(Terminé) Sport et détente [Sélène]

Franchement ! Est-ce que j’ai besoin de faire du sport ? Non, absolument pas ! J’en fais d’ailleurs beaucoup mais pas ces exercices de nanas manucurées à la perfection et qui ondulent des hanches pour attirer tous les regards et qui prennent malin plaisir à exhiber leur petite jupette au ras des fesses! Non moi, je subis des entrainements intensifs, fais par des hommes et pour des hommes. Bien au-delà de ma silhouette que l’on pourrait considérer comme frêle, je suis une tueuse. Je suis « La Main du gouvernement ». Un assassin qui a été formé durant de nombreuses années pour devenir la meilleure et l’unique, surtout. Et je m’en amuse. Croyez-moi, combien je peux rire de ma situation. Les hommes me prennent pour une poupée  capricieuse et une petite fille hautaine. Les femmes pensent que je ne leur arrive même pas à la cheville par manque d’expériences. Et c’est là que je prends mon pied parce que j’adore manipuler tout ce monde qui grouille comme des cancrelats autour de moi. Porter ce masque de peste adorable et vaniteuse me plait plus que tout. Peu de personnes sont arrivées à percer à jour ma vraie nature tout simplement parce que je ne donne que très rarement ma confiance.

En poussant les portes du Complexe sportif, j’entre dans un lieu tout à fait inédit, loin des établissements luxueux de notre cité. Cela n’a plus rien avoir avec un night-club ou un grand Casino. Non, c’est très différent. Ici, les miens et certains humains qui accompagnent leur maitre ou maitresse prennent du bon temps à se faire dorloter sous les mains expertes des masseurs, à faire du sport dans les différentes salles, à se relaxer dans un jacuzzi au milieu des bulles. Et c’est bien le but de ma visite : me reposer et me ressourcer. J’en ai bien besoin parfois. Ma capacité d’Asarienne m’assure une force et une agilité bien plus puissante qu’un humain. Mon corps sait recevoir des coups comme en donner mais il faut bien avouer que toutes ces tensions entrainent un épuisement musculaire et aussi psychique. Chaque médaille a son revers, n’est-ce pas ? Pas de chance pour moi, les jacuzzis privés sont déjà pris ou réservés. Je pourrai piquer ma crise, faire ma râleuse, ce qui mettrait un peu de piquant dans cette salle d’accueil où tout le monde semble être apathique. Mais non ! Je poursuis mon chemin, déambulant dans les divers couloirs à la recherche de ce qui pourrait m’intéresser. Et c’est après avoir passé plusieurs salles que l’une éveille mon intérêt : le squash et en plus, une pancarte indique que la personne à l’intérieur cherche un adversaire. Mouais, pas mal ! Mais je n’ai aucune tenue adaptée pour cela. Je récupère la dite pancarte pour éviter qu’on n’entre à ma place et je repars vers l’une des hôtesses, expliquant mon envie de faire une partie de squash. Poliment, elle m’indique la boutique du Centre où je trouverai tout le nécessaire pour acheter et/ou louer. Une fois mon choix de fait, je rejoins rapidement les vestiaires pour femme, laissant ma petite robe noire et mes escarpins dans la box que je venais de choisir pour revêtir un short noir et un débardeur bleu nuit qui fait ressortir la lueur de mes prunelles malicieuses. Je noue mes cheveux en queue de cheval pour m’assurer de ne pas être gênée. Et hop ! Direction la salle, avec une raquette  et mon petit sac de sport en main, là où se trouve serviette et bouteille d’eau.

La personne est toujours  à l’intérieur, j’entends les coups de la raquette et ceux de la balle contre le mur. Au moins cette derrière n’a pas perdu patience de voir arriver quelqu’un pour la défier dans un match. J’ouvre la porte dans un geste à la fois sûr et ferme alors qu’un regard se pose immédiatement sur moi. Je me pare de mon sourire le plus chaleureux, refermant la porte derrière moi et m’avancer vers la jeune femme qui venait de faire une pause, sa bouteille à la main. Sur le banc voisin, je dépose mon sac et je lui tends la main :

- Parait que tu cherches un partenaire d’après l’écriteau ? Je me présente, Sélène. Si  ça te dis toujours, je suis  ton homme !

Petit clin d’œil à mes mots. Je ne suis pas un homme mais ça pas besoin de devoir argumenter.  

- Cela fait un moment que je n’ai plus pratiqué ce sport, je risque d’être un peu rouillée !

Ce n’est pas vraiment la vérité. Je ne suis pas rouillée. J’ai un corps endurant  et conditionné pour de telles activités sportives. Mais j’aime bien m’échauffer avant et tâter le terrain. Je suis aussi une très bonne observatrice.

- Tu me laisses faire quelques balles pour m’entrainer ?

Morgan … C’est le prénom de la jeune femme qui se présente à moi. Son visage ne m’est pas familier. D’accord, je concède que je ne connais pas toute la population de notre grande cité mais j’ai tendance à côtoyer beaucoup de monde. Et puis d’un côté, j’aime bien rencontrer de nouvelles têtes. Elle accepte pour que je m’échauffe et qu’on fasse l’entrainement ensemble. Ça me va parfaitement ! On échange plusieurs balles comme elle me l’a suggérée. Les frappes se font de plus en plus précises, de plus en plus fortes. Je n’utilise pas ma force asarienne, je n’en ai pas besoin. J’utilise juste mon agilité et  mes marques que je prends au fur et à mesure de l’entrainement. Les dix premières minutes se passe ainsi, chacune se concentrant sur la balle avant que l’entraine ne se termine. D’un revers de main, j’essuie les premières perles de sueur sur mon front.

- Je pense qu’on peut commencer ?
Les balles au-dessus des lignes qui longent le mur en haut sont fautes. On part sur une partie en onze points ?

Le squash n’est pas mon sport favori. J’en connais effectivement les règles de base mais de là à faire de la compétition, non ce n’est pas trop mon truc. Je pose ma raquette sur le banc où se trouve mon sac de sport, prenant ma bouteille d’eau pour en boire une gorgée.

- Je suis nulle à ce jeu. Donc, franchement, si tu veux faire tout autrement, ça me va aussi. Tant que je frappe dans une balle ! J’adore me défouler !

Je me mets à rire, refermant le capuchon de ma bouteille. Je récupère par la même occasion ma serviette éponge, tamponnant mon front et ma nuque. Je me place dans la zone de joueur, lui laissant le soin de faire le service, en premier.

- Tu viens ici souvent pour jouer au squash ? C’est pour le plaisir ou pour battre les hommes qui risqueraient de vouloir d’affronter ? Ta pancarte laissait à croire que tu te foutais de savoir à qui tu avais à faire.

Mon regard est pétillant, faisant danser ma raquette d’une main à l’autre. Après la partie de squash, je l’amènerai bien faire toute autre chose. Une activité encore plus intense que celle-ci

- Je dois t’avouer que je préfère me défouler sur un ring. Tu as déjà enfilé des gants de boxe et taper dans un sac de sable ? Rien de mieux pour évacuer tout le stress et la nervosité de la journée. Bon, sauf si tu as peur de te retrouver avec tout plein de courbatures. C’est vrai qu’au début ton corps morfle surtout si tu t’entraines avec un adversaire.  Ça te dirai d’essayer après ça ?

La partie commence. La balle se lance et se relance à un rythme régulier avant de monter au fur et à mesure d’un cran. Je commence à trouver mes marques, à récupérer mon agilité, à placer les coups où il faut. J’apprends vite et j’observe toujours à la perfection la personne qui se trouve devant moi. Logique quand on sait le boulot que j’effectue pour le gouvernement. Mais là, c’est avant tout un jeu. Morgan est habile. J’aime bien parce que finalement, elle ne fait pas juste cela pour frimer ou se rendre intéressante. Elle est dans son élément de jeu. La conversation s’enchaine et je lui dévoile que je suis plutôt fan des rings. Cela doit peut-être la surprendre car c’est plutôt un sport pour les hommes. Sa remarque me fait sourire.

- Dans un sauna !!?? Erf, j’ai horreur de ça… J’étouffe dans ce genre d’endroit et je ne trouve aucun bienfait à me retrouver cloitrée dans une salle chaude. J’ai plutôt une préférence pour un jacuzzi. Là c’est génial ! Et tu retrouves un peu les mêmes options que ton sauna sans être asphyxier à la fin !

J’éclate de rire devant ma bêtise que je viens de lui dire, et je récupère la balle que je fais rebondir de ma main au sol et vis- versa.  Je me repositionne pour une nouvelle partie tout en poursuivant ma discussion avec elle.

- Des petites bulles, un massage… rien de mieux que cette chaleur suffocante. Je ne sais pas ce que tu y trouves comme sensations, toi et les autres. Moi c’est un vrai calvaire d’entrer dans ce genre de pièce. Mais tant pis pour le ring parce que moi par contre, je déclare forfait pour ton sauna !  ça sera peut-être pour une autre fois, Morgan.

Rien au monde ne fera mettre un pied dans une pièce aussi chaude qui soit disant est bon calme se détendre, chasser le stress, éliminer la fatigue, assouplir les muscles et faire du bien à la peau. Mais non merci ! J’ai d’autres moyens pour m’apaiser et me sentir bien dans mon corps !

- La natation c’est pas mal aussi. Mais si je comprends bien, tu préfères la relaxation pure et simple.

Les coups recommencent et s’enchainent. Un silence intervient car chacune de nous se concentre à son maximum. Nos gestes et nos déplacements deviennent plus aigus, plus précis, plus forts jusqu’à ce que je me décide de briser notre petite attention.

- Tu fais quoi comme travail, si ce n’est pas indiscret ? Habituellement les secrétaires et les assistantes en tout genre n’ont pas besoin de se défouler ou de trouver leur calme, elles se sont assez comme cela toute la journée, assises dans leurs beaux fauteuils, en faisant plaisir à leur patron.

Et avant qu’elle ne me pose la question, je la devance, lui donnant l’avantage sur cette dernière balle. Je lui fais signe que je prends une pause, récupérant ma bouteille d’eau.

- Je possède une petite société.

Pour masquer mes lourds cachets que je reçois des Dirigeants d’Asaria, j’ai une société écran nommée : True Life. Vous pouvez trouver tout ce que vous voulez sur le net à ce nom, j’ai fait en sorte de bien protéger mes arrières. Ne me prenez pas pour une pauvre petite ingénue, c’est bien l’image que je peux donner mais je suis loin de l’être.

« La perdante de notre petit combat devra faire ce jacuzzi nue ! ». C’est ce qu’elle me propose. Je hausse les épaules en la fixant, énigmatique pour ma part. Son petit pari ne m’impressionne pas plus que cela mais si ça peut lui faire plaisir.

- Je réserve toujours un jacuzzi privé, donc en toute logique, je me glisse dans les bulles sans aucun maillot de bain. T’es quoi ? Une exhibitionniste mal dans sa peau pour me soumettre cette idée ? J’aime bien prendre des risques, j’aime bien tout ce qui peut sortir de l’ordinaire mais là, je ne sais pas. Tu n’as pas d’esclaves pour te satisfaire ?

Je ne vois aucun intérêt de se mettre à poil dans l’eau. Soit, elle pense que j’allais refuser, ou bien que j’allais être choquée, ou prendre mes jambes à mon cou et m’enfuir. Cette femme a tout de même un comportement dès plus bizarre. D’accord, notre génération n’a peur de rien, et n’a aucune limite dans la dépravation, moi la première. Puis, la conversation prend le chemin des boulots que l’on pourrait faire, et encore une fois, sa remarque me prouve que cette nana est en manque de parties de jambes en l’air. Séduire, charmer, enflammer, c’est une chose mais là c’est du rendre dedans qu’elle me fait.

- Horlogère et fabricante d’armes ! C’est dingue ça ! Ce sont bien deux métiers qui ne vont pas l’un avec l’autre mais je suis épatée. En t’observant tu n’as pas l’allure d’une femme trainant dans un tel milieu.

Je peux parler ! Je suis juste comme elle : assassin et espionne pour le service du gouvernement. J’en n’ai pas l’air comme ça et je sais bien cacher mon jeu, comme Morgan. D’ailleurs, elle me sort de mes réflexions en me parlant de sextoys ! Je bois une grande gorgée d’eau, rebouchant ma bouteille que je place dans mon sac de sport. Je secoue la tête amusée parce que tout semble tourner autour du sexe avec elle.

- Tu agis toujours comme ça ? Exhibant ta libido ? Ça ne me gêne pas c’est juste que j’ai l’impression que tu ramènes tout à ce sujet-là. Mais pour en revenir à ce que je fais, j’ai une société de placements avec plusieurs agents de change qui s’occupe de l’inflation et des meilleurs plans. Ça me rapporte beaucoup et je n’ai même pas à lever le petit doigt !

Je range ma raquette, me relevant du banc, la hanse de mon sac à la main. Puisqu’elle acceptait de monter sur le ring avec moi, il fallait changer de salle.

- On va voir si tu me parleras encore de sexe quand tu auras touché le sol plusieurs fois, ma jolie ! Promis, je freinerai mes coups. Allez hop ! On y va !

Et pour accentuer mes paroles, je lui claque les fesses tandis qu’elle arrange ses affaires. Je souris, taquine, ouvrant la porte alors que je me cale dans l’embrassure et que je l’attends.

- Ne perd pas le rythme ! Tu vas en avoir besoin Morgan ! Avant toute chose, on va changer de tenue parce que la petite jupette, ce n’est pas le truc le plus intéressant à revêtir sur un ring et l’entraineur ne veut pas n’importe voir n’importe quoi. C’est le seul règlement à respecter dans cette salle. Tu choisiras entre short, un leggins ou alors, pour faire plus simple, le pantalon de survêtement.

On sort enfin de la salle de squash, nous dirigeant à travers l’un des nombreux couloirs pour arriver au magasin attenant à la salle qui contient le ring. C’est une femme qui nous reçoit et qui conseille Morgan. Moi je sais déjà ce que je veux : un pantalon de survêtement et une brassière. Ce n’est pas classe, ce n’est pas mode mais ça évite l’échauffement de la peau quand on touche le sol quand on prend un mauvais coup.

- T’es prête pour ta première et unique leçon ?

Apparemment pas encore. J’explique à Morgan que dès qu’elle aura choisi ce qu’elle veut porter, elle n’aura qu’à me rejoindre dans l’autre salle. De l’autre côté, je salue l’entraineur qui me connait. Je n’ai pas besoin de lui. Je regarde autour de moi les différents rings. Les entrainements font rages e j’aime voir les hommes tout autant que les femmes se dépenser dans un tel sport physique. J’attends Miss sextoys. Je pense que je vais l’appeler comme cela dorénavant, ça lui va très bien. Je m’attache de nouveaux les cheveux et je prends tout mon temps pour me bander les mains. Un gainage convenable permet  une meilleure frappe du point de vue impact et siccité du coup. En outre, par l'absorption de la transpiration, les bandes retardent la détérioration des gants.

Cette nana est de plus en plus étrange. Je ne sais toujours pas quoi penser d’elle. Et directe comme je suis, sans mâcher mes mots ou jouer de la langue de bois, je lui explique le fond de ma pensée. Je veux bien faire des paris, cela ne me pose pas de problème. Jamais d’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui. Effectivement, le but d’un pari c’est de faire quelque chose de risquer mais ce n’est pas en allant dans un jacuzzi toute nue qui éveillera en moi mon adrénaline. Je penche ma tête sur le côté comme un chat qui observe attentivement une souris.

- J’aime les enjeux… mais de BONS enjeux ma toute belle et me promener à poil dans un jacuzzi, ce n’est pas ce qui me motive le plus. Néanmoins, on ne peut pas avoir les mêmes gouts et qu’est-ce qu’on dit déjà dessus ? Les gouts et les couleurs ne se discutent pas, c’est bien le cas pour nous deux !

Par contre sa profession ou du moins sa double profession me laisse rêveuse. J’adore ces personnes qui dénotent de notre société et qui n’ont pas peur de bousculer les codes. Son explication est excellente. Morgan est à fond dans ce qu’elle fait et ces deux passions lui demandent, comme elle le souligne, énormément de précisons.

- C’est qu’avec du recul et un peu de réflexion, ce sont des doigts en or qu’il faut pour cultiver ces deux métiers. Je suis impressionnée ! Et rare sont les gens qui peuvent se targuer de l’avoir fait.

On revient au sexe et tout ce qui tourne autour mais je détourne le sujet. Non pas que je suis timide ou gênée mais j’aime aussi parler de tout autre chose. Je lui détaille un peu ce que je fais dans la vie. Il me faut bien une couverture pour placer tout cet argent qui me vient de mes contrats. Je suis la première à réunir mes affaires et à l’attendre à la porte. Je la taquine sur sa lenteur et elle me répond du tac au tac.

- Mohamed Ali ? Rien que ça … et c’est à moi que tu parles d’arrogance ?...

Je ris à sa remarque, lui faisant un clin d’œil alors qu’on se dirige enfin vers d’autres locaux où se trouvent le ring et les vestiaires pour un tel sport. On choisit nos tenues et la mienne n’a rien de sexy. Elle est surtout et avant tout faite pour me défouler et pas pour plaire. C’est bien aussi d’insister sur la nuance. Je me bande les mains et j’aperçois la Miss qui revient dans une tenue toute aussi simple que la mienne. J’acquiesce de la tête lorsqu’elle me demande si on peut commencer par de la boxe anglaise. Chacune se fait aider pour enfiler les gants. Les autres sportifs arrêtent leurs entrainements et viennent encercler notre terrain de jeu. Ce n’est pas tous les jours que deux femmes montent sur le ring. Je n’ai pas besoin de voir leurs regards carnassiers sur nous pour en déduire qu’ils ont l’eau à la bouche. Mais je m’en moque ! L’entraineur se fait arbitre. C’est nickel. La cloche sonne, elle vient taper mes gants comme se veut la coutume et chacune reste dans son quart. Morgan est souple, ça je le savais déjà dans la salle de  squash. Je me mets en garde comme elle mais c’est moi qui donne les premiers coups. Gauche, droite. Morgan amortit mes frappes. Je ne donne pas toute ma force car ça serait stupide de ma part. Je veux juste qu’elle s’amuse pas qu’elle se retrouve les quatre fers en l’air.

Je  commence à me mouvoir sur le ring et tout autour d’elle, frappant toujours avec précision et avec une légère puissance que je donne à mes mouvements. Les hommes sont là, à l’affut de notre combat, s’employant à nous motiver par des sifflements ou des applaudissements.

- ça va ? Tu tiens le choc ?

On peut arrêter quand elle le voudra mais pour le moment je continue à envoyer mes coups. Sa garde commence à se fragiliser. Les mouvements de mes épaules et de mon bassin deviennent plus hargneux. Je lui impose un corps à corps et je recule au fur et à mesure pour la déboussoler, me mettre à l’écart, et revenir à la frappe.

Morgan m’intéresse de plus en plus lorsqu’elle me renvoie la donne en me demandant quels seraient les paris et les enjeux qui pourraient me motiver dans un pari. J’ai envie de lui dire que de voir un humain saigné et torturé sous mes yeux grace et par mes petites mains, serait un spectacle délicieux mais je pense que je le ferai fuir J’aime le sang L’odeur métallique qu’il s’en dégage Voir ma victime hurler, son regard perdu dans l’abime de la souffrance Derrière l’Asarienne toute sache, je suis une espionne et un assassin au service des Grands de notre cité. Je souris néanmoins aux mots de ma belle interlocutrice. Je chasse mes proies, qu’elles soient femmes ou hommes, peu m’importe si j’y trouve mon plaisir. Chaque drap froissé amène une extase encore plus belle. Mais je ne suis pas là pour lui faire du rendre dedans. Je ne suis même pas certaine qu’elle apprécierait cela. Je pourrai m’insinuer dans son esprit mais la découverte de l’inconnu est encore mieux.

- Une virée en moto sans connaitre de limite pour la vitesse et tant pis si on se fait prendre par la Milice. On ne pourra rien nous faire de particulier. Danser dans une boite de nuit d’une façon provocante et sensuelle, attirant tous les regards sur nous.

Lorsqu’elle m’explique son métier : je suis en adoration devant ce qu’elle dit. J’adore les armes qui sont extrêmement liées à mon métier, et c’est tellement rare de voir une femme dans ce domaine très et trop machiste à mon gout qu’elle-même est déconcertée par ma réaction.

- Ce n’est pas moi qui te ferais la morale car il m’arrive très souvent de passer du temps dans les salles de tirs. Pourquoi devoir être juste « une femme » de la société. Il y a tellement de choses plus intéressantes à voir et à faire, tu ne trouves pas ?

On sort de la salle de squash direction un endroit du Centre sportif pour un petit entrainement de boxe. Je note qu’elle sait se défendre et que je risque d’y mettre la force pour la faire plier. Elle marque un sacré point en argumentant que je cache bien mon jeu lorsqu’il s’agit de délicatesse.

- J’aime  bien me dévoiler peu à peu. Et puis c’est un jeu que j’aime beaucoup quand il s’agit de faire passer de pauvres types pour des idiots. Une majorité se croient supérieurs aux femmes juste parce qu’ils ont des couilles et pas nous. Sauf, que je ne suis pas du genre docile et à baisser les yeux devant ce genre de mecs. En apparence, je suis une riche héritière qui fait fructifier ses biens. Mais essaye de gratter la couche dorée, tu y verras toute autre chose de très différent.

On se sépare pour aller se changer, et je suis la première à entrer dans la salle. Je connais l’entraineur et il me laisse un des rings à ma disposition. Morgan me rejoints rapidement, et nous sommes rapidement le centre d’intérêt de toutes les personnes qui se trouvent ici. Je m’en fous. Ce n’est pas cela qui va m’intimider. Le « ding » résonne et je commence l’attaque, doucement, pour m’échauffer mais aussi pour permettre à Morgan de prendre ses marques. J’attaque tout en lui laissant le temps de s’adapter et à moi d’observer ses mouvements et ses parades. Les coups commencent à pleuvoir de part et d’autre, et lorsque j’esquive au dernier moment son droit, je m’aperçois qu’elle dissimule bien des capacités que je ne soupçonnais pas.

- Je vois ça ! T’es pas en sucre ! C’est noté !

On continue dans notre lancée mais je freine toujours la puissance de mes frappes. Je reçois des coups comme je peux en donner. Ça défoule bien ce petit tête à tête. Autour de nous, on nous applaudis pour nous motiver mais c’est sur elle que je suis concentrée. On arrête notre premier round lorsqu’elle énonce un défi. Mon sourire s’élargit tapant mes deux gants l’un contre l’autre.

- Je prends !

Je fais signe à l’entraineur de refaire sonner la cloche pour marquer le second round et cette fois-ci je vais lâcher ma force sur elle. Mes mouvements sont plus vifs, plus aiguisés, lus rapides. Je la touche à la hanche par deux fois. Je mets un point d’honneur à ne pas la toucher au visage. Mais le reste de son corps ressent mes coups. Elle m’en donne aussi. Elle commence à se sentir plus à l’aise. Son gant frappe mon épaule, le côté de mon ventre et j’enchaine sur d’autres coups : droite, gauche. Gauche, droite. Epaule, haut de son bras, hanche, cuisse. Morgan recule. Je vois la sueur perler sur son front. Le mien aussi mais, moi par rapport à elle, je suis dans son élément.

J’ai dû mal à contenir un éclat de rire lorsque Morgan me relance sur un nouveau pari qu’elle pourra bien en œuvre très bientôt. Cette fille ne perd par le nord quand elle a quelque chose en tête ! Au moins, elle ne se cache pas. J’aime bien ce genre de personne que rien n’arrête et qui vont jusqu’au bout de leurs idées. Il y en a tellement de moins en moins à notre époque. Tout le monde se dissimule derrière des apparences de grande bourgeoisie. Son boulot ne manque pas de marquer au vif ma curiosité. Parfois, je me dis que les femmes ne s’investissent pas dans la société. Les Asariennes sont justes belles et doivent sourire et obéir à leurs chers maris. C’est désolant ! Je m’approche très près de Morgan, mes lèvres effleurant presque les siennes, devant la conclusion qu’elle porte sur moi, un sourire amusé et espiègle se peint sur mes lippes.

- Et si j’étais vraiment dangereuse ? Extrêmement dangereuse ? … Serais-tu encore là à me parler et à vouloir me suivre sur un ring ? Au final, tu ne sais rien sur moi …

Je laisse un silence nous envelopper, et ce petit mystère se frayer un chemin dans les pensées de la jeune Asarienne. J’adore disperser des informations sur ma petite personne de cette manière-là. Les gens ne savent jamais si je suis très sérieuse ou si je joue la comédie pour pimenter la conversation. Sa caresse sur sa joue est délicieuse, et l’éclat de mes prunelles devient plus sombre.

- C’est une invitation à venir découvrir le Diable …

On sépara là pour nous retrouver sur ce fameux ring. Au début ce n’est qu’un échauffement, un entrainement pour que chacune prenne ses marques sous le regard des joueurs qui s’amassent de plus en plus autour du ring, qui nous encouragent, prennent parti pour l’une ou l’autre, qui scandent des louanges, nous applaudissent pour nous pousser à nous dépasser. Morgan me relance un autre défi sur un Free fight avec une victoire par KO ou abandon de l’adversaire. J’accepte et tout à coups, les mouvements deviennent plus fluides, plus puissants. Je ne compte pas la frapper au visage, je ne suis pas aussi mauvaise ou pourrie que cela, mais je ne retiens plus vraiment ma force à chaque fois que je la touche. La chance du débutant ou je ne sais quoi d’autre. Bizarrement et malgré mon agilité, Morgan me plaque au sol en attrapant mon pied ce qui me fait perdre mon équilibre en arrière. Mon dos frappe brutalement le sol tandis qu’elle me tient fermement mes chevilles comme elle emprisonne aussi facilement mes jambes. Je me redresse sur mes coudes. Si je ne peux plus me servir de mes jambes, j’ai encore tout le haut de mon corps libre de mes mouvements. Je ne suis pas une nocive. Tout mon corps et mes muscles sont entrainés pour de tel combat. Sur le terrain, j’aurai utilisé mes pouvoirs pour faire céder mon ennemi et le tuer sans sourciller. Là, je ne dois pas penser à cela. Je me plie grace à la force de mes abdominaux en béton, et je passe mon bras autour de sa gorge pour la faire céder. Je serre de toutes mes forces sans freiner mes mouvements. Elle n’aurait pas dû me pousser au-delà de mes limites. Pas sur un ring. Instinctivement, elle porte ses mains à mon bras, libérant ainsi mes chevilles. J’ai donc plus de liberté, et je nous fais rouler sur le sol, allongées toutes les deux, moi dans son dos, mon corps épousant le sien. Mes jambes emprisonnent les siennes. Ma main de libre se plaque sur son front pour tirer sa tête en arrière et exercer une pression supplémentaire sur sa gorge.

- Tu t’es très  bien débrouillée Morgan pour une débutante !

D’un signe de tête, je fais signe à l’entraineur et responsable de sonner la cloche pour mettre fin au combat. Je relâche Morgan et je me remets sur mes pieds tout en lui présentant ma main pour la saluer

- Égalité !

Je me tourne vers les hommes qui nous applaudissent et qui repartent à leurs occupations.

- On se fait une bouffe ? Ça m’a creusé toute cette dépense d’énergie !

Bon, d’accord, ce n’était pas l’heure pour diner. Mais on pouvait toujours se donner rendez-vous pour la soirée… Si elle était partante…