton qu’il donnait à sa voix tantôt ou bien les réactions de son propre corps lorsqu’il me parlait d’un sujet bien précis. Je bus une gorgée de l’excellent nectar avant de me lancer dans les réponses qu’il devait attendre patiemment.

- La justice revêt l’image que nous voulons la donner lorsque cela nous touche au plus près. La limite entre justice et vengeance est délicate. Je ne sais pas si tu as raison de penser cela mais un jour, la puissance tombera et l’égalité surpassera tout alors là ceux qui ont commis d’atroces erreurs seront jugés.

De nos jours même la justice était aux mains de la ministre Victoria Hunter, une vénéneuse Ancienne aussi vénale que la Grande Conseillère. Nous ne pouvions pas nous y référer mais c’était aussi dans ce but que nous nous battions pour enfin voir éclore une vraie justice qui ne serait sous l’influence de personnes. Tout ce drame ne serait pas arrivé si les Anciens, premiers enfants du SEER, n’avaient pas souillé les travaux de mon père et ses recherches.

- On lui a volé deux ans. Elle aurait dû fêter ses 5 ans. Elle en a 7 dorénavant. Sa croissance a subi de violentes transformations. Encore plusieurs tests de ce même genre et c’est le cerveau qui aurait été le réceptacle de toutes ses horreurs. Dans son malheur, elle a eu beaucoup de chance. Physiquement Héméra est une enfant de 7 ans. Psychologiquement, elle a un petit retard qui à n’en pas doutait sera vite pallié par sa grande curiosité. Je ne me fais aucun souci sur tout cela. Elle est donc stabilisée.

L’idée de travailler de concert ensemble comme à nos débuts était une idée qui me séduisait et qui ravivait de beaux souvenirs. Mais pour le moment, je répondais à son idée de fête.

- Et si tu demandais toi-même à Mara ? Depuis le temps que je la connais, elle n’a jamais mordu personne. Ton idée est parfaite pour une petite fille qui a autant d’énergie et d’imagination à revendre ! Tu vas en faire une heureuse.

Je le taquinais un peu car je désirai le voir sourire  et voir s’envoler ce voile sombre tout comme cette colère que je sentais éveiller en lui. Le sujet le plus épineux et délicat était ce reproche qu’il s’infligeait.

- Mara le savait Aaron. Je me doutais d’après ton emploi du temps que tu te trouvais là-bas. Dès que le rassemblement des Pacificateurs a été lancé et que nous ne t’avons pas vu arriver au QG, nous avons compris. Même moi, si je m’étais trouvée à ta place, je n’aurai pas pu mieux faire. Détruire une couverture que tu as mis tant de temps à façonner n’aurait peut-être pas aidé Héméra. Pense à ce qui aurait pu se produire si les Anciens sur place avaient compris que tu étais avec elle ? Tu aurais subi des tortures, et Héméra certainement encore plus pour lui arracher des secrets sur notre groupe. Alors, non, ne te reproche rien ! Personne ici ne te juge. Il n’y a que les inconscients et les idiots qui peuvent prétendre à te juger et à se croire plus fort que toi, qui se targueraient d’avoir pu agir différemment que toi, qui le feront pas tes amis. Face à un danger d’une aussi grande ampleur, je ne sais pas comment j’aurai agi. Alors ne te torture pas.

Maintenant, il était temps pour moi de lui présenter les premiers résultats de mes recherches et sur quoi je travaillais depuis plusieurs semaines. Nos domaines de compétences se rejoignaient et s’allaient à merveille.

- Si tu peux récupérer des informations sur Héméra, et surtout, les comptes rendus des différents examens qui lui ont fait subir cela pourrait m’aider. De plus, je voudrai te mettre dans la confidence d’un projet sur lequel je travaille avec l’accord de Mara bien évidemment. Mais j’ai demandé à ce que cela ne soit pas ébruité. Tant que je n’ai pas de réelles conclusions entre les mains, je ne veux avancer aucune hypothèse.

Je me souvenais très exactement de tout ce qu’il venait de m’exposer sur le SEER, sur les travaux de mon père, sur ces propres travaux et le fait de vouloir reconstruire ce sérum qui a changé la face du monde.

- Je pense que nos études se regroupent Aaron. Je travaille sur l’ADN d’Héméra depuis très longtemps, bien avant son enlèvement. Les découvertes de mon père auraient pu être placées dans d’autres mains mais à cette époque-là il ne savait pas lui-même que la nature humaine était trop pernicieuse pour faire de ce miracle quelque chose de beau. Même si un jour nous arrivons à retrouver toutes les séquences qui ont permis à mon père d’établir le SEER, jamais il ne faudra le recréer où la Terre ne sera plus qu’un carnage.

J’inspirai presque douloureusement à toutes ces images de chaos que j’avais vécu. Fille d’Ahmad, je suis née humaine et je m’étais procurée le sérum pour devenir comme mon père.

- Je ne sais si retirer les capacités du SEER aux Asariens ne reviendraient pas à les tuer. Les Anciens sont à la base des humains certes mais la nouvelle génération nait directement avec des codes génétiques qui se transmettent à leur naissance. Tu ne pourras pas faire cela sans cobayes et comme tu le dis, cela peut être un atout pour nous où notre perte. Cela revient à notre discussion sur la justice. Nous nous ferions juges et bourreaux en devenant comme ceux que nous combattons.

Je ne pouvais apporter une réponse ferme et définitive à ce qui me demandait : devait-il poursuivre ses recherches ? J’avais conscience que je ne l’aidais pas sur ce point mais c’était un sujet délicat. Je terminais mon mug pour le reposer sur le bord de son bureau. Maintenant à moi de lui exposer mes études.

- Héméra est issue d’un père Asarien et d’une mère Asarienne. Grace à Mara, elle peut survivre aux rayons du soleil. Elle ne les craint pas. Son organisme était totalement à l’abri de ce qui peut nous nuire à nous parce qu’elle est à moitié humaine. Si j’arrive à trouver le gêne et la séquence cela pourrait nous être d’une grande utilité.  Encore à ne pas mettre dans toutes les mains. Nos avancées pourraient se retourner contre nous.

Je soupirai m’adossant plus confortablement contre le dossier de mon fauteuil.

- De grandes idées, de grandes capacités, des recherches qui pourraient nous faire faire un bond en avant et nous voilà coincé … Ironique non … ?

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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyLun 10 Mar - 16:19

Comme toujours, Amaria fit preuve de tempérance mais d'ouverture d'esprit dans ses réponses. Contrairement à moi qui sous une apparence tranquille, bouillonnait intérieurement de l'état de choses que nous subissions sous l'oppression des Longues Vies. Cette révolte qui grondait en moi ne se manifestait le plus souvent que par mon engagement indéfectible dans la cause pacifiste, pourtant, j'étais à la limite de leur idéal, doutant que nous puissions faire triompher la justice sans violence, sans action radicale. Cet état d'esprit ne transparaissait qu'auprès des personnes en qui j'avais confiance et Amaria en faisait partie. Je l'écoutais donc en rongeant mon frein, les réponses qu'elle apportait à mes questions et les révélations au sujet de ses recherches. Lorsqu'elle eut fini, je reposai ma tasse de café vide et essayai de parler d'une voix posée et calme, à son image.

- La paix ne viendra que d'une réconciliation possible et totale entre les Humains et les Asariens. Crois-tu que les humains puissent pardonner leurs exactions à des gens comme la Grande Conseillère et son âme damnée, ce Tomas Van Brenner. Elle a été jusqu'à provoquer la mort de son propre fils et lui, a orchestré le massacre d'innocents en détruisant l’orphelinat. Comment espérer une paix avec de tels individus ?

J'avais écouté attention les précisions que mon amie me donnait au sujet d'Héméra. Comme elle, je ne doutais pas que la petite atteigne la maturité intellectuelle correspondant à son nouvel âge rapidement. Elle était la fille de Mara et de Grant, deux esprits d'une remarquable intelligence et d'une force de caractère connue de tous.

- Je ne m'inquiète pas pour son intellect mais plus pour son développement affectif. Cette enfant a-t-elle jamais eu une vie normale, des préoccupations de petite fille ? Elle vit et grandit au milieu des Pacificateurs, sans aucun contact avec d'autres enfants. Elle vit en recluse, parce que nous ne la laissons pas sortir par peur que le Gouvernement ne s'empare d'elle et ne lui fasse subir plus encore que ce qu'elle a déjà supporté. Mais est-ce une vie ? Elle est aussi prisonnière au QG qu'elle pouvait l'être au Centre. J'aimerais l'emmener de temps en temps en promenade dan la nature et lui faire découvrir la vie qui s'y développe. Cela ne remplacera pas le contact avec d'autres enfants mais c'est mieux que rien non ?

Je ressentis un trouble lorsque Amaria me suggéra de m'adresser à Mara directement pour l'idée d'anniversaire. Je n'avais aucune intention de lui parler directement et j'évitais consciencieusement de me trouver en sa présence lorsque j'étais seul.

- Mara est trop occupée pour m'accorder du temps mais je sais que tu la vois très souvent pour lui parler de la santé d'Héméra, aussi je pensais que tu pourrais ...

J'avais tapoté nerveusement les doigts autour de mon mug et froncé les sourcils lorsque elle avait tenté de me déculpabiliser au sujet de mon inutilité lors de la capture de la fillette. Ses arguments étaient plein de bon sens mais je savais que si j'avais été au courant, j'aurai agi tout autrement.

- Je ne suis pas d'accord! Tranchai-je avec colère. Si j'avais su qu'elle subissait des expériences, si j'avais été au courant de sa présence dans les locaux, j'aurais tout tenté pour la soustraire aux griffes de ces salauds. Aucune couverture ne peut justifier qu'une enfant soit torturée. Je n'aurais pas hésité une seconde. Ne me sous estime pas Amaria. Je sais que j'ai l'air inoffensif mais tu oublies que je peux me transformer. Que je connais tous les codes de sécurité du Centre et qu'un loup et une fillette peuvent s'échapper par des voies inaccessibles aux adultes du fait de leur taille. Les conduits de ventilation du Centre sont très vulnérables parce que très étroits. Il y a des êtres vivants qui y entrent. J'ai dû faire appel plusieurs fois à des compagnies de dératisation et c'est comme cela que j'ai pu voir qu'il n'y a aucun système de sécurité connecté au réseau de ventilation. Le type de la sécurité n'a rien coupé ni remis en route. J'étais dans le labo quand l'employé de la dératisation opérait. Cela ouvre d'ailleurs des perspectives à notre action. Nous pouvons imaginer un système pour acheminer des choses et en faire sortir. Des armes par exemple. Achevai-je le regard brillant.

Je pianotais nerveusement sur mon clavier pour afficher les plans , graphiques et les tableaux illustrant mes recherches et je répondis en hochant la tête.

- Oui nos recherches se recoupent sur bien des points et je ferais tout mon possible pour accéder au dossier d'Héméra au centre. Il doit être très protégé tu te doutes bien mais comme la nouvelle mission qu'ils m'ont confié achoppe un peu avec les expériences qu'ils lui ont fait subir, je pense que mon niveau d'accès sera supérieur au tien. De plus, je pense qu'ils se méfient de toi, parce qu'ils savent très bien que tu n'approuverais pas de telles expériences. En revanche, à leurs yeux, j'ai tout du parfait collaborateur sans état d'âme, sinon ils ne m'auraient jamais fait confiance. 

Je pris un stylo pour noter quelque chose, une idée qui traversait mon esprit et jouai avec, perdu dans mes pensées.

- Amaria, il nous faut être très prudents. Je suis plus surveillé que jamais depuis qu'ils m'ont confié cette nouvelle mission sensible dont je dois te parler. Ce que tu me dis au sujet de tes recherches sur l'ADN d'Héméra me trouble aussi. Tu voudrais étendre aux Asariens cette capacité de résister aux rayons du soleil ? En effet, si cela constituerait un atout indéniable pour notre cause, nous permettant de mener des actions en plein jour à l'extérieur, cela pourrait aussi se retourner contre nous si les miliciens en sont dotés. Nous n'aurions plus aucun refuge où nous cacher la journée. De plus, les actions sensibles que nous menons à l'intérieur du Dôme n'y trouveraient aucun atout supplémentaire et au pire, nous serions pourchassés en dehors par la milice qui ne serait plus entravée par la lumière.

Je me passai une main sur le visage, essayant d'appréhender toutes les implications d'une telle découverte.

- D'un autre côté, je t'avoue que l'idée de pouvoir me déplacer librement la journée, de connaître enfin le plaisir de contempler un lever de soleil autrement qu'à travers un documentaire filmé par des humains me fait rêver. Quel Asarien ne rêverait pas de jouir à nouveau de cette liberté ?

Sa dernière phrase me fit réfléchir encore davantage tandis que je contemplais les schémas nano mécaniques de ma propre découverte.

- Oui, nous sommes tous deux dans une impasse. Mais tu sais, je crois que nous touchons du bout des doigts une possible solution. Nos recherches parallèles, mises en commun ... j'entrevois des possibilités. Si grâce à la programmation des bio nanites, nous arrivons à contrôler cette capacité selon nos besoins et à ne la conférer qu'à certains Asariens qui servent notre cause, et seulement quand ils en ont besoin, cela limiterait les risques. Si, par exemple, je pouvais activer et désactiver à volonté cette capacité à ne pas souffrir du rayonnement solaire, sur chacun des individus qui la possède et ce, à distance, ne serait-ce pas le meilleur moyen de contrôler son usage ?

Je tournai vers elle mon ordinateur portable pour lui montrer de quoi il retournait. La micro mécanique n'avait cessé de progresser durant les deux derniers siècles, atteignant son apogée avec l'ouverture à l'infiniment petit. Puis, la Pluie de Feu avait mis un coup d'arrêt à tous les progrès scientifiques. Lorsque j'avais débuté mes études universitaires, un département créé par le Gouvernement avait déjà entrepris des recherches de longue date, basées sur qu'ils avaient pu réunir au sujet des découvertes faites avant le déluge incendiaire.

- Tu as sans doute souvenir, dans tes études en chirurgie des cours au sujet des bio-prothèses que la science avait réussi à mettre au point avant que la Terre soit mise à feu et à sang. Ces recherches datent des grandes guerres inter continentales qui faisaient des ravages dans les troupes, engendrant des milliers de soldats amputés, mutilés. Il fallait leur redonner leur intégrité pour les renvoyer au combat. Les implants du début ressemblaient davantage à des prothèses sophistiquées qu'à des membres recréés. Puis progressivement, la génétique a apporté des améliorations. On pouvait recréer un bras, une jambe, un organe, à partir de cellules souches puis le greffer ou l'intégrer à la structure corporelle du blessé. La culture était externe, longue et nécessitait ensuite un acte chirurgical avec tous les risques de rejet qu'on connait car la culture était contaminée parfois par des éléments extérieurs lors de la transplantation.

Je pointais mon doigt sur le schéma d'une mécanique qui ressemblait à un sorte de scarabée doté de pinces et de ciseaux.

- Voici la bio nanite ouvrière. Elle fait la taille d'un anti-corps et possède la capacité de se confondre avec lui, ce qui fait qu'il ne l'agresse pas. C'est une osmose enzymatique, elle prend l'apparence de son agresseur potentiel. Elle peut ainsi effectuer dans le corps toute mission qu'on saura lui créer. Cela passe par de la reconstruction cellulaire par duplication du génome, comme pour faire repousser un bras par exemple et peut s'étendre jusqu'à la reprogrammation des cellules. C'est le cas pour le changement de groupe sanguin dont je te parlais tout à l'heure mais elle peut aussi modifier le code ADN d'un individu. Bien sûr le programme à développer est infiniment délicat et complexe. Il devra être expérimenté sur un cobaye. Et ce cobaye ce sera moi. Je vais tenter de déconstruire mon code génétique pour en éradiquer les effets du SEER. Mais je peux affiner d'abord mes recherches sur ton axe de travail: essayer de déprogrammer chez moi la sensibilité au rayonnement solaire induite par la présence du SEER dans mon ADN. Il suffirait d'avoir la séquence du gène d'Héméra qui la rend invulnérable au soleil et de l'introduire dans le programme. La bio nanite effectuerait une substitution de mon gène défectueux par celui d'Héméra.

Je repoussai ma chaise et me levai pour aller me resservir une tasse de café et sortir de mon sac quelques boites en plastique transparent contenant des plantules que j'alignais sur le bureau sous l'air interrogateur d'Amaria.

- Je te présente les femmes de ma vie. Dis-je en riant. Plus sérieusement. Voici la famille des Viola. Tu as la forme cultivée sous le Dôme qui est l'ancêtre de la violette qui poussait dans les jardins avant la Pluie de Feu. Elle s'appelle Viola wittrockiana et elle ne supporte pas le rayonnement extérieur. Et voici la Viola reichenbachiana, encore appelée violette sauvage des bois. Je l'ai trouvée lors d'une de mes expéditions dans un bois très sombre. Elle a réussi à se développer à l'abri des rayons directs du soleil mais en très faible quantité parce que la croissance est lente avec une photosynthèse ralentie. De plus, elle se trouve loin de tout site de pollinisation et les sous bois sont trop froids pour attirer les papillons dont elle abrite habituellement les chenilles . Je l'ai dupliquée et l'ai exposée progressivement à un rayonnement plus intensif. Puis je l'ai transplantée dans la plaine en différents endroits. Sur une centaine de plantations quinze ont survécu et se sont reproduites le long d'un ruisseau. J'ai recueilli la nouvelle pousse que voilà, née hors du Dôme, hors du sous bois, en plein soleil. Je te présente Viola maltena. J'ai extrait son ADN et l'ai réimplanté grâce à une bio nanisation dans la Violette cultivée sous le Dôme. Et voici le résultat : une violette plus grande que la sauvage mais avec ses capacités de survie en extérieur. Je l'ai appelée Viola Mara.

Je me penchai pour tirer de ma veste mon paquet de cigarettes et j'en allumai une sous le regard réprobateur d'Amaria.

- J'ai quelques vices, tu sais. Fumer, je le dois à mon entrée au service de la cause pacifiste. Mais je peux aller dehors si tu préfères. J'ai besoin d'une pause de toute façon, avant de te parler du projet HADES. Je pense que cela va te faire froid dans le dos quand tu vas apprendre ce que le gouvernement trame contre les Humains.


Dernière édition par Aaron Williams le Mar 18 Mar - 1:20, édité 1 fois
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Amaria Saria
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyLun 17 Mar - 23:05

La nuit serait longue à n’en point douter et cela ne me gênait pas de pouvoir échanger avec mon ami. Nos quotidiens et nos obligations professionnelles nous avaient tenus éloignés depuis un long moment. Nous qui avions travaillé ensemble au Centre de Recherches dans nos débuts, j’avais fait en sorte de me tenir de plus en plus en retrait de ces locaux bien que j’y avais encore mon bureau. La Grande Conseillère n’aurait en aucun cas laissé filer la fille d’Ahmad Saria aussi facilement.  J’étais généticienne comme mon père mais ma passion de soigner des vies était toute aussi importante. Bien sûr, mon peuple possédait dans son sang les propriétés exceptionnelles de se régénérer seul. Malgré cela des exceptions pouvaient y avoir lieu. L’hôpital central n’était pas là pour prendre soins que des Asariens. Il arrivait très souvent de voir un maitre accompagné de son esclave roué de coups et auquel nous devions apportés les premiers soins. Voilà aussi pourquoi j’avais créé le dispensaire au cœur des bidonvilles avec Tyler. Un établissement qui jouait un double rôle : officiellement j’avais eu l’accord du ministre Grégory Nicholson avec ordre d’aider la Milice pour capturer les humains qui pourraient se cacher et les traitres. Mais contourner les règles du gouvernement était ma priorité, et au lieu de cela, le dispensaire état devenu un lieu où chaque âme pouvait trouver réconfort surtout après la destruction de l‘orphelinat. Les humains des bidonvilles ainsi que notre personnel ne savaient pas que nous étions Asariens. Nous étions des médecins bénévoles et ils ne devaient pas en savoir plus. Dévoiler notre vraie nature et nous risquerions d’aggraver la peur. Les humains avaient appris à avoir confiance au dispensaire car ils avaient bien compris que nous n’étions pas là pour les envoyés dans les griffes des soldats. Ainsi un accord silencieux et fiable s’était consolidé entre nous tous sous le regard aveugle des Anciens. Tous mes souvenirs me revenaient en mémoire : mes premiers pas en tant que Pacificatrice, la découverte de mon demi-frère que je n’ai jamais eu le plaisir de connaitre, le lien existant entre mon père et Alianka. Savait-elle que je connaissais toute l’histoire ? Je n’avais jamais eu de confrontations avec elle peut-être parce qu’elle se doutait que je pourrai lui révéler des informations qu’elle préférait taire. Sincère, j’avais répondu à toutes les interrogations d’Aaron, lui dévoilant à mon tour mes tournants sur mes recherches et la vision que j’avais de ce monde qui nous abritait. Moins emportée qu’Aaron, certainement dû par l’âge, l’expérience et le recul par rapport à toutes ces longues années, j’étais tout de même fascinée par cette frénésie qui émanait de lui lorsqu’il parlait de notre combat. De son combat. Je l’avais écouté jusqu’au bout, avec une attention sans faille, prenant soins de structurer dans ma tête mes propres réponses. J’inspirai doucement pour compartimenter mes réflexions. Il était facile de se laisser transporter par son ressentiment envers des personnes ou une situation. L’objectivité était une solution plus raisonnable.

-Etre les bourreaux des bourreaux reviendrait à bafouer tout ce à quoi nous croyions. Que serions-nous si nous devions appliquer les mêmes façons de procéder face aux Anciens ? Aux membres du gouvernement ? L’Histoire est parsemée de nos erreurs et d’exemples à ne pas réitérer.  Montrons que nous savons êtres autre chose que des monstres et que nos idéaux ne sont pas utopistes ou juste là pour faire beau !

Le sujet sur Héméra était une parenthèse très agréable dans notre conversation même si cela devait éveiller aussi des souvenirs douloureux lorsque l’annonce de son enlèvement avait été déployée sur tous les Pacificateurs. Je comprenais l’intérêt qu’Aaron portait à cette petite fille.

- Je ne suis pas sa mère et je ne me permettrai pas de parler à la place de Mara. Mais je peux quand même apporter, moi aussi, mon opinion. Mara, comme nous tous, sait parfaitement que ce n’est pas la vie rêvée pour sa petite fille. Grant a fait construire une nouvelle maison pour Mara et sa fille, totalement à l’opposé de celle où elles vivaient avant l’enlèvement. Il a créé des boucliers réflecteurs de lumière qui entourent la maison pour la rendre totalement invisible aux yeux des gens. Il a installé des brouilleurs de capteur thermique pour éviter là aussi aux soldats ou à des éventuels mercenaires de pouvoir retrouver la présence de la mère et de la fille. Et Grant est un homme qui fourmille d’idées lorsqu’il s’agit de protéger sa famille. Après, tu as mis le doigt sur le problème de l’enfance même d’Héméra. Je discute très souvent avec elle puisque depuis son retour, Mara m’a laissée me charger de son dossier médical. Elle sait pourquoi tout le monde la couve, elle ne veut pas désobéir pour se retrouver encore entre les mains du gouvernement mais comme tout enfant, elle a besoin de se dépenser et de vivre des activités auprès d’enfants de son âge. Son visage est connu de la cité, et si quelqu’un la reconnaissait, tu sais le drame que cela deviendrait. Après, je crois que Mara serait ravie et Héméra encore plus que tu passes du temps avec elle, la faire sortir du QG, lui faire découvrir autre chose. Tu ferais un père formidable, sais-tu ?

Ce n’était pas une taquinerie mais bien le résultat de cette fervente envie qu’il démontrait pour la petite fille. Pourtant, un trouble demeura dans la conversation lorsque je l’avais invité à aller en discuter directement avec Mara.

- Tu fais fausse route Aaron. Mara n’a jamais fermé sa porte à qui que ce soit encore moins à toi.

J’irai voir Mara et je lui ferai part de cet échange. Aaron dissimulait autre chose derrière cette discrétion qu’il désirait mettre en avant. Seule Mara était capable de toucher chaque personne au sein de notre groupe, femme d’écoute et bienveillante,  quelquefois je me prenais à mon propre piège en l’imaginant dotée de pouvoir bien plus puissants que tous les Anciens : le pouvoir du cœur et de l’altruisme. Mais un autre problème se profilait à l’horizon : Aaron s’était senti inutile lors de la capture d’Héméra. Lui-même prisonnier des locaux du Centre avec tout le reste du personnel sur ordre du gouvernement, il n’avait pas pu aider la fillette. Je comprenais son impuissance alors qu’il était tout près d’elle. Sa colère n’était que la représentation de sa douleur.

- Aucune couverture ne peut justifier qu'une enfant soit torturée. repris-je. Aucune vie ne peut remplacer une autre. Tu pourras esquisser toutes les situations possibles, tu pourrais même refaire le monde mais tu ne seras jamais certain que tes plans auraient marché. On ne peut pas se baser sur des intuitions. Chacun d’entre nous rêvent de modifier un moment, une situation mais il faut aussi rester lucide et raisonnable. Je ne t’ai jamais sous-estimé, par contre toi, tu te tortures beaucoup trop et tu ne te donnes pas la possibilité d’accepter que parfois nous sommes impuissants.

Délicat problème que d’être persuadé que tout aurait pu changer seulement sur une action différente. Nous ne sommes pas des Dieux même si en en possédions les pouvoirs. Ses recherches interpellaient ma curiosité professionnelle. Moi-même je n’avais jamais pu rétablir les séquences du SEER que mon père avait formulé. Il avait disparu en emportant avec lui ses secrets et même dans ses vieux carnets, je n’en  avais trouvé aucune trace comme s’il avait pris soin de supprimer le fléau qu’il avait lui-même engendrer. Je l’observais pianoter nerveusement sur son clavier faisant apparaitre des documents.

- Il faudrait voir auprès de hackeurs qui seraient soit dans notre groupe ou alors des personnes travaillant pour nous.  Une aide te serait certainement précieuse pour entrer dans la sécurité informatique du Centre. Qu’ils se méfient de moi ou pas, si j’avais pu m‘éloigner totalement du Centre je l’aurai fait depuis longtemps. Mais Alianka sait qu’elle ne peut me laisser sans surveillance. Nous sommes liées toutes les deux par un passé commun et je suis certaine qu’elle croit que je peux recréer le SEER. Quoi qu’il en soit, fait attention, le gouvernement n’es restera pas là. Ils chercheront à savoir comment Héméra a pu leur échapper.

Ma découverte sur l’ADN d’Héméra avait m’emmener sur le chemin complexe d’un résultat que j’avais enfin pu terminer. Sa double nature, mi-asarienne, mi-humaine faisait d’elle une personne unique en son genre. Il me faudrait maintenant être mon propre cobaye pour expérimenter le tout.

- Je le sais mieux que personne, c’est pour cela que j’hésite à aller jusqu’au bout de cette expérience.  Un grain de sable peut faire dérailler le plus immense des mécanismes. Je ne veux pas être l’instrument de notre perte mais je veux aussi pouvoir faire évoluer notre Histoire. Mon père a dit un jour à Mara que le SEER n’était pas la finalité d’un tout mais le commencement. Il y a autre chose par-delà les recherches de mon père. Dans ses vieux carnets, il parlait de Prophétie …

Sentir le soleil sur ma peau … Le souvenir était si ancien. Je n’étais pas née de parents Asariens mais bien humaine comme jadis mon père.

- Le souvenir fugace du soleil  est encore présent en moi mais il est vrai que j’aimerai le ressentir de nouveau même pour quelques heures seulement.

Je me penchais vers l’ordinateur qu’il avait tourné vers moi, regardant les informations qui s’y trouvaient tout en écoutant ses explications sur les bio nanites et la collaboration ne nos recherches dans un but précis pour servir notre groupe. Je hochais ma tête à chacun de ses mots comme si le schéma  de nos résultats combinés s’affichait sous mes yeux.

- Aaron, ce genre d’expériences pourrait t’être fatal ! En reprogrammant ton code génétique pour en éradiquer les effets du SEER, tu risques beaucoup. Mais je ne peux pas te juger, je pense m’injecter le sérum que j’aurai trouvé par rapport à l’ADN d’Héméra pour savoir si je peux faire face aux effets du soleil. Mais cela ne touchera qu’une séquence de mon code. Toi, tu veux tout reconstruire : ce qui veut dire annihiler tes pouvoirs et toutes tes autres capacités comme les propriétés de notre sang ou notre longévité. Je ne sais pas si le code du gêne d’Héméra te suffira. C’est beaucoup plus pointilleux que ça Aaron. Tout notre code ADN repose sur les transformations que le SEER nous a données. Des dizaines de paramètres doivent être pris en compte, physiquement, intellectuellement.

Je m’adossais de nouveau contre le dossier de mon siège, réfléchissant à tout ce qu’il venait de me révéler. Reprendre les vieux carnets de mon père et mieux les détailler malgré le fait que je les avais lus plusieurs fois, pourraient peut-être nous servir. J’étais peut-être passée à côté d’un détail important.

- Dans les carnets que mon père tenait, il y a des d’annotations, des chiffres, des symboles dont je n’ai jamais compris la signification, peut-être qu’à deux nous pourrions les déchiffrer. Le nom de Saria n’a pas encore dévoilé tous ses secrets et cela pourrait nous aider à avancer dans la bonne voie.

Je suivais son déplacement et ses gestes lorsqu’il plaça devant moi des boites en plastiques qui contenaient des plantules de toutes sortes, interloquée par ce que je voyais. Ma perplexité fut très vite soulagée par ses réponses et mon sourire se renforça à l’appellation de sa fleur qui était née de son génie et de sa passion … Ou de ses passions car maintenant, je savais que Mara faisait partie de cette sphère. Une femme qui ne serait jamais sienne car fidèle et passionnée par l’homme auquel elle était liée, père de sa fille. Est-ce qu’Aaron avait conscience que l’histoire de Mara et de Gaius Hasard devenu Grant Stevenson n’était pas juste une banale histoire mais bien l’union de deux âmes solitaires qui s ‘étaient trouvées, un joyau qui avait trouvé son écrin. L’alchimie parfaite de deux cœurs au point de pouvoir donner leur vie pour l’autre.

- Très jolie fleur ! Je ne savais pas que tu étais devenu un horticulteur passionnée par la Violette ou par celle que tu nommes …

Amusée, je n’en dirai pas plus pour ne pas le troubler. Encore une fois, je ne le jugerai pas et il trouverait auprès de moi une oreille attentive, dénuée de toute aversion. L’ébène de mes yeux l’obligea à argumenter sur la cigarette qu’il venait d’allumer, et je me redressais de mon fauteuil.

- Nous avons tous des vices mais je préfère aller dehors. Les températures se sont adoucies, et j’aime le calme de la nuit.

Je plongeais mes mains dans les poches de ma blouse blanche :

- Hadès ? Dieux des Enfers… Roi des morts, sa principale mission était  d'empêcher ceux-ci de quitter son royaume. Que nous prépare le gouvernement ? Je t’en prie sortons d’ici et explique-moi tout.
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyMer 19 Mar - 20:13

Adossé contre le mur extérieur du QG, je tirai sur ma cigarette en fixant le ciel tandis que je passais en revue les paroles d'Amaria. Je soupirai, sentant la fatigue qui pesait de plus en plus sur mes épaules et je lui adressai un petit sourire étrange.

- Tu dois penser que je suis un jeune chien fou! C'est peut-être le loup en moi. Je me laisse parfois emporter par mon tempérament exalté. Tu as raison. Il ne faut surtout pas retomber dans le piège de la loi du Talion. Ce serait trahir aussi sûrement notre engagement que d'aller divulguer l'emplacement du Phoenix au Conseil des Anciens. Tu as payé un plus lourd tribut que moi à cette cause et pourtant tu es pleine de compassion et tu ne songes qu'à pardonner. Alors que moi j'ai parfois l'envie de tout plaquer pour entrer dans la clandestinité totale et prendre le chemin de la lutte armée. Pourtant les actes des rebelles me dégoûtent parfois même si je comprends leurs motifs. Un vrai Pacificateur doit penser à la paix avant tout.

Je me mis à faire les cent pas dans l'obscurité et Amaria ne devait voir de moi que le bout incandescent de ma cigarette.

- Grant est un vrai pacificateur lui. Un homme qui met son intelligence et son savoir au service de la paix, mettant toujours en œuvre des moyens de défense ou de dissuasion plutôt que des moyens offensifs meurtriers. J'ignorais qu'il avait conçu cette maison, je suppose que son emplacement est tenu secret, même parmi nous, pour des raisons de sécurité. C'est en effet mieux pour Héméra de vivre dans une vraie maison avec ses parents au lieu de rester confinée ici. Ce type est un génie, je comprends que Mara en soit tombée amoureuse. C'est un père rêvé, ce que je ne serai jamais, Amaria, désolé de te contredire. J'ai trop de scrupules à donner la vie à un enfant alors que je suis moi-même complètement paumé sur le plan affectif. Et encore faudrait-il rencontrer la bonne personne, et avoir le temps de l'élever, cet enfant.

J'éteignis ma cigarette entre le pouce et l'index et balançai le bout. En Asaria, les cigarettes n'avaient jamais eu de filtre, trop onéreux à fabriquer. Un recul pour un mieux. On s'intoxiquait davantage mais tout était bio dégradable. Je me rapprochai d'Amaria.

- Je dois te paraître bien amer, je suis désolé. Ma voix tremblait et je ne pouvais masquer l'émotion qui montait. J'ai eu quelques déconvenues sentimentales ces derniers temps. Cela ne m'aide pas à être optimiste. Pourquoi je n'ai pas le gène des sentiments qui a muté pour être débarrassé de ces contingences ? Mais je parle, je parle de moi. Et toi ? Comment va Tyler ? Toujours dans son dispensaire ? Vous arrivez à vous ménager des moments, tous les deux ?

Je humai l'air, soudain suspendu à une odeur que je venais de sentir passer à proximité des buissons et un large sourire se dessina sur mon visage.

- Je crois que mes amis ne sont pas loin. C'est étrange que tu me parles d'une Prophétie... La naissance d'Héméra nous as tous surpris, non ? Je veux dire génétiquement parlant. On ignorait si nos gènes étaient compatibles avec ceux des Humains. Maintenant on sait que oui. Cela envoie un message très fort, je trouve. C'est aussi ce qui me retient de devenir un rebelle armé, ce côté quasi mystique qui vous anime tous. Pourtant je suis un homme de sciences et de faits. Mais, oui je crois que la meilleure arme que je puisse mettre à vôtre service, c'est mon intelligence et mon savoir. C'est pourquoi je n'ai pas peur d'expérimenter sur moi-même. Si je dois mourir, pourquoi pas demain pour mes convictions, plutôt que dans 10 ans sans avoir cru en quelque chose. De toute façon, hormis mes parents et vous, quelques amis au Centre, je n'ai pas d'attache. Mes parents auraient certainement beaucoup de chagrin mais ils seraient fiers de moi. Je suis tellement différent d'eux. Pourquoi j'ai cette impression de ne pas être à ma place dans cette famille dont j'aime pourtant chaque membre plus que ma vie ? Cette envie de partir, d'aller au delà de ce continent, d'explorer la surface vitrifiée de notre vieille Terre ? Il y a quelque chose qui m'attire dans le lointain comme si j'allais y trouver la réponse à cette question: qui suis-je vraiment ?

Un mouvement agita les buissons et j'entendis un cliquetis de chargeur qu'on arme. Un des veilleur en poste sur une corniche au dessus de nous avait perçu le mouvement tout comme moi.

- Attendez ! Ne tirez pas ! Je les connais ! Puis me tournant vers Amaria, je lui dis les yeux brillants. Tu vas vivre un moment exceptionnel !

Je m'avançai vers les taillis et me mis à genoux, les mains à plat sur le sol, sous le regard interloqué de mon amie.

- Kantara! Kantara... Viens-là ma belle ...

Un petit gémissement se fit entendre puis une masse de fourrure noire fondit sur moi avec de joyeux glapissements. Je pris l'animal à bras le corps et basculai dans l'herbe avec elle pour une petite bataille amicale.

- Tout doux, ma belle... Comment vas-tu ? Et la famille ? Murmurai-je en la sentant derrière l'oreille, signe d'appartenance plus convenable que l'autre. N'aie pas peur. Cette femme est une amie.

La louve recula de quelques mètres puis s'assit en penchant la tête pour sonder Amaria.

- Amaria, je te présente Kantara, mon amie. Alors, où sont tes loupiots ?

Elle revint vers moi puis me lécha les mains avant d'appeler par de petits grognements sa progéniture. Trois louveteaux firent leur apparition sur leurs grosses pattes. L'un était fauve, l'autre noir comme sa mère et le troisième, blanc comme neige. Tout ce petit monde se chahutait dans un beau désordre en glapissant bruyamment pour venir se frotter à moi le premier. En quelques claquements de gueule, Kantara remit bon ordre dans les troupes et vint placer son museau sous mon bras.

- Kelak n'est toujours pas revenu, hein ? Tu es inquiète ?

Mon amie fit entendre un petit gémissement et poussa ses petits du museau derrière elle lorsqu'elle perçut la silhouette du garde qui nous avait rejoint poussé par la curiosité.

- Ben ça alors !... Ce sont des loups ? Je croyais qu'ils avaient tous disparus ?

- Non, Jon, ce sont bien des loups, dis-je en reconnaissant l'homme. Ce sont mes amis, ma famille. Il ne faut pas en avoir peur. Ils n'attaquent que s'ils se sentent menacés.

- Ahh, ben, pas de problème ! Pareil pour moi. Du moment qu'ils n'essaient pas de me bouffer tout cru! Mais, j'en reviens pas ... Des loups ... Si on m'avait dit ... Bon, c'est pas tout, je retourne à mon poste. Bonne soirée Aaron, Amaria ...

Je saluai Jon et regardai mon amie et sa famille à quatre pattes disparaître, à regrets puis je me tournai vers Amaria.

- Ils m'ont suivi. J'avais senti leur présence. Elle est perturbée. Son mâle a disparu depuis une semaine. Je me demande si la Milice n'y serait pas pour quelque chose. Je voudrais faire adopter l'un des petits par Héméra. Il lui tiendrait compagnie, et la protégerait. Les loups adultes savent retrouver des membres de leur meute à n'importe quelle distance. Je pourrais toujours savoir où elle est.

Je regagnai le porche rocailleux du QG et pris un air grave. Il fallait bien que j'arrive à lui parler de ce qui me pesait sur la conscience.

- Amaria, ils projettent d'utiliser les bio nanites pour modifier les humains, les rendre plus résistants à l'effort et aux maladies mais avec une durée de vie programmée. Une fois le laps de temps déterminé par eux écoulé, les humains programmés s'éteindraient. C'est immonde. Ils avaient déjà les puces de contrôle et de localisation mais cela ne leur suffit plus. Si ce projet est mené à son terme, ils pourront même les dresser les uns contre les autres. Ce n'est pas moi qui achèverais le travail, plutôt crever! Au contraire, je fais tout pour entraver les recherches, mais ils peuvent mettre un confrère sur le coup ou la Wright Corp. Ce qui serait encore pire... Tu comprends mieux l'urgence d'agir... et pourquoi je me dis qu'un attentat qui réduirait le labo en poussière est peut-être une solution ? Voilà pourquoi il faut que j'avance rapidement dans mes recherches parallèles. Alors si m'injecter les nanites ou la séquence ADN d'Héméra ou même ton sérum peut accélérer les choses, je ne reculerai devant rien. Mais pas toi, tu ne dois pas prendre ce risque. Laisse moi le faire à ta place. Tu as Tyler, moi je n'ai personne. Je veux qu'on travaille ensemble et relire les notes de ton père pourrait être une aide précieuse. Nous devons nous entre aider mais il faut que tu restes en vie pour continuer et témoigner de nos recherches. Si j'ai pu reprogrammer l'ADN de la Viola, alors pourquoi pas le mien. Ce ne sont que quelques millions de lignes de codage à entrer dans le programme. Si j'ai l'aide d'un craque en programmation, le reste, j'en fais mon affaire. Achevai-je en souriant.


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Amaria Saria
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptySam 19 Avr - 18:10

La nuit était calme et l’air frais si pur, loin de la cité, de ses dômes et de ses générateurs d’airs et autres gros climatiseurs qui rendaient la vie des Asariens et des humains tellement artificielle. Je laissais Aaron allumer sa cigarette, s’adosser au mur alors que je m’approchais de l’herbe, me séparant totalement de l’armature métallique qui composait le QG bien dissimulés à ceux qui s’aventureraient dans les lointaines terres sauvages. La voute stellaire était magnifique, si claire que l’on apercevait à la perfection les étoiles et la lune bien ronde au-dessus de notre tête. La voix de mon ami s’éleva alors par-dessus mon épaule. Je l’écoutais toujours avec autant de plaisir. Je souris lorsqu’il se définissait comme un chien fou. Son jeune âge était tout à son honneur même si son emportement devait parfois être canalisé. Effectivement, mon plus grand âge et mon expérience me permettaient de prendre du recul même si je n’étais pas certaine que cela vienne seulement de ces facteurs-là. Tous les Anciens avaient vécu l’Histoire, l’ancien monde, le passé mais cela ne leur avait pas servi de leçons. Au contraire, ils insistaient à poursuivre dans cette voie et un jour ou l’autre la corde lâcherait comme ce jour sinistre qui avait vu naitre la pluie de feu. Le sujet le plus délicat et que j’avais compris au-delà des mots, c’était sur sa propre vie affective. Aaron était un jeune homme beau, talentueux mais torturé par son combat, par les décisions qui engendraient son alliance à notre groupe. Je ne possédais pas le pouvoir de lire dans l’avenir mais j’étais certaine qu’un jour il trouverait la bonne personne pour partager tout cela. Il faut en être convaincu, il faut surtout ouvrir les yeux. C’est un long travail que chacun doit faire sur soi-même. J’étais passée par là avant mon mariage avec Tyler.

- Il n’y a pas de modèle pour être Pacificateur. Tant que tu te compareras à quelqu’un d’autre ou que tu mettras en avant d’autres alliés comme Grant, tu auras toujours cette souffrance en toi. Mais si je dois te donner un autre conseil, Aaron, c’est d’écouter ton cœur. Chacun de nous suit une voie d’après nos convictions, nos expériences,  ou tout d’autres arguments qui nous sont privés. Il n’y a pas de manuels non plus pour devenir de bons parents. On sait un jour ou l’autre que c’est avec une personne bien précise que l’on veut vivre, que l’on veut fonder une famille. Et même si tu es instable sur le plan affectif, aujourd’hui. Demain sera un autre jour. Et chaque jour, tu avanceras, tu évolueras jusqu’à rencontrer la bonne personne avec qui tu partageras énormément.  

Ma rencontre avec Tyler avait bouleversé mon quotidien et aussi toutes ces idées bien rangées qui ordonnaient ma vie et ma façon de penser.

- Durant de très nombreuses années, j’avais mis mes sentiments sous cloche, je les avais enfermés car j’étais persuadée que c’était la meilleure chose à faire dans ce monde. Mon combat avec les Pacificateurs ne me permettait pas cette vie privée.  Je me suis cloisonnée avec un tel brio que je me demande encore comment Tyler a pu arriver à m’ouvrir les yeux et à me convaincre de gouter  à une existence parsemée d’émotions. Au début, je faisais en sorte de le repousser mais il est resté très tenace et sincère. Il n’a jamais lâché prise et je pense que c’est son obstination et sa franchise qui ont fait fléchir mes barrières. Aujourd’hui nous partageons tout, nous nous sommes apprivoisés lentement, jour après jour, nous dévoilant un peu plus. Cela n’a pas été facile mais je savais qu’il était le seul homme que j’aimerai. Oui, nous nous ménageons des moments à deux. C’est ce qui nous ressource  dès que l’on passe des jours l’un sans l’autre. Tyler et moi jonglons entre l’hôpital et le dispensaire pour les gardes. Nous essayons de les faire ensemble. La vie que nous menons, n’est pas simple mais nous l’avons choisie et acceptée en sachant tout cela.

Aaron poursuivit sur sa place parmi nous, entre ses amis, ses relations et le groupe. Je voyais en lui un électron libre, solitaire, le cœur sur la main indépendant, insoumis, rebelle. Tout à la fois. Peut-être était-ce aussi son loup, ce caractère sauvage et indomptable qui lui donnait cette envie de liberté.

- J’espère un jour que tu trouveras ta vraie place et la réponse à cette question, que tu comprendras ce comportement de liberté qui te pousse à flirter avec les limites de cette Terres usée par tous les combats qu’elle a subis.

La conversation prit une tournure différente au moment où un bruit curieux se profila derrière les buissons. Des Pacificateurs en chargent de la sécurité, braquèrent leurs armes vers notre direction. Aaron s’interposa, leur demandant de ne pas tirer. Je ne bougeais pas suivant avec curiosité les mouvements de mon ami qui venait de s’accroupir devant les buissons. Une louve au pelage noir lui sauta dessus et à la vue de ce spectacle magnifique, je ne pus que sourire. Aux instructions d’Aaron, la louve comprit que je n’étais pas un danger pour elle. Une fois les présentations de faites ainsi qu’à l’un des gardes qui nous avait rejoint avec le même intérêt que moi devant une petite famille de loups qui reprit son chemin.

- Héméra serait très contente d’avoir un loup avec elle, et cela serait une protection de plus pour la petite fille. C’est une très bonne idée.

Mais l’interlude avait, semble-t-il, servit à Aaron pour relancer un autre sujet plus délicat. Il avait eu vent d’informations concernant de nouveaux projets au Centre de recherche. Des implantations de bio nanites sur des humains qui une fois le programme achevé, ils mourraient. Tout le schéma se dessina dans ma tête et mes yeux s’écarquillèrent devant la folie de mon ami. Je m’approchais de lui, posant mes mains sur ses épaules.

- Aaron, je ne te jugerai pas même si tu sais déjà ce que j’en pense : que c’est de la pure folie de d’injecter ces bio nanites à ton tour.  Mais je ne m’opposerai pas à toi et je t’aiderai de toutes les manières possibles. Que sais-tu de ce programme ? Combien de temps dure-t-il une fois l’injection faite ?  On peut trouver un génie en informatique dans le groupe ou alors voir avec les Insoumis. Mara connait l’un de leur chef. Est-ce que tu vas tout lui dire ?
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyMer 23 Avr - 20:32

J'avais enfin pu le dire et je n'en étais pourtant pas soulagé. Énoncer devant mon amie que le Gouvernement avait dévoyé ma découverte qui se voulait au service de tous, pour en faire un moyen de contrôler et d'abréger la vie des Humains n'était pas une chose facile. C'était assumer ma part de responsabilité, même si, comme je l'avais dit au sujet de son propre père, un scientifique n'est pas responsable de l'usage qu'on fait de ses découvertes. Il doit néanmoins tenter d'anticiper et de prévenir les mauvaises applications de ses progrès scientifiques. Or, était-ce mon manque d'expérience, mon jeune âge, ma naïveté parfois, je n'avais rien vu venir au sujet des bio-nanites. Je pensais juste qu'ils allaient accueillir avec intérêt une découverte qui pouvait soulager et améliorer la vie de chacun, guérir même. Comment aurais-je pu prévoir, moi qui était incapable de souhaiter du mal sans raison, qu'ils iraient jusqu'à concevoir les Humains comme des outils jetables une fois trop usés ou dépassés. Pourtant, c'est bien de la haine que j'éprouvais désormais pour le cerveau malade qui avait conçu cette utilisation de mon projet.

- J'ai pensé chercher à savoir de quelle personne dans l'entourage d' Alianka de Nephthys émanait cette folie et me transformer en bombe humaine pour aller le serrer dans mes bras. Mais plus le temps passe, plus je me dis que cette décision est le fruit d'une concertation et qu'il ne servirait à rien d'en éliminer un seul. De toute façon, ce n'est pas une option chez nous. Nous sommes des Pacificateurs. C'est un autre modèle que nous devons proposer aux nouvelles générations. Mais c'est difficile, tu sais Amaria, d'être un homme pacifique face à de tels monstres et c'est un tel poids d'être Asarien quand on voit de quoi certains d'entre nous sont capables.

Je hochai lentement la tête en écoutant ses mises en garde et ses conseils mais aussi sa promesse de m'aider. Ses mains sur mes épaules me firent frissonner parce qu'elles concrétisaient ses paroles. Le fait que je ne sois pas seul et qu'elle s'inquiète pour moi. J'avais toujours du mal à concevoir qu'on puisse s'intéresser à moi, non pas parce que j'étais laid et repoussant ou encore doté d'une personnalité sans intérêt. Non. J'étais juste un handicapé relationnel, plus à l'aise avec les chiffres, les formules mathématiques, les accélérateurs de particules et les géno-matrices qu'avec les êtres humains. Les sentiments, les réactions, les inter actions des uns avec les autres étaient trop imprévisibles, générant trop de facteurs instables. On n'avait aucun contrôle sur les sentiments. Et la perte de contrôle était bien la seule chose dont j'avais une peur tenace. En fait, j'avais toujours tout contrôlé dans ma vie. Le choix de mes études, leur succès, ma carrière professionnelle et même si le gouvernement me dictait le sujet de mes recherches comme c'était le cas à l'heure actuelle, il me suffisait de me mettre au travail et de trouver une contre attaque pour m'opposer à leur projet. Face aux sentiments humains, j'étais peu armé, souvent la seule réaction dont j'étais capable, était la fuite ou le silence. Je me dégageai doucement pour ne pas peiner mon amie. La pudeur était une seconde nature chez moi, doublée de la crainte de voir mon Armadan se déclencher sans crier gare. Il n'y avait guère que dans les moments passionnels et intimes que l'autre Aaron se manifestait: audacieux, insolent, provocateur, sûr de lui et conquérant. Mais celui-là ne montrait pas très souvent son nez et quand c'était le cas, cela n'avait pas une issue très heureuse.

- Je suis peut-être fou, c'est très possible. Mais comment ne pas le devenir dans le monde où nous vivons, comment s'accorder des moments de bonheur, s'autoriser à aimer alors que d'autres souffrent, meurent, haïssent ? Aurais-je un jour la force de faire abstraction de cette horreur qui nous environne pour penser qu'il est possible d'être heureux et de rendre quelqu'un heureux ? Je l'ignore. J'arrive juste à m'amuser de temps à autres avec mes amis, et encore, j'en ressens comme une culpabilité. Je me dis que pendant que je ris avec insouciance, un enfant ou une mère pleure la mort de son père, de son fils. C'est peut-être l'Armadan qui me pèse. Toucher un objet et voir les chagrins de celui qui vient de le poser. Même prendre un verre sans connaître le passé de la serveuse est hasardeux ... Peu de personnes en Asaria ont un passé heureux. Quand je travaille au labo, j'ai l'illusion que je le fais pour un avenir meilleur. Si ma mort peut être utile, ma vie n'aura pas été vaine.

Je levai la tête vers les étoiles que mon amie contemplait il y a peu. La beauté de l'Univers froide et implacable s'étalait devant mes yeux. Insensible aux passions, aux cris de souffrance, la nature continuait de se perpétuer, trouvant des chemins détournés lorsque l'homme se dressait sur sa route avec ses desseins destructeurs teintés de domination. La nature finissait toujours par triompher comme en témoignait le retour des loups dans les forêts d'Antarctique. La Nature tendait toujours vers le même effort, lutter contre tout ce qui pouvait la faire disparaître et le contourner ou l'assimiler pour en faire un atout. J'admirais cette faculté chez certains de mes amis ou connaissances. Amaria en faisait partie. Elle s'accommodait de cette vie et acceptait de partager celle-ci avec un homme. Un homme qui avait su abattre les barrières érigées par sa raison. Amaria avait été une sceptique du bonheur, tout comme moi, sans doute notre formation scientifique nous donnait-elle une acuité sans aucune concession sur les contingences concrètes de notre situation. Nous avions des convictions mais n'étions pas des idéalistes. Mais elle avait croisé cet homme qui avait réussi le tour de force de lui donner espoir que le bonheur n'était pas qu'une vue de l'esprit.

- Tyler est un type bien et tu le mérites. Vous vous méritez tous les deux. En fait, tu as raison, la vie doit être beaucoup plus supportable quand on accepte d'aimer et quand on est aimé. Mais dans mon cas, tu vois, c'est compliqué. La première n'est pas libre, je crois que je suis arrivé trop tard. La seconde ne voyait en moi qu'un  sex friend occasionnel. Pas mal comme palmarès à 27 ans, non ? Je t'épargnes les aventures de fac d'une nuit ? Mais là j'avais ma part de responsabilité, je le reconnais.  Alors, écouter mon coeur, non merci Amaria. Plus jamais. Il ne fait que me tromper sans cesse. Toujours la mauvaise personne, la mauvaise raison. Tous ces gens qui s'amusent avec les sentiments des autres sans en éprouver. Je te dis, il faudrait que je me débarrasse du gène qui fait tomber amoureux. L'amour, ce n'est pas pour moi. La haine, je n'espère pas. Il me reste l'amitié. Conclus-je en lui faisant un clin d'oeil.

J'ouvris la porte dérobée qui nous permettait d'entrer dans le vaste hall du Phoenix et je l'invitai à me suivre pour regagner mon bureau.

- Je vais me mettre en contact avec le gars qui est spécialisé en informatique chez nous. Hors de question de faire appel à des Insoumis pour ma part. C'est vraiment un sujet trop sensible et je ne veux pas que les informations que je trouverais sur Héméra ou les fruits de mes recherches tombent en de mauvaises mains. Les Insoumis, excuse-moi, ne croient en rien  sauf leur propre intérêt. Aucune motivation autre que leur liberté individuelle n'a de valeur à leurs yeux et ils nous trahiraient si cela peut leur servir. J'en ai croisé une, une fois dehors. J'ai bien cru qu'elle allait me bouffer, juste parce que j'avais une façon de voir différente d'elle. Donc non merci. Pour moi, ils ne sont pas plus recommandables que le Gouvernement et je m'étonne que Mara fricote avec eux.

Je gardais un souvenir peu agréable de ma rencontre avec Maddison. Elle avait failli m'agresser sans aucune autre raison que l'usage de mon Armadan mais plaçait sa propre liberté par dessus tout, quand, dans le même temps, elle m'interdisait d'user de mes dons naturels. Je n'étais pas du genre à en abuser pourtant et si je l'avais fait avec elle, c'était juste parce qu'elle se montrait agressive et trop sur la défensive à mon goût, comme si le monde extérieur n'appartenait qu'à elle. J'avais certes su qui elle était, à savoir une insoumise, grâce à mon Armadan et je n'avais d'ailleurs jamais compris comment elle l'avait perçu, à moins qu'elle ne fut elle-même télépathe, ce dont je doutais, car un télépathe ressent un autre télépathe. J'en étais un moi-même bien que médiocre mais j'aurai certainement senti si elle avait un pouvoir similaire au mien. L'animorphisme entre deux espèces différentes ne donnant pas de capacité de communication entre deux individus, on ne pouvait non plus expliquer qu'elle eut ressenti mon Armadan par son animorphisme. Sa réaction violente suite à cet usage m'avait donc paru totalement surprenante et relevant de l'incohérence, voire de la magie inexplicable. Tout ce qui était incohérent et inexplicable faisait fuir le garçon pragmatique et organisé que j'étais. Sur le moment, j'avais donc préféré disparaitre sans chercher le conflit, mais comme tout loup qui a senti la morsure des mots, l'aventure me laissait une défiance encore vivace à l'égard des Insoumis de tout poil qui peuplaient Asaria. J'étais encore trop aveuglé par mon éducation pour accepter qu'à certains yeux, j'en avais pourtant toutes les caractéristiques.

- Il faudra qu'on arrive à travailler ensemble en dehors du Centre, notamment sur les travaux de ton père. Si tu veux bien me confier quelques échantillons de sections d'A.D.N. d'Héméra, je ferais des analyses séquentielles pour essayer de neutraliser le marqueur du gène d'immunité à la lumière. Ainsi, il deviendrait universel et pourrait être associé à toutes les empreintes ADN asariennes. Toutes sauf quelques unes que nous déterminerons. Je pense en activer la tolérance par les organismes en y associant quelque chose. Quelque chose que les membres du gouvernement ne pourraient pas trouver. Une sorte d'activateur personnalisé pour chaque personne. Une bio nanite programmée de façon personnelle pour activer ce gène une fois qu'il serait injecté. Cela doublerait la sécurité. Il faudrait que le Gouvernement arrive à nous voler le composé du gène isolé et reformulé et le protocole d'activation qui génère un programme différent pour chaque individu. Autant dire que sans une trahison il serait impossible pour eux de faire main basse sur cet avantage décisif que nous aurions. Cela voudrait dire que les Asariens pacifiques qui le souhaitent pourraient vivre enfin hors des Dômes, fonder une autre colonie peut-être, une colonie ou Asariens et Humains vivraient en paix. Tu imagines, Amaria, les implications d'un tel progrès ? Ce serait une belle réplique à leur projet mortifère non ? D'ailleurs celui-là il faut que je trouve rapidement une manière de l'enrayer.

Je venais de prendre un marqueur et commençais à aligner des formules sur le tableau blanc qui trônait dans mon bureau. J'avais toujours eu besoin de ce tableau malgré les programmes sophistiqués de simulation que j'avais à disposition dans mon ordinateur. Le tableau me permettait de mettre de l'ordre dans le feu d'artifice d'idées qui ne cessaient de fuser de mon esprit en plein travail. Sans m'en rendre compte, je reprenais le fil de mes réflexions scientifiques, toujours avec autant d'enthousiasme et de fougue. J'étais en train de modéliser une formule de neutralisation génétique et de l'équilibrer avec une reprogrammation d'activation moléculaire. J'avais presque oublié la présence d'Amaria derrière moi. Et lorsque je terminai la dernière ligne de l'équation, je sentis un regard persistant dans mon dos. Je me retournai et fronçai les sourcils devant mon amie qui se tenait assise au bord de mon bureau, les bras croisés sur la poitrine, me regardant avec cet air indéchiffrable que je lui connaissais bien.

- A quoi penses-tu, là tout de suite ? Demandais-je en prenant un air faussement sérieux.


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Amaria Saria
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyJeu 24 Avr - 19:12

Ce nouveau projet dont le gouvernement était le garant de sa bonne application avait de quoi dégouter les plus fervents d’entre nous, pacifistes et utopistes quelque part mais jamais naïfs. Faire de certains humains des cobayes au service de la cité et des Anciens puis mourir comme de simples déchets, c’était effrayant de s’apercevoir que les Longues Vies n’avaient plus aucune humanité en eux depuis la pluie de feu. Mais bien plus encore, savoir que mon ami voulait s’inoculer ce mal pour tenter de parer  et de modifier les séquences me rendait presque malade. J’avais trop vu de personnes chères à mon cœur disparaitre pour notre combat. Un combat qui serait de longue haleine en toute conscience. Pourtant j’avais dû mal à concevoir qu’un jeune homme qui avait tant à vivre, tant à partager, allait freiner l’évolution de sa destinée.

- Tous les Anciens, tous ces ministres sont capables d’être à l’origine d’une machination, à commencer par Grégory Nicholson ou Kylian E. Wright. Deux grands esprits qui peuvent faire plier la technologie au creux de leurs mains. La race humaine est vouée à sa perte. Je me demande encore pourquoi  il n’y a toujours pas de loi sur la procréation et sur la surveillance des naissances. La race suprême, comme la définit si bien cette chère Grande Conseillère, doit rester l’unique sur cette pauvre Terre.  Mais, ils ne peuvent pas se passer des humains pour les tâches ingrates. Peut-être que ces bio nanites ne sont que le début d’un long procédé. Tu m’as dit que les cobayes n’ont qu’une année pour vivre après l’injection. Je ne pense pas que leurs expériences s’arrêtera là … Il y aura d’autres projets …

Je désirais lui faire comprendre que s’il se condamnait, d’autres projets verraient le jour après celui-là et qu’il aurait sacrifié sa vie en vain. Je glissai mes mains dans les poches de ma blouse blanche observant la voute stellaire et toutes ces constellations qui brillaient au-dessus de nos têtes.

- Tu as toute à fait raison : c’est un tout autre modèle que nous devons montrer à la nouvelle génération mais aussi à la société actuelle. C’est un tout. L’un ne va pas sans l’autre. Comme le présent ne peut évoluer sans le passé, et le futur se façonner sans le présent. Je comprends tout ce que tu ressens. Être la fille d’Ahmad Saria n’a jamais été facile. Être l’héritière de tout ce massacre, de ce monde qui a sombré dans le chaos. Je ne l’ai jamais voulu. J’ai longtemps fait en sorte de me démarquer de mon père. J’ai même un temps porté le nom de jeune fille de ma mère. Mais pour faire quoi ? Je ne suis pas mon père. Je porte son nom, certes. Son sang coule dans mes veines, j’ai choisi la voie de la science et de la génétique comme lui mais la ressemblance s’arrête là. Tant que tu verras ton ADN comme une malédiction, tu n’avanceras pas, Aaron. Toi, tu es né de parents Asariens. Moi, j’ai fait un choix de m’injecter le SEER. Mais au-delà de tout cela, nous avons encore le choix de nos décisions, de nos jugements, de ce que nous voulons. Nous avons des capacités extraordinaires. Il faut s’en servir pour aider les plus démunis, les plus faibles pas pour les asservir. De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Notre mutation a fait de nous des personnes supérieures mais pas pour asservir les Etres inférieurs. C’est pour les aider à construire un avenir de paix. Quel que soit l’âge ou ta fougue, Aaron tu restes un homme avec des convictions, des amis, des passions, des ennemis. Te condamner n’enraillera pas la folie des Anciens.

Je venais de poser mes mains sur ses épaules pour donner plus de profondeur à mes paroles, pour lui certifier encore une fois qu’il n’était pas seul et qu’il ne le serait jamais. Il se recula et se détacha de mon contact très rapidement, et j’avais pu lire une sorte de malaise dans son regard ou de pudeur. Je respectai  cette distance qu’il instaura entre nous deux, l’écoutant toujours avec la même sollicitude.

- Parce que nous ne sommes pas des machines. Que nous avons besoin de ces moments de bonheur, de ces petits moments à nous, privés, personnels pour avancer et se battre. Faire abstraction aux sentiments, tu pourras le faire un temps mais lorsque tu ouvriras les yeux, tu t’apercevras que fuir n’a été qu’une perte d’énergie. C’est comme se battre comme un immense mur. Tu peux le contourner ou bien lui trouver des failles mais à quel prix de force et de jours à passer à t’y opposer. La culpabilité c’est comme la peur ou le remord. Ce sont des émotions, à la base majestueuses mais qui ne font que te ronger.  Tu ne peux pas porter toute la misère du monde sur tes épaules. Tu peux contribuer à l’alléger, à aider, à l’effacer et te donner le droit au bonheur. A prouver que le monde même aussi sombre dans lequel nous vivons est encore capable de porter en son sein de l’amour. Nous sommes l’espoir … Et si l’espoir ne brille plus dans tes yeux, comment veux-tu donner  l’assurance et la conviction aux autres ?

J’avais longtemps mis un frein à ma vie personnelle, me concentrant uniquement à la voie qu’avait emprunté mon défunt frère. Aujourd’hui, j’étais réconciliée avec moi-même : j’avais toujours cet espoir d’un monde différent et j’avais auprès de moi un homme qui me donnait la force de poursuivre.

- Tout est toujours compliqué Aaron, et parfois on s’amuse à compliquer le quotidien davantage.  Tyler  est têtu, obstiné, fonceur et  même devant ma froideur, il tenait bon. Tu as eu des peines de cœur mais un jour, tu trouveras la personne qui te seras nécessaire, qui sera unique pour toi comme c’est le cas pour Tyler dans mon cœur. Tu comprendras tout cela quand la présence de cette personne te manquera, quand tu n’auras de cesse de la revoir, de la toucher, de lui parler, et tout deviendra plus clair, plus facile.  Si un jour, tu trouves comment démarquer le gêne amoureux de notre séquence génétique, crois-moi que je mettrai le feu à ton laboratoire ! Dis-je ne lui répondant par un même clin d’œil amusé.

Je le suivis à l’intérieur. La fraicheur de la nuit se faisait de plus en plus ressentir. Il y avait longtemps que je n’avais pas discuté avec Aaron à cœur ouvert et il était très agréable de retrouver cette amitié qui ne nous avait jamais faite défaut. Il avait besoin d’un As en informatique. Nous en avions au QG et Mara avait des contacts avec les Insoumis. Je souris à sa remarque.

- Est-ce un mauvais souvenir avec un Insoumis que te fait parler ainsi ? Ne juge par tous les individus d’un même groupe juste parce que ta connaissance des Insoumis se résume à une rencontre. Dans chaque groupe, même le nôtre, il y a des personnes moins sociables que d’autres. Ainsi est le monde mon ami. Il serait bien triste et fade si nous nous ressemblions tous sur le caractère. Tu ne crois pas ? Mara connait l’un des leaders, un dénommé Logan Hiddes. Un Asarien qui l’aidée à se sauver des galeries, il y a quelques temps. Et tu sais aussi bien que moi que Mara apprécie les connexions et les liens entre les divers groupes. C’est aussi de cette manière-là que nous avancerons. Mais tu as raison sur le fait qu’Héméra est un sujet à ne pas mettre dans toutes les mains.

Je m’appuyai contre le rebord de son bureau, croisant mes bras sur ma poitrine. Aaron me lista ses envies, celle de trouver des moments pour travailler ensemble sur les carnets de mon père. Il voulait aussi des échantillons de l’ADN de la petite fille pour neutraliser le marqueur qui l’immunisait contre la lumière.

- C’est déjà fait. Je suis sur la dernière étape qui constitue à modifier ma propre séquence ADN. Je te passerai tous mes résultats. Comme tu le sais déjà, si on trouve la parade à cela, il ne faudra pas que cela tombe dans de mauvaises mains. Je te laisserai le soin de trouver le bon procéder, et pourquoi ne pas y travailler ensemble dessus. Par contre, laisser des Asariens pacifistes vivre hors des dômes si notre collaboration devient réelle, cela risque d’être dangereux. Il serait facile au gouvernement d’envoyer des soldats, de tendre un piège à l’un des nôtres et celui-ci se retrouver cobaye. Tu penses bien que la Grande Conseillère ne lâcherait pas cette affaire et même si on fait en sorte de reformuler une partie de la séquence de l’ADN, elle mettra tout en œuvre pour récupérer cette formule. Utopia était le rêve de Gaïus … enfin de Grant. Une seconde cité où vivraient les Asariens et les Humains. Ensemble.

Je contournai son bureau, pianotant sur son ordinateur pour avoir accès à ma section. Je faisais basculer mes dossiers sur l’ADN d’Héméra par mail qu’il recevrait rapidement.

- Oui ! Commençons par le début : enrayer les bio nanites de la mort.

Je levai la tête en voyant Aaron totalement concentré sur le tableau blanc. Le feutre glissait avec fermeté et des chiffres et des lettres se formaient les uns derrière les autres. Je repris ma place contre son bureau, réfléchissant aux diverses équations qu’il écrivait.

- Je pense que ce que tu viens d’écrire pourrait très bien s’associer à mes résultats. Attend ! Je vais te montrer !

Je repris place devant son ordinateur que je branchai directement à l’écran géant du bureau. Mes propres résultats s’étalèrent en ED devant nous.

- Sur ta droite, la séquence ADN d’Héméra. Celle qui constitue uniquement le gène qui l’immunise contre le soleil. Si tu prends le soin de l’analyser avec minutie, c’est la corrélation entre ADN de Grant et celui de Mara. Celui de la mère a été plus fort et donc donnant à Héméra cette immunité. Sur la gauche, l’ordinateur vient de retranscrire tes données du tableau.  La bio nanite agit comme un virus sur l’organisme humain comme ce gène sur notre faiblesse face au soleil. Deux solutions s’offrent à nous : soit neutraliser totalement les effets de la bio nanite qui restera dans l’organisme mais ne sera plus d’aucune utilisé ou alors la détruire par un rayonnement. Les petits débris seront associés à l’organisme. S’ils sont rejetés, pour les humains, une batterie d’antibiotiques pourrait être nécessaire. Pour les Asariens, le blood healer devrait soigner le tout.
La bio nanite reconnait l’ADN des humains puisqu’elle a été créée ainsi. Reconnaitrait-elle celui d’un Asarien ? On va dire  oui … Donc, elle s’adapte à ces deux ADN … sauf qu’elle serait incapable de s’adapter à l’union de ces deux ADN … autrement dit celui d’Héméra.
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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyMer 7 Mai - 22:26

J'avais posé le marqueur sur le rebord du tableau et je m'étais assis sur le bord de mon bureau pour écouter Amaria. Mes yeux étaient rivés à elle, concentré que j'étais sur les paroles qui sortaient de ses lèvres. Il y avait quelque chose de passionnant à travailler avec cette femme. J'aimais mon travail au point d'en être accro et me priver de celui-ci serait revenu à tuer une part de moi-même. Mais lorsque je partageais cette passion avec quelqu'un comme Amaria, tout prenait une autre dimension. La fatigue s'envolait, les limites étaient repoussées, l'audace décuplée. Nos deux intelligences entraient en interaction et c'était comme une alchimie intellectuelle. Un petit sourire marqua le coin de mes lèvres.

- Tu as toujours un train d'avance sur moi ! En même temps, tu as de qui tenir ... En pratique, actuellement, tu as raison. La bio nanite n'est programmée que pour modifier les organismes humains. Aucun test n'a été fait pour déterminer quelles seraient les conséquences d'une injection de ces dernières sur un Asarien. Sur certains points, elle devrait en toute logique avoir les mêmes effets que sur les Humains. Au risque de déplaire à certains, nous avons plus de matériel génétique commun avec les Humains qu'on ne veut bien l'accepter en hauts lieux. Nous sommes des organismes génétiquement modifiés, améliorés par une injection, pour les anciens et par une assimilation dans le code pour les asariens nouvelle génération. D'ailleurs ... Poursuivis-je en prenant un air mystérieux, j'ai commencé une recherche qui pourrait être un sujet de thèse mais je doute qu'on me laisse la poursuivre à l'université. Une recherche sur l'évolution de la mutation sur plusieurs générations. Les anciens croient, pour beaucoup, que les mutations s'affaiblissent au fil des générations. C'est entièrement faux...

Je contournai mon bureau pour prendre une chaise et la tirai pour m'asseoir à califourchon dessus. Les bras appuyés sur le haut du dossier, je posai mon menton dessus et continuai à écouter ma condisciple avec un air espiègle. Ghislaine, ma secrétaire, me retrouvait souvent perdu dans mes pensées, en pleine expérience et dans des positions des plus incongrues: allongé sur le sol ou perché sur le haut d'une armoire, assis par terre le dos appuyé au mur ou encore assis en lotus sur mon bureau couvert de dossiers. Dans ces moments-là, elle levait les yeux au ciel et souriait avec indulgence, puis refermait la porte discrètement après avoir posé le document qu'elle devait me donner. Je savais qu'elle allait encore plaisanter de ce qu'elle avait vu avec Leana, son assistante de secrétariat qui était aussi une amie. Elles pouffaient souvent en disant que j'étais encore un gamin qui avait grandi trop vite mais que ce n'était pas de ma faute si j'avais des attitudes puériles, la science m'ayant volé ma jeunesse. "La science lui a volé sa jeunesse! " Oui, j'avais surpris cette brave Ghislaine un beau jour, dans le bureau, un air grave et solennel, le doigt pointé en l'air, un ton mélodramatique dans la voix. Elle délivrait ce constat comme si un drame digne du Destin des plus grands héros m'avait frappé. Comme on énonce une malédiction. Comme j'étais maudit et que la science m'avait volé ma tendre jeunesse, on pouvait donc me pardonner toutes mes fantaisies, mais on avait le droit d'en rire. " L'autre jour, il a quand même planté des piques barbecues sur lesquelles il avait mis des marshmallows dans les dalles en polystyrène du plafond... Et il y a mis le feu... Tout ça pour prouver que les dites dalles ne sont pas ignifugées. Et effectivement il y a eu un début d'incendie... Quelle histoire! Mais n'empêche, ils ont changé les dalles la semaine suivante. Comment a-t-il deviné qu'elles étaient inflammables juste en les regardant ? C'est un don asarien ça ? Connaître la propriété des matières juste en les regardant ? " Pour ma secrétaire j'étais un mystère insondable, entre gamin et génie. Elle n'avait pas tout à fait tort. Enfermé le plus souvent dans un laboratoire, j'avais eu une socialisation assez lacunaire et par certains aspects, j'avais des réactions très juvéniles. J'avais commencé mes études scientifiques à seize ans et, je demeurai, onze ans après, un gamin facétieux qui ne fait pas trop attention à la façon dont il se meut dans un corps devenu athlétique. Souvent le loup reprenait le dessus dans mes mouvements ou mes postures. Instinctivement, j'avais besoin de me percher pour observer ou avoir une vue d'ensemble, donc armoire ou chaise. Instinctivement, lorsque je peinais à trouver une réponse à un problème complexe, j'avais besoin de retrouver le contact de la terre donc je m'allongeais sur le dos et je réfléchissais. Cela pouvait être déroutant pour bien des personnes mais je le faisais sans en avoir conscience. En tout cas la seule femme qui trouvait ça cool et l'avait clairement énoncé était âgée de 8 ans et se nommait Audrey. Les autres devaient trouver cela débile, certainement. Je ne savais pas trop ce qu'en pensait Amaria mais avec elle je me sentais à l'aise et c'est naturellement que je poursuivis mon raisonnement après avoir écouté ses développements.

- En fait la plupart des gènes que le SEER a fait muter sont récessifs... Tu sais ce que cela signifie ... Ils peuvent sommeiller durant plusieurs générations puis réapparaître sur un individu ce, à des fréquences variables suivant les types de gènes. Ce qui est sûr, c'est que plus nous aurons de croisements entre Asariens, plus de nouveaux dons risquent d'apparaître. Je ne suis pas certain, mais je pense ne pas être le seul à avoir exploré cette piste. Des scientifiques beaucoup plus offensifs et dévoués à l'optimisation de la suprématie asarienne  se sont certainement aventurés dans cette voie et en ont probablement tiré les même conclusions que moi. Voilà pourquoi le Gouvernement ne peut que désapprouver les couples mixtes et les hybrides. Cela diluerait leur suprématie au lieu de la renforcer. Tu as raison, si nous ne faisons rien, la race humaine de souche est vouée à disparaître et avec elle peut-être le salut des Asariens. Car dans le futur le gouvernement devra faire face à un problème autrement plus grave que gérer la prolifération des Humains. Nous ignorons encore ce que les croisements de dons mutagènes vont donner sur le long terme et s'ils se renforcent et se combinent au lieu de se diluer, il est plus que probable que certains Asariens naissent avec des dons colossaux propres à en faire des monstres en puissance... Je sais ce que tu vas me dire ... Les Asariens au pouvoir le sont déjà pour certains, mais crois moi, le contrôle de ces individus dotés de dons inédits pourrait être le plus grand défi à relever pour notre communauté entière...


Un silence pesant s'était installé, comme si j'avais proféré une obscénité. En vérité, c'était une obscénité mais la réalité de notre monde présent et à venir était obscène. Une très petite poignée d'Humains et d'Asarien mesurait l'ampleur du gouffre qui menaçait de s'ouvrir sous nos pieds. Il y avait les intuitifs visionnaires, souvent des politiques ou des artistes et il y avait nous: les scientifiques. Toujours en première ligne lorsqu'il s'agissait de voir se profiler le spectre de l'horreur. Alors, oui , garder ce côté gamin, enfant terrible, loup bourru et tribal, instinctif, c'était peut-être mon rempart pour ne pas crever de trouille. Je haussai les épaules et penchai la tête pour frotter mon oreille contre mon épaule, puis je reniflai. Un neurologue ou un psychiatre aurait probablement attribué ce tic au syndrome d'Asperger. Les personnes qui m'aimaient savaient seulement que c'était le signe d'une grande émotion et d'une gêne, d'une tension intellectuelle.

- Aaron! L'homme à tiroirs ... Je suis désolé Amaria, je ne voulais pas ... t'accabler avec cette vision apocalyptique mais je me dis que tu as peut-être exploré toi aussi ces possibilités ... Revenons à nos moutons. Donc on ne sait pas ce que ferait la bionanite programmée pour un humain sur un asarien. Tu penses bien qu'aucun Asarien ne s'est proposé comme cobaye pour les tests et que le Gouvernement a des scrupules à risquer la vie d'être supérieurs. Même si certains longues-vies ne seraient pas contre une petite expérimentation sur les ANG. A ce sujet encore, j'ai découvert dans leurs dossiers, une nomenclature pour classifier les Asariens. C'est au delà de la démarche scientifique Amaria. Tu te souviens de tes cours d'Histoire ancienne ? Les camps de concentration de la Seconde Guerre Mondiale et la classification des prisonniers et des personnels ? C'est un peu pareil. Il y a les Longues Vies d'un côté, au dessus de tout et les ANG, donc, qui sont, eux, divisés en plusieurs groupes, selon leurs "mérites", c'est à dire leurs dons, bien sûr et l'utilité qu'ils peuvent avoir... Tu seras soulagée, je fais de l'humour, d'apprendre que les télépathes sont sur le dessus du panier, en revanche les empathes et "armadoriens" sont rangés dans la catégorie "délicate" parce que difficilement contrôlable donc utilisable à volonté. Idem pour l'animorphisme, "bien qu'il présente des avantages à prendre hautement en considération", je cite. Tu vois un peu le futur qui s'annonce pour nous tous. C'est au delà d'un clivage Humains/ Asariens, n'est-ce pas ?

Je me levai arborai un sourire désabusé et un petit rire nerveux m'échappa.

- Tu vois que, de toute façon, ton ami Aaron est mal barré. Injection ou pas. Et pour répondre à ta question au sujet de l'espérance de vie d'un Humain devenu un sujet H.A.D.E.S. , le bêta test est programmé à un an mais tous les paramètres sont modifiables avant injection. Les bio nanites sont d'un usage très souple et elles obéissent au doigt et à l’œil. J'ai passé assez de temps à les concevoir et les tester pour te l'assurer. Après, au sujet des programmes qu'on peut leur confier, je ne peux rien garantir, ce que je sais c'est qu'elles s'adaptent à toutes les situations à peu d'exceptions près, dont le cas d'un hybride comme tu l'as souligné. Mais ce n'est que la lourdeur du programme à mettre en place qui nous freine. L'hybride double les données du fait de son double héritage génétique. Effectivement, le gouvernement ne s'arrêtera sans doute pas à ce programme. Mais c'est mon travail qu'ils détournent, et il m'incombe de les en empêcher. Et s'il faut continuer le combat pour chaque projet horrifique qu'ils nous prendront et bien je continuerais de faire la taupe, bien que je croie que mon temps dans les murs du centre de recherche soient compté. Un jour ou l'autre ils me démasqueront ou je finirai par devenir dingue. Pour le moment, je me raisonne en me disant que je suis utile dans une certaine mesure, à notre cause, même si vivre avec un masque toute la journée est usant nerveusement.

J'avais de plus en plus de mal à assumer cette double appartenance. Même si j'étais peu sociable, je tissais des liens avec quelques membres du personnel au Centre de recherches et je ne pouvais m'empêcher de redouter qu'on leur fasse payer cher leur amitié pour moi lorsque je tomberais. Ghislaine, Leana ... notamment. Je l'avais écouté, songeur, parler de mes a priori sur l'amour et sur les Insoumis. A vrai dire mes positions concernant ces deux sujets reflétaient assez bien ce qui me caractérisait.

- Tu connais ma méfiance légendaire ... Imagine ce qu'elle peut produire comme rempart après une succession de désillusions amoureuses ? Et ... après une rencontre désastreuse avec une panthère insoumise. Je suis un loup méfiant et prudent. Continuai-je en riant. Et c'est en partie pour cela que Mara m'a confié la mission qui est la mienne... Oui, oui, je sais, prudent mais casse-coup... L'intrépidité n'est pas forcément synonyme d'imprudence. Tu as sans doute raison, car tu es plus vieille que moi, sans vouloir passer pour un goujat. Et je n'ai visiblement pas encore croisé la personne qui me fera changer d'avis dans un cas comme dans l'autre. Un loup évitera de s'exposer à nouveau à un danger qu'il a expérimenté. Je dois composer avec ma nature ambivalente, ne l'oublie pas.


Je revins à sa démonstration brillante, comme toujours, qui synthétisait nos travaux, et révélait à quel point ils étaient complémentaires.

- Si tu as isolé le gène concernant la photosensibilité alors il me suffit de rédiger un protocole de neutralisation de ce gène sur l'ADN asarien, comme je te l'ai expliqué oui et de concevoir le programme qui intègre ce protocole. Il nous faut de toute façon une troisième personne, un programmateur au dessus de tout soupçon. Je peux  te demander de le contacter et de lui expliquer  ? Moi au Centre, je suis très surveillé et j'ai moins de latitude pour avoir des rendez-vous hors professionnels. On va avoir de longues nuits de travail ici je pense. Mais on y arrivera. Quand j'évoquais une colonie asarienne en dehors des Dômes et pacifique, je ne parlais pas de nous, les Pacificateurs, mais de tous les Asariens désireux de vivre ailleurs que sous ces satanés Dômes qui m'oppressent -là c'est le loup qui parle- et ce en bonne intelligence avec des Humains. Je sais que c'est utopique pour le moment et que jamais Alitruc  ne laisserait une partie de ses sujets lui échapper sans réagir, mais on peut rêver, non ? Tu parlais d'espoir ! Tu vois que j'espère plus que toi !


Je m'approchai de mon amie pour visualiser le programme de ses recherches qui s'affichaient sur l'écran et je fronçai les sourcils pour essayer de comprendre de quelle façon elle voulait se servir du modèle du gène d'Héméra, développant des capacité de résistance aux ultraviolets pour empêcher les bionanites d'asservir les Humains.

- Ce que tu viens de mettre en évidence, en tout état de cause, c'est qu'on peut espérer que le programme H.A.D.E.S. va être dans les choux, pour le moment, avec les hybrides. Même s'il ne fonctionne que partiellement, il pourrait tout de même occasionner des dégâts sur l'héritage ADN humain de l'Hybride. Et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils rendent les bio nanites opérationnelles sur tous les organismes vivants. Regarde, j'ai bien su le faire pour une plante, moi ...  Je sais tu peux me regarder comme un monstre. J'ai créé une sacrée boîte de Pandore, là. Et crois moi, j'ai des nuits difficiles à cause de ça ... C'est pour ça que  l'amour, les distractions, le bonheur, tu vois, je ne pense pas trop les mériter. J'ai mieux à faire. Entre autres, essayer de faire en sorte que les Humains ne paient pas le prix de ma naïveté.


Je sentais la tension monter en moi rien qu'à cette évocation, cette rage qui me vrillait le cœur, me nouait l'estomac au point que j'avais envie de tout détruire dans le bureau, de mettre le feu à mon laboratoire ou de me faire sauter avec. Je m'en voulais d'avoir pu croire qu'une découverte aussi avancée pouvait être utilisée uniquement pour de bonnes raisons par des gens aussi avides de puissance que le Grand Conseil et ses deux vautours de malheur. Le couple infernal, le duo maléfique... Alianka et Van Brenner. L'envie du loup d'aller les égorger tous les deux traversa furtivement mon esprit. Je me tournai vers le mur et me retint de le défoncer à coups de poings


-Mais, bien sûr, je peux reprogrammer les bio nanites HADES et les rendre inoffensives, techniquement je le peux. Mais logistiquement, une fois qu'ils auront leur jouet de mort, bien au point, les membres du gouvernement vont tout faire pour me déposséder du projet, sauf si j'arrive à les convaincre que je suis un salaud extrémiste et mégalomane qui va les servir jusqu'au bout dans leur folie. Mais, j'ai peur de me perdre moi-même à ce jeu Amaria. On finit par oublier la frontière entre le juste et l'intolérable à force de côtoyer ces gens-là. Je sais que certains d'entre nous sont infiltrés en très hauts lieux et y arrivent. Mais pas moi. J'y perdrais mon âme. Je suis trop ... primaire et instinctif, animal, si tu veux, pour ce genre de chose. Encore, si j'étais un renard ou une fouine ... Ce que je sais en tout cas, actuellement, c'est que s'ils sentent une once d'hésitation chez moi, ils me vireront et confieront la suite à un confrère ou pire m'élimineront pour effacer un témoin gênant de leurs agissements. De toute  façon, on est dépossédé du projet. Ils ont fait une copie de tous mes travaux et les ont rangés dans leurs belles archives, sois en certaine. La seule parade c'est vraiment de créer une sorte d'antidote, qui enraillent le programme de la bio nanite tueuse et de le confier à une autre bionanite qui corrigera ou annulera les effets de la première. Il va nous falloir vacciner tous les Humains. Ça, c'est ton rayon et celui du dispensaire... Mais l'idéal serait qu'on trouve le vaccin avant qu'ils aient le temps d’inoculer H.A.D.E.S. à tous les Humains. On pourrait faire de la prévention. Et ça c'est mon job: saboter leurs travaux et mener les nôtres en parallèle.


Je me calmais progressivement comme souvent, en présence d'Amaria dont la douceur et la maîtrise, la modération, avaient le don de m'apaiser. Ce n'était pas passé loin cette fois et je me doutais qu'elle avait vu mon regard changer avant que je me retourne vers le mur. Je repris la chaise d'un geste nerveux et je m'assis à côté d'elle.

- Je suis désolé de te montrer un aspect si peu rassurant de moi. Je pense qu'avoir vu mes amis tout à l'heure dehors  a dû attiser cet instinct primal. Il va falloir que je sorte pour me dégourdir les pattes... Heu, les jambes ... enfin tu m'as compris. Une ballade en forêt... Il faut d'abord qu'on mette au point l'étape suivante. Tu te charges de nous trouver un informaticien fiable sur tous les plans et tu me le présentes ? Tu rassembles les notes de ton père qui peuvent nous servir. Moi de mon côté, je vais essayer de mettre la main sur le dossier qu'ils ont constitué sur Héméra. Je continue à retarder l'avancée d'H.A.D.E.S. et nous nous retrouvons régulièrement ici pour travailler sur deux axes : le vaccin anti nanites de la mort et la programmation de la nanite porteuse du gène anti UV. Est-ce que j'oublie quelque chose ? Ahh  bien sûr ? Depuis le temps que tu m'en parles, quand me présentes-tu Tyler ? A quand le resto tous les trois ? Il est bon au billard ? Tu sais, je suis très doué ... au billard. Je connais un pub qui a une salle de billard ...

Je la regardai avec mon air de gamin frondeur, un peu comme si j'essayais de me faire pardonner mon éclat. Je savais que j'avais cette faculté de me faire pardonner en charmant les femmes, même amicalement et de façon totalement innocente. Enfin, ce côté charmeur avait aussi son revers. On finissait par ne plus savoir si j'étais sincère ou si je jouais. Parfois cela m'arrangeait bien mais j'en payais le prix fort aussi, comme cela avait été le cas avec Jessica.  

- Ok, cette fois je viendrai pas seul, promis. J'amènerai une escort... Non, non Amaria, ne me fais pas ce regard-là ! Pose cette gomme tout de suite... Pas la gomme ! Pas la gomme! Criai-je en me protégeant le visage avec les mains et en riant comme un gosse. Et puis arrête de lire dans ma tête, c'est mal ! Ajoutai-je en fronçant les sourcils et en me prenant la tête entre les mains pour mimer une migraine.
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Amaria Saria
Présidente de la Cité
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Amaria Saria
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Activité/Profession : Présidente de la Cité, médecin et généticienne

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MessageSujet: Re: (terminé) Troublantes révélations [Amaria]   (terminé) Troublantes révélations [Amaria] EmptyLun 28 Juil - 13:04

L’ADN d’Héméra était sans doute la clef de notre avenir. Dans les carnets de mon père que j’avais pu retrouver, il y avait une phrase qui revenait très souvent : « l’Asarien n’est pas le point final à notre évolution. Il manque encore un chainon pour arriver à l’étape ultime ». Longtemps, je m’étais demandée si mon père n’était pas devenu fou avec toutes ses expériences. Maintenant, avec le recul, je comprenais à quoi il faisait référence. Humains et Asariens n’étaient pas là pour se vouer une haine éternelle mais bien d’accomplir l’évolution de l’humanité. Lorsque la fille de Grant et d’Héméra avait vu le jour et après son enlèvement, il me paraissait logique d’être la garante de son bien-être. Nous aurions pu nous arrêter là, à éviter de faire de la petite fille un cobaye, à ne pas voir ce qu’elle représentait. Mais cette réaction aurait pu se retourner contre nous tous car nous ne savions pas exactement ce que les Anciens avaient découvert sur les capacités d’Héméra puisque moi-même, je travaillais dessus depuis tout ce temps. Quand je vis les résultats de mes recherches s’étaler sur l’écran géant du laboratoire, je sus alors que nous touchions au but, que peu importe la conclusion de tout ceci, la fameuse étape dont mon père, Ahmad Saria, ne cessait de faire référence, était devant nos yeux.  Les séquences des codes de l’ADN d’Héméra s’associaient avec celle de ses parents. Depuis toutes ces longues années à trouver le moyen, chez les Longues Vies à tenter de reformer le SEER alors que le véritable but de tout cela était l’union des deux races. Mais le but de cette conversation, ici, n’était pas de discuter du petit but de chou mais bien de ce projet que les Asariens mettaient sur pieds : les bio nanites et leurs effets.

Appuyée contre le bureau, les bras croisés, j’écoutai les explications d’Aaron et ses déductions. Une fois de plus, il avait raison et j’étais d’accord avec lui. Humains et Asariens se ressemblaient davantage qu’on ne voulait nous laisser croire. D’ailleurs, n’avions-nous pas été martelés dès notre plus jeune âge sur le fait de voir les humains comme des bêtes à notre service, et par ce fait, toute interdiction logique et naturelle de se lier charnellement avec eux. Or, à force de vouloir étouffer une telle évidence, un homme et une femme avaient prouvé le contraire.

- L’affaiblissement des capacités n’a jamais été prouvé sur le long terme. Au contraire, au plus nous prenons de l’âge, au plus nos dons deviennent extrêmement puissants. Tu es en plein balbutiement de ta télépathie. Alors imagine devoir affronter celle d’Alianka ou la mienne. Cela prouve donc toute la maturité de nos pouvoirs au fil du temps.

Je me rapprochai de l’écran géant tandis que j’observais d’un bref coup d’œil la posture amusante et puérile que venait de prendre Aaron sur sa chaise, à califourchon. Les pouvoirs de mes congénères n’étaient pas l’une de mes distractions. Par contre découvrir comment fonctionnait l’ADN d’Héméra par rapport au soleil : oui. J’avais même poussé mes recherches plus loin mais pour le moment je me tairai dessus pour ne pas donner de faux espoir aux Pacificateurs mais j’espérai avec le temps trouver le moyen de nous rendre plus humain, c’est-à-dire, donner à notre organisme le moyen de vivre normalement, comme un humain sans devoir nous  confronter à ses longues et interminables années. Je ne savais toujours pas si Héméra grandirait d’une façon normale comme sa mère ou bien d’une manière « plus asarienne » comme son père. Les prochaines années qui allaient venir nous indiqueraient ce facteur-là. Je secouai ma tête à l’exposition des dons et leur mixité.

- Non … C’est bien plus complexe que ça Aaron. Ce n’est pas le fait de se retrouver devant une énorme palette de pouvoirs qui fait peur aux Anciens, c’est de perdre la suprématie de la race. Je ne sais si tu connais la légende sur les Anges. Samaël a été soit disant banni par Dieu parce qu'il désirait s’accoupler  avec les humains. En réalité, il a seulement été déchu. Les anges et les humains s'accouplent depuis que Samaël, Lilith, Ishtar sont sur terre. Et les anges sont ainsi morts. Leur sang s'est mêlé... Et à force de se mêler, de générations en générations, le sang angélique s'est dilué dans le sang humain. Les anges ont commencé à vieillir, à attraper des maladies et ont vite rendu l'âme. Les Anciens agissent de cette manière-là devant l’hybride. C’est pour cela que notre éducation, dès tout petit, nous tend vers cette supériorité et de dénigrer les Etres inférieurs pour éviter ce mélange. Ils ont peur du futur. Des Anciens et des Asariens vont continuer de vivre ensemble, d'enfanter des sangs purs. Mais dans chaque famille, un jour où l'autre, un asarien engendrera avec une humaine ou vis-versa, comme Grant et Mara. Les sangs mêlés vont se multiplier. La perfection asarienne va se dissoudre dans le temps et dans les générations. Ils ont tenté d’étouffer cela depuis presque un siècle mais aujourd’hui, ils ne peuvent plus rien faire. Une brèche a été ouverte même si l’union des deux races reste encore taboue. Ils ne pourront empêcher d’autres humains et Asariens de tomber amoureux et de se rendre compte que nous sommes semblables sur bien de points comme tu l’as cité.

Je lui fis un geste de la main, lui indiquant qu’il ne m’avait pas accablée par sa discussion. Je m’étais, tout autant que lui, laissée dériver sur une autre voie. Pour l’instant le projet des bio nanites devait être notre priorité. Lorsqu’il fit appel aux cours anciens sur l’Histoire, ma curiosité se mua en une inquiétude de plus en plus oppressante.

- Nous sommes tous des pions dans cette politique de suprématie. Bientôt les futures mères asariennes choisiront les pères de leurs enfants par rapport à leurs pouvoirs. Un catalogue parfait pour avoir une descendance parfaite. Sauf que l’hybride vient encore une fois tout chamboulée. Les Anciens se sont retrouvés avec des pouvoirs, peut-être par rapport à leurs caractéristiques ou leurs compétences d’humains. Héméra  agit de cette manière. Elle possède deux pouvoirs de son père mais le troisième qui est la télépathie lui a été conféré naturellement alors que les Asariens de deuxième génération, comme toi, vous tirez vos pouvoirs de vos parents.

Le projet H.A.D.E.S et tout ce que comptait faire Aaron avec ça ne me réjouissait pas. Mettre sa vie en danger de cette manière-là pour le progrès n’était pas une option convenable aux yeux d’une scientifique comme moi.

- Si tu comptes devenir un cobaye à chacune des folies du gouvernement, tu me trouveras sur ta route. Tu as précisé que les télépathes étaient au- dessus de la liste, et ce n’est pas pour rien. Je pourrai  te faire croire que tu es une petite fille et passer ton temps à te faire des nattes et à te faire manger des sucreries. Et ne me regarde pas ainsi ! Je  suis très sérieuse ! Tu ne t’es jamais posé la question sur le pourquoi Alianka me laissait tranquille alors que je suis la fille d’Ahmad Saria ? Je connais les secrets de la Grande Conseillère et sur son défunt fils. Elle se tient tranquille et par conséquence, moi aussi. Tu seras certainement bousculé mais jamais vraiment mis en danger. Nous travaillons ensemble au Centre. Elle se tiendra à l’écart et ses toutous avec.

La conversation dévia sur des aspectes plus privés de nos vies : devoir jouer un jeu face aux autres, porter un masque, se méfier de nos relations amicale set encore plus de nos sentiments. J’avais de la chance d’avoir rencontré Tyler, et si Aaron se montrait pessimiste dans sa vie amoureuse, tôt ou tard, il trouverait la bonne personne.

- On apprend de nos erreurs. Ta méfiance est sage mais elle peut aussi se montrer un peu trop possessive. Une sorte d’amante, de maitresse qui te garderait rien que pour elle et qui t’éviterait d’aller vers les autres. Ton animorphisme te donne l’avantage de ressentir les gens. Ils ne sont pas tous mauvais et tu le sais très bien. Sauf que ta peur et des désillusions amoureuses freinent chacune de tes réactions.

Notre utopie d’un monde meilleur, de lendemains de paix n’étaient pas aussi naïfs comme beaucoup se dardaient de le penser.

- Utopia était une cité que Gaius … enfin Grant  voulait voir s’élever un jour. Il faut toujours tenir à ses rêves et nous allons nous employer à changer cette terre.

Les sujets partaient dans tous les sens avec Aaron et on passait d’un sujet privé à celui de nos travaux.

- La limite entre la folie, le jeu et la vérité est infime. C’est bien pour cela que tu dois chercher ton ancre, celui auquel tu pourras t’accrocher sans aucune retenu, qui ne ramènera à bon port, qui te permettra de souffler, de redevenir toi-même, de ne pas te perdre. Tu vois ! On revient toujours à tes histoires d’amour !

Créer une bio nanite qui bloquerait le projet du gouvernement serait fastidieux mais pas impossible. Le comportement hargneux et impulsif d’Aaron ne m’avait pas échappée mais je ne jouerai pas  la moralisatrice.

- Le TyAma pourrait servir à dispatcher le vaccin. On pourrait se servir de la prévention contre une maladie, et inciter les humains à se faire injecter le produit. Il va falloir jouer serrer mais on peut commencer à travailler sur cette nouvelle nanite.

L’atmosphère redevenait plus calme. Je devais trouver le moyen de trouver un informaticien pour nous aider dans la programmation.

- Il nous faut un petit génie et il nous manque cela actuellement dans nos rangs. On a des informaticiens, c’est vrai mais c’est la qualité au-dessus dont on va avoir besoin. Je verrai avec Mara. On va s’en doute avoir besoin de ses relations avec les Insoumis. Ne me regarde pas comme ça ! Il est temps de lier les groupuscules au lieu de se tirer dans les pattes. Le gouvernement se repose sur ça aussi et jubile de voir à quel point nous perdons notre temps. Et oui ! je te présenterai Tyler, si tu es sage !

Je lui jetai un regard perçant quand il osa me décrire qu’il viendrait au diner avec une Escort-girl. La gomme s’éleva dans les airs, puis la règle, les stylos et tout ce qui se trouvait de petit sur le bureau. Tout le matériel état dirigé en direction d’Aaron. Un après l’autre, je les lui lançai dessus alors qu’il criait son abdication.

- Apprend que je ne viole pas les pensées de mes amis. Mais pas besoin de ça pour te comprendre. Tu m’en as assez dévoilé sur toi cette nuit. Et si tu allais te dégourdir les jambes avant que le soleil ne se lève. Je ne bouge pas du QG pour les prochaines 48 heures. Je vais rassembler les données de mon père, relire très attentivement tes conclusions et trouver le programmateur de nos rêves.
Allez ! File !

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