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 (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]

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MessageSujet: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyMar 15 Oct - 9:16

Il n’y avait pas plus agréable que ce moment où la nuit tombait enfin et que je pouvais m’accorder un peu de temps hors des Abysses. En fait, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu ainsi depuis que j’avais rejoint le groupe des Insoumis, entre l’ombre et la lumière, entre ces tunnels humides et les terres sauvages où je pouvais me défouler, où ma panthère pouvait retrouver sa liberté même pour quelques heures seulement. J’en avais besoin, peut-être plus que les autres. Après tout, chaque enfant des entrailles de la cité vivait à sa manière cette vie, chacun faisait en sorte de trouver un peu de répit pour soulager sa propre âme. Disons, que c’était ainsi que je voyais chaque individus des Abysses. Pour ne pas devenir fou et ne pas oublier que malgré l’acceptation de vivre ainsi et la générosité de Logan de nous avoir offert un toit, nous étions tout de même des hommes et des femmes qui avions tous un passé.

La panthère courrait à travers les hautes  herbes. Majestueuse dans sa robe noire. Puissante dans ses mouvements. Ses muscles roulaient sous la pression de ses pattes. Ma forme animale me donnait cette liberté et cette rage de vivre dont j’avais besoin pour me ressourcer. L’étouffement des galeries souterraines quelque fois prenait le dessus. Bien que cela fasse sept longues années que j’étais devenue une paria aux yeux de la société, il m’arrivait encore de me surprendre à vouloir et désirer ce moment de calme et de quiétude où je renouais avec mes instincts primaires de félin. Un animorphe ne fait qu’un avec son avatar quelle que soit sa nature et en quoi il se transforme. Nous partageons notre corps et nos émotions avec l’autre. C’est ainsi. Du moins, ça l’a toujours été pour moi. Ce pouvoir fut le tout premier dès ma naissance, et ce fut ma mère qui m’avait appris à le contrôler. D’un petit chaton noir, je suis devenue une panthère dangereuse. Il ne fallait pas oublier que je n’avais rien d’une peluche toute douce. Sous cette forme, je redevenais une prédatrice et je ne m’embarrassais d’aucun détail pour tuer mes adversaire et mes proies. Pour ceux qui ne me connaissaient pas, la question qui revenait sans cesse était de savoir si je discernais les visages, les voix, mes amis de mes ennemis. Bien sûr que oui. Je n’avais jamais attaqué un Insoumis. Je percevais leurs odeurs et certaines m’étaient plus que familières que d’autres comme celle de mon binôme qui était aussi  ma moitié. Max. Et heureusement, devais-je dire !

Mais pour l’instant, plus rien ne comptait que cette sensation grisante de pouvoir m’échapper par- delà les collines. Le soleil s’était couché mais le ciel était encore clair, ce qui me permettait de profiter de cette demi-clarté et de ces paysages magnifiques qui s’étendaient à perte d’horizon. J’arrivais en haut d’une crête, m’arrêtant pour humer les odeurs fraiches qui ne ressemblaient en rien à celles qui faisaient mon quotidien. On ne s’habitue jamais véritablement à ces effluves pénibles des égouts. Ma tranquillité fut soudainement dérangeait par un bruit qui provenait des fourrés non loin de moi. Je n’étais pas venue, ce soir, pour chasser mais ce bruit avait éveillé ma curiosité. Je ne savais jamais sur quoi j’allais tomber ici au détour d’un arbre. C’était ça aussi qui était plaisant de découvrir à chacune de mes balades : une nouveauté. Je fis demi-tour, prenant assez de recul pour sauter par-dessus les gros feuillages et me retrouver au milieu d’une clairière. Face à moi … un … Un quoi d’abord ?

La panthère s’assit sur son train arrière, bougeant sa tête de côté, un peu à droite, un peu à gauche pour détailler l’animal avant de s’allonger sur son ventre, les pattes croisées devant elle pour ne pas lui faire peur malgré son imposante stature. Les humains devaient appeler cela un …chien… Un chien qui s’apparentait plus à un loup. Etait-il aussi sauvage que moi ou bien le contraire ? Ou bien avais-je devant moi un gros toutou ? Si je ne bougeais pas, ma présence l’avait bien évidemment surpris voir même apeuré d’après ce que je pouvais en déduire de son comportement, ce que je pouvais aisément comprendre.

Lentement, je repris ma forme humaine, agenouillée sur l’herbe verte dans une tenue que je ne quittais que rarement : une combinaison d’ébène tout comme ma longue cape. Ma fourrure sombre laissa place à mes longs cheveux noirs alors que mes yeux ne perdaient absolument pas leur couleur bleutée et perçante. Je lui souris, lui tendant doucement ma main, paume vers le haut pour qu’il s’approche.

- Je t’ai fait peur …
Désolée. Je n’ai pas l’habitude de découvrir un chien lors de mes balades par ici.
D’ailleurs, tu dois penser la même chose à propos de ma panthère.
Je ne te veux aucun mal.


Dernière édition par Maddison Lee le Dim 9 Fév - 13:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyMer 6 Nov - 21:33

Courir, courir encore... Sentir les herbes s'écraser sous mes pas, les branches frôler mes flancs, le vent siffler à mes oreilles, humer l'air qui envahissait mes narines, un air non filtré par les dômes, une nuit aussi vaste et sans limite que ma soif de liberté. Fuir, fuir loin de tous les carcans de mon statut, de cette vie aseptisée imposée par mes pairs. Retrouver les grands espaces de la nature sauvage, qui quelque part résonnaient en moi à travers les générations d'hommes libres qui m'avaient précédé, qui m'avaient légué leur sang, leur soif d'idéal, amenuisé, étouffé par les conventions que ma naissance m'imposait. Né Asarien, héritier d'un pouvoir mais aussi d'un poison. Épargne et sauvé de la vie médiocre destinée aux humains dans ce siècle de folie, mais portant l'ignominie de mes semblables. Je ne trouvais ma place dans aucun des camps. La seule qui me fit un accueil, qui me réservât une place de choix, m'ouvrit les bras, était la nature en dehors des Dômes. Là je pouvais courir, à en perdre haleine, à en pleurer, là je me sentais libre et pouvais être moi. Farouche, secret, méfiant, sans concession. Je chassai pour ma survie, sans vice, me nourrissant juste du nécessaire. Pour le temps que la métamorphose m'accordait sans risque. J'étais libre, j'étais heureux, j'étais loup ...

Seul l'instinct prévalait, celui de la vie, de la joie de faire partie d'un tout harmonieux. Je tuais pour manger puis arrêtais ma course pour me reposer. Je posai mon museau sur mes pattes et humais les odeurs et les parfums de la forêt qui environnait la base secrète des Pacificateurs. Je m'étais bien éloigné, poussé par ma course instinctive pour me libérer d'une autre emprise. Lorsque j'étais Aaron Williams, le professeur, j'avais l'esprit pris dans un carcan d'obligations et de faux-semblants, que seuls les progrès de mes recherches parvenaient à rendre supportables et lorsque j'étais le soldat dissident dévoué à la cause de la justice et de la paix, j'avais le cœur pris dans l'étau de la désillusion, celle de croiser Mara au détour d'un couloir et de voir dans ses yeux, outre la ferveur de son engagement, l'éclat du bonheur qu'elle partageait avec un autre. Ce qui me rendait supportable cette échéance, était la certitude d'être à ses côtés pour défendre une cause juste et noble. Mais il arrivait parfois que je dusse m'oublier et échapper à ces deux carcans en redevenant l'animal qui sommeillait en moi. Le loup, parfaite emblème de ma solitude et de ma lucidité.

Après la chasse et la course éperdue, après avoir étanché ma soif dans l'eau limpide d'une source, je m'étais mis en quête d'un lieu où je pourrais me reposer et méditer sous ma forme lupine sur les impasses qui s'ouvraient devant moi sans espoir de retour. A ces heures là, la peur revenait en force hanter mon esprit, avec ses relents de sang et de larmes masqués derrière une façade de satisfaction et de vanité. Contempler la voûte étoilée sans le voile artificiel des coupoles de verre m'apaisait étrangement et lorsque je fermais les yeux, je revoyais les courses folles de mes lointains ancêtres des steppes des siècles en arrière, eux aussi à la fois hommes par la chair et loups par l'esprit. Alors une complainte douce et triste s'élevait de mes entrailles puis prenait de l'ampleur dans ma gorge pour s'échapper entre mes mâchoires. Pourtant ce soir, la complainte mourut avant de s'élever. Une odeur embusquée dans un fourré puis révélée, fauve et carnassière, féline. La nuit s'était posée sur terre et avançait dans la clairière, coulant dans le clair obscur, s'avançant vers moi. Elle me humait, elle m'observait, infiniment dangereuse et mortelle. Elle venait troubler ma retraite et pourtant ne manifestait pas d'hostilité ouverte. J'étais surpris dans ma peur d'un autre gouffre et elle devait se méprendre au sujet de mon allure. Ramassé sur mes membres, les oreilles rabattues, la tristesse irradiant de mes prunelles mordorées.

Je penchai la tête, à son image, d'un côté puis de l'autre. Un glapissement interrogateur : c'était dans ma nature de loup. Jouer ou lutter ? Que voulait-elle ? Mais l'interrogation prit fin assez rapidement lorsque je la vis se transformer sous mes yeux. Une belle jeune femme dont l'allure ne déshonorait pas la forme animale m'apparût. Je me redressai alors à mon tour et hésitait à reprendre ma forme humaine. Elle saurait alors qui j'étais. Elle pourrait me dénoncer. Mais le ferait-elle ?  Le pouvait-elle sans se compromettre elle-même ? Comment expliquer qu'elle ait pu me surprendre dans cet état sans avouer qu'elle sortait elle aussi en dehors des Dômes ? Je redressai la tête et entamai à regret ma métamorphose douloureuse. J'avais longtemps refoulé ma nature animorphe pour ne l'accepter que lorsque j'avais intégré le clan des Pacificateurs et je maîtrisais encore mal les transitions. Personne ne m'avait appris à dompter la violence du processus. Mes parents n'avaient pas ce don et le voyaient comme une manifestation du caractère bestial de la condition asarienne. Comme ils s'étaient appliqués à éviter de cultiver chez moi toute suffisance ou mégalomanie, ils avaient omis cet aspect de mon éducation et je leur cachais soigneusement cette part de mes pouvoirs asariens. Quelques craquements sinistres et gémissements après, ma silhouette d'homme se découpait sur le ciel qui s'assombrissait. Ne persistait de mon état précédent que mes iris encore incandescents.

- Je ne suis pas un chien, mais un loup en vérité. Je n'ai pas peur ... Pas de vous, en tout cas... Je pensais être seul ici et je ne cherchais qu'un peu de liberté ...

Le loup avait cédé la place à l'homme, l'Asarien, face à l'une de ses semblables. Ma fourrure blanche et grise s'était muée en une tenue simple comme je l'étais. Une chemise blanche et un pantalon anthracite. Seuls mes cheveux en bataille, relâchés et retombant sur mes épaules, trahissaient l'état sauvage qui avait précédé.

- Mais que fait une jeune femme seule au milieu de la nuit ? Même si je me doute que vous ne courrez aucun danger, c'est interdit par nos lois. Pourquoi risquer ainsi la colère des Anciens ?


Dernière édition par Aaron Williams le Lun 11 Nov - 15:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyDim 10 Nov - 17:24

Le chien-loup m’était inconnu. Je n’en n’avais jamais vu que ce soit dans les terres sauvages ou à l’intérieur des dômes. Ma forme animale était imposante, je ne pouvais le nier et ce fut tout naturellement que je repris mon apparence humaine, agenouillée sur l’herbe fraiche. Je ne souhaitais pas lui faire peur. Tout doucement, dans un geste précis et délicat, je lui présentais la paume de ma main pour qu’il puisse ainsi sen tir mon odeur et s’apercevoir que je ne lui voulais aucune mal. Sauf que l’animal qui se tenait devant moi n’en n’était pas tout à fait un. J’eu un mouvement de recul lorsque sa silhouette commença à changer. Des bruits sinistre me soulevèrent le cœur et je compris rapidement qu’elle était sa vraie nature : un animorphe comme moi. Mais sa transformation paraissait très douloureuse par rapport à la mienne. Ce pouvoir était mon tout premier, et dès que je fus en mesure de marcher, je me transformai déjà en chatte toute noire. La panthère est mon avatar. Elle fait partie de moi. C’est du moins comme cela que je l’ai toujours vécue. Ma mère était une animorphe, elle aussi. Elle est encore vivante mais je ne l’ai jamais revue depuis que j’étais devenue une traitresse aux yeux du gouvernement. Ma mère me répétait  sans cesse qu’il ne fallait jamais dissocier l’animal de sa propre personnalité. Il fallait voir cela comme un tout. Elle avait raison, du moins, je n’ai jamais eu de problème avec ma métaphormose ni avec les réactions de mon félin.

J’observais à la fois dans un étonnement et un certain émerveillement, cet homme qui était comme moi. Les animorphes étaient rares, pourtant c’était un pouvoir comme un autre ou bien est-ce que les personnes détentrices de ce don particulier ne survivaient à de tels changements de leurs corps ou point de céder à la folie ou bien de voir leur corps se disloquer sous la puissance de la transformation ? Peut-être. Néanmoins, l’inconnu formula quelques phrases, m’expliquant avant tout qu’il n’était pas un chien mais bien un vrai loup.

- Nous cherchons tous un peu de liberté dès l’instant où sous sortons des dômes de verre de la cité.

Le soleil s’était éclipsé dans l’immense ciel sombre et à partir de là, ses rayons meurtriers ne pouvaient plus nous atteindre. Ainsi était là, la faiblesse de notre race Oh combien puissante pour les humains. Mes prunelles bleutées détaillèrent l’aspect vestimentaire et physique de cet homme. Il n’avait pas l’air d’un fugitif. Une tenue presque impeccable qui contrastait avec ses cheveux relâchés et mi- longs. Etrange pour un homme mais séduisant quand même.

- Rien n’est interdit pas nos lois. Les miliciens sont les premiers à venir fouler ces terres lorsqu’ils cherchent des victimes humaines.

Je me redressais sur mes jambes, dépoussièrent d’un revers de ma main  les traces de terre qui parsemaient le haut de mes cuisses et de mes genoux.

- Il n’y a que les personnes qui se sentent traquées qui pensent être  des parias. Je n’ai pas peur des Anciens et je connais déjà leur colère. Mais avant tout, je suis maitresse de mes choix. Et ça, quelques soient les plus grands pouvoirs qui me feront face, on ne pourra jamais me retirer cela.

Je lui tendis ma main. Je pouvais vivre dans les entrailles de la cité, six pieds sous terre mais, Nous, les Insoumis, nous respections tout être vivant tant que celui ou celle qui se tenait devant nous en faisait tout autant.

- Je m’appelle Maddison. Ces magnifiques contrées respirent la liberté tout comme l’indocilité. Elles ne faiblissent pas, ni ne courbent l’échine devant les Grands de notre monde. Voilà pourquoi j’aime cet endroit. Et vous, dites-moi, que vient faire un homme qui croit être enchainé à Asaria sans connaitre la liberté de ses mouvements ? Vous n’êtes pas un fuyard. Vos vêtements vos trahissent.

Ancienne milicienne, j’étais restée une très grande observatrice, attentive à tout ce qui pouvait entourer. J’avais aussi la chance d’avoir un avatar en totale harmonie avec ma nature de femme. Mon félin, que je ressentais au plus profond de moi, se grondait pas, ni se rebellait contre cet inconnu. Il n’était pour l’instant pas une menace pour moi …
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyLun 11 Nov - 16:59



Une légère brise nocturne traversa la clairière où nous nous trouvions et fit voleter nos cheveux. Il émanait de cette jeune femme magnifique quelque chose de sauvage et d'indomptable que son précédent état annonçait déjà. Je ne puis qu'acquiescer à la première phrase qu'elle adressait à l'homme épris de liberté que j'étais. Tentant vainement de remettre un peu d'ordre dans ma chevelure indisciplinée, je cherchai à tempérer mes mots pour exprimer la vanité de notre espoir et ils sortirent plus vite que je ne l'aurais voulu.

- Tant qu'il y aura des êtres opprimés parmi nous, la liberté ne sera qu'une utopie. N'est pas libre celui qui assoit son pouvoir sur l'asservissement d'autrui, mais celui qui travaille à améliorer les choses à sa faible mesure peut parfois sentir le souffle fragile de la liberté.

Le "nous" pouvait paraître discutable à une Asarienne mais n'avait aucune ambiguïté dans mon esprit qui plaçait les Humains au même rang que les miens. Nous étions issus de la même espèce, certains ayant eu la chance ou le malheur d'accéder à un poison mutagène. Je reculai légèrement lorsqu'elle prétendit que nous étions libres de nos mouvements, par le simple fait d'appartenir au "peuple élu". Je secouai négativement la tête et levai les yeux vers le firmament avant de fixer à nouveau un regard scrutateur sur celle qui me faisait face. Qui était-elle et que faisait-elle sur ma route ? Était-ce vraiment le hasard qui nous avait mis en présence ? Et je me mis à penser ce que j'avais envie de lui dire.

Vous croyez peut-être être libre de vos mouvements, vous pensez sans doute que tout Asarien l'est. Peut-être l'êtes vous réellement d'ailleurs, parce que vous appartenez à une famille haut placée. Ce n'est pas mon cas et mon statut fait que je suis sous surveillance permanente. J'ai peut-être réussi à déjouer leur filature par ma transformation mais chacun de mes déplacements est suivi sous les Dômes comme en dehors et je ne doute pas qu'ils voient d'un mauvais œil chaque sortie que je justifie par mon activité professionnelle. Ils ne peuvent simplement pas s'y opposer officiellement. Nous sommes tous en laisse, panthère comme loup, comment pouvez-vous en douter ? Êtes-vous à ce point naïve?


Je souriais pour masquer le cynisme que je sentais poindre en moi, de plus en plus étonné par ce que j'entendais. Dans quel monde vivait-elle pour pouvoir prétendre être maîtresse de ses choix ? Je tentais de tempérer le début d'agacement qui sourdait en moi à l'écoute de propos si illusionnés. Je pensai fugacement qu'elle ne pouvait savoir ce qui se tramait derrière les murs du Centre, quelles attentes cruelles avaient mes patrons face à la science, dans le seul but d'asseoir encore davantage l'hégémonie des Anciens. Les expériences monstrueuses qui s'y étaient déroulées des années auparavant et dont j'avais retrouvé les archives; la pression constante dont nos équipes de chercheurs étaient l'objet, la défiance à notre égard parce qu'"ils" savaient bien que ce qui avait été fait par la science, la science pouvait le défaire. Nous étions à la fois leur arme fatale et leur épée de Damoclès. Ils avaient besoin de nous pour assurer leur pérennité mais savaient que nous pouvions nous retourner contre eux. Nous étions la lame à double tranchant et j'étais le fil aiguisé de cette lame.

Alors oui, de la liberté, je ne goûtais la saveur qu'en quelques moments éphémères et illusoires. Lorsque j'étais loup ou lorsque je revêtais la tenue de Pacificateur, qui, toute polymorphe qu'elle soit, puisque j'étais leur espion, n'en était pas moins bien réelle à mes yeux. Lorsque je restais tard dans la nuit, attendant que tout le monde, sauf les gardes, ait déserté le centre, pour me glisser dans les archives et y copier des dossiers confidentiels, lorsque je forçais certaines zones de leur système pour accéder à des fichiers informatiques et les transférer sur le serveur des Pacificateurs via des relais qui brouillaient leur cheminement, je portais l'uniforme invisible de la justice et j'en ressentais de la fierté et une fugitive libération. Tout le reste n'était que simulacre pour dissimuler ma vraie nature. Je savais qu'un jour je serais découvert et qu'à force de freiner toutes les recherches qui allaient à l'encontre de mes convictions et de mener clandestinement celles qui me semblaient servir la liberté, un jour ou l'autre, j'en paierai le prix. Ma plus grande crainte était que mes parents en soient les victimes. Pourtant les choix que je faisais me semblaient découler naturellement de l'éducation tolérante et pacifiste qu'ils m'avaient inculqué. De cette bonté et de cette générosité naturelle, je ne pouvais pas trahir le sens premier et devenir un scientifique à la solde du totalitarisme. A leurs yeux, c'est pourtant ce que je devais être, même s'ils n'en disaient rien, mais même s'ils l'ignoraient, pour le moment et pour leur propre sécurité, je pouvais être fier secrètement de ne pas avoir trahi leurs convictions et espérer qu'un jour ils l'apprendraient à la faveur d'une évolution positive de l'équilibre entre les deux conditions qui composaient la société asarienne. Peut-être n'assisterai-je pas à l'avènement de cette ère nouvelle mais au moins y aurais-je participé à ma faible mesure.

Bien sûr, cette jeune femme fort énigmatique et séduisante, qui se présentait sous le nom de Maddison ne pouvait pas savoir tout cela, même si sa perspicacité lui avait fait entrevoir que je n'étais pas un paria ou fugitif. Bien sûr, je ne pouvais dévoiler ce que je savais des offices gouvernementaux ni de l'alternative qui s'ébauchait sans me mettre en danger. Aussi avais-je l'intention de ne révéler qu'une version très édulcorée de mes pensées, mais une fois de plus, mes mots s'emballèrent.

- Je pense que c'est un plaisir si fort de se sentir libre au milieu de cette nature que nos fondateurs doivent s'inquiéter du risque de ne plus nous voir revenir sous les Dômes. Je suis bien certain qu'ils n'autorisent ce privilège véritablement qu'aux personnes dont ils ont éprouvé la fidélité. Pour ma part, je dois rendre compte de chacun de mes déplacements bien que je n'aie pas le sentiment d'être un paria, bien au contraire. Même si cela est exigé pour ma propre sécurité, il n'en demeure pas moins que cela est pesant.

Étais-je devenu fou pour parler ainsi à une étrangère ? Je ne savais rien d'elle mais elle ignorait également bien des choses à mon sujet et lorsqu'elle fit ce geste vers moi, ce fut avec le plus grand naturel que j'acceptai la poignée de main salvatrice qui allait me permettre d'user de mon pouvoir premier, celui que je maîtrisais le mieux à défaut de le dominer totalement. L'Armadan.

- Je m'appelle Aaron Williams murmurai-je en serrant sa main dans la mienne et en éludant la question sur ce qui m'amenait ici. Elle devrait se contenter de l'envie d'évasion.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptySam 16 Nov - 15:33

Sa réaction sur la liberté se fit vite entendre. Un Asarien parlant ainsi ne pouvait être qu’un Pacificateur dans l’âme ou bien ancré dans cette cause. Il se mettait trop en avant à mon gout. Il ne savait pas vraiment qui j’étais. J’aurai pu être une espionne travaillant pour le gouvernement et là tout simplement, il me mettait sur le chemin de ses pensées. Il pouvait me sortir de délicieux laïus sur la liberté mais il prenait des risques d’en discuter aussi ouvertement. Je ne rajoutais rien sur ce qu’il venait de me décrire. J’étais d’accord avec lui-même si nous, Insoumis, nous étions à part dans ce monde fait de hiérarchie, de lois, de soumissions et de combats. On pourrait nous définir comme égoïstes car nous ne prenions pas part aux querelles et aux causes que défendaient  rebelles et Pacificateurs. Non ! Notre priorité, c’était avant tout de survivre et d’avoir notre propre liberté suivant les moyens que nous nous donnions. Nous étions déjà des parias, rayés de la société, alors les lois de ces chers Anciens, ne nous atteignaient plus !

Alors que je lui expliquais que les lois ne pouvaient m’entravaient, il eut un mouvement de recul que je ne compris pas vraiment. Ma liberté était de pouvoir me dresser et défier tous ces Grands. Voilà qui j’étais même si je devais vivre dans les entrailles de la cité. Il y a toujours un prix à payer quelque part, et j’en avais conscience ! Mais c’était mon choix aussi. Soudain, je sentis un pouvoir s’immiscer dans mon esprit. Ma panthère gronda au fond de moi. Et je compris rapidement que c’était lui. Ma tête entre mes mains, mes pupilles prirent l’aspect félin de mon avatar. Mes ongles devinrent griffes. Il n’aurait jamais dû faire cela avec moi. Ses mots résonnaient en moi et sa morale était fausse. Il n’avait rien compris à ce que je lui avais dit, buté, enfermé dans sa richesse et son luxe. La première chose qu’il entendit de moi, fut le rugissement puissant de la panthère  bien que ma transformation n’était pas achevée. J’étais entre la femme et l’animal sauvage.

- Ne t’avise plus jamais à faire cela, où je laisserai ma panthère te trancher la gorge et même ton blood healer ne pourra te sauver d’une telle morsure mortelle !!

Je fermais mes yeux, reprenant le contrôle de ma transformation avant de les reposer sur cet homme bien trop pompeux à mon gout.

- Garde tes belles paroles pour les autres ! Tu me juges et tu ne connais rien de moi ! Apprend avant tout à observer !! Est-ce que je porte des vêtements qui pourraient s’apparenter à une famille haut placée ? Non ! Ton statut fait de toi un pion de cette société, et je te plains vraiment. Et à t’écouter, tu es sous surveillance donc tu me mets en danger !! Et c’est toi qui me donne des leçons ?? Génial !
Sais-tu où nous sommes ?
Les terres sauvages, tu me diras mais avant tout nous sommes sur les terres des humains ! Et toi avec ta sortie des dômes, tu pourrais y amener d’autres Asariens qui pourraient nous faire du mal à tous, comment peux-tu être si naïf ?


Ma voix se faisait plus aigüe. J’étais en colère devant un tel comportement et son intrusion dans mon esprit n’avait fait qu’accentuer mon sentiment. La suite de son histoire me parut complètement hors sujet mais je l’écoutais encore une fois. Je secouais ma tête devant ce récit.

- Le soleil s’est couché, les Nôtres peuvent maintenant roder en toute tranquillité ici, qui te dit que tu n’as pas été suivi ? Et en plus, tu m’avoues devoir rendre des comptes. Tu mets en dangers les humains et les Asariens qui ne cherchent pas les ennuis et ça ne te fait rien ?

Il se présenta à son tour. Une identité qui ne m’était pas familière. Au moins, ce n’était ni un membre du gouvernement, ni un homme issu d’une de ces familles- là. Alors pourquoi insistait-il sur le fait d’être surveillé ? Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

- Tu devrais retourner dans la cité si tu es un homme si épiait et si tu crains de te faire prendre par des soldats. Sache une chose, Aaron Williams, que je ne suis ni une Rebelle, ni une Pacificatrice mais une Insoumise. Que la cité m’a rejetée pour m’être révoltée face à elle et que je ne lui dois plus rien ! Ma liberté, c’est celle que j’ai choisi même si tu n’es pas d’accord avec moi.  Ma vie n’a rien avoir avec le luxe et le confort que tu as chez toi mais elle me convient car un jour, j’ai décidé de ne plus être un mouton obéissant sans broncher. Chacun sa voie.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptySam 21 Déc - 4:59



La réaction de Maddison, même si je m'y attendais un peu pour avoir été déjà confronté à des réactions similaires lorsque j'utilisais mon pouvoir intrusif, me surprit par sa violence. Je la voyais maintenant à mi-chemin entre la femme et l'animal redoutable qu'elle incarnait au début de notre rencontre. Cependant, même si je n'avais pas à l'origine une formation de combattant, les quelques mois passés dans les rangs des Pacificateurs m'avaient assez aguerri pour ne pas fuir devant un danger pourtant bien réel. Tous mes sens étaient en alerte face à l'agressivité de la panthère mais c'était davantage les propos que l'apparence qui me déstabilisaient chez elle. J'aspirai une grande bouffée d'air frais afin de calmer l'animal qui sommeillait en moi. Une confrontation entre nos deux formes lige ne se solderait que par un combat sanglant et stérile dont je n'étais pas certain de sortir indemne. Elle maîtrisait mieux que moi sa forme animale et je n'étais pas venu ici pour en découdre avec une Insoumise, ni avec personne d'ailleurs, à moins qu'on ne menace les miens, ceux que je considérais comme ma nouvelle famille par l'engagement commun qui nous liait.  Pour bien montrer que je n'avais aucune intention  belliqueuse, je choisis délibérément de lui tourner le dos pour inspecter d'un regard scrutateur les frondaisons. Lorsqu'elle eut fini d'exprimer avec courroux les pensées que je lui inspirais, je repris enfin la parole sur un ton que je voulais calme.

- Vous me reprochez de vous juger, alors même que je n'ai émis que des hypothèses vous concernant. J'ai dis "peut-être" en parlant de vous et de vos origines, et d'ailleurs je n'ai fait que le penser, comment avez vous pu m'entendre penser, alors même que vous affirmez à mon sujet des choses erronées. Soit, vous n'êtes pas issue d'une famille de nantis asariens. Mais que savez-vous de moi pour penser que je vous mets en danger par un acte désinvolte ? Croyez-vous que je n'ai pas pris mille précautions pour profiter pleinement de ce moment d'évasion ? Qui se montre agressif envers l'autre, sinon vous ?

Je fis quelques pas dans la clairière et m'accroupis pour observer une plantule au clair de lune, puis je fixais dans ma mémoire son emplacement et ses caractéristiques. Cette variété était devenue introuvable après le déluge de feu, très sensible au rayonnement du soleil devenu implacable à cause des dommages faits à la couche d'ozone et, cette nuit, miracle, j'en dénichai une en croisant cette fille.

- La vie finit toujours par se frayer un chemin, pourquoi n'en va-t-il pas de même avec l'amour ? Murmurai-je comme pour moi-même.

Je me redressai et adressai un sourire à mon interlocutrice peu amène.

- Nous sommes sur cette Terre que nous avons tellement martyrisée et qui nous porte toujours, nous nourrit, nous soigne chaque jour malgré la folie dont elle a souffert. Folie dont nous sommes les artisans. Croyez-vous qu'un seul d'entre nous puisse se dédouaner de ce qui s'est produit ? Peu importe le camp que nous pourrons choisir, nous porterons toujours la responsabilité du désastre né de notre soif de pouvoir. Vous pouvez choisir de l'ignorer en clamant votre insoumission, nous portons tous en nous les germes de la destruction et de l'espoir. Ce qui importe, c'est ce que nous en faisons.

La petite plante s'épanouissait, fragile entre mes deux pieds, exposée à un piétinement indifférent et je regardai Maddison en la fixant droit dans les yeux.

- Le seul véritable compte que j'estime important à rendre, à mes yeux, c'est celui que je dois à la Nature. Préserver notre héritage commun, et en faire un outil de rédemption. Le salut, la survie de notre espèce, toutes variantes confondues, dépendent de notre capacité à préserver ce qui a été épargné et ce qui renaît. Qui l'a compris, à l'heure où je vous parle? Très peu d'Humains et d'Asariens. Pourtant je pense que vous, mieux que quiconque, êtes à même de comprendre cet enjeu. De comprendre ce qui me pousse à prendre tous les risques. Je suis un scientifique avant tout et je porte aussi, plus que d'autres, la responsabilité de notre avenir.

Mais que pouvait-elle savoir des enjeux réels qui se jouaient ? De la subsistance d'une cité qui s'étendait de mois en mois, dont la population augmentait de jour en jour ? Un seul continent portait désormais tous les espoirs de survie de l'Humanité, peu m'importait qu'elle se décline en terme de force et de castes différentes. Il fallait voir plus loin et apaiser les conflits, travailler à une concertation de la subsistance de tous.

- Je comprends votre colère et je n'aurai pas dû user de mon don sur vous. Je vous en demande pardon. Croyez que je suis un mouton si vous le voulez, mais je ne serai pas l'herbivore qui mangera cette petite plante si rare qui, cultivée, pourrait nous donner un moyen de survie supplémentaire. D'autres espèces poussent peut-être dans ces collines qui pourraient nous soigner, ou nous aider à vivre tous mieux. Pensez-vous toujours que mes escapades soient vaines et égoïstes ? Je refuse de baisser les bras et de laisser l'indifférence au sort de notre colonie gagner du terrain. Il me serait facile de me complaire dans mon statut privilégié et d'être lâche mais mon amour de la vie et ma curiosité m'ont toujours guidées dans mes choix.


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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyDim 5 Jan - 17:56

Les poings fermés, je me concentrais principalement sur ma respiration et sur ma panthère qui grondait au creux de mon ventre. L’intrusion de cet homme dans mon esprit n’avait pas favorisé son calme ni le mien surtout quand on savait que l’animal et la femme étaient fortement liés. Ainsi donc c’était moi qui me montrais agressive envers lui. C’était l’hôpital qui se foutait de la charité. N’était-ce pas lui qui venait de s’immiscer dans mon esprit ? Qui avait violé mes pensées ? Et j’aurai dû rester impassible devant un tel acte ? Peut-être que les personnes qu’il avait face à lui quotidienne se laissaient manipuler de la sorte mais pas moi. Je ne supportais pas ces personnes qui avaient le don de se faire passer pour des victimes, de retomber sur leurs pattes comme les félins même après avoir commis une erreur. Je ne répondis pas préférant le laisser continuer. Je ne perdrais pas mon temps à lui faire toucher du doigt que son comportement était irrespectueux et que cela avait provoqué ma colère. La prochaine fois j’achèverai ma transformation, et il devra faire face à ma panthère noire. Tout ce que je pouvais lui dire sur les terres sauvages, sur cette maigre sécurité que nous pouvions avoir ici dans ce territoire qui n’était pas encore pollué par les Asariens. Je fronçais les sourcils lorsqu’il murmura quelques mots que je compris très bien. Il ne fallait pas oublier que nous, les Etres génétiquement modifiés, nous avions des sens hyper développés. J’avais l’impression de voir une faille dans cette carapace désinvolte. Etait-il ici pour échapper à des sentiments qui le troublaient ? Je n’étais pas assez curieuse pour lui poser ce genre de questions alors je me contentais de le suivre du regard.

Ah ! Voilà qu’il revenait faire sa jolie morale. J’avais juste envie en cet instant de le saluer poliment et de tourner les talons. Je baissais mes prunelles azurées pour détailler mes mains, mes bras, mon corps. Non, je n’avais pourtant pas l’allure d’une gamine de dix ans pour qu’il me parle ainsi. Bref ! Tant pis ! Je croisais mes bras contre ma poitrine. Je ne savais toujours pas pourquoi il m’exposait tout cela et quelle en était la finalité, à part me dire ce que je connaissais déjà. A moins qu’il n’en déduise que le fait d’être une Insoumise et vivant dans les entrailles de la cité, je me sois coupée du monde réel ? C’était certainement cela. Comme quoi, lui aussi, il portait un jugement sur ma personne juste parce que je lui avais dévoilé qui j’étais.

- Ecoutez, j’ai du mal à vous suivre et, tout comme j’ai l’impression d’assister à un cours d’un professeur. Je ne sais même pas où vous voulez en venir. Vous vous introduisez dans mon esprit et vous dites que c’est moi qui vous agresse. Vous me contez la tragédie de notre passé et la supériorité des Nôtres, du chaos qui a détruit la planète, de ce gouvernement qui ne pense qu’à faire plier les plus faibles comme si je ne savais rien, si j’étais une inculte. Vous cherchez quoi ?

Son éloquence dissimulait tout autre chose. Je n’étais ni la Grande Conseillère, ni l’un de ses ministres. Pourquoi donc me sortait-il un tel discours alors ?

-  Nous avons chacun nos combats comme nous devons faire nos propres choix en notre âme et conscience, faire des concessions parfois qui peuvent être douloureuses pour nous mais un mal en vaut un bien aussi. Tout n’est pas rose, ça se saurait aussi non. Ne pensez pas que parce que vous vivez au cœur de la cité que vous êtes le seul à voir la noirceur du futur se dessiner. Vous seriez bien aveugle si c’était le cas. Vos escapades ne me regardent pas tant qu’elles ne mettent pas en danger ces terres et les humains. Il y a longtemps que je ne me complains plus dans mon statut de privilégié. Si c’était le cas, j’aurai choisi la voie de la facilité et je serai bien au chaud, en cet instant, dans une villa confortable et luxueuse.

Une petite brise fraiche se levait, caressant mes joues et faisant virevolter mes longs cheveux noirs. Je calais une mèche sauvage derrière mon oreille.

- Je ne sais où vous mènera votre idéal, peut-être à changer un avenir qui se verra meilleur. Cet avenir ne se modifiera que lorsque les deux races ouvriront les yeux et qu’elles penseront avant tout à cette terre que nous avons martyrisée comme vous l’avez si bien souligné. Sur votre chemin, et ça vous le savez, vous ne rencontrerez pas que des hommes et des femmes avides de cette paix. La vengeance est toute aussi puissante et profondément ancrée chez certains. Moi-même, je suis entre les deux. J’ai un respect et une confiance envers les humains, beaucoup sont des amis chers à mon cœur mais je connais aussi cette part sombre de vouloir faire payer aux Miens, aux Nôtres tout ce qu’ils ont fait.
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MessageSujet: Re: (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron]   (Terminé) Sommes-nous aussi semblables que différents ? [Aaron] EmptyDim 9 Fév - 9:33

Depuis quelques temps, j'avais la désagréable sensation que tous mes rapports sociaux étaient compliqués. Au laboratoire, avec les collègues, où il me fallait jouer un rôle qui me pesait de plus en plus, chez mes parents, dont je percevais parfois la perplexité face à ce fils qui leur ressemblait si peu et semblait parfois tourmenté par de sombres pensées si secrètes, chez les Pacificateurs auxquels je devais mentir partiellement. Comment aurai-je pu leur dire que je pensais parfois leur espoirs perdus d'avance lorsque je prenais connaissance de projets d'expérience sur les Humains ? Comment leur dire que je pensais les miens devenus irrécupérables pour la plupart, monstrueux ? Mais le plus beau mensonge, celui qui me coûtait le plus, c'était de taire mes sentiments et de les ignorer, de me mentir à moi même sur ce que je ressentais pour Mara.

Jamais je ne pouvais me laisser aller à être ce que j'étais vraiment. Toujours jouer et masquer une partie de la vérité, jamais être entièrement moi. Cette situation me donnait parfois une sensation d'étouffement à la limite du supportable et le seul remède, hormis aller m'oublier au Light of Diamond, était de m'évader en pleine nature pour tenter de redevenir moi-même, de me sentir enfin authentique et plus comédien. Mais même là, quand je tentais d'être moi-même, cela se passait mal. J'essayais de m'expliquer, de m'excuser de mon intrusion, après tout je n'avais pas choisi ce foutu don et si je ne pouvais pas m'en servir quelle était son utilité ? Lui avais-je fait du tort en l'utilisant sur Maddisson ? Qu'avait-elle a déplorer comme dommage ? Devrais-je m'excuser cent fois pour qu'elle passe à autre chose ? J'eus la certitude que même en répétant inlassablement mes excuses, elle resterait bloquée la dessus. La preuve ? Elle opposait à mes explications une sorte de mépris.

- Je suis désolé de vous avoir importunée avec mes leçons de professeur. Peut-être aurions-nous pu nous entre aider. Vous vivez ici après tout, et vous auriez pu avoir vu d'autres plantes rares qui seraient très utiles à mes recherches. Si une espèce végétale a muté pour résister aux rayonnements nocifs du soleil actuel, qui sait si les Asariens ne pourraient pas aussi subir cette mutation et être libérés de ce handicap qui les prive de liberté ? Mais, bon, chacun ses préoccupations, je suppose. Vous avez déjà fort à faire avec les vôtres. Je ne vous souhaite de les voir résolues.

Je me baissai pour recueillir la petite plante avec une poignée de terre pour ne pas endommager ses racines.

- Toi je vais t'emporter et prendre grand soin de toi.

Je n'avais rien sur moi pour la conserver des chocs mais je ne pouvais l'abandonner ici et risquer qu'elle fût dévorée ou piétinée. Au moins j'aurai son empreinte génétique même si elle mourrait.

- Vous avez raison Maddisson. Nous avons tous nos combats et nos propres armes pour les mener. Pour ma part je n'ai envie de faire payer à personne pour des fautes passées. Je préfère me dire que dans chaque camp, il y a une poignée de personnes lucides qui sont prêtes à réparer les erreurs des leurs. Si ces personnes arrivent à s'entendre pour travailler ensemble, ce sera un début.

Je songeai à mon sac que j'avais déposé dans un bosquet en bordure de la lande avant de m'élancer pour ma course sauvage. A l'intérieur j'avais un jeu de petits bocaux pour recueillir des échantillons. Je pourrais poursuivre ma chasse végétale et préserver ce que j'avais recueilli.

- Je dois revenir sur mes pas pour la mettre à l'abri. Dis-je en montrant la petite plante dans le creux de ma main. Encore désolé de vous avoir dérangée dans votre promenade nocturne.  Je reviendrais sans doute dans le coin par plaisir et aussi pour mon travail, mais je m'efforcerai de me tenir éloigné de votre route afin de ne pas vous importuner vous et les vôtres. Adieux donc, Maddison. Soyez prudente et prenez soin de vous.
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